Résonance Primitive

« J’ai un grand mépris pour l’humanité, cette entité monstrueuse, sale, ivre d’orgueil puéril. Je trouve qu’il faut un effort d’imagination incroyable pour croire que nous sommes ce qu’il y a de plus haute gamme parmi toutes les espèces vivantes. Et tout ça parce que nous avons une âme, soi-disant.
Regardons-nous putain !  Nous sommes une tache dans le paysage, un abcès, une urticaire purulente à la surface de la terre. Nous vivons comme des porcs domestiques, les uns sur les autres, concentrés de façon industrielle, vivant de façon industrielle, respirant nos déchets à nous en rendre malade. Pourquoi ?
Et puis les gens autour de moi, mon pays, ma culture, cette parodie morale, tout m’insupportent, même mes proches ».


- J’aime pas les gens, mais je me soigne.
- Comment peut-on ne pas aimer les gens ?
- En apprenant à les connaitre.

Cette conversation se tenait dans un café vaguement chicos en centre-ville. Le temps dehors était grisaille comme d’habitude et la radio diffusait, entre plusieurs gerbes de pub, des tubes médiocres bien de chez nous. Pas de bol pour une de mes rares sorties sociales en milieu urbain.
Alexandre, « Alex », mon amie, fixait sa tasse, songeuse de ma diatribe malvenue. Mon cynisme passait mal aujourd’hui. Mon cynisme passe toujours moins bien par temps gris, même auprès de personne rompue. J’esquissais alors un sourire pour réchauffer l’ambiance et m’excuser, tout en espérant qu’il ne soit pas mal interprété. C’est vrai ! Le sourire d’un cynique prête souvent à confusion.
- Vous ne voyez que le pire. Rien n’a jamais grâce à vos yeux. À aucun moment, vous ne remettez votre grille de lecture en question et vous finissez par faire chier.
Qu’est-ce que je disais ?
- Vous avez peut-être raison. Lui répondis-je d’un air sincère qui me surprit moi-même.
- Il y a des gens qui, tous les jours, font des choses bien pour d’autres gens et pour la planète.

Les consciences s’éveillent et il faut les encourager.
- Des rustines sur un édifice vermoulu.
- C’est plus fort que vous hein ? C’est carrément pavlovien.
- Il n’y a que la chatte qui fait de moi un être pavlovien, et le cul bien sûr, mais c’est la même chose.
- Classe ! Vraiment classe. En attendant, votre vision des choses n’apporte rien si ce n’est un peu plus de désespoir. Vous ne vous mouillez pas et restez spectateur comme une vieille mégère derrière sa fenêtre, à cracher sur ses voisins et les passants.
- Vous me croyez aigri ?
- À vous de me le dire ?
Je n’aime pas la peiner. Pendant longtemps, j’ai eu du mal avec elle à cause de ça. Toujours dans la retenue, à ne pas faire de vagues pour m’offrir son sourire en permanence et son beau regard bleu. J’étais devenu insipide auprès d’elle.
- Non, je ne suis pas aigri. Et si, j’apporte ma pierre. Je suis comme un éboueur ou un croque-mort, je fais le sale boulot qui doit être fait. Ma grille de lecture n’est pas à remettre en cause, je délivre du brut, c’est tout. Je fais ce que la plupart d’entre vous ne pouvez plus faire à cause de vos gosses.
- Alors là… Je… Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Qu’est-ce que nous ne pouvons plus faire ?
Si ça avait été quelqu’un d’autre, je jubilerais, mais là...
- Dire la vérité bien sûr !
- …Des fois tu… Non mais vous vous entendez ?
Oui, je m’entendais très bien en train lui dire qu’elle était devenue malhonnête en plus d’être devenu mère. J’en éprouvais du remord.
- Ne le prenez pas mal s’il vous plait. Sincèrement. Je ne connais personne de plus honnête que vous. Mais les parents mentent à leur progéniture : Le père Noël, la p’tite souris, le père fouettard, dieu. Et les garçons qui naissent dans les choux et les filles dans les roses. Chaque mensonge en entrainant un autre. Le nombres incroyables de conneries que vous leur faites avaler pour arrondir les angles… Combien en ai-je connu qui, avant, crachaient sur Disney et font la queue aujourd’hui dans leurs parcs d’attractions, en achetant toute la gamme.
Vous édulcorez et c’est normal ; j’en ferai autant si j’avais des gosses. Mais je pense aussi que le bouchon est poussé trop loin et que vous ne leur rendez pas service. À force de fantasmer le monde pour qu’il rentre comme un suppositoire dans leur petite cervelle, vous vous êtes compromis au risque de fantasmer vos propres s.
- Vous avez fini ? Me demande-t-elle calmement.
- Oui ! Enfin, je crois ?
- Il y a du vrai dans ce que vous dites…
- Hé ! Un peu mon neveu !
- … Il y a du vrai, mais c’est la forme qui pose problème. Votre façon de faire la leçon à coups de gifles. Comment voulez-vous faire entendre votre discours de cette manière ?
- Prendre des gants ? Louvoyer ? Je me demande si aujourd’hui, nous pouvons encore nous le permettre. Et puis, je n’ai pas la prétention d’éduquer.
- Vous voyez du monde en ce moment ? Vous semblez avoir perdu en convenances sociales.
- Je baise pas mal ces derniers temps, mais de là à parler de convenances.
- Vous cherchez à me choquer, mais vous n’y arriverez pas. Par contre m’exaspérer, ça oui !
Était-ce vraiment ma volonté ? Je m’enfonçais dans mon siège tout en jouant avec ma tasse du bout d’un doigt. Je cherchais une réponse, mais rien de clair ne jaillissait dans mon cerveau. Mes pensées s’accrochaient à tout ce qu’elles pouvaient ; le bout de mon doigt, le contact avec la tasse, ses yeux bleus qui me scrutaient. Je la trouvais belle soudainement, et j’en étais gêné. Oui, c’est vrai, je voulais la choquer, mais je me refusais de savoir pourquoi.
- Parlez-moi un peu de votre été. Me demanda-t-elle.
- Pas trop envie de parler boulot.
- Vous n’avez pas passé tout l’été à travailler. Racontez-moi un peu vos loisirs.
En fait si, j’avais passé tout l’été à bosser chez moi, calfeutré dans la pénombre et en slip la plupart du temps. Mes loisirs ? Jeu vidéo, séries télé et porno. Sans oublier les courses faites en coup vent dans un quartier aux rues surchauffées comme dans un four.
Des vacances sur les nerfs à supporter la chaleur d’un été trop généreux et celle de ma machine allumée en permanence. Des contacts humains aussi, mais seulement en ligne et pas toujours de bonne qualité niveau sonore. Bien sûr, il y a eu le break, il y a eu la Nièvre… Oserai-je ?
- Vous connaissez la Nièvre ?



« Un soir d’été à la campagne. Barbecue dans l’herbe accompagné d’un soleil déclinant. Il faisait doux pour une fois. Une brise légère agitait la cime des arbres qui bordaient le terrain, faisant bruisser le feuillage telles des vagues se succédant. Dans une atmosphère de léger sous-bois et de viande grillée, les convives gravitaient autour d’une longue table de jardin en bois flétri, à portée de l’alcool et des gâteaux apéritifs. Je ne connaissais pas grand monde parmi la trentaine d’invités présents, mais ma nature méfiante semblait à la niche et je me sentais bien, en confiance. Grisé par l’alcool certes, mais aussi par ce ciel vide et profond, vierge de nuage et annonciateur d’une nuit d’août scintillante et lactée. Et puis, dans le paysage plus à ma portée, parmi la gent féminine, cette blonde habillée sexy-léger, dans la trentaine, un peu salope, mais en parfaite adéquation avec la soirée.
Presque ma taille, plutôt fine, cheveux longs lâchés. Je devine son cul à croquer sous sa courte jupe et m’attarde sur ses jambes nues, bien dessinées. Poitrine moyenne sans soutif, sous une étoffe seyante et légère qui promet aux premières fraicheurs de la nuit. Son nombril, au creux d’un ventre sculpté en salle, provocant, se découvre à chaque passage d’une de ses mains dans ses cheveux. Et pour finir, un joli visage fin et souriant, sans être transcendant.
Elle discute avec trois mecs, dont mon pote Ced, qui l’encadrent d’assez près sans jamais oublier de ravitailler son verre. Ça rigole et affiche de grands sourires parsemés d’éclat de rire dans lesquels je crois percevoir de la lubricité. J’intègre.
- Ça a l’air de bien se marrer ici.
Ça vous dérange si je me joins à vous ?
« Nooon » me répondent-ils en chœur. Tu m’étonnes ! La blonde sourit jusqu’aux oreilles, heureuse d’avoir pris dans son champ de gravité un nouveau corps consentant. Les deux mecs sont moins enthousiastes. Dans leur tête de geek, je suis comme une perturbation dans la force, une inconnue supplémentaire dans leurs statistiques sur leurs chances de conclure. Mon pote lui, est ravi de me voir, et le regard qu’il me lance en dit long sur ses plus viles pensées. Sa nouvelle petite amie a beau être présente à la soirée, ça ne l’empêchera pas de se goinfrer la blonde si l’occasion se présente, tout en pensant déjà aux scrupules qui en découleront le lendemain matin. C’est comme ça que je l’aime mon p’tit loup ; aventureux comme un chien fou.
- Ça parle de quoi ? Demandais-je désireux de prendre le train en marche.
- De cul ! Me répond mon pote en collant ses feuilles.
- Enfin, de bites aussi. Reprend la blonde en riant.
- De grosses bites. Surenchéri un des deux mecs.
Il l’a dit tellement fort que des têtes se sont tournées dans notre direction. La blonde confirme d’un « mouais, c’est vrai » limite pétasse, puis poursuit.
- Ouais, je disais que c’est dommage qu’il n’y ait pas de blacks à cette soirée, parce que j’adooore les gros calibres.
- Sans déconner ?! Fis-je un peu déçue de ne pas correspondre à son plaisir.
- Faut dire que mon premier mec était un black. C’est lui qui m’a dépucelé. Et je peux dire que ça s’est pas fait tout seul. Une queue de 20, au moins, et plutôt épaisse. Et un fou de cul avec ça.
- T’as dû dérouiller ? Lance l’autre mec d’un air compatissant.
- Au début ? Mouais, mais après, c’était vraiment le pied.
- Tu veux dire qu’il t’as mis le pied aussi ?
Mon pote éclate de rire au risque de renverser son mélange. Les deux autres se demandent si rire risque d’entamer leurs chances et surveillent la réaction de la blonde qui se demande, elle, si je me fous de sa gueule ou pas. Un petit flottement…
Elle décide d’en rire et libère du coup les deux autres qui s’esclaffent de manière artificielle. Mon pote réajuste son mélange et regarde par terre pour voir s’il n’a pas trop perdu.
- Et après ? Il est devenu quoi ton black ?
- C’est une longue histoire, mais en résumé, mes parents sont un peu racistes.
J’entends un « ooh pas cool » et un « triste » en provenance des deux gars, pendant que mon pote, d’un coup de langue, mouille sa feuille, puis, sans quitter son ouvrage des yeux, lance mi-sérieux mi-sourire :
- Comment ça un peu raciste ? On est raciste ou on ne l’est pas, y’a pas de degré. On dit pas «  je suis beaucoup pas raciste »
- Tu crois ? Répond-elle dégoulinant de naïveté. Et de poursuivre…
- Ce que je veux dire, c’est qu’ils sont pour l’immigration, les réfugiés, tout ça tout ça… Mais c’est vrai qu’ils sont un peu vieux jeux dans d’autres domaines.
Qu’est-ce qu’il fait ce gros naze avec son instinct d’éducateur gauchiste ? En plus, il me regarde comme s’il attendait que je le suive dans son exercice moral de la soirée. Je lui tends mon briquet.
- Teins ! Allume ton joint ou immoles toi, mais ferme ta gueule. Puis, me tournant vers la blonde.
- Tu disais quoi à propos des grosses bites ?
Pour le coup, le rire des deux gars est plus authentique et l’atmosphère se redétend, pendant que mon pote tousse d’avoir chargé comme un porc.
- Après lui, je suis sorti avec des blancs, des mecs de mon quartier. Mais c’était pas ça. Alors, quand je suis entré à la fac…
- T’as fait quoi comme fac ? Lance mon pote entre deux toussotements. Je coupe directe.
- L’écoute pas, il passe un concours ce naze.
- Quel concours ? Demande-t-elle.
Putain qu’elle est lunatique !
- Un concours de cons. Mais il ne devrait pas avoir s’entraîner, c’est un don chez lui.
Tout le monde rigole un coup et elle reprend.
- Quand j’étais à la fac, j’ai fréquenté, discrètement ça va de soi, un black qui dealait du shit. Il était plutôt bien membré, mais pas autant que mon premier. Alors, comme il était du genre open, il m’a présenté des potes à lui et à partir de là, ça a été l’escalade.
Si les deux gars avaient été moins civilisés, ils se seraient bavé dessus. Quant à mon pote, n’arrivant plus à se débarrasser de sa toux, il tendait le joint à qui voulait le prendre. Refus poli et légèrement grimaçant de la part des deux gars, et prise du bout des doigts de la blonde. Je la mets en garde ;
- Fais gaffe, il charge comme un porc.
Elle tire une latte, explose à son tour, et me tend le joint toujours entre deux doigts. Je tousse aussi et lance à mon pote ;
- Crétin !
- C’est parce que j’ai bu, j’ai pas fait gaffe.
- T’as toujours bu.
La blonde reprend.
- J’ai commencé les plans à trois, les doubles pénétrations, les mixtes, les doubles vaginal et même anal. Mes amants étaient étonnés de tout ce que mon petit cul pouvait encaisser.
- Ah ouais ?
- Et puis, on a dérivé vers le gang bang. Quatre, cinq mecs, je suis monté jusqu’à onze. Mais là, c’était trop pour moi.
On avait beau être dans la confession hors normes, tout cela restait encore très pudique, très vue d’ensemble. Fallait passer aux détails croustillants, ou glissants plutôt.
- Sans déconner ?! Avec ou sans capote ? Lui demandais-je.
- Sans, la plupart du temps, mais on faisait passer des tests.
- Que des blackos à te démonter, la vache ! T’as dû en bouffer du sperme.
C’est là que je l’ai vu rougir. Mon pote s’est étranglé avec sa boisson – décidément, pas sa soirée – et les deux autres sont restés en apnée, suspendu dans le temps. Ce qui me faisait délirer, c’était cette soudaine pudeur un peu honteuse qui venait de s’afficher sur ses joues. C’était mignon. Je m’attendais à ce qu’elle regarde le bout de ses chaussures, comme une gamine prise en flag, mais non. L’émotion passée, droit dans les yeux, elle poursuivit.
- C’est mon péché mignon le sperme. Dit-elle en penchant la tête légèrement sur le côté. Même mon pote ne respirait plus. Tous, nous avions ressenti l’information physiquement. Comme une caresse à fleur de peau qui dresse les poils et déclenche une onde qui parcourt l’échine. J’enchaînais sans retenue, décidé à battre tant que c’était chaud ;
- J’imagine que tu dois aimer ça quand ça te remplit et que ça coule hors de toi. Te faire gicler dessus aussi, dans la bouche, sur la face, les seins, le ventre… T’avales aussi ?
- Aussi. Mais j’aime bien recracher. Ça excite les mecs.
La salope ! À ce stade, je l’imaginais autant inondée que nous étions raides comme la mort. Les deux gars tenaient leur verre beaucoup plus bas depuis quelques minutes et surtout ne buvaient plus. Tant que je pensais que c’était la dilatation qui la faisait kiffer, j’estimais à zéro nos chances de dérapage. Mais, ce goût pour les fluides corporels…
Mon pote triquait sec aussi, mais ne prenait même pas la peine de dissimuler.
J’allais repartir à l’attaque en lui demandant si elle était trempée, là, rien qu’à l’évocation. Et pourquoi pas pousser jusqu’à lui demander de nous laisser constater en allant un peu à l’écart. Mais nous fûmes interrompus pas la meuf de mon pote et son plat de viandes cuites.
- Y a des saucisses, des merguez, des côtes de porc, et ça, mais je sais pas ce que c’est. Dépêchez-vous ! Faut manger tant que c’est chaud.
- C’était exactement notre intention. Lui répondis-je avec un sourire malin. Je regardais le contenu du plat, et, en jetant un œil à la blonde…
- Je me demande si les saucisses sont assez grosses ?
Pour la première fois, les deux gars riaient sans contrôle. La blonde aussi d’ailleurs. Seul mon pote restait discret sous la pression de sa copine qui évidemment ne comprenait pas ce départ de fou rire. Moi, ce qui me faisait marrer, c’était d’imaginer mon pote s’enliser dans des explications alambiquées à venir, auprès de sa blonde à lui.
En attendant, notre bulle venait d’éclater. Mais la nuit n’était pas encore tombée et l’alcool n’avait pas fini de couler.




Vers trois heures du matin, nous n’étions plus que sept. Notre quintette de départ, la blonde de mon pote et la maitresse de maison. Nous statuions sur le déroulé de la soirée en nous félicitant de la bonne ambiance. Quand la blonde de Ced bailla à se décrocher la mâchoire, ce fut le signal que choisit la maitresse de maison pour nous souhaiter une bonne nuit. La blonde de Ced profita du mouvement et lui emboîta le pas, non sans oublier d’embarquer son chéri avec elle.
Ils sortirent de notre bulle de lumière mourante, nous laissant muet jusqu’à ce que la porte de la maison se referme derrière eux.
- Dommage qu’il ne reste pas. Regretta aussitôt la blonde, suggérant malicieusement que nous étions en sous-nombre, alors que déjà, que nous nous sentions sous membré…
- On lui laisse dix minutes ! Si dans dix minutes, il n’est pas de retour, je nous emmène faire un tour au bout du chemin qui longe le petit clôt derrière la maison. Ça vous dit ?
Les deux gars acquiescèrent de concert.
- Pourquoi pas ici, prêt du feu ? Demanda la blonde, allumeuse.
- Trop proche de la maison. Si quelqu’un sort, nous n’aurons pas le temps de nous retourner.
- Et alors ? Fit elle en haussant les épaules.
- Tout le monde dans cette maison ne partage pas notre enthousiasme.

Mon p’tit loup n’avait pas sommeil évidemment. Le temps de border sa belle, de lui faire un bisou sur le front et de lui promettre qu’il l’aime et il serait de retour, la queue dure prête à l’emploi.
Mais les minutes passent et ma prédiction semble erronée.
- Tant pis pour lui ! Je me lève et invite la blonde à en faire autant en lui tendant la main genre « Mademoiselle, m’accordez-vous cette danse ? ».
Le binôme, de son côté, ne se fait pas prier et se dresse comme un seul homme.
- Vous allez voir, l’endroit est plutôt sympa. Une cinquantaine de mètres à faire et nous serons tranquilles pour profiter des douceurs de la nuit et du parfum des herbes hautes.
Nous laissons les restes de lumières derrière nous et nous nous enfonçons dans l’obscurité. J’ai toujours sa main dans la mienne, fine et douce, elle ne m’a pas lâché. Elle me tient, et me communique sa chaleur, son excitation qui monte, mais aussi sa confiance. Et je dois dire que c’est cette dernière qui me trouble le plus.
Il fait plus noir que je ne l’imaginais. Baiser dans le noir, c’est sympa aussi, mais dans l’exercice qui nous attend, le visuel tient une grande part. Évidemment, nos yeux s’acclimatent et nous pouvons goûter à la clarté de la nuit. Le ciel est magnifique, riche d’étoiles. L’horizon se découpe nettement sur fond galactique. Il n’y a que le bruit de nos pas dans les herbes et le frottement de nos vêtements. Un hululement proche nous fait sursauter. Il n’y a plus de brise et c’est en murmurant, impressionné par le silence nocturne, que j’indique à mes complices que nous sommes arrivés.
- C’est là ! Avançons-nous un peu.
Nous quittons le chemin et nous enfonçons jusqu’aux cuisses dans l’herbe haute. Sous nos pas, le terrain devient plus moelleux. Je connais bien ce petit coin. Pas de chardons, pas d’orties, que des herbes fines et douces qui se couchent facilement.
Lorsque je m’arrête, la blonde fait deux pas de plus en lâchant ma main, se tourne vers nous et se laisse descendre sur ses genoux. D’un geste gracieux, elle ôte son minuscule T-shirt et le lâche à côté d’elle. Ses seins nous apparaissent sous la clarté laiteuse presque arrogants. Sans un mot, je défais ma ceinture et me débarrasse de mon short et de mon slip d’un même mouvement, et libère ma queue déjà raide qui pointe dans sa direction. Pendant que les deux gars, adeptes du pantalon, regrettent de ne pas être aussi adeptes des tongs, la blonde décolle un peu ses fesses de ses talons et retrousse sa jupe sur son ventre. Elle est nue et se touche l’entrejambe d’une main, et un sein de l’autre. Un putain de cliché, c’est vrai, mais il me vrille quand même le cerveau.
Ses yeux plantés dans les miens et le soupir qu’elle libère, bouche entrouverte, aident beaucoup aussi.
- Approche ! Me susurre-t-elle.
J’obéis. Au contact, elle colle son visage sur mon bas-ventre. Attrapant mes hanches des deux mains, elle me tient fermement et se frotte, me respire. Je sens ses joues contre ma queue, son nez contre mon ventre, ses lèvres, son souffle. Elle s’enivre. Puis sa langue sur mes couilles. Sa main droite glisse de ma hanche et att, enveloppe, maintient mon gland vertical. Sa langue remonte alors le long de ma verge, déposant de la salive sur toute sa longueur. Putain qu’elle s’y prend bien !
À l’approche des deux compères enfin libérés de leurs textiles, elle me prend en bouche, profondément et sans douceur. Je laisse échapper un râle et ma tête bascule en arrière. C’est une super car, l’accélération me surprend.
Quand je baisse la tête à nouveau, je la vois me sourire avec les yeux. Sa bouche glisse maintenant plus lentement autour de ma queue. Les deux gars sont en mains, et elle les branle tous les deux au même rythme. Mon voisin de gauche ne doit pas se sentir sous membré en fin de compte. La main de la blonde paraît toute menue accrochée à son morceau.
- Tu passeras en dernier. Lui dis-je en remontant mes yeux vers sa tête.
- Pourquoi ça ? Me répond-il un peu rétif.
- Le meilleur pour la fin bien sûr.
Je voyais presque le bug dans sa tête.
- Je parle de son cul… De ta grosse queue… Il ne comprenait pas le bougre. La blonde vint à mon secours.
- Laisse faire. Lui dit-elle d’une voix ensorceleuse, avant de s’enfiler son gros morceau jusqu’au fond de la gorge. Je dois dire que j’étais impressionné par son aptitude euh... gorgiale ?
Elle passe de bite en bite, suçant, branlant, et soupirant de bonheur. Rythmés par les bruits humides de sa bouche, nous nous laissons guider par son appétit glouton, lorsque soudain Big Dick nous fige avec un « chut » des plus autoritaire. Nous tendons tous l’oreille.
- J’entends des pas, et ça se rapproche. Chuchote-t-il.
Il a raison. Nous l’entendons tous. Si notre blonde a cessé de sucer, elle n’en continu pas moins à branler doucement et machinalement les deux queues qui lui occupent toujours les mains. Nous scrutons tous dans la même direction, un peu inquiet, je dois dire, mais personne ne rompt la formation. Un point rouge lumineux et je reconnais la silhouette de Ced.
- Vous êtes là bande de cochons. Dit-il d’un air joyeux.
La blonde sourit, puis reprend ma queue en bouche. Je sens qu’elle est contente. Elle en n’a plus rien à foutre que nous ne soyons pas tous montés comme des ânes.
Mon pote se déshabille complètement en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire et rejoint le cercle. Aussitôt, elle goûte la marchandise.
- Ouah la vache ! Lâche-t-il surprit à son tour.
Elle suce bien, rien à dire. Elle avale savamment nos bites à tour de rôle. Sa bouche et ses joues luisent de salive qu’elle aime à se répandre à chaque changement de queue. Les bruits humides sont encore plus fort maintenant, orgiaques. Elle est magnifique, soumise à nous offrir ce spectacle.
Mais trêve de sentimentalisme. Ce qu’elle veut, c’est se faire baiser comme une chienne et pour ça, il va falloir donner tout ce qu’il nous reste. L’heure tardive, la consommation d’alcool et de chichon jouent contre nous, sans parler de l’âge aussi. (Dans ma jeunesse, il m’est arrivé de m’endormir dans une fille, en plein coït, alors ce soir…).
Je délaisse donc sa bouche gourmande et passe derrière elle sous l’œil hagard de mes trois potes de baise. Le verso vaut le détour si je puis dire. Sa peau est douce et je me laisse couler le long de son dos, lui saisissant les seins au passage. Seins gluants de salive et aux pointes durcis. Profitant d’une immobilisation passagère, je lui mords délicatement l’épaule, juste à la base du cou. Puis lui murmure ;
- Voyons voir ton cul maintenant.
Sentant ma main descendre vers ses fesses, elle se lève légèrement et se cambre, m’ouvrant la voie. Son anus glisse sous mes doigts qui vont pour se planter dans son vagin incroyablement trempé et très ouvert. J’enfonce mes doigts profondément, sans retenue, comme elle tout à l’heure avec ma queue dans sa bouche. Elle râle et ondule sur ma main. « aaah salaud ! » Souffre-t-elle de plaisir. « putain c’est bon ! oui vas-y ». Elle réclame.
Mon pote suit le mouvement, lui fourre la queue dans la bouche et entreprend de la baiser ainsi. Les compères délaissés se prennent en main et nous tournent autour, se gavant de la scène. L’obscénité est aussi dans leur regard.
Je murmure à ma blonde.
- Te voilà petite salope ! Il est là ton cœur, au fond de ta chatte.
- Oui, oui, crie-t-elle. Au fond ! Encore !
- Mets-toi à quatre pattes.
Docile pressée, elle se met en position entre les jambes de Ced qui accompagne la manœuvre sans quitter sa bouche. Big Dick s’agenouille, une main sur sa queue, pendant que l’autre caresse le dos et les fesses de ma blonde.
Moi, la vision de son cul magnifique en levrette me donne une irrésistible envie d’y coller ma bouche, d’enfoncer ma langue. Je suis vorace et fouille littéralement son intimité, je la goûte et chavire. Elle apprécie sans aucun doute, puisque d’une main, elle écarte une fesse et s’ouvre impudique. Baisé par la bouche et le cul léché, nous sommes dans le brut, et les mots crus fussent. « Putain la salope ! » « Elle aime ça la bite ! » « Tu vas bien te faire enculer, hein, petite pute ? » « Elle veut du foutre la chienne ». Ce sont surtout les deux geeks qui peaufinent leur prose. Mon pote, toujours concentré sur la bouche de la blonde, et en jouisseur qu’il est, rallume son joint, silencieux. Moi, la bouche pleine, je n’en pense pas moins. Et elle ? Pas de doute, elle est en transe. Comprend-elle encore le sens de ces paroles, ou n’entend-elle plus que l’intention, la pulsion ? Le bestial trouve ses mots en définitive.
Je veux la prendre.
D’abord, sa chatte. Je glisse mon gland entre ses lèvres, du clito à l’anus où je finirai, je le sais. Puis je cherche l’entrée de son vagin que je trouve facilement. C’est comme si elle m’aspirait. Elle est chaude, très chaude. Je glisse en elle et frisonne. Je me penche en arrière, accroché à ses hanches, fermement, et commence à la pistonner en douceur. Braquemart s’approche et se rince l’œil, toujours en s’astiquant.
Elle est large est trempée. Je ne la sens pas assez à mon goût. Alors, je dérange mon pote ;
- Tient mon p’tit loup, glisses toi sous elle et prend-la par la chatte. On va faire une double.
Elle se laisse faire, plus que docile. Elle s’empale sur lui et fait quelques va-et-vient, la tête enfuie dans son épaule. Mes doigts ne rencontrent aucune résistance et s’enfoncent facilement dans son anus bien lubrifié. Ma queue en fait autant. J’adore la double pénétration, cette prise en tenaille. Je les domine tous les deux à mon rythme et à mon désir. Ma blonde s’ouvre pleinement, exalté. Elle cherche de l’air et laisse échapper quelques cris de plaisir. Elle se reprend aussitôt, se barrant la bouche d’une main, en vain, puis la tend vers le pote à braquemart, réclame sa queue pour se faire taire. Je ne chôme pas derrière elle. Je le payerai demain, mais je donne de ma personne sans hésiter, booster par l’accueil émouvant de son cul.
Mon pote n’a pas le choix du rythme et j’espère qu’il ne tardera pas trop à jouir, Braquemart s’impatiente. Alors je pousse le vice.
- T’aimes te donner petite chienne ! T’aimes te donner partout et à tout le monde, pourvu qu’ils soient nombreux et bien vicieux. T’as du en voir des squats, des caves, des parkings. Baisé sur des matelas posés à même le sol, par des queues de toutes tailles et de toutes couleurs. Gisant dans le foutre, terrassé par des orgasmes à répétition, souillé.
- Oui ! Crie-t-elle délivré.
- T’as dû essayer d’arrêter, redevenir humaine, devenir fidèles. Mais ça n’a pas tenu. Pire, la fidélité t’a ouvert de nouveaux appétits.
- Oui, plusieurs fois j’ai essayé. En vain.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Raconte ?
- Je les ai tous trompés, tous ! Et j’ai joui encore plus fort. J’en ai même trompé un avec son père.
Ouahou ! Je ne m’attendais pas à celle-là. Braquemart lâche un « la salooope !» de sidération alors que son pote se contente d’un « putain !» songeur. Ced lui, me regarde l’air à la fois ahuri et hilare figé. Il en a vu d’autres dans son boulot.
J’att ma blonde par les cheveux et en deux coups de queue marqués lui intime ;
- Raconte !!
- C’était un pervers…
- Bin voyons !
- Je l’ai surpris un soir en train de se branler dans son bureau devant son PC. Quand il m’a vue, il ne s’est même pas caché. Il m’a regardé droit dans les yeux en continuant de se branler. Ça a été plus fort que moi. J’ai regardé sa queue, elle était grosse et épaisse, toute luisante. J’étais perdu. Il l’a saisi par la base et la secoué comme un hochet que l’on tend à un . Je me suis approché et je l’ai sucé comme une furie avide, et il m’a rempli la bouche de son foutre. J’ai tout avalé et j’ai rejoint son fils qui dormait dans la chambre d’à côté.
- T’as eu honte, pas vrai ? Mais honte de quoi ?
- Honte de ne pas avoir honte. Honte de toujours vouloir recommencer.
Sa délivrance provoque la mienne. Je jouis en elle jusqu’à m’effondrer sur son dos, comme un homme mort. Je pourrai m’endormir comme ça, je suis tellement bien, mais braquemart attend son tour. Je me retire péniblement et tombe à la renverse. Heureusement, la terre est douce. Après ça, je ne capte plus grand-chose. Mon pote qui sort de sous elle et se finit dans sa bouche, gentiment, en lui caressant le front et la joue. Braquemart et son pote qui prennent le relai. Moins tendre et plus physique, braquemart l’encule sauvagement pendant que son pote lui tient la tête pour bien la voir grimacer de plaisir. Quelques mots crus encore s’échappent : « Tu sens comme je t’encule salope » « Trainé » « Putain ». Trop de mauvais porno pour ces gars-là.
Ils finissent par jouir à leur tour, dans sa chatte et sur son dos.
La séance est finie, je ferme les yeux et me laisse glisser.

- Tu dors ? C’est ma blonde qui me secoue. J’ouvre les yeux et me redresse difficilement. Nous ne sommes plus que tous les deux assis dans l’herbe couchée, et il fait toujours nuit.
- Oui, je crois.
- Ça t’a plu ? Me demande-t-elle presque timide.
- C’était divin, délicieusement divin.
- Tu crois que je suis une salope ?
Aucune question n’est jamais saugrenue, seules les réponses peuvent l’être. Mais là, je reste perplexe.
- Tu es une magnifique salope démoniaque prise à son propre piège, et Belzébuth t’attend en enfer la bite et le pied ferme. Ça va te plaire.
Ça la fait sourire, mais je sens que je suis à côté de la plaque. Elle ne joue plus. Le trivial c’est évaporé et cède la place à des sentiments plus troublants. Je vois son doute et sens ses craintes misent à nu à leur tour.
- De ce que j’ai vu ce soir, je ne peux pas dire le contraire. Mais de ce que je vois maintenant, je commence à en douter.
- C’est gentil. Me répond-elle un peu émue et rassurée.
- Mais t’es pas la sainte vierge pour autant.
Elle rigole puis pose son menton sur ses genoux remontés. Nous nous regardons sans rien dire, essayant de deviner l’autre, de lire sa pensée. Quelles sont nos chances ?
La brise se lève à nouveau, d’abord dans les feuillages, puis dans l’herbe tout autour de nous. Nus et fatigués, cette caresse nous fait tressaillir plus que de raison.
- Allons-nous coucher ! Lui dis-je. J’ai la piaule dans la dépendance, toute en sous-pente, plutôt cool. Ça me plairait de dormir avec toi.
- Ok.
Et nous voilà partis bras dessus bras dessous, chasser par le vent et presser de nous blottir sous une couverture, fût-elle légère. Pressés de nous abandonner dans les bras de Morphée, enfin repu de cette journée.
Dans la chambre, nous ne sommes pas seuls. Ced dort sur le petit matelas en complément. Je n’ai même plus la force d’être surpris. Le lendemain, il m’expliquera que c’était beaucoup trop risqué de se coucher auprès de sa blonde sans être passé à la douche avant. C’est vrai que l’odeur du sexe nous collait à la peau.
Sans avoir à forcer le geste, nous nous sommes serrés, ma blonde et moi, l’un contre l’autre dans le grand lit, nous enlaçant comme un jeune couple après leur première fois. C’est à cet instant que je lui ai demandé ;
- C’est quoi ton prénom ?
- Eléonore. Et toi ?
- Joey. Enchanté Eléonore. »

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