Clotaire Et Pierre - Neuvième Épisode

Comme d’habitude, le réveil sonna à 7 heures et demi. Les cheveux ébouriffés, la démarche besogneuse, Pierre, après avoir sèchement coupé le son du réveil matin, s’avançait péniblement vers la petite kitchenette pour préparer un café bien noir et serré. Un café proprement infâme dont lui seul avait le secret… Comme sa boisson était très chaude, il se disait qu’il avait le temps de prendre une bonne douche, histoire de se mettre en bonne condition pour bien commencer la journée.

Avec une précision franchement hasardeuse essentiellement due à la fatigue, il manipula la pression pour que soit dégagée une eau suffisamment chaude pour regagner tous ses esprits. La journée allait être dure : c’est la première fois qu’il allait croiser Clotaire, auquel il n’avait cessé de songer, dans les couloirs de la fac. Plus que l’espérer, il redoutait réellement cet instant : sa nature optimiste l’inciterait à considérer que, finalement, celui qui était son amant il y a quelques jours encore passerait l’éponge mais le pragmatisme pur et simple devait l’inviter à faire preuve de prudence ; au fond, pourquoi une séparation ? Pour un secret qui n’avait plus de raison d’en être un ? Pour une confidence maladroite ? Un couple ne se sépare pas pour si peu de choses, tout de même ! Il faut croire que si, pourtant. Pas une seule fois, durant ce week-end, Clotaire ne lui avait envoyé le moindre message, par SMS ou sur Facebook. Pas même une tirade traduisant sa colère. Rien… De quoi désespérer.

Après une douche qui lui procurait un peu de bien, Pierre s’habilla prestement pour prendre le chemin de la fac. En fermant la porte de son appartement, il se rappelait soudainement que c’était aujourd’hui que Clotaire et lui devaient présenter leur exposé. Il fut alors pris de panique : que Clotaire ait refusé de le contacter à cause de l’incident précédemment évoqué, il parvenait à le comprendre. L’accepter, non ; le comprendre, oui. Mais dans cette histoire, l’un et l’autre avaient oublié de se joindre ne serait-ce que pour le boulot.



Sur le chemin, la nervosité de Pierre ne faisait que décupler. Il craignait sincèrement ce qui allait advenir quand ce rugueux professeur Maure allait les interroger. Somme toute, il se disait que Clotaire, dont la réputation n’était plus à faire, allait savoir gérer les choses. Oui mais voilà : cet exposé devait être réalisé à deux. Le fait qu’un seul s’en soit occupé pouvait valoir une mauvaise note et c’est peu dire que tous, dans cette fac, étaient au courant de cette règle d’or. La journée semblait bien partie pour notre amie : séparé de son mec et, comme les ennuis n’arrivent jamais seuls, d’emblée préparé pour une note catastrophique.

Arrivé à la fac, Pierre avait rejoint Caroline et Amandine sur les bancs de l’amphi, lesquelles ne pouvaient s’empêcher de le regarder avec une certaine pitié, ce dont le jeune homme avait une sainte horreur. Sans leur adresser autre chose qu’un regard qui traduisait parfaitement son humeur bougonne, il plongea sa tête dans ses bras comme il lui arrivait de le faire lorsqu’il voulait méditer un peu. Il restât ainsi quelques minutes jusqu’à ce qu’il releva la tête pour voir Clotaire, plus beau que jamais dans son remarquable costume de ville, s’asseoir à côté de Cédric. Pierre ne détourna pas une seule fois le regard de son ex-compagnon ; il aurait vendu père et mère pour le rejoindre et s’expliquer avec lui. Mais, visiblement, Clotaire n’avait pas la tête à cela…

En effet, Pierre le vit discuter avec son voisin. Et vu le sourire et l’entrain des deux jeunes hommes, il n’y avait pas à douter d leur complicité. Peut-être fut-ce la première fois pour Pierre, mais il était littéralement empli de jalousie : voir SON mec plaisanter et faire jeu de bonnes manières avec un autre, c’était sans doute une provocation. Bien entendu, et Clotaire peut remercier le Ciel pour cela, Pierre ignorait tout de leur passé commun, Clotaire et Cédric ayant été amants, mais le jeune homme se doutait bien qu’il y avait entre eux quelque chose de douteux.


Le cours avait maintenant commencé depuis une quinzaine de minutes, mais pas une seule fois Pierre n’avait détourné son attention. Il était absolument obnubilé par Clotaire et Cédric. Le cours devait durer une heure et demi et, pendant tout ce temps, Pierre rongeait son frein tel un chien prêt à briser la chaîne qui le reliait à la niche pour attaquer l’intrus que serait le voleur. Une fois le cours terminé, il vit Clotaire sortir seul après avoir tapé, dans le dos, son voisin du jour. Sans relever l’invitation d’Amandine qui venait de proposer à ses amis une « pause cigarette », Pierre se précipita vers la sortie pour suivre Clotaire dont il savait qu’il allait se diriger vers le foyer des étudiants pour boire un café. Le couloir menant à ce foyer avait l’avantage d’être relativement désert.

Aussi, lorsque Pierre s’approcha rapidement de Clotaire qui, de dos, ne le vit pas venir, ce dernier fut poussé par le premier dans une petite sortie qui donnait sur les toilettes pour hommes. Violemment, Pierre poussa Clotaire dans ces toilettes, lequel dut prendre appui sur ses mains, adossé aux murs des sanitaires, pour ne pas perdre l’équilibre. D’un geste quasiment théâtral, Pierre fit claquer la porte des W.C. pour se retrouver face à Clotaire, lequel demeurait impavide, sans réaction. Un silence incroyablement insupportable devait envahir la pièce avant que Clotaire ne se me mette à rire, d’une manière, il est vrai, assez sournoise. Quand il riait de la sorte, il était plus craquant que jamais : fixant de ses magnifiques yeux noirs son interlocuteur, il ne put s’empêcher de le dévisager sans cesser de rire, ses dents blanches écartant ses lèvres pour mieux montrer à quel point il semblait se délecter de la situation présente.

- Je savais que tu allais être fâché…
- Fâché de quoi ?
- Oh… Je t’en prie ! Fais pas genre… Tu m’agresses, tu me pousses dans les sanitaires, prêt à me massacrer et tu ne vois pas pourquoi tu fais tout cela ? Tu crois que je n’ai rien soupçonné de ta jalousie ?
- Ce n’est pas pour ça que j’ai fait ça.

- Bien sûr, bien sûr… Bien sûr… Évidemment… C’est parce que je ne t’ai pas adressé la parole du week-end, dans ce cas ?
- T’as tout compris. Quand tu veux, tu peux.
- Oui, je sais, c’est l’un de mes dons. En plus de bien savoir baiser…
- …
- Qu’est-ce que tu veux savoir ?
- T’as couché avec lui ?
- Lui ?
- Cédric ?
- Je croyais que ce n’était pas pour cela que tu m’imposais cette algarade…
- Contente-toi de me répondre.
- Parce que tu veux étaler notre couple sur la place publique, je voudrais te faire cocu ? Tu me crois aussi primaire que cela ?
- Précisément. Primaire. C’est le mot. Après tout, tu m’as bien fait la gueule parce que j’ai simplement gaffé…

Alors que le dialogue était d’emblée tendu, Clotaire entra soudainement dans une colère noire. Aussi noire que le plus sombre de tous les cafés que Pierre pouvait apprécier d’ordinaire.

- PARDON ? Gaffé ?! T’es sérieux, là ? Tu ne crois pas que c’est un euphémisme ? Gaffé ? Gaffé… MERDÉ, OUI ! T’as complètement merdé, mon pauvre ami.
- Cela te fait donc si chier que ça que les gens le savent pour nous ?
- Honnêtement ? Sincèrement ? OUI ! Et tu n’imagines pas à quel point.
- Explique-moi juste pourquoi cela t’as sidéré que j’informe ma meilleure amie que toi et moi sommes en couple !
- Tu veux que je te dise ? Je suis bien avec toi. C’est même la première fois de ma vie où je me sens amoureux. Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme ça. T’es mon strict opposé, cela ne m’empêche pas de t’aimer. Au contraire, même : c’est précisément pour cela que je t’aime. Mais il y a tout de même deux ou trois choses dont tu dois prendre conscience : je ne suis pas une star de téléréalité ni président de la République, du moins pas encore… Par conséquent, j’estime n’avoir de compte à ne rendre à personne. Tu m’entends bien ? Personne !
- Il ne s’agit pas de rendre des comptes. Juste de pouvoir être heureux sans se cacher.

- Je sais que tu veux officialiser ce que l’on vit. Mais s’il te plaît, Pierre, demande-toi simplement si c’est réciproque. Je ne te demande pas autre chose.
- J’ignorais que cela te posait problème…
- Tu t’en es certainement rendu compte, mais je viens d’un milieu très aisé et, pour ne rien te cacher, plutôt conservateur. Bien sûr, je ne vais pas me marier à une femme et lui faire des mômes pour satisfaire mon paternel mais ce qui est certain, c’est que j’ai toujours été élevé dans un milieu au sein duquel on fait de la discrétion une vertu essentielle. Pour toi, ce ne sont peut-être que des mots. Pour moi, c’est une philosophie de vie. Quand je suis avec toi, je suis heureux ; je ne le serais pas ment si tes potes étaient à nos côtés. Je te demande de le comprendre et de l’accepter. Cela te sera sans doute difficile et tu ne dois pas douter que je t’y aiderai parce que je t’aime et que je ne veux pas te perdre. Mais un couple, c’est un duo : ce n’est pas au gré des désirs de l’un ou de l’autre, mais de l’un ET de l’autre. Et moi, ce que je veux, c’est pouvoir vivre mon histoire avec toi sans que quelqu’un, en nous voyant, nous balance un débile : « Alors les amoureux ? ». Ce n’est pas comme ça que je conçois une belle histoire.
- Je sais pas quoi dire…
- Si tu n’en es pas capable, dis-le-moi. Je peux te laisser encore quelques jours de réflexions…

Après avoir effleuré les épaules de son compagnon, encore bouleversé par le discours poignant de sincérité de Clotaire, celui-ci se dirigea vers la porte avant d’être attiré par l’arrière. Pierre venait de le saisir par les épaules avant de le placer face à lui pour lui offrir le plus beau des baisers qui puissent être donnés sur terre. C’était un baiser sensuel, amoureux, plein de tendresse, que Clotaire reçut avec une pleine satisfaction.

Lui-même posa ses mains sur les joues de son compagnon pour lui faire comprendre que ce baiser ne devait pas cesser. Pierre l’avait bien compris. Sans plus attendre, tous les deux cessèrent de s’embrasser pour se contempler, amoureux comme au premier jour. Soudain, de sa main droite, d’un geste tout à fait sensuel, Clotaire déplaça légèrement une mèche quelque peu rebelle de Pierre, avant de l’embrasser de nouveau. Ce dernier était aux anges : il avait passé le week-end à se morfondre de leur séparation ; il était désormais dans les bras du mec qu’il aimait plus que jamais. La saveur de ces retrouvailles avait un goût proprement génial ; sans doute était-ce là la seule vertu de la séparation d’un couple : c’est après un moment de rupture que l’on prend conscience de l’intensité de l’amour que l’on peut ressentir pour quelqu’un. Mais point là de philosophie… Ni Clotaire ni Pierre n’avaient la tête à disserter sur ce sentiment très curieux qui pouvait rendre heureux autant qu’il pouvait causer de grandes souffrances. Ils étaient simplement face-à-face, ravis de se retrouver après un week-end absolument pourri, sans que l’un et l’autre ne se soient adressé la parole. Après un ultime baiser découlant de l’initiative de Clotaire, celui-ci prit son amant dans ses bras. Ce câlin allait être long. Peut-être trop.

En effet, à ce moment-là, Tristan, l’un des camarades des deux jeunes hommes, pénétra dans les toilettes et les vit s’enlacer. Sur le coup, Clotaire eut vite fait de se dégager de Pierre pour prendre immédiatement ses distances vis-à-vis de lui, ce qui ne plaisait évidemment pas au principal intéressé. Mais ce n’était pas du tout le moment de faire une crise de jalousie. Pas du tout !

Le malheureux Tristan, bouche bée, ne savait que dire… Aussitôt, Clotaire, de manière plutôt maladroite, tenta de détourner les soupçons de l’intrus en se tournant vers Pierre pour chercher maladroitement une sortie de secours à cette situation fort déplaisante…

- En tout cas, euh… Merci de m’avoir consolé, Pierre, c’est… C’était très gentil de ta part. Mais… Mais ne t’en fais pas, cela finira bien par aller…
- Je t’en prie, je t’en prie… Et si tu veux encore te plaindre d’un chagrin d’amour, n’hésite pas : je veux bien te prêter mon épaule !

L’ironie de Pierre tentait de masquer sa frustration. Car oui, il était réellement frustré de cette situation pénible. « Ce qu’on peut paraître ridicules… » semblait-il penser après avoir sorti sa réplique à Clotaire.

Tous les deux sortirent enfin des toilettes, sans accorder le moindre regard à Tristan, qui devait déjà être passé à autre chose. Clotaire et Pierre se dirigeaient tous les deux vers le foyer. Tout en marchant droit devant lui, le jeune érudit ne pouvait s’empêcher d’accorder un regard à son compagnon qui semblait marcher de manière mécanique, comme pour faire comprendre qu’il était vexé de l’épisode qui venait de se produire. Taquin – et Dieu sait que ce n’était d’ordinaire pas son genre – Clotaire effleura, de ses beaux doigts minces, la douce joue de Pierre qui détourna méchamment le regard. C’était tout Pierre, ça : il n’y a que lui pour refuser d’admettre un moment magique à cause d’une petite vexation. Il avait complètement oublié l’essentiel : son mec et lui étaient réconciliés. N’était-ce pas là le principal ?

Dans le foyer, les deux jeunes hommes furent séparés par les circonstances : Clotaire avait croisé l’une de ses camarades qui lui avait demandé un coup de main à propos du prochain partiel de droit des affaires et la jeune femme n’étant guère une élève remarquable, la petite leçon improvisée de Clotaire n’allait sans doute pas être courte. Pierre en profita pour s’attabler afin de boire un chocolat chaud tout en s’adonnant au casse-brique sur son portable. Une occupation suffisamment distrayante pour le détendre.

Tout d’un coup, il reçut un SMS de son prince charmant… « A l’amour de ma vie qui me fait la gueule comme une statue de marbre, deux petites choses : M. Maure n’est pas là et l’exposé ne sera à présenter que demain (je viens de recevoir son mail) donc, par conséquent, tu pourrais venir chez moi, comme ça nous peaufinerons le sujet pour qu’il soit hyper-impeccable ;-) ! En t’embrassant partout (car je sais que seul cela te rendra le sourire), ton homme, amoureux et dévoué, pour toujours. C. ».

Pierre ne put s’empêcher de sourire, puis de rire assez nerveusement. Il était réellement content que cela se soit arrangé avec son amoureux. Ce dernier savait le combler par peu de choses : un sourire, une caresse, un SMS (sans abréviation ni même orthographe approximative), un mot doux… Tout cela valait autant que les folles parties de jambes en l’air qui étaient les leurs. Après, pour être franc, il n’était pas enjoué d’aller chez Clotaire car, à en croire son SMS, ils allaient bosser, et cela, ça le fatiguait déjà ! Mais bon… Ce serait toujours bien mieux que le silence vécu tout au long du week-end… Et puis, au mois, pendant qu’ils travailleraient, il pourrait en profiter pour le mater. Il faut dire que Clotaire n’a jamais été aussi beau que lorsqu’il était concentré. D’ailleurs, mine de rien, à la bibliothèque, nombreuses étaient les étudiantes qui le fixaient pendant qu’il lisait un ouvrage, tant il était sexy quand, tout en concentrant son regard sur un bouquin, il laissait l’une de ses mains parcourir ses cheveux plus ou moins régulièrement avant de les poser sur le table. De cela, Pierre pouvait être très fier : son compagnon avait beau être réputé taciturne, il n’en demeurait pas moins extraordinairement charismatique et sensuel. Un charisme et une sensualité dont lui pouvait profiter à plein temps… Au moins lorsqu’ils étaient seuls.

Le professeur Maure n’étant pas là, Pierre put rentrer chez lui afin de se changer. Il voulait être im-pec-cable pour faire sensation chez Clotaire. Pour dire la vérité, il voulait le chauffer afin que le boulot soit vite délaisser… Aussi, il enfila rapidement un tee-shirt moulant qui le rendait très, très attirant (bien qu’il ne le mettait jamais pour aller à la fac car il ne jugeait pas cela « approprié »), un jean tout aussi moulant, une petite touche de laque dans ses cheveux et quelques gouttes de son meilleur parfum : il était fin prêt pour en mettre plein la vue à son homme. Sans plus attendre, il prit le premier métro puis débarqua boulevard Prieur. Son cœur s’emballait dès qu’il s’approcha de la porte du superbe immeuble dans lequel vivait Clotaire. Il sonna à l’interphone et Clotaire se contenta d’Un simple « Entre ! » pour inviter Pierre à le rejoindre. Arrivé au deuxième étage, Pierre ne prit pas la peine de frapper, déjà trop impatient d’embrasser son homme. Une fois franchi le vestibule, il arriva dans le salon… désert. A part les affaires de cours de Clotaire et quelques-uns de ses effets personnels soigneusement dispersés sur la grande table, rien ne devait trahir son éventuelle présence.

- Eh bien ? Tu te caches ? T’es où dans c’te grand appart’ ?
- Ha ha ha ! C’est à toi de le deviner, mon garçon…

La voix de Clotaire semblait provenir de l’une des pièces situées à l’issue du couloir que Pierre connaissait maintenant plus ou moins bien. Par réflexe, il ouvrit la porte de la chambre de Clotaire, mais celle-ci était vide ; à l’évidence, son amoureux ne s’y trouvait pas. « Ici, grand malin ! » provoquait l’hôte des lieux dont la voix semblait venir de la salle de bains. N’y trouvant rien à redire, Pierre quitta la chambre pour faire la quelque dizaine de pas séparant la chambre de son compagnon de la luxueuse salle des bains. Sans plus attendre, car terriblement impatient de le retrouver, Pierre débarqua en ces lieux… pour y trouver son amant dans une posture ô combien excitante. Celui-ci se prélassait dans la superbe baignoire, dans un cadre réellement romantique mis en évidence par deux belles et grandes bougies rouges allumées et mises à l’écart de sorte que celles-ci ne puissent être aucunement dangereuses. Le corps couvert par une épaisse mousse qu’il suffirait de pousser pour avoir vue sur un appareil attirant comme un aimant, Clotaire, le bras gauche sous l’eau et le bras droit posé sur le bord de la baignoire, regardait presque avec provocation son invité, bouche bée devant un tel spectacle… Pourquoi Pierre devait-il venir, déjà ? Ah, oui… Pour perfectionner leur exposé… Nul doute que les véritables raisons de cette rencontre étaient en réalité tout autres ! La vision de Clotaire étendu dans son bain, le regard particulièrement lubrique, faisait bien de l’effet à Pierre, complètement absorbé par cette vision. Pendant plus de quatre jours, Clotaire et lui ne s’étaient pas adressé la parole et, par conséquent, ne s’étaient pas envoyés en l’air. Tous les deux savaient que cette mise en scène était le prélude idéal pour rattr le temps perdu, comme on dit. Une petite surface de l’eau du bain semblait trembler ce qui laissait à supposer que Clotaire se caressait légèrement sans pour autant quitter son ami des yeux. Il allait enfin briser le silence qui traduisait la tension sensuelle les confrontant dans cette vaste salle de bains très légèrement éclairée ; cette fine pénombre épousait parfaitement le caractère érotique de cette confrontation qui devait les mener bien plus loin qu’un simple jeu de regard.

- Tu ne crois que tu ferais mieux de me rejoindre dans ce bain bien chaud ? C’est que je m’ennuie un peu, tout seul en cette vaste baignoire…
- Je me suis ef d’être super classe pour te plaire et que tu ne l’as même pas remarqué !
- Si tu avais pris la peine de te dévêtir pour me rejoindre, tu te serais rendu compte que tes efforts ne e laissent pas du tout insensibles…
- Ça te dirait que…
- Que … ?
- Non, c’est peut-être…
- Oh, écoute Pierre, tu m’agaces franchement quand tu veux suggérer quelque chose mais que tu te refuses à développer… Vraiment !
- En fait…J’avais l’idée de… te proposer un strip-tease mais je me dis que ce serait peut-être un peu ridicule ?
- Euh…
- Oui, c’est ce que je pensais …
- Non. Ce sera à moi d’en juger ! Mais je me rends compte que pour que tu puisses me rejoindre, il faudrait que tu fasses l’effort de te déshabiller. Et si tu le fais de manière sensuelle, j’en serais le premier ravi…
- OK… Tes désirs sont des ordres. Je m’exécute…
- Prends la télécommande de la chaîne hi-fi, et balance la première musique. Je veux que tu fasses ça sur un fond musical.

Plus décidé que jamais à faire l’amour avec son petit ami, Pierre s’empressa de commencer son show sexy à l’adresse de Clotaire alors qu’était diffusée la chanson Looking For Love, de Chromatics. Sensuellement, de façon de plus en plus sexy sans se départir d’une certaine virilité et fidèle au rythme donné par la usique, Pierre commença par enlever son tee-shirt moulant tout en se caressant le haut du corps d’une telle façon que Clotaire avait du mal à conserver l’air impassible qui, d’ordinaire, ne trahissait jamais ses émotions ; dans son regard, Pierre percevait une excitation de plus en plus grande qui devait l’animer lui-même car il ne tardait plus à ôter le reste de ses vêtements pour se retrouver désormais en caleçon face à son cher et tendre qui avait sorti de l’eau son pénis pour entamer, devant les yeux de son partenaire, une masturbation divine qui n’allait pas durer puisque Pierre allait bientôt le rejoindre… après avoir pris son temps pour enlever son caleçon afin d’apparaître entièrement nu devant Clotaire, qui se régalait devant ce spectacle.

La musique, qui n’était pas bien forte, n’avait au fond, aucune utilité ; d’un pas, d’un seul, Pierre prit place dans la baignoire et sans attendre, entreprit une fellation pour son compagnon, déjà aux anges. La superbe tige de Clotaire en bouche, Pierre suçait continuellement son homme tout en se masturbant, la queue sous l’eau, ce qui n’était pas désagréable du tout, bien au contraire. Clotaire, de son côté, la tête penchée vers l’arrière, les yeux fermés, profitait intensément de cette divine pipe et laissait sa main se promener dans la chevelure de son compagnon pour l’encourager à accélérer la cadence. Il commençait d’ailleurs à pousser quelques gémissements, ce qui fit ralentir Pierre qui ne voulait pas que son compagnon jouisse tout de suite : la soirée venait de commencer, et la seule chose que les deux hommes voulaient, c’était qu’elle ne cesse jamais.

A un moment donné, Pierre cessa de sucer son amant pour se placer à ses côtés afin de l’embrasser à pleine bouche. La baignoire étant réellement spacieuse, le couple avait largement de quoi se sentir à l’aise, y compris pour y faire l’amour, ce que l’un et l’autre désiraient ardemment. Une fois la tête de Pierre à son niveau, Clotaire s’approcha avec une certaine finesse pour lui rendre un superbe baiser, sa main droite sur la joue gauche de Pierre qui, lui, laissaient ses propres mains parcourir le superbe corps de son hôte. Les deux étaient comblés, l’incident les ayant séparés semblait être oublié… Rien ne pouvait les atteindre ni même les interrompre. Par un subtil jeu de langue, l’un et l’autre faisaient durer le plaisir et se masturbaient mutuellement pour s’exciter davantage. Pierre, contrairement à son ami, était totalement relâché… Il ne maîtrisait quasiment plus rien, tant il semblait avoir atteint le summum de son plaisir, la plénitude de tout ce qu’il pouvait avoir vécu jusqu’à maintenant. Soudain, le téléphone, à la sonnerie si stridente qu’il couvrait presque la musique, retentit, ce qui fut sursauter Pierre, contrairement à Clotaire, absolument concentré dans les caresses et les baisers qu’il offrait à son compagnon.

- Le téléphone sonne, Clotaire…
- Je sais, j’entends aussi, je ne suis pas encore sourd.
- Eh ben…. Tu réponds pas ?
- Comme tu peux le constater, je te suis entièrement dévoué ! Alors non, je n’ai pas la moindre envie de répondre.
- Non, mais vas-y ! Tu dois y aller, c’est peut-être important ! On reprendra plus tard.
- …
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Il y a un problème ?
- Non, c’est juste que…
- Écoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins ; depuis ce midi, je ne vis que pour ce moment : toi et moi, seuls au monde, faisant l’amour sans accorder d’importance au reste. Tu m’as terriblement manqué, je veux te faire du bien et toi, tu t’obstines à vouloir que je réponde au téléphone ? Tu ne crois pas que j’ai mieux à faire avec toi, par exemple ?
- …
- Laisse-toi faire, OK ? Crois-moi, tous les coups de téléphone ne vaudront jamais le moment qu’on va passer tous les deux, mon ange.

Auparavant, Clotaire s’était réellement montré prévenant, attentif et plutôt amoureux mais cette fois-ci, quelque chose en lui faisait sentir à Pierre qu’il était tout aussi amoureux que lui. C’est alors qu’ils poursuivirent leur moment de complicité sans se soucier désormais du téléphone et encore moins de la musique. Clotaire prenait alors les choses en main : à son tour, il prit le sexe de Pierre en bouche pour le sucer régulièrement tout en posant sa main gauche sur la cuisse de son amant qui gémissait déjà de plaisir. Il se rendit compte que Clotaire avait raison : ce n’était pas la peine de gâcher un tel moment pour un coup de téléphone. Tout comme Clotaire avant lui, Pierre encourageait Clotaire à le sucer avec davantage d’entrain en bougeant légèrement son bassin tout en posant sa main sur la tête de Clotaire qui semblait prendre goût à cette fellation en tant qu’actif. Pierre se mordait légèrement les lèvres tant la sensation lui était agréable. Quelques minutes après, Clotaire ayant terminé, il le retrouva au centre de la vaste baignoire emplie d’eau pour l’embrasser passionnément à nouveau. Clotaire en profita pour laisser tomber ses mains au niveau des fesses de Pierre afin de les caresser et de les malaxer comme il appréciait le faire. Pierre, pour sa part était aux anges. D’un regard, faisant l’économie de sa salive, il fit comprendre à Clotaire qu’il avait très envie de se faire prendre, qu’il attendait cela depuis son arrivée dans cet immeuble. Après un bref baiser, Clotaire se leva pour se rendre au bout de la salle de bain, vers le miroir, afin d’y amener une capote qu’il enfila sans délai. Pendant ce temps, aux anges, Pierre matait son mec… et plus particulièrement son derrière ; au fond, même s’il n’avait pas encore trouvé le courage de lui en parler, il aurait bien aimé inverser les rôles pour une fois mais Clotaire n’en ayant jamais parlé, ce n’était peut-être pas encore le bon moment. Qu’importe, que diable ! Il allait enfin s’offrir à lui comme il en rêvait depuis leur brève séparation et cela, c’était là seul l’essentiel.

Doté d’une capote couvrant sa longue et raide queue, Clotaire se plaça derrière Pierre en pénétrant à nouveau dans la baignoire dont l’eau, initialement chaude, était désormais bien tiède… Clotaire, qui voulait prendre son temps, ne pénétra pas tout de suite dans le cul de son amant ; il prenait le temps de l’embrasser, liant sa propre langue à celle de Pierre tout en couvrant le corps de celui-ci par ses mains qui parcouraient largement le cou, le torse, les fesses et le sexe de son camarade qui profita de ces préliminaires pour s’abandonner entièrement, les yeux fermés, heureux de s’offrir à Clotaire qui, n’en pouvant plus, plaça l’un de ses doigts sur le trou de son compagnon pour le préparer à la pénétration. C’était sans compter sur l’impatience de Pierre :

- Je veux que tu me prennes tout de suite, Clotaire…
- Tu ne veux pas que je te prépare, d’abord ?
- Non. Je te veux en moi maintenant.

En ayant lui-même follement envie, Clotaire ne se fit pas prier. Sans prévenir, il inséra enfin son pénis dans le derrière de Pierre qui poussait immédiatement un premier râle. Ce n’était nullement un râle de douleur en lien avec l’éventuelle douleur que pouvait susciter l’imposante queue de son camarade ; c’était davantage un cri de plaisir, presque de bonheur tant il espérait ce moment qu’il croyait ne plus pouvoir vivre avec Clotaire du fait de sa maladresse précédente. Tout en entamant de timides va-et-vient pour faire durer le plaisir, Clotaire caressa, de sa langue, la joue puis le lobe de l’oreille de Pierre qui savourait le souffle chaud émanant de la bouche de Clotaire qui laissa sa main se saisir de la queue de Pierre pour le masturber ; de son côté, l’heureux invité, tellement saisi de plaisir, dût poser sa main gauche sur le bord de la piscine afin de ne pas défaillir, l’autre étant posée sur la cuisse de Clotaire, qui commençait à pénétrer son amant de lus en plus régulièrement, ce qui excita de plus en plus son partenaire qui joua le provocateur à ce sujet, entre deux essoufflements :

- Eh bien… Je te connaissais plus performant que ça !
- Ah… Parce que tu en voudrais plus ?
- Fais-moi attendre le ciel, je sais que t’en es capable, tu sais que je n’attends que ça !

Sans prendre la peine de répondre, Clotaire, par sa force inébranlable, poussa légèrement mais fermement Pierre de sorte que celui-ci se retrouvait désormais à quatre pattes, alors que ce déséquilibre imprévu fit renverser de l’eau du bain à terre, ce qui ne troublait en rien les deux hommes. Tout d’un coup, son amant étant à quatre pattes prêt à recevoir chacun de ses coups de rein, Clotaire accéléré réellement la cadence, ce qui plaisait énormément à Pierre, ravi de recueillir en lui la queue de son amoureux qui revêtait enfin l’habit de dominateur du couple. Les yeux fermés, sourire aux lèvres parfois crispé selon l’intensité de la pénétration successive et parfois saccadée, Pierre semblait incapable de prononcer une autre phrase que celle-ci : « Oh oui… Putain, c’est bon ». Il la répétait tant de fois que Clotaire interrompit ses mouvements pour le ramener à lui afin de lui glisser dans l’oreille un glaçant : « Chut… ». Tus les deux changèrent alors de position : après quelques petites acrobaties, Pierre s’installa le dos contre le mur afin de recevoir Clotaire en lui, qui devait à présent le prendre en « position de l’enclume ». Les pieds de Pierre sur ses épaules, Clotaire poursuivait avec entrain les va-et-vient précédemment entrepris sans faillir une seule fois ; il était pleinement investi dans son activité sexuelle, d’autant plus qu’il était réellement grisé par les gémissements en continu de Pierre dont le regard était désormais vide ; il ne réagissait désormais qu’aux seuls coups de rein de Clotaire et savourait tellement la performance de son partenaire qu’il espérait, au fond de lui, que cette communion sexuelle ne connaisse jamais de fin. De temps à autres, Clotaire approchait ses lèves de celles de Pierre afin de l’embrasser, souvent avec la langue, et pour joindre aux siens ses propres gémissements car il allait bientôt venir.

Sortant enfin du bain, Clotaire tendit à nouveau sa queue à Pierre qui s’empressa de l’avaler ; il savait que Clotaire allait jouir et il était impatience d’en recueillir la semence. De façon alternative, Pierre masturba puis suça son partenaire qui bientôt, n’allait plus pouvoir contenir le fruit de sa jouissance.

- Putain, Pierre, je vais jouir… Oh oui, c’est bon, vas-y… Suce-moi comme ça, j’adore… Oh.. Oh… AH… Vas-y, je viens… Oh… OH ! Oh oui…

En quelques minutes, le visage de Pierre était couvert de la semence de Clotaire qui attira son mec vers lui pour l’embrasser, sans éviter de goûter quelques gouttes de son propre sperme qui parsemait le visage de son amant. Pierre, quant à lui, s’attardait sur le cou de son partenaire pour l’effleurer de sa langue avant de l’embrasser de nouveau à pleine bouche. Clotaire, sans dire un seul mot, le prit ensuite par la main, pour l’attirer dans sa chambre. Une fois entré avec lui dans la pièce, il se jeta à nouveau sur le visage de son compagnon, avant de se baisser au niveau de son sexe pour le sucer à son tour, pour la deuxième fois de la soirée ; l’objectif de Clotaire était clair : il voulait à son tour recueillir le liquide séminal de son homme. Et Pierre ne tarda pas à lui donner satisfaction puisqu’il jouissait à son tour sur le torse de Clotaire, désormais couvert du sperme de Pierre.

Après avoir reçu sur lui le foutre de son cher et tendre, Clotaire se redressa pour fixer Pierre de son regard intense. Une fois de plus, car on ne les compte plus, ils s’embrassèrent amoureusement tous les deux avant de s’effondrer sur le lit, très essoufflés par leur performance exceptionnelle. Sur le coup de la fatigue mais aussi d’une certaine satisfaction, Clotaire ne put s’empêcher de lâcher un petit rire nerveux, rapidement imité par Pierre, absolument ravi de cette soirée parfaite à tant d’égards. Après avoir repris péniblement son souffle, Pierre se posa sur Clotaire, encore étalé sur le lit. Tous les deux demeuraient nus et bien qu’ils venaient de jouir, se remettaient à bander. La soirée ne faisait vraisemblablement que commencer… C’est en tout cas que ce que suggérait Clotaire :

- Je ne crois pas me tromper en te disant que je n’ai jamais autant pris mon pied avec quelqu’un…
- Je ne peux pas dire mieux…
- Pierre…
- Oui ?
- Je voulais te dire que… Je regrette mon comportement ces derniers temps. Je n’aurais pas du te faire la gueule comme ça, c’était vraiment grotesque et…
- Clotaire, Clotaire… Je t’arrête tout de suite ! Je comprends sincèrement que tu n’aies pas apprécié que je fasse part à quelques gens de notre histoire. Je peux te promettre que plus jamais je n’évoquerais notre couple.
- Tu sais… Peut-être que d’ici quelques mois, j’accepterais d’assumer. Mais tu vois… Je suis plus heureux que jamais avec toi et je le serais davantage sans que qui que ce soit ne soit au courant…
- Ne t’en fais, je comprends tout à fait. On assumera seulement quand tu le jugeras bon, d’ac ?
- D’ac, bébé !

Sur ces mots, Pierre se mit à rougir. C’était peut-être la première fois qu’un mec le nommait comme ça et Clotaire, en ayant prononcé ce mot, semblait sincèrement épris de lui. Ils s’embrassèrent de nouveau et, comme chacun pouvait s’en douter, se remirent à faire l’amour avec la même passion qui les animait depuis leurs retrouvailles. Caresses buccales, pénétrations, baisers langoureux… La nuit était à la fois très longue et très courte. Finalement, tous les deux épuisés mais plus amoureux que jamais, ils dormaient ensemble, côte-à-côte. Vers 4 heures du matin, comme cela lui arrivait souvent, Pierre se leva pour boire un verre d’eau ; il mit du temps à trouver la cuisine, non parce qu’il ne connaissait pas bien l’appartement de son petit ami (il devenait quasiment un habitué des lieux) mais essentiellement parce que celui-ci était très vaste et que ce n’était pas ment aisé de s’y retrouver. Une fois le verre d’eau bu, il regagna la chambre de son hôte, qui dormait profondément. Mi-amusé de le savoir pleinement endormi, Pierre l’embrassa sur le front avant de poser sa tête précisément à côté de celle de Clotaire, plaçant également sa main sur celle de son compagnon qui sans s’éveiller un seul instant se rapprocha davantage de lui. C’est ainsi qu’ils passèrent la nuit : épuisés après une douce nuit d’amour mais plus complices que l’amour ne pouvait les rendre. Les heures qui allaient suivre allaient leur promettre d’autres péripéties.

[A suivre…]

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