Lea Ensorcelee




Au moment où nous atteignons ma mobylette, Léa tire sur ma manche et dit

- Jean, mon amour ?

- Oui, Léa chérie. Je t’écoute.

- Reste avec moi ce soir. Tu dois partir tout de suite?

- Hélas, il le faut, il se fait tard. Veux-tu que nous dormions à la belle étoile ? Je reprends le travail demain matin.

- Oui, mais ce soir n’est pas un soir comme les autres.

Elle a raison. Ce soir nous venons de vivre des moments exceptionnels, avec des conséquences spéciales pour notre relation. Nous séparer aussi brusquement serait un manque de tact de ma part. Léa me le fait comprendre en m’enlaçant

- Dis, Jean, embrasse-moi. J’ai envie de t’embrasser, je veux que tu m’embrasses tout fort, encore plus fort. Serre-moi contre ton corps

Léa est vraiment bouleversée. Cet après-midi encore sa demande aurait été inimaginable et sa façon de me serrer contre elle et de tendre ses lèvres complètement impensable. Il aura fallu des circonstances alarmantes, un plan diabolique de double copulation avec Thomas et avec moi, puis une renonciation à ce projet pour transformer de fond en comble ma petite amie, de fille agréable mais froide en un bloc de lave. Elle a vécu une terrible épreuve et pour s’en remettre, elle a besoin de tendresse, d’attention, de mon amour et de la force de mes bras. Elle s’apaisera si je l’étreins et si je réponds à sa demande de baisers amoureux. Nos bouches se cherchent pour de bon, se happent, nos lèvres se collent, se défont pour mieux se reprendre. .Pour moi aussi, il a fait chaud, j’ai connu les pires craintes, mais c’était le prix à payer pour arriver à ces embrassades torrides. Je ne garde que l’aspect positif.

- Jean, j’ai envie de faire l’amour avec toi. Une envie folle, un besoin incroyable de te sentir entrer en moi. Toi en moi, tu ne peux pas t’en aller maintenant, prends-moi. Tu veux?

- Si je le veux? Peux-tu en douter ? Il y a longtemps que j’en rêve.

Je brûle aussi du désir de me fondre en toi. Chaque samedi midi en revenant j’espère, j’imagine que tu vas recevoir avec joie mes caresses et mes baisers et ce soir encore plus que d’habitude. Ce sera une fête, une fête magnifique, mais est-elle possible ici ? Pour que la fête soit belle, réussie, afin qu’elle nous laisse un souvenir ineffaçable pour la vie et qu’elle soit le point de départ vers une longue vie d’amour partagé, elle ne peut pas se dérouler n’importe où, il lui faut un beau cadre, un lieu calme où nous pourrons exprimer entièrement nos sentiments, un endroit où personne ne nous dérangera, magique et poétique.

- Ce que je souhaite avant tout, c’est de me donner à toi, c’est de te prouver combien je t’aime, c’est de t’appartenir sans tarder. Je veux t’aimer, n’aimer que toi, aujourd’hui et pour la vie. Peu importe le cadre, unissons-nous, aime-moi comme j’ai envie de t’aimer.

Le changement brutal d’attitude de Léa reflète à quel point la perspective d’être prise par Thomas puis par moi a dérangé ou détruit ses attentes, son équilibre habituel. Pense-t-elle que si elle s’ouvre à moi, tout de suite, elle écartera la tentation q’elle a pu connaître au cinéma ou juste après quand elle a dû affronter l’idée de se partager pour pouvoir comparer et choisir uniquement sur un rapport sexuel, choisir sans tenir compte du contexte, de notre longue relation par exemple et du peu qu‘elle connaît de Thomas.

C’était à la fois une idée monstrueuse mais bizarre, étrange, peu commune et, par là, assez émoustillante, presque tentante. Ce pouvait être merveilleux de prendre un double plaisir, malgré les interdits bousculés. Quelqu’un avait même trouvé que Léa avait une chance rare. Léa en avait conçu une forme d’orgueil mêlé d’une fièvre érotique. Le soufflé retombé, ne veut-elle pas se persuader que c’était une idée idiote et qu’une fille normale ne se livre pas à une telle débauche, mais n’a qu’un homme. Elle veut s’attacher à moi, ne plus se poser l’éphémère troublante et brutale question du choix, elle veut trancher définitivement.
Prendre l’un, celui qui est là, c’est éliminer l’autre, l’exclure et revenir dans le droit chemin.

Se donner à moi, c’est réaliser un acte fort, sur lequel elle ne pourra pas revenir. N’ai-je pas annoncé que la priorité initialement abandonnée au payeur de la chambre d’hôtel où elle devrait perdre son hymen et ce que signifiait à mes yeux ce don comme cadeau de sa virginité à Thomas, laisserait dans ma mémoire une trace indélébile qui m’empêcherait de l’aimer ensuite ? Donc elle s’offre, me veut et espère ainsi lever un obstacle insurmontable, pareil à un mur infranchissable entre elle et l’autre prétendant. Devenue mienne, elle pense devenir inabordable pour Thomas. C’est une illusion, je le sais, trop d’exemples de couples séparés montrent le contraire. Ai-je le droit de la pousser dans cette voie, de profiter de la vague d’émotion , n’est-ce pas de la manipulation et un abus de faiblesse si tôt après une émotion aussi forte ? Mais, après une longue attente, ne serais-je pas sot de ne pas lui donner satisfaction, car elle insiste.

- Jean, là-bas, à l’écart des chemins passants, il y a , dans le square un banc de pierre abrité dans un bosquet. Ce pourrait devenir notre nid d’amour, poétique à souhait et discret.
Ne m’aimes-tu pas ? Comment peux-tu me repousser si tu m’aimes ? Allons , gagnons cette place.

- Mais, Léa ! Que fais-tu?

Elle a osé ! Léa a été ensorcelée ce soir au cinéma ! Elle a une conduite stupéfiante: elle vient de plaquer sa main sur mon pantalon, à la place précise où mon pénis sous l’influence de nos baisers et de ses paroles se met à se gorger de sang. Je devrais sauter de joie, je n’en reviens pas. Je la suis, puisqu’elle est en feu et constate mon état

- Tu vois bien, toi aussi tu y penses, tu bandes !

Son vocabulaire lui-même est différent. Jamais elle n’avait utilisé « tu bandes » en ma présence. Et, non contente de me choquer, elle amène ma main gauche sur son ventre et la pousse contre son pubis et entre ses cuisses.
Elle est déchaînée et répète: je te veux.

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