Mangouste Contre L'Organisation 3 - L'Ordre Règne À Bujumbura

Je suis Chloé Maurecourt, 34 ans, artiste peintre, côté face. Je suis aussi Mangouste, tueuse à gages, côté pile. Deux faces d'une même personne ? Non, pour moi, c'est la même.

Tueuse à gages ! La discrétion est la qualité première d’une bonne tueuse à gages, si elle veut un tant soit peu survivre dans ce métier.

Quand Mangouste entre en scène, Chloé Maurecourt disparaît. Quand Chloé est là, vous ne verrez jamais Mangouste, qui évolue dans un univers parallèle au vôtre. Pour le commun des mortels, dont vous faites partie, Mangouste n’existe pas.

Mangouste apparaît, frappe et disparaît aussitôt. Une ombre est passée. Vous ne l’avez pas vu, ou vous l’avez juste entre aperçue sans vous rendre compte de sa présence.

D’ailleurs, avant que je ne vous en parle, aviez-vous déjà entendu prononcer le nom de Mangouste ? Non ! C’est certain, puisque Mangouste n’existe pas pour vous, et qu’en principe, vous n’aurez jamais affaire à elle.

Ne connaissent l’existence de Mangouste que mes commanditaires, et mes victimes. Et encore, mes victimes perçoivent généralement ma présence trop tard pour eux. Vous ne faites partie, ni de la catégorie des commanditaires, ni de celle (tant mieux pour vous) des victimes de Mangouste.

Mangouste avance masquée, évolue dans le Dark Web, perçoit ses émoluments sur des comptes aux Îles Caïmans, ou Türk and Caïques. Mangouste n’est pas traçable, Mangouste n’est pas, d’ailleurs.


A peine rentrée de Bangkok, Chloé s’est lancée sur la piste de sa future victime, le Colonel Mombassa.

Mangouste s’est attaquée à l’Organisation, (voir les épisodes précédents), un groupe occulte, qui unifie l’action des mafias mondiales.

L’Organisation a eu le tort de vouloir s’en prendre à Mangouste et a fait assassiner deux personnes qu’elle appréciait (voir l’épisode 1, cadavres au détail).

L’Organisation commençait à prendre peur.

Mangouste s’en prend directement aux dirigeants de la clique. A la tête de l’organisation, se trouve un directoire, appelé « la Main », dirigeant le crime organisé à l’échelle de la planète. Une main, cinq doigts, cinq chefs donc, composent la main, un par continent. Enfin composent … Composaient devrait-on dire, puisqu’il n’en reste que trois.

Après l’index John Jones, le majeur, Madame Boon, Mangouste allait régler son compte au doigt suivant, Mombassa dit le pouce.

Après le passage de Mangouste sur les continents américain et asiatique, l’Organisation s’est trouvée plutôt déséquilibrée, désorganisée. Une lutte de succession s’est enclenchée après la disparition violente des doigts et de leurs plus fidèles lieutenants.

Les trois doigts restants avaient fort à faire pour ramener le calme. Ils ont également mis à la poursuite de Mangouste tout ce que le monde compte de tueurs, avec pour le moment peu de succès. La couverture de Mangouste reste pour le moment solide. Chloé Maurecourt reste une inconnue.

Qui d’autre que son vieux professeur à la fac de droit, Kofi Ndiaye pour aider Chloé, lorsqu’il s’agit d’Afrique ?

Kofi Ndiaye habite dans un joli immeuble haussmannien de la rue d’Auteuil. Alors qu’elle sortait de l’ascenseur, une grande fille africaine quittait l’appartement de Kofi. Intéressée, Chloé s’est retournée sur son passage, pour admirer ses fesses.

Chloé a sonné à la porte de l’appartement. Un septuagénaire, sosie de Morgan Freeman, lui a ouvert :

- Chloé ! Tu es revenu voir ton vieil ami ?
- Vieil? Tu exagères Kofi. La jeunette qui quittait ton appartement quand je suis arrivée, ne te trouve pas si vieux que ça.
- Elle ? Non, c’est mon infirmière à domicile.
- Tu m’as déjà fait le même coup quand je suis venue te voir la dernière fois Kofi.
- Qu’est-ce qui t’amène ? Pas une visite de courtoisie je suppose.
- Si justement Kofi, une visite de courtoisie et puis aussi un petit renseignement sur quelqu’un.

- Je me disais aussi que tu ne venais pas pour mes beaux yeux et mon corps d’athlète. Qui alors ?
- Le colonel Mombassa.
- Mombassa ?
- Tu le connais ?
- Qui ne le connaît pas s’il s’intéresse à l’Afrique d’aujourd’hui !
Mombassa était un de ces apprentis dictateurs financés par une puissance étrangère. Dans son cas, la Chine pour ne pas la citer. Tu sais que les chinois ont remplacé les occidentaux sur le continent africain et qu’ils sont passés maîtres dans l’art délicat du soft power, mais aussi dans celui des coups en douce.
Mombassa devait faire un coup d’Etat et prendre le pouvoir en République Démocratique du Congo.
Il voulait faire assassiner le président en place, Gilbert Nzonzi, avant que ses sbires n’envahissent les principaux bâtiments officiels. Loin d‘être un grand démocrate, Nzonzi n’était pas le pire des tyrans. Il envisageait même de faire des élections quasiment pas truquées !
Mombassa avait préparé son coup d’Etat, de manière classique, troubles dans une province reculée, tensions ethniques, armée rebelle, en partie constituée d’une ethnie locale, d’s soldats et encadrée par des mercenaires de tous les horizons sous la houlette de Peter Coleman.
- Tiens, je le croyais mort lui.
- Non, il s’est fait un peu oublier après son revers d’Addis-Abeba, mais il est toujours là.
- Et ? Son coup d’état a foiré ?
- Oui, les russes ont mis leur grain de sel pour contrecarrer les chinois et narguer les occidentaux qui se contrefoutaient de l’affaire, même la CIA était en dehors du coup, c’est pour te dire ! Les russes, donc, ont aidé une frange de l’armée congolaise qui a déjoué le complot et le coup d’Etat. Mombassa a quand même eu le temps de faire assassiner Nzonzi, avant de s’enfuir.
Il a quitté le pays et s’est retranché de l’autre côté de la frontière, au Burundi.
Il a établi son camp dans une région déserte, où l’armée régulière congolaise n’ira pas le chercher. Le pouvoir en place au Burundi s’en désintéresse.
En plus il a arrosé les politiques locaux.
Il a toujours le projet de revenir au Congo pour y prendre le pouvoir. Les chinois lassés sont passés à autre chose, les européens et les américains continuent de s’en désintéresser. Les russes apportent toujours leur soutien à la junte en place en République Démocratique du Congo, mais un soutien mesuré, un soutien de principe. C’est le statu quo en quelque sorte.
Pour financer une nouvelle armée, Mombassa a créé une pègre locale et organisée, qui s’est étendue au début aux pays voisins et a vite couvert une bonne partie de l’Afrique de l’est et centrale. Cette mafia, la première de cette espèce en Afrique, a de l’influence aujourd’hui sur plus d’un tiers du continent.
- Ah oui ! Ça coïnciderait avec les renseignements que j’ai, tout ça !
- En fait, les diplomates chinois ont entrainé derrière eux les Triades, toujours avides de nouveaux débouchés. Les Triades ont financé Mombassa quand le gouvernement chinois a retiré ses billes.
On assiste à la naissance d’un premier système de crime organisé en Afrique, où jusqu’à présent il était bien présent, mais plutôt désorganisé.
- Tu as entendu parler de l’Organisation Kofi ?
- L’Organisation ? On dit que c’est un mythe, qu’elle n’existe pas. Pourtant … Tu crois que l’Organisation est derrière Mombassa.
- Je ne sais pas Kofi, je suis comme toi. Je m’interroge.
- Tu sais Chloé, je me doute bien que tu n’es pas seulement artiste peintre. Qui es-tu ? Services secrets ? De quel pays ? La France ?
- Je n’appartiens à aucun service secret Kofi, je ne suis pas une espionne.
- Qui es-tu alors ?
- Peu importe, c’est juste une affaire personnelle. Je te remercie Kofi. Pour fêter ça, tu m’invites au restaurant. A moins bien sûr que ton infirmière ne revienne te prodiguer des soins à domicile dans les heures à venir !
- Non, ma piqûre est pour ce soir. Je t’invite avec plaisir Chloé.
- A une condition, on n’aborde plus ce sujet pendant le repas.
Dernière chose, tu connais quelqu’un à Bujumbura ? De confiance, il va de soi.
- Je connais un prêtre à l’église orthodoxe copte de Saint Marc et Saint Moïse le Fort de Bujumbura.
- Un pope en Afrique ? Il s’appelle comment ?
- Iordannis Tassos, il est grec par son père et burundais par sa mère.
- Tu crois qu’il pourra m’apporter une aide logistique ?
- Il est prêtre, mais je crois qu’il lui reste un stock d’armes.

En voulant réserver son vol Paris CDG- Bujumbura par Brussels Airlines, Chloé s’aperçut que son stock de faux passeports baissait. Il ne lui en restait plus qu’une petite dizaine. Il faudra, quand toute cette histoire sera terminée, qu’elle passe voir son fournisseur préféré. Dans les jours à venir, elle allait être Rebecca Madison, membre d’une ONG en voyage de reconnaissance au Burundi.


34°, indiquait le thermomètre extérieur en sortant de l’aérogare. Le climat tropical chaud et humide de l’Afrique de l’Est n’était pas la tasse de thé de Chloé. Elle avait été contente de quitter la Thaïlande, et voilà qu’elle se retrouvait en Afrique continentale.

- Mademoiselle, Mademoiselle !!! Taxi ?

Un jeune type tout sourire s’était approché d’elle en montrant son carrosse. Une vieille Nissan rouillée et cabossée, hors d’âge. Elle avait été verte, sûrement au siècle dernier.

- Je prends votre valise Mademoiselle, dit-il en la mettant dans son coffre …

Non Mademoiselle, pas de ce côté. La portière est bloquée et il y a un trou dans le plancher.

« Le charme de l’Afrique », se dit Chloé en faisant le tour du véhicule.

- Déposez-moi devant le meilleur hôtel de Bujumbura, lui dit-elle.
- Ça tombe bien, mon cousin est patron du Safari Gate, à St Tropez Beach, pas loin du centre de Bujumbura, au bord du lac Tanganyika, très joli coin. C’est le meilleur hôtel du secteur.

Chloé a sorti son nécessaire de maquillage. Avec son petit miroir de poche, elle observe la circulation derrière le taxi qui quitte le parking de l’aérogare. Elle a ainsi pu voir un Land Rover couleur sable qui déboite et qui prend la même direction qu’eux. A priori, il y a trois hommes à bord. Elle ne peut toutefois pas distinguer leurs visages :

- Où je peux louer une voiture ?
- Pas besoin Mademoiselle, je te conduis, tu m’appelles, j’arrive. Si tu veux bouger tu demandes Yoséfu, ça veut dire Joseph ! C’est moi ! Je te fais visiter ! Je fais aussi guide touristique. Tiens ma carte de visite ! Si tu veux voir ce que je propose, je suis sur YouTube, Instagram, Facebook, Twitter … Tu m’appelles sur mon portable et j’arrive.
- Avec cette voiture ?
- Elle 650 000 km dit Yoséfu, tout fier, en se retournant et en quittant la route des yeux.
- Je vais peut-être louer quand même un 4X4, je ne vais pas rester à Bujumbura. Sinon, moi c’est Rebecca.
- Tu es en vacances ? dit Yoséfu en rétrogradant pour doubler un camion, alors qu’une voiture arrivait en face.
- Non, je travaille pour une association humanitaire, je vais peut-être devoir circuler un peu.

D’un regard dans son petit miroir, Chloé pu voir que le Land Rover sable était toujours derrière eux, à une cinquantaine de mètres.

- A Bujumbura, a ajouté Yoséfu, je connais tout le monde. Tu me demandes. Je te dis !
- Tu connais l’église orthodoxe de Saint Marc et Saint Moïse le Fort ?
- Oui oui ! Je connais ! Le Père Tassos !
- Tu peux m’y emmener après m’avoir déposée à l’hôtel ?
- Oui, je t’accompagne à la réception. Je descends avec toi, je dirai à mon cousin de te donner la meilleure chambre. Sinon si tu veux manger bon et typique, j’ai un autre cousin qui a une paillote à Zion Beach, à 100 mètres de ton hôtel. Tu dis que tu viens de la part de Yoséfu.
- J’irai peut-être ce soir.
- Fais attention, certains quartiers de Bujumbura, c’est dangereux, c’est déconseillé de sortir après 17 heures. La police est fermée après 17 heures, il n’y a plus de surveillance. A St Tropez Beach et à Zion Beach, il n’y a pas de problème, ajouta Yoséfu en doublant une voiture dans le centre de Bujumbura, au milieu d’un carrefour.
- Ne t’inquiète pas pour moi, je sais me défendre.

Du coin de l’œil en récupérant sa valise et en se dirigeant vers l’hôtel, Chloé vit le Land Rover se garer quelques mètres plus loin.

L’hôtel n’a pas l’air si mal que ça. Il se trouve dans un petit parc au milieu de palmiers et d’arbustes fleuris. Le bâtiment principal, où se trouve la réception est de style colonial. Il y a également un bar avec des tables sous une pergola en bois qui jouxte une petite piscine. Entre les palmiers on a une jolie vue sur le lac Tanganyika.

Alors que le taxi de Yoséfu ralentit devant l’église orthodoxe de Saint Marc et Saint Moïse le Fort. Le 4X4 sable leur fait une queue de poisson et s’immobilise devant eux.

Trois hommes descendent du véhicule. Un noir et deux blancs. Chloé les reconnut aussitôt. Trois hommes de main qui se vendent à qui les paye. Pas des fufutes en plus :

- Gaspard, Balthazar et Melchior ! Le trio infernal ! Qu’est-ce que vous faites là les gars ? Yoséfu, planque-toi dans un coin, je m’en occupe !

Trois tueurs de seconde zone, c’est donc eux qui ont été embauchés pour la ? L’Organisation, ça n’a jamais volé très haut, mais là on touche presque le fond ! Le truc, c’est que pour prendre l’avion, Mangouste a dû laisser ses armes chez elle, et que les trois tueurs doivent sûrement être armés eux. Elle a une pensée pour son joli Sig-Sauer à crosse de nacre resté dans un coffre dans sa planque à Paris. Ce qui peut la sauver, c’est que les trois types se sentant forts et surement trop sûrs d’eux, semblent vouloir s’en prendre à elle à mains nues :

- Pas d’histoire Mangouste, suis-nous ! Quelqu’un veut te parler !
- Qui ?
- Fais pas la maligne Mangouste. On sait que t’es pas armée, tu descends à peine de l’avion. Ne nous oblige pas à utiliser la force, dit Melchior en s’approchant d’elle et l’attrapant par le bras.

Mangouste lui écarte le poignet et le tort dans son dos en mettant une pression maximale sur sa clé de bras.

« Aieeee, ça fait mal ! » pleurniche Melchior. Elle le retourne, se place dans son dos et passe sa main libre sur le torse de Melchior sous sa veste :
- Ne te fais pas d’illusion Melchior, je ne te pelote pas, t’es pas mon genre, et puis tu es laid comme un pou !

Elle arrache le revolver dans le holster que Melchior porte à l’épaule :

- Bon maintenant les gars, je suis armée, et votre copain est dans une sale posture. En fait j’hésite entre lui casser le bras en mille morceaux et lui mettre une balle dans la tête. Ou peut-être les deux, le bras d’abord et la tête ensuite. Pour commencer vous déposez vos flingues au sol les loulous. Voilà comme ça c’est bien. Et maintenant vous vous cassez en courant. Je relâche votre petit pote après.
- Salope, dit Gaspard alors qu’avec Balthazar ils sortaient leurs armes pour les déposer au sol
- Tu ne perds rien pour attendre, salope, surenchéri Balthazar.
- Soyez un peu imaginatifs les garçons ! Salope, au-delà du fait que ce n’est pas très sympathique à mon endroit c’est d’un basique ! dit Mangouste en levant les yeux au ciel. Bon, je ne vous tue pas tous les trois, là tout de suite. Non pas que je fasse preuve de mansuétude, c’est plutôt que je ne veux pas me faire trop remarquer et vous massacrer en pleine rue. Par contre, si je vous recroise, boum boum … Compris ? Allez hop, cassez-vous de là les pieds nickelés, avant que je ne change d’avis, dit-elle en repoussant Melchior en avant, alors que les deux autres partaient en courant.
- Tu peux sortir Yoséfu, c’est réglé. Bon maintenant, j’ai une voiture, dit-elle en regardant le Land Rover et en ramassant les trois armes.
- Oh là là Rebecca, mais t’es qui toi ?
- T’inquiète Yoséfu, je suis une gentille. T’as vu, je te l’avais dit, je sais me défendre ….
- Et eux c’était qui …
- Des méchants Yoséfu.

Chloé est entrée dans la petite église orthodoxe déserte. Elle s’est arrêtée pour admirer une série d’icônes dorées :

- Magnifique n’est-ce pas, fait une voix derrière elle. Celle-ci représente Saint Ignace, là vous avez Saint Moïse le Fort, un des Saints Patrons de notre communauté.

Derrière elle, se tient un prêtre orthodoxe, un véritable géant de quasiment deux mètres et sûrement 150 kilos. C’est un métis d’une soixantaine d’années qui arbore une longue barbe :

- Oui en effet superbe …
- Ne vous arrêtez pas à la beauté de l’objet, ni à l’adresse et la délicatesse mises en œuvre par l’artiste pour la réaliser. L’icône représente une vision et une clé vers le monde spirituel.
- On se croirait dans un roman de Dan Brown. Cette conversation sur le sens dogmatique de l’icône m’aurait passionnée, mais malheureusement, je suis un peu prise par le temps. Vous êtes Iordannis Tassos ?
- Oui …
- Je ne vous ai pas entendu arriver, vous êtes aussi silencieux qu’un demi-soupir entre deux croches sur une partition.
- Oui, je fais souvent cet effet. Déformation professionnelle, j’ai été aumônier au MI6. Que voulez-vous ?
- C’est Kofi Ndiaye qui m’a dit de venir vous voir.
- Kofi ? Venez, ne restons pas ici, allons dans mon bureau.

Ils s’installèrent dans une petite pièce jouxtant la sacristie :

- Que voulez-vous ?
- Je cherche le colonel Mombassa, Kofi m’a dit que vous pourriez m’aider.
- Mombassa, rien que ça !
- J’ai besoin d’aide.
- Bon, Ok, je ne sais pas qui vous êtes, mais vous servez certains intérêts, Si c’est Kofi qui vous envoie, je vais vous rencarder. Voilà une photo satellite du camp de Mombassa. C’est une ancienne exploitation agricole.
- Pfuiittt, une photo satellite carrément ! Vous avez accès à des drôles de choses mon Père ! Au fait, comment on s’adresse à un Pope ? Mon Père, Mon Pope, Sa Sainteté ?
- Iordannis fera l’affaire …
- Vous appartenez aux services secrets Iordannis ? de quel pays ? Toujours au MI16 ?
- Contre-espionnage français, mais je suis réellement le Pope ici.
- J’ai eu peur que vous soyez de la CIA !
- Dieu m’en garde ! Approcher de Mombassa, ça va être compliqué Ici, du suicide presque !
- On va voir …
- Ces trois baraquements, c’est là que logent les soldats de Mombassa. Une centaine d’hommes. Ces deux-là, c’est des hangars pour leur matériel.

Et enfin, ce bâtiment à l’écart, c’est la villa de Mombassa. Il s’y trouve en général avec ses bras droits et quelques gardes. Une dizaine de personnes en tout.

- Qui sont ses bras droits ?
- Principalement une poignée de mercenaires qui entraînent les soldats de Mombassa, leur chef est Peter Coleman.
- Kofi me l’a dit ça …
- Sinon, il y a Nelson Lopès, un Capverdien, Vassilia Chouchkina, la sœur de Sergueï Chouchkine …
- Lopès ? Connais pas, Chouchkina, oui, je connais de réputation, une enflure, ancienne du KGB, j’ai tué son frère il y a peu (voir le 1er épisode), ça reste en famille !
- Je suis un homme d’Eglise, mais on ne regrettera pas Sergueï ! Il y a aussi Jean- Jacques Muzonga, un congolais. Il se fait appeler Commandant Muzonga, c’est l’officier en chef de l’armée de Mombassa.
- Donc Coleman, Lopès, Chouchkina et Muzonga en plus de Mombassa, dans la villa et quelques gardes.
- Oui, le reste de l’armée est plus loin, dans les baraquements.
- Et où se trouve ce camp ?
- Suivez la côte jusqu’à la ville de Kinyinya et la réserve nationale du delta du Rusizi, puis remontez au nord le long du fleuve Rusizi. Vous trouverez le camp de Mombassa dans la forêt après le village de Vugizo et après avoir traversé le fleuve par le bac près de la frontière avec la République du Congo.

Après le bac, il n’y a plus de route, c’est de la piste. Il n’y a qu’une seule piste, suivez là pendant une vingtaine de kilomètres, à travers la forêt. Je vous conseille d’arriver de nuit. La plupart des soldats ronflent, ils ont picolé toute la soirée.

- Merci. J’ai récupéré ça sur trois guignols dehors tout à l’heure. Je déteste les revolvers, je vous les laisse. En échange, vous pouvez me fournir un pistolet automatique ? J’adore les pistolets ! Un Sig Sauer, avec quelques chargeurs, ça serait bien.
- J’ai l’impression que vous avez l’art de vous attirer des ennuis !
- Des ennuis ? Non ! Pourquoi ?
- Je dois avoir un Sig Sauer quelque part …

En sortant de l’église, l’attendaient Gaspard, Melchior (avec un bras en écharpe) et Balthazar. Ils étaient accompagnés d’une grande fille noire, vêtue d’une veste militaire couleur sable, d’un short hyper moulant de la même teinte et d’une paire de Converse couleur camouflage. Ses cheveux noirs aux reflets auburn et lissés lui tombaient sur les épaules, elle avait des formes particulièrement intéressantes :

- Nonnnnn, vous êtes revenu les gars ? Vous avez amené une copine pour vous défendre ? Je vous avais pourtant dit de m’éviter. Je vais être obligée d’être un peu plus méchante que tout à l’heure avec vous. Par contre, votre copine , elle est vraiment bien roulée ! Et je m’y connais !
- Ça suffit Mangouste ! dit la fille. Je veux juste te parler ! On a les mêmes ennemis, Mombassa et ses mercenaires.
- Donc, tu sais qui je suis et tu es une gentille aussi ! Il était inutile d’envoyer tes trois baltringues pour me chercher, tu aurais dû venir toute seule la première fois. Je t’aurais bien reçue.

Mangouste se mit à détailler la silhouette de la fille :

- Dotée d’une telle plastique, je t’aurais prouvé que je sais recevoir ! Tu es qui ?
- Je suis Lucie Nzonzi.
- Nzonzi ? Comme l’ancien président du Congo ?
- Oui, Mombassa a exécuté mon père d’une balle dans la tempe, mais aussi ma mère et mes deux frères. Mon père m’avait caché avant que Mombassa et ses soldats n’entrent. Mais j’ai assisté à la scène. J’ai pu m’enfuir. J’avais 14 ans. Depuis, j’ai consacré ma vie à la vengeance. Je veux Mombassa. Et tu peux m’y aider. Viens chez moi, on va en discuter.

Avant de suivre Lucie qui se dirigeait vers sa mini, Mangouste dit aux trois mercenaires :

- Vous récupérez le 4X4, les clés sont restées dessus.

Mangouste s’est installée sur le siège passager :

- Comment sais-tu qui je suis et comment as- tu su que j’étais à Bujumbura ? Et comment sais-tu que j’en veux à Mombassa ?
- J’ai des oreilles chez Mombassa. Une partie des soldats de Mombassa sont des s, contraints de se battre pour lui. L’un d’entre eux est le fils d’une amie, il a entendu une conversation entre Mombassa et ses officiers. Ils parlaient de toi. Ils obligent les gamins à intégrer leur armée. C’est pour ça qu’il faut frapper chirurgicalement, on entre on liquide Mombassa et ses sbires, le moins de dégâts possible chez les soldats, à cause des gamins !

Le regard fixé sur les cuisses de Lucie qui conduisait, Chloé a répondu :

- Les frappes chirurgicales, c’est ma spécialité. Bon après, ça ressemble vraiment à une mission suicide ! Mais on va tenter de la jouer discrètement. C’est quasiment notre seule chance.

Elles arrivèrent devant une maison au fond d’un petit jardin luxuriant :

- C’est coquet ici !

Puis s’adressant à Gaspard, Melchior, et Balthazar :

- Vous, au lieu de rester les bras ballants, surveillez les alentours …

Une fois entrée avec Lucie, Chloé a étalé une carte sur la table, ainsi que les photos satellites que lui avaient remises Iordannis Tassos :

- Il y a une dizaine d’hommes, avec les gardes dans et autour de la villa de Mombassa. Le reste de l’armée est à une centaine de mètres. On attend la nuit. On élimine les gardes à l’extérieur de la villa, puis on entre et après on improvisera au fur et à mesure. Stylé comme plan ! On ne doit pas tirer un seul coup de feu. Sinon, on aura le reste de l’armée de Mombassa sur le paletot.

Je connais le calibre des bras droits de Mombassa. Pas des s de chœur. Est-ce que je pourrais compter sur toi ?

- Ne t’inquiète pas Mangouste. J’ai 29 ans, depuis mes 14 ans, je veux me venger. Je me suis entraînée pour ça. Combat au corps à corps, self défense, maniement d’armes.

Chloé recula de deux pas, afin d’avoir une vue directe sur le postérieur de Lucie, penchée sur la table pour détailler la carte. « Quel cul ! » pensa-t-elle les yeux rivés sur la paire de fesses, serrée dans le short kaki. Elle reprit après avoir passé sa langue sur ses lèvres :

- Les armes, justement ?
- Viens je vais te montrer mon arsenal. Tu veux boire quelque chose avant ? Un jus de goyave ?
- Non, un Jack Daniels plutôt.

Elle l’a entraînée dans une cave, ou diverses armes sont exposées sur des présentoirs. Des fusils d’assaut, des armes de poing, des grenades.

- Discrétion avant tout, on n’emporte pas d’armes à feu. Je prends tout de même mon Sig Sauer, au cas où. Ça par contre, ça pourra servir si malgré tout, on a les soldats de Mombassa sur le râble, dit Mangouste en désignant les grenades.
- Ok
- Ça c’est parfait, lui dit Mangouste en prenant deux poignards sur une table.
- Qu’est-ce que tu penses de ça ?
- Des arbalètes ! Excellent ! Silencieux, efficace, imparable. Un carreau dans le front, fait le même effet qu’une balle. Par contre les trois clowns là-haut, on ne les emmène pas, ils ne servent à rien. Inutiles. Paye-les et qu’ils dégagent du pays cette nuit. On sera mieux à deux.
- Ok, c’est vrai qu’ils ne sont pas vraiment efficaces.

Au moment de remonter de la cave, Chloé saisit Lucie par les épaules et posa sa bouche sur celle de la belle africaine. Les lèvres de Lucie s’ouvrirent et laissèrent passer la langue de Chloé. Les mains de Chloé ont agrippé les fesses de Lucie. Depuis le début elle en rêvait, elle y était : « Non, mais quel cul ! » pensa-t-elle. Après un long baiser, elles se sont écarté enfin l’une de l’autre :

- Tu vires les trois guignols, tu me fais visiter ta chambre et après, dodo. On part demain matin. Faut compter 5 ou 6 heures de route et de piste avant d’arriver là-bas. Une longue journée nous attend demain, mais ce soir, c’est le repos des guerrières …


Les deux jeunes femmes attendaient la tombée de la nuit planquée à l’orée de la forêt en vue du QG de Mombassa. Devant la grille qui fermait l’entrée se tenaient deux gardes. Un autre était juste au-dessus, juché sur un mirador :

- Il fait assez sombre on y va, chuchota Chloé.

Elles s’approchèrent en rampant dans la pénombre naissante. Les deux gardes en bas discutaient et rigolaient. Celui sur le mirador apparemment dormait, appuyé contre un poteau :

- Ben, c’est cool comme surveillance. D’abord les deux d’en bas avec les arbalètes, puis je recharge et je m’occupe de celui qui ronfle en haut.

Les deux gardes devant la barrière s’écroulèrent de concert. Celui d’en haut, qui ne s’était rendu compte de rien, bascula à son tour par-dessus le pat, un carreau d’arbalète dans la gorge.

- C’est formidable comme truc, ces arbalètes, dit Mangouste. On y va.

Elles passèrent la barrière et avancèrent vers le bâtiment principal, la résidence de Mombassa à l’écart des baraquements qui logeaient les soldats. Des rires et le bruit d’une fête sortaient d’un des hangars.

Elles contournèrent un bosquet et arrivèrent devant la maison. Deux gardes jouaient aux dés accroupis devant l’entrée :

- Chacun le sien, on fait ça au poignard, proprement, dit Mangouste à Lucie.

Dans le hall de la maison, un couloir partait vers la droite, un autre vers la gauche :

- On explore, je prends à gauche, toi à droite.
- Ok …

Le couloir de gauche amena Mangouste à une première porte. Un autre se trouvait au fond.

Ouvrant discrètement la première chambre, Mangouste vit une grande femme blonde nue, une géante d’un mètre 85 environ, à la poitrine plus qu’imposante. Deux jeunes soldats africains surement de l’armée de Mombassa étaient en train de s’affairer sur elle. Elle est en levrette, le sexe du premier soldat dans la bouche, le second derrière elle et s’activant en lui tenant les fesses :

- Eh bien dit donc Vassilia ! Quelle santé !
- C’est Mangouste, allez y bande d’empotés, chopez là cette pute !

Celui qui se faisait sucer il y a encore quinze secondes s’est effondré un carreau d’arbalète dans la gorge :

- Dis donc, ça débande vite un mec qui n’est pas concentré sur son ouvrage. Dis-moi Vassilia, tu les aimes montés comme des poneys apparemment.

Le second soldat, empêtré avec son pantalon baissé à ses chevilles se prit un coup de rangers dans les parties, suivi aussitôt d’un autre dans les dents. Il s’écroula au sol :

- Salope, je vais te découper, dit Vassilia Chouchkina en s’emparant d’un poignard long comme son avant-bras. Pas le temps de recharger son arbalète, Mangouste sortit son couteau de sa ceinture :
- Il y a une différence de gabarit entre ton couteau et le mien Vassilia ma chérie, tu aimes les trucs imposants, les poignards, les bites, tu es une goulue !
- Ta gueule, défends-toi, éructa Vassilia en se précipitant vers Mangouste.
- J’en ai bien l’intention ma grande, répondit Mangouste en évitant la charge de la russe.
- Tu as tué mon frère !
- Oui, un sacré connard Sergueï, pas sympa, mauvais esprit. Je n’ai pas apprécié cette rencontre ! Pas une lumière en plus … Que veux-tu, quand on va à la pêche aux cons, ça mord toujours !
- Salope, pouffiasse ! Je vais te …
- Ne t’énerves pas Vassi, tu permets que je t’appelle Vassi ? Je ne critique pas ton frère, je donne juste un point de vue objectif sur sa connerie !

Les deux adversaires face à face ne se quittaient pas du regard en se tournant autour. Vu sa taille, et la taille de son poignard, Vassilia avant plus d’allonge que Mangouste, un sacré avantage. Elle en profita et lança son bras en avant. Mangouste a tenté de parer le coup et y a presque réussi. Toutefois, la pointe du poignard de Vassilia découpa la veste de treillis et pénétra dans la chair du bras de Mangouste :

- Prends ça, sale chienne !
- Eh mais ça va pas ! Ça fait mal ! Et puis c’est quoi cette manie d’insulter la personne avec qui on se bat ! Oh et puis, j’en ai marre. Les couteaux, c’est comme les bites, c’est pas les plus gros les meilleurs !

Mangouste fit sauter son couteau dans sa main, le rattrapa par la pointe et le lança vers son adversaire. Il vint se figer au-dessus du sein gauche de Vassilia, qui après un long gargouillis s’écroula au sol :

- Désolée d’avoir du abimer une si belle poitrine ma chérie, tu ne m’as pas laissé le choix.

Une tâche de sang s’agrandissait sur le tissu de sa veste au niveau de sa blessure au biceps :

- On verra ça plus tard …

Au bout du couloir, il y avait une autre porte. En tendant l’oreille Mangouste entendit les bribes d’une conversation … Enfin, une conversation … Si on veut …

- Vas-y, je suis ta femme !
- Non c’est moi qui suis ta femme!

Elle ouvrit discrètement la porte. Sur le lit deux hommes, un noir et un blanc étaient tête-bêche l’un sur l’autre. Bien que ne voyant pas leurs visages, elle reconnut les deux types à leurs signes distinctifs. Coleman en dessous avec l’éternel bandana noir qui ne le quittait jamais, le Commandant Jean-Jacques Muzonga au-dessus, avec son béret vert qui ne le quittait jamais non plus :

- Désolé de vous déranger en plein 69 les garçons, s’esclaffa Mangouste.

Les deux hommes surpris se sont levés, mais se déplacer avec des chaussures à talons quand on n’est pas habitué c’est tout un art. Parce qu’ils portaient, une paire d’escarpins vernis à talons aiguille pour Coleman et une paire de sandales à talons compensés pour Muzonga. De plus, Coleman arborait un porte -jarretelles rouge et noir et Muzonga une guêpière et des bas blancs qui tranchaient avec sa peau noire :

- Je vous laisse le temps de remettre vos petites culottes les gars, où je vous dégomme tout de suite ? Oh Jean-Jacques, des dessous blancs avec un béret vert, quelle faute de goût.

Mangouste dégomma (comme elle dit) les deux mercenaires, l’un d’un carreau d’arbalète entre les yeux, l’autre avec son couteau figé dans le ventre.

Elle sentit une présence dans son dos. Elle se mit aussitôt en position de combat :

- Doucement, c’est moi !
- Lucie ! J’ai eu Chouchkina et à l’instant Coleman et Muzonga.
- Je vois ça, moi j’ai eu Lopès.
- Il baisait je suppose !
- Il était en train de se faire flageller par deux filles, pourquoi ?
- Ce n’est pas un camp retranché ici, un vrai lupanar plutôt, un baisodrome !
- Du coup, comme il était menotté, je n’ai pas eu de mal à m’occuper de Lopès.
- Tu lui as fait quoi ?
- Je lui ai tranché la gorge, pourquoi ?
- Non comme ça ! Et les deux filles ?
- Bah la première est tombée dans les pommes à la vue , l’autre était toute tremblante, je les ai bâillonnées et ligotées avec leur matériel.
- Tu parles de dominatrices d’opérette ! Bon, si on fait les comptes ont a liquidé toute la petite équipe de Mombassa. Il ne doit plus rester que lui.
- Tu es blessée, laisse-moi voir, dit Lucie en approchant sa main du bras de Chloé.
- T’inquiète c’est rien, juste une estafilade

Au bout du couloir, elles trouvèrent un escalier qui les amenait au 1er étage. Surement, les appartements privés de Mombassa.

Sur le palier, des ronflements sourds ne laissaient aucun doute sur la pièce où se trouvait Mombassa, ni sur le fait qu’il roupillait. Elles ouvrirent tout de même discrètement les autres portes afin de s’assurer qu’il n’y avait personne dans les autres chambres.

Elles approchèrent doucement du lit où on distinguait le torse de Mombassa se soulever et se baisser au rythme des ronflements sonores qui emplissaient la pièce. Mangouste approcha son visage de celui du bonhomme :

- Alors ? Y dort le gros con ? Eh bien y dormira mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! il entendra chanter les anges, le gugusse de Kinshasa ! J’vais l’renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux !
- C’est pas dans un film ça ? dit Lucie.
- Les Tontons Flingueurs, 1963, mon film préféré ! Bernard Blier et Lino Ventura.

Mombassa s’est réveillé en sursaut :

- Qu’est-ce que c’est …
- Surprise !
- Damned Mangouste ! A moi, mes gardes ….
- Chuuutttt, ils sont tous morts tes gardes.
- Qu’est-ce que tu vas me faire Mangouste ?
- Tu connais Pindare, Mombassa ?
- Pinder c’est quoi ça ?
- Non Pindare ! Un poète lyrique de Thèbes, dans la Grèce antique. Eh oui, on peut être une tueuse et avoir des lettres ! Il avait des positions assez ambiguës, je parle de Pindare là … Il était opposé à la démocratie Athénienne par exemple et partisan de l’eunomie, c'est-à-dire « le bon ordre », donc plutôt défenseur du pouvoir total et sans limite aux aristocraties et aux tyrans. Un peu comme toi quoi. Il retournera sa veste plus tard, quand Thèbes s’alliera avec les envahisseurs perses contre les autres cités grecques, mais ça c’est une autre histoire. QU’est-ce que je voulais dire moi déjà … Ah oui Pindare ! Tu sais ce qu’il a écrit Pindare ? Poios chtypá lamvánei epitychíes ! Tu en pense quoi Mombassa ? En grec ça signifie « Qui frappe reçoit des coups » ! Bien adapté à une personne dans ton genre, il me semble Mombassa. Tu as fait le mal autour de toi, partout ! Le moment de payer est arrivé. Tu vois, j’ai tué Jones, j’ai tué Boon sans sourciller. Dis-moi qui sont les deux autres doigts et je ne te ais pas. Je te le jure sur ce que j’ai de plus cher ! Et j’ai des trucs chers chez moi, je peux te l’assurer !
- Comment faire confiance à quelqu’un comme toi Mangouste !
- Comment, je ne sais pas ! A toi de voir Mombassa. Après, tu n’as pas vraiment le choix, je pense. Alors tu veux sauver ta misérable peau ou pas ?
- Tu veux abattre l’Organisation Mangouste, tu me as même si je parle !
- Oui, je veux abattre l’Organisation, si tu parles et que tu t’engages à la quitter ensuite, tu n’auras plus rien à voir avec elle et je pourrais sauver ta tête. C’est mon jour de bonté et donc peut-être ton jour de chance ! Et encore une fois, tu n’as pas trop le choix. Mourir à coup sûr ou prendre le risque de me croire.
- D’accord Mangouste, pour l’Océanie, c’est Roger-Joshua Moore, un australien, l’annulaire. Pour l’Europe, c’est une femme, Kassandra Konrad, l’auriculaire. Je te jure que je n’aurais plus rien à voir avec l’Organisation !
- Les rats quittent le navire, on dirait ! Bon Mombassa, chose promise, chose due, je ne te tue pas …Tu vois, je n’ai qu’une parole.
- Merci Mangouste.
- Ne me remercie pas, je te donne à Lucie Nzonzi. Tu te souviens de Lucie ? Tu as massacré sa famille devant ses yeux, alors qu’elle n’était qu’une ! Elle t’en veut je crois pour ça. Il est à toi Lucie ! Euh, tu me laisseras son pouce droit par contre, s’il te plaît.

Lucie s’est approchée un poignard à la main :

- Tu avais promis Mangouste, implora Mombassa.
- Ouï, j’ai promis que je n’allais pas te et en effet, je ne vais pas te . Ce que va faire mon amie Lucie, je ne maitrise rien par contre. Salue Boon et Jones en enfer de ma part.
- T’aime bien phraser toi, fit Lucie l’air goguenarde. Pindare, j’y crois pas ! Tsss …
- Oui, j’aime bien caser un petit passage culturel. Pas sûre que l’ami Mombassa a apprécié à sa juste valeur mes références sur la Grèce antique. Pourtant la relation Thèbes-Athènes c’est important … Oui bon, je te cède la place Lucie, ne t’impatiente pas ! Bon, je vous laisse tous les deux, la vue me révulse.

Mangouste a quitté la pièce. Elle a entendu les suppliques de Mombassa qui demandait à Lucie de l’épargner. Puis plus rien.

Lucie est revenue :

- C’est fait Lucie ?
- Oui … J’ai attendu si longtemps ce moment. Finalement ça me laisse un gout un peu amer. Quand la haine est notre moteur, on pressent une telle jouissance dans la vengeance, qu’on est au final déçue au moment de frapper. J’ai hésité, mais c’est fait … Il est mort.

Elle avait les larmes aux yeux. Mangouste a déposé un baiser sur ses lèvres :

- Il y a un proverbe chinois qui dit « L’eau ne reste pas sur les montagnes, ni la vengeance sur un grand cœur » Je crois que tu as un grand cœur Lucie, laisse-toi le temps de digérer tout ça. Bon après, il y a un proverbe bourguignon qui dit, « la vengeance c’est comme un bœuf mironton, plus c’est réchauffé, meilleur c’est ». Ne trainons pas ici, l’aube approche, les soldats vont se réveiller. Il faut qu’on soit loin d’ici à ce moment-là.

Elle se retourna vers Lucie et ajouta :

- En plus j’ai hâte que tu t’occupes de ma blessure au bras, non pas que ça soit grave, mais j’imagine déjà tes mains sur ma peau.

En général, quand j’ai rempli une mission, je quitte le pays immédiatement. Là, je crois je vais faire une exception et rester quelques jours. Tu m’héberges ?



Prochainement, la suite des aventures de Mangouste :
Mangouste contre l’Organisation – Danse Macabre en Tasmanie.

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