44.4 Jérém, Calvin, Klein Et Moi.
« Mais putain... dépêche... fais moi jouir... et avale bien... » me lance Jérém en enfournant sa queue dans ma bouche avec un mouvement rapide et presque enragé. Là, ça ne rigole plus, le mec a vraiment envie que je le suce
je comprends à cet instant que mon hésitation commençait visiblement à le mettre en pétard
on ne contrarie pas un mâle un rut, on ne délaisse pas une queue qui bande
jen oublie le b-a-ba du bien vivre en société
Me voilà donc avec sa queue au fond de ma bouche
jai rêve de cet instant, et ça arrive enfin
mais voilà que le beau brun, pressé, à bout de nerfs, entreprend de mettre de coups de reins très puissants
dans cette cabine des toilettes de la Bodega, Jérém veut jouir vite
tous les camarades sont en train de faire la fête à quelques mètres de nous et plus les minutes passent, plus on risque de remarquer notre absence
sans compter le fait quil faudra sortir de ces chiottes, sans se faire repérer
Jaime bien quand il me baise la bouche, mais je me rends rapidement compte que là cest trop violent, quavec cette cadence, je ne vais pas tenir jusquau bout
il faut ralentir le mouvement
et puis, si jaime par-dessus tout le faire jouir, je ne veux pas avoir mal
je ne veux plus de ce qui sest passé le dernier jour du bac dans les chiottes du lycée
Cest là que, dans un réflexe de survie, ma main se lève pour aller se poser sur son t-shirt à hauteur de ses abdos (ahhhhhh
que cest ferme, et ouf
quest ce que cest dessiné, je le sens sous mes doigts à travers le coton fin) tout en appliquant une pression avec mon bras et mon épaule
dans le feu de laction, et certainement à cause de ma position, je nai pas du correctement doser lintensité de mon mouvement, qui se révèle très rapide et très puissant
Soudainement, sa queue se retire de ma bouche, son bassin se retrouve collé à la cloison de la cabine, ce qui lempêche de balancer ses coups de reins
sous leffet de la surprise, le beau brun est momentanément immobilisé
jen profite pour avancer mon buste et entreprendre de le sucer vigoureusement
Jérém a du être autant dérouté que contrarié par mon initiative car, un instant après, il att mon poignet, il dégage la pression que je maintiens toujours sur ses abdos, il passe sa main derrière ma tête pour la maintenir et donner plus dimpact aux coups de reins quil reprend à balancer sans autre forme de procès
Oui, Jérém a recommencé à me baiser la bouche de plus belle
cest un peu moins brutal, mais il en demeure pas moins que si je maccommode de cela, cest une fois de plus lui qui fixe les règles
alors
me laisser faire ou pas me laisser faire ? Si tout à lheure a été mon instinct de survie qui ma fait agir, là cest une question de principe
Et puis jai envie de jouer dangereux
jai envie de le provoquer
de provoquer une réaction chez le beau brun
je recommence
ma main appuie avec encore plus dentrain sur ses abdos et son bassin se retrouve à nouveau contre la cloison
il ratt ma main encore plus brusquement, il la balance carrément loin, violemment
il avance à nouveau le bassin, il introduit sa queue entre mes lèvres et recommence illico à les limer
Il na pas compris
pourtant, ce soir il va comprendre
il doit comprendre
il commence vraiment à ménerver avec son attitude « rien à foutre de toi »
pour une fois, je veux avoir le dessus
ma main repart direction de ses abdos, chargée de la même mission
hélas, cette fois-ci elle naura pas la chance de palper la fermeté de ses abdos, car son élan est coupé en plein vol
elle na pas dépassé la hauteur de mon épaule quune autre main, à la peau bien plus mate, la chope en la serrant très fort et en stoppant net sa progression
« Arrête ça
» il mintime, le ton agacé.
Je pense quil parlait de ma main, mais je suis tellement surpris que jarrête net ma fellation et je me dégage carrément de sa bouche. Ma main toujours enserrée dans létau de la sienne, je relève mes yeux et je rencontre son regard noir
on se défie pendant quelques secondes
je tourne un peu la tête, un petit regard narquois en coin
je plisse les yeux, je le mets une nouvelle fois au défi
maintenant que jai compris que ça marche, je ne vais pas men priver
Il est à fleur de peau, pressé de jouir, frustré, son agacement monte de seconde en seconde
vite, il faut trouver un argument pour ne pas lénerver davantage et pour ne pas céder
sortir par le haut et éviter le pire
à savoir
quil remonte son froc et quil se barre me laissant là comme un con
Sans le quitter des yeux, car cest par leur intermédiaire, par un petit sourire coquin que jessaie de lui faire comprendre que sil me laisse faire, sil me fait confiance, je vais lui faire un truc qui va lui plaire
sans le quitter des yeux javance lentement mon visage vers sa queue jusquà poser mes lèvres sur le gland
rien que cela a le pouvoir de le faire frissonner
cest à ce stade là que je comprends que je peux quitter son regard, la magie opère
Rassuré, encouragé, je continue à avancer jusqu'à rabattre complètement son manche contre le coton blanc
je commande à ma langue de senrouler, de durcir son bout, de sortir de ma bouche et daller appuyer pile dans le creux du gland, cet endroit magique quon appelle
le frein
Pendant que ma main, la seule dont je dispose à ce moment là, désormais enroulée autour de sa queue, commence à la branler tout doucement, ma langue bien pointue entreprend de toutes petites caresses, des pressions dont je mamuse à varier lintensité, la cadence, lui procurant des sensation à la limite du plaisir et de la frustration
Il aime
je sais quil aime
plus que ça
il adore
comment je le sais ? Très simple
lorsque jai commencé cet exercice, ma main, celle qui sétait rendue coupable de vouloir brider sa fougue de jeune mâle, était fermement enserrée dans la sienne
et là, seconde après seconde, je sens sa prise perdre dintensité, se dissiper
au bout dun moment je peux ainsi la récupérer et men servir pour lui caresser doucement les couilles
en signe de reconnaissance
Je lève les yeux, je rencontre les siens
il détourne le regard, ses paupières tombent lourdement
il inspire bruyamment, sa bouche sentrouvre, je devine quil est en train dessayer de comprendre ce qui lui arrive et dappréhender ce nouveau plaisir
je vois passer sur son visage le reflet de mes coups de langue, le reflet des variations dintensité des mouvements de ma main autour de sa queue
Je le regarde se détendre, apprécier linstant et le traitement
conquis, le mâle a déposé les armes, il se laisser faire
il me laisse faire
Je le vois déglutir nerveusement pendant que sa pomme dAdam se balade de haut en bas et de bas en haut de sa gorge
ses paupières frémissent, il halète de plus en plus fort
ses lèvres sentrouvrent à nouveau pour laisser dépasser un petit bout de langue
un geste dont il ne se rend même pas compte
cest mignon et sexy à la fois
ses bras se laissent aller dans des étirements inconscients vers le haut de la cloison, tout son être comme dans un état second, abandonné à un plaisir qui le dépasse
Ça calme ça, nest-ce pas, mon beau brun ? cest bon ça, et je ne te le fais pas assez
honte à moi
Jérém a complètement changé dattitude
le voilà un brin mieux disposé à prendre son temps
comme quoi
dans le sexe, comme dans la vie, tout est négociation
Il doit vraiment adorer, car une récompense de taille mattend
à un moment je le vois balancer la tête vers larrière, laissant échapper un « putain
» venant du plus profond du cur, je parle de celui qui est au bout de sa queue et dont je suis en train de moccuper
qui na jamais remarque quon beau gland a un peu la forme dun cur renversé ?
Oui, il prend son pied, et pas quun peu
je suis aux anges
Mais le meilleur est à venir
dans le petit espace, lair est désormais très chaud, moite
la température monte à cause de nos ébats
je sens sa peau qui commence à transpirer
il a chaud
cest là quil a le geste qui va bien
je sens sa main frôler mon front dans la précipitation de son passage
elle att le bas du t-shirt pour le soulever, pendant que le haut de son torse se replie et son bassin recule légèrement
Ça se passe avec la vitesse de léclair
un instant plus tard, le coté Calvin de son t-shirt est coincé derrière son cou, et il ny a plus que ses épaules cachées par le coton immaculé
le torse est dévoilé, un mélange de parfums intenses et dodeurs délicieuses se dégage de ce paysage merveilleux
Et jen perds presque la raison
Cest grisant la sensation darriver à apprivoiser un mustang
Samedi 7 juillet 2001, 10h49
Jai fait la grasse matinée.
Mon sommeil a été souvent perturbé par des rêves, des pensées, des inquiétudes que jai du calmer à grands coups de branlette. Je ne sais même plus combien de fois. Un certain nombre. Au point de men sentir épuisé au réveil. Oui, jai beaucoup rêvé.
Entre veille et sommeil, dans ce territoire vaste et vague où se mélangent désirs, rêves, fantaisies, fantasmes, dans cette immensité où tout parait possible, jai bourlingué sans cap au travers de réalités parallèles envisageables que dans la chaleur réconfortante dun lit douillet et dans la rassurante sensation dun matin encore lointain
jai longtemps somnolé, sans vraiment mextirper de lesprit logique du réveil, mais sans totalement menvoler dans le rêve
cétait comme un état de grâce où tout semblerait à porté de main
tout
et aussi bien son contraire
Cest dabord lui qui est venu à moi
mon beau brun
il ne lâche rien celui-là
son image a hanté mon esprit toute la nuit
la rencontre de laprès-midi avec Thibault, ce beau et charmant Thibault qui a été le deuxième visiteur à se taper lincruste dans ma nuit agitée, na fait que jeter de lessence sur des braises qui ne se sont jamais éteintes dans mon cur
Jai cru pendant un temps, après le dimanche avec Stéphane, que je pourrai arriver à laisser tout cela derrière moi
hélas, mon amour pour Jérém est le genre de brasier si étendu et impétueux que le seul moyen de léteindre est de le laisser flamber et se consumer tout seul
rien ne sert de tenter de l, car restent en moi bien des choses prêtes à sembraser au contact de la chaleur de son corps, de son regard
non, ce brasier ne sarrêtera que le jour où il ny aura plus rien à embraser
et pour linstant, je sens que ça brûle toujours et encore, et que ce nest pas prêt de séteindre au fond de moi
Allongé dans mon lit dans la tiède fraîcheur de mes draps tout juste renouvelés, mon corps me rappelle que, mis à part les observations derrière la vitre du bus, ça fait presque une semaine que je ne lai pas vu
presque dix jours que je nai pas goûté à sa queue
je dois admettre que jai envie de lui, terriblement envie de lui
mes lèvres réclament la présence débordante de son manche, la raideur de sa queue
mon palais réclame le goût de son jus.
Sans presque men rendre compte, je commence à me branler
je commence à me caresser en pensant à cette puissante envie de le faire jouir, de le voir jouir
lenvie de sentir son parfum, ses odeurs de mec, sa transpiration, lodeur de ses couilles, lodeur de sa bite
lenvie de sentir la douceur de sa peau mate, ferme et douce sous mes doigts, lenvie de le voir à poil tout simplement
de pouvoir le regarder, dêtre seul avec lui, de sentir sa présence, son regard, son envie sur moi, assommé par sa beauté et par son intolérable sexytude ; seul avec lui et avec ma tristesse, la mélancolie davoir ce corps, ce garçon, ce cur blessé si près de moi et de devoir arrêter mon élan de partage, de communion à cette enveloppe corporelle si plaisante soit-t-elle, mais de ne jamais pouvoir franchir la barrière ultime, la porte de son cur
En allant me coucher, je nai pas pu résister à la tentation dapporter sa chemise sous les draps avec moi.. ça donne une idée à quel point je mennuie de lui
elle est toujours accrochée dans un coin de mon placard, telle quil me la donnée lors dune de nos premières révisions, sans jamais la réclamer par la suite
rien que le contact avec ce tissu qui a caressé un jour sa peau me fait un effet de dingue, cest presque comme si je caressais sa peau
jy plonge mon nez, je retrouve son odeur, léger, mais persistant
Ma main coulisse de plus en plus vite sur ma queue
sa chemise sur loreiller, mon visage tourné vers le tissu enchanté, mon nez aspirant chacune des molécules odorantes qui sy dégagent
jai limpression quil est là, à coté de moi
jai limpression de me branler à coté de lui
Je me dis quen plus de cette chemise jaimerais vraiment avoir ce débardeur blanc quil portait le soir où il ma baisé le bouche sur la table de muscu en se tenant en suspension sur la barre des poids
ce petit débardeur blanc immaculé au merveilleux contraste avec sa peau mate, ce petit bout de tissu trempé de sa transpiration, de cette odeur de sueur dhomme mélangée à son nouveau parfum qui me fait tourner la tête
jai envie davoir tous les t-shirts quil portait lorsquil ma baisé dans les chiottes du lycée
Jai surtout très très très envie de le sucer
cest viscéral, jai envie de me mettre à genoux devant lui et de lui astiquer la queue comme un malade, jusquà le faire jouir
jai envie de son goût de mec
je crois que jamais jen ai eu autant envie
cest sûrement à cause de ces dix jours de disette
oui, cest pour cela que je jouis si fort, dans mes draps
Je respire profondément, je perds pied, ma conscience sévapore, je suis bien, la chaleur dans mon ventre semble retirer toute lénergie des autre membres
mon cerveau séteint petit à petit, comme un portable au bout de charge
je pars
écran muet
plus de signal
Au revoir
je mendors
Petit somme de courte durée
lorsque je reviens à moi, toujours limage du corps nu de Jérém dans la tête, des images de baises épiques
je me branle à nouveau
jai envie de me faire prendre par Jérém
jai envie quil se défoule en moi comme jamais
jai envie de sentir sa queue coulisser en moi de toute sa longueur, jai envie de sentir toute la puissance de ses coups de reins
et pendant quil me défonce, je veux tremper le nez dans un de ses t-shirts blancs moites de sa transpiration
ou dans un de ses boxers portés pendant deux jours
ou dans un boxer dans lequel il aurait joui en se branlant sous mon regard incrédule et frustré, juste avant de menfiler
Souvenirs et fantasmes se mélangent dans ma tête, portés par la puissance de mon excitation
jai envie de lui vider les couilles, encore, encore et encore, de moffrir à lui sans conditions, pour son plus grand plaisir, sans limites
jai envie de lui, jai envie de tout avec lui
mon royaume pour un coup de sa bite
ce nest peut-être que lexcitation montante qui parle, leffet des va-et-vient de ma main autour de ma queue, mais je réalise quà cet instant je suis vraiment prêt à accepter de nêtre que son vide couilles, son trou à bite
et tant pis pour les sentiments
pourvu quil me laisse y goûter encore
car je ne peux vraiment pas me passer de lui
Pendant que je jouis une fois de plus, pendant que de bonnes traînées de mon jus vont souiller mon torse, mon esprit sature, envahi dune infinité dimages de Jérém, des images si rapides quelle sentrechoquent, se chassent les unes les autres
Lorsque le premier jet senvole de ma queue, je vois ses sourires coquins, lubriques, son arrogance sexy, ses attitudes de mec assuré (et assurant) pendant la baise
le deuxième jet décolle et je le revois en train de me baiser chez lui, devant le miroir de sa salle de bain
puis sur la table de massages du terrain de rugby
je vois son visage pendant quil jouit en coulissant entre mes fesses
le troisième coup atterrit pile sur mon sternum et je revois Jérém repartir du KL en compagnie des deux pouffes et de Thibault, je limagine en train de prendre son pied sans moi, coude à coude avec son pote
jen suis au quatrième jet et je le vois sexy à crever en terrasse rue de Metz avec sa chemise blanche aux manches retroussées en train de se faire brancher par deux clients
et au cinquième jet
mince, ça change de scénario
je revois le sourire de Thibault, je ressens le contact de sa peau chaude contre ma joue
Jai encore joui et je me sens épuisé
je reste un petit instant immobile pour récupérer, savourant à fond ce moment de grâce absolu qui élève une branlette au rang de plaisir majeur
oui, une bonne branlette, plaisir solitaire après lequel, en raison justement de son caractère solitaire, on peut sabandonner complètement à soi-même, à lécho des dernières pulsations de notre plaisir qui semble encore vibrer autour de nous
on peut se permettre le luxe davoir joui et de rester là, allongés, immobiles, en silence, récupérant tout doucement de leffort, retrouvant peu à peu les esprits que la déflagration du plaisir a dispersé loin de nous, écoutant notre respiration, ressentant la douce chaleur qui pulse dans notre ventre et qui irradie vers le reste de notre corps
Après une bonne branlette on est bien, on est provisoirement en harmonie avec nous même et en accord avec le monde
et on est surtout seuls, ce qui empêche que la présence dune autre personne ne vienne perturber ce moment de grâce
on est libres de penser à ce que lon veut, à qui lon veut, peut-être à rien du tout, sans que personne ne nous pose la question qui tue : « Tu penses à quoi ? », question qui en réalité veut très souvent dire : « Tu penses à qui ? », nous arrachant ainsi à ce moment parfait où le corps est complètement vidé, où la tête est complètement vidée
on est seuls, alors on est libres de ressentir les bien faits de la jouissance, lénergie qui parcourt chaque membre après que le plaisir ait provisoirement dispersé les tensions, nous offrant en plus un prolongement de répit dans le sommeil vers lequel il nous amène
Je déconnecte à nouveau
le sommeil me happe et je pars
je plonge
Le plongeon est net
mais une fois de plus de courte durée
je plonge à 4h18
hélas, mon esprit semble suivre de trop près le principe dArchimede
je plonge lourdement mais la poussée me renvoie vers le conscient
jémerge à nouveau à 4h58
je mendors à nouveau, pas pour longtemps, je me réveille
je me rendors
à moitié
le rêve, le sommeil, la veille, la conscience et le fantasme se mélangent de façon tellement confuse que je ne saurais les distinguer
Ma nouvelle branlette reprend là ou lavant dernière sest terminée
le beau Thibault avec son débardeur gris qui pose sa joue sur la mienne et qui me chuchote « Maintenant on est potes
»
son regard vert marron et son sourire charmeur
Thibault, un monde inconnu qui mattire
Thibault avenant, attentif et bienveillant
Thibault qui na jamais un mot de trop mais toujours le bon mot
mes confidences à Thibault dans un bar du quartier de la Gare Matabiau
le frisson procuré par ses mains chaudes qui enserrent les miennes pour me donner du courage
ses doigts qui essuient carrément mes larmes
Thibault qui répond à certaines de mes questions et qui men fait poser bien dautres
au juste, cest quoi Thibault pour Jérém? Un simple pote ou plus ?.
Je me branle très fort en pensant à ce beau Thibault pour qui je ressens une attirance de plus en plus forte
Thibault dont je fantasme, intrigué, les envies et les attitudes pendant lamour
Thibault qui me fait un effet de dingue et que je narrive plus à savoir en cette nuit bizarre si je veux lavoir comme ami ou plutôt comme amant
Thibault la puissance virile tout en retenue
Thibault dont jimagine bien le plaisir que jaurais à lui faire découvrir tant de choses, comme je lai fait avec mon beau brun
Thibault qui me fait sacrement envie
voilà un autre gars dont le corps magnifique, empreint dune sensualité discrète mais oh combien intense, semble être conçu exprès pour lamour, pour jouir, pour donner du plaisir
comment ne pas avoir envie dun garçon pareil ?
Je jouis en mavouant que ce Thibault me fait vraiment craquer
oui, comme souvent, cest en jouissant quon savoue la vérité
Cest cette dernière branlette qui me permettra de faire la grasse mat
de rouvrir lil à lhonorable écheance de 10h49
et de me sentir somme toute assez reposé
ce qui ne mempêche pas, au fur et à mesure que ma conscience séveille, de retrouver face à face avec mes conflits intérieurs
de me sentir soudainement triste et coupable pour ce que je viens de faire pendant la nuit
c'est-à-dire, ouvrir grand la porte à mes fantasmes les plus délurés, des fantasmes de soumission, de domination avec Jérém
comme si dimanche dernier navait pas existé
je narrive pas à croire que je suis en train de revenir sur tout cela
avec en prime, cette dernière branlette en fantasmant sur Thibault, le meilleur pote de Jérém
vraiment
cest nimporte quoi
Pourquoi ces fantasmes avec Jérém, des fantasmes de pur passif, ont-ils refait surface alors que dimanche dernier, avec Stéphane, jai découvert que je peux prendre mon pied comme un mec, que jaime vraiment quun garçon s'occupe de moi... alors que pas plus tard quil y a deux ou trois jours javais limpression davoir passé un cap, davoir le droit et lenvie dêtre plus que sa chose à lui ?
Je croyais quaprès avoir découvert cela, jaurais eu envie dautre chose que de me soumettre à la virilité du beau brun
comme lenvie dexprimer la mienne
je lai cru pendant un moment
pas longtemps, hélas
mais plus les heures passent, plus je me rends compte que le fait dêtre passé pendant un instant de lautre coté du plaisir, davoir fait une incursion dans le monde inconnu de la jouissance spécifiquement masculine, au lieu de me rendre nécessaire de prendre mon plaisir comme un « vrai mec », va me rendre le besoin de donner du plaisir aux mecs, à ce mec, encore plus indispensable
Oui, maintenant je sais ce qui se passe dans le corps et dans la tête dun garçon qui se fait sucer
jusquà jouir dans la bouche dun autre garçon
et si je ne lai pas encore expérimenté, je devine très bien, pour y avoir été si près avec Stéphane, ce que ça peut faire que de se faire avaler le jus
oui, maintenant que je sais, jai envie de lui apporter ces plaisirs comme jamais
Jai cru que je pourrais enfin maffirmer en tant que mec et je me retrouve à devoir admettre que je narrive pas à mimaginer autrement que dans le bonheur dun mec soumis, un mec qui a compris aujourdhui pleinement le plaisir immense qua sa soumission est capable doffrir à son homme
De toute façon, j'ai beau avoir réalisé que je peux jouir avec ma queue, ce nest pas pour autant que cela deviendrait une option réaliste avec Jérém
car le beau Jérém
se moque éperdument de mon pied, car tout ce qui compte c'est le sien...
Définitivement, jai replongé, et pas quun peu
jai essayé de résister
un temps
et puis jai cédé à mes faiblesses
aller le voir avec la ruse minable du bus
aller voir Thibault pour parler le lui
tout lui avouer
envisager daller à la soirée du bac
il a suffi de quelques écarts pour que la nuit dernière je me branle en mimaginant à nouveau complètement soumis à sa queue
Pourquoi donc ce mec me fait-t-il cet effet là ? Pourquoi lai-je à ce point dans la peau ? Pourquoi suis-je complètement esclave de sa queue ? Pourquoi rien que de penser à nos baises me fait bander comme un âne et me donne une envie incroyable de me faire sauter sans autre forme de procès ?
Est-ce à cause de la virilité puissante, sauvage et débridée de Jérém, une virilité « à létat pur », sans tendresse, une attitude qui fait que je nai tout simplement pas les mêmes envies avec lui qu'avec Steph? Est-ce que les phéromones profondément masculines de Jérém ne menvoient pas un message radicalement différent que celui envoyé par la sensualité de Stéphane?
Au final, quand jy pense, jai limpression quavec un gars comme Stéphane tout serait simple et possible, alors quavec Jérém
il n'y a que ce quil veut lui qui est possible... avec Jérém, je ne suis pas libre de mes choix, car toutes mes résolutions, mes envies, mes plaisirs sont sous réserve du charme et des envies du beau serveur
Jai beau essayer de trouver des explications pour justifier mon désir insensé pour le beau brun
la seule explication vraie et valable est pourtant claire comme eau de roche. Elle vient une fois de plus pendant lorsque je jouis et quà nouveau une apaisante chaleur se répand dans mon bas ventre
Je lai dans la peau. Un point cest tout. Et cela ne sexplique pas. Et surtout, ça ne se commande pas.
Je repars dans le sommeil, mais je reviens assez vite. Bien assez vite pour me faire rattr par le stress vis-à-vis de la soirée qui arrive
je sens que ça ne va pas être une mince affaire de retrouver Jérém
je sens que ça ne va pas être une mince affaire de le temps avant le rendez vous boulevard de Strasbourg
Encore une heure avant midi
Une seule option se présente à moi
la voix de Mlle Ciccone à fond dans la chaîne Hi-fi
et tant pis pour les voisins
ça leur fera du bonheur à eux aussi, ils passeront me remercier à loccas
ce coup ci, cest le tour de lalbum Erotica
de Fever à Deeper and Deeper, de Bye Bye Baby à Rain, de Words à Erotica
il faut lavouer, cest lun de mes albums préfères
définitivement, sa voix et sa musique ont ce pouvoir quaucun(e) autre artiste ne possède sur moi
un pouvoir presque magique, le pouvoir de mapaiser, de me faire sentir bien, entouré et, au final, plus fort
oui, entouré par sa voix, par sa présence
cest le pouvoir dune « copine » de 10 ans déjà, une copine dont la voix et les rythmes ont marqué chaque instant important de ma vie
Midi arrive. Déjeuner rapide. Maman me demande ce quon va faire de notre soirée du bac.
Resto, Bodega et Esméralda, maman.
« Tu seras en voiture avec qui? »
« Je ne sais pas encore, peut être avec Rémi
»
Jen sais foutrement rien avec qui je vais être en voiture
je sais que je voudrais me retrouver à deux dans une vieille 205 rouge, mais à part ça
le nom de Rémi mest venu comme ça, presque sans réfléchir
maman connaît mon camarade Rémi, elle sait quil a le permis depuis peu mais elle sait aussi que cest un garçon sérieux, quil a de bonnes notes, quil porte de lunettes
bref, je sais que les quatre lettres du prénom « Rémi » la rassurent
mais pas tout à fait
« Sil boit, tu ne montes pas avec lui
»
« Il ne boit pas
»
« On ne sait jamais, pour fêter le bac, peut être quil va se laisser aller
»
« Ok, maman
»
« Tu vas encore rentrer tard
»
« Il y a des chances maman
peut être même que je vais dormir chez Rémi si cest vraiment tard, je rentrerai demain matin
»
Pourquoi je nai pas pensé à Rémi, avant ? maman connaît Rémi, mais pas ses parents, du moins pas aussi bien que ceux de Dimitri
moins de risque de me faire gauler
« Si jamais il a bu, nhésite pas à appeler, on viendra te chercher
»
« Tinquiètes, lEsmé nest pas loin
»
« Cest pas une question de distance quand on a bu
»
« Je te promet que je ferai attention avec qui je monte en voiture
»
Maman semble enfin un peu plus rassurée. Le dessert arrive, je fais limpasse sur le café
il me faudrait une verveine plutôt
ou de lExomil
Je lui fais un bisou avant de partir. Ça aussi ça la rassure. Et ça me fait du bien. Jaime bien ma maman. Parfois je la trouve un peu borné, et ce nest pas quau sujet de nos relations mère fils. Je trouve quelle a une image du monde complètement négative, hostile, elle est en permanence sur la défensive, cest comme si elle se sentait menacée à chaque instant par tout et par tout le monde, cest presque phobique et parfois ça me rend triste pour elle.
Mais jaime bien maman. Alors jai un peu honte. Car je ne peux pas mempêcher de me demander ce quest ce quelle penserait de moi si elle avait ne serait-ce quun petit aperçu des images érotiques qui ont peuplé ma nuit, des envies qui sont les miennes, si elle se doutait de ce que jai fait avec Jérém depuis des mois, surtout dans le rôle que je lai fait et avec lattitude de parfaite soumission que je lai fait
que penserait-t-elle de moi si elle savait que je suis raide dingue dun garçon prénommé Jérémie et que je suis prêt à tout accepter de lui, jusquà lhumiliation et à certaines formes de violence ?
Mais bon, ce nest pas le sujet du jour
je nai pas le temps pour ce genre de réflexion
je suis accaparé par un autre sujet bien plus brûlant
il me tarde de sortir, daller courir
le stress pour la soirée monte de minute en minute et je ne tiens plus en place
je sens que cet après midi il me faudra le combiné Madonna + bon jogging sur le Canal pour essayer de calmer tout ça
Je me mets en tenue, short et t-shirt, baskets de compet et je suis dans la rue. Cest une belle journée de soleil et le vent dAutan souffle toujours
il souffle depuis le milieu de la semaine et il semble avoir encore pris de lintensité en ce samedi après midi
cest comme sil voulait me dire quelque chose, avec insistance, mais je narrive évidemment pas à savoir quoi
oui, un truc va arriver
ce que je ne sais pas encore, cest que le soir venu je vais assister à une autre scène danthologie, le genre de séquence que seul le scénariste, réalisateur et comédien Jérém T. sait concevoir et amener au bout avec de rebondissements multiples et une chute quon naura jamais vue venir
14 heures, je cours et jessaie dimaginer les retrouvailles avec Jérém après une semaine de silence
jai à la fois très envie de le retrouver et très peur
je suis toujours très en colère contre lui
je me demande comment va être son regard et surtout comment je vais l'affronter
True Blue est vraiment lalbum de linsouciance
True Blue la chanson me fait toujours le même effet, elle me met de bonne humeur
tout comme Love Makes The World Go Round
et Wheres the party ?
15 heures, je cours toujours
plus je cours, plus je me sens apaisé
les mots de Thibault me reviennent à lesprit
« Nico
ne te prends pas la tête
ne pense pas à comment ça va se passer, de toute façon ça ne se passera jamais comme tu las imaginé
détends toi, écoute ton coeur, sois toi-même
tu sauras comment faire quand le moment se présentera
».
Je cours et je revois le beau mécano dans ce rêve de dingue de tout à lheure où je me vois bien lui faire des trucs
comme à Jérém
et là je me dis : mais vraiment, Nico, là tu débloques
jessaie de détourner ma pensée, de revenir volontairement à linquiétude pour ma soirée
hélas, je ny peux rien
je revois le regard troublé et troublant de Thibault au moment de nous quitter à larrêt du bus le jours où nous avons pris lapéro rue de Metz
son regard en quittant la veille le bar de mon premier coming out
sa façon denserrer mes mains dans les siennes, sa main qui se pose sur mon épaule comme une caresse
sa joue qui effleure la mienne, cette bise qui ma donné des frissons
Je frissonne en me demandant si tout cela nest bien que le témoignage de sa profonde bienveillance vis-à-vis du garçon qui fait un peu le bonheur de son meilleur pote
ou alors sil faut y lire autre chose, genre une attirance pour moi...
Je suis pas bien
je pars vraiment trop loin dans mes délires
le beau Thibault, pas moyen
le charmant mécano, pas touche
et même pas en rêve
car, quand bien même je lui plaisais, entre nous un obstacle insurmontable se dresse, il porte le nom de Jérémie
non, jamais je noserais tenter quoi que ce soit avec le meilleur pote du mec que
jaime ? qui
me baise ? à vrai dire je ne sais pas bien comment terminer ma phrase
En tout cas, il ne se passera rien avec ce mec qui est en passe de devenir également mon pote, voire mon meilleur pote
et même si, hypothèse absurde, ça devait être lui qui venait me brancher, je me sens prêt à refuser gentiment ses avances
Je sens déjà que ça va être facile dêtre son ami, de le côtoyer tout en ressentant une attirance certaine à son égard et en minterrogeant sans cesse si elle est partagée
Pourtant le doute sinsinue et peu à peu sinstalle en moi
Thibault et moi, unis par un non dit qui me plait et qui laisse la porte ouverte à tous les fantasmes
Je tente déchapper à tout cela
je monte un peu plus le son de mon baladeur, là il est à fond la caisse
jaugmente un peu le rythme de la course
je me concentre sur la musique qui explose dans mes oreilles
oui, Music est vraiment un album à écouter avec un bon casque
la chanson éponyme se termine pour laisser place à lexplosion électronique dImpressive Instant, une pure ie
15h30 heures, les platanes défilent toujours devant moi
il est temps de faire demi tour
lalbum Like a Virgin
que de tubes
Material Girl et Like a virgin version longue, du pur délire
Into The Groove et la moins connue Love Dont Live Here Anymore
une chanson que je voudrais pouvoir un jour crier en pleine figure à mon con de ti brun comme le signe de ma guérison, de la fin du pouvoir tout puissant quil a sur moi
mais on nen est pas là, du moins pas encore
Jarrive à la maison en écoutant Express Yourself
vaste programme
Don't go for second best baby/Ne te contente pas de la seconde place, bébé
Put your love to the test/Mets votre amour à l'épreuve
You know, you know, you've got to/Tu sais, tu sais, que tu dois
Make him express how he feels and maybe/Lui faire exprimer ce qu'il ressent et peut-être
Then you'll know your love is real/Qu'alors tu sauras que ton amour est réel
Lorsque je quitte le baladeur pour aller prendre ma douche, cest 17h30
il fait chaud dehors et mon corps échauffé par la course reçoit la douche tiède avec grand plaisir, comme une caresse
je refroidis leau petit à petit, et je sens le bien être se répandre sur ma peau.
Je sors de la cabine et ma peau humide retrouve avec bonheur une serviette bien chaude décrochée du sèche serviettes juste a coté
cest pendant que je me sèche que tout remonte en moi, les souvenirs de samedi dernier, et avec eux de la colère, beaucoup de colère à son égard
Alors, quelle attitude adopter ce soir ? Lignorer, tout simplement en me disant que nos vies vont de toute façon nous éloigner incessamment sous peu ? Lignorer, facile à dire
que faire si je reçois un de ses regards charmeurs en pleine figure ? Et sil vient me parler ? Vais-je lui balancer ce que je ressens ou vais-je le laisser me reprendre et me jeter une fois de plus au gré de ses envies ? Et puis
va-t-il seulement avoir encore envie de moi ? Son sketch de samedi soir, me laisser en plan et aller baiser ailleurs, naurait-t-il pas été la chute finale du dernier acte de notre relation ? Naurait-t-il pas fait exprès de me jeter ainsi et de me montrer quil préférait revenir aux nanas pour que je lui foute la paix une fois pour toutes ?
Ou alors
faudrait-t-il essayer de lire entre les lignes, au delà de son comportement blessant de petit con, écouter les mots de Thibault, lorsquil dit que Jérém tient à moi
à sa façon
que la distance quil met entre nous nest quune façon de se protéger
quil est méfiant à cause de la souffrance endurée dans son enfance
quil faut que je profite du temps qui reste avant son départ pour tenter de lapprivoiser
Quest ce que la vie est compliquée lorsquon aime
mais quest ce quon se sent vivants lorsquon aime
parfois inquiets, épuisés, mais bien vivants
Dun geste machinal et inutile, puisque je suis enfermé tout seul dans la salle de bain, je passe la serviette autour de la taille, la fixant juste au dessus des hanches
je me plante devant le miroir et je me badigeonne de mousse avant de commencer à me raser
Pendant que je pars à la chasse des poils fins et clairsemés que les lames multiples de la tête du rasoir narrivent pas à déceler sur mes joues ensevelies sous lexcès de mousse, je laisse traîner lil sur le reflet de mon physique dans le miroir devant moi
Et là, à cet instant précis, je me ferais presque une réflexion différente de celle que je me suis toujours faite devant la même image dans le miroir
jai toujours pensé que je ne pouvais pas plaire
que jétais trop petit
je sais, complexer sur 1 mètre 74 cest con
mais quand on se trouve face à 1 mètre 82, le regard haut et fier, la peau mate, la queue tendue qui frôle 19
alors que pour la taille on fait moins 8 cm, lattitude plutôt intimidée qui ne met pas en valeur, la peu blanche comme un cachet et que par ailleurs on fait moins 3-4 cm
il y a de quoi ressentir des complexes
Je ne me suis jamais trouvé beau, peut-être déjà car je me comparais aux apollons qui attiraient mon attention
ensuite, objectivement, jusquà là, je nai jamais fait deffort pour me mettre en valeur
javais acté que jétais incapable de plaire, que je ny arriverai pas, que je ne savais pas y faire, que je serais puceau jusquà perpette, que je navais rien dintéressant à offrir à lautre, que cétait ainsi et pas autrement
Jai toujours dans ma tête cette réflexion prise dans la gueule un après midi de la Toussaint deux ans plus tôt, lannée de mes 16 ans. Comme chaque année à cette occasion, mon oncle, le frère de mon père et sa famille, sa femme et leurs fils Cédric, un beau garçon brun âgé dà peine quelque mois de plus que moi, se tapaient la route depuis Brives pour nous rendre visite dans laprès midi. On se rendait ensuite tous ensemble au Cimentière en haut de la rue Gabrier Péri pour se recueillir sur le caveau de famille
Depuis leur déménagement quelques années plus tôt, je ne voyais ce gens là quune, peut être deux fois par an
et ce jour là, après des mois depuis la dernière rencontre, javais trouvé que Cédric avait bien changé
il avait poussé en taille, ses épaules avaient pris du volume
sacré Cédric, il commençait sérieusement à faire
garçon
javais le souvenir dun ado comme moi, et là je le trouvais grandi dun coup
attirant
De plus, ce jour là il était super bien habillé, avec un beau pantalon de marque et un blouson style étudiant américain, bleu et blanc
il ne faisait pas bien chaud, alors le blouson était fermé, mais la petite ouverture en haut laissait entrevoir larrondi dun t-shirt blanc comme je les aime
il faut dire quil était vraiment beau
et ses fringues le mettaient terriblement en valeur
Moi, en revanche, jétais comme toujours habillé par ma mère en jeans Carrefour et pull sans style, blouson super quelconque
ma mère navait pas le temps pour les courses, de toute façon elle naimait pas ça
je me souviens mêtre senti un peu mal à laise par rapport à Cédric
car il avait lair assuré, limite il se la pétait un peu, javais même limpression quil me parlait de haut, alors qus, lorsquils habitaient encore sur Toulouse, on avait été très proches
désormais tout cela était fini et cétait limite si je nétais pas intimidé par ce garçon
Je le regardais et je me disais que, alors que jétais encore puceau, lui il avait déjà du coucher avec une ou plusieurs filles
je me faisais cette réflexion, déjà assez humiliante pour moi, lorsque jai entendu mon oncle parler avec une petite fierté de « sa copine »
Cest là que ça a commencé à dér
dans la foulée jai entendu mon père féliciter Cédric pour lexploit
« Il faut samuser à ton age, Cédric
faut profiter
»
Et dajouter dare dare «
faudrait que tu expliques à ton cousin comment on fait pour choper les nanas »
Cédric avait alors eu un petit sourire de fierté en se sentant ainsi valorisé dans une comparaison qui flattait son ego masculin
et quimporte si le mien en avait pris une claque
Oui, cétait un petit malaise que je ressentais vis-à-vis de mon cousin, un malaise qui faisait le pendant avec le fait que justement à cette époque jétais en plein conflit intérieur au fur et à mesure que je prenais conscience de ma diversité, du fait que jaimais bien les garçons
et notamment les jeunes garçons bruns et sexy de mon âge, comme Cédric justement
Le petit malaise avait pris de lampleur lorsque javait entendu mon père féliciter Cédric, avec cette remarque qui nous rapprochait dans une comparaison doù je sortais rabaissé
déjà que ce petit con me prenait de haut, là cétait foutu
Mais le malaise vira à lhumiliation lorsque jentendis mon père faire une nouvelle réflexion à mon oncle, une réflexion sur le ton de la rigolade mais quand même empreinte dun certain sérieux, des mots prononcées sans se soucier que je puisse les entendre ou pas, et encore moins de leffet quelles pourraient avoir sur lédifice dun moi à ce moment en pleine construction
Cétait une réflexion du style : « Regarde Nico et Cédric cote à cote
il nont que quelques mois décart, mais ils sont si différents
ton Cédric fait
homme
alors que Nico fait encore
».
Cest ce jour là que jai senti pour la première fois la déception dans le regard de mon père vis-à-vis de moi.
Je ne sais pas pourquoi ce samedi, avant la soirée pour fêter le bac, juste avant daller retrouver Jérém, je repense à ce moment
il y a des trucs comme ça, qui nous blessent, ça guérit mais la cicatrice reste
aujourdhui, lorsque jécris, ça fait plus de vingt ans que jai entendu cette réflexion
et je ne lai toujours pas oubliée
Et cest une sorte de revanche sur ce que jétais, sur le jeune garçon timide et introverti, quen ce samedi je trouve rassurant de regarder ma silhouette dans le miroir et de me dire
ça va, quoi
tu nes plus un non plus
ton corps commence à ressembler à quelque chose
tu es certes un homo, un pd, tout ce quil y a de plus passif et de soumis, bien loin de limage que lon a de ce que devrait être un mec, un vrai mec de ton age courant la chatte
ton père, sil savait, ne serait certainement pas fier de toi, pas du tout
cest Cédric quil voudrait avoir comme fils
Mais quimporte
je me regarde dans le miroir et je me dis que jai quand même lair dun mec, pas plus moche que tant dautres et surtout pas efféminé
pas viril non plus, mais pas efféminé
Jai un torse imberbe, à la peau fine et soyeuse
deux tétons capables de faire envie, je pense, comme me la montré Stéphane
une chute dépaules agréable à regarder, des biceps pas très épais mais harmonieux
Certes, ma peau est un peu trop claire, de petits grains de beauté sont parsemés un peu partout en partie haute de mon torse, au dessus de mes tétons
jaimerai bien avoir une peau bien mate, limite basanée, comme certains
mais enfin
et si je ne peux pas vraiment dire davoir des pectoraux saillants et des tablettes de chocolat sculptés, jai quand même un petit torse en v bien proportionné, quon pourrait presque qualifier de légèrement dessiné
Je regarde mieux
cest la première fois que jy fais gaffe
presque ça marquerait un brin autour du nombril, on devine sous la peau des muscles dessinés en carreaux, des muscles dont la timide apparition ne tient pour linstant quaux promesses de mon jeune age et à ma condition physique parfaites, des muscles qui seraient prêts à se manifester avec plus déclat si seulement je leur accordais un peu dattention en faisant un minimum dexercice dans une salle de sport
je note quelque part dans ma tête le propos de mappliquer à ce genre dactivité au plus vite
Dautant plus que je retrouve le souvenir davoir entendu un jour ma mère dire que javais un physique de nageur
je crois quelle exagérait un brin, les mamans se laissent parfois emballer au sujet de leur progéniture
Voilà, jen ai fini avec ma barbe virtuelle, jessuie mes joues des dernières traces de mousse et je retrouve enfin mon visage
jai quand même un petit minois de gentil garçon
jai de belles lèvres charnues, des yeux châtains très grands, jaime bien mes longues sourcils
Mes cheveux bruns sont épais, doux, brillants
depuis quelque temps, jai laissé pousser
ils sont encore un peu humides et ce soir je vais tenter les fixer en bataille avec du gel effet mouillé
cest la premier fois que je tente lexpérience
jy travaille un peu, à droite, à gauche, plus de gel, plus haut, trop haut, un peu plus bas, encore un peu de gel, tire par ici, colle par là, pétrit nimporte comment
à la fin, il faut admette que le résultat nest pas mal
ça fait des mèches en forme de vagues un peu dans tous les sens
certaines retombent à peine sur mon front, ça me donne un coté négligé chic qui tranche un peu beaucoup avec mon brushing plat de toute lannée
merci Elodie, cest grâce à toi que jai appris à me soigner un minimum
Depuis quelque temps, lorsque je sors de la douche et que je me trouve devant le miroir, je sens de plus en plus dassurance vis-à-vis de mon apparence
oui, depuis quelque temps, jai limpression que quelque chose est en train de changer, à la fois dans mon corps mais surtout dans le regard que je lui porte
bref, lorsque je me regarde torse nu dans le miroir, jarrive enfin à me dire quil y a plus moche
Ça a commencé à Gruissan, lorsque plusieurs fois ma cousine ma dit que jétais beau garçon et que je devais juste apprendre à me mettre un peu en valeur et croire un peu plus en moi
je repense au soir où elle ma entraîné manu militari dans la salle de bain pour un relooking extrême juste avant de sortir
un coup de gel et déjà je ressemblais à autre chose
et le petit mec sur le port, le petit brun avec le regard très accrocheur que je navais pas su brancher, en était la preuve vivante
Ensuite, ça doit être le fait de coucher avec un apollon comme Jérém
car si on a trop souvent vu de beaux étalons traîner avec des dindes, il est déjà plus rare de voir de beaux étalons traîner avec des dindons
en général, le bogoss qui aime le goss, aime le bo-goss
je ne sais pas si je suis bogoss, je ne crois pas, je suis un mec tout ce quil y a de plus normal, mais je ne dois pas être si moche que ça, car Jérém, dont lappartement est situé pile à mi route entre la Ciguë et le On Off, deux hauts lieux de la vie gay toulousaine, naurait que lembarras du choix pour se taper de bombasses
alors, si on considère le fait que cest en moi quil aime si souvent tremper sa zigounette
il y a bien de quoi être flatté
Ou encore
peut-être le fait davoir plu à un charmant garçon comme Stéphane, un mec qui ma montré quil avait vraiment envie de moi, qui ma montré que je suis assez attirant et assez mec pour quon ait non seulement envie de rentrer en moi pour prendre son pied, mais pour que lon sintéresse à ma bite et que lon soccupe delle, et de moi, jusquà me laisser jouir dans une bouche
Ou, alors, est-ce le fait davoir entendu Thibault me dire que je suis joli garçon, lidée que je puisse lui plaire
être à son goût
Ou bien
le fait davoir accroché quelques regards en boite, même si je les ai toujours ignorés
soudainement je repense au gars en débardeur blanc qui mavait montré son sexe aux chiottes lors dune soirée au KL et qui mavait carrément proposé de senfermer dans une cabine et passer un moment sympathique avec lui
Oui, Elodie a été la première à me dire que jétais beau garçon
hélas, le regard dun beau gosse qui me plait, a plus deffet sur moi que tous ses discours aussi bienveillants et adorables soient-ils
Tous ces regards de mecs qui se sont posés sur moi avec désir et envie se superposent, se mélangent et me mettent du baume au cur
je crois que je suis en passe de prendre conscience que je suis un garçon qui plait et quil suffirait de me laisser aller et arrêter de me prendre la tête pour avoir ma part de bonheur
Cest une idée qui me fait frissonner et qui me donne des ailes
arrêter de me prendre la tête
jouir du moment présent
jouir de que je peux avoir
arrêter de faire une fixette sur ce qui est hors de ma portée
arrêter avec cette stupide obsession de lamour
faire ce que jai envie, au moment que jen ai envie
prendre mon pied
comme Jérém
Et soudainement je me sens vivant, jeune, attirant, plein despoirs, ma nudité me satisfait, je me trouve bien dans ma peau, une peau un brin pâlote que je rêve de frotter avec celle bien plus mate et dorée, une peau dégageant de la testostérone à plein nez, la peau ferme et chaude dun beau mâle toulousain nommé Jérémie
Je sens lexcitation monter, un frisson partir de mon anus et faire vibrer ma queue
je sens la fraîcheur de lair de la salle de bain caresser la peau de mon torse, mes tétons, mes épaules, mon dos, mon cou
mes sens sont en éveil
Jouvre ma serviette et je libère ma queue
elle nest déjà plus au repos
elle se réveille lentement, mais inexorablement
je la regarde, mi molle, mi dure
elle ne vaut pas le sacré manche de Jérém, certes, mais elle est correcte, surmontée dune ligne droite de poils, fournie mais sans trop, pile le genre de chemin qui tant mexcite chez les autres garçons, et entouré dune touffe que jai appris à entretenir à la tondeuse sabot de 6
Je la prends dans la main et je la caresse
jai 18 ans, les hormones à fleur de peau, je sors de la douche et je pense très fort au mec qui me fait jouir à en perdre raison
dès que mes doigts se posent dessus, je ressens un frisson, elle commence à durcir très vite
ma peau réveillée par la caresse humide de leau, mon corps nu devant mes yeux, ce corps qui a tant de fois servi au plaisir de lalpha-mâle
si je nétais déjà presque à la bourre, je me taperais bien une bonne branlette
Je commence à la caresser
et lorsque lautre main pince mon téton, je menvole vers les étoiles
je me dis que jai le temps, vite fait
on peut être à la bourre tant quon veut, mais quand on a dix-huit ans et que lenvie nous prend, on a toujours le temps dune branlette vite fait
Je commence à me caresser plus vigoureusement en faisant appel dans ma mémoire à toutes les images sensuelles quelle est capable de me délivrer au pied levé pour découpler mon excitation et arriver plus vite au but
je sens que ça ne va pas tarder à venir
que rien ne va pouvoir me couper dans mon élan
Et cest là que
Oui, cest là que jentends taper à la porte
ça cest le genre dimprévu capable de gâcher une branlette vite fait
ma mère a besoin de la salle deau
voilà que ça me déconcentre, et je laisse tomber
je me console en me disant que je me réserve pour tout à lheure
car cest décidé, je ne sais pas encore quand et comment, où et dans quelle position, dans quel orifice et par quel moyen, mais ce soir je vais baiser avec Jérém
Un dernier regard à ma nudité, cette nudité que le miroir me renvoie et que pour la première fois je trouverais presque agréable à regarder
un dernier coup dil, et un souvenir puissant percute mon conscient
jen suis presque assommé
je sens une étrange énergie se diffuser dans mon bas ventre, jai limpression que tous mes muscles se détendent
une force invisible mais puissante me pousse à appuyer les coudes sur le bord du lavabo et à plier mon dos
je le creuse, je remonte ma croupe
je ferme les yeux
jécarte mes jambes
mon trou offert, béant, je sens le sang pulser tout autour, je sens mes entrailles vibrer denvie
Si seulement, Jérém, tu étais là, si seulement en rouvrant les yeux tu étais là, derrière moi, dans le réflexe du miroir avec moi, le manche bien tendu, prêt à prendre possession de moi, prêt à me baiser comme un dieu, prêt à jouir en moi comme ce fameux après midi dans ta salle de bain
je me concentre et jai limpression de sentir ses coups de reins puissants, ses couilles qui frappent violemment mes fesses, son manche qui gagne de plus en plus de profondeur en moi
Je le revois en train de jouir, son visage déformé par les grimaces dun plaisir tellement puissant qui en devient presque douloureux
je le vois jouir devant moi, dans le miroir, derrière moi, se répandre au plus profond de moi, je vois ses mains qui malmènent mes hanches sous leffet de la puissance incontrôlée de ses gestes, son conscient tout entier balayé par le tsunami de lorgasme
Putain
Jérém nest même pas dans la pièce et cest comme sil était avec moi, comme sil était en moi et
Et je jouis, je jouis sur les portes du petit meuble sous le lavabo, je balance de longues traînés presque rageuses, conséquence dune excitation hors normes
Là, je suis à la bourre
mais bon sang, quest ce que ça a été bon
et tant pis pour le fait de méconomiser
quoi quil arrive, ce soir je baiserai avec mon Jérémie
cest ça ou demain on minterne à lHôpital de Marchand.
Je repasse un coup à mon sexe, je nettoie le petit meuble, car il ne faut jamais laisser de traces derrière soi, et je mattaque aux fringues.
Primo. Un beau boxer blanc Athena tout neuf. Il sort de son emballage. Oui, cette semaine, jai aussi cassé la tirelire et fait quelques courses
Secondo : un jeans acheté dans un magasin qui ne vend que des beaux vêtements
cest vrai quun Levis est une valeur sure, et ce notamment depuis le fameux spot des années 80 avec un jeune Nick Kamen nhésitant pas à sortir son froc et à rester en calebut dans une laverie bondée de monde en attendant la fin du lavage (comment loublier)
oui, un bon vieux Levis sait mettre en valeur lanatomie dun garçon
Le tissu est très agréable, je le sens caresser sur mes jambes en le passant, je retrouve la même sensation que lors de lessayage, comme un coup de foudre
oui, ce jeans ressemble à une caresse, pour la peau et pour lesprit
il est très agréable au contact, et je sais quil me va très bien
cest vrai que jai cassé ma tirelire, mais je sens que dans ce pantalon je vais me sentir à laise et que enfin je vais ressembler à quelque chose
je boutonne soigneusement la braguette, je passe la ceinture noire que je me suis achetée
je me regarde à nouveau dans le miroir
torse nu, le jeans épousant ma morpho mais sans trop
lélastique du boxer qui dépasse un peu
ça le fait
jaurais presque un air
oui, un air de petit con à gifler
Je continue
je passe une chemise manches courtes à carreaux rouges assez ajustée à mes épaules et au profil de mon torse
le col se maintient bien haut, comme jaime
pour une fois que jai choisi un truc qui me plait vraiment
cest rare
je laisse deux boutons ouverts
Je termine en enfilant des chaussettes blanches et des baskets bleues, elles aussi toutes neuves
basses, ajustées au pied, cest la grande mode cette année
Jai même acheté et mis du déo en plus de mon stick anti-transpiration
je sens bon
oui, je sens bon le petit con
avec un ti con comme Jérém, il faut jouer à armes égales
Je mattarde devant la glace pour peaufiner mon brushing et je serai presque sur le point de me rendre compte que mon charme est en train de saffirmer
fini le petit vilain canard
oui, je peux plaire
jai envie den mettre plein la vue à mon con de beau brun
jai envie de me la péter un peu sous ses yeux, de le déstabiliser
si seulement je pouvais me faire draguer devant son nez
sil pouvait me refaire une scène comme celle de lEsmé la dernière fois
oui, mon Jérém, je vais être soumis à ta queue, mais je vais vendre cher cette soumission
Je quitte la maison comme sur un nuage
la branlette a eu un effet apaisant sur mon corps
cest la première fois que je me sens si bien dans ma peau, si à laise dans mes baskets, dans mon jeans, dans ma chemisette, sous mon brushing et avec mon parfum
jai envie quon sintéresse à moi, quon se retourne sur mon passage
jai toujours cru que je navais rien pour moi et là jai envie de me sentir attirant, séduisant
Je sais quau fond, je ne fais tout cela que pour lui
pour attirer son regard
dans lespoir dattirer son regard
Le rendez vous est fixé à huit heures devant le resto
je suis à la bourre mais quimporte
je me balade dans les rues de Toulouse et jai limpression de planer
le vent dAutan na pas faibli, il caresse ma peau avec son souffle tiède
mes sens éveillés au possible, jai limpression de capter des regards partout
jai limpression quon se retourne sur moi
arrête de te faire des idées Nico
mais parfois, oui, on se retourne sur moi
Lorsque jarrive devant le resto, une partie des camarades est déjà là
je le cherche
mais jai beau lancer et relancer le Nico-scanner, Jérém nest pas là
cest connu, ce sont ceux qui sont les plus proches qui sont le plus en retard
Je ne suis même pas encore à portée de bonjour, que déjà je remarque quon me dévisage
les conversations se figent, on se retourne vers moi
on dirait quon leur montre pour la première fois la couverture de « Bad » et quils sont en train de se demander : « Mais il nétait pas noir, lui, avant ? ».
Au fur et à mesure que japproche, jentends des exclamations gentiment moqueuses, des commentaires étonnés
ma nouvelle allure ne passe pas inaperçue
on me charrie
jen suis à la fois fier et gêné
tout le monde y va de la sienne
des sifflements
« il veut emballer »
« Nico sest mis sur son 31 ce soir »
encore des sifflements
« Je te lavais dit quil fallait juste quil se coiffe
»
« Quest ce qui tes arrivé
tas gagné au loto ? »
« Tu vas perdre ton pucelage ce soir
»
Bref, pendant que jaccomplis ma tournée « Bonjour, bonsoir », pendant que je serre des mains et que je claque des bises, ça fuse dans tous les sens autour de moi
je rigole, essayant tant bien que mal de garder une certaine contenance
me demandant si je nen ai pas fait un peu trop, mais me disant au final que jaime bien quon remarque que jai fait des efforts
si seulement ils savaient pourquoi
et surtout pour qui
si seulement lui aussi pouvait le remarquer
Une fois la tournée achevée, fini le petit effet de mon entrée en scène, passé le petit coup de fouet émotionnel du fait de lire la surprise dans les yeux et dans les moqueries de mes anciens camarades, jessaie de mintégrer dans une conversation
je ne veux surtout pas avoir lair dun con dans son coin lorsquil se pointera
Lheure avance, toujours pas de Jérém
jai hâte quil soit là et je redoute le moment où il va arriver. Je commence à stresser dur
il va arriver dune minute à lautre et jen ai la boule au ventre
jai la tête ailleurs, je narrive pas à me concentrer sur les conversations, je rigole nerveusement, bêtement, de tout, de rien, de nimporte quoi
je suis comme ivre
je dois avoir lair dun idiot
un idiot bien coiffé, bien sapé, mais un idiot quand même
Mais cest pas possible
il nest pas encore là et déjà jai le cerveau qui chauffe, qui fume, qui fout le camp
je me demande quest ce que ça va être quand il va arriver...
Jarrive quand même à rentrer dans une conversation avec Alexandra, une nénette plutôt rigolote, avec qui javais fait pas mal de travaux en binôme les deux dernières années
oui, on sentendait bien elle et moi
jusquau jour, ça devait être en janvier, où elle avait essayé de me faire du rentre dedans
elle mavait carrément passé la main sous le t-shirt
celle là je ne lavais pas vue venir et je métais sorti du pétrin en balançant que, hélas
. euh
c'est-à-dire que
oui, cest ça, c'est-à-dire que je nétais pas prêt pour cela
elle avait gobé ça
ouf
ça avait été notre dernier exposé ensemble
Mais désormais, la fin de lannée venue, le bac passé, il semblerait y avoir prescription pour pas mal de choses, pour presque tout à vrai dire, et le petit malaise quil y avait eu entre nous parait complètement disparu face à la nouvelle dimension quest en train de prendre notre vie
tout saccélère autour de nous à ce moment là et les petites bêtises du passé, des bêtises détudiants et dados que nous sommes, ou plutôt que nous avons été, semblent désormais sans importance
On est justement en train de discuter de lun de nos exposés en duo, lun des plus raté
Camille et Rémi sont venu nous rejoindre et la conversation devient plaisante et prenante
quand je vous dis que après le bac plus rien nest pareil
même Rémi, dhabitude introverti et sans attrait, à part celui de sa jeunesse, me parait avoir un charme et un coté sympathique
bref, à tous les quatre, nous finissons par déconner sévère
Dans cette conversation drôle et marrante dans la quelle je prend partie activement, je me sens bien, détendu, comme protégé
je me sens comme soutenu et réconforté par cette bonne déconnade, comme si le fait de me montrer à laise et souriant avec des camarades, plutôt que replié sur moi-même, en train de lattendre, lui et lui seul, pouvait montrer au beau brun que je sais être quelquun de brillant, de branché, dans le coup, et pas le vilain petit étudiant discipliné et ennuyeux à mourir
Nous voilà partis dans un délire de souvenirs détudiants, où le rire tente de couvrir une nostalgie partagée par chacun mais avouée par personne. On rigole de tout, et spécialement des moments qui nous ont paru sur le coup les plus difficiles à vivre, les caps les plus rudes à passer
un souvenir en entraîne un autre et jai limpression quon pourrait rester des heures à remémorer, déformer les événements, enjoliver le passé
Je suis en train de me dire que cest dommage que tout cela se termine, car maintenant que cest fini, je trouve mes camarades bien sympa
pendant des années je me suis senti isolé, ignoré, différent, rejeté
jétais tellement sage, tellement pas dans le coup, et souvent on se moquait de moi
Ça a duré jusquau deuxième trimestre de lannée du bac
cest là que jai commencé à me sentir mieux dans ma classe
je réalise à cet instant que jai commencé à me sentir bien au lycée à partir du jour où, sur un coup de tête dont je nattendais franchement rien, jai proposé à Jérém de réviser les maths. Je craignais un refus méprisant et, contre toute attente, le beau brun a dit oui
Quand jy repense, jai la nette sensation que le fait de côtoyer le bogoss du lycée, ma fait comme monter en grade
Peut-être que les regards ont changé autour de moi, peut être pas
ce qui a certainement changé en revanche, cest mon état desprit
le bonheur de découvrir la sexualité de mon beau brun et, par la même occasion, ma propre sexualité
et ce qui a changé par-dessus tout, cest le fait
dêtre amoureux
car lorsque la lumière brille dans le cur, tout parait beau à lextérieur
Et voilà que, pied de nez de la vie, dans la dernière scène du dernier épisode de cette ultime saison de la série « Nos années Lycée », une partie de moi trouve dommage que lon ne puisse pas signer pour une saison de plus
du style « Tous à la fac », la même, pour rigoler encore
Certes, je suis lucide
je sais que cette bonne ambiance pétaradante est certainement due au fait que tout est fini, que le stress du bac est passé, que nous sommes loin des bancs, de la classe, des profs, et que tout le monde, sans exclusion, a un bac à fêter ce soir là
cependant, à ce moment précis jai limpression que ma vie de lycéen va me manquer
je visualise la page se tourner, avec en filigrane limage de mon beau brun
jen ai un frisson, la tristesse menvahit
Je serais presque en train de sentir monter les larmes
mais voilà, je naurai pas loccasion de mapitoyer sur mon sort
quelque chose me frappe avec une précision et une netteté à me couper le souffle
ma tristesse est fauchée en plein vol
on maurait fait un croche pied, ça ne maurait pas déstabilisé davantage
Pourtant, ce nest pas un coup, ce nest pas une image, ni un mot, rien de tel
cest le vent dAutan qui mapporte ce bonheur
cest juste une note, une toute petite note
une note répétée, une note bien connue
instant après instant, la petit note laisse place à une mélodie qui me prend aux tripes
la musique monte, dautres tonalités sy ajoutent, elle est de plus en plus intense, au bout dun moment elle devient carrément symphonique
peu à peu elle envahit
oui, elle envahit mes narines
car ce nest pas une note de musique qui est en train de prendre possession de mon esprit, mais une note de parfum
Cest ainsi que je sais quil est là
Jai beau être en plein milieu dune déconnade bruyante et enjouée
lorsque son odeur frappe mon cerveau, tout se bloque, je buggue net, je perds le fil des mots, jentends Alexandra appeler « Nico
Nico
Nico
»
je ne suis plus là, dans mes yeux doit safficher le message « Pas de connexion »
je suis dans une autre dimension, dans un autre lieu, dans un autre espace-temps ou seul existe ce parfum
jentends Alexandra répéter encore mon prénom mais cest comme si jétais au fond dune piscine, ça arrive de loin et ça na pas la moindre importance pour moi...
Non, je ne lai pas vu arriver, m ais je lai dabord senti arriver
et quelques instants plus tard, je lentends arriver
après son parfum, le son de sa voix chaude et sexy de jeune mec
la mélodie de son sourire
je ne me suis toujours pas retourné, son image na pas encore impressionné ma rétine et je suis déjà impressionné tout court
comme cest loin, le dimanche soir où jai cru mêtre libéré à jamais de ce sortilège dImpérium
Faute de pouvoir retrouver le fil de notre déconnade, je redémarre vite fait le système dexploitation Nico.2001 en mode sans échec
les fonctionnalité sont limitées, mais
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