46.14 Je Vais Prendre Une Douche.

Sans qu’aucune réponse ne vienne de sa part, la mort dans l’âme, je tire un peu plus le battant vers moi…
Et là, alors que je n’y croyais plus du tout, j’entends le son de sa voix… c’est une voix à la vibration moins vigoureuse que d’habitude, c’est une voix traduisant l’état de fatigue du corps d’où elle jaillit…
« Nico… ».
Mon cœur s’emballe. J’attends la suite comme en fibrillation. Une seconde, deux, trois, qui semblent une éternité.
« Oui, Jérém… » je finis par lâcher comme pour l’inviter à aller plus loin dans son propos.
« Nico… reste… reste avec… ».
Et je me fige sur place. Non, pire que ça : je me pétrifie sur place. J’ai tellement de mal à croire à ce que je viens d’entendre que je commence à douter d’avoir bien compris.
Un doute qui se dissipe rapidement lorsque je l’entends se corriger :
« Reste un peu… ».
Aaaahhhh, c’est pas banal, ça…
Inutile de préciser que cette situation m’en rappelle une autre… le même dilemme… SHOULD I STAY OR SHOULD I GO… dois-je rester ou partir… oui, cette situation me rappelle le souvenir encore très vif d’une autre invitation, d’une autre nuit, nuit magique, nuit de rêve, nuit suivie d’un matin de cauchemar…
Comment choisir alors ?
Envie de rester… il semble en avoir envie lui aussi… puisqu’il me le demande… plus que ça, il semble en avoir besoin…
Envie de rester et peur de rester, peur du matin, du réveil… dilemme impitoyable… comment je voudrais, à cet instant précis, être un personnage dans une histoire et demander conseil, entendre chaque son de cloche, de mes lecteurs…

[Pour ceux qui ont remarqué qu’on est passé direct du 46.12 au 46.14, je précise que le « 46.13 Les amis de Nico », transcription de la soirée chat du 22 juin dernier est disponible sur www.jerem-nico.com/Nouvel épisode. Merci aux lecteurs qui se sont penchés sur le cas de Nico avec leurs conseils avisés et leur bienveillance].

Dans ma tête l’écho dissonant des « voix » contradictoires des plusieurs « Moi » qui se bousculent et qui me disent tout et son contraire…
Partir ou rester ?
Partir donc… partir pour laisser mon beau brun cogiter sur tout ce qui vient de se passer cette nuit, pour le laisser seul avec cette jalousie qui s’est manifestée à plusieurs reprises sans pourtant s’assumer, se camouflant tout à tour en machisme déplacé, en reproche maladroit, en mauvaise foi manifeste… une jalousie qui a de plus fortes chances de se retrouver face à elle-même et de s’assumer dans le terreau propice de la solitude… une solitude qui sera d’autant plus brutale après le partage si intense de cette nuit…
Ou bien rester… rester déjà parce que j’en ai terriblement envie… rester pour voir ce qui va se passer « après »… pour faire face, pour ne pas fuir… pour aller au fond du fond… rester pour ne pas regretter d’avoir peut-être raté quelque chose d’important, de rare et de précieux… qui sait ce qu’est capable de me réserver mon beau brun… dans le bien… comme dans le moins bien…
Evidemment, ma balance interne pencherait plutôt du coté de « rester »… et un instant après… du coté de « partir »… comme dans les vieilles balances à plateaux, l’aiguille centrale fait des petits mouvements de droite à gauche et de gauche à droite autour du point d’équilibre, sans arriver à se stabiliser…
Partir c’est fuir… fuir ce n’est jamais très bon… mais rester… vivre peut-être une deuxième nuit magique, rester pour combler sa solitude, en attendant qu’au matin il retrouve son assurance et qu’il se métamorphose à nouveau en ce petit con qui n’a besoin de personne… lui offrir cette tendresse dont il semble preneur à cet instant précis, une tendresse à laquelle je vais une fois de plus très vite m’habi et qui va me manquer comme si on m’arrachait le coeur lorsqu’il va me la refuser ?
Putain, il me refait le coup, je me dis… comme la dernière fois, cette nuit il a besoin de moi pour ne pas rester seul face à ses fantômes, à ses démons, sa solitude, ses combats intérieurs… c’est comme un bébé qui fait ses angoisses du soir et qu’il recommencera à faire ses caprices le lendemain… ce soir il est fragile… mais demain matin, lorsque son blues sera dissipé, son arrogance de petit con reprendra le dessus et refermera violemment la brèche cette petite fragilité post-coïtale qui me touche jusqu’à me faire fondre mais qui me fait aussi tellement peur, car je sais qu’elle ne va pas durer…
Alors, du tac au tac, je lui réponds :
« Si c’est pour me faire pourrir comme la dernière fois… ».


Je ne peux même pas croire que c’est moi qui balance ça, mais c’est un cri du cœur que je ne peux retenir.
Dans la pénombre à laquelle mes yeux sont désormais habitués, je vois, je sais qu’il me regarde, qu’il se mordille les lèvres, qu’il a l’air déçu à l’idée que je parte…
Le silence s’installe pendant de longues secondes. Jérém semble désarçonné, tellement loin du petit macho auquel je suis habitué. J’en serais presque à croire qu’il ne saurait plus retrouver le chemin de son arrogance de petit con. Alors j’enchaîne :
« Pourquoi tu veux que je reste ? ».
Un autre silence suit mes mots. J’ai besoin d’être rassuré, j’ai besoin d’une réaction de sa part. Alors je le cherche :
« Donne-moi une bonne raison de rester… ».
J’ai cherché une réaction de sa part, la voilà :
« Ecoute… ta gueule ! » me balance-t-il sèchement en bondissant du lit et en se penchant pour ramasser la capote abandonnée par le beau barbu et la foutre a la poubelle au passage.
« Tire-toi, si ça te chante, rien à foutre ! » lâche-t-il en disparaissant dans la salle de bain et en balançant vigoureusement le battant de la porte derrière lui.
Petit menteur, va… bluffeur à deux balles… je sais bien que ce n’est pas vrai, ça… je sais bien que tu n’en as pas « rien à foutre »…
Envie de le gifler tant ces mots m’énervent, d’autant plus que c’est la deuxième fois que je les entends cette nuit là… et encore plus car je sais qu’elles ne sont pas vraies, qu’elles sont juste un mouchoir jeté sur une vérité qu’il n’ose pas regarder en face… mais bon… avec un petit con comme Jérém, je commence à avoir l’habitude… avec Jérém, il faut savoir lire entre les lignes, dans ses silences, derrière ses sourires, et même au verso de ses bêtises…
Oui, le beau couillu a balancé la porte de la salle de bain avec un geste sec traduisant son énervement… cependant, voilà que le vent d’Autan, s’engouffrant par la porte fenêtre et se transformant en mon allié sur ce coup là, fera que, malgré son geste, la porte restera entrebâillée…
C’est ainsi que, une seconde plus tard, j’entendrai vivement le bruit de son jet dru et régulier tombant dans la cuvette… mon sang ne fait qu’un tour… avec un geste instinctif et précipité, je lâche la poignée de la porte d’entrée comme si soudainement elle était chauffée à blanc… presque d’un seul bond, je me décale de la distance qu’il faut pour tenter d’assister à ce spectacle dont l’intro m’a captivé, foudroyé sur place…
Le vent d’Autan n’est pas mon allié ce soir là, c’est mon ange gardien… au gré d’une rafale un peu plus musclée, la porte de la salle de bain s’entrebâille un peu plus… et alors que j’avais du mal à voir l’intérieur de la pièce d’eau, voilà désormais devant mes yeux un angle de vision assez confortable pour que ses fesses nues, musclées, ainsi que son dos en V, apparaissent devant mes yeux…
Il faut imaginer mon bonheur… le bonheur de voir mon Jérém de dos, les jambes écartées, le buste en arrière, se soulageant la vessie avec son assurance de petit mec, en train de lâcher un long jet dru et bruyant dans la cuvette.
..
Je suis fou... mon cœur s’emballe, je sens ses battements rapprochés taper jusque dans ma gorge… j’en ai la tête qui tourne… je bande à l'instant... très envie de la lui tenir, de la diriger sur moi et de le sucer juste après, trop envie de me laisser faire ça par ce mec... comme la dernière fois au vestiaire du terrain de sport… sentir son jet dru sur mon torse... avant de lui avaler la queue encore et encore...
Hélas, je sais que ni l’une ni l’autre de ces deux options ne sont à l’ordre du jour… du moins à cet instant précis… je note dans ma tête que si on doit se séparer un jour, je voudrais avoir le temps de me laisser faire cela une dernière fois…
Je le mate jusqu'à ce qu’un mouvement de son bras me laisse imaginer son engin secoué pour lâcher la dernière goutte... j’entends ainsi le fin clapotis des dernières petites gouttes lâchées… le tout suivi du bruit de la chasse d’eau.
Je me retire juste avant qu'il se retourne...
C’est fini…
Vraiment, je ferais bien d’y aller… je pense vraiment que ce serait la meilleure solution… rester c’est lui céder une fois de plus, rester c’est me conformer une fois de plus aux rôles établis dans notre relation, rester c’est empêcher les choses d’avancer… rester c’est éviter une fois de plus ce choc, ce quitte ou double, ce big bang qui bousculerait les règles et permettrait à notre relation de prendre peut être un nouveau cours… ou de s’arrêter là…
Oui, quitte ou double, ça fait peur, mais il le faut… je sais aussi que lui obéir c’est le conforter dans ses positions… il n’y a qu’en le mettant en pétard que j’arrive à le faire sortir de ses gonds, de ses retranchements, de ses faux semblants…
Je tente de faire appel à mes dernières ressources… c’est en me faisant un peu violence que j’arrive à provoquer en moi un regain de forces, à envisager le chemin jusqu’à St Michel avec sérénité, à envisager le chemin jusqu’à la porte sans me retourner… mais je sens que ma motivation est fragile, il faut y aller, il faut que ça se fasse vite, très vite, il faut y aller sans me retourner…
C’est dans cet état d’esprit et d’urgence que je me dirige vers la porte d’entrée, cette porte que j’ai abandonnée un instant plus tôt ni ouverte ni fermée, cette porte qui semble m’appeler, me happer… m’intimider, me repousser…
J’avance, je m’approche de la sortie… je suis presque dehors… presque en zone libre… en zone sure… je n’ai plus qu’un pas à parcourir…
C’est lorsque je commence à croire possible d’y arriver que j’entends ce bruit… et j’en suis comme frappé au dos… stoppé net en si bon chemin…
Un bruit fin, continu, léger, mais pénétrant… un bruit qui s’insinue dans mes oreilles et qui résonne dans mon bas ventre me provoquant un frisson intense et déchirant… un bruit doux et familier…
Oui, le bruit doux et familier de l’eau de la douche qui commence à tomber… putain… Jérém se douche… putain de putain… mes jambes se bloquent net… mon bras, ainsi que ma main, à quelques centimètres à peine de la poignée de la porte, retombent illico, sans volonté, sur mon flanc…
Le bruit de la douche, c’est mon chant des sirènes… j’étais labrador et mon maître m’avait sifflé, je n’aurais pas rappliqué à cette vitesse… rien que l’idée de mater cette belle plastique caressée par l’eau, cette nudité mouillée, cette peau reluisante, ce sexe massé par le passage du liquide tiède… je suis déjà dingue…
Avec un geste tenant davantage du réflexe conditionné que de la maîtrise de moi, je me retourne… la porte de la salle de bain est toujours entrebâillée… je sais que si je me décale à peine un peu, je vais pouvoir le mater sous la douche… et voilà que la tentation devient nécessité…
J’entends l’eau couler, encore et encore… c’est beau mon Jérém qui est sous la douche… le son appelle l’image… envie de le mater sous la douche.

Voilà ce qui finit par faire pencher la balance… la chair est faible… le Nico est raide dingue… et la tentation de la douche, mon dieu…
Je repousse le battant de la porte d’entrée contre le cadre jusqu’à faire claquer le ressort de la serrure… je reviens vers la salle de bain… je cherche l’angle parfait pour assister à ce spectacle de bonheur… la salle de bain est très bien illuminée, alors que je suis dans la pénombre… j’ai l’impression d’assister à une pièce de théâtre… je suis le seul public, devant cette scène bien en lumière… j’ai le choix de l’emplacement, alors je me décale pour trouver le meilleur… je suis face à l’entrebâillement de la porte… c’est le « carré VIP »… je vois la cabine de douche, je vois mon Jérém presque en entier…
Comme au théâtre, le rideau est ouvert… oui, il y a un rideau sur un coté de la douche… mais le ti con, trop nonchalant ou trop fatigué, ne l’a pas tiré… la scène est grand ouverte… et le spectacle est grandiose…
L’eau tombe lentement de la pomme de douche et coule doucement sur son corps sculpté, sur sa peau mate, sur ses muscles saillants, sur sa plastique de dingue… ses mains parcourent sa peau pour étaler le gel douche copieusement employé, si je me fie à la mousse qui couvre son torse… un gel douche de petit con, un gel douche à la fragrance entêtante, dont des puissants relents de fraîcheur humide arrivent désormais à mes narines…
Je le regarde se savonner copieusement… je suis tellement secoué par tant de beauté que j’en ai mal aux yeux… j’en ai le tournis… j’ai besoin d’une pause pour ne pas tomber raide… alors je ferme les yeux… je coupe la vue, le sens principal, celui qui apporte tant de bonheur mais qui a tendance à éclipser les autres… je ferme les yeux et je me concentre sur les autres sens…
J’écoute les bruits, l’eau qui coule, j’ai l’impression de l’entendre ruisseler sur son corps… j’entends le passage, le frottement de sa main sur sa peau… j’entends les variations du bruit de la chute de l’eau dans le bac au gré de ses mouvements, des mouvements que je devine… l’odeur de son gel douche monte à mon cerveau, puissante, forte, j’en suis dingue… ma peau parcourue par la caresse du vent d’Autan… et dans ma bouche… oui, dans ma bouche, le goût persistant de son jus de mec… tant de chose on retrouve, juste en prenant soin de fermer les yeux de temps en temps, ne serait-ce qu’une seconde durant… comme une mélodie de bonheur qui mélange tous les sens autres que la vue…
Lorsque je rouvre les yeux… la première image qui me frappe ce sont ses cheveux mouillés… contemplation assez vite perturbée par un mouvement de son bras… sa main qui glisse sur sa queue, la savonne, la caresse, la rince… et lorsque sa main en repart pour caresser d’autres régions de sa peau, je regarde l’eau qui s’échappe en filet dru de cette magnifique gargouille après avoir parcouru chaque recoin, chaque millimètre de son corps de dieu grec…
Envie de le rejoindre sous l’eau… connement, je n’ose pas… je sais qu’il est en pétard, alors, je n’ose pas… pourtant il m’a invité à rester… peut être que ça lui ferait plaisir que j’aille le retrouver sous l’eau… je ne sais pas… j’adorerais lui faire un câlin sous l’eau dans cet espace réduit… je ne sais pas… il va peut être mal le prendre… ça va le gêner pour se rincer… il va trouver que je suis envahissant…
Envie de le rejoindre sous l’eau… peur de sa réaction… et, au final, pour me consoler du fait que ce dont j’ai très envie mais que je n’oserai pas cette nuit, le constat que rien que de le regarder sous l’eau est déjà un pur bonheur…
Je me « réconforte » également en pensant au bonheur proche de retrouver la peau fraîchement douchée de mon beau brun… de me retrouver sous les draps à coté de lui… de le serrer à moi… bien entendu, s’il souhaite toujours que je reste… car je le sais capable de revenir de sa douche en ayant changé d’avis…
Ce serait dommage qu’il ait changé d’avis… car, en dépit de mes petites réticences face à sa demande, ma décision est prise.
C’est acté. Je reste.
Je sais que ça peut être une connerie majeure. Mais à ma décharge, je me dis que si un motif était nécessaire pour rester avec l’homme qu’on aime, le fait qu’il le demande est être en soi une excellente raison ; je me dis aussi que s’il fallait un prétexte pour me décider… le voilà tout trouvé… la douche, arme fatale, son et image de bonheur, promesse d’un corps rafraîchi, d’une peau parfumée et soyeuse…
Une seule condition à respecter pour que tout cela soit parfait, plus que parfait et que ça ne se réduise pas à une rediffusion de la fameuse nuit magique…
Nico… il faut que tu lui ouvres ton cœur comme jamais… il faut que tu lui ouvres tellement ton cœur de façon à l’obliger à te parler, à se découvrir… oui, tu vas rester, Nico, tu as envie de sentir, de caresser sa peau fraîchement douchée… mais il ne faut pas se laisser happer par les sens, si tu restes il faut qu’il se passe quelque chose…
Facile à dire…
En attendant, je me perds dans cette image de bonheur, l’image d’un si beau garçon sous la douche… cette douche qui dure, qui dure, qui dure… mon extase qui dure, qui dure, qui dure… je suis ensorcelé, je ne me rends pas compte que j’avance de plus en plus dans le rôle de lumière, comme aimanté par ce corps dont la seule vue me met tout sens dessus-dessus… je m’avance tellement que je finis par me trouver à la vue de mon beau couillu…
Lorsque nos regards se croisent, je crois découvrir sur son visage un petit sourire canaille et complice… aaahhhh… ça lui fait plaisir que je sois là… que je sois resté… que je le mate… petit coquin, va ! J’adore…
Mon bonheur est total, je pourrais rester des heures à le regarder en train de se doucher… pourtant, à bien regarder, je trouve que sa douche dure très longtemps… très très longtemps…
Avant que nos regards se croisent, j’avais d’abord eu comme l’impression qu’il essayait de se laver de quelque chose qui ne part pas avec l’eau, de cette petite tristesse après le dernier orgasmes…
Mais depuis que nos regards se sont croisés et qui semblent se chercher, j’ai l’impression que mon Jérém est instantanément passé en mode coquin… ainsi, sa façon de faire durer la douche, le rinçage, semble désormais une façon de prolonger cette petite complicité entre nous… il sait que je le regarde, et j’en mettrais ma main à couper qu’il aime ça…
Pendant un instant je me dis que, maintenant qu’il s’est aperçu que je suis là, que je le regarde et que ça a l’air de lui faire plaisir, je pourrais tenter un rapprochement sous l’eau… tant d’année plus tard, lorsque je vois Nick Jonas sous la douche dans le clip de « Under you » c’est à mon Jérém que je pense, ce soir là sous la douche… me retrouver sous l’eau avec lui, dans ses bras puissants et musclés… un aperçu du Paradis que je n’ai pas su approcher ce soir là… j’aurais du, mais je n’ai pas osé… pourtant quelque chose me disait qu’il était prêt à ce genre de câlin… bon, ok… un truc à ma décharge… bien sur je n’ai pas osé ce câlin sous l’eau… mais je suis quand même resté… ce soir là j’ai déjà connu l’étreinte de ses bras puissants… et quand on a connu ça, on a envie de rester…
Oui, il n’y a qu’une pétasse comme celle du clip en question pour se tirer juste après s’être retrouvée dans les bras puissants d’un mec aussi canon…
Le temps que je m’extirpe de mes réflexions, comme souvent l’instant est passé… l’eau s’arrête… le beau mâle sort de la cabine de douche… je recule un peu… je cherche un nouvel angle idéal… la grande serviette rouge court sur son corps… cheveux, cou, épaules, dos, aisselles, bras, fesses, entrejambe… sexe… jambes… pieds… elle parcourt chaque centimètre de sa peau dans une sorte de quick step bien rodé…
Un dernier passage sur les cheveux bruns en bataille et elle se retrouve déployée et accrochée autour de la taille du beau mâle, son bord s’arrête juste en dessous de ses abdos, à la limite de ses poils pubiens… dévoilant le chemin du bonheur, la chute de reins et ce pli de l’aine tellement saillant à m’en donner le vertige…
Une question toute à fait inédite me traverse l’esprit : mais comment est-ce possible d’être aussi bien foutu ?
Maintenant que la douche est terminée, une intense odeur moite, de propre, de frais, de peau humide et de gel douche se répand très vite dans le séjour… c’est à quelque chose prês la même odeur que j’ai découverte aussi dans les douches des vestiaires du terrain de rugby… ça me rend dingue… c’est ma drogue…
Mon odorat n’en a pas fini pour autant de recevoir de puissantes et décoiffantes gifles olfactives… un instant plus tard, le petit con allonge le bras en direction d’une petite bombe noire sur le rebord du miroir au dessus de l’évier… putain… je sais que ça va finir de m’achever… et dès que son pouce appuie sur le petit bouton, je pars dans une autre galaxie, dans une autre dimension…
Car c’est avec des gestes bien rodés, parcourant des « 8 » amples et répétés, avec bonne générosité qu’il vaporise son déo sur son corps musclé… aisselles, pecs, abdos, cou… le nuage de deo arrive très vite à mes narines… je fumerais un joint, je ne serais pas plus stone… ça me prend au cerveau, ça me prend aux tripes… on ne peut pas être si naturellement et violemment sexy, c’est juste pas possible…
Quand je pense que c’est moi qui me tape ça… voilà ce qui est encore plus invraisemblable… et pourtant…
C’est beau à en pleurer… pendant qu’il n’en finit plus de vaporiser, nos regards se croisent à nouveau… je sais qu’il m’a vu et j’ai l’impression qu’un nouveau petit sourire heureux rebondit de ses yeux à ses lèvres… j’adore cette petite complicité… et lui aussi a l’air d’aimer ça… alors, quand on y pense, on a du mal à comprendre les raisons de son geste à venir…
La seule raison que j’ai pu trouver à ce geste c’est le fait que mon Jérém est un vrai petit con, un vrai de chez vrai… alors… qu’est ce que ça ferait un petit con à ce stade là ?
Claquer la porte, évidemment !
C’est ce qu’il fait, me plongeant dans la pénombre… petit con, va…
Se faire mater ça lui plait, me faire chier, encore plus…
Remarque, voilà qui est bien joué… dès la porte claquée, dès l’image coupée, mon envie de la retrouver n’en est que découplé…
Au travers de la porte fermée, la vue inhibée une fois de plus, je me concentre sur les autres sens… je ferme à nouveau les yeux… un bruit léger et cadencé vient à mes oreilles… le bruit de sa brosse à dents… douce et émouvante mélodie pour mes oreilles…
Le pipi, la douche, le gel douche, la serviette autour de la taille, le deo, la brosse à dents, l’entendre, l’imaginer dans le geste de se brosser les dents… je sais, ça peut paraître con… mais ces simples gestes, ces simples bruits, ces simples odeurs m’apportent une nouvelle dimension de la vie de mon Jérém… oui, j’adore le voir dans la beauté absolue de ces petits gestes du quotidien…
Non, je ne peux pas partir… je n’aurais jamais pu… ma volonté ne peut rien contre mon désir…
Pendant que mes sens se perdent dans cette immersion olfactive et sonore « Dans le monde de Jérém », je repense à tout ce que je viens de vivre avec mon beau brun, l’espace d’une soirée et d’une nuit décidemment pas comme les autres, une nuit qui aura tant d’importance, à un point que je n’aurais pas pu imaginer sur l’instant, dans la suite de notre histoire…
Je repense à sa puissance sexuelle… à sa jouissance… à son plaisir, mon plaisir… et lorsque un garçon vous fait ce qui me fait mon Jérém… lorsqu’il vous fait autant jouir, rien qu’en prenant son pied… vous ne pouvez pas ne pas être raide dingue de lui…
Chacun des trois garçons avec qui j’ai couché jusque-là m’a apporté un plaisir, intense, puissant, chacun un plaisir différent… mais au fond, il faut bien l’admettre, coucher avec Jérém… c’est juste divin… il n’y a que lui capable de me faire vibrer ainsi, comme une corde de violon, de jouer sur ma peau, dans mon corps, d’aligner dans mon esprit, toutes les notes d’une jouissance parfaite…
Oui, Jérém est une bombe au lit… mais ça l’est d’autant plus que, pour moi, Jérém n’est pas n’importe quel garçon… Jérém est… mon Jérém à moi… il ne le sait pas, et ça le mettrait en pétard de le savoir, mais oui, c’est mon Jérém à moi…
Coucher avec lui me bouleverse à chaque fois… ce qui explique le fait que j’ai tout le temps envie de lui… le pire c’est que coucher avec lui ne calme même pas mon envie… au contraire… ça l’attise… oui, plus je couche avec lui, plus j’ai envie de coucher avec lui…
Avec lui, le sexe, le plaisir, comblent entièrement mon corps et mon esprit pendant l’acte… c’est merveilleux, c’est dingue… mes sens sont fous, insatiables… j’ai envie de le sentir en moi, car la fusion de nos corps est la seule façon de partager quelque chose avec lui, la seule façon de le lier à moi… par le plaisir…
Pourtant… pour bon que cela puisse être, coucher avec lui ne me suffit pas. Et encore moins ce soir. La jouissance des corps agit sur moi comme une boisson fraîche, sucrée, délicieuse, lorsqu’il fait très chaud… une sensation qui me submerge comme un feu d’artifice, aussi intense que passagère… et lorsque le souffle du plaisir a cessé, je me rends compte que l’envie n’a pas cessé… bien au contraire… l’addiction s’installe… l’amour avec Jérém est une boisson sucrée qui entretien ma soif de lui autant qu’elle semble l’étancher sur le moment…
Il est des boissons d’un autre genre, au goût moins sucré mais davantage pétillant, acidulé, comme il est des partages d’un autre genre, moins physiques et davantage spirituels… c’est de cela que j’ai besoin à cet instant… j’ai encore envie de lui… mais je sais que ce ne servirait à rien… même s’il était partant… j’aurais toujours envie de lui…
Alors, envie d’autre chose… envie d’un partage plus intime que la sexualité, un partage fait de tendresse, de mots, un partage que je sens seul capable non pas d’étancher mais de calmer un peu cette délirante, brûlante, fébrile soif de lui.
Envie que ça avance avec lui. Un peu.
J’ai besoin qu’il se laisse un peu aller, qu’il assume ce besoin de tendresse qui apparaît parfois en pointillé… j’ai besoin de savoir que les quelques petits gestes semés ici et là au cours de cette folle nuit… ses lèvres sur les miennes, sa langue dans ma bouche, ses mains qui retiennent mon visage dans le creux de ses pecs, ses lèvres sur mon cou, ses bras fermement enserrés autour de mon torse… la douceur de sa pénétration et de ses allées et venues… besoin de savoir que ces petits gestes ne sont pas uniquement liés à une circonstance particulière, à la présence de Romain… besoin de penser que cela est un pas en avant dans notre relation, un pas sur lequel on ne reviendra jamais en arrière…
En attendant que cela avance, je recule… je recule dans la pièce jusqu’à ce que mes épaules rencontrent la surface dure de la porte d’entrée… le corps ainsi calé, j’essaie de réfléchir…
Vite, récapitulons, Nico, vite avant qu’il ne déboule dans la pièce, tant que tu es en possession de tes facultés… avant qu’il déboule dans la pièce avec sa serviette nouée autour de la taille et que tu perdes toute raison…
Il m’a demandé de rester… je le sens vulnérable… je sens qu’il a besoin de ma présence…
Ouais… comme l’autre fois…
Il faut rester, oui, mais ce coup ci il faut y aller Nico… il ne faut pas juste que tu restes pour combler sa solitude… il faut que tu arriver à lui dire ce que tu ressens… peut être pas tout, pas encore, ça ferait peut être trop pour lui…
Oui, mais comment doser ? Par ou commencer et où d’arrêter ?
Y aller doucement, y aller par étapes… mais il faut à tout prix enclencher le mouvement, il faut poser les bases… bref, il faut attaquer, Nico….
Facile à dire. Comment tenter d’apprivoiser le fauve sans se faire griffer une fois de plus ?
Si tu ne le fais pas maintenant, tu le ferais quand ?
Une autre fois, dans une meilleure circonstance…
Ouais… parce que tu crois qu’il y aura de meilleure circonstance que celle-ci ? Rappelle toi… il est vulnérable, il faut attaquer…
Oui, mais est ce que cela suffira pour qu’il aille envie d’entendre ce que j’ai à lui dire ?
Tu te trouves des excuses, Nico… il faut y aller MAINTENANT !
J’aurais d’autres occasions…
Peut être… ou pas… la plupart du temps les occasions il faut les créer, ou du moins avoir le cran de les saisir, même si elles ne sont pas parfaites, ni faciles à saisir…
Peur de me lancer… sais pas par où commencer… une autre fois…
Ne sois pas idiot, Nico… à chaque fois que tu le vois, c’est pour baiser…
C’est que j’adore ça…
Avant la baise, ce n’est pas le moment, son ego et ses barrières sont intactes, infranchissables, sa trique, ta trique prennent le pas sur tout le reste ; pendant la baise, même pas la peine d’y penser… biens sur, t’as parfois l’impression que même pour lui parfois la baise c’est plus que cela… l’impression qu’il se passe des choses… mais c’est trop rare, trop aléatoire…
Une autre fois, après l’amour…
La plupart du temps, ce n’est pas vraiment de l’amour… la plupart du temps, ce n’est que de la baise… et après la baise ce n’est déjà à nouveau plus le temps ni le moment… parfois il remonte son boxer à une vitesse que tu n’as même pas le temps de lui dire « au revoir »… alors, tu en conviendras, Nico, il n’y a que dans de rares occasions comme celle-ci, des occasions qu’il faut avoir la sensibilité de reconnaître et les couilles de saisir, des occasions rêvées où les barrières du beau mâle sont un peu en berne… il faut savoir cueillir le moment, y aller avec tact…
C’est ce à quoi je vais essayer de m’atteler…
Ma décision tout juste prise, voilà que la porte de la salle de bain s’ouvre, emportée par une main au geste puissant, assuré et rapide. Dans l’embrasure, le beau mâle apparaît, la serviette rouge toujours nouée autour de la taille, le haut de son corps drapé dans sa demi nudité magnifique, une demi nudité portée avec une aisance et une nonchalance, une assurance déconcertantes… je suis intimidé devant l’apparition de ce corps… une fois de plus mon regard tombe sur ce pli de l’aine scandaleusement saillant… il traîne ensuite sur la légère bosse dans le tissu humide en correspondance de son paquet…
Au final, avec sa serviette autour de la taille, juste torse nu… le bogoss est encore plus sexy que s’il était carrément à poil…
En sortant de la salle de bain, Jérém éteint la lumière, plongeant son corps dans la pénombre… je n’arrive plus à distinguer tous les détails mais je devine sa silhouette… comme une ombre dégageant dans la pièce un intense parfum de déo… pendant qu’il avance vers le lit, sa main passe dans ses cheveux encore humides pour les rajuster… et je suis hypnotisé par cette putain de démarche assurée de jeune mec sûr de lui….
Et même dans la pénombre, j’arrive à capter son petit sourire coquin en coin, expression de son sentiment de victoire vis-à-vis du fait que je suis resté… arrivé à proximité du lit, avec un geste précis et assuré, il dénue la serviette et la laisse tomber négligemment au sol… sa nudité intégrale se révèle fugacement dans la pénombre… un instant plus tard, il se glisse sous les draps…
Il sent terriblement booooon… envie de caresser sa peau rafraîchie… envie de lui sauter dessus… envie de le serrer à moi et de le couvrir de bisous…
Mais par où commencer ? Comment lui dire, ou du moins lui faire comprendre que finalement j’ai décidé de rester, sans passer pour un con ?
Une fois de plus, c’est lui qui me tirera de l’embarras, à sa façon, bien sur.
« Tu comptes rester planté là jusqu’à demain ? ».
« Je ne sais pas… » je temporise.
« Je t’ai dit que tu pouvais te casser… » lâche-t-il, moqueur.
Envie de le gifler face à l’arrogance de ses mots… envie de faire tout sauf ce qu’il voudrait que je fasse… pas envie de lui céder, mais envie de me glisser sous les draps avec lui, le serrer contre moi, qu’il me serre contre lui… envie de savoir ce qu’il serait mieux de faire… en attendant, je décide de m’écouter…
« Ouais, mais… en fait j’ai envie de rester… » un ton dans la voix qui se veut contrariant, mais au deuxième degré.
Je l’entends émettre un petit ricanement. Quel petit con ! Enchaîner, Nico, ne pas lui laisser le temps de placer une quelconque connerie.
« Je vais prendre une douche » je l’informe.
« T’as des serviettes sèches à coté du panier à linge… ».
« Ok… je n’ai pas de brosse à dents… » je réfléchis à haute voix.
Et là, du tac au tac, le pus naturellement du monde, je l’entends dire :
« Prends la mienne… ».
Je l’arrête net, surpris et dubitatif.
« Quoi ? ça te pose problème ? » fait-il.
« Non, mais… » je bégaie.
« Il me semble qu’on n’en est plus là… » argumente-t-il.
« Oui, c’est vrai… » je concède.
« T’as des serviettes sèches à coté du panier à linge », « Prends ma brosse à dents »… des simples phrases qui n’ont l’air de rien mais qui me rendent instantanément super heureux…
Une fois dans la salle de bain, trois urgences…
1 - Ne pas tomber dans les pommes en recevant la gifle puissante de cette chaleur humide saturée de l’odeur du gel douche et de son déo…
2 - faire pipi très vite…
3 - envoyer un sms à maman pour lui dire que je dors chez Dimi…
Résistant de justesse face au choc olfactif, le sms et le pipi vite expédiés, je m’apprête à passer sous la douche… je cherche les serviettes… les voilà, comme indiqué, à coté du panier à linge sale… un panier ouvert… un panier sans couvercle… un puits du bonheur d’où affleurent boxers et t-shirts portés par le beau mâle… rien que cette vision me rend dingue… envie d’approcher mon nez…
C’est ce que je fais, happé par ce bonheur fait de coton et de tissus élastiques…
Etourdi par l’air saturé d’humidité et déo, je suis carrément assommé par les petites odeurs que je sens remonter de cet endroit magique… je plonge mon visage dedans et je respire à pleins poumons… chaque respiration est un peu plus profonde, un peu plus longue, chaque respiration m’apporte un peu plus de ses odeurs de mec…
L’afflux excessif d’oxygène et de petites odeurs de mon Jérém font qu’au bout d’un petit moment j’en ai carrément la tête qui tourne… je relève le buste, je ferme les yeux, j’essaye de me calmer… impossible… je suis déjà en manque… ce mélange d’odeurs dans le panier à linge est juste un putain d’excitant… envie d’y revenir, mais d’y revenir avec méthode… envie de sentir l’odeur de ce boxer CK orange à l’élastique blanc… le bonheur de découvrir une sorte d’odeur de sexe de mâle mélangée à un léger relent de pipi, ce qui n’est pas désagréable, bien au contraire… envie de sentir l’odeur de cet autre DIM noir… le bonheur de découvrir dans le coton sombre une trace plus claire qui semble laissée par cette mouille qui s’échappe parfois du sexe des garçons lorsque l’excitation les cueille… me demander qui a provoqué en lui cette excitation, cette mouille… une trace blanche qui pourrait aussi être le souvenir laissé par un gland ayant joui et rangé sans avoir été préalablement bien nettoyé… entre quelles cuisses a joui mon beau brun, le jour où il portait ce boxer que je ne lui ai pas connu lors des dernières baises ?
Envie de découvrir l’odeur de ce simple t-shirt blanc col en V qui me rappelle tant le t-shirt de notre première coucherie… envie de poser mon nez en correspondance de l’endroit ayant caressé ses aisselles… envie de plonger mes narines dans ce débardeur noir que je ne lui ai encore jamais vu porter mais dans lequel je n’ai pas de mal à l’imaginer, scandaleusement beau, furieusement sexy, divin, à pleurer… et cet autre débardeur blanc à rayure que je lui connais pour l’avoir vu le porter le soir où il m’a baisé au terrain de rugby… un débardeur dont il se sert pour le sport… un débardeur qui sent en effet très fort sa transpiration, si fort qu’elle prend le pas sur le deo, pourtant présent en arrière plan olfactif…
En dépit des minutes qui passent, je ne me prive pas… quasiment tous les boxers et les t-shirts passent sous mon nez… j’en suis dingue… et lorsque je décide de me faire violence pour y aller, lorsque je tente de ranger ses sous-vêtements à peu près dans le même bazar où je les ai trouvés, je replonge une dernière fois le nez dans cet endroit magique… je me fais la réflexion que les sous-vêtements portés par un garçon finissent par s’imprégner d’une marque olfactive complexe…
Oui, le panier à linge sale… un panier qui contient les boxer et les t-shirts portés par mon Jérém… les boxers qui ont à la fois caressé et protégé son précieux service trois pièces, ces boxers qui recueillent à la fois son odeur de mec et un odeur un peu plus forte amenée par la fameuse dernière goutte… un panier qui contient les t-shirts qui ont caressé le torse magnifique de mon beau brun et qui dégagent une odeur insistante, un mélange de sa transpiration et de son déo…
D’abord, je crois que Jérém est le genre de garçon qui ne porte jamais un t-shirt ou un boxer pendant plus d’un jour… alors, dans les fibres, l’odeur en arrière plan d’une lessive, persiste… le tissu posé sur la peau après la douche et le deo s’imprègne pendant des heures de ces parfums… au même temps, des odeurs naturelles sont dégagées par la transpiration, la peau, le sexe… au fil des heures, les parfums virent, changent, se mélangent aux odeurs naturelles de plus en plus présentes à mesure que la journée avance… au bout d’un certain temps, tout semble se stabiliser, se figer dans une nouvelle odeur qui devient la véritable odeur persistante, la marque, la signature olfactive d’un garçon…
Alors, peut-on vraiment appeler cela un panier à linge sale… moi j’appellerais plutôt cela la caverne d’Ali Baba, l’entrée du Paradis, le pays de Cocagne… je voudrais tant être un chaton et me faufiler dans ce panier, m’endormir des heures, des jours durant bercé par toutes ces petites odeurs…
C’est en me faisant violence que je me décide à m’arracher de ce puits de bonheur… me disant qu’un douche, une simple petite douche me sépare d’un bonheur encore plus grand, celui de partager les draps de mon beau brun et peut être de le serrer contre moi…
Autant la douche de Jérém aura duré… autant la mienne sera rapide… et cela moins pour le fait que l’eau chaude commence à manquer, que du à mon empressement de le rejoindre…
Je me sèche vite fait, je me fais à nouveau violence pour ne pas repasser par la case « panier à linge… sale »… tout content de pouvoir enfin aller le rejoindre…
Vite… me brosser les dents… avec sa brosse… et cela me fait un drôle d’effet… c’est vrai, il a raison, on partage déjà nos corps à un point qu’on n’est pas à un partage de brosse à dents près… évidemment, c’est moins des microbes que de la symbolique inscrite dans ce partage que se situait mon hésitation… en tout cas je suis super content de partager sa brosse à dents…
Sa brosse à dents déposé dans son verre, sur le rebord de ce miroir devant lequel il m’a sauté lors de l’une de nos premières coucheries… je sors de sa salle de bain… je sors comme lui… enfin… je veux dire… avec la serviette nouée autour de la taille…
« T’as pris ton temps » je l’entends balancer.
« Tu as pris toute l’eau chaude… » je réplique.
Qu’est ce que ça me plait d’échanger ce simples petits mots qui ont un petit goût de partage autre que la baise. Oui, je sais, il m’en faut peu…
Je m’approche du lit et, le temps que mes yeux se réhabituent à la pénombre, je me rends compte que le drap est posé juste sur ses jambes, qu’il arrive pile à hauteur de son chemin du bonheur… que le torse est complètement dégagé…
Je dénoue ma serviette et je me glisse rapidement dans les draps.
Rentrer dans les draps de Jérém, c’est rentrer dans un pur univers de bonheur… les draps de Jérémie sont doux, frais agréables au toucher et à sentir… les draps de Jérém dégagent de multiples odeurs… de propre, de déo, de jeune mec sexy… odeur de Jérém… odeur de bon, de bonheur… je sais déjà que ne voudrais plus jamais partir de là…
Jérém n’a pas bougé d’un poil… me voilà allongé à coté de lui, à tout juste quelques centimètres de lui… envie de me jeter sur lui, envie de lui faire un câlin, de le serrer tout contre moi, de lui faire un million de bisous partout…
Être dans le même lit avec Jérémy c'est juste pas possible… je bande… j’ai envie de tendresse… j'ai envie de le toucher… de quoi a-t-il envie ? J’écoute sa respiration, je guette le plus infime de ses mouvements… il ne bouge pas… j’entends ma respiration… les battements de mon cœur… j’ai envie d’allonger une main…
Mais non, Nico… il faut en profiter pour lui parler…
Oui, mais comment m’y prendre ? Par où commencer ?
Le vent d’Autan a bien rafraîchi la pièce. Je le vois remonter les draps jusqu’au dessus de ses pecs…
Et c’est là que j’ai une idée… ou plutôt une envie… une excuse ? Je me dis qu’avant de lui parler, j’ai besoin de le mettre un peu plus en confiance…
Oui, être dans le même lit avec Jérémy c'est vraiment pas possible… j'ai tout le temps envie de lui… j’ai encore envie de le prendre en bouche…
Alors je me faufile sous les draps… oui, les draps de Jérémie sont doux, frais, agréables au toucher… oui, les draps de Jérém dégagent de multiples odeurs de Jérém… et ceci, surtout lorsqu’on y plonge dedans… plonger dans se draps c’est plonger dans un autre monde fait de bonheur masculin… plonger dans ses draps c’est être enivré par mille et une odeurs… plonger dans ses draps c’est découvrir sa queue au repos… plonger dans ses draps c’est avoir envie, avoir besoin de le reprendre en bouche…
Je cale mon épaule contre son flanc, je pose ma joue à hauteur de non nombril… je saisis sa queue au repos avec mes doigts et je l’approche de mes lèvres… je la prends en bouche, juste en bouche, sans même l’intention de la faire dresser à nouveau, juste en savourant le bonheur exquis de l’avoir en bouche, avec ce goût de propre, de fraîchement douché…
Il se laisse faire. Un instant plus tard, je l’entends balancer :
« Ta bouche non plus ne prend jamais de rtt… ».
Petit con, va… plains toi, va… la bouche trop occupée dans ce bonheur, je n’aurais pas l’occasion de verbaliser cela, mais je l’ai pensé si fort que ça m’étonnerait qu’il ne l’ait pas entendu.
Je reste là juste avec sa queue au repos dans la bouche, la joue sur ses abdos, la tête soulevée et bercée au gré de ses respirations, l’odeur de son déo se dégageant de sa peau m’enivrant les narines et le cerveau… je vais faire une overdose de bonheur…
Mais je n’avais pas tout vu… un instant plus tard, je crois devenir dingue… c’est lorsque je sens sa main se poser sur ma tête…
Il n’est pas croyable… il veut que je le suce à nouveau… d’autant plus que, sans vraiment avoir repris toute son envergure, sa queue semble prendre davantage de place dans ma bouche…
Dès que sa main se pose sur ma nuque, je m’attends à ce qu’il commence à mettre des coups de bassin dans ma bouche…
Pourtant, rien de tel ne vient… son bassin reste immobile, sa respiration calme… le seul mouvement que je perçois est celui de ses doigts qui se faufilent dans mes cheveux, légers, doux, comme une caresse, juste une caresse…
Mettre la bête en confiance avant de l’apprivoiser… elle vous le rendra, et ce sera une si belle victoire…
Je reste ainsi, sous les draps, en train de téter sa queue au repos dans ma bouche… l’oreille sur ses abdos, écoutant sa respiration, les battements de son coeur, m’enivrant de la tiédeur de son corps… ses doigts qui se baladent légers et lents dans mes cheveux… je suis au Paradis…
Je suis au Paradis et j’y reste un bon petit moment… j’y reste avec un plaisir immense… et lorsque je sens le sommeil me happer, porté par la chaleur des draps, par les odeurs enivrantes, par la confortable et douce fermeté de ses abdos, je sais que je vais m’endormir avec sa queue dans la bouche… oui, je me sens glisser vers la torpeur qui précède le sommeil, je sens ma volonté me quitter, je l’abandonne avec plaisir… pour la mise au point avec Jérém ce sera une prochaine fois… je sens que je vais perdre pied dans ce bonheur total… jamais depuis des années je ne me suis endormi avec ce sentiment de bonheur…
Mais alors que j’ai presque perdu pied, quelque chose me secoue et m’oblige à remonter à la surface de ma conscience… sa main a quitté mes cheveux et est en train de repousser doucement mon épaule, ce qui fait que mes lèvres s’éloignent inexorablement de son engin…
Je crois qu’il n’en peut plus mon beau brun… je crois qu’il est à bout de forces… sans pouvoir m’empêcher d’embrasser ses abdos au passage, j’émerge de la plongée sous ses draps…
C’est juste à temps pour le voir se tourner de son coté sans un mot…
Ah, non… pas ça… il ne m’a quand même pas demandé de rester pour coucher à l’Hôtel du Cul Tourné…
J’ai trop envie de caresser, de câliner sa peau tellement douce… je me tourne dans le même sens que lui, à quelques centimètres de lui… je n’ose pas y aller, le serrer contre moi…
Et là je l’entends me balancer :
« T’attends quoi ? Viens… »
J’ai envie de pleurer. J’avance mon bassin des quelques centimètres qui me séparent du sien et, à mon tour, je l’habille entièrement de moi.
Je me colle contre son flanc, je passe mon bras sous son aisselle, je pose une main sur son torse entre pecs et abdos… je le sens remuer, comme si quelque chose le dérangeait.
« J’ai le droit ? » je me renseigne.
« Ouais… » chuchote-t-il.
Je sens qu’il a besoin d’être câliné… je plonge la tête dans ses cheveux et je pose mes lèvres à la lisière de ses cheveux bruns, je dépose quelques bisous tout doux.
« Et ça… j’ai le droit de faire ça ? ».
« Tais toi ! » fait-il sèchement. Je suis heureux : « tais-toi » est bien mieux que « dégage ».
Je prends ça comme un feu vert de bonheur.
Je deviens entreprenant…
« Si j’ai le droit à ça… je devrais aussi avoir le droit à ceci » je lui balance juste avant de laisser mes lèvres et ma langue remonter le long de son cou, parcourir sa joue, s’attarder sur son oreille… ma joue contre sa joue, sa barbe de 3 jours frotte contre ma joue et c'est comme une allumette qui frotte sur du papier abrasif… j’ai envie de le bouffer tout cru… je le sens frissonner… ma langue s’attarde dans son oreille… et je le sens frissonner encore plus… je sens qu’il essaie de se retenir, mais ça finit par exploser… il rigole… j’ai trouvé un point chatouilleux… je m’amuse à l’embêter…
« Ca chatouille… » me balance-t-il toujours en rigolant.
J’adore… je commence à croire que j’ai vraiment bien fait de rester… je commence à croire que les draps de Jérém recèlent un passage spatio-temporel permettant d’atteindre une réalité parallèle où Jérém, le petit con macho se transforme en un garçon qui a envie de câlins… rien que cette petite complicité n’a pas de prix à mes yeux…
Je lui fais encore quelques bisous dans le creux de l’épaule et je me cale contre lui… c’est bon… être contre lui, son odeur, ses draps, son parfum, sa peau… je veux me perdre avec lui, dans ce bonheur des sens… j’ai envie de pleurer, je suis comblé… il ne me faut rien de plus, je n’ai besoin de rien de plus…
Je m’étais dit que la condition pour rester était celle d’avoir une discussion avec lui… mais à quoi servirait de sortir des mots qui pourraient gâcher l’instant ? Quel mot ajouterait quelque chose à ce moment parfait ?
Je sens mes résolutions m’échapper des mains… le Jérém est une drogue puissante capable d’annuler toute volonté… je ne lui parlerai pas ce soir…
On va s’endormir ainsi, en silence, ne faisant qu’un.
Je sens le sommeil revenir à la charge pour s’emparer définitivement de mon corps et de mon esprit. Je suis presque dans les bras de Morphée… c’est là que, contre toute attente, c’est lui qui parle :
« Tu vas le revoir ton… ton… ton… Stéphane ? » me lance-t-il, le mot « Stéphane » scandé sur un ton dédaigneux.
L’instant est parfait. Pas de provocation. Plutôt rassurer le jeune mâle.
« Même si je voulais je ne pourrais pas, il est parti vivre en Suisse… » je joue franc jeu.
J’ai l’impression d’entendre mon beau brun tirer une sorte de soupir silencieux et libératoire. J’enchaîne :
« Tu sais, Jérém, quand je suis dans ton lit, après avoir couché avec toi toute la nuit et qu’à la fin on se retrouve dans les bras l’un de l’autre, je n’ai besoin de personne d’autre… ».
Il ne fallait pas commencer Jérém, maintenant c’est moi qui a envie de poser des questions :
« Et toi… t’avais déjà été au On Off ? »
« Mais ça va pas la tête ? » fait-il sur un ton surpris et heurté.
Je suis tellement soulagé et heureux que j’ai envie de le couvrir de bisous…
« Alors pourquoi ce soir… ».
« Je ne sais pas… juste par curiosité… ».
« Ca t’a plu ? ».
« Je suis sorti avant toi, je te signale… ».
« C’est vrai… ».
Vite enchaîner avec ce que tu as sur le cœur… mais, à la fin, qu’est ce que j’ai sur le cœur ? Ce bonheur semble tout emporter, effacer, pardonner…
Jérém remue un brin et à la faveur d’un mouvement de son épaule, une puissante note de déo percute mes narines… je suis KO…
Ne t’arrête pas à ça Nico… t’as une mission… ne t’arrête pas à son corps, à son parfum… fais toi violence… ne t’arrête pas à cet instant de bonheur, essaie de préparer ton bonheur à venir… montre lui que tu as besoin de ça mais pas que ce soir, pas juste quand lui en a envie… retrouve ta motivation de tout à l’heure… profite de l’occasion… il a même accepté que tu le câlines… il ne s’est même pas rebiffé quand tu l’as chatouillé… il est à point, je te dis, il faut le cueillir… essaie de lui parler…
Mais par où commencer sans que ça semble une attaque frontale ?
Et puis, soudainement ça explose dans ma tête comme une évidence. En amour, il n’y a que les mots qui viennent du plus profond du cœur qui sonnent justes.
« Tu vas me manquer Jérém… » je lance sans pouvoir arriver au bout de la phrase que j’avais construite dans ma tête, une larme glissant sur ma joue.
Silence de sa part.
« Tu vas me manquer quand tu vas partir… » je termine après une respiration profonde en maîtrisant ma voix de justesse.
Encore du silence de sa part. Je le serre un peu plus fort contre moi.
« Je ne sais pas encore si je vais partir... » je l’entends lâcher quelques secondes plus tard.
Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa… ça c’est de la news… envie de lui demander si cette soirée, si ce câlin y sont pour quelque chose…
Hélas, la suite se chargera de doucher mes enthousiasmes :
« Il y a l'équipe de rugby… si on gagne cette année… ils ne voudront pas que je parte… ».
Evidemment, l’équipe de rugby… il y a des priorités dans la vie et je ne suis pas en pole positions.
Mais creusons un peu quand même. Je suis en possession de quelques billes pour le pousser à se livrer un brin… merci Thibault…
« Ta famille, aussi… » je place mon pion pour l’obliger à avancer le sien.
« Laisse tomber… eux ils ne vont pas me manquer… ».
« Et ton frère… » je cible plus précisément.
« Comment sais tu que j’ai un frère ? » s’étonne-t-il.
Oui, comment le sais-je… parce que Thibault m’en a parlé… m… ah, oui, mais pas que…
« Il a créché ici le mois dernier … à cause de lui on n’a pas pu réviser pendant une semaine… ».
« Oui, c’est vrai… mon Maxime… ».
Ouf, sauvé par le gong.
Je le sens respirer fort. Comme s’il avait quelque chose sur le cœur, prêt à sortir.
Creusons encore.
« A part le rugby il n’y a pas grand-chose qui te retient ici, alors… ».
Perche #1 tendue…
« Non… »
Perche #1 ratée…
Putain !!! Et moi ? Je suis là, merde… qui te fera des câlins comme celui là, si tu t’en va loin de moi ?
Enchaîne, Nico, ne te laisse pas démonter. Fais le parler de ce qu’il aime, pousse-le à se livrer sur des sujets tout publics, des sujets qui lui tiennent à cœur mais qui ne fâchent pas. Mets le à l’aise. Sois patient. Ça va venir…
« C’est très important le rugby pour toi… » j’arrive à formuler.
« Le rugby est toute ma vie… il n’y a rien d’autre que j’aime autant… être avec les potes… mouiller le maillot tous ensemble pour avancer… rigoler, stresser, trimer, être heureux, être déçus ensemble… ».
« J’ai toujours été peu doué pour le sport… j’aurais voulu l’être… mais j’avais trop peur des coups… »
« C’est vrai qu’au rugby on prend pas mal de coups… mais on se fait des potes… ».
« Ca doit être cool d’avoir autant de potes… je ne connais pas ça, moi… ».
« Les potes c’est parfois mieux que les nanas… j’ai renoncé à des baises pour faire la bringue avec l’équipe…»
« T’es sérieux ? »
« Une soirée avec les potes c'est souvent mieux qu’une nuit de baise… après une nuit de baise c’est souvent le bordel dans la tête… alors qu’après une soirée avec les potes on se sent bien… on a parfois un peu mal aux cheveux, mais on est bien… ».
J’ai envie de pleurer tellement c’est beau ce qu’il vient de dire. Ca divague de mes buts, mais qu’importe. Il a envie de parler alors le laisser parler le faire parler. Il se livre à moi, c’est du petit lait que je bois là.
« Jouer au rugby c’est ce que je sais faire le mieux… » il enchaîne « c’est pour ça que je m’y sens bien… j’ai vraiment envie de progresser… envie d’avancer… il n’y a que là que je me sens vraiment à ma place, à l’aise, motivé… il reste que deux matches, un demain, un la semaine prochaine… on a tellement de points d’avance qu’on pourrait même ne pas jouer demain qu’on serait direct en finale contre Cugnaux… cette année on va gagner le tournoi… ».
C’est tellement beau de l’entendre parler de sa passion, il est comme transporté. J’en veux encore, j’en redemande.
« C’est plus qu’un jeu le rugby… » je relance.
« Le rugby est un peu comme la vie… chacun a son rôle, personne n’a le même… il y a des fonceurs, des rusés, des mecs rapides des jambes, des mecs rapides dans la tête, des têtes de mule et des mecs qui ont froid… le rugby révèle les personnalités, les caractères... les forces, les faiblesses, les peurs, les envies, les passions… ».
« Et quand on partage tout ça… » je me laisse échapper.
« On finit par être potes, pour toujours… » conclut mon beau brun en mettant des mots sur cette idée qui vient de s’afficher dans ma tête.
« Quand on joue au rugby… » continue-t-il « on ne se sent jamais seuls… ».
Jérém se tait. Il a l’air touché. Je le serre un peu plus à moi. J’ai envie de lui dire que je comprends, que je comprends parce que je sais, que je connais une des causes de sa solitude, grâce à Thibault… mais je ne peux pas lui dire que je sais, alors je tente de lui montrer mon empathie avec un câlin.
Je me rends compte que c'est pour ça aussi que je l'aime, ce petit mec… c’est parce qu’il peut être touchant jusqu'aux larmes ce petit mec... aussi profondément touchant qu’il est intolérablement sexy dans d'autres ou insupportablement macho dans d'autres encore... 50 et une nuances de mon beau brun…
Et puis Jérém a cette phrase que je n’oublierai jamais :
«Le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour… et quand le match est fini et qu’on range le ballon, il reste les copains…».

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