Méli-Mélo Diabolo
Elle était à côté de moi, juste contre le levier de vitesse. Izïa était à la fenêtre. On a vogué ainsi sans parler jusqu'à l'aéroclub de Guyancourt. Elle était indifférente, perdue, flappie et moi ça me chavirait.
Dans la Porsche, Izïa a voulu venir devant et la blonde, la grande blonde qui me boudait s'est enfilée, difficilement, sur la banquette arrière, genoux au menton, l'abricot bien dégagé. N'avaient probablement pas prévu ça, les ingénieurs allemands, que les grandes filles sans culotte pliées en quatre à l'arrière de leurs autos exposeraient ainsi sans vergogne leur bulbe aux populations latérales environnantes.
Izïa a dit, on va rejoindre mon copain et sa bande. Ils sont à Spookland, au studio à bosser. On va aller les écouter. Elle m'a dit, t'aimes ça le rockabilly ? Et elle s'est retournée pour avoir confirmation depuis la minuscule banquette arrière. Oui, on aime le rockabilly nous, enfin moi, a dit la blonde pliée dans ses nostalgies personnelles.
Je me suis garé facilement vu qu'on était dimanche, derrière une Lambo blanche deux fois plus large que ma misérable 911.
Izïa a dit, vois, c'est une Diablo !
Le mec qu'a c'tte caisse c'est le chanteur du groupe. L'a pas encore pliée mais ça ne saurait tarder, le con.
On a descendu tous les trois un escalier étroit et humide qui conduisait au studio. Moi je pensais, les filles sont encore cul nu. On aurait quand même pu passer chez elles qu'elles se vêtent...
Mais non, les deux copines semblaient à l'aise, légères et gaies.
Double porte façon sas et le son nous a assailli puissant grave envoûtant.
Derrière la vitre épaisse le groupe semblait au chômage, la musique venait de grosses baffles mais c'était de la bande son, juste. Personne ne jouait non plus que chantait. Ca clopait un max et l'atmosphère dans l'aquarium était lourde.
L'ingénieur du son, à droite, devant son pupitre consultait ses notes.
Izïa a ouvert la porte du studio en manipulant le clavier électronique et nous sommes entrés. Les musicos sont restés avachis immobiles. Seul le chanteur est venu vers nous, bisant Isïa chaleureusement et ma copine et moi aussi.
Moi, je me méfie toujours de ces mecs un peu trop chaleureux qui me serrent et m'embrassent sur les deux joues ... goulûment.
Je pensais, en URSS, se bisaient carrément sur la bouche entre camarades du parti... Pas pédés pour autant. Mais enfin moi, j'suis pas communiste, non. Enfin, je crois pas.
Enfin le chanteur, semblait plus interressé par la grande blonde sans devant, que par moi ou même que par son Izïa.
Moi, je pensais, s'il savait qu'en plus de n'avoir pas de devant elle n'a, non plus, pas de dessous, l'en serait maboul, comme la rue du viel anar. Moi j'étais dans l'ambiance chanson, à fond.
Il a dit, ils n'ont plus besoin de moi, leur reste juste quelques raccords et les nappes de cordes à régler, venez, on file, on va s'aérer j'en peux plus de leurs clopes.
*
Il a fait basculer les portes de la Diablo haut d'un coup de sa zapette et ma blonde a dit, ce sera plus sympa allongée sur le cuir blanc italien que pliée en quatre dans ta boîte à gants teutone. Elle s'est coulée dans le baquet au ras du sol, tirant ses jupes bas sur ses cuisses et moi je pensais, elle n'a rien, pas de culotte, pas même de touffe pour la protéger. Ce chanteur va n'en faire qu'une bouchée.
Izïa était déjà assise dans mon auto et me souriait. Elle me dit, ne sois pas triste, elle est ainsi Méli-Mélo, comme une abeille qui butine de partout goûtant tous les nectars ne se rassasiant d'aucun.
Son miel a les parfums aux mille senteurs des garrigues du Languedoc.
Izïa avait posé sa main sur mon pantalon et la simple chaleur de sa paume a presque instantanément raidi notre complicité.
Le chanteur avait proposé de patiner sur les berges de Seine, voie Pompidou. Dimanche après-midi ensoleillé au milieu de milliers de Parisiens, garçons et filles, jeunes et sportifs.
On devait se retrouver, équipés, chez Izïa qui crèche sur les quais, dessus Vilmorin.
Quand on est arrivés, après petite halte à mon appart, la Lambo était déjà garée devant l'abri-bus Decau. Je me suis garé devant et nous sommes montés. Les deux tourtereaux nous attendaient, patins pendus autour du cou, en descendant un grand verre commun de jus d'orange.
Moi je pensais, qui des deux avait donc la clef de chez Izïa, le chanteur ou la copine ? Si c'est le chanteur, alors c'est qu'ils sont en ménage ces deux-là. Faudra faire gaffe à pas faire d'impair.
Et je repensais au vite fait bien fait dans mon entrée quelques minutes auparavant. Izïa les mains au mur et moi la besognant profondément, jupe levée sur la toison épaisse couvrant ses fesses.
Faut dire que, dans l'auto, elle n'avait pas chômé, accompagnant chaque rétrogradage d'une puissante pression sur mon gland à travers les étoffes du pantalon et du boxer. Jamais je n'avais autant changé d'allure que ce jour-là sur un si petit parcours.
Son orgasme n'avait pas suscité de cris ou de feulements. Côté vocalise, Izïa était fille discrète. Mais en revanche elle cambrait alors son arrière train de façon étonnante et t'essorait la bite avec une efficacité redoutable, ne laissant rien dans l'urètre, pas une goutte, nichts, nix.
L'opération terminée, elle s'était dégagée brusquement, me laissant frustré d'apaisement chaleureux in the heat of the night. Mais, en se retournant m'avait embrassé au coin des lèvres en petit merci avec un regard gentil.
Il avait fallu filer retrouver les autres après que j'eusse enfilé mes tennis et pris mes patins.
Les deux, là, avaient l'air bien sages à siroter leur jus d'orange alternativement du même verre. On n'imaginait pas qu'ils aient pu mettre à profit ce temps de latence pour s'adonner à des activités lubriques.
Pourtant je pensais à l'abricot de ma grande blonde, tout luisant de rosée, tout offert nu et glabre loin derrière entre ses cuisses. Et je pensais, c'est elle que je veux ce soir dans mes bras.
Izïa avait filé dans ses appartements et nous revenait tout de neuf vêtue, bimbette en roller, chaussettes blanches fines, genouillères de plastique noir, short brillant façon boxeur et surtout débardeur moulant son impressionnante poitrine libre de tout harnais.
Un bandeau clair serrait ses cheveux à la Cher, soulignant ses traits levantins et son allure pleine, chaleureuse.
J'ai bien vu que le chanteur était sous le charme et je pensais, j'ai bien fait, chez moi, de baiser cette Izïa, voilà qu'elle est maintenant rassasiée de nouveauté et s'en retourne volontiers au copain de base, à son quotidien.
Sans aménité, je regardais le chanteur et je pensais à ce titre de Johnny, Dégage ! Paroles de Long Chris, le père d'Adeline. Prémonition du poète...
On est descendus sur le boulevard, on a chaussé les patins et on a suivi le flot des filles et des garçons dans la douceur de la fin d'après-midi. Le bitume des voies sur berge était parfait. Les ponts de Paris magnifiques. La Seine était calme et cette jeunesse saine et sportive était chant du monde, Giono.
Le soleil bas et rouge faisait éclater le short d'Izïa de moireurs irisées brillantes. Et l'on voyait, couvrant ses fesses, les boucles frisées, détaillées par la lumière rasante, qui s'enfouissaient entre ses cuisses, au profond. Les charnus, à chaque pas coulé, venaient en contact, laissant un point de lumière en dessus.
Les patins, avec leurs quatre roues alignées, faisaient aux filles des jambes immenses de géantes, fesses hautes cambrées pour l'équilibre.
Izïa, emportée en avant par ses nibars hors-norme, compensait en arrière en contre-poids de lourd fessier.
Une horde de matous subjugués suivait, les yeux braqués sur le short et le sombre agité dessous ses fesses. Mouvements alternatifs des cuisses à chaque glissé des patins sur l'asphalte, froissé de la soie bleue marine du short gonflée du frisotis noir entre deux.
Le chanteur roulait derrière, second rang, comme prince consort. Les prétendants, en formation serrée, l'encadraient, déterminés à lui voler sa proie. A l'emmener derrière la pile d'un pont pour la violer longuement, malgré son évidente consentance, à dix à vingt, à tous.
Ma blonde et moi voguions de concert en arrière, main dans la main. Ses fesses, sous la très courte robe années soixante hippie à peine couverte du pull de laine rèche à maille large, faisaient apparitions en rythme à chaque pas chassé, soutenues par le réhaussement de ses déjà trés longues jambes du fait des patins.
Mais là personne n'aurait osé bander pour ce petit cul mignon entrevu moultes et moulte fois en dansant en danseuse. Les gars les filles derrière nous suivaient en voyant nos mains unies, amies, aimantes. Ils voyaient que nous étions ensemble et nul n'aurait osé y porter la main non plus que l'esprit.
État d'esprit...
Alexandre III, Pont Royal, Pont au Change, la troupe patinait en communion dans le crépuscule parisien.
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