42.2 (Avant La) Soirée Au Kl. Rue De Metz Avec Thibault.
« 2001
»
sur le lit dans le studio de rue de la Colombette
les corps musclés des deux garçons
« Dimanche premier juillet
»
en train dapprocher tout doucement de lorgasme
« 4h02
après la soirée au KL
»
les regards se cherchent, se croisent
le contact avec la peau de lautre, douce, chaude, moite, est très excitant
les épaules nues se frôlent encore, encore et encore
les cuisses se touchent, les genoux se frottent, les doigts seffleurent
troublés par la découverte de leurs nudités excitées (car en ce qui est de leurs nudités tout court, ils connaissaient cela très bien grâce aux vestiaires du rugby)
la tension érotique entre les deux coéquipiers est palpable
la sodomie, voilà une pratique complètement inédite pour ce gentil Thibaut, une pratique quil a accepté dexpérimenter pour ne pas déplaire à son pote
une pratique quil finira par aimer assez rapidement
cest si serré un petit trou, ça fait des sensations si différentes par rapport à une chatte
dès les premiers coups de reins
les corps musclés sont parcourus par des frissons puissants
sous la vague dun plaisir qui est autant sexuel que sensuel
les deux coéquipiers se cherchent, les regards
saimantent, le plaisir monte, la jouissance approche
Le corps et l'esprit secoués par ce plaisir inédit et intense, Thibault frissonne, en tremble presque
Jérém le regarde faire
il trouve ça incroyablement excitant et beau
devant son pote en nage, la respiration profonde et rapide, en train de découvrir ce plaisir jamais expérimenté, à la fois conquis et dérouté
Jérém ressens un truc nouveau pour Thibault... son plaisir le touche
plus que ça, presque ça lémeut
Et cest autant pour le rassurer
que pour une irrésistible envie de contact avec sa peau
quil a lidée dun geste inattendu
tendre
A un moment, son bras de lève, sa main se pose sur son cou
comme une caresse douce, sensuelle et excitante a la fois, un geste qui
avait précipité la jouissance des deux garçons, la faisant survenir presque au même moment
Hélas, la jouissance masculine est un oiseau qui sépuise dans son envol
lascension vers le plaisir est tellement puissante et rapide quon a du mal à réaliser que le retour au sol nous guette instantanément
les boxers recouvrent vite des nudités devenues soudainement gênantes
Le silence devient rapidement gênant pour Thibault
Plus tôt, cette semaine là
Jhésite toujours
jai honte de mêtre fait gauler par Thibault en train de me cacher dans labribus à coté de la brasserie où Jérém travaille
Le beau mécanicien me balance un nouveau sourire et un nouveau geste de la tête pour que jaille le rejoindre
au point que jen suis, je nai plus le choix
ne pas y aller semblerait étrange, un aveu de « culpabilité »
je nai plus le choix, non
et puis, je dois admettre que lidée de me retrouver à la même table que Thibault, ne me déplait pas du tout
dabord car elle donne un début de légitimité ou dexcuse à ma présence vis-à-vis de Jérém
ensuite car, même si ce dernier va mal prendre le fait que je me trouve là, il ne va pas oser me jeter devant son pote
enfin, le fait de copiner avec le meilleur pote du mec quon aime, est un plaisir quon ne peut pas bouder
quand on copine avec le meilleur pote de la personne quon aime, on a limpression de rentrer un peu dans sa vie, cette vie inconnue, par une porte dérobée
Oui, jaime la compagnie de Thibault, jaime discuter avec lui
dabord car jusquà là nos échanges ont tourné essentiellement autour de mon sujet préféré
mon beau brun ! Et puis, ce qui me touche énormément chez lui, cest cette profonde bienveillance à légard de Jérém quon lit en filigrane dans chacun de ses mots lorsquil parle de lui
et vraiment, il ne se fait pas prier pour cela
cest vrai que lon ne se connaît pas assez pour avoir dautres sujet de conversation que cette « connaissance » commune
Mais au delà de ces considérations, je sens que Thibault parle très volontiers de son meilleur pote
je sens quil laime beaucoup
Je finis par céder à linvitation du beau mécano
javance en direction de sa table en essayant de me donner une contenance que je nai pas
et tant pis si ma présence va mettre le beau brun en pétard
« Re
» me lance-t-il.
« Oui, re
» je lui réponds en souriant. Le sourire est une arme de défense imparable, comme me la si bien rappelé le petit vendeur de la boutique de téléphones tout à lheure.
« Allez, vas-y, assieds-toi, Jérém va être content de te voir
»
[Bah, moi jen suis pas si sur
]
Pas un mot sur le fait de me retrouver là quelques minutes après mavoir croisé et mavoir balancé linfo du taf de Jérém
pas de réflexion sur le fait que jai accouru comme un petit chien
il fait comme si je tombais là par hasard, je trouve son comportement gentil comme pas permis, son attitude me met à laise
il est vraiment adorable ce garçon
« Tu veux boire quoi? Je tinvite
faut juste attendre que le serveur se libère
»
Est-ce que jai déjà dit quil est vraiment adorable ?
Quelques instants plus tard, le serveur finit par débouler en terrasse avec un nouveau plateau chargé de verres, de boissons et de biscuits apéro
Jérém est le genre de mec beau de loin mais
magnifique de près
il est à croquer
Tout y est
ses cheveux plus courts sur les cotés et derrière la nuque, plus longs sur le haut de la tête et fixés au gel, sans trop, juste ce qu'il faut
la barbe qui recommence à pousser [la aussi, arme de séduction massive], sa chaînette de mec coincée entre le coton noir et sa peau mate mais dont quelques mailles pointent à la lisière de léchancrure bénie de son t-shirt
son tatouage pile au dessous du bord de la manchette
Je le regarde voltiger entre les tables serrées
ses mouvements ont une vitesse, une élégance, une assurance que je trouve étonnantes, comme sil avait fait ça toute sa vie
putain de putain de mec
habile de ses pieds et de ses jambes pour le rugby, adroit de ses mains, de ses doigts, tout lui réussit
et ça cest pas normal
non, cest pas normal dêtre aussi beau et aussi doué à la fois, cest pas juste, pas juste !!!
Tout dans son allure respire une fraîcheur à faire craquer un chêne
tout est plaisant, séduisant, élégant chez lui
je me surprends à fixer à nouveau ses oreilles fines, bien collées avec qui je me suis bien amusé la veille
et ça me fait toujours et encore un de ces effets
Pendant quil approche dune table à lopposé de la terrasse pour y déposer les boissons, je regarde son biceps tendu, gonflé dans leffort de tenir en équilibre le plateau, déformant carrément la manchette de son t-shirt noir moulant
ah, cest à tomber dans les pommes
et rien que ça cest une provoc, dangereuse qui plus est, surtout dans la mesure où elle est nonchalamment lâchée devant un public si nombreux
Et puis, à un moment, il se passe un truc
le genre de truc à cause duquel on frôle carrément lémeute
la table quil est en train de servir est dans un coin de la terrasse saturé de monde
les chaises sont vraiment les unes sur les autres
ainsi, pendant quil distribue les conso, à un moment Jérém se trouve coincé
et là, tout en gardant son plateau en équilibre dans sa main gauche, il se contorsionne pour arriver à poser les verres sur la table
dans ce mouvement, son torse se bombe, ses pecs ressortent, toute sa musculature se met en tension.
On passe à deux doigt du cataclysme
jai une envie furieuse de bondir de ma chaise et de lui sauter dessus
de plus, je crois quon doit être nombreux dans la salle à avoir ce genre denvie
oui, le risque démeute est palpable
Le beau brun na toujours pas capté ma présence
mais moi, putain, comment je lai captée la sienne, admirée, adorée
non, le beau brun na toujours pas vu ma tronche affichée à la terrasse de son taf
je sais que cela ne va pas tarder
jappréhende sa réaction
je me sens de plus en plus inquiet, je me sens comme quelquun qui a perdu pied et qui sait qui va commencer à couler
je regarde autour de moi en cherchant nimporte quoi pour maccrocher et ne pas sombrer
je commence à paniquer
et puis mon regard rencontre le regard de Thibault
je lui souris timidement, un peu embarrassé
il me sourit à son tour
voilà la « bouée de sauvetage » qui mempêchera de couler
Car son sourire me fait un bien de fou
cest peut être que dans ma tête, mais ce sourire me semble exprimer tellement de choses, du genre « Je sais que tu tattends à une possible réaction contrariée de Jérém, mais il ne faut pas tinquiéter
tout va bien se passer
je suis là
je suis de ton coté
je vais tarranger le coup
»
Oui, on peut parfois lire tant de choses dans certains regards
à moins que ce ne soit toujours mes rêves qui se prennent pour des réalités
Jérém arrive à se décoincer dentre les chaises et, sans regarder dans notre direction, il trace vers le comptoir à lintérieur. Une autre table attend dêtre servie. Il revient une minute plus tard avec un nouveau plateau, beaucoup moins chargé
pendant quil traverse une nouvelle fois la terrasse en diagonale, je ne peux toujours pas le quitter des yeux
ainsi, ce qui devait arriver arriva
nos regards saccrochent
Un instant plus tôt jappréhendais sa réaction, linstant daprès je suis super heureux de la découvrir
car, à linstant même où il réalise que cest moi, il marque presque un arrêt net dans son élan rapide et assuré
ça ne dure quune demi seconde
son sourcil gauche se relève, marquant un étonnement
amusé
déjà ce simple geste est dune beauté à me faire craquer
et, top du top, jai limpression que finalement ça lui fait plaisir de me voir là le premier jour de son travail
jai presque limpression quil me balance un petit sourire du coin de lil tout en reprenant son allure vive
Jérém pose les boissons sur la table et encaisse la note
après quoi, il se dirige dans notre direction
Vite, un truc à dire à Thibault
« Ca se passe bien ton travail ? »
Thibault a tout juste commencé sa réponse, que jentends la voix du beau brun derrière mes épaules.
« Eh, ben, il y en a qui se la coulent douce pendant que dautres travaillent »
Je suis soulagé, il est de bon poil. Il est même dhumeur à faire de lhumour. Je me dis que ça doit être la présence de Thibault. Jai limpression que Jérém est plus détendu lorsque Thibault est dans les parages
« Cause toujours, va
» déconne le beau mécano « pour une fois que tu mets la main à la pâte, il faut que tu te la pètes
»
Et il continue, cherchant mon regard comme pour me prendre à témoin et me rendre complice de sa déconnade, petit geste qui me rend fou dexcitation
rien que ce regard, et jai limpression de faire un peu partie de « leur monde », de « leur meute » :
« Il est vraiment incorrigible ce mec »
Je souris, amusé et touché.
« Tête de con » lui balance Jérém.
« Branleur
» lui répond Thibault du tac au tac.
Jadore les voir déconner. Jadore leur complicité. Jadore leur amitié. Je nai jamais vécu quelque chose de tel de ma vie. Je suis jaloux de leur relation, de leur histoire, de leurs vies.
Depuis son arrivée, Jérém sest un peu décalé, et maintenant il est devant moi
en station debout, les jambes légèrement écartées, un pied un peu avancé par rapport à lautre, le buste et le bassin inclinés vers la droite, c'est-à-dire vers moi
la braguette ostensiblement calée vers lavant, pile à hauteur de mes yeux, laissant entrevoir une bosse discrète mais tellement évocatrice
un regard qui me toise malicieusement de haut en bas
bref, une attitude que, là encore, plus mec tu meurs
« Et toi tu fais quoi là, tu branles comme Thibault ? »
« Je passais par là
»
Là jai limpression à la fois de me ridiculiser par rapport à Jérém et de trop me dévoiler par rapport à Thibault
me ridiculiser, car mon explication sonne faux
le fait que je puisse passer par hasard devant le resto où il ne bosse que depuis quelques heures, est très improbable
certes, il reste lexcuse « Thibault en terrasse captant mon attention », mais enfin
dautre part, avec mon petit mensonge, jai le sentiment de trop me dévoiler par rapport à Thibault car, lui il le sait, je ne suis pas passé par là par hasard
il le sait, et en plus il a capté mon cirque qui consistait à mater discrètement Jérém en essayant maladroitement de me cacher derrière labribus
je suis carrément grillé
Sil me balance, je vais pas avoir lair con
Heureusement pour moi, la discrétion est une des nombreuses qualités de ce garçon dont le physique musclé autant que le mental équilibré, sont façonnés par la pratique du rugby
beaucoup de mecs de notre âge se seraient moqué de moi
de mon penchant suspect, ou plutôt certain, pour Jérém
pas lui
à ce stade je pense quil a tout compris
et il fait comme si de rien nétait
Jai déjà dit que ce mec est adorable ?
« Alors, tu bois quoi ? Je te loffre
»
finit par lâcher Jérém.
Bon
lui aussi veut moffrir à boire
cest génial
jai limpression que si je reste bouffer, à la fin de la soirée je vais être un « des leurs »
si ça ne tenait quà cela
Je croise à nouveau son regard. Il a lair épanoui, presque jovial
quest-ce que ça contraste avec le Jérém taciturne et colérique que jai quitté deux soirs plus tôt devant la porte des vestiaires du terrain de rugby. Son sourire est beau, insoutenablement beau
Et ce qui est beau aussi, cest que, en fin de compte, ma présence ne semble étonner personne, ne semble gêner personne
ce qui est beau et qui ménerve un peu aussi, cest que tout le monde trouve normal que Jérém ait ce boulot, alors que je viens de lapprendre par hasard
grâce à un rencontre fortuite, une rencontre que jaurais ratée si jétais reste une minute de plus à mater le beau vendeur de la boutique de téléphones
Sans transition, Jérém est passe du jour au lendemain de bachelier à employé, détudiant à travailleur
de ladolescence à lage adulte, et cela ne semble tracasser personne
certes, tous ces contrastes de perception de Jérém ne sont que des images
des images que ma tête de jeune mec amoureux fabrique devant son impuissance à suivre les mouvements du mec que jaime
bien sur, dans la réalité, le fait de passer détudiant à travailleur ne change rien au Jérém que je connais
quoi que
dans tous les cas, Jérém ce sera toujours le même petit con ultra sexy
mais enfin
sa vie change et je ne suis quun spectateur accidentel
« Il faut bien fêter ça » surenchérit Thibault « Jérém qui bosse, voilà un événement
»
« Une bière blanche, stp » je finis par répondre.
« Ca vient » lance le beau serveur à la cantonade, en détalant sur les chapeaux de roues.
Pendant que jattends ma bière, Thibault finit de répondre à la question que je lui ai posée avant larrivée de Jérém. Ca fait un an, depuis son bac, quil bosse dans ce garage
il fait un bts en alternance
les semaines de cours se relayent avec des semaines « les mains dans le cambouis »
il mexplique en souriant quil essaie de sappliquer en cours mais quil préfère les semaines « les mains dans le cambouis »
il aime bien ce taf
il aime la mécanique
ça cest un vrai petit mec, voilà ce qui saffiche dans ma tête
Jérém se fait attendre, de nouveaux clients se sont installés en terrasse. Et la conversation finit à nouveau par revenir à lui
« Je le taquine
ça faisait longtemps quil voulait bosser » mexplique Thibault « alors que, dans la théorie, il nen a pas besoin, il pourrait glander tout lété avant la rentrée
son père a les moyens et il la toujours aidé
».
« Pourquoi il veut bosser alors ? » je finis par demander.
Thibault marque une petite pause et il enchaîne sur un ton mi sérieux, mi facétieux : « Déjà, je pense que cest une bonne chose quil bosse
ça va lui faire du bien doccuper un peu ses journées
ça va lui empêcher de faire des bêtises
il faut pas croire
cest un sacré numéro le Jérémie
quand il se laisse aller, il a une incroyable propension à faire nimporte quoi
».
Thibault termine sa phrase en souriant. Je crois deviner derrière son sourire, comme en crypté, comme sur un écran Canal + hors plage en clair, les souvenirs et le vécu sur lequel ses mots se basent
Thibault sait des trucs sur Jérém que jignore
il semble connaître mon Jérém par cur
je suis à la fois jaloux de lui et heureux que mon beau brun ait un ange gardien comme Thibault
je me retrouve à penser avec une certaine inquiétude à cette tendance qui semble parfois transparaître derrière les mots de Thibault, une fâcheuse tendance que semble avoir Jérém à se mettre en danger
Jessaie de sourire à ce quil vient de dire, car, même si ça minquiète un peu, ça a été dit sur un ton plutôt drôle. Drôle et mignon. Un instant après Thibault redémarre :
« Jérémie veut travailler car il est pressé de gagner sa vie pour ne plus rien devoir à personne
surtout pas à son père
je crois quil veut carrément couper les ponts avec sa famille
».
Thibault nest pas avare en confidences. Je sens quil va me donner des billes importantes pour comprendre un peu plus mon beau brun. De la douce musique pour mes oreilles.
« Il ne sentend pas avec ses parents ? » jenchaîne, la curiosité fort aiguisée.
« Ses parents
ce nest que son père
sa mère est partie il y a dix ans et elle na quasiment pas donné de nouvelles depuis
»
« Ah, bon
» je métonne « ça a du être vachement dur pour lui
»
« Très dur, autant pour lui que pour Maxime
».
« Son petit frère ? »
« Oui, Jérém ladore
»
« Et alors, avec son père ça ne se passe pas bien ? »
« Jérém est en colère contre son père, il le tient pour responsable davoir rendu sa mère malheureuse au point de la pousser à partir
il lui en veut aussi davoir trop vite ramené sa copine à la maison sans se soucier du fait que cette nana navait aucune envie délever des gosses
»
« Il na pas essayé de reprendre contact avec sa mère ? »
« Non
il lui en veut énormément davoir abandonné lui et son frère dans sa fuite loin de leur père
il lui en veut, car eux ils ny étaient pour rien dans leurs soucis de couple
»
« Ca cest pas faux
»
« Ça fait des années que Jérém na presque pas mis le pied dans le domaine viticole de son père
il fuit cette maison où il a été très malheureux après le départ de sa mère
il fuit cette maison doù cette garce de nana a tout fait pour le faire partir
»
« Il veut vraiment couper les ponts ? » je minquiète.
« A part avec son petit frère, qui est tout pour lui
lorsquil est parti de la ferme il y a quatre ans, Jérém sest longtemps fait du souci pour lui
il avait peur que cette pouff lui rende la vie impossible
mais apparemment, ça se passait mieux avec son frère quavec lui
et puis, heureusement, Maxime est une tronche
il a eu le bac lan dernier à 16 ans, et depuis il fait des études dingénieur aéronautique
»
Jimagine le dépit de Jérém de voir son frère, cadet de deux ans, avoir le bac haut la main avant lui
mais Thibault enchaîne :
« Vraiment Jérém ladore
il a été super content quil ait pu avoir le bac si tôt et quil ait pu se tirer lui aussi
»
Je trouve très touchant le fait de mimaginer Jérém en grand frère se souciant de son frerot.
« Sinon ça faisait des semaines que Jérém postulait un peu partout
» enchaîne Thibault « il voulait commencer de suite après le bac, alors il a pris le premier job quil a trouvé
il faut dire que, avec sa prestance, le job de serveur lattendait les bras ouverts
»
Thibault est intarissable :
« Et pour le bac
jespère vraiment quil va lavoir, car sil ne la pas du premier coup, je suis sur quil va laisser tomber
»
Soudainement je me sens chargé dune responsabilité que je navais jamais considérée. Cest vrai quon était censé réviser ensemble
cest vrai que jétais censé laider à préparer le bac
alors que, dans la réalité, on na fait que baiser
certes, il la voulu, et je nai pas refusé
mais avec tout le temps que lon a passé ensemble, jaurais du trouver le temps de travailler un peu
je culpabilise un peu à lidée davoir manqué à ce « devoir »
je me dis que si vraiment je laime comme je le prétend, jaurais du mettre mes envies en sourdine et me pencher sur le révisions, de véritables révisions
Je sens la culpabilité menvahir, mattrister
et puis, en repensant aux révisions, voilà des images remonter à ma mémoire
Jérém torse nu
Jérém en débardeur
Jérém qui bande
Jérém qui mallume, Jérém dont le sourire coquin a le pouvoir de me tirer de mes bouquins et de mes notes pour que je me fasse tirer tout court
jai parfois essayé de me maîtriser, mais jai toujours été impuissant face à son charme, ses sourires, sa simple présence criant outrageusement « sexe ! »
Oui, jai manqué à mon devoir de laider à réviser
mais non, définitivement je naurais pas pu faire autrement
résister à son charme, mission impossible
il faut te mettre le cur en paix, Nico
« Jespère moi aussi quil va avoir son bac du premier coup » je finis par répondre.
« En tout cas, ça a été très sympa de ta part de laider à se remettre à niveau »
« Jai fait ça avec plaisir
»
« Cette année du bac est une période de grands bouleversements dans la vie de Jérém
je crois que depuis que vous êtes proches, ça lui fait du bien
»
Plus je le côtoie, plus japprécie ce mec
car plus je le côtoie, plus mon impression se confirme
Thibault est un garçon droit, loyal, excessivement fidèle en amitié, prêt à tout pour son meilleur pote. Cest un garçon qui inspire la confiance et force le respect, très touchant dans le contraste entre la puissance de son physique et la profonde gentillesse qui lui est propre ; une gentillesse que lon retrouve dans le ton de sa voix calme, posé, traversé par des tons graves très chauds
dans son vocabulaire, qui ne comporte jamais un mot plus haut que lautre
dans la maîtrise de ses émotions, ce qui lui permet, comme je le découvrirai plus tard cet été là, de garder la tête froide en bien doccasions, même les plus difficiles
chez lui, tout est dans la retenue, même les émotions les plus intenses
Oui, ce mec dégage à la fois un calme, une force et une solidité qui donnent franchement envie de s'appuyer sur ses épaules et de se perdre dans ses bras
cest le gars sur qui on sent de pouvoir compter à chaque instant, avec qui on se sent en sécurité
et ça cest un truc qui na pas de prix
Le jeune mécanicien vient tout juste de terminer sa dernière phrase que le beau serveur est revenu à notre table avec non pas une, mais deux bières et un petit bol de noix de pécan.
« Tu veux me saouler
» plaisante Thibault.
« Tas pas besoin daide pour ça, vieux pochetron
» balance Jérém sur un ton taquin.
« Merci » tranche Thibault « et à la tienne
»
« Vas-y, fous-toi de moi
je ne peux pas boire pendant le service
»
« Cest bien la seule raison pour laquelle tu es encore sobre à cette heure-ci
»
« Va te faire voir » réagit promptement Jérémie.
« A la tienne » renchérit Thibault.
Jérém est vite rappelé pour prendre une autre commande. Dans ma poche, un sms vient darriver. Je le consulte vite fait. Cest Elodie : « Tas trouvé ton beau serveur ? ». Je lui répondrai plus tard.
Dautres clients arrivent, un deuxième serveur fait son apparition. Il nest pas beau, je trouve cela rassurant. Au moins Jérém ne couchera pas avec son collègue. Ni avec son patron que jai entrevu derrière le comptoir, bien trop âgé et bedonnant.
Thibault et moi on termine nos bières en parlant de mes projets pour lété, de mes projets après le bac, en reparlant de la sortie au KL de ce samedi là
cest à cette occasion là que lon échangera nos 06
une bonne idée de sa part, cet échange de numéro de portable, une idée qui dans un avenir proche, comme dans un avenir plus éloigné, se révélera fort judicieuse.
On naura plus loccasion de discuter avec Jérém, désormais trop occupé avec la clientèle de plus en plus nombreuse
on lui fera juste un petit coucou en partant
Thibault et moi on repartira ensemble pour se quitter quelques mètres plus loin, pile à labribus derrière lequel je métais caché tout à lheure
là encore, pas de commentaires sur ma manuvre
ni sur les petits mensonges pour expliquer ma présence à Jérém
Dans ma tête je me dis que si jusque là Thibault se doutait très fort, maintenant il sait
il sait que Jérém est bien plus quun camarade de classe pour moi et que le contraire est vrai aussi
jai trop envie de lui proposer daller prendre un verre ailleurs et de tout lui raconter
je sens quil a besoin de savoir, alors que moi jai envie de raconter cette histoire à quelquun qui connaît le beau brun mieux que personne, quelquun qui pourrait me raconter tellement de choses à son sujet, et peut-être maiguiller sur la conduite à tenir pour l« apprivoiser »
Evidemment, je nose pas. Cest encore une connerie que je ne tarderai pas à regretter. Thibault aurait pu mapprendre tellement de choses utiles pour éviter le malheur qui attendait mon beau brun cet été là
mais on ne connaît pas lavenir et on se dit que lon aura toujours le temps
alors on laisse couler, on se permet de « ne pas oser »
et inchallah
Le beau mécanicien prendra le bus qui est en train darriver et qui lamènera dans le quartier des Minimes
en me quittant, il me redira « A samedi
» et il complétera sa poignée de main avec une petite tape, presque une caresse faite de lautre main sur mon épaule
très tactile le mec, très sensuel ce contact
je nai pas lhabitude de ce genre de petits gestes de complicité entre mecs
Un geste accompagné par son regard intense, fixement posé dans le mien pendant un long instant, par son sourire doux et un peu triste, agrémenté dun petit clin dil lancé pendant la fermeture de la porte à soufflet, juste avant que le bus ne démarre
Je suis touché, troublé
car tous ces petits gestes, ces petits « riens » me semblent exprimer tant de choses non dites
Quant à moi, lesprit bien secoué par les événements, les rencontres, les mots, les sourires, les sensations fortes des dernières heures, je continuerai ma route jusquà la place du Salin pour regagner ensuite le pont St Michel et retrouver ma maison, ma chambre, mon lit, mes esprits [là cest pas gagné]
jai besoin de repasser au ralenti le film des deux dernières heures, si denses en images, paroles et émotions
En tout cas, ce soir là, en trottant vers chez moi, je suis un garçon heureux
oui, je suis un garçon heureux car jai limpression que Jérém a été content de me voir
et jai limpression aussi que je vais avoir un nouvel ami
je sens que Thibault va être quelquun dimportant pour moi, et pour longtemps
Pour une fois, mon intuition sera la bonne
Plus tard, cette semaine là
« Jai aussi très envie de sentir ta queue senfoncer dans mon trou
jai envie de te sentir bien au fond de moi, jadore quand ton manche ouvre ma rondelle et que tes couilles sécrasent contre mes fesses
jai envie de me faire défoncer
jai envie de te voir prendre ton pied comme un malade, jai envie de te voir jouir comme lautre soir devant la table de massage, jai envie de me sentir fourré par ton jus »
« Et quand tu aura fini de jouir, je veux bien me mettre à genoux devant toi et goûter à ta queue moite
»
Pendant toute ma tirade, il na pas dit un mot
je nai pas vraiment accès à son regard, ce qui me met à laise pour me lâcher
mes lèvres, positionnées à quelques centimètres de son oreille, se sont délectées à lui chuchoter des mots osés, grivois, limite graveleux
pendant toute ma tirade, je nai pas arrêté de mater son oreille, avec une envie grandissante de le lui lécher, mordiller, tellement je trouve ce détail de son anatomie beau et sexy
Pendant que je lâchais les vannes de mes mots pour les laisser exprimer les plus profonds de mes désirs, javais remarqué à plusieurs reprise que ses sourcils semblaient se soulever soudainement sur leffet de certains de mes mots, sous leffet de lexcitation
son visage se tournait alors légèrement vers moi
cest dans ces moments là quil marrivait de croiser un petit regard en biais, émoustillé mais limite incrédule par ce quil entendait
je crois que jaurais été incapable de soutenir son regard pendant que je lui balançais tous ces trucs de dingue
je pense que jaurais pas osé, que la honte aurait coupé mon élan
pourtant, au vu de ses réaction au fil de mes phrases, javais eu limpression que mes mots le rendaient fou
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