L'Affaire Laetitia - Chapitre 3 - L'Enlèvement

Allongé dans le lit depuis plus d'une heure, je laisse mon esprit vagabonder pendant qu'une ravissante infirmière à la peau d'ébène s'assure de ma position après avoir vérifié le maintien de ma minerve.
- vous devriez dormir me dit elle de sa voix chantante alors qu'elle s'apprête à quitter ma chambre pour rejoindre celle du patient voisin.

Mais avant de franchir le seuil de la porte, elle se retrouve soudainement face à l'ater ego féminin de Sébastien Chabal.
Djamila ne peut un cri de frayeur en découvrant le bulldozer humain qui s'immobilise face à elle.
La femme aux courts cheveux châtain coiffés en brosse a le physique d'une lanceuse de disque. La quarantaine révolue, elle est vêtue d'un jean, d'une épaisse chemise à carreaux, de baskets taille 43 et d'un blouson en cuir taille XXL.
- Bonsoir mssieu-dame! lâche la quadragénaire de sa voix tonitruante avant d'examiner avec un intérêt non dissimulé la plastique remarquable de la beauté à la peau cuivrée qui lui fait face.

En examinant le visage de l'arrivante, je comprends qu'elle se demande, comme je l'ai fait une demie heure plus tôt si la jeune infirmière noire est entièrement nue sous sa blouse.

Un ange traverse la chambre pendant que la visiteuse se rince l'oeil avant de se tourner vers moi.
- je suppose que vous êtes Michel Marteau! déclare t-elle en m'apostrophant du haut de son mètre 85.
- En effet, dis-je en tendant la main à la femme qui me broie les doigts en me fixant d'un air suspicieux.
Je parviens à extraire ma main de l'étau de chair avant de déclarer :
- Vous devez être la commissaire Adèle Pettesec.
- Tout à fait mon joli, commissaire principal Adèle Pettesec, cheffe du Bureau Urbanisation et Régulation de la Police au ministère se présente t-elle brièvement.
- C'est bien vous qui m'avez appelée il y a 53 minutes pour m'avertir que ma grande amie Laetitia S. avait été enlevée sous vos yeux peu avant 23h00 hier soir c'est bien ça ?
- Exactement, madame S.

est passée à mon cabinet hier matin pour me faire part de la lettre de menaces qu'elle a reçue il y a un peu moins d'une semaine. Elle m'a ensuite engagé pour que je l'aide à identifier l'auteur du courrier après m'avoir expliqué qu'elle avait déposé plainte à ce sujet et que grâce à vous une enquête avait pu être diligentée dans les plus brefs délais.
- En effet, mais comme a dû vous le dire Laetitia, les investigations ne nous ont fourni aucun indice, et l'enquête est pour l'instant suspendue.
- C'est sans doute pour cette raison que votre amie a fait appel à mes services.
- Et si j'en crois ce que vous dites, vous avez été incapable de la protéger cette nuit.
J'encaisse avant de répondre:
- c'est exact: je n'ai pas fait mieux que la police.

La commissaire hausse les épaules avant de me gratifier d'un sourire crispé:
- écoutez Marteau, je ne suis pas venu dans cet hôpital à 2 heures du matin pour faire un concours de quéquette avec vous. Après votre coup de fil, j'ai essayé d'appeler Laetitia à plusieurs reprises et à chaque fois, la communication a basculé immédiatement sur sa boîte vocale.

- D'autre part, suite à l'information que vous m'avez donnée concernant le véhicule dans lequel serait montée Laetitia, j'ai appelé un de mes contacts qui travaille au centre de vidéo surveillance pour lui demander de visionner les bandes produites hier entre 22:45 et 23:00 par les caméras proches du Grand Vefour avec une attention particulière pour les SUV allemands noirs qui ont croisé dans le quartier sur cette période. On me recontactera si cette recherche donne quelque chose.

La commissaire reprend son souffle avant de poursuivre.
- En attendant, j'aimerais bien qu'on reprenne toute l'histoire depuis le début et que vous m'expliquiez ce qui vous fait croire que madame S. a été enlevée.

Curieusement, la jolie infirmière semble beaucoup moins pressée de continuer sa tournée. Et elle ne cherche même pas à cacher son intérêt pour la teneur de la conversation que je viens d'entamer avec la commissaire.


Je commence donc à relater de manière succincte les événements qui ont amené la lauréate du Gourdin d'argent à dîner en tête à tête avec son ex petit ami dans un prestigieux restaurant parisien pendant que je planquais à l'extérieur après m'être régalé d'un kebab frites sauce piquante.

J'avais en effet décidé de me faire passer pour un livreur de repas pour justifier ma présence dans le coin et j'avais donc installé derrière la selle de mon trail Honda un imposant topcase supposé pouvoir transporter des plats cuisinés.

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J'attaque ma relation des faits au moment où Laetitia quitte le grand Vefour.
- vers 22h50, j'ai vu Laetitia sortir du restaurant en compagnie de Sven Maldini, son ex petit ami avec qui elle a rompu il y a une semaine. Ils se sont salués courtoisement avant de partir chacun dans une direction différente. Ce qui semblait signifier que Laetitia n'avait rien appris de particulier au cours du dîner.
Je m'apprêtais donc à la rejoindre là où je lui avais demandé de m'attendre, une fois son repas terminé.
Le temps de remettre mon casque, de démarrer ma bécane et d'emprunter la rue qui mène au boulevard, et j'aperçois à une centaine de mètres un type casqué qui tire violemment Laetitia par le bras avant de la jeter sans ménagement sur la banquette arrière d'un SUV noir qui démarre en trombe sans même attendre que la portière soit refermée.
La voiture semble puissante mais beaucoup moins maniable que ma moto et je ne doute pas de rattr le véhicule rapidement malgré les deux bagnoles que je dois laisser passer avant de griller le feu rouge.
Malheureusement, en tournant dans la petite rue empruntée par le SUV quelques secondes plus tôt, je ne remarque pas une plaque d'huile sur la chaussée. Ma roue avant décroche et la moto se couche et glisse jusqu'à ce qu'une rangée de poubelles mette brusquement fin à ma course-poursuite.
Évidemment, je suis fou furieux lorsque je me relève et je retire mon casque d'un coup.
C'est à ce moment que je suis pris de vertige et que je perds conscience.

- Pour la suite, je me contente de vous répéter ce qu'a m'a dit le médecin du Samu:
Un témoin qui marchait sur le trottoir d'en face a assisté à ma chute. Il s'est approché de moi et a tenté de me parler. Voyant que je ne réagissais pas, il a appelé aussitôt le 17. Le fourgon est arrivé quelques minutes plus tard. Les infirmiers m'ont installé sur la couchette et ils m'ont emmené dans le magnifique établissement où nous nous trouvons actuellement pour me faire subir divers examens qui heureusement n'ont pas révélé de lésion.

La commissaire reste imperturbable en écoutant mon récit :
- c'est en sortant du dernier contrôle que je me suis réveillé. Une infirmière m'a alors prise en charge pour me conduire, minerve autour du cou, dans cette chambre où j'ai enfin pu récupérer mon portable et vous appeler après avoir constater moi aussi que Laetitia était injoignable.

Tout à mon dépit de m'être fait semer aussi bêtement, je continue mon exposé:

- je ne comprends pas comment j'ai pu me faire piéger. Je pensais avoir pris les dispositions suffisantes. Ainsi, j'ai surveillé Laetitia toute la journée et pris soin de la raccompagner à la porte de son appartement à 18:30. J'ai réservé moi même le taxi qui est venu la prendre au pied de son Immeuble à 19:45. J'ai ensuite suivi la voiture en moto discrètement sur tout le parcours et je mettrais ma main à couper qu'aucun autre véhicule n'a pris le taxi en filature. Laetitia, elle même, ne savait pas que je planquais en bas de chez elle et que j'avais décidé de la surveiller jusqu'à ce qu'elle pénètre dans le restaurant.

- Qui était au courant de ce dîner à part Laetitia et son ex? Me demande Adèle après quelques secondes.
- Personne justement. Ça s'est décidé hier matin et en ma présence.
- Alors brillant détective, vous en déduisez quoi ?
Je fais un clin d'oeil à la frangine de Chabal avant de répondre.

- qu'il pourrait être utile de rendre une petite visite à l'auteur de science fiction pornographique.
- Tout juste Auguste. Et c'est ce que je vais faire de ce pas...
- Hé commissaire, vous n'allez pas me laisser seul ici à la merci de cette infirmière qui en a visiblement après ma vertu.
La jeune femme noire lâche une exclamation de protestation:
- Dites-donc papy! Il ne faudrait pas prendre vos désirs pour la réalité.
Adèle rigole un bon coup.
- Ok Marteau, je vous emmène. Il est sûr que dans votre état, la levrette n'est pas tellement recommandée.
- C'est ça, amusez-vous! Faites comme si je n'étais pas là, s'énerve la jolie infirmière.
- Commissaire, on ferait bien d'y aller avant que Djamila n'entre dans une colère noire.
- Pauvres cons ! Lâche la fille écoeurée en quittant la chambre alors que la policière se plie en deux de rire.
J'en rajoute une couche :
- Attendez Mademoiselle! ne partez pas avant que je vous ai signé une décharge.

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Moins d'un quart d'heure plus tard, j'ai récupéré mes vêtements et rempli les formalités administratives. De son côté, Pettesec s'est fait communiquer l'adresse de Sven Maldini auprès de collègues de permanence et nous nous nous apprêtons à prendre la route pour lui rendre une petite visite à sa résidence de Montreuil.

Une sonnerie sur son téléphone alerte la commissaire qui s'isole pour passer un rapide coup de fil avant de venir me retrouver:
- Changement de programme mon mignon. Le gars de la vidéo surveillance a vérifié les plaques de tous les SUV allemands noirs qui ont croisé dans le quartier du Grand Vefour autour de 23 heures et figurez-vous qu'il a repéré une BMW X5 dont l'immatriculation est censée appartenir à une Citroën immatriculée dans les Hautes Pyrénées. J'ai demandé au collègue de vérifier si Sven Maldini possède ce genre de véhicule mais je n'y crois pas trop. Le policier me rappelle dès qu'il a l'info.

Quelques minutes plus tard, Pettesec consulte son téléphone et me confirme que Sven Maldini n'a pas de BMW X5.

- Du coup on fait quoi commissaire ? je demande.
- Est-ce que par hasard, Laetitia vous aurait fourni une liste de contacts ? répond la policière. C'est peut être une de ses connaissances qui est à l'origine de l'enlèvement.
- En effet, je me suis fait la même réflexion et j'ai bien une liste de coordonnées que je peux récupérer sur mon cloud personnel si on me fournit un PC avec accés à Internet.
- Ok! On va passer voir un de mes collègues à la PP. Et on va regarder si dans votre liste, il n'y aurait pas un propriétaire de X5.

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Nous roulons depuis une dizaine de minutes en direction du domicile de Jeff Parchemin, l'assistant de Jacques Sohn-Faïve aux éditions Emplomb.

La liste de Laetitia contenait le nom et le numéro de téléphone de Parchemin et en consultant le SIV, le brigadier de la PP a trouvé qu'un certain Jean-François Parchemin résidant à Meudon était propriétaire depuis 3 ans d'une BMW X5 noire.
Après une petite recherche sur Internet, j'ai découvert en consultant le compte Linky (le réseau social des professionnels) de Monsieur Parchemin qu'il n'est autre que l'assistant du patron de la maison d'édition de Laetitia.

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Je romps le silence en m'adressant à Adèle:
- Dites moi commissaire. Y'a un truc qui me taraude mais je me demande si je fais bien de vous en parler.
- ça dépend mon gars. Ça concerne notre affaire ou c'est personnel?
- Et bien je dirais que c'est plutôt personnel.
- Dans ce cas, laisse tomber le vouvoiement et le commissaire et appelle moi Pépette comme tous mes potes.
- Ok Pépette. Je sais pas si ça m'aidera mais...
- oh Marteau ! Tu la craches ta Valda ou tu te fais prier comme une pucelle le jour de ses fiançailles ? Gueule Adèle avant de se radoucir et de me questionner:

- Marteau c'est pas un peu bizarre comme nom pour un privé ?
- Ben non ! C'est même à cause de mon patronyme que j'ai choisi le métier de détective. Quand j'étais gamin, j'étais un fan de polars américains et je me suis enfilé jusqu'à plus soif les oeuvres de Chandler, Chase, Hammett et surtout Mickey Spillane le créateur de Mike Hammer sans parler de San Antonio et Agatha Christie mais ça n'a rien à voir.
- Ben dis moi t'es un chaud toi de t'enfiler tout ce monde là lâche la policière dans un grand rire gras.
- Ah c'est malin ça.
- Puisque t'es si calé, j'espère que tu apprécies aussi Tardi.
- évidemment Adèle et Léo Malet aussi.

Je me tais tandis qu'une larme perle à l'oeil de ma conductrice et j'attends respectueusement qu'elle sorte de son mutisme.

- Bon arrête de jouer les vierges effarouchées et dis moi plutôt ce que tu voulais savoir sur moi.
- En fait, je me demande jusqu'à quel point vous êtes proches Laetitia et toi.

Adèle reste à nouveau silencieuse plusieurs secondes avant de répondre.

- Pour faire court, disons qu'il y a quelques années la belle blonde avait souvent le museau planté dans ma foufoune et je le lui rendais bien.
- c'est vrai qu'on fait difficilement plus proche j'admets. Qu'est ce qui a fait que vous avez mis fin à vos parties de broute minou.
- la vie mon pote, rien que la vie. Qu'est ce que tu crois? Laetitia avait envie d'autre chose. C'est normal. Elle est jeune, elle est belle, elle est intelligente. Elle a envie de vivre. Elle a droit au bonheur. Alors le jour où elle m'a dit que c'était fini entre nous, j'ai encaissé en silence et je lui ai promis que je serais toujours là si elle avait besoin de moi.
- Je suppose que tu as morflé.
- évidemment que j'ai morflé Ducon! Alors je me suis laissé aller à la facilité et j'ai trouvé un moyen pour moins penser à Laetitia: pendant plusieurs mois, toutes les nuits, j'accompagnais mes copainss de la BAC dans leur tournée et j'expliquais à ma manière aux dealers et aux proxos qui avaient le malheur de croiser notre route que ce qu'il faisaient n'était pas correct.

Silencieux, je regarde Adèle les yeux rivés sur la route se remémorer cette période douloureuse de son existence.
- Et qu'est ce qui a mis fin à ton activité de justicière. Une pénurie de wheed sur Paris ?
Pépette rigole malgré elle.
- Presque. Un jour, j'ai cogné un peu trop fort et le vendeur de coke a failli y rester. Alors mes potes m'ont expliqué que sur ce coup là, ils n'allaient pas pouvoir me couvrir et l'IGPN m'est tombée dessus.
Et c'est comme ça que je me suis retrouvée à manager des ronds de cuir dans un bureau à quelques dizaines de mètres de la place Beauvau.

Le GPS signale la proximité de la maison de Jeff Parchemin.
- Je crois qu'on arrive Pépette. Je compte sur toi pour faire preuve de mesure lorsque tu interrogeras l'assistant de Jacques Sohn-Faïve.
Adèle éclate de rire.
- Détends toi Marteau, c'est de l'histoire ancienne. Je sais me tenir maintenant.

Alors que nous nous trouvons à 300 mètres du pavillon, un signal lumineux clignotant annonce l'ouverture du portail électrique de la propriété d'où s'extrait une 308 grise qui tourne immédiatement à droite avant d'accélèrer en douceur.
Je saisis alors brusquement le bras de la conductrice et lâche :
- Suis discrètement cette voiture. J'ai comme qui dirait un pressentiment.
La commissaire ne moufte pas et cale son allure sur celle de la Peugeot puis elle éteint ses feux.
- Putain, qu'est ce que tu fous, on voit plus rien. Tu vas nous envoyer dans le décor.
- Détends toi. Mon joli. Toutes mes copines m'appellent Minou. J'ai des yeux de chat.

Je me contente donc de serrer les fesses pendant la bonne vingtaine de minutes pendant lesquelles nous filons la 308 jusqu'à ce qu'elle s'arrête à un carrefour en pleine forêt à proximité d'une petite maison abandonnée.
Presque aussitôt, le chauffeur descend, bientôt imité par son passager.

Enfin, c'est ce que je parviens à distinguer parce que les phares de la bagnole sont restés allumés.

Adèle se gare discrètement pendant que je sors mon micro directionnel pour le connecter à mon smartphone.
Les deux passagers de la 308 se sont rapprochés et je baisse ma fenêtre avant de diriger le micro vers eux.
Aussitôt, leur conversation nous parvient grâce au haut parleur de mon téléphone.
- je sais que ce que nous faisons ne te plaît pas trop mais nous n'avons pas le choix. Tu dois 50000 euros à Enzo Zalando et ton livre se vend moins bien que tu l'espérais.
- C'est pourtant bien la première fois que je me fais trahir par un brelan de reines lâche une voix féminine que j'identifie comme celle de Laetitia.
- Que veux tu. C'est le triomphe des roturiers. Une suite même pas royale est supérieure à trois reines. Bon on ne va pas passer le reste de la nuit ici. Tu as bien compris ce que tu dois faire. Tu me laisses trente minutes pour rentrer chez moi. Ensuite, tu te libères, tu rallumes ton téléphone et tu m'appelles. Je préviens les flics et la presse dans la foulée.
De ton côté, tu téléphones au privé demeuré que tu as engagé et tu lui racontes que tu t'es faite enlevée à la sortie du Grand vefour, qu'on t'a amené tu ne sais pas trop où et que tu as pu récuperer ton téléphone mais que tu es solidement attachée et que tu es incapable de te libérer.
- C'est bon! Ça fait cinq fois que tu me rabaches la même chose lâche Laetitia avec agacement.
- Bon maintenant, on va aller dans la bicoque où je vais t'attacher, puis t'enfermer à clef après avoir mis en évidence cette nouvelle lettre de menace pour que le premier crétin qui entrera dans la baraque la découvre aussitôt.

Je me tourne vers la commissaire avant de la questionner.
- Qu'est ce qu'on fait maintenant ? J'ai l'impression que Laetitia s'est bien foutue de nous.
- T'as raison Marteau. On va pas se laisser baiser sans réagir.

Adèle ouvre sa portière et extrait sa gigantesque carcasse de la Renault avant de se diriger vers les deux tourtereaux. Je l'imite.

Le bruit que nous faisons en nous approchant attire l'attention de l'homme qui sursaute.
- Bon sang qu'est ce qui se passe?
Adèle affiche un calme impressionnant :
- Du calme Sohn-Faïve, on passait dans le coin, on a vu de la lumière. Alors on s'est pointé.

Laetitia reste silencieuse et regarde alternativement la commissaire et son éditeur que j'ai reconnu grâce aux quelques photos de lui que j'ai consultées sur Internet lors de notre passage à la PP un peu plus tôt dans la nuit.

- Mais bordel qui êtes vous ? Gueule le type.
- Commissaire Pettesec pour ne pas te servir connard, déclare élégamment ma nouvelle copine avant de se diriger vers l'homme qui se tourne vers sa complice.

- C'est toi qui a averti les flics ? demande Jacques à ma cliente.
Adèle répond à la place de son amie:
- en effet, joli coeur dit elle en sortant son flingue de son étui pour le pointer vers le gars.
- Lève tes sales pattes et recule toi lui ordonne Pépette avant d'ajouter à mon attention:
- Marteau, vérifie si ce salaud n'est pas armé.
Terrorisé, Jacques Sohn-Faïve fait quelques pas vers la maison abandonnée et s'arrête. Je le rejoins silencieusement et le palpe consciencieusement.
- R.A.S.
- Parfait! lâche laconiquement la flic.
Une explosion déchire la fin de la nuit et la cervelle du patron des éditions Emplomb se répand sur l'herbe avant que son cadavre s'écroule sur le sol.

Je regarde la tireuse avec sidération.
- Putain mais t'es cinglée. Pourquoi t'as fait ça ?
- Ce mec avait une tronche qui ne me revenait pas dit simplement Pettesec.

Laetitia s'approche du mort et crache sur le corps.
- De toute façon, ce fumier ne méritait pas mieux dit elle les yeux brillants de colère.
- Bon c'est pas tout ça les amis, mais vaut mieux éviter de moisir ici déclare Adèle en sortant un petit révolver de sa poche gauche pour le pointer vers moi.
- Tu vois Marteau, je commençais à te trouver sympathique, ça me ferait presque de la peine de te descendre. Mais bon, tu sais ce que c'est: C'est difficile d'éviter les dommages collatéraux.

Devant mon air ahuri, Pettesec lâche un petit rire avant d'expliquer:
- l'idée de Sohn-Faïve n'était pas mauvaise mais elle était un peu étriquée. Tu te doutes bien qu'avec un , le tien en l'occurrence, et une commissaire qui descend le tueur dans la foulée, on va avoir droit à une couverture médiatique nationale. Rien à voir avec ce qu'on aurait obtenu pour la libération d'une écrivaine peu connue qu'on retrouve choquée dans un bois paumé après s'être fait enlever à la sortie du Grand Vefour.

Je ne peux que m'ébaubir:
- Chapeau les filles, c'est pas très moral votre histoire mais vous m'avez bien roulé dans la farine.
Je marque un temps d'arrêt avant de poursuivre à l'attention de Laetitia:
- Je suppose qu'il n'y a jamais eu de dépôt de plainte contre la soi-disante lettre de menace que vous m'avez présentée.
- En effet, admet la sublime blonde mais j'ai quand-même déposé une main courante et fourni aux policiers l'enveloppe postée par Adèle.
- En fait, la lettre, c'était l'idée de l'éditeur et on l'a reprise telle quelle précise Pépette. Il fallait bien qu'on ait du grain à moudre pour la flicaille qui va traiter cette affaire sordide d'enlèvement qui vient de dér.

Je lâche alors désabusé:
- Et évidemment, Pettesec, tu n'as jamais contacté le service de vidéo surveillance.

- Dans le fond, Marteau t'es moins con que t'en as l'air. Tu avais reconnu une BMW X5 avant de te casser la gueule comme un con et grâce à la liste fournie par Laetitia et que tu lui as obligemment communiquée, mon serviable collègue de la PP n'a pas eu de mal à retrouver le propriétaire potentiel. D'ailleurs c'était bien vu le coup de Linky. je me demandais comment tu allais pouvoir faire le rapprochement entre Jeff Parchemin le possesseur de la voiture et les éditions Emplomb. Finalement les réseaux sociaux ça a du bon conclut Pettesec contente d'elle.

Je regarde tour à tour les deux femmes avec une pensée triste pour Laetitia prête à n'importe quelle compromission pour avoir sa part de gloire et le fric qui va avec.

- Bon assez causé! S'exclame soudain la commissaire. On en a pas encore fini avec cette histoire. Il faut qu'on s'occupe de notre petite mise en scène avant d'appeler les collègues. Et c'est con pour toi Marteau, mais tu vas te faire buter par Jacques Sohn-Faïve.

La flic recule alors de quelques pas et vise mon torse avec le petit flingue qu'elle a précédemment sorti de sa poche.
Je ferme les yeux lorsque le coup de feu retentit.
Le juron de la commissaire me vrille les oreilles. En ouvrant les yeux, je la découvre accroupie en train de tenir sa main en sang à laquelle il manque au moins 2 doigts. Elle est pâle comme un linge.
- Putain Lucca! Je gueule. T'as mis du temps à réagir. J'ai bien cru que la soeur de Chabal allait m'envoyer rejoindre mes ancêtres.
Alors que le soleil pointe à l'horizon, mon copain Franck Lucca, commandant de police et tireur hors pair nous rejoint en maintenant son arme pointée vers la commissaire.
- Ce que j'aime chez toi Marteau, c'est la manière dont tu remercies les gens. Il fallait bien que je te laisse le temps d'enregistrer la confession de ma charmante collègue.
- Ouais! N'empêche que j'ai bien failli me pisser dessus, je réponds en sortant le mini enregistreur et la balise GPS qui se trouvent dans ma poche avant de m'adresser à la femme blessée.
- tu vois Pépette. T'es pas la seule à avoir des copains dans la police.
La première chose que j'ai faite après que ta copine canon m'ait engagée, c'est de vérifier cette histoire de plainte et d'enquête. Quand j'ai appris que c'était bidon, je me suis dit qu'il valait mieux sortir couvert et j'ai contacté mon vieux pote Franck.
Et avant qu'on prenne la route en amoureux toi et moi cette nuit, je l'ai appelé et j'ai activé ma balise. C'est mon côté geek: je peux pas résister à un gadget qui pourrait me servir un jour.

Je me tourne alors vers Laetitia:
- je me demande comment Conchita va réagir quand elle apprendra que son écrivaine préférée est la complice d'un .

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