Suite À Votre Mèl ...

Janvier 2016.

Monsieur,

Je n’avais pas envoyé le mèl rédigé en Décembre. Plusieurs fois j’ai même pensé le détruire.
Et pourtant vous le recevrez aujourd’hui.
Ce qui a changé ? Tout ! Tout a changé ! Je vous dirai ? Oui.
Mais d’abord, voilà ce que j’écrivais en Décembre. Je n’ai pas changé un seul mot !


***

Décembre 2015.

Bonjour Monsieur,

Je prends la liberté de vous écrire bien que je ne vous connaisse que d’une indiscrétion bien involontaire : j’ai lu des mèls qui ne m’étaient pas destinés.

Vous n’imaginez pas le nombre de brouillons que j’ai faits de ce mèl, et au moment où j’écris, j’ignore encore si j’aurai le courage de l'envoyer. Peut-être un nouvel « acte manqué », comme bien souvent cela m’arrive.

En quelques mots tout d’abord pour vous expliquer comment j’ai lu ce qui ne m'étais pas adressé …

Je suis étudiante et je fais du baby-sitting pour payer une part des frais occasionnés par mes études.
Il y a deux semaines, chez une dame qui fait parfois appel à mes services, j’ai remarqué qu’elle n’avait pas fermé sa session sur son ordinateur de bureau, et je sais que ce n’est pas très bien, mais je ne pensais vraiment pas à mal, croyez-le, en appuyant sur la touche « entrée ». L’ordinateur était ouvert sur une page « Word » où est apparu un texte que je m’apprêtais à fermer quand quelques mots ont attiré mon attention, et la curiosité a été la plus forte.

Comprenez bien que je ne cherche pas à justifier mon indélicatesse, c’est inexcusable et je le sais.
J’espère seulement, je vous en prie, puisqu’il semble que vous correspondiez avec cette dame que j’apprécie énormément et qui souvent m’a rendu des services, que jamais avec elle vous n’évoquerez mon indiscrétion.
Ce n’est pas à proprement parler une amie, bien que ce soit le terme le plus commode pour la désigner, nos relations n’ayant que rarement cette familiarité, mais plutôt une conseillère, comme le serait une sœur aînée.



Un bien long préambule pour retarder le moment d’en venir à l’objet de cette lettre, un aveu, dont vous n’imaginez sans doute pas, ne connaissant rien de moi, à quel point il est difficile : je suis à la fois troublée, désorientée et, oui, exaltée, par ce que l’ai lu ce soir-là.
Tous ces ressentis s’entremêlent, à cause des questions que vous posiez, des ébauches de réponses qui leur étaient accolées dans le texte.
Pour tout vous dire, j’ai tout d’abord été choquée. Les questions, on le dit, ne sont jamais mauvaises, seules les réponses peuvent l’être.
J’étais cependant choquée des questions elles-mêmes, quant aux réponses, à ce que mon ‘amie’ avait écrit, je suis persuadée qu’il s’agissait d’un jeu, d’une outrance volontaire.
Je vous assure, je la connais suffisamment tout de même pour cela, que les réponses aux questions ne disent pas la réalité de ce qu’elle est.
Peut-être, sans doute, connaissez-vous ce qu’elle appelle ses ‘bêtises’ : elle aime en rire, aime provoquer. J’ai d’ailleurs, vous l’aurez sans doute remarqué, reconnu dans ses réponses certaines de ces choses qu’elle évoque dans ses ‘bêtises’.

J’ai dit : choquée. Mais j’ai aussi dit : troublée et exaltée.
C'est bien là, ce trouble et cette exaltation en moi qui me poussent à vous écrire.
Avant de vous dire, d’essayer tout au moins, mes interrogations, mes angoisses, et au-delà, je me dois d’aller au bout de mon propos, de mes désirs secrets, je vais ici accoler le document que j’ai lu. C’était un brouillon je crois, peut-être vous a-t-elle transmis la version définitive.

Ci-après copie que j’en ai faite sur ma clé USB :

« «16/11/2015- Mèls du jour -

14:09
À : mab…
Bonjour,
J'ai apprécié votre histoire.
Homme mur, prof de philo, sensuel, imaginatif.
A Paris
Bises

14:28
À : mab…
Afin de faire meilleure connaissance quelques questions.
Bises

[[1 – Aimes-tu t’exhiber en public ? Montrer ta culotte à la terrasse d’un café, juste pour le plaisir de te faire mater, par exemple.
]]

Je comprends cette curiosité, concernant tant mes pratiques que mes dessous, des lieux où j’exerce et du plaisir que j’y prends.
Une curiosité bien naturelle ma foi, de ces questions incontournables à régler en préliminaires à toute relation, qui devraient d’ailleurs figurer sur une « fiche conseil » à remettre à tout participant à un speed-dating.
Si j’aime m’exhiber ? J’adooore ! Quoi de mieux que de capter un regard, fixer l’attention, qui plus est sur ce qui présente le double avantage d’être ce que j’ai de mieux et d’être le principal objet d’intérêt de mes contemporains !
Mes cuisses ! c’est accessoire, mais il faut bien en passer par les cuisses pour dévoiler l’essentiel, le fond du magasin : la culotte !
Mais je me dois de préciser : je ne porte pas toujours de « culotte ». Parfois c’est un slip, d’autres fois un string ou un shorty.
Le tiroir de ma commode en contient de toutes sortes, toutes formes et toutes couleurs, et il serait dommage lors de mes exhibitions de m’en tenir aux « culottes », nom que j’associe toujours aux sous-vêtements de coton blanc de mon enfance, qui plaisent, c’est vrai, et qu’il ne faut donc pas négliger.
Parfois, vilaine que je suis, je ne m’embarrasse d’aucun de ces accessoires ! Ah quel plaisir qu’un petit vent frais sous ma jupe vienne me caresser !
A la terrasse d’un café ? Oui, c’est pratique, il y a du passage, mais je ne néglige pas le siège d’un autobus ou d’un métro, un banc de jardin public, les marches d’un monument par un beau jour d’été.
« Juste pour le plaisir de te faire mater » ! Comme ce « juste » est restrictif, étroit, quasi mesquin ! Ce plaisir n’a rien de « juste » : il est complet, brûlant, total jusqu’à l’extase ! Un seul regard sur mon anatomie enveloppée de coton, de nylon, de tulle, d’opacité moulante ou de voiles diaphanes, exacerbe brûle et enflamme !

[[2 – Aimes-tu t’habiller sexy (mini-jupes en cuir, bottines, petits hauts dévoilant ta poitrine…) ?]]

Mais bien sûr ! Pour les mêmes raisons qu’énoncées plus tôt ! Ah ! montrer !
J’ai toujours trouvé que « dévoiler » était mesquin, petit, médiocre.
Je n’aime pas seulemnt ces transparences qui sous-entendent : il est aussi tellement bon d'assumer avec sincérité, jeter les masques, afficher.
Rien ne vaut une mini qui découvre le pli d’une fesse, la chair offerte, soulignée de cuissardes qui font chalouper, tanguer les seins libres sous un chemisier canaille ouvert, vitrine, invite sans fard.

[[3 – Est-ce que tu es déjà sortie nue sous ta robe ou ta jupe ?]]

Je vous ai déjà répondu, anticipant votre curiosité.
Là vous touchez monsieur un plaisir très égoïste ! Avec un peu d’attention vous remarqueriez ces jours-là, puisque oui, ces jours il y a, la lueur, l’étincelle dans le regard, les poses lascives et rêveuses, et soudain le voile de surprise au spasme du ventre qui mouille les cuisses d’inattendu qui vient à la conscience aigüe d’être disponible, accessible. Ouverte. Béance inondée.
Comment résister au bonheur du matin qui rougit les joues d’anticipation en renonçant à la culotte que la veille on exposait, et pour une journée se savoir irrémédiablement nue, à merci, d’un rêve, d’une bourrasque de vent, de sa propre image dans une vitrine de rue en se sachant libre d’entrave et offerte, à merci, vraiment, inquiète et fière, soumise au caprice des éléments, d’un frôlement, d’une chute, d’un accident, soumise à l’excitation de tous les instants à n’avoir en tête, permanente, glaçante et brûlante, que cette absence.

[[4 – As-tu fait l’amour avec des inconnus ?]]

Inconnus ils l’étaient avant, l’étaient moins après mais l’étaient toujours et le sont restés, le resteront. Connaît-on vraiment quand on se connaît si peu soi-même ? L’acte, isolé, brut, n’apporte pas la connaissance de l’autre.
Une bouche jamais embrassée, une verge jamais caressée, un vagin jamais pénétré, l’inconnu ?
On baise des bites et des chattes, des culs, reconnus, connus, du toucher et du goût, de la forme, de l’odeur, du doux et du chaud. Pas d’inconnu dans les sensations transmises par nos sens.

Mais la formule employée était « … fait l’amour … ». L’expression va bien mal à la série de question. Voilà pourquoi j’ai dit : baiser, bitte et chatte, vocabulaire plus conforme au propos.
Ici « … fait l’amour … » ne fait pas sens, fait fausse timidité à dire, une tricherie, un mensonge.
Parfois on baise, et parfois, c’est vrai, on fait l’amour. Parler de l’un et de l’autre c’est tenir deux discours bien différents. Toujours avec des inconnus. Certains on les aime et les autres moins ou pas du tout. L’un nous met en danger et l’autre pas.
Restons correct : parlons de baiser, monsieur, restons-en à l’intention de départ de ce mèl.

[[5 – Es-tu allée dans des boîtes échangistes ?
6 – As-tu sucé un type, comme ça, parce que ça te plaisait ?
7 – As-tu fait un jour l’amour pour de l’argent ?
8 – As-tu fait des choses avec un couple ? Des femmes ? Des hommes ?
9 – T’est-il arrivé de te faire tripoter en public par des mains inconnues ? (par exemple dans le métro, lors de réunions où il y avait foule…)
10 – T’est-il arrivé de mouiller « volontairement » tes culottes ?]]

***

Voilà, Monsieur, l’intégralité du texte que j’ai copié.
J’ignore si elle a continué, et répondu par la suite aux autres questions.
Je n’ai que cet extrait.

Si je me décide à vous poster ce mèl, si vous y répondez, si elle vous a transmis la totalité, cela fait beaucoup de ‘si’, vous me transmettrez peut-être la suite. J’avoue que ses réponses autant que les questions éveillent en moi des émois puissants.

Je vous ai dit : « il ne faut pas prendre à la lettre ce qu’elle a écrit ». Certaines de ses réponses, pourtant … je n’avais pas vraiment fait attention, pensant à une complicité naturelle entre femmes … mais à quelques occasions lors de mes venues chez elle, je l’ai vue en petite tenue sans qu’elle en paraisse gênée, et à la lecture de ses réponses, il me semble aujourd’hui que peut-être ce n’était pas aussi fortuit que je l’avais pensé alors.
Mais peu importe en fait : vos questions et ses réponses ont provoqué en moi tant de choses ! Réveillé en moi ?
Ma part d’ombre ? et je pourrai aussi dire ‘ma part de lumière’, puisque ce qui est dit m’éclaire, révèle. Comment faire la part entre rêve ou fantasme, et réalité ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Faut-il vivre ce dont on rêve ?
Je sais que seule, je n’arriverai à rien. C’est ma nature. Accompagnée ? Guidée ? Mais qui ?

Et c’est à vous que j’écris, vous qui posez ces questions, qui sans que je l’ai compris avant, disent de moi.

Vous dire qui je suis, déjà.
J’ai 23 ans. Je suis étudiante en Lettres modernes à la Sorbonne. Depuis trois ans, je suis hébergée chez ma tante où elle m’a aménagé un studio au-dessus de son garage. Je vis seule et je n’ai pas de véritable amie. Comme je vous l’ai dit plus tôt, celle à qui vous aviez envoyé vos questions est pour moi ce qui se rapproche le plus d’une amie.

C’est elle un jour, parce qu’elle se désespérait de me voir toujours seule, et à qui j’ai bien dû avouer que je n’avais jamais eu de petit ami, ni masculin ni féminin, elle m’avait aussi demandé cette dernière précision, qui par jeu a rédigé pour moi une petite annonce, qui bien sûr n’a jamais été adressée à un quelconque journal :

Jeune fille 23 ans, cheveux mi-longs châtain clair, yeux noisettes
1m 78, 90-70-95, tendre et passionnée, étudiante,
Aime la lecture, la nature, les voyages,
Cherche relation durable, partenaire âge indifférent

Ne vous fiez pas trop à tout cela, elle avait un peu triché sur certains points. Nous avions fait cette fiche comme un jeu. Elle avait elle-même pris mes mensurations avec un centimètre de couturière, et je dois avouer qu’elle le serrait un peu trop sur ma poitrine et mes hanches pour que les mesures soient honnêtes.
Elle avait tenu à écrire ‘partenaire’ et pas ‘homme’, elle-même ne faisant pas secret de ses orientations sexuelles, m’invitait à considérer comme acceptable une relation homosexuelle.
Je n’ai jamais réellement fait la part entre mes ‘divagations’ et la réalité, mais certaines situations, certains gestes, m’ont parfois fait penser que si j’avais voulu, j’aurais pu être son amante.

Je suis réservée, parfois timide, introvertie. Inquiète. Derrière les mots, les avis, c’est un travers qui m’empêche de me lier, d’avoir confiance, toujours je cherche le sens caché, le piège : ce n’est pas ainsi que je me vois, mais c’est ce que l’on dit de moi, sous forme de reproche.

Parce qu’ici je veux être honnête en tout, j’ajoute que n’ai jamais eu de relation sexuelle. Malgré cela, je connais le plaisir, de pratiques solitaires depuis mon adolescence.

Un autoportrait peut être honnête sans pour autant être fidèle, et la suite, outre quelques données factuelles, vous dira plus de ce que je crois être que de ce que je suis, et quant à mes réponses aux questions, elles seront honnêtes : sinon pourquoi vous écrire ? reste à savoir si je saurai me libérer, obéir à mes aspirations, aujourd’hui on dit ’lâcher prise’.

Qui pourrait m’y aider, et m’accompagner, accepterai-je d’être guidée ? Cette lettre est un début.

Votre questionnaire :

1 – Aimes-tu t’exhiber en public ? Montrer ta culotte à la terrasse d’un café, juste pour le plaisir de te faire mater, par exemple.
2 – Aimes-tu t’habiller sexy (mini-jupes en cuir, bottines, petits hauts dévoilant ta poitrine…) ?
3 – Est-ce que tu es déjà sortie nue sous ta robe ou ta jupe ?
4 – As-tu fait l’amour avec des inconnus ?
5 – Es-tu allée dans des boîtes échangistes ?
6 – As-tu sucé un type, comme ça, parce que ça te plaisait ?
7 – As-tu fait un jour l’amour pour de l’argent ?
8 – As-tu fait des choses avec un couple ? Des femmes ? Des hommes ?
9 – T’est-il arrivé de te faire tripoter en public par des mains inconnues ? (par exemple dans le métro, lors de réunions où il y avait foule…)
10 – T’est-il arrivé de mouiller « volontairement » tes culottes ?

Sans contestation possible, telle que rédigées, je dois répondre ‘NON’ à toutes les questions, exceptées les questions 3 et 9.
Si toutefois ces questions avaient été écrites au conditionnel, les réponses seraient bien différentes.
Comment passer de ce conditionnel de l’attente et du rêve au présent d’action ?
Toutes ces situations, bien avant ce questionnaire m’accompagnent et nourrissent mes rêves, mes désirs secrets, je vous l’ai dit, depuis mon adolescence, dont l’une, la 6ème, est à l’origine de ma découverte du plaisir, suivi de près par la 4ème, mais qu’il faudrait formuler en ‘amour subi’, proche du fantasme du viol.


1 – Aimes-tu t’exhiber en public ? …

Ici, le conditionnel prendrait tout son sens. Il m’arrive d’imaginer m’exposer, exposer mes dessous pour attirer les regards sur moi, des regards explicites.
Par parenthèses, quand je m’imagine dans cette situation, je me vois d’abord, spectatrice extérieure, avant d’être vue, et je me vois avec des dessous vus dans des magazines et pas avec ceux que je porte couramment qui n’ont rien d’affriolants. A la fois par facilité, confort, et aussi par manque de moyens, je ne porte que des culottes ‘bas de gamme’, en coton ou en nylon.

Puisque j’ai décidé d’être honnête et de ne rien cacher : après lecture de ce que mon amie avait écrit, qui ressemblait tant à ce dont j’aimerais être capable, j’ai aggravé ma première indiscrétion par une seconde, en allant voir dans les tiroirs de la commode de sa chambre ces dessous dont elle parlait, malgré le risque de réveiller les s que je gardais ce soir-là.
Je me souviens de cette soirée pour trois autres choses : d’avoir regretté de ne pouvoir les essayer parce que nous n’avons pas du tout la même stature, d’avoir dans un autre tiroir trouvé les sous-vêtements de son compagnon, et enfin, que ceux-là m’allaient bien même si leur déformation naturelle devant faisait sur moi un effet bizarre.

2 – Aimes-tu t’habiller sexy (mini-jupes en cuir, bottines, petits hauts dévoilant ta poitrine…) ?

Cette question est très proche de la précédente, le but étant de montrer, s’exposer, d’émettre en quelque sorte un message sexuellement explicite par une tenue volontairement provoquante et sexy.

Ces tenues conviennent assez peu à mon physique, sauf à afficher clairement l’intention de répondre à votre 7ème question : la prostitution volontaire.

3 – Est-ce que tu es déjà sortie nue sous ta robe ou ta jupe ?

Jamais volontairement. Il m’est cependant arrivé de devoir ôter ma culotte suite à un accident gênant qui me causait un trop grand inconfort.
Je me souviens d’une double honte ressentie : la première, celle de me sentir nue en public et que tout le monde sur le trajet pour rentrer chez moi le savait et me jugeait, la seconde était due à une réaction intime totalement incontrôlée, troublante, une excitation sexuelle très forte.
Sans jamais oser, je repense souvent à ce voyage en bus pour rentrer chez moi. Je n’ai jamais eu le courage de recommencer, mais c’est un fantasme récurrent.

4 – As-tu fait l’amour avec des inconnus ?

Un autre fantasme. Parfois un cauchemar dans lequel je suis agressée par un ou des inconnus … un cauchemar ? Toujours quand je me réveille je me sens humide, excitée, et les images rémanentes accompagnent le plaisir que je me donne.

5 – Es-tu allée dans des boîtes échangistes ?

Jamais bien sûr, et cela ne me tente pas, ayant du mal à imaginer ce que serait une telle expérience.

6 – As-tu sucé un type, comme ça, parce que ça te plaisait ?

Jamais. Parfois des images viennent, totalement à l’improviste, issus de scènes de films que je regarde sur internet, étroitement liées à la question n°4, contrainte et e.

7 – As-tu fait un jour l’amour pour de l’argent ?

Je n’ai jamais fait l’amour.

8 – As-tu fait des choses avec un couple ? Des femmes ? Des hommes ?

En situation de rêve éveillé. Il faut tout dire : je l’ai décidé dès le début de cette lettre … Cette ‘amie’ dont j’ai lu le mèl, son image parfois m’accompagne quand parfois je me caresse, elle seule souvent, parce que je l’ai vue dans sa salle de bains en petite culotte, parce qu’il m’avait semblé voir quelque chose dans son regard et son sourire, mais à quoi ressemble l’amour d’une femme ? le jour où elle a pris mes mesures, ses mains indiscrètes, dont je n’ai pas su si c’était ou non volontaire, ses questions. Parfois aussi maintenant, son compagnon est là dans mes rêves éveillés. Elle et lui, tous les deux, elle me livrant à lui, encore une fois, situation où je n’ai pas de choix, où je suis contrainte.

9 – T’est-il arrivé de te faire tripoter en public par des mains inconnues ? (par exemple dans le métro, lors de réunions où il y avait foule…)

Cela m’est arrivé plusieurs fois, dans le métro, aux heures d’affluence. A ma grande honte, je n’ai jamais réagi, n’osant même pas me déplacer pour échapper à un frôlement sur mes fesses, et chaque fois, chaque fois j’ai senti l’humidité envahir mon intimité.

10 – T’est-il arrivé de mouiller « volontairement » tes culottes ?

Volontairement ? Je ne vois pas l’intérêt de mouiller volontairement mes culottes. Un accident malheureux m’a obligé un jour à enlever ma culotte, je vous en ai parlé en répondant à la 3ème question, et il m’arrive de la mouiller de sécrétions de désir, bien involontairement, parce qu’un rêve me passe par la tête. Mais dans ces cas ce n’est pas gênant au point de devoir l’enlever, mes épanchements n’étant pas assez abondants.


Voilà le plus honnêtement possible réponse à l’ensemble de questions.

Mettre ainsi mes peurs, mes troubles, mes envies, par écrit m’oblige à me confronter à ce que je suis, qui je suis, peut-être à mieux me connaître. Et après ?

23 ans. Un âge auquel il faudrait sans doute transformer mes rêves en réalité, arrêter de fuir les autres et de me replier sur moi-même.

…

Je viens de relire cette lettre. Est-ce bien moi qui ai écrit ces mots en totale impudeur ?
Les questions évoquent la mise à nu du corps, et moi c’est toute entière que je me montre nue dans mes pensées les plus secrètes, dans mes gestes les plus intimes.
Un premier pas vers une acceptation de moi ?
Plusieurs fois j’ai dit que je voulais ? souhaitais ? attendais ? d’être contrainte, e, que l’idée seule, et parfois la réalité lors d’attouchements dans le métro, provoquait en moi tous les signes du désir sexuel, l’acceptation, que j’assouvissais seule par mes caresses nourries de ces envies.


***

Janvier 2016.

C’était en décembre ! Et je vous l’ai dit au début : tout a changé !

Comment ?

J’ai gardé les s de ‘l’amie’ dont j’avais lu le mèl le samedi soir du premier week-end des vacances de Noël.

Je suis arrivée chez elle comme d’habitude vers 20 heures, pour garder l’un de leurs s, l’autre dormant chez un copain ce soir-là, chez qui son mari était parti l’accompagner. Elle n’était pas prête.
Elle m’a ouvert la porte en peignoir, les cheveux encore mouillés, et m’expliquait que je n’aurais que le plus jeune de leur fils à garder, qu’il avait déjà mangé, qu’ils ne seraient de retour que tard dans la nuit … tout ça en m’entraînant à sa suite vers la salle de bain pour finir de s’y préparer.
J’attendais sur le pas de la porte mais elle m’a fait entrer avec elle, pour se préserver du froid du couloir pendant qu’elle séchait ses cheveux.

La ceinture de son peignoir en satin s’est dénouée. Elle portait dessous un petit slip blanc transparent retenu sur ses hanches par une rangée de petites perles blanches.
Ce n’était pas la première fois que je la voyais en petite tenue, mais la transparence du slip, les petits poils sombres qui traversait le mince nylon ajouré … je ne me suis pas rendue compte que je fixais les yeux dessus, longtemps, qu’elle s’était tournée face à moi, et je n’ai relevé les yeux quand entendant son rire et en sentant sa main sur ma joue.

Elle n’a rien dit. Elle me souriait. Je sentais les joues me brûler et j’étais bien incapable de dire quoi que soit pour m’excuser de mon indiscrétion.

Elle est plus petite que moi. Elle s’est mise sur la pointe des pieds pour poser un petit baiser sur ma bouche en se tenant d’une main sur mon épaule, de l’autre sur ma hanche.
Elle a dit … Elle riait ... Je devais faire une drôle de tête … elle a dit « Enfin tu me regardes, je désespérais un peu », et elle m’a encore embrassée.

23 ans. Mon premier baiser, et encore pas un vrai, et c’était une femme !

Elle a fini de se préparer. Je ne disais rien, figée, sans doute l’air complètement idiote, je n’osais plus baisser les yeux sur elle.

Elle m’a encore embrassée en partant.

Comme d’habitude j’ai dormi dans la chambre d’amis, en face de celle de leur fils.

C’est son doigt qui caressait mes lèvres qui m’a réveillée dans la nuit. Elle était assise sur mon lit. Elle avait allumé la veilleuse sur la table de chevet.
J’ai fermé les yeux, serré fort ses doigts qui avaient pris ma main.
Ses lèvres toutes douces, je tremblais fort.
Sa main sur un sein, je gémissais sous sa bouche.
Sa main sous les draps, j’ai ouvert ma bouche à sa langue.
Sa main dans ma culotte, j’ai ouvert les cuisses.

Le plaisir que je me donnais, que je m’étais donné avant de dormir en pensant à son petit slip et aux poils noirs qui perçait le mince nylon, c’était bien.
Le plaisir qu’elle m’a donné dans la nuit de sa main était bien meilleur.

Elle n’a pas dit un mot, a éteint la veilleuse en partant, un dernier baiser posé sur mes lèvres.

Vous voyez, Monsieur, ce que j’attendais, elle me l’a offert. Tout doucement, sans me poser de question. Comment elle savait que je ne la repousserais pas ? Elle a pris. J’étais à prendre et elle l’a deviné sans avoir besoin de questions.

Elle m’a téléphoné dans la semaine qui a suivi. Elle n’a pas dit pourquoi elle voulait que je vienne la voir, je n’ai pas demandé. Ce qu’elle voudrait de moi, elle le prendrait.

Elle m’a accueilli comme on s’était quittées, d’un baiser et d’un sourire, m’a prise par la main sans un mot pour m’entraîner dans le salon devant la cheminée où brûlaient deux grosses bûches et s’est assise au bord de la petite table basse en bois : « Déshabille-toi, lentement ».

Pour la première fois, en plein jour, j’étais nue devant une autre que moi-même, pour la première fois, allongée sur le tapis de laine devant la cheminée d’autres yeux que les miens dans le miroir de ma chambre m’ont regardé me caresser.
Elle m’a rejointe pour un autre orgasme et un autre encore, ne s’est déshabillée que quand son mari est arrivé.

J’étais à genoux sur le tapis, le visage noyé entre ses cuisses quand il a pris ma virginité.

Elle s’est glissée sous moi pour apaiser la brûlure de mon ventre de sa bouche, et elle a joui de mes lèvres qui buvaient à son ventre et de mon cri noyé du mouillé qui coulait de son ventre quand il a plongé son sexe entre mes fesses où elle l’avait guidé.

J’ai passé la nuit dans la chambre d’amis dans ses bras. C’était chaud, c’était doux. Le matin on a rejoint son mari dans le lit où il avait dormi seul et pour la première fois j’ai pris dans ma bouche le sexe d’un homme, qu’elle a tenu dressé entre mes lèvres jusqu’à que j’aie bu jusqu’à la dernière goutte de son plaisir.

Ce soir, nous irons ensemble au restaurant. Une baby-sitter gardera leurs s. Je ne porterai pas de culotte sous la jupe courte qu’elle m’a offerte.

Voyez, Monsieur, je me connaissais bien, je savais ce qu’il me fallait. Pour un temps je l’ai trouvé.
A cause de ce questionnaire auquel j’ai répondu ?

Quand je lui en ai parlé, elle a ri, m’a dit « Je te connaissais déjà pour ce que tu es ».

A mes sourcils levés elle a ri et m’a embrassée, « Déshabille-toi ».


Je vous laisse Monsieur à vos questions, pour eux j’ai réponses à toutes celles qu’ils ne posent pas.

Elle m’a montré un autre mèl plus récent que vous lui avez envoyé, où vous parlez du « fantasme de la putain ».

Fantasme, dites-vous ?

Misa – 01/2016

Nota :
J’évoque 2 mèls reçus dans cette histoire. Ces deux mèls : ‘le questionnaire’ et ‘le fantasme de la putain’, je les ai effectivement reçus, et j’ai eu l’idée d’en faire cette histoire.
Pourquoi pas ? Après tout le ‘questionnaire’ fait partie d’une histoire publié sur ce site, écrite par celui qui a trouvé judicieux de me le soumettre, et je ne doute pas qu’il l’ait envoyé à d’autres que moi …
Ma première réaction en les recevant a été de me moquer de leur auteur, et puis, j’ai décidé de jouer, de délirer un peu, d’abord en abondant de manière outrancière, ensuite de créant le personnage d’une fille un peu paumée, qui pourrait tomber dans les filets de l’auteur, et qui lui échappe en trouvant ailleurs à vivre ses fantasmes.
Ailleurs surtout, loin de celui qui pose ces questions !

Ecrire est un jeu, n’est-ce-pas ? Que dit-il de l'auteur ? Inutile de me poser cette question, je n'y répondrai pas ... ou j'en ferai une histoire !

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