La Hase Et Le Rapace - 4
Lhomme hésite. Ce qui nest guère étonnant puisque cest un homme et que lhésitation fait partie de sa nature. Il passe lheure qui le ramène du travail à réfléchir à la meilleure solution. La question est : doit-il repasser par chez lui ou se rendre directement chez la femme. Au moins, une chose est sûre, il se rendra dès ce soir à son invitation. Son manque dassurance porte uniquement sur les conditions de cette visite.
Finalement, il opte pour une étape à son domicile. Il va prendre une douche et se changer. Il na pas envie dêtre vu, par elle, dans ce costume cravate qui lui sert duniforme. Est-il franc pour autant ? Non bien sûr. Puisquil va lui cacher une partie de sa vie. Il a pourtant le sentiment contraire : les vêtements quil va porter sont ceux quil affectionne, dans lesquels il est bien, dans lesquels il se sent lui-même.
De la même façon, il va se munir de divers objets. Si loccasion se présente, il lui en parlera
Evelyne attend. En fait, elle ne sait pas si elle attend ou si elle espère, la venue de lhomme. En tout cas, elle est prête à le recevoir. Une jupe plissée, noire, courte ; un haut de soie bleu tendre qui laisse dégagé larrondi de ses épaules et la naissance de son cou. Un string noir, à la face dentelé de transparence. Pas de maquillage hormis un soupçon de rimmel et une pointe de khôl. Face à la glace devant laquelle elle tourne pour apprécier leffet quelle renvoie, elle se dit quil ne devrait pas résister bien longtemps à ses charmes.
Mais le temps passe et il ne vient pas. Pour tromper les minutes qui défilent, elle range ou déplace des bibelots ou des objets : un cendrier, un vase, un bouquin qui trainasse auprès du canapé
Régulièrement, elle inspecte les alentours de son immeuble. Il est bientôt vingt et une heures et dans la rue les bruits sestompent. A chaque seconde quégrène la trotteuse de sa montre, une certitude gonfle dans sa tête : il ne viendra pas. Seule, devant la longue baie vitrée du salon, dont elle a ouvert les rideaux, elle insulte lhomme à mi-voix.
Sans en avoir vraiment conscience, elle a plaqué ses seins contre la vitre. Le froid érige ses tétons, sa chatte brûle. Elle glisse sa main sous sa jupe, sous son string. Elle se caresse. Elle sait que, de lautre côté de la rue, les hommes, à leurs fenêtres, peuvent la voir faire ; que les promeneurs le peuvent aussi. Elle nen a cure. Elle glisse ses doigts dans sa fente. Elle les remue. Elle nest pas étonnée dêtre aussi mouillée. Les souvenirs quelle évoque sont si présents à son esprit que sa main est presquinutile. Elle vibre
Des mouvements, dans la rue, ne la distraient que peu. Sans doute un travailleur tardif pressé de rentré chez lui. Il aura droit à un charmant spectacle quil pensera avoir rêvé. Mais lhomme sarrête, le nez en lair, un sourire franc et massif accroché à ses lèvres. Elle ne lattendait plus, pourtant cest bien lui. Elle pose sa bouche sur la vitre et lui lance un baiser, sans cesser de se masturber. Elle nignore pas que cest devenu inutile, puisquil est là. Mais elle veut quil sache à quel point elle a envie de lui.
Lhomme, deux étages plus bas, se repait du spectacle. Femelle ! sexclame-t-il en son for intérieur. Il est tout sourire. De quel meilleur accueil aurait-il pu rêver ? Juché sur le dossier dun banc public, il admire le corps ondulant dEvelyne. Le plaisir quil ressent est si vif quil en est douloureux mais à aucun prix il ne sen priverait.
Impatiente, la seconde main dEvelyne évolue sous le caraco. Elle emprisonne un sein et le presse et le pince. La femme imagine que ce sont les mains de lhomme qui la possède. Elle les sait si agiles que le plaisir est là. Un nuage de buée trouble désormais le carreau. La respiration dEvelyne est si rapide, si saccadée. Sa jouissance nest un mystère pour personne.
Lhomme, en bas, lui fait signe tout en posant sur son épaule la lanière dun sac de sport.
Elle tire les rideaux.
Un sac de sport
Elle comprend que lhomme na pas modifié son emploi du temps. Elle en est un peu triste. Passer en second nest jamais gai. Mais au moins il est là. Elle court à la porte. Elle ne veut pas quil sonne. Elle veut lui montrer quelle lattend.
Dun geste négligent, il se débarrasse de son sac avant de lembrasser. Une de ses mains glisse dans le dos de la femme et se pose sur ses fesses. De lautre, il dirige une main dEvelyne vers son sexe. La soirée commence bien se dit la jeune-femme. Comme si elle ne le connaissait pas
Elle aurait dû sen douter
Lhomme rompt le baiser et file sinstaller dans le canapé sans prendre le temps de quitter son manteau.
- Femelle ! lui dit-il, le regard plein dadmiration.
Ce terme aurait pu la blesser mais le regard de lhomme dément lintention insultante. Dans sa bouche, cest un compliment. Un compliment rare si elle en croit le sourire quil lui adresse. Alors, instinctivement, elle se met à quatre pattes et sapproche de lui. Elle a pourtant toujours refusé de se plier à ce genre de demande. Mais avec lui, cela semble si naturel. Et puis, il na rien demandé, elle en a envie, cest aussi simple que cela.
Lhomme est fasciné par la lente approche de la femme. Il adore quelle soffre à lui de cette façon. Il est heureux de constater que, si elle répond à ses désirs, elle ny est pas soumise. Bien au contraire, elle les anticipe. Il découvre que les rapports qui se dessinent entre eux auront lapparence dune relation Dominant/dominée alors quelle ne sera quégalité parfaite, chacun étant soucieux des désirs et du plaisir de lautre.
Elle est à ses pieds. Son visage repose sur la cuisse de lhomme. Il caresse sa joue.
- Comment as-tu su ? demande-t-il.
Bien quil ne puisse pas la voir sourire, ses lèvres se retroussent.
- Bien peu dhomme traite les femmes de « femelle ». Ils préfèrent se dire quelles sont des « salopes ».
- Que sais-tu de mon passé, je ne ten ai jamais parlé.
La voix de lhomme recèle une pointe de colère qui fait sourire la femme.
- Encore une fois, tu te trompes. Tu men as parlé ce matin en me disant que tu connaissais déjà par cur ce que javais à te dire. Souviens-toi
Effectivement, lhomme se rappelle de la conversation téléphonique quils ont eue, plus tôt dans la journée. Il lui a bien tenu ces propos. Sur linstant, il les jugeait sans conséquence puisquils allaient rompre. Ses deux mains enserrent doucement le visage dEvelyne. Il se penche et pose un baiser sur la chevelure de la jeune-femme.
- Merci ! murmure-t-il.
- Je sais que tu aimes dominer mais moi je ne suis pas soumise. Jai juste envie de vivre une expérience en ta compagnie parce que jai lintuition que ce sera extraordinaire. Je ne pose pas de limite et je nai aucun interdit. Je veux juste vivre un rêve, en commun avec toi. Ce ne sera pas très facile parce que je nen fait quà ma tête
- Nos deux têtes ont lair dassez bien saccorder. Presquaussi bien que nos désirs. Tant quil en sera ainsi, nous partagerons, sans rien nous imposer. Cela nempêchera pas que nous allions au-delà de ce que nous nous pensons capables de faire. Bien au contraire. Ensemble nous irons plus loin.
- Marché conclu ! dit-elle en se redressant.
Espiègle, elle poursuit :
- Que puis-je faire pour votre plaisir, Maître ?
Lhomme ne laisse pas passer loccasion dentrer dans son jeu.
- Tourne-toi, je veux voir ton joli cul se dandiner
A peine lhomme a-t-il parlé, à peine sest-elle exécutée quils savent quils font fausse route.
- Je vais tattacher murmure-t-il.
Pas le temps de se rendre compte de son éloignement quil est déjà de retour. Il orne, avec douceur, les poignets de la femme de bracelets de cuir quil joint à laide dun mousqueton. Elle sourit dêtre prisonnière. Elle sent dans son bas ventre la braise qui sanime. Elle se laisse guider vers le billard sur lequel lhomme la dépose. Il linstalle à genoux, le torse ployé vers lavant et la joue reposant sur le tapis tiède du meuble. Elle est encore vêtue. Quimporte ! Il trousse la jupette et découvre son joli cul. Il le caresse dune main leste. Une main de propriétaire se dit la femme. Une main possessive qui, sans la préparer, investit son illet. Lanneau de la jeune-femme se contracte sur le doigt qui la prend. De sa main libre, lhomme claque le cul qui lui résiste. Un sursaut et le doigt la pénètre à fond. Elle sent le poing de lhomme qui écarte ses fesses et le doigt qui la fouille. Elle ne se doutait pas quêtre ainsi, offerte, impuissante, puisse être à ce point excitant. Sa chatte est trempée maintenant, elle souvre comme la fait son cul. Dun coup sec sur la ficelle du string, lhomme fait senfoncer le tissu entre ses lèvres. Elle soupire. Lhomme se penche et pose un bisou sur sa joue.
- Jai un plug dans mon sac, que je destine à ton anus. Jai aussi un martinet. Veux-tu que je te fouette avec ?
Question rhétorique ou véritable demande ? Léloignement de lhomme laisse à la jeune-femme le temps de réfléchir. A la question posée, elle répond : « oui » mais elle sait que le but de cette question nest pas dobtenir une réponse mais de la mettre en confiance et éviter quelle pense à la douleur. Mais la douleur ne leffraie pas, elle a confiance en lhomme. Elle sait quil linitie et que par conséquent il sarrêtera bien avant linsupportable. Et puis elle le lui a dit : « ni limite, ni interdit ».
Lhomme est maintenant devant elle. Il montre à la jeune-femme le plug quil enrobe dans un préservatif. Cest un objet en plastique noir, en forme das de pique. Elle nest pas impressionnée puisquelle en possède un plus large et plus long quelle utilise parfois pour éviter le manque. La douleur, cependant est vive quand, dun geste brusque, lhomme le lui enfourne dans le cul. Surprise et souffrance lui arrachent un cri vite étouffé par les lanières du martinet qui caressent sa joue. Lhomme joue avec lui. Il le promène sur son cou, sur son dos, sur ses bras nus, revient en arrière
permettant ainsi à la jeune-femme de lapprivoiser, de se familiariser avec cet étrange objet qui va lui faire mal mais aussi lui faire du bien.
Cela fait plusieurs minutes que lhomme la en faisant aller et venir les lanières de cuir sur le haut de son corps. Elle simpatiente de sa lenteur. Mais cest tout de même une surprise quand le premier coup heurte son fessier.
Ce nest pas désagréable ce petit picotement sur la peau
Le second coup la détrompe et lui arrache un cri. Lhomme vient de lui offrir lexemple des deux forces extrêmes : la « douce » et la « sauvage ». Cest ainsi quelle les nommera désormais.
Lhomme marque une pause, il caresse le cul meurtri, dissipant la douleur. Curieusement, la violence du coup na pas déplu à Evelyne. Bien quelle ait accepté de tenter cette expérience, elle était persuadée quelle naimerait pas ça. Or, ce nest pas le cas. La position quelle occupe, sa disponibilité impuissante, ses mains liées dans son dos, les coups quelle vient de recevoir, tout cela lexcite horriblement. Elle na plus quune envie : JOUIR !
Léger et langoureux balancement des hanches, relèvement des cuisses, accentuation de la cambrure du dos, imperceptible écart des jambes, accélération de la respiration, prolongation des soupirs
Lhomme note les symptômes. Il sait comment guérir la jeune-femme. Il a à sa portée un remède miracle mais nest pas pressé den user. Lattente décuplant les effets du médicament, il a bien lintention de laisser progresser le mal et même, de ly aider.
Des claques sabattent méthodiquement sur le cul offert à sa main. Le corps dEvelyne ondule, à chaque coup. Lhomme admire la réceptivité de la jeune-femme, la félicite dune caresse. Et puis, dun pouce vindicatif il pénètre sa chatte. Comme si elle nattendait que ça pour haleter, Evelyne se met à geindre. Lindex de lhomme, replié sur lui-même, sempare du clitoris. La mélodie que chante la belle prend une nouvelle dimension. Lhomme poursuit quelques secondes dexacerber les sens de sa dame. Et il sinterrompt tout à trac.
Il se dévêt.
Evelyne ne voit rien, ne sens rien de ce qui se trame dans son dos. Elle est bien trop occupée à retenir le plaisir qui senfuit, à contenir le désir qui décuple et à maudire lhomme qui la frustre de telle manière.
Elle geint, elle réclame son dû.
Lhomme lui claque le cul.
- Tais-toi ma fille ! Tais-toi ! se dit-elle. Pleurnicher, réclamer, cest sexposer à ne rien obtenir. Ni limite ni interdit, se répète-t-elle
Alors, cela arrive. Furieusement, lhomme la pénètre. Cest si soudain, si violent, quelle en perd le souffle. Les doigts qui crochètent ses hanches semblent vouloir sy enfoncer. La queue qui la besogne fait bien plus que cela, elle la laboure. Les coups de rein, puissants, qui donnent son rythme à la verge, lui font voir des étoiles.
Ni interdit ni limite
Il vient à nouveau de stopper.
Il se met debout, derrière elle. Cette fois, elle en a conscience. Elle suit ses mouvements, espérant deviner la suite. Elle na pas longtemps à attendre pour en être informée. La masse pesante des lanières du martinet vient heurter sa fente. Comme le battant dune cloche, régulier, le mouvement de balancier que lhomme imprime au fouet, chauffe et excite les tendres chairs de la chatte et du clitoris de la belle. Elle relève son bassin. Elle écarte les cuisses. Elle offre son sexe à la tendre morsure des ficelles de cuir.
Dans son corps, éclatent, les milliers détincelles accumulées depuis
Depuis que lhomme prend soin delle. Son corps chante une chanson dont il ignorait les paroles mais quil semble connaître par cur maintenant. Du bout de ses orteils à la pointe de ses cheveux, Evelyne nest plus que volupté. Les cris de jouissance quelle pousse ne se suivent plus, ils se superposent. Les contractions de son vagin massent la queue de lhomme revenue en elle, jusquà la faire mourir. Elle se sent Aphrodite quArès vient de baiser
Elle prend le temps de revenir, de savourer chaque réplique du séisme quelle vient de vivre. Lhomme la regarde sans rien dire, allongé tout près delle sur le tapis du billard. Son regard est sérieux et tendre. Elle ferme les yeux pour garder cette image. Il na pas lair vainqueur que prennent souvent les hommes après lamour. Il na pas ce regard qui dit : « je tai domptée ! ». Il a juste lair heureux, peut-être même un peu surpris du plaisir quil lui a donné.
- Jai adoré ! dit-elle
Il lui sourit, sans forfanterie.
- Adoré quoi ?
- Etre soumise
Elle répond ça sans réfléchir mais cest vrai quelle a aimé se sentir poupée de chiffon entre les bras de lhomme.
Lhomme sest redressé, la tête en appui sur son coude replié, il linterrompt, dune voix pleine de conviction.
- Pas une seconde tu nas été soumise, ce nest pas ça être soumise. Tu tes donnée et laissée faire dans un jeu un peu plus pervers que dhabitude. Cest tout. Ne te méprends pas, ce que nous avons fait, ce sont des amusements de gamins, cinq nuances de blanc cassé si tu préfères.
La femme rit à lévocation du bestseller quelle a lu, comme tout le monde. Elle se redresse pour lui faire face.
- Alors, cest quoi pour toi la soumission ?
- La soumission, cest un sacerdoce, un total abandon de soi en faveur de son Maître. Cela demande de la rigueur et de la discipline, une obéissance absolue et le respect inconditionnel des règles. Etre soumise, cest renoncer à sa liberté dans la moindre de ses actions : ne plus manger, ne plus boire, ne plus pisser sans autorisation ; cest ne plus choisir les vêtements quon porte, cest accepter dêtre recluse ou offerte ; cest supporter une humiliation constante ; cest surveiller le moindre de ses gestes. Tu vois que ta modeste expérience est bien éloignée de la soumission.
La jeune-femme a pâli en entendant la description de lhomme. Elle se rend bien compte que leur petite séance est à mille lieues de la chose telle quil la conçoit. Pourtant, malgré son esprit qui lui commande de fuir, son corps exprime sans équivoque son désir dessayer.
- Et si je voulais essayer ? dit-elle.
Sa voix et ferme et volontaire.
- Tu aurais tort.
- Et si malgré tout, je voulais essayer ?
- Tu aurais toujours tort. La soumission nest pas une pêche miraculeuse, cest quelque chose qui casse lâme aussi sûrement que la cocaïne brise les corps. Contente-toi de ce que tu as, crois-moi, cest mieux pour toi.
- Tu refuses de minitier ?
- Je ne refuse rien, je te déconseille de sauter le pas. La pente est savonneuse, presquimpossible à remonter.
Au lieu de la freiner, le refus déguisé de lhomme exacerbe le désir dEvelyne. Elle insiste :
- Un test, cette semaine par exemple
- Non ! Si tu veux un test, il aura lieu sur un week-end. Dici là tu changeras davis.
- Le week-end prochain ?
- Non ! Je ne suis pas libre, celui daprès. Dici là, nous ne nous verrons pas, pas dappel téléphonique non plus. Sauf le jeudi soir précédent. Si tu mappelles, je saurais que tu en as toujours envie et je te donnerais mes directives pour le lendemain soir.
- Et maintenant ? demande-t-elle avec un air gourmand
- Maintenant je rentre chez moi. Je ne veux pas tinfluencer ni dans un sens ni dans lautre. Mais réfléchis bien à où tu vas mettre les pieds et prends la bonne décision.
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