La Tentation Du Velours 15
Très chère Lola,
Ma rencontre avec Jessie me laisse un sacré souvenir. On a parlé de ces actrices qui deviennent lesbiennes, la plupart dans ce cas sont poussées par le dégoût des hommes. Certaines autres, cest plus rare, le sont devenues par amour. Jessie ne se reconnaît pas lesbienne, elle aime coucher avec les femmes, mais pas uniquement. Ne tourner que des scènes saphiques lui laisse du temps pour sa reconversion. La belle cherche un label pour enregistrer son premier single, elle veut devenir dj. Je lui souhaite de réussir.
Jai tourné dans ma première pub pour la télé. Deux jours de préparation, un tournage de moins de quatre heures, tout ça pour un spot de quelques secondes à lécran. Pas de dialogue, rien à faire sauf laisser un mec me prendre dans ses bras et le regarder langoureusement. Le plus difficile a été doublier que jétais sur un toit de Paris. Il paraît que la vue est magnifique, jaurais pu men apercevoir si le vertige navait pas contrarié ce moment. Viviane était en charge du maquillage. Jaurais aimé quelle se comporte en amie heureuse de nos retrouvailles, ce ne fut pas le cas. Il vaut mieux tirer un trait sur notre relation, dommage.
Larrivée de lautomne a transformé Paris, les terrasses ont perdu leur attrait, seuls les fumeurs y trouvent encore du plaisir. Les étudiantes nouvelles dans la capitale, celles dont lattention se porte sur les femmes, ont investi les bistrots du Marais. Moins de six mois auparavant, jétais dans leur peau, alors pas question de me moquer. Personne ne peut se construire seul dans la vie, elles ont besoin daide comme jen avais besoin.
Tu es songeuse ce soir, remarqua Cathy au Nix.
Jacquiesçai dun geste de la tête en jouant avec la rondelle de citron dans un verre de Perrier. Ma complice Sandrine absente, les raisons de rire se faisaient plutôt rares.
Jai envoyé des fleurs à maman pour son anniversaire, balançai-je dune voix morne, les yeux sur mon téléphone portable posé sur le comptoir.
Cathy flatta ma main de la sienne avec gentillesse, puis retourna à sa vaisselle.
Cest là ton erreur, ma belle. Il ne faut pas attendre une fête ou un anniversaire pour dire aux gens quon les aime, surtout à une mère. Tiens ! La chasse est ouverte.
Mon attention se porta vers lentrée afin de comprendre pourquoi Cathy changeait de sujet de conversation. La petite brune sur le pas de la porte ressemblait à une toute jeune gazelle séparée des siens, aventurée par mégarde sur le territoire dune troupe de lionnes affamées. Elle ouvrit son blouson dun geste lent.
Vois sa façon dobserver, de prendre son temps, affirma mon amie barmaid. Cette fille vient chercher des réponses. Elle a sans doute lutté contre ses attirances avant doser entrer ici. Seul le hasard décidera de son destin désormais.
Face à mon air dubitatif, Cathy continua de philosopher.
Elle peut croiser le chemin dune personne sympa, qui lui donnera quelques réponses, sinon elle rencontrera une garce qui profitera de son inexpérience. Ah ! On dirait que cest pour toi.
Larrivante se posa près de moi au comptoir.
Un café sil vous plait, demanda linconnue, forçant un peu sur sa voix fluette pour couvrir le brouhaha dun petit groupe près à séclipser.
Joli cul ! sécria une des nanas avant de filer.
Ne fais pas attention, amorçai-je avec amabilité face à la peur soudaine de la jeune fille, elle est jalouse, cest tout.
Cinq minutes de silence sécoulèrent durant lesquelles je nosai aucun regard dans sa direction pour ne pas leffaroucher.
Cest toi sur laffiche ? demanda la voix un peu rassurée par mon comportement.
La chevelure noire sur les épaules carrées tranchait avec la blancheur de la peau. En diamant, lovale du visage était parfaitement symétrique. Les yeux marron en amande empreints de malice, les petites narines du nez droit semblaient presque invisibles de face.
Malgré la beauté indéniable, laspect paraissait un peu confus, celui dune fille en plein doute. Javais limpression dêtre confrontée à moi-même six mois plus tôt.
Oui, reconnus-je sans fierté déplacée, cest moi.
On parla jusquà la fermeture. Chloé arrivait dAngers, la tête pleine de rêves et le cur empli despoir. Avec 18 ans à fêter juste avant Noël, elle pouvait se le permettre. En première année de classe préparatoire scientifique afin dintégrer une grande école, elle souhaitait poursuivre des études dingénieur. Monter à Paris représentait un prétexte à lémancipation, une chance déchapper à l de parents gentils, mais surprotecteurs.
Ils ne savaient rien de son orientation sexuelle, même si sa mère se doutait de la chose. Chloé ne parlait jamais de garçons, éludait toute question dordre sentimental, paraissait trop renfermée. Alors fuir sa ville dorigine avait mis un terme temporaire à linquisition incessante. Incapable de mettre des mots sur son ressenti, la pauvre ne se sentait pas de taille à affronter le cercle familial à la réaction incertaine.
Chloé avait eu une copine au lycée, une fille sympathique à qui donner la main et à embrasser après les cours. Elles navaient pas dépassé le stade du flirt un peu poussé, par manque daudace, par peur de mal faire, par hantise de la déception. Mieux valait supporter labstinence en prévision de la rencontre adéquate que de précipiter un acte lourd de conséquence.
Les paroles de Sarah à ce sujet titillèrent ma mémoire. Lintérêt de Chloé pour moi grandissait, au point de ne bientôt plus pouvoir douter de ses intentions. Cathy se faisait moins pressante, elle avait compris. Cependant, je nétais pas certaine de vouloir répondre aux attentes de la jeune fille. Lattitude déconcertante de Viviane clignotait dans mon cerveau, signal de danger.
Chloé réussit pourtant à se faire inviter, prétextant ne pas vouloir traverser Paris sans escorte la nuit, refusant même ma proposition de lui offrir le taxi. Mon amie barmaid mit à profit une courte absence de lAngevine, partie aux toilettes, pour me lancer une ultime recommandation :
Dans les films réalisés par des lesbiennes, nous sommes parfaites, sans doute un peu trop, de pauvres nanas opprimées par une société sans pitié. Dans ceux réalisés par des hétéros, on passe invariablement pour des salopes qui draguent les filles qui étaient si heureuses avec les garçons avant de nous rencontrer, et quon dévergonde. La vérité est ailleurs à mon avis. Alors vis ta vie sans remords, demain le jour se lèvera comme dhabitude.
Cathy avait raison.
Un nouveau poster complétait ma collection. Katia mavait offert un nu artistique sur lequel la lumière se disputait à lombre le pouvoir de me mettre en valeur de la tête aux pieds. Lexpression pensive du visage, mes seins, mon ventre, ma toison pubienne, mes cuisses, rien de mon anatomie nétait épargné dans ce trois-quarts face en noir et blanc.
Tu devrais le faire encadrer, sextasia Chloé.
La salle de bains est là, dis-je en montrant la porte, pressée de changer de sujet. Tu trouveras un pyjama, il te sera trop grand mais je nai rien dautre. Et il ny a quun lit.
Elle séclipsa aussitôt.
Tu veux boire quelque chose ? balançai-je à travers la porte. Jai de la vodka soda, de la bière ou de leau.
Cest fort la vodka ? demanda Chloé guillerette. Jen veux bien.
Linviter ne résultait daucun désir sexuel. Ce nétait pas une question dâge ou dexpérience, ni un manque dattirance physique. Je souhaitais la respecter. Sans doute me ressemblait-elle trop à mon arrivée. Peut-être, à linverse, la demoiselle cherchait-elle un peu de courage dans lalcool. Il me faudrait alors la raisonner, lui faire comprendre limportance de lacte charnel, refuser de le banaliser, la pousser à réfléchir avant de se jeter dans les bras dune inconnue.
Le temps de prendre une canette de vodka soda dans le réfrigérateur et de me servir un verre deau, la belle sortit de la salle de bains. Avec dix centimètres de moins que moi, Chloé se noyait littéralement dans le pyjama.
Assise sur un tabouret près de moi, la jeune fille semblait libérée des doutes qui marquaient son expression au Nix. Les yeux en amande souvraient, comme une conscience éveillée après un trop long sommeil. Son regard brillait dune impatience difficile à contenir.
Ça tennuie si je me couche toute nue ? Je dors mal avec des vêtements.
Chloé naurait pas demandé sur un autre ton la permission daller aux toilettes. Lauthenticité de notre ressemblance simmisça dans mon esprit. Arrivée à Paris au même âge, à deux mois près, et pour la même raison, javais jeté mon dévolu sur Sarah. La première femme au comportement correct mavait attirée, au point den devenir une obsession. La petite se tournait vers moi ce soir, résolue à vivre sa première expérience ici, dans mon lit, avec moi.
Javais, à lépoque, dissimulé ma volonté sous un couvert de fausse pudeur, la différence dâge sans aucun doute. Chloé navait pas à sembarrasser de ce critère. De jeune fille à jeune fille, il lui était plus facile de parvenir à ses fins. Son regard sur moi disait quelle nattendrait pas longtemps, ce petit jeu commença à mamuser, à mémoustiller.
Ça ne me gêne pas, répondis-je sans mentir. Le chauffage est allumé.
Adossées au mur, les jambes sous la couette, on se laissa aller à la demande de mon invitée au visionnage du DVD de Sandrine oublié chez moi. La télécommande permit de passer les quarante premières minutes de « La vie dAdèle », inintéressantes pour nous, afin darriver à la rencontre entre les héroïnes. Le buste tourné vers moi, Chloé considérait la télé sans conviction, pressée de distinguer une scène de sexe, imaginant pouvoir y puiser son courage.
Je mamusai intérieurement dune attitude quelle souhaitait provocante, mais ne létait pas. Le fait de voir deux jolis seins ronds exhibés sous mon nez faisait monter mon désir, jattendais de savoir quand elle oserait le premier geste. Ses cuisses en mouvement sous la couette se collaient aux miennes par intermittence, signe de nervosité.
Lanxiété ne mépargnait pourtant pas. Être la première expérience lesbienne dune nana avait une saveur particulière, un goût de nouveauté délectable. Or il sagissait pour Chloé de moffrir sa virginité, un acte dautant plus symbolique quil nécessitait des précautions. Je nétais pas certaine dêtre à la hauteur. Javais déchiré mon hymen dans une séance un peu vive de masturbation avant de venir à Paris, la sensation désagréable mavait interdit un temps de jouer avec mon vagin. Cette petite avait peut-être encore le sien.
Tu peux enlever ton pyjama ? Je veux te regarder.
Sonnée par sa demande, je mexécutai sans réfléchir.
Allongée sur le ventre, moi sur le dos, Chloé partit à la découverte de mes formes à la manière dune adolescente qui observe la mutation de son propre corps à la puberté sur celui dune copine. La situation était mi-comique, mi-dérangeante.
Tu es sensible des seins ? Moi oui, regarde.
La belle se souleva, pinça entre deux doigts un de ses tétons dans la petite aréole sombre, et se réjouit de la conséquence de son geste. Elle me fit subir un traitement semblable, inconsciente de provoquer une série de réactions en chaîne.
Jai touché une fois ceux de ma copine à Angers. Ils étaient gros et mous. Les tiens sont plus fermes. Je peux les embrasser ?
Si tu veux, soufflai-je dune voix rauque, pleine démotion contenue.
Chloé couvrit aussitôt ma poitrine de baisers chastes, comme on embrasse les joues dune amie. Mes tétons durcirent sans être sollicités.
Ça texcite ?
La question posée sur un ton badin me choqua, au point de membrouiller sur ce que voulait ou non cette gamine capricieuse.
Oui, répondis-je agacée, embrasse-moi.
Chloé se ressaisit, prenant sans aucun doute conscience de lindécence de son comportement. Ses grands yeux brillants ne mapparaissaient plus en amande.
Je suis désolée. Tu ne men veux pas ?
Elle avait fait le premier pas, sétait ravisée, puis mannonçait la fin du jeu. Malgré la montée de mon désir, insister aurait été mal venu.
Non, reconnus-je dans un soupir. On peut regarder le film, ou dormir si tu veux. Excuse-moi de tavoir parlé comme ça.
Agenouillée près de moi, les mains à plat sur ses cuisses, Chloé refusait de quitter mon corps du regard, ou ne parvenait à sen détacher. Ma tension retomba. Jeus soudain envie de la prendre dans mes bras afin de la rassurer.
Ses lèvres se posèrent sur les miennes alors que je ne les attendais plus, douces et pressantes à la fois. Aussitôt, ma langue se lova contre la sienne dans sa bouche. Chloé répondit à mon baiser avec sincérité. Dun geste un peu brusque, elle se redressa complètement pour sallonger contre moi. Le contact de sa peau sur la mienne prouva son impatience soudaine.
Sans quitter ma bouche, mon amante se tortilla jusquà placer sa poitrine sous ma main encore inerte, lautre lui massant doucement la nuque. Son geste démontra une impatience que je devais combler au plus vite. La faire languir sapparenterait à de la .
Interrompant notre baiser, je ladossai au mur avec douceur, plaçant un oreiller au niveau de ses reins. Ma bouche glissa aussitôt sur ses seins, les couvrant dattention. Un soupir me poussa à davantage daudace. Les tétons enflèrent chacun leur tour sous ma langue. Chloé soupira encore, daise et de hâte mêlées, sa main crispée dans mes cheveux me suppliait déjà daller plus loin.
Je résistai pour la forme, aussi pour profiter un peu de ses jolis seins pleins, fermes, tendus vers moi telle une invite impossible à ignorer. Une de mes mains batifolait sur les muscles du ventre, leur dureté prouvait lexcitation.
Fais-le moi.
Les mots et le ton employé ressemblaient à une supplique. Je suivis de la langue le sillon de la poitrine jusquau nombril profond, puis au pubis orné dun ravissant duvet sombre mal taillé, doux au toucher. Lodeur particulière de son désir flatta mes narines.
Vas-y ! intima Chloé, au bord des larmes.
Je posai ma bouche sans plus attendre sur le fruit délicat. Les pétales souvrirent sans mal sous ma langue.
Oh ! déglutit mon amante.
Plus rien ne pressait maintenant. Elle était à moi, je contrôlais son désir, javais le pouvoir de la pousser ou de la retenir. Stressée sans doute, Chloé ne mouillait pas beaucoup, dune cyprine sans amertume. Je men délectai, au point que ma bouche en ventouse sur ses chairs intimes faisait des bruits de succion. Mon amante tenta den rire, ma caresse buccale len priva.
Jenfouis une main entre mes cuisses, décidée à me masturber tandis que je la léchai. Avec un peu de chance, on atteindrait le Nirvana ensemble.
Chloé ne sappartenait plus. Ses grimaces ne lembellissaient pas, elles la magnifiaient. Et mon regard lincitait à se lâcher davantage encore. Tant pis pour moi, jabandonnai mon entrejambe et portai ma main sur son pubis. Mon amante nétait pas préparée aux grandes chevauchées.
Je décapuchonnai son clitoris dun doigt. Le bouton à peine effleuré, Chloé lâcha un feulement de tigresse.
Oh !... Cest
Le stress avait disparu, sa cyprine imprégnait maintenant ses chairs dilatées, je désirais men saouler. Son regard démesuré pesait sur moi, il mavertit de limminence de la chute. Un dernier attouchement au clito saillant, ma langue enfouie dans sa grotte, Chloé se rendit.
Les deux mains plaquées sur sa bouche ne retinrent pas un long gémissement, elle jouit de tout son être, incapable de contrôler sa respiration. Des larmes dabandon mouillèrent ses joues. Chloé avait lâché prise, cela ne faisait aucun doute.
Mon désir personnel envolé dans la tourmente, je nen étais même pas troublée, encore moins déçue. Mon amante récupéra dans mes bras, la joue sur mon épaule. Moi, jétais heureuse et fière de lui avoir offert ce cadeau. Lessentiel de toute relation humaine se faisait jour dans mon esprit : donner sans rien attendre.
Maintenant, je pouvais mapproprier ses formes, la caresser chastement sans la tourmenter, me régaler du grain de sa peau douce empreint de la moiteur de son orgasme. Le sommeil refusait de sinviter entre nous. Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se donnaient lune à lautre sur lécran du téléviseur, nous en étions au repos des âmes.
La langue de Chloé sinsinua dans ma bouche, senroula autour de la mienne. Trop longtemps sevrée de tendresse, elle éprouvait le besoin de garder le contact. Notre baiser séternisa, dabord dune grande douceur, jusquà devenir un baiser damoureuses. Dans toutes les relations, même épisodiques et sans conséquences, il y a ce moment fugace qui voit les curs se confondre.
Je sentis les seins de mon amante enfler contre ma poitrine, ses fesses se comprimer dans une de mes mains, sa langue tourmenter la mienne dans ma bouche. Jaurais pu en cet instant tout lui demander sans craindre un refus. Mais on nen était pas encore là.
Je roulai sur elle, la couvrant de mon corps, mes formes incrustées dans les siennes. Ma main libre se faufila entre nos ventres, le sien était de nouveau dur. Jinvestis sa grotte dun doigt, puis de deux, mon pouce folâtra sur la zone clitoridienne. Chloé lâcha ma bouche.
Vas-y, souffla-t-elle dune voix rauque.
Mon majeur se déplia dans sa vulve trempée à souhait, je trouvai sans mal lorifice du vagin. Une légère poussée suffit, et lhymen céda. Son bassin ondula aussitôt, imprimant par réflexe un mouvement de va-et-vient qui saccorda avec celui de ma main. Je lui fis lamour doucement, par désir et non par prudence. Chloé soffrit en confiance, savourant létrange sensation.
Bientôt pourtant, son corps se tendit sous le mien, arc-bouté à la recherche du plaisir. Elle était prête. Je la pris un peu plus vite, un peu plus fort, malmenant son bouton, incrustant les doigts de mon autre main dans ses fesses. Un nouvel orgasme la cloua sur le lit, plus diffus que le premier, comme son prolongement logique. Elle savoura longtemps le coup de grâce, les bras serrés autour de mon cou, la bouche collée à mon oreille laissant échapper ses petits gémissements plaintifs.
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