47.2 La Sieste, Le Mojito Et La Bière Avec Thibault.
Et lorsque sa silhouette déboule dans la rue, lancée à bonne allure, le pas assuré, la sensation est toujours la même
putain, quest ce quil est bien gaulé, quest ce quil est charmant et séduisant, comment tout transpire la gentillesse et la droiture chez lui
T-shirt vert scandaleusement ajusté à son torse tout en muscles
avec un bord blanc autour de ces manchettes si bien remplies, ainsi quautour de son cou puissant
ce t-shirt est un truc de ouf
mais comment peut-on être aussi bien foutu
et si sexy
avec un simple t-shirt, un jeans, et des baskets ? Secret de bogoss
« Thibaut ! » je linterpelle en traversant la rue, alors quil ne mavait pas encore capté.
Après cette folle nuit pour fêter le bac, nuit ayant fait escale aussi bien dans les boites toulousaines classiques, la Bodega, le KL... que dans d'autres un peu plus originales, comme la célèbre boite à pd, le On Off
après cette nuit peuplée de beaux mâles... mon Jérém, notre pote Thibault, le très classe et bien lubrique Martin, le beau barbu Romain... cette nuit de rencontres, de révélations volontaires ou involontaires, de folies sexuelles en tout genre... oui, après cette longue, incroyable nuit terminée rue de la Colombette en faisant l'amour avec mon beau couillu ; après le réveil dans un lit déserté par son propriétaire, parti avant mon réveil ; après un déjeuner pris en essayant d'esquiver les questions de ma mère sur le fait que j'avais découché ; après tout cela, poussé par un nombre très insuffisant d'heures de sommeil, voilà que ma seule aspiration, mon seul projet, mon seul but, mon seul kif pour l'après midi était...
la sieste...
Evidemment, en fermant les yeux et en me laissant glisser dans les bras de Morphée, j'étais loin de me douter que, pendant mon rattrapage de sommeil, mon subconscient m'apporterait un joli rêve érotique, le genre de rêve qui fait que, évidemment, les draps s'en souviennent...
Ca m'apprendra à voler et garder sur moi un t-shirt marqué par lempreinte olfactive de mon beau mâle.
Et le rêve a été tellement intense qu'en me réveillant, je l'ai dabord cru réel... au point que pendant un instant mes yeux ont cherché dans le noir les deux protagonistes principaux
avant que ma conscience ne réalise que rien de ce que je venais de rêvasser, deux potes de rugby mélangeant leurs corps dans un plaisir intense, avant de venir en moi à tour de rôle, n'était réel.
Pourtant, le rêve avait été si long, si détaillé... si réaliste...
Evidemment, à bien regarder, certaines petites incohérences de scénario auraient du me mettre sur la piste...
Dabord, cette trace de cambouis sur l'avant bras de Thibault, revenant sans cesse à mon attention.... bien sur, ce style de négligence n'est pas du tout le genre de Thibault... ensuite, le trouble de Jérém en arrivant à l'appart, son mutisme, son regard fuyant, tellement ressemblants à ceux que je lui avais connus lors du plan avec Romain
le même malaise, bien que pour des raisons à priori différentes... et encore
la cigarette fumée par le beau mécano... image très sexy mais pas du tout le genre de Thibault non plus... le premier rapprochement entre mâles, de leurs corps... déjà vu à l'identique, mais avec Romain en vrai dans le rôle onirique de Thibault... la façon de Jérém de se pencher sur la queue de Thibault.... imaginée à l'identique, encore en présence de Romain... la façon de Jérém de poser la main entre les pecs de son pote pour lui annoncer son intention de le prendre... là aussi comme un petit rappel dépisodes précédents... et tout cela sans compter... l'absence de détails de l'anatomie de Thibault, une anatomie que je ne connais pas...
Oui, quelque chose clochait dans cette « scène » depuis le début. Tout était si infiniment, insoutenablement, presque douloureusement beau
scène infiniment parfaite, fabuleuse, mais scène trop parfaite pour être honnête, pour être « vraie »
Un truc de fou, sauvage, puissant, torride, brûlant
et à la fois tendre, touchant.
Dans les rêves tout est possible, et un rêve est toujours plausible pendant qu'on est dedans, même sil n'est pas réaliste...dautant plus lorsque le rêve est si agréable à vivre...
Pendant que j'allais tout droit vers ma sieste, loin d'imaginer que j'allais rêver dun bon gros fantasme de sexe entre deux beaux rugbymen, je pensais à mon beau brun... je pensais non seulement à sa nudité d'une beauté aveuglante... non seulement à sa virilité puissante dont le souvenir persistait dans ma tête, dans mon corps, dans le bien être que connaissaient l'une et l'autre après les multiples plaisirs récents, dans mon envie toujours brûlante, malgré de bonnes courbatures dans des régions sensibles...
Oui, en m'allongeant dans mon lit, je pensais à mon beau et vaillant Jérém, au moins aussi fatigué que moi, levé avant moi, obligé de jouer un match important, un match de demi finale de championnat...
Bien sur, après qu'il m'ait parlé de cette façon si émouvante de sa passion pour le rugby, de ce que représentait pour lui ce sport autour duquel il sétait grandement construit, il aurait était logique et bienvenue que j'aille le voir jouer ce dimanche après midi, que j'aille assister à son triomphe dans cet avant dernier sas avant la finale de la semaine suivante...
Pourtant, la fatigue a eu raison de moi
elle a eu raison de la tentation daller voir jouer mon Jérém, du plaisir de le mater évoluer sur un terrain de sport entouré de mecs ladmirant, le jalousant ou encore le redoutant
de le voir dévoré du regard par une foule de jeunes filles criant à tue tête et mouillant la culotte tout en pensant au fameux sketch de Bigard
le lâcher... dadolescentes en rut
de le (sa)voir certainement aussi désiré en silence, mais pas moins intensément, par quelques jeunes garçons criant intérieurement et mouillant le boxer à chacun de ses exploits.
Oui, cet après midi là, j'étais très fatigué... après, il faut que j'avoue aussi que... assister à un match de rugby en entier... c'est comme qui dirait... au dessus de mes forces... quand bien même ce match allait offrir l'attrait indéniable de la présence de mon beau brun, de son pote Thibault et de quelques autres joueurs plutôt agréables à regarder... pour moi un match de rugby est aussi intéressant qu'un programme nocturne d'Arte...
Certes, le rugby a ses bons cotés... le coté « sportif », le coté « bon », l« esprit d'équipe », le coté « potes au jeu et dans la vie »... et encore... le coté « proximité, promiscuité entre bogoss grave bien gaulés que je mate en essayant de définir qui j'aimerais voir coucher avec qui et dans quel rôle... »
oups
je mégare là...
Pourtant, au delà de ces aspects fort appréciables mais peu en relation avec le sport lui même, voir des bogoss se ruer dans la boue, se jeter l'un sur l'autre comme des sacs de patates, pousser comme des bulldozers dans une mêlée en courant le claquage musculaire... aucun intérêt pour moi... si au moins je pouvais avoir accès aux vestiaires, aux douches
voilà qui saurait relever mon intérêt pour le rugby(man)
Car mon intérêt pour le rugby réside moins dans le jeu lui même que dans ses joueurs... surtout depuis que je couche avec un rugbyman... le plus beau de tous... il commence devant la tenue adamique de mon beau brun et se termine devant de belles photos en noir et blanc sur les pages en papier glacé de la première édition du calendrier des Dieux du stade...
Couché dans le noir, les membres engourdis par une fatigue qui me happe, je me dis que, dans le but de marquer des points aux yeux de mon beau couillu, je devrais quand même faire l'effort d'y aller... assister à ce match, moffrirait des sujets de conversation pour la prochaine fois que je le verrai, pour pouvoir lui envoyer un sms complice le soir même, pour avoir quelque chose à partager, pour lui montrer que je ne suis pas quun pd qui ne sintéresse pas aux « sports de mecs »
que je mintéresse à ce quil fait, que je mintéresse à quelque chose qui lintéresse par-dessus tout.
Pendant que le brouillard envahit peu à peu mon esprit et m'amène tout droit vers la sieste... je me répète une fois de plus les mots de mon beau brun faisant état d'un très bon classement de son équipe, et du fait que ce match avait plutôt l'air d'une formalité que d'un enjeu
Lorsque je reviens à moi, je suis tout sens dessus dessous, ce putain de rêve m'a bouleversé... mon cerveau est en état de chauffe... et mon torse a besoin d'être essuyé..
J'ai besoin de me changer les idées... et quelle meilleure façon de me changer les idées que de passer un moment à déconner avec ma cousine préférée ?
Elodie... ça fait un petit moment que je ne l'ai pas vue... un petit moment que je ne l'ai pas tenue au courant de mes exploits... j'ai tellement de trucs à lui raconter... ou pas... j'avoue qu'il s'est passé tellement de choses depuis une semaine, et surtout depuis 24 heures, que je ne saurais pas par ou commencer... et surtout où m'arrêter... quoi censurer pour ne pas m'attirer ses foudres... je sais qu'elle n'approuverait peut-être pas tous mes agissements... notamment le fait davoir cédé au caprice de Jérém à la sortie du KL... le fait de l'avoir suivi au On Off... ce plan à trois... le fait que je sois resté dormir...
Mais peu importe. Jai très envie de la voir. Jatt on portable et je tapote quelques mots.
Moi : Apéro fin aprèm en ville ?
Sa réponse moins dune minute plus tard.
Elle : Tu vas pas le croire... j'allais justement t'écrire
Elle et moi, on se capte, comprend, entend au quart de tour. Non, mieux que ça, c'est de la télépathie. On est des jumeaux séparés à la naissance.
Moi : C'est magique...
Elle : Non, c'est juste que j'ai envie de boire un coup
Moi : Conasse !
Elle : Pétasse, sil te plait
gardons les politesses... 18 h aux Américains, en terrasse. Envie de Mojito.
Moi : Ok, mdr
Elle : Parfait, à tout
Moi : A tout
Je l'adore.
En attendant l'apéro avec Elodie, je ne peux mempêcher de revenir sur cette longue nuit marqué par la présence du beau Romain
elle remonte par flash à mon esprit... elle mapporte mille et un questionnements
mais, au milieu de tous ces points dinterrogation qui sélèvent de mon esprit comme des ballons de baudruche, la grande question qui monopolise mon attention est la suivante : que signifie donc le départ de Jérém avant mon réveil?
S'est-il réveillé avec la gueule de bois en se disant : « Tiens il est encore là, lui ? Cest moi en plus qui lui ai demandé de rester
pourquoi jai fait ça ? Qu'est ce que je vais en faire, maintenant ? »
Et encore : que signifie le fait de ne pas mavoir réveillé ? Etait-t-il réellement pressé ou avait-t-il juste besoin de méviter, de fuir une confrontation trop pénible au réveil, tout comme trop pénible avait du lui paraître le fait de me retrouver après tout ce qui sest passé la nuit dernière ?
Ou alors
est-ce qu'il faut au contraire y voir un geste mignon
me laisser dormir chez lui... me laisser squatter chez lui
je réalise que cest la première fois que je me retrouve seul chez lui
est-ce que finalement il aime bien l'idée que je sois chez lui ?
Je voudrais tant savoir dans quel état desprit est mon Jérém après cette folle nuit de tous les dangers
dans quel état est son ego de mec
comment est-il luné à mon égard
car une seule chose est sure... si son ego en est sorti malmené, c'est moi qui vais en faire les frais
soit ce qui sest passé cette nuit va créer des liens forts entre nous
soit cette soirée va mette un point final ferme et définitif à nos câlins...
Oui, nos câlins
nos gros câlins... lorsque je repense aux nouvelles envies de Jérém
ces envies frôlées pendant le plan avec Romain... je me demande si nos câlins vont désormais lui suffire
sil ne cherche pas désormais un mec capable de lui faire découvrir justement « lautre coté du plaisir »
un coté quil ne saurait pas envisager avec moi
celui quil voit comme son passif, et passif uniquement
bien sur
parfois
lidée me traverse lesprit
mais je sais que je noserais jamais lui proposer
trop peur quil refuse, trop peur de me ridiculiser
et sil accepte
trop peur de ne pas être à la hauteur
de me ridiculiser
peur de le décevoir
il faut dire que, sans mauvais jeu de mots, dans ce domaine la barre a été mise très haute par mon Jérém...
Et maintenant, il me faut en plus composer avec ce putain de rêve qui me hante... ce rêve qui du coup relance mes craintes au sujet de l'amitié entre Jérém et Thibault, de leur proximité, de leur promiscuité, de leur attirance... je repense à leur plan avec les deux pouffes... ils se sont vus nus... en train de baiser... est-ce que cela n'a pas pu leur donner des idées ?
Comme dans mon rêve, Jérém serait en confiance avec Thibault, peut être plus en confiance quavec moi
car tous les deux, potes depuis toujours, se retrouveraient dans une relation sur un pied dégalité, sans soumission/domination, une relation de réciprocité de rôles qui leur permettrait d'accéder à tout ce qu'il peuvent désirer dans une union entre mecs
Jérém pourrait ainsi découvrir avec Thibault des choses que je ne peux pas lui offrir
Et un instant plus tard je me trouve ridicule
je me dis que ce n'était qu'un rêve, si intense et mouillé soit-il... je relativise, j'essaie de penser à autre chose...
Je ne peux mempêcher pourtant de me sentir un peu coupable... coupable d'avoir rêvé non seulement de coucher avec mon beau brun, ce qui est par ailleurs image plutôt proche du bonheur absolu
mais aussi avec Thibault, le gentil Thibault... rêvé de lentraîner dans un triangle amoureux qui ne serait peut-être bon pour personne
Heureusement lheure du rendez vous avec ma cousine approche. Et ça
ça va maider à me changer les idées.
Retrouver Elodie un dimanche après midi, équivaut sans faute à sauver un dimanche après midi, à le secouer de sa morosité persistante qui plombe cette dernière demi journée de week-end
oui, parfois il me semble que le dimanche après-midi m amène déjà des échos de lundi matin... il n'y a pas pire moment et plus angoissant qu'un dimanche après midi passé sans rien faire... si... il y a le générique de début, et surtout celui de fin, du film du dimanche soir... le film peut raconter ce qu'il veut... pour moi il raconte toujours la même chose... va te coucher, andouille, demain y a boulot...
Bien sur, je suis en vacances, mais un dimanche vide reste un dimanche vide, ennuyeux... angoissant... surtout lorsque tant de choses et de questions sans réponse apparente trottent dans la tête, surtout quand une sieste trop longue vous a laissé engourdi, hébété...
Aux Américains à coté de la Fnac Wilson, la terrasse est presque bondée en ce début de soirée ensoleillé qui sent bon les vacances qui approchent.
Ma cousine est déjà là, lunettes de soleil de star, une couleur plus claire que dhabitude dans les cheveux... elle est presque blonde
comme toujours, simple et classe à la fois
avec ses énormes lunettes de marque, on dirait quelle se la joue pétasse
sciemment
pétasse assumée, pétasse avec humour... et avec humour, tout passe
Je la regarde textoter sur son portable
son pouce doit se déplacer à une vitesse approchant celle de la lumière
je la regarde faire et ça me donne presque le tournis
Elle est tellement prise par ses affaires que, au milieu du brouhaha et du va et vient incessant de clients et de serveurs, elle ne s'aperçoit même pas de mon arrivée.
Je finis par signaler ma présence en me raclant bruyamment la gorge. Elle se décide enfin à lever la tête, mon image traverse ainsi ses verres noirs et ça fait tilt dans sa tête...
« Mon cousin !!! » elle s'exclame avec un grand sourire.
Elle pose illico son téléphone, se lève et vient me claquer deux bises bruyantes tout en me serrant très fort dans ses bras.
« Ca fait plaisir de te voir
» elle me lance en retournant dare dare s'asseoir.
« Moi aussi ma cousine, moi aussi
» je lui confirme sur un ton lourd de sens qui semble vouloir dire « si tu savais tout ce que jai à te raconter
». Un « ton » qui néchappe pas à la miss.
« Oh oh oh oh oh... » fait-elle avec un air moqueur « tu m'as l'air d'un cousin qui a bien de choses à raconter à sa cousine... tu ferais bien de commencer de suite... j'ai un rancard dans deux heures... ».
« Tu m'a casé entre deux rancards ? » je feins de moffusquer.
« Oui, parfaitement... mais ce n'est pas le sujet... allez, accouche... ».
« Tu vas m'engueuler... » je temporise.
« Ok, pause... si je dois tengueuler, on commande d'abord... avec un peu d'alcool dans le sang ça passera mieux... » et elle enchaîne, en gueulant joyeusement « serveur !!!! ».
Lorsque le serveur approche, elle y va franco :
« Deux Mojitos, s'il vous plait... ».
« Mais... » je tente de m'imposer alors que le serveur est déjà reparti sans que je puisse lui faire savoir que j'ai plutôt une envie de bière blanche...
« Tais toi, toi aussi t'as besoin d'alcool... » elle me coupe « je sens qu'il va te falloir du courage pour me balancer toutes tes bêtises... ».
« T'es insupportable... » je rigole. Et encore, Elodie, tu ne te doutes même pas a quel point
« Oui, je sais... mais ce n'est toujours pas le sujet... » elle enchaîne « allez, crache le morceau... de toute façon, t'es plus à une engueulade près... ».
« C'est pas faux... » je tergiverse.
« Alors, tu es revenu dans le lit de ton beau serveur dès qu'il a claqué des doigts ? » elle balance en frappant plutôt juste.
De toute façon je suis un livre ouvert pour Elodie. Autant l'assumer.
« C'est plus compliqué que ça ma cousine... bien plus compliqué... » je tente de temporiser.
« Tic tac, tic tac... la montre tourne... » fait-t-elle sur un ton pressant .
Alors, contrairement à ce que je m'était promis, je lâche tout... un mot en appelle un autre, un fait en implique un autre, alors je ne peux rien taire
je lui raconte comment son t-shirt blanc moulant, son nouveau parfum et sa bise devant le restaurant boulevard de Strasbourg ont eu raison de toutes mes résolutions de ne plus rien lui concéder avant une mise au point, avant une bonne explication... comment devant son charme fou, j'ai été l'instigateur de cette pipe de dingue dans les chiottes de la Bodega (cest là quelle a failli s' avec sa boisson)... de comment Jérém a fait le con au KL, de ma rencontre avec Martin, du sketch de Jérém à cause de Martin, de mon hésitation, de ma capitulation devant son chantage
du retour en 205, de sa jalousie qui me met en pétard et qui me pousse à lui balancer que j'ai couché avec Stéphane... je lui raconte la virée au On Off, ma façon de le suivre comme un sage toutou, son petit tour dans la back room avec les deux mecs
je lui parle de la rencontre avec Romain, de la drague avec Romain, du plan avec Romain, de sa baise avec Romain, de son « rien à foutre » avec Romain, de ma baise avec Romain, de la provocation de Romain, de l'affrontement avec Romain, de notre conversation après le départ précipité de Romain, de ses questions sur mes rencontres, de ses confidences sur sa famille, sur le rugby et sur Thibault
et, pour finir, de l'amour dans le noir...
Et, en bonus, je lui parlerai aussi de la rencontre en tête à tête avec Thibault, quelques jours auparavant, de sa profonde tendresse vis à vis de Jérém... de mes questionnements intérieurs sur leurs relations... la seule chose que je ne lui raconterai pas, pour l'instant, ce sera ce putain de rêve de fou que je viens de faire cet après-midi là...
Je balance tout d'une traite, et elle m'écoute sans un mot, en sirotant son Mojito, tout en rythmant ma narration, mes rebondissements avec un jeu d'expressions du visage dont elle seule a le secret. Sans qu'elle ne dise rien, je devine à son attitude un brin surjouée les passages quelle « approuve » et ceux qui lui font grincer les dents... je sais qu'elle fait la conne pour m'amuser... et je sais qu'au final, même si elle napprouve pas tout, elle comprend et ne juge pas.
Pendant ma tirade, j'avais remarqué quelque chose de bizarre... elle semblait utiliser les doigts de sa main droite comme pour énumérer quelque chose... et j'avais remarqué aussi qu'à chaque fois qu'un nouveau doigt était levé dans ce comptage dont j'ignorais le but, derrière ses lunettes noires, lexpression de son visage se faisait de plus en plus dépitée...
Lorsque je m'arrête enfin, les cinq doigts de sa main droite son levés... elle vient de terminer son Mojito... elle me regarde fixement derrière ses grosses lunettes de soleil et elle ne dit rien... on dirait qu'elle est figée, médusée, pétrifiée par ce que je viens de lui raconter.
« Tu ne dis rien ? » je l'interroge au bout de quelques secondes « je t'ai définitivement fermé le clapet ? Quel exploit... »
« Je crois... » elle commence et elle s'arrête aussitôt, elle fait sa star.
« Oui.... » je la taquine.
« Je crois qu'avant de parler... » recommence-t-elle.
« Allez... » je m'impatiente.
« Je pense qu'avant de parler, j'ai d'abord j'ai besoin d'un deuxième Mojito... » finit-elle par lâcher sur un ton faussement dramatique. Son air dépité, bien que sur joué, est drolissime.
Je suis pété de rire. Et elle ajoute :
« Oui, j'ai besoin d'un autre Mojito... le Mojito, c'est une dose de pur bonheur coulé dans un verre... ».
« Allez... fais pas ta pétasse... engueule-moi... » je la relance.
« Non, d'abord une autre dose d'alcool... serveur... s'il vous plait... ».
Lorsque le serveur approche, elle joue la comédie façon diva.
« Vous n'auriez pas... euh... voyons... de l'absinthe ? Ou de l'alcool à brûler ? Ou un flingue ? ».
« Pardon ? » fait le serveur, pressé et un peu agacé.
« Naaan, je déconne... la même chose, sil vous plait
mais avec plus de rhum, s'il vous plait... et pour lui... ».
« Un coca ! » je m'impose.
« Un coca, un coca... » elle se moque.
« Oui, un coca ! » je confirme.
« Je vais faire pipi ! » elle m'annonce alors qu'elle est déjà en train de se lever.
Pendant les quelques minutes de son absence, je me demande si je ne lui ai pas rencontré trop de choses... je commence à redouter un peu ce qu'elle est capable de me balancer.
Elle revient au même temps que le serveur avec les nouvelles boissons.
Je commence à tirer sur ma paille, en silence. J'attends. Elle commence à siroter son deuxième Mojito. Elle n'a toujours pas proféré un mot depuis qu'elle est revenue des toilettes.
Je sais qu'elle me fait mijoter avant de me balancer des trucs bien à elle... elle soigne son entrée en scène... alors, pour précipiter le démarrage du spectacle, je la fixe avec un sourire appuyé. C'est là qu'elle lâche sa paille, qu'elle soulève légèrement son verre avant de le poser à nouveau, bruyamment sur la petite table métallique, avant de s'exclamer soudainement :
« CINQ !!! ».
« Quoi ? » j'interroge, pris au dépourvu.
« Cinq ! Sans blagues... » enchaîne-t-elle, sans me calculer, sur le même ton affolé « je ne savais même pas que c'était possible ! ».
« Quoi donc ? » je feins à nouveau de m'étonner alors que je viens soudainement de réaliser à quoi tenait son décompte.
C'est en s'aidant à nouveau avec ses doigts qu'elle énumère lentement :
« Une mise en bouche dans les chiottes de la Bodega... une première dégustation pour ce Romain... une sodo... euh... partagée... une autre pipe en terrasse pour bien finir la soirée... et ce feu d'artifice en t'arrachant du sommeil au petit matin... cinq fois... quoi... ».
« C'est ça, cinq... » j'assume, tout en rigolant comme un bossu « cest grave ? ».
« Moque toi, cousin... » fait-elle, victimiste, juste avant denchaîner sur le même ton « je n'ai jamais rencontré un mec capable de ça... cinq fois en une nuit... ».
« Tu déconnes... » je la charrie tout en me rendant bien compte de lexploit de mon bel étalon.
« Naaaan... je t'assure... max 3 fois et puis on nettoie et on range le matos... ».
« C'est vrai qu'il était en forme le petit con... » je confirme.
« Plus qu'en forme, oui... » elle commente « je ne sais pas à quoi il carbure, mais à mon avis aujourdhui il a passé sa journée à roupiller... ».
« Même pas
cet après midi ils avaient match... » je précise.
« En plus... » considère ma cousine « il est vraiment incroyable ce mec... ».
« C'est tout ce que tu as à me dire par rapport à tout ce que je viens de te raconter ? » je la provoque.
« Ouais... » fait-elle avec une tout petite voix.
« Tu me fais marcher... » je la taquine.
« Bah... non... » elle insiste.
« Si, tu me fais marcher... » j'insiste.
« Ok
comment te dire... mon cousin... euh... euh... eh bien... les mots m'en manquent... CINQ !!! Mais tu lui fais quoi à ce mec ? CINQ !!! Je t'oublie pendant une poignée de jours et tu te lâches... tu te lâches grave... naaaan... mais... t'es fou.... t'es un grand malade de raconter tout ça à ta pauvre cousine au cur fragile et surtout à la vie sexuelle désertique en ce moment... ».
« Arrête un peu, tu vas me faire chialer... » je lui balance «
tsssss
ça a connu plus de saucisses quun barbecue et ça se dit fille en manque
».
« Tu peux bien parler
toi, le boulimique de la queue
» elle renvoie du tac-au-tac.
« Tu vas pas me dire que tu n'as pas tiré ton coup ce week-end... et si c'est pas encore fait ça va être réglé avec ton rencard de tout à l'heure... ».
« Si, j'ai eu un tir de rappel vendredi soir... mais c'était un coup vite fait et niveau bogosse, le mec n'arrivait pas à la cheville de ton étalon habituel, ni de ce... Romain... que, si j'en crois ta description, était non seulement un sacré spécimen, mais un autre sacré bon coup...
Je me contente de sourire, tout en redoutant le moment ou ça va basculer en mode plus « posé »...
« Tu t'éclates mon cousin... » fait-elle en redevenant soudainement un peu plus sérieuse (mince, elle va déjà me faire la morale) « mais il me semble que ce n'est pas des baises à deux, à trois, à 27 que tu attends de ton beau brun... ».
« je ne sais pas
je crois que je viens de réaliser que si je veux avancer avec mon beau couillu, je dois être patient
» je rétorque du tac au tac ; comme je m'attendais à cette considération de sa part, j'avais travaillé les arguments à opposer « je sais quil n'est toujours pas prêt à assumer notre relation... alors, ma priorité cest de ne pas le perdre
alors, dans limmédiat je suis prêt à accepter de lui juste ce dont il a envie, quand il en a envie, comme il en a envie... et au milieu de nos baises... apprécier parfois un moment de tendresse et de partage comme ce matin... déjà le fait de savoir quil en est capable, cest une belle victoire
».
« Tu penses vraiment que tout lui passer va servir à vous rapprocher ? » elle rétorque.
« Oui. » je réponds avec assurance.
« T'es vraiment prêt à tout lui céder ? » elle insiste.
« Oui. ». Toujours avec aplomb et sans regret.
« Vraiment tout ? Sans limites ? » elle me pique.
« Oui, je pense... » je ne me laisse pas démonter.
« Tu lui donnes de belles habitudes... » elle commente.
« J'adore l'idée d'être sexuellement à sa complète disposition... » je concède.
« Ca je peux comprendre... mais tu aspires aussi à autre chose... alors, où est-ce que ça va t'amener tout ça ? ».
Elle est chiante... mais j'ai encore des arguments.
« Bah... disons que « tout ça» nous a déjà amené quelque chose d'important... » je tente d'expliquer, avant quelle me coupe :
« Comme par exemple à entrevoir entre ses mots et au fil de ses contradictions quelque chose qui ressemble à de la jalousie à ton égard... une jalousie super mal placée... culottée... limite hypocrite... mais bien présente... ».
« Ce qui me laisse imaginer que peut-être il tient un peu à moi... » je la coupe à mon tour « et pas seulement parce que je le fais jouir comme un dingue... ».
« Ouais, tu marques un point, là... cousin... » elle concède.
« Tout ça » je continue « nous a amené aussi à avoir notre première véritable conversation... « tout ça » a amené Jérém à s'ouvrir un peu à moi, à me laisser entrevoir ses fêlures... ».
« Là non plus tu nas peut être pas complètement tort, mon cousin... et quand tu mets tout ça ensemble... la fuite de sa famille, son besoin d'appartenir à un groupe, d'avoir des potes, de se sentir admiré
son amitié avec Thibault... je pense que si tu regardes bien, mon petit Nico, pour la première fois tu as en main une clé, encore imparfaite et incomplète, mais un début de clé pour percer le mystère Jérémie T.
évidemment, je pense que le chemin sera encore très long avant que tu aies en main toute la notice et le mode d'emploi de ton bel étalon, mais c'est un bon début... je pense que cette nuit a marqué un tournant dans votre histoire... ».
« Jai limpression aussi
».
Et elle continue : « Du coup, ça va vraiment être intéressant, par la suite, la façon dont tu vas te « servir » des cartes que tu as désormais en main pour commencer à décrypter sa façon d'agir... cette nuit risque de changer pas mal de choses entre vous... oui, « tout ça » peut décanter pas mal de choses... ».
« Tout ça... » je complète « nous a aussi amené tout droit a ce dernier gros câlin dans le noir... très doux, très sensuel
».
« Un câlin qui ressemblait plutôt à « faire l'amour » que « baiser »... » elle commente.
« Oui, cest exactement ça
» je confirme.
« Je pense que tout ça a été déclenché par le fait qu'il s'est senti en danger... » elle continue « il a compris qu'il pouvait te perdre... et ça l'a mis en pétard et ça la remué... alors, plutôt que d'assumer sa jalousie, il a du chercher une façon de sortir la tête haute... une façon de te rendre plus jaloux encore... ».
« Tu crois que c'est pour ça qu'il a voulu aller à l'On Off ? ».
« Je n'en sais rien, mon cousin... possible... à mon avis, sil a voulu aller dans une boite gay, ça peut être pour plusieurs raisons... se faire mater, exercer son pouvoir de séduction sur un public différent de celui habituel... il avait peut-être envie de voir si d'autres mecs lui faisaient l'effet que toi tu lui fais... se prouver... je ne sais pas trop quoi... tu sais, la plupart des mecs on tout le temps besoin de se prouver quelque chose... ou peut-être qu'il voulait juste te faire chier, pour se venger du fait que tu lui ais tenu tête, que tu lui ais ôté l'illusion d'être sa chose exclusive... ».
« Ca doit être ça, oui... » je réfléchis à haute voix.
« Ou alors... » continue-t-elle « Jérém est tout simplement un garçon de 19 ans en train de perdre tous ses repères
et lorsquun mec est en perte de repères, cest souvent dans la confrontation et dans le défi quil cherche à se raccrocher
».
« Et le beau Romain s'est trouvé sur sa route, au bon endroit, au bon moment... » je commente « quand je pense que Jérém ma entraîné dans un plan de dingue avec le premier venu... ».
« Au fait... » elle relance avec une moue dubitative « je ne suis pas sûre que ce mec était vraiment le « premier venu », comme tu le dis... je ne sais pas s'il s'est incrusté dans votre soirée par hasard
à mon avis, ce mec a déclenché quelque chose chez ton bobrun
alors, je crois plutôt que ce mec a été quelque part « choisi » par ton Jérémie, consciemment ou pas
choisi pour ce quil représentait, un séducteur, un chasseur, un mec avec auquel se confronter
un mec plus âgé que lui, expérimenté
et non pas un minet transi
un nouveau challenge pour sa capacité de séduction
» .
Je réfléchis. Je sirote nerveusement mon coca. Je ne sais pas trop quoi rétorquer. Profitant de mon silence, elle enchaîne :
« Et tu t'es senti comment devant les ébats de ton beau brun avec ce mec ? Je veux dire... tu y a pris part à plusieurs reprises, si jai bien suivi... mais quand tu les regardais juste faire... pas trop frustré ? Excité ??? ».
« Abasourdi
je dirais
» j'avoue « j'étais partagé entre une excitation de dingue devant cette scène de sexe entre deux bogoss... et voir mon mec en train de prendre son pied avec un autre... cest juste
comment dire
hummmmm... ».
« Je te l'avais dit... » elle me coupe « ça fait partie des bons gros fantasmes... un fantasme un peu risqué quand on est amoureux, mais un très bon fantasme... ».
« Mais à coté de ça
et par moments jai également ressenti un sentiment dhumiliation
».
« Humiliation ? » elle s'étonne.
« Oui... l'humiliation de mavoir fait venir pour assister à ça
alors que ce connard de mec connaît très bien mes sentiments pour lui... je trouvais ça méchant... ».
« T'es incroyable, cousin... mais tu t'attendais à quoi en acceptant de prendre partie à ce plan à trois ? ».
« J'en sais rien... j'avoue que je n'y ai pas trop pensé sur le moment... ce qui comptait à mes yeux c'est de ne pas rentrer en sachant que mon Jérém allait coucher avec ce gars
jaurais trouvé ça insupportable... ».
« Alors tout va bien
» elle simplifie « il ne ta pas laissé sur le carreau
ça aurait été pire sil tavait dit « tchao » en rentrant avec le barbu
».
« Cest vrai
mais.. le fait est
» je tente dexpliquer « que tout ça a été tellement rapide
inattendu
déstabilisant
étrange
».
« Je comprends... » elle me rassure « mais en même temps
le comportement de Jérémie, dérouté par l'effet « Romain », ne pouvait être qu"impulsif"
à mon sens tout devait se passer dans linstinct, la pulsion, le coup de tête... en plus tu étais là... ça devait être un sacré bordel dans sa tête... même si au même temps sil ta invité à te joindre à eux, cest pour se rassurer
».
« Je suis inquiet, Elodie... » j'enchaîne sans transition.
« Pourquoi, inquiet ? » elle s'étonne à nouveau.
« Justement à cause de ce que tu appelles « l'effet Romain... »
du fait que si mon beau brun s'est découvert un penchant pour se frotter à des bogoss aussi virils que ce Romain
un jour il aura envie de recommencer
et, avec sa gueule et son physique, il naura aucun mal à le faire
à le faire sans moi... et sans moi à le perturber
aller au fond de ses fantasmes... je suis inquiet que cette envie puisse le prendre, que cela puisse le perdre
».
« Je vois, je vois
» fait ma cousine.
« Sur le moment, jai trouvé ce plan excitant » je continue « mais à posteriori, plus jy pense, plus je suis quand même jaloux
oui, j'ai aussi ressenti de la jalousie en voyant ce gars profiter de mon Jérém
».
« Cest normal que tu sois inquiet et jaloux
tu es amoureux mon cousin
».
« Je suis aussi inquiet de savoir comment tout ça va changer notre relation demain, dans une semaine
comment Jérém va vivre ça dans sa tête
je me demande dans quel état desprit il est là, à lheure quon parle... en ce moment il doit être en train de fêter la victoire avec ses potes
mais je me demande quand est-ce que je vais le revoir... et dans quelle disposition il va être envers moi... ».
« Tu te prends trop le chou, Nico... » se lâche Elodie « laisse le mijoter un peu... ne le saoule pas trop avec tes états d'âme et tes questionnements... et quand il ne se l'attendra pas, balance lui une proposition de sexe à brûle pourpoint comme hier soir à la Bodega... il a aimé ça, non ? Rends-toi sexuellement indispensable, mais pas chiant... ».
« Je me demande sil a déjà couché avec dautres mecs
sans moi... » je divague.
Ma cousine est en train de tirer sur sa paille, alors j'en profite pour aller plus loin :
« Est-ce quil a déjà fait ça avec un pote ? Tiens... pourquoi pas... avec... avec Thibault... ».
« Tu délires mon cousin, tu délires... tu prend ton cas pour des généralités et tes rêves pour des réalités... » elle plaisante.
« Ils sont tellement proches ces deux là... » je continue sans tenir compte de sa remarque « lorsqu'il parle de son Jéjé... Thibault a un regard si particulier... un regard de mec... ».
« Amoureux ? » elle me coupe, moqueuse.
« Je ne sais pas... quand je pense à ses mots... à sa gentillesse... à son affection pour Jérém... j'ai l'impression qu'il tient à lui plus qu'à quiconque... et Jérém c'est pareil... son pote Thibault, c'est sacré, il l'adore... et puis... Thibault sait tout de moi et Jérém... il avait déjà deviné avant, mais depuis qu'on en a parlé, ça doit tourner dans sa tête... je me demande si dans certains de ses regards... comme lorsqu'il nous voit partir de boite rien que tous les deux... je me demande s'il n'y a pas de la jalousie... ».
Et jessaie détayer mes crainte en lui racontant de comment Thibault a débarqué dans les chiottes de la Bodega juste après le départ de Jérém pendant que je me lavais les mains, de comment son regard mavait semblé frustré, affecté.
« Thibault jaloux ? » elle relance « Tu veux dire... jaloux que tu couches avec son pote ? Et, dans ce cas... jaloux de qui ? De Jérém ? De toi ? Ou alors tous simplement jaloux que tu lui piques son pote, que tu l'éloignes de ce fait un peu de lui... jaloux ou juste frustré du fait qu'à cause de toi ils passent moins de temps ensemble et qu'ils partagent moins de choses ? ».
« Je ne sais pas trop... je ne sais plus trop quoi penser... » j'admets, juste avant de me laisser échapper « j'ai même rêvé qu'ils couchaient ensemble... ».
« Qui... Jérémie et Thibault ? »
« Ouais... tout à l'heure à la sieste... Jérém et Thibault couchaient ensemble... et à la fin, ils s'occupaient tous les deux de moi à tour de rôle... ».
« Elle n'est pas belle la vie ? » elle se moque.
« Tu rigoles... je ne m'en suis toujours pas remis... c'était si réel, si bon !!! » j'admets , rêveur.
« T'es dingue mon cousin... » elle commente.
« Je ne veux pas me brouiller avec Thibault... » je continue « je l'aime vraiment bien ce gars et je ne veux pas le blesser... Thibault est un garçon tellement gentil et adorable... pas envie de m'interposer dans leur amitié, je ne veux surtout pas les éloigner... Thibault le vivrait très mal... mais Jérém ne me le pardonnerait pas... je veux être ami avec Thibault... mais comment être pote avec lui s'il en pince lui aussi pour le gars que j'aime ? Dun coté je pense que je trouverais ça presque naturel que ces deux là se fassent du bien
beau
magique
comme dans mon rêve
mais je pense quau final je serais pire que jaloux de les savoir lun dans les bras de lautre
je serais jaloux car leur longue complicité pourrait donner envie à Jérém à sabandonner à des gestes tendres avec Thibault, des gestes quil a du mal à assumer avec moi
».
« Mon cousin, je pense que tu fais fausse route au sujet de Thibault... ».
« Tu crois ? ».
« Jérémy et Thibault, ce sont deux potes inséparables, amis d'enfance, coéquipiers au rugby... depuis toujours, leur relation est fusionnelle... j'ai envie de dire que Jérém et Thibault... cest un lot... ».
« J'adore l'image, « Jérém et Thibault, c'est un lot... » je note... » je plaisante. Ma cousine a vraiment le sens de la formule.
Cest sur cette bonne note quon se quittera ce soir là.
« Bon, allez... mon cousin... » elle enchaîne sans transition « c'est pas tout, mais je suis attendue... ne te prends pas trop la tête avec tout ça... prends les choses comme elles viennent... mais essaie de te protéger... ».
« Facile à dire... »
« Cest pour ça que je préfère donner des conseils que les suivre
» elle se marre.
« Ca m'a fait du bien de discuter avec toi, comme toujours
» je tente de la remercier.
« Pas à moi... vos exploits entre mecs m'ont sapé le moral
» elle recommence.
Je rigole. Elle aussi. On se prend dans les bras l'un de l'autre et on se serre très fort.
« Il faut quon trouve un soir pour aller voir un film qui est sorti il y a déjà quelques temps mais qui a lair super bien
».
« A savoir ? ».
« Moulin Rouge, tu vois ? ».
« Ah, oui, jen ai entendu parler
».
« Avec la grande Nicole
».
« Et surtout le charmant Ewan
».
« Tu perds jamais le nord, mon cousin
».
« Cest une comédie musicale, non ? ».
« Genre, mais ça a lair complètement déjanté
je pense que je vais adorer
».
« On se fera ça, promis
».
Je l'accompagne jusqu'à l'entrée du Métro Capitole et je rentre chez moi un brin rassuré par cette conversation avec ma cousine.
Il est 20 heures, je me dis que le match doit être terminé depuis longtemps... que les bogoss doivent être à la troisième mi temps... je suis heureux de savoir que mon Jérém s'éclate au rugby... franchement, j'aurais du faire l'effort d'aller le voir jouer... malgré la fatigue... lui il a bien joué, malgré la fatigue... je suis impardonnable...
Alors, pour essayer de rattr un peu le coup en lui montrant que je m'intéresse quand même un peu à sa passion, je trouve bien de lui envoyer un sms pour lui demander comment ça s'est passé.
Ainsi, après maintes écritures et corrections, je finirai par lui envoyer :
#Pas trop dur le match ? Quel score ?#
A la maison, tout est prêt pour dîner. C'est quand même bien la vie d'étudiant en vacances... On mange, on sort, on baise, on dors, on mange, on sort, on est amoureux, on dort... il faut en profiter, car la vie ne sera pas toujours aussi simple et belle...
« Elle racontait quoi Elodie ? » me demande ma mère en plein dîner.
Une question simple, appelle des réponses claires.
« Qu'elle baise chaque week-end avec au moins deux gars différents », « quelle a été impressionné par ma vie sexuelle avec mon bel étalon », « Qu'il faut pas que je m'inquiète pour le meilleur pote du mec avec qui je couche, car il ne me le piquera pas
».
Des réponses qui ne franchiront par la barrière de mes pensées et qui seront remplacées par des banalités, style nos projets de sorties cinéma, une imaginaire conversation « prise de tête » au sujet d'un mec qu'elle aurait rencontré
bref, je deviens bon, voire très bon, dans l'art de l'esquive.
Le dîner terminé, jaide maman à débarrasser ; je monte ensuite dans ma chambre et je commence à zapper. Et cest là que je tombe avec bonheur sur le générique de début dun grand classique
du pur bonheur
La première fois que j'ai vu ce film à la télé, jétais très jeune, mais déjà je trouvais que cette musique avait une dimension sensuelle... et je ne parle pas des paroles ou des gestes du protagoniste masculin...
aujourd'hui encore, ce générique me fait l'effet d'une petite ivresse...
Ca démarre avec des accords de guitare lents, voluptueux comme une excitation qui déferle par grandes rafales... les cordes prennent le relais peu après, pétillantes, nouveau plaisir, plaisir intense... la voix arrive et se mélange avec la musique dans une étreinte puissante... elles ondulent ensemble sur une répétition mélodique incessante, inlassable, comme des corps enlacés dans l'amour... le rythme est puissant, chaque coup de batterie est un pur plaisir, un plaisir un peu plus agréable que le précédent, comme une ivresse des sens qui monte
cette musique est pour les oreilles comme une rafale de vent frais, inattendue, sur la peau... une sensation qui nous fait sentir vivants et qui, pendant un instant, nous secoue de nos soucis, nous fait sentir libres, comme en nous annonçant que tout est à notre portée... sans même parler du texte, où il est question d'un amour qui a raison de tout...
Le générique défile, le film commence... les années 50... l'insouciance dorée des étudiants américains... les blousons en cuir portés sur de simples t-shirts blancs... Danny avec ses potes... Sandy avec ses copines... les chanson s'égrainent... les scènes et les tableaux se succèdent, entre rythmes entêtants et tableaux de danse à couper le souffle... Summer night... Hoplessy devoted to you... ****** lighting... You are the one... Oh Sandy... autant dhymnes à la jeunesse et à la beauté, à la passion, au bonheur de cet âge où les plus grands malheurs sont les peines de coeur... comment ne pas se laisser transporter...
Ainsi, sans que j'ai vu le temps passer... « Love is a many splendored thing » enchaîne déjà avec le générique de fin... le même que celui du début, écrit par Barry Gibb... ah, si les Bee Gees n'avaient pas existé.... quelle tristesse...
Ce film, cette musique... du pur bonheur à jamais gravé sur vinyle et imprimé sur pellicule... aussi bon que du ABBA pour filer la pêche...
J'avais 12 ans la première fois que j'ai vu ces images et entendu cette musique, la première fois que j'ai vu Grease à la télé... c'était une sensation indéfinissable... mais au fond de moi, je savais déjà que ce seraient les Danny et non pas les Sandy qui attireraient mon attention plus tard...
J'éteins la télé dès la fin du générique, j'ai envie de silence, envie de laisser résonner un peu plus longtemps en moi cette petite ivresse...
J'att mon portable pour voir s'il n'y aurait pas une réponse de mon beau brun. On peut toujours rêver. Il y a bien un message, mais c'est Elodie me notifiant que son plan du dimanche soir a foiré et m'annonçant vouloir changer de sexe pour devenir pd et avoir une vie sexuelle épanouie.
Je vais me coucher en pensant à mon beau brun... j'ai envie de le revoir, vite... j'ai envie de lui... mais ce soir j'ai surtout envie d'un bon câlin doux... de le serrer dans mes bras... même pas un gros câlin
juste être avec lui, mendormir à ses cotés
Je me décide enfin à ranger son t-shirt dans l'armoire... et lorsque je me mets au lit, je sens la fatigue me happer à nouveau... j'ai fait une longue sieste mais j'ai tellement de sommeil en retard, que je sens que je ne vais pas tarder à plonger à nouveau... j'espère que le match s'est bien passé... il aurait quand même pu me répondre... j'ai envie de lui... juste le voir, juste voir son sourire...
Je me réveille à 9 heures pétantes en ayant dormi comme un bébé. C'est beau d'être étudiant en vacances... je me douche, m'habille, je vais courir. Midi arrive... je rentre... je mets les pieds sous la table... c'est beau d'être étudiant en vacances... pourvu que j'aie de ses nouvelles avant ce soir... demain c'est le départ pour Londres... je suis tellement inquiet de ne pas le revoir avant mon départ que jen arrive presque à trouver fastidieux de devoir partir
alors que je devrais être excité comme un poux, car je vais à mon premier concert de Madonna !
Je voudrais bien le voir avant de partir, mais ça va être court...
L'après midi je travaille un peu le code à la maison... je repense à Martin... ça va être simple de le revoir à l'autoécole et de prendre des cours de conduite après la drague de samedi soir et l'énorme lapin que je lui ai posé... quand je pense quil a du se la mettre sur loreille pour la fumer plus tard
De temps en temps, je regarde mon portable... toujours pas dsms de Jérém.
Je suis un peu déçu, de plus en plus déçu au fil des heures qui passent, mais ça c'est du Jérémie. Il peut très bien ignorer mes messages après m'avoir fait des câlins et m'avoir fait l'amour...
Un message arrive enfin vers 16 heures... je me précipite dessus... ce n'est pas le message que j'attends, toujours ma cousine... putain... j'aime ses messages drôles, mais il faudrait qu'elle arrête de me faire des fausses joies...
J'ai envie de le relancer, d'envoyer un autre message... mais je ne sais pas quoi écrire, tout me semble rélou venant de ma part... et n'ai pas envie qu'il se sente harcelé... je décide d'aller marcher le long du canal... jadore marcher sur le canal
cest apaisant, dépaysant
en marchant je me dis que cette nuit il a du faire la nouba jusquà tard avec ses potes
et quaujourdhui il doit bosser à la brasserie
voilà pourquoi il n'a pas encore répondu à mon message...
Enfin... il aurait quand même pu menvoyer un petit coucou
ça prend dix secondes... bref... du Jérém... il faut que jarrête de penser à lui
à Jérém en tenue de serveur, avec sa chemise blanche si sexy
il faut que jarrête dy penser car plus jy pense, plus je sens que cette rue de Metz m'attire comme un aimant...
Il ne faut surtout pas que je cède à la tentation
une fois ça va, en compagnie de Thibault, pour marquer le coup de son premier jour de taf, ça passe
mais si je me pointe seul... avec ma tête de mec en manque
ça ne va pas le faire...
Je marche toujours
et pris dans mes pensées, je me surprends à roder dans les quartiers autour du Pont Neuf... je dérive
comme pris dans un courant marin imperceptible
je tente de résister
de mettre de grandes brassées pour repartir vers le rivage
le quartier St Michel
mais rien ny fait
je pars à la dérive
j'ai trop envie de le voir avant de m'envoler pour Londres
Je me dis qu'après tout, un petit coucou style mec qui passe vite faire un coucou sans sarrêter, car il est pressé, ça pourrait passer... jai juste besoin de le voir
de voir son sourire... en dirigeant désormais mes pas vers la rue de Metz par le chemin le plus court et à bonne allure, je cherche quelque chose d'original et/ou marrant à lui balancer si jamais son sourire mautorisait à marrêter une seconde
bien sur, je ne trouve rien de valable... l'important c'est de voir mon beau brun
pour le reste je vais improviser...
Evidemment, plus j'approche, plus je me sens mal à l'aise... j'angoisse... je commence à me laisser gagner par l'idée que s'il ne m'a pas répondu, c'est qu'il fait la gueule...
Lorsque je rentre dans la rue de Metz, mes pas ralentissent tout seuls... je m'arrête carrément, indécis si je dois continuer ou si je dois faire demi tour...
Mon envie de le revoir aura raison de mes hésitations. Je me fais violence pour avancer, pour y aller d'une seule traite, sans ralentir. Et lorsque j'arrive à proximité du fameux abribus où la dernière fois je m'étais fait gauler par Thibault, je me poste pour guetter sa présence...
Je reste plusieurs minutes... je vois défiler tous ses collègues... mais pas de Jérém... je me dis quil est peut-être à l'intérieur... je décide de prendre sur moi
je décide d'en avoir le cur net.... et tant pis sil me regarde de travers
rentrer dans une brasserie pour prendre un café et accessoirement chercher à voir le mec quon aime, nest pas puni par la loi, que je sache
Je rentre donc à l'intérieur en essayant de dissimuler mon malaise coupable qui doit se lire sur ma personne, et je commande un café... pendant que le mec derrière le comptoir trafique à la machine expresso et que le parfum de torréfaction ravit mes narines, je laisse courir mon regard dans la salle
quelques clients
mais pas de trace de mon beau brun... mais il est où, alors ?
Je n'aurai pas vraiment loccasion de me poser trop longtemps la question, car une petite conversation captée entre le patron et l'un des serveurs, me donnera un début de réponse :
« Julien... » fait le type derrière le comptoir en sadressant à un charmant serveur qui vient de le rejoindre.
« Oui, patron » lui répond le jeune serveur.
« Tu peux faire l'après midi demain, exceptionnellement ? ».
« Jérémie ne sera pas là ? ».
« Non, apparemment il est en arrêt au moins jusqu'à jeudi ».
« Qu'est ce qui lui arrive ? ».
« Une blessure au rugby, un truc à l'épaule si j'ai bien compris
».
Mon café manque de partir en travers dans ma gorge. Merde
voilà pourquoi mon bobrun n'est pas au taf
soudainement je sens mon adrénaline monter en flèche, rapidement je suis dans un état de fébrilité intenable... j'en tremble...
Jérém blessé... au rugby... lors du match contre Cugnaux... mais que s'est-t-il passé ? Est-ce que cest grave ? Est ce qu'il pourra jouer dimanche prochain pour la finale ? Il doit avoir le moral dans les chaussettes, surtout s'il n'a pas pu terminer le match... il doit être chez lui
je vais aller le voir
je me lève
je me dirige vers lentrée
jentend quelquun qui mappelle avec insistance « monsieur ! monsieur ! sil vous plait »
bien sur, je nai pas réglé mon café
jouvre mon portefeuille, les mains tremblantes
je fais tomber les pièces
Je suis enfin dans la rue
aller le voir
est-ce vraiment une bonne idée ? Sil est en pétard
je vais être reçu
impossible de pas me dire que notre folle nuit ny est pas pour quelque chose dans son accident
bien sur, un accident, est un accident
cest la faute à pas de chance
mais si seulement il avait dormi un peu plus
il aurait peut être été plus en forme
et ça ne serait pas arrivé
Cest sur, je suis peut être la dernière personne quil a envie de voir
mais jai besoin den savoir plus
alors devant mon QCM à la Jean-Pierre Foucault :
A Il est blessé et cest grave
B Il est blessé, cest pas grave, il est en pétard
C Il est blessé, il men veut à mort
D Il est blessé, mais une visite lui ferait plaisir,
je choisis le joker
coup de fil à un ami
enfin
puisque je ne suis pas loin
ce sera plutôt, visite surprise à un amis.
Je traîne de rue en rue, en attendant 18 heures, je passe dans la rue Alsace Lorraine devant le magasin de portables
le beau Mathieu est là, en train de montrer un appareil à un mec qui nest pas moche non plus
Mathieu, qui a couché avec Romain
Romain, qui a couché avec Jérém
Jérém, qui sest fait mal au rugby
pourvu que ce ne soit pas grave
Je presse mon pas, car cest lheure de faire appel à mon joker
ma stratégie est toujours la même, lattendre à la sortie de son taf près de la gare Matabiau. Et lorsque sa silhouette déboule dans la rue, lancée à bonne allure, le pas assuré, la sensation est toujours la même
putain, quest ce quil est bien gaulé, quest ce quil est charmant et séduisant, comment tout transpire la gentillesse et la droiture chez le beau et bon Thibault
un mec comme si beau ça donne envie de faire de la mécanique
Thibault t-shirt vert scandaleusement ajusté à son torse tout en muscles
avec un bord blanc autour de ces manchettes si bien remplies, ainsi quautour de son cou puissant
ce t-shirt est un truc de ouf
mais comment peut-on être aussi bien foutu
et si sexy
avec un simple t-shirt, un jeans, et des baskets ? Secret de bogoss
Le pire chez les garçons comme Thibault, cest quils ne le font même pas exprès, il ny a pas de « but » recherche, contrairement a un Jérém, au look soigneusement réfléchi
Thibault est juste beau, nature
et ça
putaiiiin
« Thibaut ! » je linterpelle en traversant la rue, alors quil ne mavait pas encore capté.
Lorsque son regard se tourne vers moi, je me sens mis à nu. Cest dingue la puissance de son regard
il y a tant de beauté et de gentillesse dans ce regard
on a envie de lui faire un bisou
Cest ce quon fera
un échange de bises, bien viriles
Ce sera loccasion de sentir une fois encore sa présence dans mon espace vital, bonheur indescriptible
de sentir un mélange dodeurs dans lequel je crois pouvoir distinguer lodeur de propre de son t-shirt
lodeur du savon avec lequel il sest lavé avant de débaucher
le tout mélangé avec une petite odeur de cambouis persistante
bref, une odeur de propre et de bon, une odeur de mec bosseur et bien dans ses baskets
La bise faite, mon regard tombe sur son avant-bras
évidemment quil est propre, pas comme dans ce putain de rêve... si tu savais Thibault... comment j'ai rêvé de toi et de ton pote hier après midi... stop Nico, arrête d'y penser, la trique te guette
il te faut garder tes moyens
déjà que en reculant je nai pas fait attention au bord du trottoir, et que la seule chose qui a failli me faire casser la gueule cest la main de Thibault, aussitôt tendue, qui matt par lavant-bras
ainsi que ma main, sélançant pas réflexe et sagrippant, non sans bonheur, au biceps tendu du beau mécano
putain quest ce que cest puissant ce biceps
le voir est une chose
le sentir, cest une expérience à part entière
« Ca va Nico ? » il enchaîne avec un beau sourire qui me fait un peu oublier la gêne du fait davoir que jai failli me casser la gueule devant lui. Quand je dis quil est adorable
« Ca va, et toi ? » je relance.
« Ouais ça va... » sera sa réponse. Pourtant, jai limpression que son regard ne colle pas avec ses mots. Je remarque sur son visage, sur le nez, la joue et le front, les contusions typiques d'un match de rugby difficile.
Je crains un peu la réponse à la question qui me brûle les lèvres, mais jai besoin de savoir. Alors jy vais sans détours.
« Qu'est ce qui est arrivé à Jérém ? Il s'est blessé? ».
« Tu las eu ? ».
« Non
mais comme il ne répond pas à mes messages, tout à lheure je suis passé à la brasserie... jai entendu un serveur en parler... ».
« Cest l'épaule qui est touchée... ».
« C'est grave ? »
« Apparemment il n'y a rien de cassé, cest douloureux car il a pris un sacré pet... ».
« Qu'est ce qui sest passé ? ».
« Le rugby est un sport dangereux » il plaisante.
« Jimagine
».
« Le match a été très dur... » il reprend sur un ton plus sérieux « au milieu de la deuxième mi temps, un joueur de Cugnaux la plaqué et Jéjé est mal tombé... ».
« Toi aussi t'as pas l'air en forme... » je relance.
« Le match a été dur... » il répète.
« Et comment ça s'est fini, vous avez gagné ? » je m'inquiète.
« Malheureusement... non
» soupire le beau mécano « malheureusement, non
».
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