Petits Secrets De Village - Mère Et Filles, Brigitte
« « Dans « Autres petits secrets de village Le club des quatre », je vous ai présenté Brigitte et Caroline, Julia et Fanny. On y avait croisé leurs s, des ados.
Je vous avais dit, tout à la fin , « je vous parlerai de tout ça ».
Dans « Caro et Fanny », je vous ai raconté leur presque, pas encore, réconciliation autour dun secret partagé.
Ah ! Autant vous prévenir : si vous navez pas lu les deux premiers épisodes de cette série, il y a des allusions que vous aurez du mal à comprendre
Dommage !
Dautres petits secrets ? » »
« « Mercredi après-midi, Fanny et sa fille ont rendez-vous chez le médecin
» »
Il a mis sa blouse blanche, il trouve la tenue adaptée. Par-dessous, pantalon de costume chemise blanche et cravate complètent.
Il reçoit aujourdhui, toute la journée, longue journée.
Lui, cest Jérôme. Il remplace le médecin du village une semaine par mois.
Au début
au début les habitués boudaient. Certains boudaient.
Et maintenant la salle dattente est bondée les semaines où cest lui qui assure les consultations.
Pourquoi ! Parce quil est jeune ? Parce quil est plutôt beau garçon ?
Elles disent : «
il rougit si bien
».
Eh oui, ses patients sont surtout des patientes
Elle sénerve. Elles allaient être en retard. Déjà quelle na pas envie dy aller
Caroline a insisté pour quelle voit un médecin
Au moins ce sera le remplaçant, sinon, elle aurait renoncé. Lui, elle ne le connaît pas ! Elle osera ? Elle nest pas très décidée. Les soins que lui a prodigués Caroline lundi semblent faire effet, même si son sein gauche est toujours douloureux
comment lui expliquer ? Quelle histoire inventer ?
Elle ? cest Fanny, la femme de Benoît, qui tient la boutique délectro-ménager sur la place.
Avec elle ? Celle qui la met en retard ? Marie-Luce, bientôt quinze ans, sa fille.
Il y a déjà du monde dans la petite salle dattente, une mère et ses deux s, la femme du boucher, un vieux monsieur.
Fanny feuillette nerveusement un magazine vieux de trois mois, replie ses jambes sous sa chaise pour laisser passer le petit garçon au nez encombré, tire sa jupe sur ses genoux et sous elle, agacée du skaï de la chaise qui colle à ses cuisses.
La mère aux traits tirés de lassitude la remercie dun regard dexcuse et déplace dans ses bras la petite fille assise sur ses genoux.
La femme du boucher soupire dexaspération et regarde sa montre, sa jambe gauche sagite nerveusement provoquant le petit bruit de succion humide de sa cuisse sur le skaï, une cuisse épaisse et blanche haut découverte par la jupe étroite, sévente dun magazine, lèvres pincées.
Le vieux monsieur croise ses mains sur son gros ventre et ferme les yeux, prend de la gîte et se redresse dun sursaut, vérifie sur son front la position de sa casquette de velours, fouille des yeux en face de lui le triangle sombre sous la jupe noire de la femme du boucher entre les cuisses blanches, souffle court et teint rouge.
Marie-Luce, affalée sur sa chaise, pianote sur sa console de jeux, mâche son chewing-gum bouche ouverte, souffle une bulle qui éclate sur ses lèvres où elle ratt du bout de la langue les voiles roses collés.
A 16h00 précises, la porte de la salle dattente souvre sur le jeune remplaçant :
Sil vous plaît, le rendez-vous de 16h00 ?
La femme du boucher lève les yeux au ciel, parce quelle était arrivée la première et devra attendre, le vieux monsieur dort, le petit garçon se fige dans sa ronde, une bulle de salive gonfle sur les lèvres de la petite fille dans les bras de sa mère.
Fanny se lève. Dernière arrivée, mais cest elle le rendez-vous de 16h00. La femme du boucher a lair excédé, la petite fille pleure, le vieux monsieur dort. Sa fille la suit dun pas traînant.
Sa fille la première, bien sûr. Au jeune remplaçant Fanny explique les maux de ventre au moment des règles, sans le regarder, gênée, rougissante, hésitante.
Sa fille regarde autour delle, le bureau de bois verni et lordinateur portable posé dessus, les planches anatomiques au mur, écoute mais ne montre rien, se trahit en levant les yeux au ciel aux propos de sa mère, claque une grosse bulle de son chewing-gum.
Jérôme invite Marie-Luce à le suivre vers le fond du cabinet, derrière le paravent, et voyant le petit signe de la main de Fanny, il pousse Marie-Luce de la main :
Défais-toi
jarrive.
Il fait demi-tour et sapproche de Fanny.
Derrière le paravent Marie-Luce enlève sa veste en laine et déboutonne son chemisier, sassoit sur la table dexamen en attendant le médecin qui va lexaminer. Elle entend sa mère lui parler, sagace et samuse en même temps des propos échangés à voix basse.
Oui ? Vous vouliez me dire quelque chose ?
Fanny baisse la tête, les joues rouges, et dune toute petite voix :
Je crois
je crois quelle
elle a un copain
Oui ? quel âge a-t-elle ?
Bientôt 15 ans.
Eh bien cest normal, non ?
Vous
vous pourriez
lui parler ? Et puis
je vais vous laisser, elle sera plus à laise.
Fanny sur un signe dexcuse, quitte le cabinet de consultation. Elle a renoncé, elle séchappe, elle fuit. Parce quelle ne sait pas comment expliquer au jeune médecin la cause de cette vilaine blessure sur son sein, quelle craint de devoir dévoiler les autres marques encore visibles ailleurs sur sa peau, et puis elle préfère ne rien entendre de lentretien entre le médecin et sa fille. Honte et lâcheté
Même si Fanny était horriblement gênée au début, Caroline avait su sy prendre avec elle en lui racontant ses expériences passées, ces secrets bien cachés qui lavaient aidée à dépasser sa honte à lui parler des jeux spéciaux de son mari et à se dévêtir, dautant plus que Caroline sétait montrée dune étonnante gentillesse avec elle. Mais tout raconter à ce jeune médecin ? Elle senfuit !
Le médecin referme la porte derrière Fanny et rejoint Marie-Luce :
Bien
je vais commencer par tausculter, daccord ? Allonge-toi
« « Eh ! Vous ne pensiez tout de même pas assister à un examen gynécologique, si ?
Eh ! Elle a même pas 15 ans ! Bon, une drôle de fille, daccord ! Mais quand même !
Non, pas question, ces choses-là sont assez désagréables comme ça ! » »
Marie-Luce retrouve sa mère qui lattendait dans sa voiture :
Ça sest bien passé avec le médecin ?
Ouais
ça va !
Quest-ce que
quest-ce quil ta dit ?
Denlever ma culotte et décarter les
MARIE !!! voyons !
Ben quoi ? Jétais là pour ça, non ? Il avait les mains froides !
Et
cest tout ?
Quoi ? Ce que tu lui as demandé ? Ben il ma dit quil fallait mettre des capotes et que si je lubrifiais pas, il fallait que je mette du gel, et que si je voulais prendre la pilule, il fallait dabord que jen parle avec toi.
Fanny conduisait en regardant droit devant elle, les joues cramoisies. Ses lèvres tremblaient un peu et elle sest grattée la gorge avant de commencer :
Mais
tu
il nest pas question que
Que ? Mais non maman, il nest pas question. Enfin, pas tout de suite ! Et puis tu sais, tout ce quil ma dit, je savais déjà.
Marie-Luce se met à rire en regardant Fanny :
Il est marrant le médecin
il était aussi rouge que toi en ce moment !
Oh ! Arrête-toi là ! Y a Manon !
Tu rentres pas trop tard !
Daccord !
« « Entre copines, on se dit quoi ? Ecoutons
» »
Marie-Luce rejoint Manon qui lui faisait de grands signes :
Tu fais quoi ?
Jétais au toubib !
Cétait le jeune ?
Ouais !
Il est pas mal, non ?
Carrément ! Vachement mignon !
Tes malade ?
Non, mais jai mal au ventre quand jai mes machins, et puis ma mère voulait quil me parle ! Elle ma vue avec Jonathan à la sortie du bahut, ça la fait flipper !
Il tas dit quoi ?
Quil fallait mettre des capotes !
Cool
tas bien fait dy aller !
et elles explosent de rire toutes les deux.
Cest dommage, il avait les mains froides
Marie-Luce, se faire tripoter cuisses ouvertes par le médecin, même sil est « vachement
mignon » comme elle le dit en roulant des yeux, ça ne lui a pas vraiment plu, une expérience désagréable, mais pour elle cest le grand fait du jour, alors pour Manon, elle en rajoute, tient à garder la vedette. Regard droit, à voix basse :
Il ma mis un doigt
avec du gel, entre les fesses aussi
et puis il ma tâté les seins, après
Ah bon ? Cest
normal, ça ? Moi la première fois cétait le vieux ! Il ma pas fait. Beurk ! Heureusement que ma mère était là !
Moi elle sest barrée ! Elle voulait quil me cause ! Tu parles
Il en a profité pour te tripoter, tu crois ?
Il aurait pu
Javais les tétons tout durs
je crois quil a vu
Il a quel âge, tu crois ? Il bandait ?
Sais pas
il avait une blouse.
Taurais pu lui dire que cétait pas la peine quil se fatigue ! Entre les cours de SVT et ton frère qui expose son machin
! Il est un peu fou, ton frangin, non ?
Un peu, ouais !
Mais
il se cache même pas ? pour
Tu sais, on dort dans la même chambre depuis toujours, alors se cacher
même si on voulait
nempêche, jaurais pas cru quil le ferait devant toi ! Te voir te balader avec le string de Caro, ça la rendu moitié dingue !
Tu crois quelle sest aperçue quon avait touché à ses fringues, lautre jour ?
Je sais pas, en tout cas elle a rien dit
Tiens ! Quand on parle du loup ! Elle est là-bas, avec ta mère.
Bras dessus bras dessous, elles traversent la place et font coucou de la main à la mère de Manon, Brigitte, qui prend un café en terrasse avec Caroline.
Quest-ce quon fait ? On va chez moi ?
« « Vous croyez que cest facile, dêtre la mère dune ado ? On voudrait tout savoir
et ne pas savoir
» »
Les deux filles séloignent, suivies des yeux par Brigitte et Caroline :
Quest-ce quelles grandissent ! La tête de Fanny la semaine dernière quand elle a vu sa fille embrasser un garçon à la sortie du Lycée ! Cétait trop marrant ! Elle est passée par toutes les nuances de rouge !
et ta fille ? Elle a un petit copain, la tienne ?
Je crois pas.
Elle te le dirait ? Elle a 15 ans, ça serait normal, non ?
Je préfère pas trop y penser ! En ce moment, elle me dit pas grand-chose
cest lâge !
Moi à leur âge
Ne me dis surtout pas ! Je ne veux pas savoir ce que tu faisais à leur âge ! Je ne veux pas penser à ça en regardant ma fille ! Mon bébé
Tu fais lautruche !
Laisse-moi mes illusions
ma petite-fille
tas un garçon, toi, cest pas pareil.
Il grandit aussi ! La semaine dernière en changeant ses draps, jai vu des tâches
suspectes. Tu te rends compte ? Même pas 13 ans ! Les filles, cest plus discret, mais
Tais-toi !!!
Moi
Arrête ! ça non plus je ne veux pas savoir !
Caroline rit en regardant Brigitte qui se bouche les oreilles et prend une mine fâchée, démentie par ses yeux brillants damusement :
Si tu tiens à raconter ta vie dado, va donc raconter ça à Fanny ! Parce que Marie-Luce et son frère, ça ma lair de sacrés numéros, ça lui ouvrirait les yeux !
Et je te signale que ta fille traîne avec Marie-Luce
Caroline, une semaine plus tôt, à la piscine, bien que très absorbée par les marques aperçues sur le corps de Fanny, avait aussi remarqué les mains baladeuses des ados pendant quils jouaient dans leau, et que Manon nétait pas la dernière à ces jeux, mais elle nen a rien dit à Brigitte.
Elle na rien dit non plus de ce quelle avait remarqué en se rhabillant, la trace sur le gousset de son string quelle avait pris dans son sac, pourtant sorti tout propre de sa commode pour se changer après la piscine. Elle était repartie de chez Julia comme elle était venue, avec son maillot de bain. Le parfum au fond du string ne laissait aucun doute : une des filles lavait enfilé et tâché de sécrétions vaginales
Marie-Luce ? Manon ? Elle a préféré nen rien dire à Brigitte.
Même elle, cependant, aurait été estomaquée de savoir ce qui se passait en ce moment même, pendant que Brigitte et elle prenait le soleil en terrasse, et que Fanny était dans sa boutique.
« « Ah ! Les ados ! Pas tous ? Bien sûr que non
Mais
ceux-là ! » »
Bonjour Manon !
Bonjour madame.
Maman, on va écouter de la musique dans ma chambre.
Daccord.
Les deux filles étaient sur le lit du haut, les écouteurs aux oreilles. Marie-Luce battait du pied, les yeux fermés. Manon, le son de son MP3 réduit, un seul écouteur à loreille, guettait le bruit rythmé et la respiration hachée qui venait du lit den-dessous.
Marie-Luce a ouvert les yeux et enlevé un de ses écouteurs en se tournant vers Manon :
Il est infernal, je tavais dit ! Il matait ta culotte quand tes montée, il en a pour un moment
En riant, avec un clin dil, Marie-Luce sest approchée du bord du lit pour regarder sur la couchette en-dessous. Manon aussi sest approchée du bord du lit pour voir ce qui se passait. Un peu gênée ? A peine
elle naurait pas osé, mais puisque Marie-Luce montrait lexemple
Je tavais dit ! Infernal !
Cest quoi ce truc ?
Ma culotte dhier
Et tu dis rien ?
Si ça lamuse ! Il la piquée dans le panier à linge
Eh ! Mathieu ! Tu veux pas celle de Manon ?
Tes folle ? Cest dégueu ! Je vais pas lui filer ma culotte !
Si Fanny avait su ce qui se passait à létage ? Elle ne voulait pas savoir
Brigitte ? Brigitte se serait fâchée tout rouge, aurait crié sans doute.
Caroline ? Elle aurait ri ! Des ados ! Des ados peut-être un peu spéciaux ? Peut-être
Epoque de découvertes, certes, mais de là à les partager !
« « Mais elles ne savent pas. Elles traînent en terrasse. Il fait beau. Elles plaisantent
et parfois, les mères, elles se lâchent un peu ! » »
Et celui-là ? Pas mal, non ? Sa chemise est moche, daccord, mais il a lair plutôt gâté par la nature, tu trouves pas ?
Hein ? Quoi ? De quoi tu parles ?
Le type, là-bas, la voiture blanche, il a un gros zizi !
Ben
comment tu sais ça ? et puis cest quoi, ça : « un zizi » ! non mais tu tentends ? tu parles comme une gamine, maintenant ?
Comment tu veux que je dise ? Une bite ? Un braquemard ? Un joli paquet ?
Je veux rien moi !Tas rien dautres à regarder que le pantalon des hommes ?
Cest marrant ! Tiens, celui-là , regarde !
Mais non ! Jai pas envie de regarder la braguette de tous les types qui passent !
Tes une bêcheuse ! Tu dis ça, mais je suis sûre que tu mates !
Quest-ce qui te prend ? Tes en manque ? Alex te tourne le dos, en ce moment ?
Bof, il est pas très en forme, cest vrai, mais cest pas ça
cest comme
tiens ! Jai des fringues plein mes armoires mais ça mempêche pas de faire du lèche-vitrine ! Cest pareil !
Fais attention à ce que tu dis !
Quoi ?
LECHE-vitrine ! Vu ce que tu regardes
Mmm
Pas lui ! ça donne pas envie, il fait négligé, pas de LECHE-vitrine avec lui.
Tes ignoble !
Quoi ? Tu le sucerais, toi ?
Brigitte secouait la tête et se laissait gagner par un fou-rire. Son regard allait du monsieur attablé à lautre bout de la terrasse à Caro qui continuait à le regarder dun il évaluateur en faisant la moue, lair dépité.
Ah ! Tu vois bien ! toi non plus !
Tes pas possible !!!
Allez
me dis pas que tu regardes jamais ! Allez
Mais non !
Même pas le cul ? Un beau cul de mec, bien moulé dans un jeans ! On peut sattarder, non ? Un cul bien moulé
elle joignait le geste à la parole, les mains ouvertes au-dessus de la table devant elle.
Quest-ce que tu crois quils matent, les mecs ? Daccord, si tu poses la question, ils te diront quils regardent nos yeux, sils sont à peine plus honnêtes ils diront « lallure, la silhouette ». Mon il, oui ! Ils matent les seins et le cul !
Cest pas une raison de faire comme eux. Et puis ils sont pas tous comme ça !
Taratata ! Tous ! Même ton mari, ma poule, comme les autres ! Et puis cest tant mieux ! A quoi ça servirait quon se fasse belles, quon fasse ces régimes à la con, quon sachète des petits trucs mignons sils ne nous regardaient pas ?
Cest pas très valorisant
Eh ! Je tai vue !
Quoi ?
Le type qui est rentré ! Tavais lil baladeur !
Cest ta faute
il avait de belles fesses
moi je regarde plutôt les fesses
Aaaaah ! Tu vois bien ! Tu fais ta sucrée, mais tes comme tout le monde, Brigitte ! Pour le coup, celui-là, je lai raté. Préviens-moi quand il ressort.
Tu vas finir par nous faire remarquer.
Tinquiète pas. Il fait beau, la vie est belle, on peut bien rigoler, non ?
Brigitte aussi pensait que la vie était belle. Mais elle na rien dit.
Des quatre, la « bande des quatre » comme on les appelle dans le village, Brigitte est celle qui écoute, qui prête oreille aux petits malheurs des trois autres, qui console. Mais delle, elle ne dit rien. Les autres travaillent, elle, est mère au foyer.
Un mari qui voyage beaucoup, ses trois s, elle a de quoi soccuper.
Une vie rangée ? Lisse ? Sans surprise ? Ses amies parieraient là-dessus !
Caroline et sa vie de patachon, Fanny plus souvent à léglise que dans sa boutique, Julia qui ne fait pas mystère de ces goûts éclectiques, mais Brigitte ? Mère, grande sur, jusque dans son physique généreux !
Et pourtant !
Tous les mercredis et les vendredis après-midi, elle est dans les bras de son amant, celui quelle voit depuis quelques mois, qui a succédé à un autre qui a été muté dans le sud, qui lui-même
Depuis toujours ! Depuis toujours elle se partage entre son mari voyageur et un amant, et jamais personne na rien deviné de sa double vie.
Brigitte aime le sexe. Elle nen parle pas comme ses amies, ne saffiche pas. Une pratiquante zélée et gourmande !
Alors elle nen dit rien, mais oui, elle trouve aussi que la vie est belle !
Bientôt 38 ans, 17 ans de mariage, et une collection damants ! Son mari ? Il sait. Il sait depuis longtemps. Le problème des voyageurs, cest quils rentrent parfois plus tôt que prévu, quils ne pensent pas toujours à téléphoner avant. Souvent ça fait des drames, et plus rarement, ça se passe bien.
Ils étaient mariés depuis trois ans, quand Gilles a trouvé Manon babillant dans son berceau au pied du lit où Brigitte était très occupée, à cheval tête-bêche avec le fils de leurs voisins qui visiblement ne se contentait pas de soccuper de leur pelouse.
Le jeune-homme et Gilles sétaient tous deux figés, le premier le visage noyé entre les cuisses de Brigitte, le second les yeux irrésistiblement attirés par la croupe généreuse de son épouse.
Brigitte a redressé la tête, abandonnant pour un temps le sexe tout humide de salive quelle tenait dressé dune main et a tourné le visage vers son mari :
Oups ! Je ne tattendais pas
Je prends Manon, on se voit plus tard
Elle ne savait pas trop à quoi sattendre, le jeune-homme tremblait un peu et débandait, très surpris en voyant Gilles prendre le bébé dans ses bras et leur sourire en ajoutant :
Désolé davoir interrompu un bon moment, mais continuez, je moccupe du bébé.
En quittant la chambre il a doucement tapoté la croupe de sa femme.
Gilles et Brigitte riaient le soir dans le canapé, Manon endormie dans les bras de sa mère, serrés lun contre lautre :
Le pauvre garçon ! Il tremblait tellement !
Je suis sûr que tu as su faire ce quil fallait !
Jai eu un peu de mal
mais
oui.
Gilles savait déjà que son épouse se consolait de ses absences dans dautres bras que les siens, Brigitte savait que dans ses déplacements il faisait parfois des rencontres, et tous les deux lacceptaient.
Un couple étonnant. Ils ne sétaient promis quune chose : elle quelle naurait ds que de lui, lui quil naurait daventures quavec des femmes quelle ne rencontrerait jamais. Vraiment un couple étonnant.
Pauvre garçon
tu crois quil continuera à tondre notre pelouse ?
Bah, je saurai bien le convaincre.
Tu sais que jai failli rester avec vous ? Toi
les fesses levées
waouh !
Tu veux que je lui en parle ?
Depuis toujours, Brigitte a des amants. Elle est discrète. Très discrète. Jamais ses amies nont soupçonné de ses doubles vies.
Alors oui, attablée en terrasse avec Caroline, elle aussi trouve la vie belle !
Elles regardent les messieurs qui passent, font quelques commentaires, surtout Caroline puisque Brigitte se retient, reste dans son rôle, son image.
Elle ne lui dit pas que ces messieurs elle les trouve pour la plupart trop vieux. Elle, ce quelle aime, ce sont les jeunes hommes.
Son amant du moment a 23 ans, un étudiant qui paye ses études en travaillant chez Décathlon. Ils ont plaisanté pendant quelle choisissait une tenue de gymnastique pour sa fille : il faisait la moue en regardant tantôt elle et tantôt la tenue quelle tenait devant elle, une taille 36, ils avaient ri :
Celle-ci ne vous ira pas !
Ah ? La couleur, vous croyez ? Trop triste, vous avez raison ! Trouvez-moi quelque chose de plus seyant !
Il avait disparu dans les rayons, était revenu vers elle un panier plein de tenues improbables : un short de basket, un maillot de bain rose avec des tongs assortis, un kimono de judo :
Reste à essayer !
Il ny avait pas grand-monde ce jour-là dans les allées du magasin et les cabines dessayage étaient désertes. Par jeu, elle avait tout essayé, lui avait demandé son avis en sortant de la cabine où elle se changeait, sauf le maillot de bain :
La couleur ne vous plaît pas ?
Je crains que vous nayez sous-estimé la taille des bonnets.
Eh bien ne mettez pas le soutien-gorge !
Si je me passe de lun autant me passer de lautre !
Bonne idée, le non-maillot, cest un concept ! Essayez !
Brigitte a des formes généreuses, cest vrai, mais nen a jamais fait aucun complexe, et le jeu avec ce jeune homme lui plaisait, le jeune-homme lui plaisait. Elle était nue en entrouvrant la porte de la cabine dessayage.
Ce non-maillot vous va à ravir ! Jaimerai bien avoir le même
Vous venez lessayer ?
Cétait une première pour elle, pour le jeune-homme aussi, dailleurs. Tous les deux ont trouvé que ces cabines étaient bien mal adaptées.
Elle se tenait dune main au porte-manteau fixé sur la cloison, un pied sur la tablette formant siège. Il se tenait à ses hanches la laissant le guider dune main entre ses jambes.
La position était un brin sportive, mais après tout, cétait chez Décathlon !
Elle a visité le studio du jeune-homme le mercredi suivant. Il nétait pas bien grand non plus, mais au moins il y avait un lit :
Entre la cabine et ton studio, tu es la seule chose de taille correcte !
Seulement correcte ?
Pardon, tu as raison, mieux que correcte
adaptée, tout à fait adaptée
est-ce que tu veux
comme ça ? Là ?
Peu dhommes refusent une telle proposition !
Elle na rien dit quand Caroline au soleil en terrasse essayait de deviner si les messieurs qui passaient étaient ou non bien membrés. Elle na rien dit mais elle est presque experte à ce jeu-là, elle se trompe rarement en choisissant ses amants.
Elle ne dit rien non plus, garde un visage de marbre, prend parfois la même mine outrée que Fanny quand Caroline, pour choquer, leur vante les plaisirs de la sodomie.
Cest pourtant à la combinaison des deux quelle trouve son bonheur
Si ses amies savaient
Mais Brigitte est la grande sur, la mère
elle se tait.
« « Cest un petit village, il sy passe tant de choses ! encore tant de choses à vous raconter
» »
« « A bientôt ? » »
Misa 11/2015
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