Sarah, Le Retour
En écrivant « Branle-bas de combat », je nenvisageais pas décrire une suite. Sarah payait sa légèreté. En une journée, elle perdait son travail et son fiancé.
Plusieurs lecteurs, comme Jacques le Québécois, en ont décidé autrement, demandant une suite, un pardon, un happy end
Répondant aux sirènes qui mappelaient, je me suis remis au clavier pour le retour de Sarah dans une nouvelle enquête
Aura-t-elle plus de chance cette fois-ci ?
Merci à Lætitia, ma complice, la spécialiste du pardon, pour ses conseils éclairés afin de rendre Sarah plus sympathique.
---oOo---
Ce matin, comme tous les matins, Sarah a du mal à se réveiller devant son bol de café. La radio est allumée, elle tend loreille, « Avignon. Une jeune fille, Jeanne 14 ans, a été agressée hier à la sortie de lécole, Elle a été retrouvée inanimée en bordure dun petit chemin par ses parents partis à sa recherche à la tombée de la nuit.
Elle a été admise à lhôpital pour observation, mais ses jours ne sont pas en danger ».
Non ! ça ne va pas recommencer ? Ce monde est fou
Heureusement cette fois plus de peur que de mal.
Une bouffée de souvenirs lui remonte en mémoire. Sarah était encore dans la police, appelée à une brillante carrière. La disparition de Fanny en avait fait une vedette dans les médias. Puis tout sest enchaîné très vite, la réouverture de lenquête du de Camille, le retour sur les lieux de son enfance, sa nuit avec Tony avant son arrestation. Et la descente aux enfers, le départ de Nicolas quand il a appris son infidélité, et son exclusion de la Police, obligée de démissionner.
Deux ans se sont écoulés, le procès de Tony devrait avoir lieu dans quelques mois, il risque 30 ans dincarcération sil est déclaré coupable. Pourtant Sarah est certaine que Tony est innocent, une intuition. Que peut-elle faire ? Les preuves sont là, la justice suit son cours.
Perdue dans ses pensées, Sarah sursaute en entendant la radio :
« Flash spécial suite à lannonce faite ce matin de la jeune fille agressée près dAvignon.
Sarah bondit sur sa télévision, les chaînes dinfo ont peut-être des informations plus précises. Rien, elles passent toutes la même nouvelle « un lien a été établi entre lagression de Jeanne ce matin et le de Camille », ils ne savent rien de plus. Pour retenir les spectateurs, petit rappel en boucle, quelques images de lépoque, la découverte de Camille, linterview des parents, larrestation de Tony
On voit Sarah avec son équipe parmi les policiers, mais heureusement personne ne parle delle tout le monde la oubliée.
Lors de la conférence de presse que Sarah suit en direct sur BFM TV, le Procureur confirme que des éléments font penser à un lien avec lagression de la Joggeuse dAvignon, sans plus de précision. Il rappelle que Tony L. mis en examen pour le de Camille devait être jugé très prochainement par la cour dassises du Vaucluse. Devant ce nouvel évènement, le procureur demande un complément denquête et ajourne la date du procès.
Y a-t-il encore un espoir de sauver Tony ? Sarah décide dappeler sa sur. Rachel habite toujours en Avignon, elle en saura peut-être plus.
- Comme toi, jai entendu la radio.
- Bon, jarrive, je veux savoir. Tu peux me loger ?
- Bien sûr, vient ça te fera des vacances.
Son train part en début daprès-midi, juste le temps de sauter dans un taxi. Sur place, elle espère pouvoir rencontrer ses anciens collègues.
Après le scandale quelle avait provoqué, Sarah était repartie sans avoir accès au dossier incriminant Tony. Est-il coupable des faits reprochés ? Sarah ne peut y croire. Son ADN le désigne, mais il continue de clamer son innocence.
Deux ans, deux années déjà que Nicolas est parti. Elle ne lui en veut pas, elle ne peut sen prendre quà elle. Impossible de faire machine arrière. Elle aurait tant aimé que Nicolas lui pardonne.
Depuis longtemps, elle ne pense plus à Tony comme à un amant, seul Nicolas lui manque. Souvent elle se caresse dans son lit en pensant à lui, à son sourire, à sa tendresse.
Plus le temps passe, plus elle le comprend. Il a eu raison, cest sa faute à elle.
Elle se sent seule, impossible denvisager reprendre une vie de couple avec un autre homme. Parfois se sentant encore plus seule, elle marche en ville dans la nuit, sans but, pour immanquablement terminer dans un bar, et ne rentrer chez elle que lorsque lalcool lui a fait oublier pourquoi elle est seule.
Un soir, sans savoir comment, elle sest retrouvée dans un lit inconnu, avec un homme inconnu. Telle une automate, Sarah a sucé cet inconnu, a baisé avec lui. Elle a joui, elle en avait envie, elle en avait besoin.
Reprenant ces esprits, elle sest jurée que cétait la première et la dernière fois. Pourtant deux semaines plus tard, cétait un autre inconnu. Des sensations différentes, agréables, sans lendemain. Elle avait beau se dire que ce nétait pas la meilleure des méthodes pour trouver lâme sur, elle comblait sa solitude comme elle pouvait. Pas très glorieux.
Elle ne comptait pas. Cétait le cinquième ou le sixième, elle devait faire un effort pour se rappeler. Il était beau gosse, gentil, elle se sentait bien avec lui. Pourtant quand elle sest retrouvée nue sur son lit, elle sest demandée ce quelle faisait là. Il était caressant, elle le laissait faire sans passion. Il lembrassa, elle trouva ses lèvres fades. Deux mains la caressaient, elle frissonna, pas de plaisir, elle réalisa quelle allait se faire baiser sans aucun amour. Elle aurait voulu partir, senfuir loin, loin de cette chambre, loin de cet homme qui nétait rien pour elle.
Là, comme dans un flash, elle pense à Nicolas, aux mains de Nicolas, à la bouche de Nicolas, au sexe de Nicolas. Une envie de pleurer lui serre la gorge. Pour se débarrasser plus vite de cet intrus, il faut quil jouisse. Elle le prend dans sa bouche, aucun homme ne résiste à une bonne fellation, elle sapplique comme elle la toujours fait. Écurée, elle le regarde enfiler un préservatif. Pour en finir au plus vite, elle écarte les jambes se laissant pénétrer, elle est là pour ça.
Tout en continuant à la caresser tendrement, linconnu, le souffle court, sacharne par des va-et-vient de plus en plus rapides. Pour la première fois de sa vie, Sarah simule. Elle halète, se crispe et pousse un cri dans loreille de son amant du soir. Elle a fait semblant de jouir pour abréger cette étreinte qui la dégoûte. Lui, persuadé avoir déclenché lorgasme du siècle, se déverse en elle dans un râle de plaisir.
Ouf, cest fini ! Sans même prendre le temps dune douche, elle se rhabille rapidement pour rentrer chez elle, laissant lhomme étonné mais content de sa performance.
Avant de se coucher, elle est restée longtemps dans son bain, essayant deffacer la trace des mains qui lavaient souillées.
Comment avait-elle pu tomber aussi bas. Elle tremble à ce souvenir. Ah, si Nicolas
Mais Nicolas est loin. Elle avait bien essayé de le retenir, il na rien voulu entendre. Il est parti au Canada, pour mettre de la distance entre eux. Elle sen veut de lavoir fait souffrir.
Par un ami commun, elle a appris quil vivait avec une québécoise à laccent caractéristique. Pouvait-il être heureux sans elle ? Sarah ne peut ladmettre.
Tout ça pour une nuit avec un amour de jeunesse auquel Sarah ne pensait plus depuis longtemps. Pour se prouver quoi ? Quelle pouvait encore plaire ? Foutaise. Une pulsion ? Peut-être.
Ce soir-là elle était fatiguée, lambiance, le souvenir de sa jeunesse
Elle a eu envie quil la voit nue.
Elle regrette, elle sait quelle naurait pas dû. Ce nétait quun moment hors du temps, une parenthèse sans importance. Malheureusement, pas pour Nicolas.
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Sarah loge chez sa sur. Elle ne peut sempêcher de la questionner. Il doit bien y avoir des rumeurs, quen disent les gens ici ?
De toute évidence Rachel ne porte pas Tony dans son cur. Elle prend un malin plaisir à rapporter ce qui se dit en ville, mais Sarah se rend bien compte que cest aussi ce quelle pense.
Depuis larrestation de Tony, les langues se délient, elle en entend des histoires sur son compte. Tony est un bosseur, il a bien réussi, mais surtout Tony est considéré comme un dragueur, un Don Juan. Des rumeurs, il y en a, beaucoup, trop. Comment savoir la vérité, « on ne prête quau riche » comme dit le dicton. Il passe dune femme à lautre, mariée ou célibataire, sans se soucier delle, enfin à ce quon dit.
Sarah digère linformation, elle aussi. Elle sen veut, pourquoi avoir succombé, son petit égo, faire mieux que Sophie et les autres. Sans penser à Nicolas...
Rachel lui apprend que Nicolas est passé la voir il y a 2 mois, il semblait bien seul. Sarah est surprise :
- Il nest pas au Canada ?
- Non il est rentré.
- Et sa copine là-bas.
- Cest terminé, je crois quil ne laimait pas vraiment.
- Pourquoi est-il venu te voir, toi ?
- Il avait besoin de parler, de parler de toi, de ce que tu devenais. Vous navez jamais beaucoup évoqué ce qui est arrivé, ta connerie de cette nuit-là, quand il est venu te voir, et que Tony a été arrêté.
- Il na jamais voulu.
- Mets-toi à sa place. Tu sais, je pense quil ne ta jamais oublié.
- Tu crois quil ma pardonné ?
- Je ne sais pas. Mais pourquoi être venu me voir.
Sarah peut-elle encore espérer ?
- Tu sais où il est maintenant ?
- Je ne sais pas exactement, à Paris je crois ou dans la région.
- Tu naurais pas
- Son adresse ? Non, mais jai son téléphone
Sarah pousse un soupir despoir :
- Quest-ce que tu attends, donnes-le-moi.
- Je ne sais pas si tu le mérites.
- Tes bête
Sarah note religieusement le numéro de Nicolas. Osera-t-elle lappeler ?
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Pour découvrir la vérité, Sarah compte sur sa bonne étoile et sur son instinct.
Elle ne veut pas passer au commissariat voir ses anciens collègues. Elle a encore honte en pensant à ce matin où ils lont surprise nue dans le lit du principal suspect quils venaient arrêter.
Aussi, sa première visite sera pour Sophie sa meilleure amie.
En traversant la rue, Sarah tombe nez à nez avec une femme quelle semble reconnaître. Celle-ci aussi sest arrêtée. Maryse, une de ses copines de classe, elle a changé, mais son regard ne trompe pas.
- Maryse ?
- Bonjour Sarah, tu habites Avignon maintenant ?
- Non je suis venue voir ma sur Rachel, tu dois la connaître.
- Alors cette nouvelle agression, tu sais quelque chose ? A la télé, ils ont dit que Tony doit être innocent, cest vrai ? Il va sortir de prison ?
- Je nen sais rien.
- Tu ne le crois pas capable de faire une chose pareille, tout de même. Et puisque la télé la annoncé, Tony est innocent cest certain.
- Excuse-moi je suis pressée, contente de tavoir revue. Je passerais te voir un de ces soirs, on parlera du bon vieux temps
- Euh, oui
daccord
si tu veux.
Sarah était amie avec Maryse, elles étaient tout le temps ensemble avec Sophie et Marie-Claire. Mais là, quelle commère
Sophie accueille Sarah à bras ouverts, contente de revoir son amie. Rapidement, la conversation glisse sur lagression de Jeanne.
- Je ne suis pas venue faire du tourisme. En entendant le Procureur suite à cette nouvelle agression, je voulais comprendre.
- Cest terrible, pauvre gamine. Tu en sais plus ? A la radio, il évoque un rapport avec Camille et avec Tony. Il est coupable ou pas ?
- Je ne suis plus dans la police, tu le sais. Tout plaide contre lui, surtout son ADN trouvé sur le chemisier de Camille, il devait coucher avec elle, mais dans le fond je nen sais rien.
- Bien sûr que si, nous nétions pas les seules, Camille aussi.
- Tu en es certaine ?
- Oui certaine. On les a vus ensemble la veille de son agression, jen ai parlé aux enquêteurs,
- Comment ça ?
- Nous étions au bar, souviens-toi, comme souvent avec Marie-Claire et Maryse. Tu es partie dès que la nuit est tombée.
- Cest vrai, mes parents étaient très stricts sur les horaires.
- Un moment après, on les a vus passer, Tony et Camille, bras dessus bras dessous, ils allaient vers le petit bois. On a vite compris pour quoi faire, nous y sommes toutes allées avec lui.
- Pas moi.
- Peut-être, enfin tu tes bien rattrapée depuis non ?
- Là nest pas la question, alors.
- Alors rien. Ils sont allés dans le bois. Le lendemain on a retrouvé son corps, elle avait été agressée en faisant son jogging le matin. Les enquêteurs ont fait le lien.
- Tu leur as raconté tout ça ?
- Bien sûr, pourquoi le cacher.
- Tu as eu raison. Camille, elle était habillée comment ?
- Je sais plus, en pantalon je crois. Non en jupe, avec un chemisier blanc, Tu sais, celui quelle mettait souvent, un peu sport.
- Tu es certaine ?
Et après quavez-vous fait ?
- Rien. Tony nous a racontés à toutes la même salade, les voir ensemble nous a rendu jalouses.
- Toutes ? Même Maryse ?
- Oui même elle. Elle était très amoureuse, comme toi si je me souviens bien.
- Et après ?
- Après, il était tard, nous sommes rentrées chez nous, enfin moi je suis rentrée. Marie-Claire et Maryse aussi, je pense.
- Il faut que je leur parle. Tu as leurs adresses ?
- Marie-Claire a quitté la région, il y a au moins 10 ans, son copain avait trouvé un travail je ne sais plus où. Maryse habite toujours ici, dans la grande maison de ses parents, celle où nous allions jouer ensemble.
- Elle vit avec quelquun ?
- Non elle est seule. Elle a vécu quelques années avec un type qui un jour est parti, elle ne sen est jamais remise.
- Elle na pas eu de chance. Je lai rencontré avant de venir te voir.
- Et toi, je ne tai pas demandé, comment vas-tu ? Jai appris que tu ne tes pas mariée.
- Pas mariée, non.
- Alors, cest vrai ce quon dit, tu as passé la nuit avec Tony, cet assassin ?
- Arrête de dire ça, il nest pas encore jugé
- Ok ça va, toujours amoureuse à ce que je vois.
- Non, cest fini, depuis longtemps, mais jaime la justice, cest tout. Tu as entendu que lenquête va être reprise depuis lagression de la petite hier.
- Ouais
Moi tu sais, tous ces trucs.
- Jaimerais revoir certains de nos amis de lépoque, mais je ne sais pas comment les retrouver. Tu peux maider ?
- Il y a bien Valérie, elle nhabite pas très loin dici.
- Qui est-ce ? Je ne la connais pas.
- Elle est arrivée après ton départ, elle a vécu 5 ou 6 ans avec Tony.
- Non, je recherche des personnes qui pourraient avoir connu Camille et Tony à lépoque. Tony nest pas le seul à être sorti avec Camille, tu lui connais dautres petits copains ? Je me souviens de Pierrot.
Sophie se trouble
- Non je
je ne crois pas.
- Ah, daccord cest avec toi. Tu en as eu combien au lycée.
- Pas tant que ça, quest-ce que tu crois. Jétais moins réservée que toi, mais nexagérons rien. Maintenant je suis mariée, ne va pas remuer tout ça, mon mari ne connaît pas trop mon passé.
- Tu sais où je pourrais trouver Pierrot, ou ses amis, il y avait Luca aussi. Et celle qui sortait peu, je nai jamais eu confiance en elle, elle sait peut-être des choses.
- Florence ?
- Oui Florence.
- Tu sais, nous avons toutes été interrogées par la police, toi aussi, que veux-tu apprendre de plus ?
- Donne-moi les coordonnées de celles et ceux que tu connais, jespère glaner de nouvelles informations. On ne sait jamais.
Sophie se tord les mains, regarde son amie en hésitant, et enfin se lance :
- Sarah, y a un truc que je nai jamais dit aux enquêteurs. Avec Marie-Claire et Maryse on a juré de ne rien dire à personne.
- De quoi parles-tu ?
- Quand on a vu Tony et Camille se diriger vers le petit bois, je ne suis pas rentrée chez moi tout de suite.
-
- Toutes les trois, nous avons décidé de les suivre.
- Pour quoi faire ?
- Pour rien, par jeu. Pour les surprendre, ou jouer aux voyeurs.
- Et quavez-vous vu ?
- Quand on est arrivé près de la cabane au milieu des arbres
Sarah se souvient que cest là que Tony la embrassé pour la première fois, et quil avait essayé de la déshabiller. Elle ny était jamais retournée.
-
Ils sembrassaient. Camille avait le chemisier ouvert, Tony lui pelotait les seins, et avait relevé sa jupe. On voyait sa culotte. Elle avait lair daimer ça. On était gênée, sans oser bouger.
- Et après ?
- On allait partir. Camille a défait sa ceinture, elle a ouvert son pantalon, Tony bandait, nous étions fascinées. Elle sest penchée et sest mise à le sucer. Elle savait y faire. Maryse a dit « la salope », cest vrai que même moi je navais encore jamais osé le faire avant.
- Oh, vraiment ?
- Tu sais, jen disais plus que ce que je faisais. Nous avons regardé un moment, troublées de voir le sexe de Tony aller et venir dans la bouche de Camille. Nous sommes partis sans faire de bruit, au moment où Tony mettait sa main dans sa culotte. En rentrant Maryse narrêtait pas de dire « la salope », « oh, la salope ». Je crois quelle était choquée par ce quelle avait vu, une vraie oie blanche.
- Et après ?
- On est vraiment rentré chez nous, en se jurant de ne rien dire à personne. Après ce quil lui est arrivée, on nallait pas en plus la faire passer pour une salope.
Les s de Sophie rentraient de lécole, deux beaux bambins. Sarah prit congé de son amie, pensant dun coup à Nicolas et aux s quelle aurait pu avoir avec lui.
En sortant, Sarah va prendre un verre dans le bar qui leur servait de point de ralliement après les cours, leur bar. Changement de propriétaire, la décoration a changé. Sarah retrouve la table près de la fenêtre devant laquelle les quatre amies regardaient les passants, certainement là où elles avaient vu passer Tony et Camille.
Sarah écoute, les conversations vont bon train, tout le monde parle de lagression de Jeanne, et de Tony. Comme toujours, il y a deux camps ceux qui croient en sa culpabilité et ceux qui croient en son innocence. Chacun allant de ses convictions et de ses certitudes. Moins les gens en savent plus ils en parlent.
Sarah aperçoit lancien patron, il est dans un coin devant un verre de bière. Elle sapproche, il la reconnaît ou du moins il sait qui elle est depuis quelle est passée à la télévision :
- Bonjour, vous me reconnaissez ?
- Bonjour, tu es encore parmi nous, toujours ton enquête ?
- Non, je suis juste venue voir ma sur, je faisais un tour en ville.
- Quest-ce que tu penses de cette nouvelle agression ? Tu crois Tony innocent ?
- Je ne sais pas, il parait quil sortait avec Camille.
- Bah ! Vous étiez toutes amoureuses de lui, il en a bien profité.
Galant, il ne fait aucune allusion. Mais il est curieux :
- Si ce nest pas lui, qui ça peut-être ? Un homme de passage comme Michel Fourniret dont on parle tout le temps. Vous avez suivi cette piste.
- Oui bien sûr, mais il reste muet, et maintenant il est gâteux, il a perdu la mémoire. Aucune preuve que ça puisse être lui, et son épouse qui raconte toujours tout, nous a certifiés quil ny est pour rien. En plus cest un violeur, Camille na pas été agressée sexuellement.
- Va savoir
- Ça on le sait. Sinon beaucoup de personnes ont été mises en garde à vue comme Tony, tous les détraqués de la région. Nous navons rien trouvé
- Vous avez mal cherché, voilà tout.
- Pourtant on a relevé lADN de tous les hommes de la ville, le tien aussi. Et seul celui de Tony a été trouvé sur les vêtements de Camille.
- Je me souviens quand les gendarmes sont venus ici faire les prélèvements, nous nétions pas fiers. Il peut y avoir une erreur ?
- Peu probable. Mais jai du mal à croire que Tony ait pu
- Bah ! Tu le connais mieux que moi me dit-il avec un petit sourire.
Il est tard, je dois partir, Rachel doit mattendre.
En passant dans une rue sombre, un coup de feu claque, je comprends que cest moi qui suis visée. Vieux réflexe, je me plaque au sol. Je ne vois personne. Cinq minutes après, la rue est noire de monde, une voiture de flics arrive, je reconnais mes anciens collègues.
Déposition rapide au commissariat. Je nai rien vu, cest incompréhensible, qui peut men vouloir à ce point ?
Jen profite pour demander des nouvelles de lagression de Jeanne et du dossier de Tony après les déclarations du Procureur. Secret professionnel, on ne peut rien me dire. En sortant, un policier, avec qui javais sympathisé il y a deux ans, me souffle à loreille « Retrouves-moi au café de la gare dans une demi-heure ».
Rachel attendra.
En parlant doucement, mon collègue me confie que larrestation de Tony a arrangé tout le monde, on tenait enfin un coupable.
- Mais lADN ?
- Oui, lADN sur le chemisier, cest troublant. Tony navait pas dalibi ce matin-là. Les preuves sont minces, et Tony clame toujours son innocence. Je pense que les magistrats lont renvoyé devant la cour dassises pour sen débarrasser, au juge de décider sil est coupable ou non.
- Et Jeanne ?
- Cest le grain de sable. Elle a été agressée comme Camille, difficile de croire à une coïncidence. Je ne peux pas ten dire plus, on attend le résultat des expertises. Mais cest suffisamment grave pour que le Procureur demande un complément denquête.
- Merci. Tiens-moi au courant.
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Ce matin, alors que je me prépare à aller voir Pierrot ou Florence, mon téléphone vibre, cest mon copain policier, toujours aussi sympa :
- Allô, Sarah ?
- Oui, bonjour. Tu as du nouveau ?
- Une info qui devrait tintéresser. Jeanne na pas été violée, elle a été agressée dun coup de revolver, comme Camille.
- Quoi ? Tu es certain ?
- Certain, aucune agression sexuelle. Elle était tout habillée lorsquon la trouvé. Cest la raison pour laquelle nous navons rien dit à la presse. Elle na pas été atteinte, elle sest évanouie certainement de peur et sa tête a heurté une racine. Rien de grave, elle sort aujourdhui de lhôpital. Ses parents vont garder le silence, mais pour combien de temps.
- Quelle nouvelle ! Mais pourquoi ?
- Nous nen sommes pas encore là. Ce nest pas tout, nous avons retrouvé la balle, enfin les deux balles dans un arbre à côté, cest le même calibre que pour le de Camille, le même que pour ton agression dhier soir.
- Tu penses que
- Ne temballe pas, on recevra bientôt le rapport de la balistique qui nous dira si ces balles proviennent bien de la même arme. Tu sais à partir des stries sur les balles, cest aussi efficace que nos empreintes digitales pour identifier une arme de poing.
- Mais alors ?
- Ça change tout. Lenquête redémarre à zéro. Soit Tony est innocent, soit il avait un complice. Je remets mon rapport au procureur ce matin. Bon, je ne tai rien dit. Bonne journée.
- Merci.
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Bouleversée par ce que je viens dentendre, je décide daller voir Maryse pour confirmer ce que ma dit Sophie. Une technique éprouvée, croiser les informations, parfois la même scène vue par deux personnes différentes peut donner des indices, ou des idées.
Sa maison est toujours la même, aucun changement depuis 20 ans, une rue calme, une grande terrasse qui surplombe un petit jardin. Si je me souviens bien, derrière la baie vitrée, un grand salon et les chambres à létage. Que de souvenirs, de fous rires quand nous étions gamines.
Maryse maccueille avec un grand sourire, après toutes ces années, nous sommes heureuses de nous revoir. On va pouvoir se parler un peu plus que lautre jour dans la rue.
Je lui parle de Sophie et de Marie-Claire, de nos virées adolescentes, du « bon vieux temps ». Je lui parle de ma vie à Paris. Elle, de sa vie un peu monotone, du décès de ses parents la laissant seule.
Très vite, cest elle qui aborde le sujet qui me préoccupe. Elle a suivi à la télé, comme tous les français. Elle veut surtout savoir si Tony va être libéré :
- Alors me dit-elle, où en est lenquête ? Tony est coupable ou pas. Il va sortir de prison, comme la radio la annoncé ce matin ?
- Je ne suis plus dans la police, jai entendu la même chose que toi.
- Tu dois bien avoir des informations. Tony est innocent, cest ça, tu peux me le dire. Il va sortir.
- Attends un peu, je pense que le procureur le dira dans la journée.
Jen viens à cet après-midi, la veille de lagression de Camille. Elle me répète la même chose que Sophie, après mon départ, elles ont vu Tony passer avec Camille. Une heure après, elle est rentrée directement chez elle. Aucune allusion à ce qui sest passé dans le bois. Sophie ma-t-elle dit la vérité ? Qui croire ?
Maryse semble fuyante, je décide de la brusquer un peu :
- Tu étais amoureuse de Tony, ça ta fait quoi de la voir avec une autre ?
- Nous étions toutes amoureuses de lui. Toi aussi, et tu laimes encore si jen crois les journaux.
- Tu sais, il ne faut pas croire tout ce que disent les journaux.
Maryse est de plus en plus excitée, elle parle de plus en plus fort :
- Tony est innocent. Ils lont dit à la radio que ce nest pas lui, que le véritable assassin court toujours, quil a agressé la petite Jeanne. Pourquoi tu ne veux pas me le dire.
Brusquement elle se lève, regarde Sarah et crie :
- Il a fallu que tu couches avec lui, toi aussi, et après tu las jeté en prison.
- Mais non, jai été aussi surprise que toi.
- Je ne te crois pas.
Sur ces mots, elle part en courant et monte à létage.
Sarah, un peu décontenancée par cette soudaine attitude, ne sait quoi faire. Elle monte lentement les marches, quand Maryse surgit de sa chambre, elle tient un revolver à deux mains en tremblant. Regardant fixement Sarah, elle hurle :
- Toi aussi, tu voulais me le prendre, Tony il est à moi.
- Que fais-tu ? Attention, cest dangereux.
Sarah recule devant la menace. Maryse, les yeux exorbités, crie de plus en plus fort :
- Tony est à moi, vous ne me le prendrez pas. Déjà Camille, elle navait pas le droit. Et maintenant tu veux le faire condamner, après avoir couché avec lui.
- Calme-toi. Que veux-tu faire ?
- Je suis calme dit-elle en tremblant de plus belle. Mais, cette fois je ne te raterais pas.
Sarah blêmit, cest un aveu. Elle recule pas à pas, et se retrouve sur la terrasse. Maryse continue de crier en proie à une grande agitation.
Les cris ont alerté du monde. Les voisins se massent devant le jardin. Il regarde sans y croire Maryse brandissant un pistolet. Chacun retient son souffle.
Au loin, on entend la sirène dune voiture de police alertée par un voisin. Sarah essaie toujours de raisonner Maryse
- Donne-moi ce revolver, cest fini. Tu es malade, je taiderais.
Maryse pose le canon de son arme sur sa tempe :
- Si tu fais un pas de plus, je me tue.
Sarah recule, les flics braquent leurs armes sur Maryse. Que veulent-ils faire ? Étonnant de vouloir empêcher quelquun de se suicider en lui tirant dessus.
Gardant son sang-froid, Sarah continue à parler lentement, calmement, en regardant Maryse dans les yeux, tout en surveillant le canon braqué sur la tempe de son amie.
Enfin Maryse pousse un long cri, elle éclate en sanglots, baisse les bras et laisse tomber son revolver à ses pieds.
Retrouvant ses réflexes, résultats des longues heures dentraînement à lécole de Police, Sarah bondit et saisit Maryse dans ses bras. Veut-elle la rassurer, la protéger, ou la ceinture-t-elle pour limmobiliser.
La foule pousse un soupir de soulagement, tandis que les flics ramassent le revolver.
Maryse monte dans la voiture de police pour être emmenée au commissariat.
Quelques minutes plus tard, se remettant de ses émotions dans les locaux de police quelle connaît bien, Sarah fait une déposition en racontant ce qui sest passé. Elle se sent à laise, elle retrouve lambiance, ses anciens collègues. Elle est heureuse, cest sa vie.
Elle resterait bien, pour savoir, mais elle ne peut séterniser, linterrogatoire de Maryse va être long.
Chez sa sur, informée par la rumeur, elle va pouvoir enfin se reposer. Mais Rachel a hâte den savoir un peu plus, Sarah doit une nouvelle fois raconter ce qui sest passé.
Dans la soirée, ny tenant plus elle appelle son ami policier. Il est encore au travail :
- Alors ?
Maryse est passée aux aveux, dans un état second, en parlant dune voix monocorde, sans exprimer le moindre sentiment. Sous le sceau du secret, le policier confie à Sarah ce quelle redoute : le père de Maryse avait une arme quil cachait dans son armoire, cest bien Maryse qui sen est servi pour Camille par jalousie, et cest encore elle que lui a tiré dessus hier toujours par jalousie.
- Mais pourquoi Jeanne ?
- Elle ne pouvait accepter que Tony soit condamné. Pour le sauver, elle a voulu faire croire que lassassin était encore en liberté. Elle a choisi Jeanne au hasard dans la rue.
- Pauvre gamine... Heureusement que Maryse ne sait pas tirer. Elle risque la perpétuité non ?
- Oui, mais elle va être enfermée dans un hôpital psychiatrique. Elle sera sûrement déclarée irresponsable.
Sarah veut aussi comprendre les expertises. Dautres traces ADN ont été relevées sur le chemisier de Camille, mais personne na pensé que lassassin pouvait être une femme. Seuls les hommes ont été prélevés, personne na cherché plus loin. Maintenant que lon sait, la présence de lADN de Tony sexplique, il avait passé la soirée avec Camille, le témoignage de Sophie est capital.
Sarah est en colère, contre elle, contre ses collègues, ils auraient dû
mais cest facile de le dire après. Tony navait aucun alibi, cétait le coupable idéal.
---oOo---
Le lendemain, lors dune conférence de presse, le procureur détaille un peu pompeusement les conditions de larrestation de Maryse sen attribuant tout le mérite. Il annonce que les poursuites contre Tony sont abandonnées. Il sera libéré le soir même, son avocat ayant demandé sa libération.
Tony est innocenté, il touchera une indemnisation pour les 2 ans passés à tort en prison.
Vers 17 heures, je suis devant la porte de létablissement pénitentiaire. Tony devrait sortir bientôt, son avocat est là. Je reste dans la voiture pour me faire discrète.
Tony a-t-il changé ? En fermant les yeux, je le revois
Mon esprit va vers cette soirée maudite, quand je me suis mise nue devant lui. De la nuit, je nai plus aucun souvenir, ai-je joui, sûrement.
Son image est vite remplacée par celle de Nicolas, par le regard de Nicolas quand je suis rentrée. Javais limpression que mon infidélité était inscrite sur ma figure, quil savait déjà. Jétais triste quand il est parti. Je voulais le rappeler, mais la radio est allée plus vite.
Bien sûr, je naurais pas dû
Nicolas est-ce que tu maimes encore ?
La porte de la prison souvre me tirant de ma rêverie. Tony na pas trop changé. Son avocat va à sa rencontre.
Je sors de la voiture. Tony me voit, il se dirige vers moi, me sourit. Je lui rends son sourire, contente de le voir en si bonne forme. Il sapproche et me fait la bise :
- Merci Sarah. Sans toi je ne sais pas ce que je serais devenu.
- Je te devais bien ça. Je suis contente pour toi. Ça na pas été trop dur ?
- Pas facile tous les jours, mais ça va... Tu restes avec moi ce soir ?
- Non Tony.
- Je comprends. Jai appris pour toi. Les nouvelles vont vite en prison.
- Adieu.
Sarah retourne à son véhicule, tandis que Tony part avec son avocat.
La parenthèse est refermée, définitivement. Sarah se dit quelle aurait dû regarder lavenir plutôt que de se tourner sur son passé, Elle a tout gâché.
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De retour à Paris, Sarah essaie de savoir où habite Nicolas, le numéro ne laide pas, mais Jérôme saura.
Content davoir de ses nouvelles, Jérôme trouve le bon renseignement rapidement.
- Merci, toujours aussi efficace.
- On formait une belle équipe. Ici je mennuie un peu. Avec toi impossible de voir le temps passer.
- Tu as des nouvelles dAïcha ?
- Oui de temps en temps, elle est toujours au RAID, elle séclate. Enfin cest une expression, car elle ne chôme pas avec tous ces tordus qui font sauter des bombes. Tu sais quelle était au Bataclan, toujours volontaire en cas de coups durs. Elle ma raconté, une véritable horreur, un carnage. Elle était écurée, elle marchait sur des corps, il y en avait partout, surtout des jeunes. Elle en a pleuré quand je lai vu.
- Je men doute.
- Tu devrais lappeler, elle sera contente davoir de tes nouvelles.
Quelques jours plus tard, Sarah reçoit un appel de la direction centrale de la police, peut-elle passer les voir. Demain matin 9 heures. Cela ressemble plus à un ordre quà une invitation.
Elle est reçue par un fonctionnaire quelle ne connaît pas. Elle se doute que cest un gradé, il ny va pas par quatre chemins.
- Vous vous êtes bien reposée pendant ce congé sabbatique, plus de deux ans, ça devrait vous suffire non ?
Intriguée, Sarah ne sait que répondre. Elle se tait. Disciplinée, elle attend de savoir ce quon a à lui dire :
- Jai là une note de votre chef à la Crim vous accordant un congé illimité compte tenu de votre implication personnelle dans un dossier. Ça vous dirait de revenir de votre congé ? vous vous êtes suffisamment reposée depuis le temps lui dit-il avec ironie.
-
- Les affaires anciennes non élucidées, ras-le-bol, nous sommes la risée des médias. La Chancellerie a demandé un rapport pour la mise en place de moyens spécifiques. Nous allons créer un office central spécialisé dans les cold case, moitié gendarme moitié police. Ordre du ministère faudra travailler ensemble, mais cest déjà le cas pour dautres structures.
-
- Alors ça vous intéresse ? Vous êtes une spécialiste non ?
- Daccord pour quoi ?
- Votre cerveau sest ramolli. Bon je vous explique, le patron de la structure qui sera décidée lors du conseil des ministres de mercredi prochain sera un gendarme, donc obligatoirement son adjoint doit être de chez nous, alors ça vous intéresse ?
- Sarah commence à comprendre, on lui propose de reprendre du service. Avec les formes, pas question de parler de démission.
Dailleurs, lui revient en mémoire la réflexion dun collègue « On ne démissionne jamais de la Police ».
Quelques semaines plus tard, un décret signé du Premier Ministre crée un office central pour les affaires anciennes non élucidées (OSAANE), avec un nom impossible à dire comme le Ministère de lIntérieur sait faire. Sont nommés à sa tête le colonel Strogoff, et son adjointe la commissaire Sarah Castaing.
Dès le premier jour, Sarah et son nouveau chef doivent consti une équipe, déjà une douzaine de gendarmes et de policiers sont pressentis. En fin politique, ils épluchent leurs CV pour savoir qui garder, tout en assurant léquilibre des deux armes.
Sarah jetant un il circulaire sur les candidatures retenues, décroche son téléphone :
- Allô Jérôme ?
-
- Allô Aïcha ?
-
Intrigué, son chef la regarde sans rien dire. Sarah repose le combiné :
- Voilà notre équipe est maintenant au complet.
Le soir, Sarah se sent seule. Plus question décumer les bars. Elle aimerait revoir Nicolas, lui parler, lui dire quelle regrette, lui dire
mais voudrait-il lécouter ?
Comment reprendre contact. Lui téléphoner ? Non trop protocolaire. Un mail ? Cest nul.
Comme toujours, Sarah décide de foncer, quand il y a un obstacle il vaut mieux laborder de face, elle est bien décidée à se battre.
Grâce à Jérôme, elle a son adresse. Un dimanche, en fin daprès-midi, il doit être chez lui. Un peu stressée, Sarah sonne à sa porte. En ouvrant, Nicolas a lair surpris.
Ils se regardent quelques secondes. Elle nose pas bouger, elle nose rien dire. Maintenant que va-t-il se passer ?
Nicolas réagit le premier, il sefface et linvite à entrer. Timidement il lui sourit, elle se demande si elle a bien fait de venir.
Nicolas referme la porte sur Sarah.
Sarah ne ressortira que le lendemain matin pour rejoindre son bureau. Le soir même, quand elle revient avec une valise, Nicolas a préparé un petit repas.
Il a même acheté un gros bouquet de fleurs.
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