46.1 Quand Nico Se Fait Draguer, Jérém

Au premier abord, c’est tout simplement un beau brun, la peau mate, les yeux très noirs (ça je ne le saurai que plus tard dans la soirée, lorsque je le verrai de beaucoup plus près), les cheveux assez courts, une belle barbe noire épaisse et bien taillée. Le mec doit avoir environ 25 ans. 1m75, je dirais. Il est superbement foutu, son torse est magnifique, ses épaules ont un angle de chute juste divin… et ce t-shirt noir col en V qui souligne diaboliquement son anatomie, une perfection plastique certainement affinée dans une salle et/ou sur un terrain de sport, est juste une ie… sans parler de son jean délavé lui moulant un cul divin…
Avant notre arrivée, c’était sans doute le mec le plus séduisant de la boite. Ca c’est avant que mon Jérém se pointe avec son t-shirt Calvin Klein cousu main sur son torse de ouf.
C’est la première fois que je mets les pieds dans cet endroit. Je suis passé devant plusieurs fois. Le jour, en me baladant sur le bord du Canal. Le soir, parfois. J’ai vu briller son enseigne rouge dans la nuit comme un appel à moi, à mon être profond. Sans oser franchir le pas. Sans oser en franchir le seuil. Il a fallu qu’on m’y amène. Il a fallu qu’il m’y amène.
Oui, pour que j’ose franchir la porte du On Off, l’une des boites à pd les plus branchées de la ville, pour que j’accepte de prendre le risque de pénétrer dans ce lieu de « perdition », il a fallu que mon Jérém m’y amène…
Pour comprendre comment on en est arrivés là, il faut remonter les horloges de plusieurs heures, au début de cette soirée organisée pour fêter le bac…

Précédemment dans 50 nuances de Jérém, de moi et d’autres Thibault et Stéphane… le bac dans la poche de tout le monde, il avait été décidé d’une soirée pour fêter ça tous ensemble. Ça tombait le samedi suivant l’affichage des résultats. Toute projetée dans l’attente de la soirée, ma semaine s’était déroulée entre l’envie de rester fidèle à l’esprit « Halle aux Grains avec Stéphane », et un désir déchirant de retrouver mon Jérém… le samedi soir venu, je n’avais pas été déçu par ces retrouvailles, marquées par une entrée en scène à grand spectacle comme seul mon beau brun en a le secret…
Avec ses cheveux courts, son port de tête haut, le regard ferme, puissant, presque intimidant ; avec ses yeux très noirs qui dégagent une forme d’autorité naturelle et de charisme inné ; avec cette assurance de jeune mâle sûr de lui et qui ne doute de rien ; avec ce t-shirt blanc qui lui donne un aspect simplement mec, propre et rangé qui contraste d’une façon très sexy avec son petit coté bad boy; avec ce jeans, tout ce qu’il y a de plus beau et masculin… voilà… on aurait dit un jeune militaire en permission, avec une bonne envie de picoler entre potes et de se faire vider les couilles… chose, cette dernière, dont je me promettais et ce, dès son arrivée, de me charger sans faute…
Après une bise qui m’avait mis tout sens dessus dessous, alors que mon beau brun vivait sa vie avec ses potes comme si je n’existais pas, au resto je m’étais fait coincer à une place très éloignée de lui… coté proximité, je m’étais bien rattrapé à la Bodega… avec une bonne dose de culot, j’avais réussi à me retrouver dans une cabine des chiottes, très proche de lui et de sa queue, pour une pipe qui, apparemment, avait laissé mon beau brun plutôt satisfait…
Seul bémol… Thibault avait bien capté notre manège… et son malaise était palpable…
Une question surgit à l’improviste de mon esprit… s’il est vrai que Thibault a vu Jérém sortir des chiottes juste avant de venir m’y retrouver, est-ce que Jérém s’est rendu compte que son pote l’a vu ? Je pense qu’il vaudrait mieux que ce ne soit pas le cas…

Toulouse, La Bodega, Rue Gabriel Péri, 1h03 du mat.



Assis à la table avec les camarades où j’ai trouvé refuge pour ne pas devoir affronter le regard de Thibault, je ne me lasse pas de regarde cette image magnifique de mon Jérém en mode mâle repu, accoudé au comptoir… c’est particulièrement excitant de le voir discuter avec ses potes, écouter leurs blagues d’un air absent, amorçant par moment un petit sourire de circonstance… les voir reprendre une bière, trinquer… le voir essayer de recouvrer cette attitude de mec, de pote cool, comme si de rien n’était, tout en sachant ce qui vient de se passer… ça me fait penser à l’éternelle question que je me pose depuis toujours en croisant un garçon qui retient mon attention… que vient-il de se passer dans sa vie quand on le croise ? Quand est-ce qu’il a joui pour la dernière fois ? Est-ce qu’il vient tout juste de se soulager ? Tout seul ? Est-ce qu’il vient tout juste de défoncer un cul, de se faire sucer… ou bien de se faire sauter et de prendre son pied avec un pote…
Je donnerais cher pour savoir à quoi mon beau brun est en train de penser précisément… et notamment si le bonheur sensuel qu’on s’est offert dans l’espace clos d’une cabine de chiottes, retentit encore dans chaque fibre de son corps, comme c’est le cas pour moi… mais voilà un questionnement auquel je n’aurais jamais de réponse…
Non, je ne me lasse pas de regarder le garçon que j’aime et auquel je viens de donner l’un des meilleurs orgasmes de sa jeune vie… il va falloir pourtant que cette extase visuelle s’arrête… et ce, pour plusieurs raisons…
D’une part, car mon attention illimitée pour le beau brun commence à être remarquée…
« Il est beau comme un dieu, n’est-ce pas, Nico… toi aussi tu le trouves canon… » me balance Camille, la voix déformée et le propos libéré par un degré d’alcoolémie plutôt carabiné.
« De quoi tu parles ? » je tente de me défendre « arrête de dire des conneries, t’es au moins à dix grammes…».
« J’ai bu, mais je sais ce que je dis… il te plait bien Jérémie, hein ?… il fallait voir comment tu le matais en cours… tout le monde l’a remarqué… t’as même fini par l’agacer… c’est étonnant qu’il ne t’ait pas mis son poing dans la gueule… mais il faut que tu t’en fasses une raison… Jérém est un mec à nanas… »
Bon, ok… noyée dans son trop plein d’alcool, elle détient quelques bribes d’une vérité qui lui échappe en grande partie… oui, Jérém me plait… oui, je suis pd… soit… tant qu’elle n’insinue pas que nous nous envoyons en l’air… quant à son statut de « mec à nana » et à son hypothétique envie de me mettre son poing dans la gueule… ma pauvre cruche… si tu savais comment il préfère vraiment mettre sa bite dans ma bouche ou dans mon cul… bonheur auquel à priori tu n’as jamais eu la chance de goûter… et auquel tu n’es pas prête de goûter non plus… si tu savais comment je viens de le faire jouir juste à quelque mètres de toi, alors que tu ne t’es rendue compte de rien… grosse conasse…
Cette dernière réflexion, que je garde évidemment pour moi, me permet de passer au dessus de ses mots stupides et de ressentir même une certaine excitation en gardant ce secret… malgré cela, me sentant observé et cerné, je me fais violence pour détourner momentanément l’attention de mon beau brun… et lorsque, quelques minutes plus tard, mon regard se remet en quête du t-shirt blanc, je me rends compte qu’il a disparu… Jérém a bougé… il est passé où?
En fait, je ne tarde pas à remarquer qu’il n’y a pas que lui qui a bougé… tous nos camarades sont en train de bouger, et ma table suit le mouvement à son tour… je me rends compte que, suite à un signal venant de je ne sais pas où et de je ne sais pas qui, on va partir pour le KL… oui, le KL… pendant toute la semaine il avait été question d’Esmé, mais depuis le resto, le KL est revenu en force…
Je suis un peu surpris de la précipitation de ce départ car, après avoir entendu Thierry et Bruno en discuter devant les pissottières, pendant que mon beau brun se retenait de jouir dans une cabine juste à coté, je m’attendais que les quatre potes du billard repartent faire une partie avant de partir…
Mais le temps file, ma montre m’informe qu’il est déjà une heure et quart du mat…
C’est là que je réalise que je n’ai pas défini dans quelle voiture je vais monter… bien évidemment, la première idée serait que j’ai envie de monter AVEC mon beau brun, dans l’espoir de me faire monter PAR mon beau brun au retour de soirée… ceci dit, après les allusions de cette conasse de Camille, ainsi qu’à cause du malaise que j’ai décelé sur le visage de Thibault à la sortie des toilettes, je suis un peu perturbé dans mon élan…
Je décide alors de faire profil bas, et de choisir n’importe quelle voiture sauf la 205 rouge… d’autant plus que je ne voudrais pas donner l’impression, à lui et aux autres, de le coller trop près… je sais à quel point il faut laisser respirer mon Jérém, sous peine de me faire jeter méchamment… et ceci même après une pipe comme celle que je viens de lui offrir.

Du coup, je me retrouve dans la Punto bleue de Rémy… avec Camille et Alexandra sur la banquette arrière. Rémy a l’air plutôt sobre, comme moi, même mieux que moi… j’ai quand même quelques bières à mon actif, chose que Rémy semble avoir esquivé.
Quant aux filles, elles sont défoncées. Elles ont descendu les vitres arrière, et pendant qu’on traverse lentement les routes du centre ville bondées de monde, elles crient des trivialités aux garçons aux terrasses des bistrots… c’est ça de picoler quand on ne tient pas l’alcool… elles sont bonnes pour nous taper la honte à l’entrée de la boite… pourvu qu’elles ne gerbent pas dans la voiture… pourvu que je ne rentre pas dans la même voiture tout à l’heure…
Du coup je me rends compte que ne sais même pas comment Jérém est parti… avec sa voiture ? Avec l’Astra de Thibault ? Si c’est le cas, adieu la galipette de retour de boite… je me vois mal demander à Thibault de nous ramener et de nous laisser tous les deux rue de la Colombette… à moins de lui demander de monter avec nous… mais là, je divague…
Merde, merde, merde… naaaaan… c’est juste pas possible… j’ai trop envie de lui… surtout après le petit (avant) goût qu’il vient de me donner, après cette « mise en bouche », après m’avoir juste embroché avec sa queue raide pendant que je me branlais jusqu’à en jouir… j’ai trop envie de l’avoir en moi… et je l’aurai, ce soir, coûte qui coûte...
La voiture quitte le centre ville, nous traversons une première fois la Garonne par le Pont Neuf, nous passons St Cyprien, les Abattoirs, nous retraversons la Garonne au Pont des Catalans, nous filons sans encombres sur l’Allée de Brienne, nous arrivons aux Ponts Jumeaux, et nous voilà sur la Rocade… nous passons à coté du quartier des Minimes, là où Thibault a son apart, je ne sais pas trop où…
Ah… Thibault… je repasse dans ma tête le moment où l’on s’est croisés aux toilettes… je me revois en train de me sécher les mains… j’entends le bruit assourdissant de l’air chaud propulsé… je retrouve ma surprise de le voir juste à coté de moi… je repense à mon sourire maladroit… et je sens un pincement au cœur en retrouvant son charmant et gentil sourire terni par un beau malaise…
De fil en aiguille, pendant que la voiture file, pendant que les filles continuent sur leur déconnade en balançant des conneries à notre chauffeur sur la Rocade, pendant que la radio nous offre la voix de Madonna sur « What it feel like for a girl », pendant que les immeubles des cités et les bâtiments commerciaux défilent sous mes yeux, je repense à la tristesse de Thibault lorsqu’il m’a parlé du départ possible de Jérém… je retrouve la chaleur de sa main sur la mienne, la douce caresse de sa voix et de ses compliments… « tu es beau garçon », la troublante sensation de sa bise inattendue…
Du coup, je ne peux m’empêcher de me demander quelle est, au juste, la raison profonde de son malaise de tout à l’heure… une jalousie ? A l’égard de qui ? De Jérém ? De moi ? A la place de qui aurait-il voulu être ? Ou alors, aurait-il tout simplement voulu être avec nous deux ? Est-ce qu’il ressent vraiment un truc puissant pour son pote ? Est-ce que c’est sur moi qu’il a des vues ? Est-ce que c’est juste le fait de voir cette relation inattendue se développer sous ses yeux qui le trouble et qui réveille en lui des pulsions qui auraient pu rester par ailleurs indéfiniment cachées ?
Si vraiment il en pince pour Jérém, j’imagine à quel point ça doit être dur pour lui de le côtoyer en ami, en meilleur ami, sans pouvoir lui avouer ce qu’il ressent pour lui, sans pouvoir lui avouer ses envies… et ça doit être d’autant plus dur pour lui à vivre en sachant désormais que Jérém a à priori les mêmes penchants que lui, mais que ces penchants il les satisfait avec un autre garçon… un garçon, moi, pour lequel Thibault doit ressentir une certaine jalousie alors qu’il s’efforce de s’en rapprocher car il le sait être l’élu du « lit » de son meilleur pote…
Thibault et moi, chacun à notre manière nous jouons tous les deux un jeu délicat, dangereux, un jeu d’équilibriste…
Oui, la position de Thibault est très compliquée… dans son discours, le beau mécano a l’air de vouloir me soutenir dans l’odyssée entre le lit et le cœur de mon beau brun… je crois vraiment que, d’une part, la profonde bienveillance qu’il porte à l’égard de Jérém le pousserait à seconder sincèrement cette relation avec moi, une relation qu’il ressent comme bénéfique pour Jérém…
D’un autre coté, je sens qu’il y a un malaise… il voudrait être à ma place, mais il ne le peut pas, son statut de meilleur pote n’est pas compatible avec une tendresse plus intime, avec une sexualité partagée… du coup, il se retrouve prisonnier de son rôle de meilleur ami, de pote bienveillant, ce qui lui empêche de franchir le pas d’assumer ses véritables envies… car s’il le faisait, toute cette amitié qui a été construite depuis leur enfance, risquerait se s’effondrer… ce qui risquerait de foutre le bordel entre eux… et comme Thibault désire par-dessus tout de la stabilité pour son Jérém, il se condamne à jouer le rôle que son pote s’attend à le voir jouer…
Soudainement, je trouve Thibault encore plus touchant… je crois qu’il n’a pas ls rôle le plus facile à tenir dans l’histoire…
Ceci dit, ma position vis-à-vis de Thibault aussi est compliquée à assumer… d’une part, je veux bien accepter son appui pour mieux connaître et cerner mon beau brun… d’autre part, ce qui me pose problème, c’est le fait que ce petit jeu a l’air de coûter cher à Thibault…
Lorsque je repense à la tristesse dans ses yeux, à son air dépité lorsqu’il m’a lancé, le regard fuyant :
« Ah, t’es là… toi aussi… », j’ai mal au ventre pour lui… et lorsque je repense à ma fuite, à ma lâcheté, à mon égoïsme… je me sens vraiment nul…
Je n’ai pas envie de faire du mal à ce garçon droit, loyal, excessivement fidèle en amitié, prêt à tout pour son meilleur pote.
Non, je ne veux pas faire souffrir ce garçon qui inspire la confiance et force le respect, si touchant dans le contraste entre la puissance de son physique, la solidité de son caractère et la profonde gentillesse qui lui est propre…
Oui, dans sa morphologie et dans son caractère, Thibault possède la carrure et la solidité d’un petit taureau. Mais là, voilà que l’équilibre inébranlable de Thibault vient d’en prendre un coup… il n’y a que très peu de choses capables de secouer un rock comme Thibault… parmi celles-ci, la frustration d’un désir profond ainsi qu’une certaine forme de jalousie…
Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans la tête du beau mécano… ah, mon beau Thibault… qu’est ce qui te fait réellement courir dans la vie ?
A l’approche de la sortie du Lac de Sesquière, la silhouette immense et lumineuse du KL nous drague alors que nous roulons encore à plus de 90 km/h… la proximité des « retrouvailles » avec mon Jérém et mon souci de ne pas encore savoir si je pourrais ou non finir la soirée avec lui, m’éloignent de mes pensées au sujet de Thibault…
Dès que je repense à mon beau brun, je repense à son corps tout tendu à la recherche du plaisir, à ses gémissements de mâle en train de se faire sucer comme il se doit… à la sensation de sa queue qui s’enfonce dans ma bouche et qui la remplit… à ses coups de reins… à son parfum… à la puissance de ses jets projetés au fond de ma gorge… au goût de son jus épais…je bande… et lorsqu’un garçon bande, toute forme d’empathie et de scrupule s’évapore soudainement…
Nous voilà au KL. Il y a du monde à l’entrée, et il faut attendre pour rentrer. Les filles déconnent bruyamment, je me protège avec la technique du « Je ne les connais pas, moi ».
Au bout d’un bon quart d’heure, nous traversons enfin les vestiaires pour plonger dans l’ambiance bruyante de la salle techno. Le son est assourdissant, la salle est bondée et il fait une chaleur de dingue. Je me dis qu’avec tout ce monde, ça ne va pas être simple d’approcher discrètement mon beau brun… je me dis que c’est une énorme connerie que de devoir en passer par là pour me glisser dans le lit de Jérém alors que quelques minutes plus tôt on étais à quelque pas de chez lui et qu’il serait bien plus agréable d’être au pieu avec lui dans le silence de son apart que dans cette ambiance bruyante, surpeuplée et moite… mais bon, je suis le mouvement, pas le choix…
Oui, mon beau brun… il est passé où, celui là ? Je le cherche du regard, mais la foule est si dense que j’ai du mal à me focaliser sur les visages… et sur les torses… et sur les t-shirts… l’approche de l’été opère cette magie bénie de dévoiler les physiques des beaux garçons, les plastiques que les vêtements d’hiver nous ont un peu dissimulés pendant des mois… l’œil est avide de découverte… alors, là, ce soir, c’est le festival…
Qu’est ce qu’il y a à mater comme bogoss… il a des fois où on a l’impression que tous les bogoss de la planète se sont donné rendez vous au même endroit… je suis comme un passionné de peinture impressionniste au Musée d’Orsay… dépassé par l’interaction mutuelle de beautés similaires que, mise cote à cote, génèrent une sorte d’explosion esthétique et émotionnelle qui nous arrache du présent et qui nous offre un magnifique instant d’éternité…
Bon, Nico, stop aux délires… il faut te ressaisir… il faut trouver Jérém… le trouver et ne pas le perdre de vue sous aucun prétexte… le surveiller… l’empêcher d’emballer des nanas… tu as trop envie de lui pour le laisser commettre une fois de plus ce gâchis insoutenable…
Mais d’abord, il me faut me délester de mes trois acolytes… la tache se révélera plus simple que prévu… en effet, après un verre, les nanas vont danser… elles gigotent comme des malades… Rémy, quant à lui, il s’occupe en matant les nanas sur la piste de danse… je crois qu’il coucherait bien avec Alexandra, mais elle ne fait que le faire languir, surtout depuis qu’il a son permis…
Et moi… moi je guette l’apparition de mon beau brun… hélas, je ne le vois toujours pas… je pars faire un tour de la salle… mince, Rémy me suit… j’avance, j’avance, j’avance, ma quête demeure sans succès… ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes de pérégrinations que, au détour d’une cloison, j’aperçois de loin mon beau brun entouré de Thibault, Bruno et Thierry…
Maintenant, il faut absolument que je me décolle Rémy des baskets… je tente de le semer avec l’argument « toilettes »… il a envie aussi… heureusement il s’enferme dans une cabine, et c’est par ce biais que j’arrive à le semer… je pars sans l’attendre…
Me revoilà dans la salle, en mode détection et approche de beau brun un peu con… je l’ai vu tout à l’heure, maintenant je ne le vois à nouveau plus… il faudrait lui poser un bracelet électronique… sans Rémy à mes baskets, je bouge beaucoup plus vite… il me faudra cependant de longues minutes pour le localiser à nouveau…
Le voilà mon beau brun, négligemment appuyé avec une épaule à une colonne au bord de la piste de danse, sexy comme pas possible, en train de discuter avec une blonde… une nanas que je ne peux même pas traiter de pouffiasse ou de pétasse, car ce n’est pas le cas… c’est une fille vraiment magnifique, le genre de fille class et très belle que je pense me plairait si j’étais hétéro… bien sapée, sexy, maquillée juste ce qu’il faut, une véritable beauté, un joli sourire, et apparemment de l’humour, car je vois à plusieurs reprises mon beau brun rigoler longuement en discutant avec elle… non, je ne peux pas honnêtement la traiter de pouffiasse… car son seul crime est celui de vouloir connaître mon beau brun de très près… est-ce un délit ? pouvons nous condamner cela ? condamner un être de chair, qu’il soit mâle ou femelle, qui se rend « coupable » de trouver la beauté et le charme de Jérém très désirables, très sensuels ?
Oui, cette nana a dans son allure générale quelque chose de profondément charmant qui la rend difficilement critiquable… du moins jusqu’à qu’elle atteigne le point de non retour… jusqu’à qu’elle commette l’irréparable… à savoir… s’approcher de façon inappropriée de mon beau brun et, sous mes yeux, passer une main d’abord dans son dos, ensuite carrément sous son t-shirt… et terminer avec l’horreur absolu… un bisou dans le cou…
Le beau brun sourit, balance des petits regards en coin, fiers, coquins, des regards d’allumeur… il a l’air d’apprécier cet énième hommage à la toute puissance de son charme…
Cette scène a le pouvoir de me rendre hystérique… ça me fait sortir de mes gonds, ça me met hors de moi !
C’est là que je me rends compte qu’en fait la nana est la pire des salopes… le genre qui minaude avec classe, sans vulgarité apparente… mais quand même avec la ferme intention de se le taper… du coup elle dégringole dans mon estime… tous les voyants dans ma tête virent au rouge… danger maximal… pétasse en rut en contact avec mon beau brun… je bous de l’intérieur… si tu savais, toi aussi, oh blondasse, comme je l’ai fait jouir il y a même pas une heure… il n’a pas besoin de toi pour prendre son pied… je suis là !
Soudainement, je trouve condamnable ce qu’un instant plus tôt j’avais trouvé tolérable… s’intéresser de trop près à mon beau brun, relève en fait du délit… du moins à mes yeux…
Je sens un mélange de rage et de jalousie monter en moi, fourmiller dans mon bas ventre et me piquer jusqu’au cuir chevelu… quoi faire si le beau brun, après avoir reçu une pipe de dingue, il trouve bon de terminer sa soirée en se défoulant dans une chatte plutôt que entre mes fesses ?
Je me sens impuissant et ça me rend dingue…
Ils discutent.
Elle sourit. Il sourit. C’est pas possible d’être aussi beau. Elle minaude. Non, elle charme. C’est pire. Car drôlement efficace. Ça se voit qu’elle a envie de se faire sauter par mon beau brun. Mais elle le fait avec classe. Non seulement elle a l’air d’être plutôt drôle comme nana, mais elle a également l’air d’une sacrée coquine… parfois elle se penche sur son oreille et, au vu des expressions malicieuses, sensuelles et fières que je vois s’afficher sur le visage de mon beau brun, elle ne doit pas lui faire un résumé du JT de 20 heures…
Il le sait qu’elle a envie de lui… il le sens et ça le rend fier comme un coq… putain, c’est vraiment vrai qu’il n’y a pas plus ingrat qu’une queue en érection…
Le message me semble assez clair et définitif. Ce soir je ne me ferai pas sauter par mon beau brun. Dégoûté, je pars faire un tour de la salle. Je suis tellement dépité par ce que je viens de voir, que je n’ai même plus le cœur à mater le « bogoss toulousain » pourtant massivement présent au KL ce soir là… et pourtant dieu sait à quel point m’est doux de poser mon regard sur la beauté et sur la jeunesse masculine ; mais là, je suis tellement déçu que j’arrive à détourner mes pensée du garçon qui est la cause de mon malheur, de ce con de bogoss qui seul aurait le pouvoir de transformer ce malheur en bonheur, si seulement il le voulait… oui, si seulement il le voulait…
L’effet de la première bière du KL, la quatrième de la soirée quand même, en plus de l’apéro au resto, commence à faire sentir son effet anesthésique… je suis fatigué, et au même temps sur les nerfs… avec son jeu de souffler en permanence le chaud et le froid, Jérém a le don de m’énerver comme personne… alors, comme ce fut déjà le cas à la Bodega avant qu’il vienne me chercher, je me dis que j’ai besoin d’une autre bière pour me calmer davantage… car il semblerait que l’alcool aide à mieux supporter la déception, la solitude, la tristesse…
C’est en m’approchant du comptoir que j’aperçois un peu plus loin une silhouette masculine plutôt harmonieuse et agréable à mater, un mec en train de discuter et de rigoler avec une petite bande de potes. C’est dingue comme les silhouettes des filles, tout comme leurs prénoms, se mélangent parfois dans ma tête dans un souvenir vague, alors que la morphologie et le prénom d’un garçon qui m’a tapé dans l’œil ne serait-ce que l’espace d’un battement d’ailes de papillon, se grave instantanément au feu rouge dans ma mémoire…
Le processus est infaillible et ultra-rapide. Mon gaydar détecte le spécimen ; transmission des données visuelles à la base de données « Bogoss » dans ma mémoire interne ; lancement de la recherche par le paramètre « Morphologie » : Match found… correspondance trouvée… Illico je me dis : je l’ai déjà vu, celui là… mais où… lancement de la recherche dans la base de données « Rencontres récentes »… recherche aboutie… une ampoule s’illumine dans ma tête « Mais, oui, évidemment, c’est bien lui ! »…
Le flanc appuyé au comptoir, l’avant bras carrément posé sur le zinc, je ne le vois que de dos… mais je suis sur que c’est lui… cette chemise blanche bien taillée, très class, les manches retroussées, une belle montre de mec au poignet… oui, ce style est bien le sien… et lorsque par moments il tourne légèrement la tête, la faible lumière de la boite m’apporte quelques éléments de son beau profil…
Oui, c’est lui. Je suis surpris de le trouver ici, surtout de le localiser sans l’avoir cherché au beau milieu de cette foule dense.
Je le regarde discuter avec ses potes et ça me donne des frissons… je suis comme d’hab jaloux d’eux, eux qui peuvent partager des moments avec lui, entendre sa voix, discuter avec lui sans en être gêné… car autorisés à faire partie de sa vie en vertu d’une amitié ou d’une camaraderie qui m’est interdite… l’alcool désinhibant mes actes et me rendant plutôt culotté, je le regarde sans ménagement, fasciné par cette scène de proximité entre potes…
Je le fixe avec tellement d’insistance que, à la faveur du passage d’un un petit groupe de filles avançant dans ma direction et que le mec et ses potes semblent suivre des yeux, nos regards finissent par se rencontrer…
Putain… te voilà gaulé… je ne sais plus où me mettre… et là, alors que je suis tout gêné par cet accident frontal de regards, à ma grande surprise, le mec me lâche un grand sourire. Il est vraiment beau et sexy. Et cette simple chemise blanche avec deux boutons ouverts laissant entrevoir un joli relief de pectoraux imberbes… ouf, c’est canon… et il l’est encore encore encore plus car j’ai l’impression que ce sourire veut dire : « Tiens, je me souviens de toi, même si je ne t’ai vu qu’une seule fois, et vraiment vite fait… ».
Oui, on ne s’est croisé qu’une fois, on s’est tout juste serré la main, au point que je croyais qu’il ne m’avait même pas capté… et ça fait d’autant plus plaisir de découvrir le contraire…
Son beau sourire me donne envie de donner l’échange avec la même pièce. Je lui souris à mon tour. Il faut alors imaginer mon effarement, avec l’emballement du rythme cardiaque qui va avec, lorsque je le vois quitter son groupe de potes pour avancer dans ma direction.
Soudainement, je repense à Amélie Poulain. Je crois que je vais me liquéfier sur place. Oui, soudainement, je me rends compte que je n’ai qu’une poignée de secondes pour retrouver une contenance, reprendre mon souffle et préparer quelque chose de pas trop con à dire. Hélas, le temps imparti est trop court, tant pis, je ne réussirai aucune des trois missions. Il approche… trois, deux, un…
Impact…
Il réitère son beau sourire, il approche son verre du mien, et il approche son visage de mon oreille pour y poser, inattendu, mais très plaisant, un :
« Bonsoir »
Auquel je répondrai :
« Bonsoir »
Auquel il enchaînera :
« Alors, vous êtes prêt pour le stage intensif ? »
Bam ! Martin, le beau moniteur de l’auto-école est là.
Il est vraiment charmant et très classe. Très élégant. Ses cheveux châtains sont un plus courts et soignés que la première fois que je l’ai vu… il est rasé de près… le mec vraiment sur son 31, quoi… une chemise blanche, un beau jean marron, des jolies chaussures en cuir, simple mais tellement efficace…
« Vous vous souvenez de moi ? » j’essaie de rigoler. Pour le truc pas trop con, on repassera.
« On s’est serré la main l’autre jour » me répond-il du tac au tac « et apparemment vous aussi vous vous souvenez de moi… ».
Il me regarde droit dans les yeux. Putain de regard charmeur. Sur le coup, j’ai envie de lui demander s’il souvient de tous les élèves qu’il croise, mais après je me dis que c’est l’alcool qui me fait dérailler, alors je me retiens. Son parfum me frappe comme un uppercut en pleine figure. Quand je pense que je vais faire mes cours de conduite avec lui… tous les jours pendant deux semaines… me retrouver enfermé dans l’espace clos d’une petite voiture avec cette bombasse assise à coté de moi… les narines mises à dure épreuve par ce parfum de ouf…
Je me perds dans son regard de braise lorsqu’il enchaîne :
« Vous allez attaquer quand le stage ? ».
« Dans deux semaines… ».
Soudainement, voilà le glissement magique du vouvoiement distant au tutoiement complice… frissons incontestés…
« Tu as déjà conduit ? ».
Je me sens perdre pied. J’ai l’impression que je ne contrôle plus mes mots, qu je pourrais dire n’importe quoi. Trop de bières nuisent au Nico. Ou pas, d’ailleurs…
« Non, mais je suis sur que vous allez me montrer tout ça… ».
« Déjà il faudrait que tu me tutoies… ».
« Mais vous allez être mon prof… ».
« Je suis Martin, un point c’est tout… ».
Oui, tu es Martin, et tu me fais un effet de dingue… putain… j’ai avalé trop vite mes deux dernières bières… j’ai la tête qui tourne, alors j’ai envie de te dire que j’aimerais te voir à poil, te faire mille trucs, te faire jouir, te voir jouir… oui, Martin, j’aimerais coucher avec toi… te bouffer la queue, goûter à ton jus… que ce soit en te tutoyant ou même en te vouvoyant… mais tu es vraiment trop beau, presque aussi beau que mon con de Jérém… tiens, à l’heure qu’il est, il doit être en train de négocier sans trop de difficulté sa baise du soir avec la blonde qui a osé l’irréparable… passer la main sous son t-shirt… alors, Martin, ta présence me fait du bien, un bien fou… mais comme je sais que les miracles, notamment les miracles « gay » ont déjà du mal à se produire une fois, et que, en couchant avec Jérém, j’ai épuisé mon quota, je sais que la probabilité qu’un mec aussi canon que toi veuille de moi relève de l’absurde…
Oui, Martin, tu es presque aussi canon que mon Jérém, avec quelques années de plus, ce qui rajoute un charme que mon beau brun, du haut de ses 19 ans, ne peut pas encore ajuter à son arsenal pourtant si bien garni par ailleurs… c’et vrai que l’argument « mec plus âgé, avec quelques bornes au comptoir, rassurant, avec de l’expérience » est un argument de poids… mais Martin, tu es un mec à nana, je le sais… j’ai vu comme tu as maté le cul de ce troupeau de femelles qui vient de passer… inutile de me faire des illusions… t’as du sauter la moitié des nénettes qui sont rentrées dans ta voiture… tu dois être sollicité à ne pas savoir où donner de la bite, comme mon beau con de brun doit l’être à sa putain de brasserie…
Mais pourquoi vous êtes aussi canons les mecs, pourquoi vous avez ce pouvoir terrible, un pouvoir dont vous z, le pouvoir de faire le bonheur et le malheur des nanas et des mecs qui ont la malchance de vous croiser… beau Martin, est-ce que tu as fait souffrir des nanas comme ce con de Jérém me fait souffrir à moi ? Est-ce que ta beauté et ton charme, comme c’est le cas pour lui, sont des armes redoutables qui font des dégâts collatéraux épouvantables ?
Je sens une étrange tristesse mêlée de colère me submerger… Martin… Jérém… même histoire… des mecs canon, tellement canon qu’il ne seront jamais la bite d’un seul trou… l’un comme l’autre appartenant à cette espèce de mâles tellement assurés de leurs charmes qu’ils s’en foutent de tout et de tout le monde, car tout ce qui compte est leur gueule…
L’alcool me perd, il fait tourner mon cerveau à l’envers… j’aime bien la présence de Martin, mais au fond j’aurais tellement envie d’être avec mon Jérém…
« Tu es ici avec tes potes ? » me balance-t-il de but en blanc.
« Oui » je réponds sobrement.
« Et avec… ta copine ? » il enchaîne.
« Non ! » je coupe court, surpris par sa question.
« Pas de copine ce soir ou pas de copine du tout ? » il me relance.
« Pas de copine du tout… » je finis par admettre.
« T’es venu pour draguer les nanas, alors… » il me questionne, un sourire coquin s’affichant son visage.
« M’en tape des nana… » je balance. L’alcool me joue des tours.
« T’es venu pour dragues les mecs, alors… » il me sort alors, comme le plus naturel du monde.
Je ne réponds pas, très mal à l’aise. Je le regarde. Il me sourit. C’est coquin, c’est charmant, c’est beau, c’est culotté, c’est à gifler.
Me voilà dans une situation inattendue… une situation dans laquelle je me suis toujours demande comment réagir si jamais je devais y être confronte d’une manière aussi directe… oui, comment se comporter devant un aussi bomec jouant a fond la carte de la séduction ambiguë ? Est-ce que c’est pour de vrai, est-ce qu’il est « du bon cote de la Force », est-ce qu’il le fait pour jouer, pour se moquer, est-ce que c’est un piège ? Bien sur, les situations ou les allusions ambiguës de la part de mec, je connais, mais c’est toujours extrêmement subtil, furtif, et rapidement les évènements apportent une réponse définitive et jamais la bonne…
Dans le doute, je me dis qu’il faut que je dégage le Roi de mon jeu, car je sens que si je ne change pas de stratégie, l’échec et mat n’est pas loin.
« Je suis venu parce qu’on fête le bac ce soir » je tente de me dégager. Je prends une longue respiration et je passe à la contre-offensive :
« Et toi, t’es venu pour draguer ? » je balance, relançant ainsi la balle dans son champ.
« Non, je suis venu pour rigoler avec mes potes… c’est mon anniversaire… ».
« Bon anniversaire, Martin… » je réagis au quart de tour.
« Merci… »
« Tu as quel age ? » j’enchaîne, curieux.
« Qu’est ce que tu en penses ? » il enchaîne, taquin.
« Je ne sais pas… 27… 28… » je l’avance.
« 29… » il assène.
« Je n’étais pas loin… » je commente.
Il sourit. Lorsqu’il approche la bouche de mon oreille, il rajoute :
« 29, ce ne sera que la troisième fois que je les fête… » il rigole.
« 31, donc… » je réagis.
« Non, 29 pour la troisième fois… » il insiste, taquin.
« Tu ne les fais pas… » je trouve intéressant de commenter.
L’alcool me délie la langue. Je ne sais pas ce qu’il cherche, je ne sais même pas ce que je cherche, moi… ce qui est sur, c’est que ce petit jeu du chat et de la souris me plait et me remonte un peu le moral…
« Merci… » m’envoie le beau Martin.
« Toi, en revanche tu fais plus que tes 18 ans… car tu as 18 ans, n’est pas ? »
Je le lui confirme avec un simple hochement de la tête. Visiblement rassuré, il continue.
« Ta chemise à carreaux est très jolie et elle te va à merveille… de toute façon tu es très sexy comme garçon… » et, ce disant, il approche un peu plus son visage de mon oreille, les lèvres me provoquant des frissons en effleurant le pavillon, pour me chuchoter, avec une voix très sexy « voilà pourquoi je me souviens de toi… ».
Son souffle dans l’oreille m’excite… ses mots me flattent… soudainement je me sens comme un livre ouvert… putain de petit con… mais je suis vraiment touché… un mec aussi canon qui se rappelle de moi et qui me trouve à son goût… bon, là c’est clair, il me drague ouvertement… comme quoi, les miracles gay peuvent se répéter…
Alors puisque la chance sourit, autant jouer cartes sur table…
« J’ai été content d’apprendre que vous seriez… » je m’engage.
« Que tu serais… » il me corrige.
« Que tu serais mon instructeur… » je m’aligne.
« C’est déjà mieux… » il plaisante.
Je ne sais pas où ce petit jeu va nous mener, mais je m’aligne, je relance les dés…
« Je suis sûr que tu as plein de choses à m’apprendre… » j’enchaîne. C’est plaisant de se faire draguer. C’est un jeu auquel on s’abandonne avec un plaisir entier.
« T’imagines même pas… » il me nargue. Son assurance est extrêmement sexy. Et énervante. Mais surtout sexy. Très énervante. Définitivement sexy.
« Vivement le 16 juillet, alors… » c’est ma façon de lui tendre une perche.
« Je peux commencer dès ce soir à t’apprendre des choses… ».
« Mais l’auto-école est fermée… »
« J’ai les clefs… ».
« Ah… oui ? ».
« Oui, les clefs de chez moi… ».
Je suis un peu surpris de sa proposition très directe. J’hésite sur la réponse à donner, et c’est là qu’il me balance, coquin :
« C’est jamais assez tôt pour s’instruire… ».
Je le regarde. Il rigole. Son petit jeu commençait à me dépasser un peu… je ne suis pas habitué à me faire draguer si explicitement et si vite… mais voilà que son beau sourire a le pouvoir de me faire fondre et de me mettre en confiance… ajoutant le geste à la parole, sa main entre en contact avec mon dos et remonte jusqu’à mon cou…
Il me regarde droit dans les yeux. C’est une attitude récurrente chez lui. Fixer droit dans les yeux. Je sais qu’il attend une réponse à sa proposition de finir la soirée avec lui. J’hésite. Je lance mon regard dans un tour panoramique de la salle en quête de mon beau brun… je balaie l’horizon bruyant et saturé de la salle mais pas de t-shirt Carvin Klein blanc en vue… l’horizon m’apparaît alors bien vide et désolant, comme un désert sans fin…
Je suis à la fois flatté et un brin troublé par cette drague si directe et si rapide… alors, j’essaie de gagner du temps et de me rassurer.
« Tu fais souvent ce genre de proposition à tes élèves ? ».
« Plus souvent aux nénettes… d’ailleurs c’est elles qui me font du rentre dedans… et moi je choisis si jouer le mec cool qui se dévoue souvent pour leur dépucelage… ou alors le mec très pro qui jamais ne couche avec une élève…
« Ca dépend de la tête de la nana… ».
« Exactement… mais aussi si elle est majeure… je ne veux pas de problèmes, moi ».
« T’es bi ? ».
« Oui, c’est ça… depuis toujours… ».
« Et alors, pour les mecs ? » je me renseigne.
« Pour les mecs c’est plus délicat… déjà c’est plus rare… ils osent moins… ils croient que je ne couche qu’avec les nanas… alors, c’est souvent moi qui doit faire le premier pas… comme avec toi… euh… d’ailleurs c’est comment, déjà, ton prénom ? ».
« Nicolas… Nico… ».
« Alors, Nico, t’en dis quoi ? » il me relance, tous sourires.
J’ai compris qu’il a envie d’une aventure, il envie de s’envoyer en l’air… je ne sais pas… ce Martin à l’air d’un sacré coquin… j’ai l'impression que si j’accepte de le suivre dans sa garçonnière, je vais être juste un trophée de plus dans son tableau de chasse déjà bien fourni… franchement, tout canon qu’il est le mec, ce qu’il me propose ce n’est pas franchement que je cherche…
Mon être profond veut finir la soirée avec mon Jérém, car avec Jérém, en ce qui me concerne, ce n’est pas qu’une histoire de baise… mais bon, je commence à comprendre que dans la vie à rien ne sert de prendre ses désirs pour des réalités… inutile d’attendre Jérém… inutile de me priver à cause de lui… inutile d’avoir des scrupules… Jérém ne s’encombre pas de scrupules… s’il le faut, à l’heure qu’il est il est même déjà parti de la boite, s’il le faut il en est reparti avec la blondasse et avec Thibault, lui non plus je ne l’ai pas vu depuis un bon moment… ils sont peut-être déjà repartis à quatre comme samedi dernier…
Alors, même si je sais que Martin veut juste tirer son coup avec moi, soit… pas envie de rester seul et de me morfondre en pensant à la connerie de mon beau brun…
Qu’est ce qui me retient donc de dire oui à a proposition de Martin ? Je me regarde autour, je réfléchis… qu’est-ce que vont penser mes camarades en me voyant partir avec cet inconnu ? Au fond… je n’en ai rien à foutre… d’autant plus que, au dire de Camille, apparemment tout le monde sait que je suis pd… et puis, je m’en tape doublement, le lycée c’est fini, ma nouvelle vie va se passer à Bordeaux, alors, je peux faire n’importe quoi sur la place toulousaine…
« C’est tentant… » je finis par répondre au charmant Martin.
« T’as qu’à dire à tes camarades que tu rentres avec un pote que t’as rencontré et on y va… » me suggère-t-il d’un ton ferme.
« Et tes potes ? ».
« T’inquiète pas pour eux, ils sont grands… et ils me connaissent… » me répond-il, malicieux.
« Tu vas m’amener chez toi pour me faire l’amour ? » je me laisse échapper maladroitement.
« Je ne fais pas l’amour… je baise… sauvagement… » m’assène-t-il avec un petit sourire lubrique aux lèvres.
« Dit comme ça, ça fait quand même un peu peur… » je me défend.
« Tu vas aimer, j’en suis sur… derrière tes aires de garçon sage, de Saint N’y Touche, tu dois être un sacré lascar au lit… mais tu vas être étonné… je vais te révéler à toi-même… » il surenchérit.
« Je n’en sais rien… je suis obligé de te croire sur parole… » je le cherche.
« Si je m’occupe de ton cul, tu aura eu du mal à t’asseoir pendant une semaine… »…
Quand même… dans le genre petit on arrogant et prétentieux, voilà un beau spécimen. Obscènement sexy. Si la prétention était une discipline olympique, il serait qualifié d’office pour les prochains jeux. Si la prétention était une discipline à prix Nobel, il serait assuré de le remporter.
Son assurance est tellement énorme que ça donne envie de tirer à boulet rouge pour lui faire baisser la crête… je me retiens de justesse de lui dire que ce genre d’expérience « du mal à t’asseoir pendant une semaine », m’est déjà arrivé plus d’une fois après les assauts de mon Jérém… mais ce n’est pas le moment… j’ai décidé de coucher avec lui, et son assurance de petit coq je la veux intacte…
« Attends moi un seconde… » je lui dis…
La scène qui suit ressemble à ce qu’on appelle un « effet papillon ». Dont voilà l’enchaînement exact.
Nico va voir Camille et Rémy pour les avertir qu’il rentre avec un pote croisé par hasard.
Pendant qu’il s’éloigne d’eux pour aller retrouver Martin, Nico aperçoit du coin de l’œil la blancheur aveuglante d’un t-shirt blanc Calvin Klein.
Après un léger, presque imperceptible ralentissement de son allure, dû autant à la surprise qu’à un petit pincement au cœur, Nico choisit d’avancer vers Martin, comme s’il n’avait rien vu.
Toujours du coin de l’œil, Nico se rend compte que le beau brun le regarde fixement et que son regard est noir, très noir, aussi noir que le jour à la piscine Nakache où il l’a vu discuter avec Stéphane.
Nico fait mine de ne pas voir ce regard noir de beau brun énervé et rejoint Martin. Ce dernier, ignorant tout du tiraillement que vit Nico à cet instant, pose son verre vide sur le comptoir et se dirige vers la sortie de la boite.
Nico lui emboîte le pas. Ce n’est pas la première fois de la soirée que Nico emboîte le pas à un garçon, mais c’est la première fois qu’il emboîte le pas d’un inconnu.
Pendant qu’il traverse la salle en direction de la sortie du KL, réalité ou imagination, ou les deux à la fois, il sent bien le regard de Jérém sur lui, comme le contact d’une main, lourd, insistant, contrarié.
La réaction de Jérém… elle a le don de faire connaître à Nico un complexe mélange de sentiments… d’abord la joie, la satisfaction, la saveur délicieuse d’une petite revanche, le parfum enivrant d’une petite fierté procurées par le fait de voir que quand Nico se fait draguer, la réaction de Jérém ne se fait pas attendre… c’est une joie, hélas, un peu gâchée par un petit regret… le regret qu’il ait fallu en arriver là pour obtenir que le beau brun s’intéresse à lui… le dernier sentiment ressemblerait une certaine inquiétude vis-à-vis d’une éventuelle réaction alcolo-épidermique du beau brun avant qu’ils n’aient quittés les lieux…
Nico et Martin ne sont plus qu’à quelques pas de la sortie, lorsque Nico sent une pression sur l’épaule. Il s’arrête net. Il sait que c’est sa main. Il a redouté que cela puisse arriver autant qu’il l’a souhaité.
C’est beau et rassurant de voir que quand Nico se fait draguer, Jérém rapplique.
Nico se retourne. Jérémie le regarde fixement. Il a le regard très contrarié des mauvais jours.
« On rentre ! » il finit par lâcher sur un ton plutôt péremptoire.
« Non, je ne rentre pas avec toi… » je le repousse.
Il me toise, mauvais, je n’ose pas le regarder.
« Qu’est ce qui te prend ? » s’étonne le beau brun.
« Rien… je rentre avec lui… » j’insiste en lui indiquant Martin.
« Arrête ça… viens, on rentre… » m’intime Jérém.
« Maintenant c’est trop tard, je lui ai dit oui… » je lui annonce, comme une fatalité.
Martin regarde la scène à distance.
« Casse-toi et n’essaie plus de me faire chier… tu me dégoûtes ! » me balance-t-il en pleine figure. Le mot est dur, percutant, j’en ai presque les larmes aux yeux. Il fait demi tour et il se barre.
« Jérém… » je tente de le retenir. En vain.
Envie de le rattr. Envie de lui montrer que je peux assumer mes choix, comme lui les siens. Envie de le rattr. Envie de ne pas me dégonfler par rapport à Martin. Putain de situation de m…
Jérém… Martin… Martin… Jérém…
Eh.. merde… je ne peux pas le laisser partir ainsi…

Bonjour à tous,

Et désolé pour ce retard dans la publication du nouvel épisode. L'écriture est une amie exigeante et, trop pris par le quotidien, le temps manque pour m'y consacrer.
L'histoire de Nico et Jérém est loin, très loin de connaître son épilogue. Il reste beaucoup d'épisodes à développer et ils gagneraient en intensité à être développés plus rapidement.
C’est dans ce but que je vais bientôt lancer un projet un peu fou mais qui me tient vraiment à cœur. Un financement participatif avec le site Ulule.
Pour lever un peu le pied de mon activité professionnelle, et dégager du temps pour accélérer l'écriture.
Ulule est un site de financement participatif. Y jeter un œil permet de se rendre compte que cette plateforme aide a financer toute sorte de projets.
Une fidèle lectrice vient de créer un blog sur Jérém&Nico, en cours de finalisation.
Pour enrichir ce blog et pour la présentation Ulule et pour la communication pendant la collecte, je fais appel à vous tous, car il me faudrait de l’aide, à savoir :
- des belles photos, des petites vidéos de Toulouse, notamment sur les lieux cités dans l’histoire (rue de la Colombette, la Garonne, Pont Neuf, Capitole, boulevard Riquet) ;
- des dessins, des croquis pour illustrer les personnages principaux (Nico, Jérém, Thibault), pour réaliser des visuels originaux pour le blog et pour la présentation d’Ulule, pour les futures couvertures des livres, pour réaliser des affiches, des présentations ;
- des graphismes, des logos pour le titre de l’histoire ;
- une page Facebook : oui, il en existe déjà une, mais je pense qu’elle devrait évoluer en groupe Facebook, et ça je ne sais pas faire ;
- pour faire vivre le blog, j’ai besoin de votre curiosité : qu’est ce que vous volez savoir sur Nico et sur Jérém et éventuellement sur leur auteur ? N’hésitez pas à poser vos questions, j’y répondrai sur le blog, avec votre pseudo, lors de la publication de news pour alimenter la communication du blog pendant la collecte d’Ulule.
Voilà pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui : j’ai besoin d’un coup de main pour permettre à Nico de vivre jusqu’au bout ce qu’il a à vivre avec son Jérém. Et à Fabien ce qu’il a à vivre avec son histoire.
Tous peuvent participer et toutes les idées seront regardées avec intérêt ; celles qui seront choisies seront récompensée par les contreparties de la collecte envoyées bien évidemment à titre gratuit.
Merci de votre attention, et merci surtout de votre présence à mes cotés par l’intermédiaire de vos commentaires, de vos mails… des mots que, au moins une fois depuis le début de cette aventure, m'ont fait sentir que mon histoire est apprécié. Et cela n'a pas de prix.
Je profite de l’occasion pour m’excuser avec tous les lecteurs qui m’écrivent en privé et auxquels je tarde à répondre… tous vos mails et suggestions sont intéressantes et me touchent… tous vos mots me font du bien et je voudrais vraiment trouver le temps de répondre à chacun d’entre vous… hélas… le temps manque, du moins pour l’instant !
En attendant vos impression au sujet de mon projet et vos propositions d’aide éventuelles, sachez que le prochain épisode va sortir le week-end prochain. Et avec le prochain épisode, je communiquerai l’adresse du blog. Bonne lecture à tous.
Fabien

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