Road Trip

En cette période compliquée, qui dure maintenant depuis plus d’un an, maintenant, après avoir été patients, on a juste envie de recommencer à vivre normalement. Aller dans un restaurant, prendre un verre dans un bar avec des amis, par exemple. Ce qui me manque surtout, c’est l’absence de perspectives, de projets, et notamment pour partir en vacances. Avec cette histoire, j’ai juste voulu rêver un peu, à une vie « normale », aux vacances, au retour de l’insouciance. Et l’Italie, c’est un pays parfait pour rêver et être insouciant.

Ce rêve que j’ai, je l’ai romancé pour vous le présenter sous forme d’une histoire à ma façon, pleine de bons sentiments, de joies, de peines et d’un peu de sexe.

Ah, j’allais oublier ! Je remercie Patrick, dit PP06, qui a pu découvrir ce texte en exclu, pour son regard acéré et son stylo rouge.


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13 heures 30, Vincent venait tout juste de rentrer chez lui. C’est rare qu’il rentre aussi tôt. Il est informaticien et installe des serveurs pour les entreprises. Il en assure aussi la maintenance.

Nous sommes vendredi, et il avait rendez-vous avec un client à 50 kilomètres de son domicile.

Le client venait d’annuler. Le rendez-vous est reprogrammé la semaine suivante. Vincent a pu trouver un créneau dans son emploi du temps bien remplit.

Il a appelé son patron, pour voir ce qu’il devait faire :

- Ecoute, c’est calme aujourd’hui, rentre chez toi et profite de ton après-midi. C’est vendredi, la semaine prochaine va être chargée.
- Ahahahah, merci ! Quel élan de générosité, ce n’est pas souvent que ça arrive !
- C’est ça plains toi …

A peine arrivé, Vincent s’est affalé sur le canapé. Voilà un week-end qui commençait parfaitement bien. Un après-midi de repos inattendu. Stéphanie, sa femme en séminaire à l’autre bout de la France depuis mercredi et qui rentrait le lendemain matin.

Les retrouvailles risquaient d’être plus qu’agréables.

Il allait pouvoir profiter de cet après-midi, pour peaufiner la surprise qu’il réservait à Stéph. Cela faisait deux ans presque, sans vacances. Hormis ce séjour en août dernier avec un couple d’amis, Sophie et Emeric, avec qui ils ont loué une villa au Pays Basque pour deux semaines. Moment agréable, parenthèse pendant la crise du Covid, ce séjour avec leurs amis était bien loin maintenant, huit mois ! Huit mois à bosser, à subir les couvre-feux, les confinements, les déconfinements, les re-confinements, les restrictions. Tout ça est terminé maintenant, en ce printemps 2022, la crise est derrière nous.

Emeric et sa femme Sophie … Emeric et lui se connaissaient depuis longtemps, depuis le lycée. Pendant leurs études, ils ont été en coloc pendant un temps. Stéphanie et Sophie s’entendaient bien. Ils se voyaient très souvent, pour des soirées, des week-ends et des semaines de vacances, depuis plusieurs années.

Mais cette fois, Vincent a prévu une virée en amoureux avec Stéphanie, un mois plus tard. Elle n’est pas au courant. Ils partiraient en avion pour Venise, puis loueraient une voiture, direction la Toscane, Vérone, Modène, Pise, Sienne et bien sûr Florence. Un peu à l’aventure. Ils trouveraient bien des hôtels où séjourner en cours de route. La pandémie, bien que jugulée, n’était pas si loin derrière eux. Les gens hésitent encore à voyager, surtout en Italie, pays durement touché. En plus, on était un peu hors période en ce début de printemps.

Selon le temps qu’ils passeraient à musarder à Venise et en Toscane, ils pourraient pousser jusqu’à Rome, pour terminer ce petit road-trip en beauté. Vincent n’avait pas prévu de billets de retour. D’après la compagnie aérienne, s’ils n’étaient pas sur un retour à une date précise, ils trouveraient facilement des billets retour. Ils avaient tous les deux accumulé pas mal de jours de vacances, pendant ces deux années noires.
C’était l’occasion de les épuiser.

Stéphanie ! Stéphanie était quasiment son premier amour, hormis les amours adolescentes. Avant Stéphanie, Vincent avait papillonné, ne s’attachant jamais vraiment aux filles qu’il croisait. Stéphanie, ça avait été le coup de foudre immédiat. La femme de sa vie, une évidence dès le premier instant. Ils étaient mariés depuis neuf ans, ils se connaissent depuis douze. Ils étaient toujours aussi amoureux l’un de l’autre après ces années de vie commune.

Même ces deux années compliquées, parfois l’un sur l’autre H24 aux pires moments de confinement, n’avaient pas entamé leur entente parfaite. A 32 ans tous les deux, ils avaient le projet d’agrandir la famille. Cette décision a été prise pendant le confinement. Peut-être que ce voyage en Italie pourrait être l’occasion qui allait faire le larron (ou la larronne).

Il l’avait eu une heure avant au téléphone. Elle termine son séminaire cet après-midi et rentrera demain en milieu de matinée, par le premier TGV du matin. Stéphanie était anxieuse en partant. Ce séminaire d’entreprise rassemblait des représentants de toutes les filiales de sa boite. En tant que cadre, elle devait présenter à tout ce beau monde, le projet organisationnel qu’elle avait mis en place dans son service et qui fonctionnait bien. Elle était dans ses petits souliers en partant. Elle allait attirer l’attention de tous, notamment des directeurs de sa boite. Elle était même complètement stressée. Pour Vincent, aucun doute, Stéph devait s’en tirer avec brio. Son intervention a eu lieu ce vendredi matin. D’après ce qu’elle lui avait dit à midi, tout s'était bien déroulé.

C’est donc, détendue, qu’elle allait rentrer demain matin. Elle lui avait manqué depuis mercredi. Se quitter quelques jours faisait toujours le plus grand bien aux couples, mais qu’est-ce que c’était dur. Il avait l’après-midi pour préparer ces retrouvailles et peaufiner la mise en scène de sa surprise. Comment Vincent allait-il présenter ce road-trip italien à son épouse ? Il fallait qu’il trouve un truc original.


C’est au milieu de ses cogitations que son portable se mit à sonner : Sophie … Qu’est-ce qu’elle lui voulait. Peut-être a-t-elle essayé d’appeler Stéph pour avoir des nouvelles, et celle-ci en plein séminaire n’ayant pas pu répondre, elle se rabattait sur lui :

- Vincent ? Bonjour, comment vas- tu ?
- Bien et toi ?
- Bien aussi, dis-moi, je t’appelle, mais c’est intéressé !
- Ah oui ? Dis-moi tout …
- Voilà, est-ce que tu peux passer vite fait à la maison après le boulot ce soir ?
- Oui, pourquoi ?
- J’ai un souci avec l’ordi, il ne veut pas s’ouvrir, rien à faire ! Tu viendras avec Stéphanie, bien sûr.
- Ecoute, je peux venir tout de suite, je ne travaille pas cet après-midi.
- Super, merci Vincent ! Dommage, je ne verrais pas Stéph.
- Tu ne l’aurais pas vue, elle n’est pas là, elle est en séminaire depuis deux jours.
- Ah ! Ok, écoute, tu passes quand tu veux, quand tu peux déjà. Encore désolée de te déranger Vincent.
- Mais ça ne me dérange pas, si on ne peut plus demander un service à un ami, où va-t-on ! Je serai là dans une heure.
- Merci, à toute …

Vincent est arrivé une heure après chez Sophie et Emeric. Sophie lui a ouvert la porte et lui a claqué une bise sur chaque joue. Elle portait un jeans délavé et un haut ajusté. Le tout mettait sa silhouette en valeur. Petite blonde pétillante, Sophie avait de quoi faire craquer n’importe quel homme. N’importe quel homme sauf Vincent. Il adorait Sophie, ils se connaissaient depuis longtemps. C’était vraiment une bonne amie, d’un caractère facile, mais enjouée, à l’intelligence vive, à l’humour souvent taquin, et surtout très douce. Mais il est amoureux de Stéphanie. Et puis on ne touche pas à la femme des amis. On ne touche pas aux femmes des autres d’ailleurs. Vincent n’avait jamais estimé que le plaisir puisse être dans la diversité.
Stéphanie, depuis 12 ans, lui donnait tout ce qu’il pouvait espérer, pas besoin d’autre chose. Vivement demain et le retour de Stéph :

- Génial, tu as fait vite ! Si tu me dépannes cet aprèm, je n’aurais pas à bosser toute ma soirée en plus. Je suis embêtée, j’ai des trucs dedans, dont j’ai besoin pour une démo à un client potentiel.

Sophie est décoratrice d’intérieur et travaille à domicile.

- Et cette saloperie d’ordi refuse de s’ouvrir !
- T’inquiète, je vais voir ça, si ça se trouve ce n’est pas grave.
- J’espère, si je ne peux pas récupérer mes fichiers, je suis dans la mouise. Des heures de travail. D’habitude, je mets tout sur mon portable, mais là, j’ai copié ces fichiers vite fait sur l’ordi fixe avant-hier, parce qu’il était allumé et que je faisais quatre choses à la fois. Je devais les rapatrier sur le portable après, mais j’ai trainé et me voilà bloquée aujourd’hui. Quelle poisse !
- Et ça t’évitera de faire râler Emeric ce soir. Il n’est pas très doué en informatique.
- Oui, c’est vrai ! Mais, il n’est pas là, il est en déplacement pour la mise en route d’un chantier.
- Ah ? Je l’ai vu le week-end dernier, il ne m’en a pas parlé. Après, on s’est vu vite fait … bien voyons voir, qu’est-ce que ça donne cette bécane …
- Je te laisse faire Vincent, si tu as besoin de quelque chose, dis le moi, je suis dans mon atelier.

Avec les CD de démarrage Vincent a pu ouvrir l’engin. A priori, un virus était responsable du blocage :

- C’est grave, dit Sophie en passant la tête à la porte au bout d’une dizaine de minutes.
- Surement un virus, il faut que je passe mon antivirus perso pour le détruire.
- Tu vas arranger ça ?
- Je ne sais pas, j’espère, je viens de lancer le scan. Ils sont où tes fichiers ?
- Sur le bureau. Ils s’appellent Soph 1, Soph 2 et Soph 3.
- Original !
- Moque-toi !
- Ok, je te dis quand j’ai terminé, il y en a au moins pour une demi-heure. Une fois le virus éliminé, on pourra voir si le système est indemne et s’il n’y a pas de fichiers vérolés. Évidemment, vous n’avez pas fait de copie de sauvegarde, ni Emeric, ni toi ?
- Euh moi non, Emeric, je ne sais pas !
- Ah la la ! Il faut toujours faire des sauvegardes de tout.
- Je le saurais pour la prochaine fois !
- Vous dites tous ça et vous ne le faites jamais, lui dit Vincent en riant. Et après nous on rame pour récupérer vos fichiers. Je te ferai une sauvegarde avant de partir. Enfin, si je peux résoudre le problème, bien sûr.
- J’espère … Bon, j’ai des appels à passer, mais n’hésite pas à me faire signe si tu as besoin de quelque chose. Au fait, je ne t’ai rien proposé à boire ! Je suis au-dessous de tout …
- T’inquiète ! On verra après ! Et puis il faut que je le mérite et que je récupère tes fichiers.

C’était bien un virus, et un méchant, qui s'attaque de façon aléatoire à n'importe quel type de fichier :

- Alors Vincent ? Me dit Sophie en passant dans le couloir.
- Un virus, et pas un sympa, je l'ai détruit, le rapport va nous montrer les dégâts qu'il a commis. Ne t’inquiète pas, votre bécane devrait repartir après. Ça vous arrive sinon de mettre votre antivirus à jour ? Parce que là …
- Oh tu sais moi et l’informatique …
- Faites gaffe quand même, il y a de plus en plus de saloperies sur internet. Même si un antivirus ne protège pas de tout, il empêche le tout-venant de passer. S’il avait été à jour, ce virus-là ne serait pas sur votre ordi. On le connaît depuis plusieurs semaines.

Après quelques minutes, il avait le rapport de l’antivirus et la liste des dossiers touchés. La liste est longue, plus d'une centaine de fichiers : « Files corrupted », suivis du nom du dossier, trois avaient l'air bien endommagés.

Vincent a vite repéré sur le disque dur les dossiers concernés. Il a choisi dans son antivirus un programme de reconstruction des fichiers avec l’option « réparer et ouvrir », ce qui permet à chaque étape de vérifier que tout fonctionne bien. Il va l’appliquer dossier par dossier. Les premiers dossiers n’ont posé aucun problème, déjà plus de 80 fichiers restaurés. Mais, un dossier, appelé EMERIC était verrouillé par un mot de passe.

- Sophie, tu connais le mot de passe pour ce dossier. Je n'y ai pas accès comme aux autres.
- Euh, non, c’est sûrement un dossier d’Emeric pour son boulot, je peux essayer de l’appeler, mais s’il est sur son chantier avec ses clients, il ne va pas me répondre.
- Laisse tomber Sophie, Je vais me débrouiller sans, t’inquiète …

Emeric et la sécurité informatique, ça fait deux. A l’époque où ils étaient étudiants tous les deux, il avait toujours le même mot de passe pour tout. A coup sûr, il ne l’avait pas changé 10 ans après. Soso 1325, Soso pour Sophie et 1325, leurs jours de naissance. Tu parles d’une sécurité !

Gagné, ah là la Emeric, tu ne changeras jamais ! Après, ce n’est peut-être pas des dossiers pro, mais perso.

De toute façon, quitte à être indiscret, je vais ouvrir et juste jeter un coup d’œil rapide sur les fichiers. Au pire, je vais voir des photos olé-olé de Sophie, ce qui n’aura rien de désagréable. Personne ne saura que je suis entré dans ce dossier. Et puis Sophie, je l’ai déjà vue en maillot sur la plage, rien de neuf ! Ou presque …

En fait, Vincent fut déçu. Il a lancé son programme de reconstruction, rien de compromettant dans le dossier EMERIC, que des docs professionnels.

Le premier fichier texte s’est ouvert, Vincent a continué sans se préoccuper de ce qu’ils contenaient. A priori des plans, des dossiers professionnels, puis des tableurs, quelques séries de photos de chantiers de travaux publics aussi. L’antivirus tournait et les fichiers s’ouvraient les uns après les autres. Tout se passait bien.

Ce fut au tour d'un gros fichier, un fichier vidéo. Ce fichier s’appelait SE. Là, il y avait peut-être quelque chose de personnel. SE, ça signifie sûrement Sophie/Emeric. « J’espère que ce n’est pas trop indiscret … A priori, non, vu le contenu des autres fichiers, sûrement une autre vidéo professionnelle », se dit Vincent. La correction faite, la vidéo a chargé et s’est mise en route.

La scène se passait dans une chambre d’hôtel apparemment. Un homme était de face, assis sur le lit : Emeric … une femme brune était agenouillée devant lui et … le suçait. Sophie est blonde ! « Emeric a une maîtresse, j’y crois pas ! », la vidéo continuait, la femme s’est redressée … « Nom de dieu ! Ce n’est pas possible … Stéphanie ! »

L’amante d’Emeric, c’est Stéphanie, sa femme. Elle le trompait ! Avec Emeric … le S de SE c’était pour Stéphanie, pas pour Sophie.

Médusé, Vincent regardait la scène se dérouler sous ses yeux. Stéphanie à moitié nue a terminé de se déshabiller devant son amant, dans un strip-tease qui se voulait langoureux. Ils se sont embrassés, Stéphanie s’est allongée sur le lit et a écarté les cuisses. Emeric s'est couché sur elle, et l’a pénétré. Il ne pouvait détacher les yeux du spectacle … enfin spectacle …

- Alors c’est bon, dit la voix de Sophie depuis le couloir.
- Euh oui … répondit Vincent en voulant précipitamment fermer le fichier.
- Qu’est-ce que c’est ? Emeric a des vidéos porno sur son ordi ?
- Euh non, oui, enfin …
- T’inquiète, j’en ai vu d’autres, je ne vais pas lui faire un scandale pour ça ! Juste me moquer un peu de lui quand il rentrera … mais … nonnnnn …

Sophie venait de se rendre compte de ce qui se passait à l’écran. Elle se figea la main sur la bouche :

- Non pas ça … dit-elle. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle a fait demi-tour et a couru se réfugier sûrement dans sa chambre.

Après son premier réflexe de vouloir arrêter la vidéo quand Sophie est entrée dans la pièce, il n’avait pas pu faire un geste, ni dire quoi que ce soit. Il était pétrifié, les yeux rivés à l’écran, incapable du moindre mouvement. Le film continuait de se dérouler.

Il réagit enfin, coupa le fichier, s’est levé et est allé voir Sophie.

Elle était bien dans sa chambre, allongée sur le ventre sur son lit, la tête enfoncée dans un oreiller, des sanglots secouant son corps.

- Sophie, lui dit-il en prenant sa main.
- Laisse-moi, j’ai trop honte.
- Je suis dans la même situation que toi. Je comprends parfaitement ce que tu ressens.
- Je sais Vincent, dit-elle en se relevant. C’est affreux … comment a-t-il pu me … comment ont-ils pu nous faire ça ?
- Je ne sais pas … Mais les faits sont là …
- Oh mon dieu, fit Sophie en se posant son visage sur l’épaule de Vincent. Elle sanglotait de plus belle. Il la serra contre lui dans ses bras pour la réconforter. Quelques larmes ont aussi coulé de ses yeux. Il craquait à son tour.

Une vingtaine de minutes plus tard, ils se faisaient face dans le salon. Vincent rompit le silence qui s’est installé. Chacun d’eux était au plus profond de ses pensées :

- Qu’est-ce que tu vas faire Sophie ?
- Je ne veux plus le voir … je vais partir. Je vais aller chez mes parents. Et toi ?
- Moi, c’est elle qui dégage ! L’appart est à moi, c’est un héritage de ma grand-mère. Elle est chez moi.
- Je ne peux pas passer l’éponge, impossible, quelle trahison, avec ta femme en plus ! C’est encore pire. Ça fait encore plus mal. En plus ils se filment ! Tu as vu ça, c’est … C’est dégueulasse …
- Comme par hasard, ils sont absents en même temps, elle en séminaire, lui sur un chantier.
- Exact. On ne va pas s’amuser à rapprocher leurs dates d’absences Quel intérêt, c’est encore plus se faire du mal.
- Tu as raison. Je fais une copie du fichier pour les avocats, je t’en fais une aussi. Avant je veux juste vérifier un truc … je vais l’appeler, pas sur son portable, je suppose qu’elle ne va pas répondre, elle est censée être en plein séminaire. Je l’appelle à son bureau … Allo ? Le secrétariat de Stéphanie Vidal ? Oui ? Elle est là ? Oui, c’est de la part de Mr Lebrun, je suis en contact avec elle pour un dossier, vous me la passez ! Merci …

Vincent raccrocha aussitôt qu’il entendit la voix de Stéphanie dire « Allô » à l’autre bout du fil.

- C’est bien ce que je pensais, elle n’est pas du tout en séminaire à l’autre bout de la France. Elle est tranquillement à son bureau. Elle doit rejoindre Emeric le soir dans un hôtel. Je suppose que pour lui c’est pareil, et ils vont rentrer demain comme si de rien n’était !
- Je suppose que tu as raison. Je vais essayer de l’appeler sur son portable pour voir … Messagerie ! Je n’ai pas d’autres moyens de le joindre en journée … Oh et puis quelle importance. Excuse-moi pour tout à l’heure, j’ai complètement pété les plombs, j’ai craqué. Je ne savais plus où j’étais.
- Ce n’est pas le problème Sophie. Devant le spectacle qu’ils nous ont offert, comment réagir normalement. J’ai aussi craqué. Ça nous a fait du bien.
- Oui, je sais. Même si ça ne résout rien, à deux pour affronter cette galère, c’est moins dur. J’ai repris le dessus. Même si j’ai toujours envie de pleurer, je ne vais plus m’écrouler. J’ai envie de lui en faire baver. Il ne va pas s’en sortir comme ça … Et elle, cette salope …

Excuse-moi, je n’aurais pas dû …

- Non, ne t’excuse pas ! Salope, ça lui va bien ! Qu’est-ce que tu penses de leur mettre le nez dans leur caca ? Ça n’arrangera pas la situation, mais au moins, ça nous soulagera un peu !
- Tu penses à quoi ?
- Voilà ce qu’on va faire Sophie …

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Le lendemain, samedi, Stéphanie est rentrée vers midi :

- Ah te voilà ma chérie ! Tu es en retard !
- Oui le TGV a eu un problème, une heure de retard … lui dit Stéphanie en l’embrassant sur les lèvres.
- Ah la SNCF !!! Tu es superbe Stéph ! Resplendissante !Ces trois jours sans toi ont été longs, mais longs … J’ai envie de toi ! Si je ne me retenais pas, je te sauterais dessus là tout de suite !
- Grand fou ! Laisse-moi défaire ma valise … lui dit Stéphanie tout sourire en l’esquivant. Te retrouver autant en forme, ça fait plaisir mon chéri.
- En forme et amoureux ! Ces séparations es, me rappelle combien je t’aime ! Et toi ?
- Oui, moi aussi bien sûr …
- Alors ce séminaire ? Ça s'est bien terminé hier après-midi ?
- Oui, tu sais c’était cool, j’intervenais le matin, donc l’après-midi pour moi, c’était plus détendu.
- Super ! Et vous avez fait un peu la fête hier soir ?
- Non, tu sais comment ça se passe.
- Euh non, je ne sais pas, justement …
- Bah on a bu un verre vite fait entre collègues, et je suis montée dans ma chambre de bonne heure. La tension nerveuse de ces derniers jours m’a épuisée.
- Je conçois que ça soit épuisant ma chérie ! Une soirée tranquille, ça a dû te changer !
- Comment ça ? Tu crois que j’ai fait la fête les autres soirs ?
- Non, je pensais plutôt à la tension nerveuse, liée à ton intervention devant toute ta boite, ça a dû t’empêcher de dormir.
- Euh oui, j’ai eu du mal à trouver le sommeil …
- Ah au fait, j’ai eu Sophie hier au téléphone.
- Ah ? Qu’est-ce qu’elle voulait ?
- Elle nous a invités pour dîner ce soir. Je me suis dit que tu serais peut-être fatiguée par le voyage, mais qu’après cette tension nerveuse, ça te ferait du bien de te détendre une soirée avec nos amis. Alors j’ai dit oui.
- Euh, oui tu as bien fait … On ne rentrera pas trop tard, c’est tout.
- J’aurais préféré une soirée en amoureux, mais je ne pouvais pas dire non à Sophie ! Et puis en rentrant on pourra rattr tout le retard qu’on voudra ! En plus, eux aussi seront sûrement contents qu’on parte tôt. Emeric était aussi en déplacement, ça va être des retrouvailles pour eux aussi. C’est marrant hein ?
- Euh oui, en effet …

Vincent ressentait bien la gêne que Stéphanie voulait cacher, il n'insista pas. Inutile de trop en faire.
Mais la situation l’amusait. Enfin, amusement, ce n’était pas ment le terme le mieux adapté à la situation. Il continua :

- D’autant plus que cet après-midi, je dois aller dépanner un client. Je sais, c’est samedi, mais pas le choix, il n’y a que moi de dispo. J’aurais préféré mieux pour nos retrouvailles, mais ce n’est pas loin d’ici, je serai rentré de bonne heure et on ne sera pas en retard pour aller chez Sophie et Emeric.

Il a inventé ce stratagème, parce qu’il n’avait pas envie de passer l’après-midi avec Stéphanie. Il a pu faire bonne figure jusqu’à présent, jouant même un petit peu avec elle, mais il finirait par se trahir, s’il restait trop longtemps avec cette traîtresse. L’entendre accumuler les mensonges de cette manière, le ferait craquer à coup sûr. S’il passait trop de temps avec Stéphanie, il aurait du mal à garder son calme et à gérer. Il ne voulait pas gâcher ce qu’ils avaient prévu avec Sophie pour le soir.


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- Il est excellent ton champagne Emeric ! Tu le fais venir directement de chez le producteur ?
- Oui, en plus, il est tout à fait abordable !
- Tu me donneras l’adresse ?
- Bien sûr, qu’est-ce que je ne ferai pas pour mon meilleur ami !
- Je n’ai aucun doute sur le fait que tu sois prêt à tout pour me faire plaisir, vieux complice !!

Sophie venait de revenir au salon, où Stéphanie, Vincent et Emeric étaient assis devant l’apéritif, un plat d’amuse-gueules à la main.

Vincent s’est levé, sa flûte à la main :

- Vous savez ce qu’on se disait ce midi avec Stéph ? Comme nous deux vous avez été séparés quelques jours, on a supposé que vos retrouvailles allaient être aussi animées que les nôtres ce soir. Mais je voulais trinquer à l’amitié d’abord.
- A l’amitié, dit Sophie tout sourire en trinquant avec Vincent. Vous ne trinquez pas avec nous ?
- Si, dirent Stéphanie et Emeric en même temps. A l’amitié !
- Avec Sophie, on vous a préparé une surprise pour votre retour, continua Vincent, toujours debout.
- Une surprise mon chéri ? Quel genre de surprise ?
- Tu vas voir, répondit Vincent, en sortant une clé USB de sa poche. Vous allez vraiment être épatés …
- Je suis impatiente … dit Stéphanie.
- Je peux utiliser votre téléviseur ?
- Oui vas-y, mais qu’est-ce que c’est ? s'interrogea Emeric.
- Vous allez voir ! C’est une surprise ! Sophie et moi avons préparé pour vous ce petit cadeau. Tu appuies sur marche Sophie, puisque tu as la télécommande ? Voilà, c’est ce fichier-là, juste une petite vidéo. Vous allez vite comprendre … Sophie et moi, on l’a regardée des dizaines de fois, cette vidéo, on la connaît par cœur. Voilà, ça part … Surprise ….

Sur la télévision, la vidéo s’est mise en route. Le début de la scène s’est affiché plein écran. Emeric a tout de suite compris de quoi il s’agissait. Il est resté comme pétrifié, la bouche entrouverte.

Stéphanie, quant à elle, n’a pas percuté tout de suite. Il lui a fallu quelques secondes avant de comprendre :

- Oh mon dieu ….
- Oui ma chérie ? Tu trouves que tu ne passes pas bien à l’écran ? Pourtant c’est réaliste ! Je te trouve dans ton élément personnellement !
- Je peux t’expliquer Vincent …
- M’expliquer quoi ? J’ai parfaitement compris ! Les images se suffisent à elles-mêmes. Elles sont éloquentes. Le son aussi !
- Ce n’est pas ce que tu …
- Ce n’est pas ce que je quoi ? Ce que je crois ? C’est ça ! C’est trompeur ? C’est ça oui, je te confirme, c’est trompeur et bien trompeur ! Le terme est parfaitement adapté à la situation.
- …
- Et toi Emeric, tu veux m’expliquer aussi ? lance Sophie.
- Écoute Sophie …
- Non, je n’écoute pas …
- Arrête cette vidéo, s’il te plaît, c’est …
- Sordide ? Dégueulasse ? C’est ce que tu allais dire ? Oui c’est sordide, dégueulasse, abject, écœurant, obscène. Tu en veux d’autres des superlatifs ? Mais on ne va pas arrêter ce petit film, regardons le jusqu’au bout, tous les quatre.
- S’il te plait, arrête ça Sophie, dit Stéphanie d’un air désespéré.
- Mais non ma chérie, ajoute Vincent, juste après, il y a la scène de la levrette. Et puis après, il va te sodomiser ! J’adore les petits cris que tu pousses à ce moment-là, c’est mon passage préféré ! Tu es douée, tu pourrais faire du X sans problème !
- Arrête, c’est suffisamment humiliant …
- Tu parles d’humiliation, mais est-ce que tu mesures l’humiliation que Sophie et moi nous avons ressentie ? Hein dis-moi ?
- Donne-moi cette télécommande, dit Emeric en se levant et en s’approchant de Sophie.

Vincent le repousse sur le canapé :

- Tu ne touches pas à Sophie toi ! Déjà que j’ai très envie de te mettre mon poing dans la figure, pour l’ensemble de ton œuvre ! Pour avoir baisé ma femme, pour avoir tué notre amitié, et aussi pour ce que tu as fait à la tienne de femme. Pour le moment, j’arrive à me retenir, alors doucement, Emeric, ne me donne pas de prétextes supplémentaires. En plus vous vous êtes filmés ! C’est pour vous la repasser quand vous avez un moment de libre !
- Sophie ? Est-ce qu’on peut parler en privé, quémande Emeric, on ne va pas étaler tout ça devant …
- Pourquoi pas, mais tu as cinq minutes, pas plus. J’ai quelques points à mettre sur les « i », moi aussi. Après, je ne vois pas ce qui te gêne à t’exprimer devant NOS amis. Je crois bien qu’entre nous quatre, il n’y a plus aucun secret maintenant! Donc à la limite parler devant Vincent et Stéphanie, il n’y a rien de gênant.
- S’il y a un problème, tu m’appelles Sophie ?
- Il n’y aura pas de problème, t’inquiète Vincent, lui dit Sophie.

Restés seul à seule avec Stéphanie, Vincent s’assoit sur le canapé et lui fait face :

- J’ai trop honte … comment vas-tu me pardonner ?
- Je ne pourrais pas te pardonner ! Tu plaisantes…
- Ça c’est fait bêtement, comme ça … Je me suis laissée embarquer là-dedans … c’était juste pour le sexe, il n’y avait aucun sentiment … c’est toi que j’aime. C’est la première fois ! Enfin, le premier … La seule fois …
- Que pour le sexe ? Et c’est censé me rassurer ?
- Non, enfin si … Ça n'a aucune importance en fait cette histoire …
- Ça n’a aucune importance, ben voyons, faisons comme si rien ne s’était passé, c’est ça ton idée ?
- Non, bien sûr, on ne peut pas. Mais on ne va pas tout arrêter pour une connerie comme ça. Je te jure que c’est la seule fois, et que je ne l’aime pas.
- Vous vous êtes filmés en plus !
- C’était son idée. Je ne l’ai même pas cette vidéo, je l’ai vu une fois, je l’ai à peine regardée. Qu’est-ce que tu crois ? Ça me dégoûte. Je me dégoûte …
- Tu ne te dégoutais pas ces trois derniers jours quand tu te faisais baiser par tous les trous dans ta chambre d’hôtel ?
- Je t’en prie, reste correct… Oh, tu sais ça aussi ?
- Oui, j’ai appelé à ton boulot hier, Lebrun ! Tu te souviens ? Ce prétendu client que t’a passé ta secrétaire, tu m’as dit « allo » et j’ai raccroché. Tu n’étais pas à ton séminaire bidon. Tu te dégoutais hier soir après ton boulot, quand tu l’as rejoint ? Hein dis-moi ? Et ce matin quand tu m’as rejoint ?
- Laisse-moi t’expliquer …
- M’expliquer quoi ? Tu as eu une subite envie de te faire baiser par un autre que ton mari ? C’est ça ? Ton mari que tu aimes ? Avec qui tu voulais avoir un ! Mais tu n’as pas pu résister à tes pulsions ? Tu as pris ce que tu avais sous la main à ce moment-là, et peu importe que ça soit le meilleur pote de ton mari ?
- Je t’aime Vincent, je n’aime que toi … Je regrette tellement … Comment je peux te le prouver ?
- Tu ne peux pas ! Et ça dure depuis combien de temps vos saloperies ?
- … Depuis les dernières vacances au Pays Basque … Ça c’est …
- Fait tout seul … oui, tu me l’as déjà dit … ça fait donc huit mois que ça dure. Ce n’est plus une simple petite baise entre amis, c’est une véritable liaison ! Tu as dû en inventer des bobards depuis huit mois. Il t‘en a fallu de l’imagination ! Comme pour les préparatifs de ton séminaire bidon, par exemple. Autant une fois sur un coup de tête, j’aurais peut-être pu pardonner, si tu me l’avais avoué aussitôt. Autant là, cette accumulation de mensonges, non … désolé … Enfin non, pas désolé … Et vous vous êtes vu combien de fois depuis huit mois ?
- … Je ne sais pas …
- Souvent ?
- Oui, enfin non, assez régulièrement, je n’ai pas compté …
- Assez régulièrement ! En plus, là ça s’accélère d’un seul coup. Cette histoire de séminaire ? C’est la première fois que tu passes des nuits avec lui ? Où tes précédents déplacements professionnels aussi pour le retrouver ?
- Non, ça je te jure, c’est la première fois. On va faire quoi, mon chéri ? On ne peut pas tout arrêter pour …
- Et tu veux qu’on fasse quoi ? Tu m’as trahi avec mon meilleur ami en plus ! Enfin mon ex meilleur ami, comme toi tu es mon ex épouse. Que d’ex dans ma vie depuis hier !

Après un long silence, entrecoupé de quelques sanglots et reniflements de Stéphanie, Vincent reprit :

- Ce qu’on va faire, c’est que l’appartement est à moi, tu vas passer dans la semaine récupérer tes affaires. Je n’ai pas envie de repartir avec toi ce soir. Où tu vas dormir ce soir, je m’en fous, ici par exemple. Sophie n’a pas l’intention de rester. Elle quitte l’autre connard ce soir. Je lui ai proposé de dormir à la maison. Non, en tout bien, tout honneur, elle prendra la chambre d’amis. Tu imagines bien que ta présence, ça ne le ferait pas. Jusqu’au divorce tu peux rester ici, aller chez tes parents, chez ta sœur, ailleurs, je m’en tape. Tu téléphoneras avant pour passer récupérer tes affaires, par contre.
- Mais non, on ne va pas divorcer, je t’aime. J’ai fait une énorme connerie mais ….

C’est à ce moment, que Sophie est revenue de la chambre où elle s’était isolée avec Emeric une valise à la main :

- Je crois qu’on peut y aller Vincent, c’est réglé …

Sans un mot pour Stéphanie, écroulée dans son fauteuil, ils ont quitté la pièce. Vincent lui a tout de même jeté un dernier regard. Elle pleurait. Il l’a aimée, il l’aime toujours malgré tout. Ça lui a fait mal.
La fin de la meilleure période de sa vie. Mais, il était hors de question de revenir en arrière. Ce qu’elle lui a fait est impardonnable. Avant de quitter l’appartement, il a entre-aperçu depuis le couloir Emeric assis sur le bord de son lit les coudes appuyés sur ses genoux, les mains sur son front. Sophie quant à elle, n’a eu aucun regard en arrière.
Une fois dans la voiture, elle a craqué et s’est mise à pleurer. Vincent l’a serrée dans ses bras :

- Excuse moi, j’ai essayé de tenir là-haut devant eux, là je craque un peu.
- C’est normal, t’inquiète … lui dit Vincent, on les a aimés, on les aime surement encore.
- Jamais je n’aurais pensé avoir à faire face à ça. J’ai cru que j’allais m’écrouler au moins dix fois.
- Tu as été forte, crois-moi !
- On y va, ne restons pas ici.


~~¤~~


Sophie s’est installée chez Vincent, en attendant de prendre un appartement à elle. Sa famille habitait loin, et Vincent n’a pas voulu qu’elle aille à l’hôtel. Leurs ex ont bien sûr essayé de les recontacter, pour recoller les morceaux. Stéphanie est passée chercher ses affaires. Elle a essayé de parlementer, de faire revenir Vincent en arrière. Elle lui dit, qu’elle ne voyait plus Emeric, qu’elle habitait chez sa sœur :

- Tu sais Stéphanie, j’ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. Je suis sûr que tu es sincère quand tu me dis que c’est moi que tu aimes, que cette histoire avec Emeric ne représente rien, que tu as été dépassée par les évènements. Tu es la personne que j’ai le plus aimé de ma vie. Je t’aime encore, c’est une certitude, mais je ne pourrais pas oublier tous tes mensonges, et je ne peux pas vivre avec quelqu’un sans la confiance. Peut-être qu’un jour la confiance serait revenue. Ou pas … Je ne me projette pas dans ce genre d’existence, je suis désolé. Je te souhaite juste d’être heureuse et de ne pas refaire les mêmes erreurs.

Elle comprit qu’il n’y avait plus rien à dire pour le faire changer d’avis.

Une semaine plus tard, en rangeant des papiers, Vincent a mis la main sur les billets d’avion pour Venise, qu’il avait complètement oublié. Il allait se les faire rembourser, mais il eut une idée.
Pourquoi ne pas en profiter quand même. Et s’il proposait à Sophie qu’ils partent tous les deux. Oh bien sûr, Venise, la ville des amoureux, il lui dirait qu’il n’y avait pas de messages cachés derrière tout ça.
Leur cohabitation se passait bien. Sophie a commencé à chercher un appartement. Mais ça risquait d’être un peu long. Au fil des jours, d’un accord tacite, ils n’abordaient plus le sujet qui les préoccupait. Certains soirs, ils arrivaient même à plaisanter et même à rire devant un apéritif.

Sophie fut réticente lorsqu’il lui proposa le voyage :

- En pleine procédure de divorce, tous les deux, tu crois que c’est une bonne idée ? Nos ex vont s’emparer de ça …Venise en plus …
- Pourquoi seraient-ils au courant ? Stéphanie ne le savait pas, je comptais lui faire la surprise. Et puis il n’y a aucune ambiguïté entre nous. Les hôtels ne sont pas réservés, on prendra bien évidemment des chambres séparées. En plus, on est en procédure de divorce, d’accord, mais ça va durer des semaines. On ne va pas s’arrêter de vivre, se priver de tout.
- Je ne sais pas … C'est sûr qu’un petit tour en Italie nous changerait les idées en ce moment.
- Dis oui ! Sinon, je vais les déchirer ces billets d’avion.
- Tu as peut-être raison, dit Sophie, le regard rêveur.
- Alors ?
- C’est d’accord …
- Je réserve un hôtel à Venise. Trois jours, deux nuits, c’est bon. Pour le reste du périple, on verra sur place.
- Tu as raison, ça va nous faire du bien.

~~¤~~

Après avoir musardé toute la journée sur les petites routes de Toscane, s’arrêtant pour admirer un paysage, prendre une photo, Sophie et Vincent ont fait halte vers 18 heures dans une auberge, quasiment déserte en cette période de l’année.

Après s’être installés chacun dans sa chambre, fait un brin de toilette, ils se sont retrouvés sur la terrasse ombragée devant l’auberge. Ils ont commandé et commencé à déguster une bouteille d’un délicieux cru toscan, un Bolgheri Rosso « Volpolo » pour l’apéritif. Le reste de la bouteille allait être parfait pour accompagner le risotto aux cèpes qu’ils ont repéré sur la carte du restaurant.

Ils profitaient de la douceur de ce début de soirée, sur une terrasse qui dominait la campagne.
« Qu’il est agréable de juste profiter du moment présent », se dit Vincent en regardant les collines environnantes, puis du coin de l’œil Sophie, La Dolce Vita, ça ressemble à ça !
Le lendemain, ils devaient partir pour découvrir Florence, la ville-musée, le clou de leur périple. Ils devaient y passer trois ou quatre jours, avec un programme assez chargé.
Le débat qui les animait, était de savoir, s’ils allaient ensuite à Rome, ou bien s’ils allaient faire un détour vers San Marin et Rimini avant de repartir vers la France.
Les vacances s’achevaient et ils devaient bientôt rentrer. Vincent voulait réserver les billets de retour. Restait à déterminer de quel aéroport ils allaient décoller. Rome, Rimini ou même Florence où ils pouvaient prolonger leur séjour.
Sophie était partisane de filer vers Rimini pour profiter un peu du bord de mer :

- Rome pour trois jours, c’est beaucoup trop court, a-t-elle insisté.

Comme toutes leurs discussions depuis le début du périple, ça finissait toujours en rires communs, dominé par celui de Sophie cristallin :

- Et puis, on aura l’occasion d’y retourner pour une période plus longue …

Sophie se tut, consciente de ce qu’elle venait de dire, elle s’était laissée emporter :

- Ecoute Sophie, je repars quand tu veux à Rome avec toi, ajouta Vincent

Sophie baissait le regard, ses joues rosirent légèrement.

Vincent pensait toujours à Stéphanie. Il l’avait aimé plus que tout. Elle l’avait trahi, il avait du mal à passer à autre chose. Stéphanie qui avait été sa femme, son âme sœur si longtemps.
Ça avait été dur surtout au début, lors de la visite de Venise et même celle de Vérone. Deux villes symboles de l’amour et des amoureux. Ce voyage il l’avait prévu, conçu pour le faire avec elle.
En déambulant dans les escaliers et les ruelles vénitiennes, à bord des gondoles ou des vaporettos, dans l’hôtel de charme où ils avaient été logés, Stéphanie hantait son esprit.

En observant Sophie, il se disait qu’elle avait les mêmes pensées que lui vis-à-vis d’Emeric.
Mais sa présence l’apaisait. Son sourire, ses mimiques, sa curiosité de tout le fascinait. Par-dessus tout, à Venise, il aurait aimé tenir la main de Stéphanie mais Sophie arrivait à lui faire penser à autre chose, enfin de temps en temps.

Deux amoureux qui essayaient d’oublier leurs déboires, voilà ce qu’ils étaient.

A Venise, ils ont bien évidemment visité les iles de la lagune, Burano et ses maisons multicolores, le Lido, où a été tourné « Mort à Venise » et bien entendu Murano et ses verreries. Sophie y était comme une dans une confiserie. S’émerveillant devant les lustres, les vases et autres objets en verre. En tant que décoratrice d’intérieur, elle fit le plein de cartes de visite, de catalogues pour ses futurs clients.

Après une halte à Padoue, pour un rapide tour de la ville, la citadelle, le centre historique, puis une balade sur les canaux, ils ont pris la direction de Vérone. Le cœur de Vincent se serra à Vérone de la même façon qu’à Venise. Vérone, autre symbole de l’Amour avec un grand A. Un petit coup de déprime l’envahit devant le fameux balcon de Juliette. Comment ne pas penser à Stéphanie ? Il s’est demandé si vraiment, ce voyage était une bonne idée. En observant Sophie du coin de l’œil, il vit qu’elle avait les yeux humides.

Après Vérone, ils ont quitté la Vénétie, pour entrer en Emilie-Romagne. Ils devaient s’arrêter à Modène, puis passer une nuit à Bologne, avant de rejoindre la Toscane, le but de leur périple. En Toscane, ils devaient rayonner, visiter les différentes villes. Pise, et sa fameuse tour, bien sûr, mais aussi tous les autres trésors de la ville, comme l’église Santa Maria della Spina, que Sophie a vu en photo sur le guide « Il faudra absolument aller là-bas » avait-elle dit. Sienne, avec sa grande place à l’allure médiévale où a lieu le Palio, la célèbre course à cheval haute en couleur. Empoli, et son architecture typiquement italienne. Montecatini Terme, la jolie station thermale toscane. San Gimignano, ses tours et ses remparts, ainsi que Rocca di Montalcino, autre village médiéval où se déroulait le festival jazz & vins. Enfin, découvrir la campagne toscane avec ses vues à couper le souffle sur les vignobles, au hasard des petites routes. Et pour finir, s’arrêter à Florence pour plusieurs jours, un programme chargé.

C’est à Modène, que la nostalgie de leurs ex, s’est un peu effacée. Le premier rapprochement eut lieu alors qu’ils visitaient une fabrique du fameux vinaigre balsamique de Modène. Ils écoutaient religieusement, une vieille dame qui leur parlait de « l’or noir de Modène » quand leurs mains se sont effleurées alors qu’ils voulurent saisir le même flacon. Ils eurent chacun de leur côté le même mouvement de recul gêné. Ils se sont regardés quelques secondes avant de détourner les yeux.
Cette gêne ressentie pour un geste si anodin, a complètement troublé Vincent.
Il se rendit compte qu’il n’était pas le seul. Sophie, de son côté semblait l’éprouver aussi, manifestement.

Le soir, sur le palier de l’hôtel, avant qu’ils ne regagnent chacun leur chambre, ils se souhaitèrent une bonne nuit, comme tous les soirs, mais là encore, leurs regards s’aimantèrent. Ils partirent chacun de leur côté qu’au bout de quelques secondes. An fond de lui, Vincent s’est reproché de ne pas être allé plus loin à ce moment-là.
Il eut du mal à trouver le sommeil. Sophie ? Il l’aimait bien ! C’est sûr, il la connaissait depuis longtemps. C’était la femme de son meilleur ami, enfin de son ex meilleur ami. Elle était plutôt jolie, plus que jolie même. Il appréciait sa présence, sa simplicité, leur complicité naissante aussi. Leur complicité ? Il y avait un peu plus que ça apparemment, vu leurs réactions mutuelles. Jamais, il n’avait eu pour elle ce genre de pensées avant ce voyage. Même depuis qu’ils cohabitaient dans son appartement.
Avait-il eu pour Sophie des sentiments avant ? Non, à coup sûr. Il y avait Stéphanie, qui occupait son esprit à part entière. Il n’avait même pas songé à autre chose qu’a de l’amitié avec Sophie. Maintenant les choses ont évolué, Stéph n’est plus là … Il a tourné et retourné ces pensées une partie de la nuit. Et puis, ça c’est ses sentiments à lui. Sophie de son côté ? Que ressentait-elle ? Il ne voulait pas la brusquer, se prendre un vent, gâcher cette complicité naissante depuis le début de ce voyage. Gâcher leur amitié en quelque sorte. Pourtant, il avait bien l’impression d’avoir ressenti son trouble à elle aussi. Etait-elle vraiment troublée ? Est-ce qu’il ne se faisait pas des idées ?

Ce jeu du chat et de la souris, ils l’ont joué tout au long des jours suivants. N’osant pas faire le premier pas, faire le geste qui allait débloquer la situation, prendre l’initiative. Il en était sûr maintenant, à force d’y penser, Sophie lui plaisait. La réciproque était-elle vraie ? La gêne qu’elle avait ressentie en même temps que lui, était-elle motivée par les mêmes émotions ?
Il y a gêne et gêne !

Le fait significatif suivant, ce fut à Pise qu’il eut lieu, deux jours avant. Ils avaient rapproché leurs visages l’un de l’autre pour faire un selfie, la fameuse tour en arrière-plan. Leurs joues se sont touchées. Ce rapprochement électrisa Vincent. Quand ils se sont écartés l’un de l’autre, il a constaté la rougeur aux joues de Sophie. Avec sa peau de blonde, les couleurs se voyaient aussitôt avec elle. Elle ne pouvait pas cacher ce genre d’embarras, ni aucune émotion.
Prendre l’initiative ? Il aurait dû. Une fois de plus, il n’a pas osé. Il s’est traité d’imbécile le reste de la journée. Il n’eut pas vraiment d’autres occasions, il n’osa pas en provoquer d’autres, même s’il ne pensait qu’à ça, même si devant la fameuse église Santa Maria della Spina, qui avait tant plu Sophie, il a failli prendre sa main dans la sienne.

Aujourd’hui, ils avaient roulé toute la journée dans la campagne toscane, avant de s’arrêter dans cette auberge bucolique. Le cadre romantique lui donnait des ailes.
En trinquant leur verre il dit à Sophie :

- On boit à quoi ce soir ?
- Pas à nos ex en tout cas.
- Non sûrement pas.
- A l’amitié ?
- A l’amitié ? En es-tu sûre, dit-il en reposant son verre sur la table.
- Quoi ? On est amis ! Tu en doutes ?
- Je le pensais en effet. Mais aujourd’hui, je n’en suis plus si sûr que ça.
- Comment ça, qu’est-ce que tu veux dire ? dit Sophie manifestement un peu inquiète.
- Eh bien, je pense ressentir plus que de l’amitié pour toi, lui dit-il en posant sa main sur celle de Sophie.
- Vraiment ?
- Ces quelques jours passés avec toi ici, en Italie, m’ont ouvert les yeux.
- Ecoute, moi aussi j’apprécie, surtout après les épreuves que nous traversons, toi et moi. J’apprécie tout, l’Italie, si romantique, la détente, le lâcher-prise même, ta présence aussi. Mais …
- Mais ?
- Mais, tout ça est encore si proche … Et toujours douloureux.
- Je sais, Stéph occupe encore mes pensées, je veux absolument l’oublier, c’est dur. Ce que je veux te dire, c’est que tu n’es pas un substitut, loin de là. Je suis bien avec toi. Venir ici, seul, j’aurai déprimé, je crois que je serai rentré au bout de deux jours. Ta présence, ta manière d’être, je ne sais pas comment dire … Tu as éclairé ma vie ces derniers jours, Sophie. Grâce à toi, je pense à autre chose qu’à Stéph. Elle occupait mon esprit H24, jusque-là. Je suis bien avec toi.

Un silence s’est installé, Sophie a baissé les yeux. Vincent a d’abord cru que c’était foutu. Qu’il venait de gâcher sa chance, et devant l’air plus que gêné de Sophie, jusqu’à leur amitié.

Il ne s’était même pas rendu compte qu’elle n’avait pas retiré sa main de la sienne :

- Ecoute Vincent, je ne sais pas. Moi aussi j’apprécie. Déjà que tu m’ais hébergée à Paris. Jamais, je n’aurais passé ce cap sans toi. Je t’ai toujours apprécié comme un ami.
- Comme un ami seulement ?
- Jusqu’à Venise, oui depuis ….

Elle a approché son visage de celui de Vincent, leurs lèvres se sont rencontrées. Ils se sont embrassés longuement, avant de se séparer :

- Merci, dit Sophie.
- Merci de quoi ?
- Merci d’avoir été là, merci d’être là aujourd’hui, merci d’avoir pris cette initiative ce soir. Je n’aurais jamais osé.
- Si tu savais comment j’ai hésité, dit-il en riant. Merci à toi surtout …

Il l’embrassa à nouveau, Leurs mains toujours l’une sur l’autre.

- Bon, ils l’amènent ce risotto, on a à faire après, dit Vincent.
- Pas d’impatience, profitons de chaque instant. J’aime diner ainsi devant un paysage de rêve, boire un bon vin, laisser la nuit nous envahir doucement. Faisons les choses en douceur, pas de précipitation.
- Tu as raison.
- Crois-moi Vincent, j’ai très envie moi aussi de monter dans la chambre, mais nous sommes en Italie, tranquillo …

Une demi-heure plus tard, c’est elle qui a insisté pour monter :

- Tiens, je croyais que tu voulais profiter du paysage et du temps présent !
- On en a assez profité maintenant, et puis on ne voit plus rien du paysage, il fait nuit …

Quand Vincent a refermé la porte du talon, Sophie dans ses bras, leurs bouches étaient collées l’une à l’autre dans un baiser qui n’avait plus rien de romantique.

La robe de Sophie tomba à ses pieds. La chemise de Vincent s’est retrouvée déboutonnée, sa ceinture défaite, le pantalon ouvert. Ils se déshabillaient mutuellement, sans interrompre leur baiser.

Sophie marchant à reculons, les lèvres toujours contre celles de Vincent, les bras toujours autour de son cou, l’attirait vers le lit.
Elle se laissa tomber en arrière et s’allongea sur le dos sur l’épais édredon en attirant Vincent sur elle. Avant de la rejoindre sur le lit et de la serrer dans ses bras, Vincent résista quelques secondes. Il voulait profiter de l’instant pour l’admirer une fois de plus, juste graver ce moment dans sa mémoire. Elle ne portait plus que ses sous-vêtements. Ses cheveux blonds étaient étalés en corolle sur le lit. Elle affichait un sourire un peu coquin :

- Qu’est-ce que tu es belle !
- Merci, heureuse de te plaire, mais viens, je n’en peux plus d’attendre, lui dit-elle en le tirant par le bras.

Sophie a serré ses mollets autour des reins de Vincent, comme si elle voulait l’emprisonner et le garder ainsi contre elle, rien que pour elle. Elle a collé à nouveau sa bouche à celle de son prisonnier volontaire. Le baiser passionné dura longtemps.
Vincent s’est libéré de l’étreinte afin de pouvoir caresser la peau de Sophie, son ventre d’abord, puis sa paume a saisi un des petits seins de Sophie, puis l’autre. Il a posé ses lèvres sur le cou de son amante, puis la main baladeuse s’est égarée sur le ventre puis entre les cuisses de sa partenaire sur la fine dentelle du sous-vêtement.

Leurs langues se mélangeaient à nouveau. Un doigt passé sous l’élastique de la culotte a permis à Vincent de constater l’état d’excitation de Sophie, qui poussa un long soupir. Ils séparèrent leurs bouches, Sophie en a profité pour écarter les pans de la chemise de Vincent, et la faire glisser sur ses épaules et ses bras. La chemise s’est retrouvée au sol au pied du lit.
La caresse de Vincent s’est précisée. Sophie a fermé les yeux, ouvert légèrement ses lèvres et a laissé échapper un léger gémissement cette fois. Sous l’effet des doigts de Vincent, elle ondulait le bassin.
Les choses se précipitèrent. A force de mouvements brusques guidés par l’excitation, les derniers vêtements se sont retrouvés au sol. Après avoir baissé le caleçon de Vincent, Sophie, retrouvant un peu de calme, se saisit du membre dressé et le caressa tout en douceur. Elle s’est penchée en avant et le pris en bouche. Le rythme de ses succions, lentes puis plus rapides, pour revenir à une lenteur appuyée, provoquèrent des sensations contrastées à Vincent. Il lui caressait les cheveux à deux mains encourageant les vas-et-viens, ressentant pleinement l’envie qu’y mettait Sophie.

N’y tenant plus Sophie s’est écartée et s’est allongée sur le dos en écartant ses jambes. Elle l’invitait à la pénétrer.

- Je suis amatrice de longs préliminaires d’habitude, mais là, je n’en peux plus. Viens …

Vincent ne se fit pas prier. La caresse buccale l’avait amené à un degré d’excitation maximal, il avait juste avant eu un mouvement pour inciter Sophie à ralentir, tant il était proche de l’explosion.
Au moment de la pénétration, Sophie poussa un petit cri aigu. Elle manifestait son plaisir à chaque coup de reins. La cadence s’accéléra, l’orgasme saisit Sophie au bout de quelques minutes seulement, prouvant son excitation extrême et l’état de relâchement dans lequel elle s’était placée.
Elle a planté ses ongles dans le dos de Vincent quand le plaisir la saisit. N’y tenant plus lui aussi, il se laissa aller juste après le moment où il sentit les muscles de Sophie se relâcher. Il eut juste le temps de sortir son sexe et d’éjaculer sur le ventre et le pubis de son amante, inondant la toison blonde :

- Excuse- moi, j’ai eu peur de jouir en toi.
- J’ai bien vu, dit-elle un sourire en coin.

Elle posa sa tête sur le torse de Vincent qui venait de s’allonger sur le dos près d’elle. En reprenant doucement son souffle et ses esprits, elle dit à Vincent :

- Ça a été rapide, mais j’en avais tellement envie … je n’ai pas pu contrôler quoi que ce soit, dit-elle. Je me suis juste laisser aller. Merci …
- Merci à toi … Je n’ai rien contrôlé non plus … d’habitude je fais mieux que ça, mais là …
- On fera mieux la prochaine fois ! Dans une demi-heure donc, dit-elle en souriant.

Ils gardèrent le silence un long moment, réfléchissant aux conséquences de ce qu’il venait de faire, pensant à leur avenir :

- Qu’est ce qui va se passer demain ?
- On continue notre périple et on profite.
- Et en rentrant ?
- On verra, on a le temps d’y penser.

Ils refirent l’amour, cette fois sous la douche. Enfin ils commencèrent sous la douche, pour continuer tout en douceur, plus calmement, plus lentement, à nouveau sur le lit, avant de s’endormir serrés l’un contre l’autre.



C’est donc en amoureux qu’ils ont découvert Florence.
Vincent mitraillait Sophie qui prenait des poses devant les plus beaux monuments de la ville.
Ils ont profité de la gastronomie italienne dans les petites trattorias, de la beauté de Florence, la ville est vraiment un musée à ciel ouvert. A chaque coin de rue, il y a de quoi s’émerveiller. Ils
visitèrent les principaux monuments de la ville, notamment le Palazzio Vecchio, le musée des
Offices, un des plus riches au monde, où on admire des tableaux de Michel Ange, de Léonard de
Vinci, de Botticelli, Raphaël, Titien … Mais aussi la galerie de l’Académie pour admirer le fameux
David de Michel Ange. Ils sont montés tout en haut del Duomo, pour admirer la ville vue d’en haut.
Ils louèrent des vélos pour parcourir les quatre quartiers qui composent Florence. Ils se sont perdus dans les petites ruelles de la vieille ville. Ils ont fait du shopping sur les élégantes via della Vigna
Nuova et via Vacchereggia, le long desquelles s’alternent des boutiques raffinées et des palais somptueux (l’Italie quoi !).
Ils logeaient dans une petite pension de famille, près du grand marché de San Lorenzo qui au gré des étals offrait ses multitudes de produits, charcuterie fraîchement coupée, fromages pecorino arrosés d’huile d’olive, produits à base de truffes, raviolis toscans, bouteilles de Chianti classico et de vins de Toscane et enfin le fameux dessert local, le Cantucci …

Alors qu’ils flânaient en fin de journée au cœur du jardin Giardino Bardini, typique de la
Renaissance, afin de profiter du coucher de soleil sur Florence, ils se sont assis sur un banc en pierre sous une tonnelle couverte de glycine et de rosiers. En cette période de l’année et à cette heure, le jardin était désert. Le parfum fort des premières roses de l’année leur charmait les narines.
Quelques rares promeneurs étaient visibles au loin, vers le bas, ils étaient à priori les seuls à s’être aventurés en haut de l’escalier central, afin de profiter de la vue panoramique sur la ville. Le ciel rosissait à l’horizon et donnait aux bâtiments en contrebas, une teinte toute particulière.

Ils étaient silencieux, assis l’un contre l’autre sur leur banc, profitant du panorama :

- Nous sommes seuls au monde, dit Sophie, manifestement émue.
- Un moment hors du temps, répondit Vincent, passant son bras autour de son épaule et la serrant contre lui.
- Hors du temps, c’est tout à fait ça. J’aimerais le graver dans mon esprit pour longtemps, pour toute ma vie même.
- Comment ça ?
- Tu ne devines pas ?
- Euh …
- J’ai envie de faire l’amour ici, devant la ville, dit-elle en posant sa main sur le pantalon de Vincent.
- Ici ? Et si on nous surprenait ?
- Bah, il n’y a personne et on a une vision panoramique, si quelqu’un vient on l’entendra et on le verra arriver.
- C’est de la folie, mais j’aime ça, dit Vincent en passant sa main sous la robe printanière de Sophie.

Leurs bouches se rencontrèrent, leurs langues se mêlaient. Sophie a déboutonné le pantalon de Vincent, et massait la protubérance qui grossissait à vue d’œil.
Sophie se séparant de Vincent s’est levée et a soulevé sa robe, a baissé sa culotte et l’a ôtée avant de se placer à califourchon sur les genoux de Vincent. Elle a passé les bras autour de son cou. Elle s’est empalée sur le sexe de Vincent dressé comme à la parade maintenant.
Elle s’agitait sur lui, il agrippait ses fesses sous sa robe troussée.
Ils s’embrassaient à nouveau, Sophie haletait en accélérant la cadence.

C’est à ce moment qu’une voix forte s’est élevée derrière eux :

- Che paccato, che scandalo !!!

Deux mamas italiennes, outrées les invectivaient :

- Dissoluto !
- Perverso !
- Esibizionista !!!
- Chiameremo la guardia !

Sophie et Vincent partirent en courant et en se réajustant. Ils riaient en descendant main dans la main les marches de l’escalier central, vers la sortie.

Sophie s’est arrêtée n’en pouvant plus, pliée en deux par le fou-rire :

Vincent lui dit essoufflé :

- On n’a pas eu le temps de finir, on remet ça à ce soir dans la chambre. Ah moins qu’on trouve un autre coin tranquille d’ici là !
- Le pire, c’est que j’ai laissé ma culotte là-haut, dit-elle entre deux éclats de rire.
- Tant pis pour toi ! Quelqu’un aura une sacrée surprise demain lors de sa promenade matinale.
- Oh là là …
- Le truc bête, c’est que tu vas devoir rester sans culotte sous ta robe pour le repas de ce soir. Je te rappelle qu’on a réservé dans le meilleur établissement de la ville et qu’on n’a pas le temps de repasser à la chambre.
- Oh non, la honte !
- T’inquiète, il n’y a que moi qui sait.
- J’espère que les deux mamas ne vont pas venir diner dans le même resto que nous !


~~¤~~


- Qu’est ce qui va se passer maintenant ? dit Sophie alors que l’avion décollait.
- Comment ça ?
- Toi et moi ? On n’a fait qu’en profiter ces derniers jours, on a tout oublié, on n’en a pas discuté, c’est juste une amourette de vacances ou bien ?
- Je n’ai pas envie d’en rester là … J’en suis sûr.
- Moi non plus … Alors, ça signifie qu’on est en couple ?
- Tu habites déjà chez moi, dans la chambre d’amis, le déménagement ne sera pas trop compliqué à faire. La chambre d’ami, tu y installeras ton atelier.
- Finalement, ce que nous ont fait nos ex, c‘est un mal pour un bien Par contre, la déco de l’appart, je la revois de fond en comble…

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