Petits Secrets De Village - Carole Et Fanny

« « Dans « Autres petits secrets de village – Le club des quatre », je vous ai parlé de Brigitte et Caroline, de Julia et Fanny. On y a croisé leurs s, des ados.
Je vous ai dit, tout à la fin , « je vous parlerai de tout ça ».
Eh bien c’est l’occasion … ça se passe dans mon village … dans le vôtre ? Peut-être aussi … regardez autour de vous … regardez bien … » »

— Dépêche, poussin, allez, allez, on est en retard !
Son sac à dos, vérifié : tout est là ! la trousse, les trois cahiers … voyons, lundi … maths, EPS, histoire et SVT … bonne idée ces gommettes de la même couleur que les protège-cahiers sur l’emploi du temps scotché sur la porte du frigo ! D’un coup d’œil elle voit s’il n’a rien oublié … sa calculatrice ? ah si ! elle est là …
— Chéri, mets plutôt tes Nike, t’as pris quoi ? Un short ou ton survêt ? … ok … t’es prêt ?
S’ils sont en retard, c’est sa faute. Elle le sait. Son fils aussi, le sait. Mais il ne dit rien. Il a l’habitude. Ce matin encore elle s’est réveillée trop tard, ce matin encore elle a passé trop de temps dans la salle de bain.
L’an dernier, c’était son père qui le posait devant le collège tous les matins.
Plus maintenant.
Il a déménagé.
Un dernier coup d’œil sur le miroir de l’entrée … cheveux, maquillage …
— Maman ! C’est bon, viens !
— J’arrive chéri ! j’arrive …

Maxime s’est dépêché de sortir de la voiture dès qu’elle s’est garée, lui a fait un signe de la main, et a tourné le dos, a couru vers le grand portail vert où un surveillant faisait rentrer les derniers arrivés.
Pas de bisou en partant. Elle en a pris son parti : jamais devant le collège, « ça fait bébé ».
Elle a coupé le moteur, a rejoint Brigitte accotée à la portière de l’Audi de Julia.
— Juste à temps ! Comme d’habitude !
— Bonjour ! Ils ferment à peine … ça va, ce matin ? … Je suis pas la dernière, on dirait …
— Et si ! Elle est déjà repartie ! Elle a une livraison ce matin.


— A l’église ? Des cierges ?
— Arrête … au magasin !
Elle a embrassé Brigitte, s’est penchée à la portière pour une bise à Julia. Que Fanny soit déjà partie, ne dérangeait pas vraiment Caroline.
Une vieille histoire, quatre ans plus tôt … elles sont toujours « la bande des quatre » comme les gens du village les appellent, mais Caroline et Fanny ne sont pas les meilleures amies du monde … quoique … mercredi dernier, après la piscine …

« « Plus tard, on verra plus tard cette histoire de piscine, des marques sur les fesses et les seins de Fanny ! Voyons déjà cette vieille inimitié … je vous en ai dit un peu dans la première histoire … quelques mots encore ! » »

… Quatre plus tôt …
Comme de plus en plus souvent, Caroline était seule. Son mari était absent. En déplacement. Elle ne montrait rien, restait enjouée, riait et s’amusait, donnait le change en répétant d’un air convaincu à ses amies les explications qu’il lui donnait à elle, des explications auxquelles elle-même ne croyait plus.
Elle en faisait même un peu trop, c’était dans sa nature. Ce soir-là, elle portait une robe noire moulante et vraiment très courte, au décolleté plongeant qui avait fait hausser les sourcils de ses amies et qui attirait les regards de beaucoup de messieurs dans la salle des fêtes du village qui recevait une délégation d’allemands pour célébrer le jumelage des deux communes.
Après les discours et les échanges de cadeaux auxquels Julia en tant qu’adjointe au Maire et elle-même présidant au comité des fêtes participaient, elle s’était attablée avec ses amies et leurs époux, les allemands et leurs épouses. Après de multiples toasts, au Champagne d’abord, puis au Schnaps que leurs hôtes avaient amené, la tablée était joyeuse et comme d’habitude, Caroline parlait fort et riait beaucoup, amusait les convives.
Le genou qui se collait à sa jambe très souvent, elle n’y a pas fait attention au début. Quand une main a remplacé le genou, l’alcool avait déjà largement entamé sa lucidité, et elle trouvait très amusant aussi que son voisin si entreprenant soit le mari de Fanny, dont jamais elle n’aurait imaginé un tel comportement.


Elles plaisantaient souvent entre elles de ce qu’elles imaginaient de la vie amoureuse de Fanny et de Benoît, lui tellement guindé et sévère, toujours sérieux à l’extrême, et elle qui leur avait avoué avoir longtemps hésité à entrer au couvent, et passait autant de temps à l’église que dans leur boutique d’électroménager.
Sa solitude, l’alcool ? Un peu tout ça … et le jeu !
Plusieurs fois il l’avait invitée à danser et lui pelotait les cuisses sous la nappe de papier blanc dès qu’ils retournaient à leur table.
Quand elle était sortie avec Julia pour fumer une cigarette, il les avait suivies et l’avait retenue seule dehors ensuite.
L’alcool ? Mauvaise excuse. Ce flirt tellement improbable l’amusait ! Elle n’avait pas protesté quand il l’avait entraînée au milieu des voitures sur le parking, retrouvant la légèreté des rencontres de sa jeunesse avec un garçon à la sortie d’une boîte de nuit.
Un temps elle a oublié ses 30 ans, oublié que c’était le mari de son amie qui troussait sa robe à sa taille et glissait sa main rude entre ses cuisses en la plaquant à la portière d’une voiture.
Elle résistait en riant aux mains qui appuyaient sur ses épaules, mais elle a cédé, a ouvert le pantalon pour le caresser, sans aucune autre intention que quelques caresses de sa main.
Lui, c’est sa bouche qu’il voulait. Elle aurait pu s’échapper ? Peut-être … Mais il la tenait des deux mains dans ses cheveux … et puis crier ? c’était le scandale assuré … et après tout, une pipe, ça ne lui faisait pas peur … elle s’est soumise, elle lui a donné ce qu’il voulait d’elle.
Malgré les doigts crochés dans ses cheveux, elle aurait sans doute pu se reculer quand elle a senti qu’il allait jouir, mais elle ne l’a pas fait, en pensant bêtement « il va tâcher ma robe ». Elle a attendu qu’il la relâche pour cracher son sperme.
Elle l’a évité tout le reste de la soirée, a évité aussi de se retrouver trop proche de Fanny.

En 9 ans de mariage, ce n’était pas la première fois que Caroline accordait ses faveurs à un autre homme que son mari, mais cette fois, c’était le mari d’une de ses amies ! Quelle bêtise ! Elle s’en voulait terriblement.
Et la brutalité de Benoît avait effacé les brumes d’alcool qui l’avaient entraînée à se laisser aller à ce qu’elle considérait au début comme un jeu amusant.
Et catastrophe ! Quelqu’un les avait vus ! La rumeur … les regards égrillards à la pharmacie, chez sa coiffeuse, les regards réprobateurs de Brigitte et de Julia, et deux semaines après la fameuse soirée, en début d’après-midi, Fanny avait sonné à sa porte, n’avait pas dit un mot et l’avait giflée. Quoi dire ? Rien ! Ni l’une ni l’autre n’avaient prononcé le moindre mot.
Vieille histoire.
De toute façon, ces deux-là ne s’étaient jamais beaucoup aimées avant … Fanny la bigote, Caroline à la réputation sulfureuse.

Caroline, Julia et Brigitte ont discuté un moment dans la rue devant le collège, ont parlé de leur week-end, puis se sont séparées. Julia rejoignait son mari à leur boutique de chaussures, fermée le lundi, mais ils devaient refaire leur vitrine avec la nouvelle collection ; Brigitte partait faire des courses.
Caroline hésitait, un peu désœuvrée. Depuis son divorce, malgré la somme confortable que lui verse son ancien mari tous les mois, elle a trouvé un emploi, plus pour s’occuper que par besoin : elle est vendeuse dans une boutique de mode, fermée le lundi comme la plupart des commerces. Passer voir Alex, son amant du moment à l’agence bancaire ? Plus tard, peut-être, dans l’après-midi.
C’est une autre idée qu’elle a en tête, mais elle hésite, ne sachant pas trop comment elle serait reçue … aller voir Fanny.

« « Nous y voilà, on va en savoir plus sur ces vilaines marques qui zèbrent les fesses et les seins de Fanny ? » »

Depuis la semaine précédente et leur après-midi chez Julia au bord de la piscine, ce qu’elle a vu n’arrête pas de tourner dans sa tête. Fanny ! Fanny la bigote qui passe plus de temps à l’église que dans le magasin d’électro-ménager qu’elle et son mari tiennent sur la place du village ! Fanny et ces marques violacées sur les seins et les fesses !
Elle les avaient vues quand Fanny se hissait des deux bras sur la margelle de la piscine pour aller chercher le ballon avec lequel elles jouaient avec leurs s et que son maillot de bain avait glissé.
Elle avait tout de suite deviné ce qu’était la marque boursoufflée sur la fesse découverte, avait suivi Fanny dans la salle de bain où elle s’isolait pour se changer. Elle voulait savoir, savoir et pas seulement … parce que cette trace aperçue, elle en avait déjà vues, et jamais elle n’aurait imaginé que Fanny avec sa pudibonderie affichée connaisse ces pratiques … parce qu’existait toujours une vieille querelle entre elles et qu’elle y avait vu le moyen de la mettre mal à l’aise.
Elle s’en voulait un peu de cette mesquinerie, un peu … et depuis qu’elle avait vu Fanny nue dans la salle de bain chez Julia, ses fesses et ses seins marqués, elle y pensait sans arrêt.

Ces marques, Caroline connaissait bien. Elle avait, avec son mari, fréquenté un temps des clubs libertins, puis des clubs plus spécialisés, où tous les deux cherchaient d’autres plaisirs. Elle avait découvert ces pratiques. Elle en avait connu les deux faces : celle où elle était « victime », celle où elle « dominait ». De ces expériences elle gardait un souvenir fort, souvenir de plaisirs violents, de cravaches et de cordes, de fouets et de baillons.
Jamais depuis son divorce elle n’était retournée dans ces clubs mais souvent elle était hantée par ce qu’elle y avait vu et vécu, se souvenait que de retour chez elle après une soirée c’était ces mêmes marques qu’elle avait observées sur son propre corps dans les miroirs de sa chambre, que des marques identiques, dans une pièce sombre à l’éclairage tamisé, elle en avait elle-même imprimé dans la chair d’une femme ou d’un homme de rencontre, sur son mari aussi, et qu’elle y avait pris autant de plaisir qu’en étant à leur place, pieds et chevilles liés sur une grande croix de bois.
Tous les souvenirs lui revenaient et elle en était troublée, rêvait dans son lit tous les soirs du corps dénudé de Fanny depuis le mercredi de la semaine précédente.

En la suivant et en la forçant à se déshabiller devant elle, Caro avait voulu la punir de cette vieille gifle et du ton moralisateur qu’elle avait si souvent, en la faisant parler et dire d’où lui venaient ses traces sur son corps, se moquer d’elle sans doute. Mais elle avait été si troublée à la vue des marques sur son corps, aux souvenirs de ses propres expériences, qu’elle n’avait pu que la prendre dans ses bras et essuyer ses larmes, renonçant aux questions, saisie d’un sentiment trouble qu’elle avait voulu lui cacher. Elle en était sûre, Fanny n’avait rien deviné de la gêne soudaine qu’elle avait ressentie.


Après le départ de Brigitte et Julia, Caroline est restée un long moment assise dans sa voiture devant le Collège, tapotant nerveusement d’un doigt sur le volant, indécise, cherchant un prétexte pour passer à la boutique de Fanny, indécise sur ce qu’elle en attendait.
Elle s’est garée sur la place de la mairie, a fait les quelques courses dont elle avait besoin à la superette et à la boucherie, et en allant vers la librairie, a aperçu Fanny sur le trottoir à côté d’un camion de livraison.
— Bonjour ! T’étais déjà partie … on s’est pas vues, ce matin.
— T’étais en retard ?
— Juste à temps ! Je … tu veux un coup de main ?
Une semaine plus tôt, jamais Caroline n’aurait proposé son aide.
Une semaine plus tôt, jamais Fanny n’aurait accepté.

Elles ont mis une heure à transporter les cartons livrés de la boutique à la réserve, à l’arrière du magasin. Quelques regards échangés, quelques sourires crispés. Elles ne s’étaient pas revues depuis le mercredi précédent chez Julia et ce qui s’était passé dans la salle de bain. Et sans qu’elles s’en rendent compte, ces instants-là étaient en permanence à l’esprit de l’une comme de l’autre, liées par un secret partagé, gêne et complicité, trouble, mêlés.
Fanny aussi avait revécu la scène maintes fois, honteuse qu’un secret de son couple ait été ainsi révélé, honteuse aussi de la « presque fierté » stupide ressentie sur l’instant, instant où elle était nue, totalement vulnérable et exposée aux yeux de Caroline, honteuse de ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là, de la réaction de son corps à chaque fois qu’elle y repensait.


Sans que Caroline ne puisse le savoir, beaucoup de choses avaient changé dans la vie de Fanny à cause d’elle.
Depuis toujours, ses amies se moquaient d’elle, elle s’en rendait bien compte. Brigitte, plus gentiment que les autres, s’amusait elle aussi de ce qu’elle appelait sa « pruderie ». Après une discussion entre elles quatre, où Julia et Caro forçaient leurs propos dans le seul but de la choquer et de provoquer la rougeur qui envahissait ses joues et faisait trembler ses lèvres, où elles, ne disaient pas « prude » mais « coincée », elle l’avait gentiment prise par le cou pour une bise sur sa joue et lui avait dit « des fois on se demande comment t’as pu avoir deux gosses ! ».

Et puis elle avait surpris son mari un soir de fête, Caroline à genoux devant lui, son sexe dans sa bouche. Elle s’était cachée, incapable de fuir ou de se montrer, incapable de les quitter des yeux … le ventre tordu d’une excitation violente comme elle n’en avait jamais ressentie. La colère ? Elle n’était venue que bien après.
Sur le moment elle n’avait ressenti qu’une immense curiosité assortie de honte, une violente excitation ensuite ; une autre honte, différente, quand elle avait dû s’enfermer dans les toilettes pour essuyer entre ses jambes cette humidité qui ne lui venait que si rarement, et jamais aussi abondante.
Cela, elle ne l’avait pas dit à Julia quand elle lui avait raconté son infortune. Elle n’en avait rien dit non plus au prêtre qui la confessait toutes les semaines.

Jamais auparavant avec son mari ils n’avaient parlé de sexe. Parce que ça ne se fait pas. Parce que le sexe n’existe que pour procréer, n’est-ce pas ? Qu’il faut le mariage et la nuit, la chemise de nuit retroussée pour l’occasion et les soupirs discrets.
Mais avec la colère, il avait fallu les mots ; parler avec son mari de ce qu’elle avait vu.
A sa question « Pourquoi ? », il aurait pu se contenter de dire « … j’avais bu … », mais il a aussi dit « … je voulais savoir ce que ça faisait … ».
… la réponse de son mari, son sourire gêné et la lumière dans ses yeux … le souvenir de sa propre réaction …
Rien n’aurait été pareil s’il avait simplement dit « … j’avais bu … ». Mais ce n’est pas ce qu’il a dit.
‘A cause de Caroline ce soir-là …’ ? Fanny le formulerait peut-être comme ça … ou elle dirait, si elle devait expliquer, « parce que j’ai vu Caroline … », et si elle osait, si elle osait elle avouerait, ‘Grâce à Caroline’ … »
Ce qu’avait dit Julia, « T’as qu’à en faire autant, il ira pas voir ailleurs ! », l’avait choqué. Et puis un soir …

C’est assez ? Non, pas tout à fait …

Ils venaient enfin de parler de ce qu’elle avait vu … les mots échangés ont été suivis de gestes … et c’est ce qu’elle a dit, après sa première fellation, qui a déclenché la suite …
« J’ai honte, je mériterais une fessée … »
Benoît, son mari, a ri. Pour jouer, au début tout au moins, et sans doute libéré de sa réserve habituelle par ce qui venait de se passer, il l’a couchée sur ses genoux et a retroussé sa longue robe de chambre en coton, lui a donné deux claques sur les fesses, la fessée qu’elle disait devoir mériter, et sans doute parce que c’est sa nature aussi, il ne s’est pas arrêté à ces deux claques, a allumé la lampe de chevet, et lui a administré une vraie fessée à rougir son postérieur et y laisser la marque de ses doigts.
Fanny sentait le sexe de son mari se tendre contre son ventre, sentait aussi son propre sexe s’inonder. Bien sûr Benoît s’en est aperçu.
S’arrêter et lui faire l’amour ? Il ne s’est pas arrêté … et pour la première fois en 15 ans de mariage il a fait jouir sa femme.
Pour la première fois Fanny a découvert le plaisir, de ses fesses malmenées !
Fanny avait honte, passait de longues heures en prière, mais c’est elle un jour qui a posé une badine de bambou sur la table de nuit, et parce que la chambre des s étaient juste au bout du couloir, pour ne pas les réveiller, Benoît l’a entraînée au rez-de-chaussée jusque dans la réserve tout au fond du magasin. C’est lui qui un jour a eu l’envie de l’attacher les bras étirés d’une corde passée autour d’un tuyau de chauffage, lui aussi qui a acheté dans un magasin de sport, au rayon équitation, la cravache dont il se sert maintenant pour faire jouir Fanny.

Ni l’un ni l’autre n’avait suffisamment d’imagination pour ces soirées peu ordinaires.
Benoît, le premier, s’était mis à regarder des clips sur internet où étaient exposées de telles pratiques, et essayait de reproduire ce qu’il y voyait, ne s’imposait pas vraiment de limites dans la mesure où Fanny à chaque fois prenait un plaisir évident, avait parfois plusieurs orgasmes. Lui se disait « si c’est trop, elle le dira ».
C’était parfois trop pour Fanny, mais elle ne disait rien, et malsain ou pas, elle y prenait plaisir, malgré l’escalade.
Elle a surpris un soir Benoît devant un de ces films sur internet, et a regagné sa chambre sans lui en parler, s’est relevée dans la nuit pour rechercher sur le navigateur quel site il avait visité. Elle a trouvé. Elle est souvent retournée sur ce site, a vu de nombreuses images qui avaient beaucoup d’effet sur elle, a reconnu où Benoît trouvait ses idées.

Fanny et Caroline ont travaillé en silence, sans échanger un seul mot, yeux baissés et rougeur leur montant aux joues aux regards croisés, chacune n’ayant en tête que leur dernière rencontre, le trouble qui les avait saisies et qui restait là, entre elles.
Fanny ne pouvait s’empêcher de lever les yeux dans la réserve sur le tuyau de chauffage au-dessus duquel Benoît passait la corde qui lui blessait les poignets quand il étirait haut ses bras, sur la vieille armoire métallique fermée à clef pour tenir hors de vue des s la cravache récemment achetée, et là aussi, à la vue de Caro, appuyé à l’armoire, le tuyau percé aux extrémités où deux cordes étaient encore enfilées, qu’il utilisait maintenant pour lui entraver les jambes largement ouvertes.
En le voyant, elle a lâché le carton qu’elle portait, les yeux fixes et les lèvres tremblantes.
Ce tuyau n’aurait eu aucune signification pour Caroline, qui n’y aurait pas prêté attention, si Fanny affolée ne s’était précipitée pour s’en saisir et le déplacer, le cachant dans l’espace entre l’armoire et le mur de parpaings bruts.
Caroline avait froncé les sourcils en voyant son affolement et sa précipitation, et avait attendu de se trouver seule dans la réserve entre deux charrois pour jeter un œil derrière la vieille armoire, ne trouvant aucun sens à ce tuyau et ses cordes, jusqu’à ce qu’en se retournant elle voit Fanny figée à l’entrée de la pièce un carton dans ses mains et les yeux pleins de larmes.
Elle a pris le carton des mains de Fanny pour le poser sur la pile, l’a prise par le bras pour retourner vers la boutique.
— Bon … on a fini … tu m’offres un café ?
Fanny a hoché la tête avec un pauvre sourire, a fermé la porte du magasin et l’a entraînée vers l’escalier montant à l’appartement au-dessus de la boutique.

Elles sont attablées côte-à-côte dans la petite cuisine. Fanny fait tourner sa tasse entre ses doigts, balaie fréquemment une mèche de cheveux d’un doigt au-dessus de son oreille, mèche qui glisse sans arrêt parce qu’elle baisse la tête sur sa tasse de café qui refroidit.
Caroline se lève et prend un élastique à cheveu noir qui traîne sur le comptoir à côté de l’évier. Debout derrière Fanny, l’élastique entre ses dents, elle lui peigne et lui lisse les cheveux de ses doigts en queue de cheval et enroule l’élastique autour.
— Tu connais le « Rouge et noir » ? … T’en as entendu parlé ? Je sais pas si c’est encore ouvert … c’était … tout ce qu’on en disait … tu te souviens ?
Fanny a hoché la tête.
— Eh ! Si tu bouges, j’y arriverais pas ! Ils sont trop courts derrière … mais ça te va bien, cette coupe … t’as un autre élastique ? je peux te faire des couettes, tu les auras plus dans les yeux, comme ça !
Au moins elle a réussi : Fanny a ri. Caroline continue à la peigner de ses doigts ouverts.
— Ils sont épais, et doux … moi, sans shampoing lissant, c’est de la filasse. Faudrait que j’arrête les teintures, tu m’as toujours connue blonde, mais je suis plutôt châtain … là-bas … j’y suis allée quelques fois, avec Pierre … alors tes marques, je sais comment on les att.
Les épaules de Fanny sont toujours aussi crispées, ses doigts tremblent autour de la tasse.
— Et t’inquiète pas, je dirai rien … même pas à Brigitte, et surtout pas à Julia … ils y allaient aussi, elle et son mari, on s’y est rencontrés une fois … une seule … elle … ses fesses ressemblaient un peu aux tiennes, si je me souviens bien … enfin, en moins jolies. T’es plutôt bien fichue ! Je les laisse comme ça ?
Fanny lève une main pour toucher ses cheveux et secoue la tête en riant :
— Non ! pas comme ça …
Caroline enlève l’élastique qui maintient les cheveux en palmier au sommet de la tête de Fanny. Elle se penche à l’oreille de Fanny :
— Elle avait des vergetures sur le ventre et les fesses … avec tous ses massages et toutes les crèmes qu’elle se met depuis, c’est peut-être mieux … mais elle met que des ‘une pièce’ … c’est sûrement qu’elle a quelque chose à cacher !
Fanny secoue la tête de droite à gauche et rit :
— T’es méchante !
Caroline se penche et l’embrasse dans le cou :
— Non. Je suis pas méchante. C’était juste pour te faire rire … mais quand même, Julia …
— Arrête !
— Bon, j’arrête … moi aussi j’ai eu des fesses comme les tiennes de temps en temps, et d’autres fois … d’autres fois c’est moi qui tenais la badine. Pierre …
Fanny ne peut s’empêcher de se retourner. Elle a les joues rouges et les yeux brillants, les yeux ouverts de surprise, bouche arrondie en un « O » étonné.
— Mmm mmm … et je peux te dire que si j’avais su comment il me traiterait après, j’aurais cinglé plus fort ! … Je … toi, c’est Benoît, hein ?
Fanny s’est raidie sous les mains de Caroline à plat sur ses épaules, qu’elle secouait doucement pour l’inciter à répondre.
— C’est lui ?
— …ben oui !
— Je sais pas, moi, t’aurais pu … ton curé ?
Fanny ouvre des yeux ébahis et hausse les épaules.
— Et … t’es … consentante ?
Fanny lui tourne le dos et cache son visage dans ses mains, murmure :
— J’arrive pas à croire qu’on parle de ça … et … à ton mari ?
— Ça te donne des idées ?
— Non !
Caroline prend Fanny par les épaules et la fait pivoter, écarte la mèche qui à nouveau lui cache le visage et prend ses joues sous ses mains :
— Il te force ? ou …
Un long moment Fanny garde les yeux baissés avant de regarder Caro dans les yeux, un pauvre sourire aux lèvres, fait « non » de la tête.
— Bon … ok …
Caroline s’est agenouillée devant Fanny et a posé la joue sur ses genoux.
— Tu sais …
Elle parle. Doucement. Raconte. D’abord les soirées en banlieue parisienne où son mari l’entraînait, soirées privées ou en club, la toute première fois sans qu’il l’ait prévenue, sa gêne, la découverte. Elle avait aimé. Puis, une discussion avec des « amis » de rencontre, leur parrainage pour le « Rouge et noir », le club SM dont on parlait dans la région, la surprise un jour d’y croiser Julia et son mari. Elle dit aussi en levant la tête vers Fanny, qui a les joues très rouges et ouvre des yeux étonnés en écoutant ses confidences inattendues que ces jeux aussi, elle avait aimé.
— Quand j’ai vu, à la piscine, ton maillot avait glissé, j’ai tout de suite su. Et après … J’ai déjà vu des femmes, marquées, comme toi …
Elle lève la tête et sourit en regardant Fanny :
— Aussi marquées, et des fois plus, même, mais pas aussi bien faites … tu te caches sous tes robes et tes tabliers, mais t’es plutôt « canon », comme nana … moi ça a jamais été autant … tu devrais faire gaffe … et le truc sur ton sein, c’est franchement moche … t’as vu un toubib ?
— Non …
— T’oses pas ? Ouais … je comprends. C’était pas joli-joli … ça passe ?
— … pas vraiment …
Caroline se redresse sur les genoux, s’appuyant des deux mains sur les genoux de Fanny, cherche son regard, déboutonne le tablier bleu qu’elle porte le plus souvent quand elle est en boutique, qu’elle garde souvent quand elle fait ses courses dans le village, qui fait sourire ses amies. Elle voit les yeux mouillés, les lèvres tremblantes mordues, la respiration retenue. Fanny tremble un peu, rougit, mais ne proteste pas, se laisse faire. Fanny continue, écarte les pans du tablier et s’attaque aux boutons du chemisier blanc en dessous qu’elle tire pour le sortir de la jupe qui l’enferme, s’arrête et hausse les sourcils en voyant un bout de coton hydrophile qui dépasse du soutien-gorge sur un sein, qui gonfle le bonnet en-dessous. Un petit rire en croisant les yeux malheureux de Fanny :
— Quand j’étais gamine, je mettais du coton pour faire croire aux autres que j’avais des seins. Une fois en vacances j’en avais mis sous mon maillot de bain … et puis j’ai oublié et je suis allée me baigner !
Elle fait une grimace et plisse le nez, fait glisser en même temps tablier et chemisier sur les épaules de Fanny et les abandonne à hauteur des coudes, décolle le dos de Fanny du dossier de la chaise se penche et passe les bras dans son dos pour dégrafer le soutien-gorge, pose une bise au passage sur une joue brûlante, abaissant les bretelles sur les bras en se redressant, décolle du sein le coton retenu par une pointe de sang coagulé et arrache une plainte à Fanny :
— Oh … merde … ça a grossi …
Elle sent les genoux de Fanny trembler contre son ventre quand elle effleure du doigt le gros hématome gonflé de sang qui soulève et déforme l’aréole d’une teinte plus rouge que celle de l’autre sein.
— Putain … il faut le calmer, ton mec, il va finir par t’amocher ! Waouh !
Elle regardait l’hématome … elle remarque les tétons qui se dressent lentement, se tendent, grossissent sous ses yeux, prennent des proportions inattendues. Elle croise le regard voilé de Fanny, regarde les tétons et prend les deux seins en coupe au creux de ses mains, balaie du pouce le téton du sein intact en se mordant la lèvre.
C’est plus fort qu’elle ! Elle se penche et embrasse le téton du bout des lèvres, se redresse, rire gêné, « pardon … », se racle la gorge et repose les mains sur les genoux de Fanny.
Ses joues rouges, son sourire crispé, son regard inquiet, ses narines dilatées … Caroline hésite et se penche à nouveau pour un autre baiser sur le téton qu’elle prend entre ses lèvres … parce qu’elle en a envie, parce qu’elle devine, parce qu’elle veut savoir … la main de Fanny sur sa joue. Elle sait. La prude Fanny, la plus improbable des situations, Fanny est aussi troublée qu’elle.
— Je … ne bouge pas ! Je vais aller à la pharmacie, je dirai que c’est pour moi, t’inquiète pas, je trouverai bien une histoire, je reviens … d’accord ?
Fanny a très vite retiré sa main de la joue de Caroline, serre le poing sur ses genoux, acquiesce de la tête, et referme sur elle en grimaçant son chemisier et son tablier pour cacher sa nudité.

Elle s’est dépêchée, a inventé une histoire de chute, est revenue avec un onguent, des compresses, des conseils : dégonfler l’hématome s’il était douloureux, éliminer le sang accumulé, voir un médecin …
Elle monte les marches qui mènent à l’étage deux par deux, arrive sur le palier essoufflée, trouve la cuisine vide.
— Fanny ? T’es où ?
— Ici.
Elle suit la voix.
— Attends-moi, j’arrive.
Trop tard, Caro est déjà au bout du couloir, à l’entrée de la chambre de Fanny.
— J’ai fait vite.
Fanny serre contre ses seins le peignoir de coton qu’elle s’apprêtait à enfiler.
— Et puis si tu veux que je te soigne, enlève donc aussi ta jupe. J’ai tout ce qu’il faut ! Enfin presque … il me faut une épingle de couturière et du désinfectant !
— Pour quoi faire ?
— Faut enlever le sang pour que t’aies moins mal. T’as peur ? Je ferai tout doucement …
— Bah, ça ira …
— Ouais … c’est vrai qu’avoir mal, toi …
Elle s’est excusée très vite en voyant le regard de reproche et la bouche pincée de Fanny :
— Oh pardon ! Je parle sans réfléchir des fois … enfin … souvent !
Fanny lui tourne le dos et enfile son peignoir, puis enlève sa jupe et la jette sur le lit.

— Respire fort ! t’es prête ?
Le sang noir imprégnait le coton au fur et à mesure que Fanny pressait elle-même son sein, en faisant la grimace, dents serrées.
— Allez, tes fesses, maintenant ! Allonge-toi !
Fanny a étalé une serviette sur le couvre-lit à fleurs en poussant un gros soupir, les joues cramoisies, et Caroline a plaisanté pour la détendre pendant qu’elle s’allongeait :
— Eh ! T’inquiète pas, je les ai déjà vues tes fesses ! Et puis elles sont jolies, en plus ! … Ben oui, mais si t’enlèves pas ta culotte, j’y arriverai pas ! Soulève-toi un peu.
Fanny s’est soulevée sur les bras et les genoux pendant que Caroline faisait glisser la grande culotte de coton des hanches aux genoux :
— Allez, serre les dents ! Il paraît que ça chauffe un peu !
Elle a posé l’onguent du bout du doigt sur chaque marque, chaque boursoufflure, s’amusant des fesses qui se contractaient au contact de son doigt avant de se relâcher et de s’assouplir, des muscles qui se contractaient quand elle a eu fini :
— Ça va ?
— … ça brûle …
Fanny se cachait sous ses cheveux, ses bras croisés devant elle où elle appuyait son front.

« « Bon, quelque chose me dit qu'elles vont se réconcilier, ces deux-là ! Vous croyez pas?
Je vous raconterai un autre jour.
Je vous avez prévenus, hein ? un drôle de "petit village" ... » »

Misa - 11/2015

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