48.1 Dans L'Espace Et Dans Le Temps.
3 septembre 1998... c'est d'un pas timide, avec une allure craintive que je rentre dans la cour du lycée... et lorsque le laisse mon regard balayer ce grand espace encore inconnu pour essayer de m'y familiariser, je le remarque instantanément... brun, peau mate, un t-shirt noir qui lui va comme un gant sur un torse déjà prometteur à son jeune âge, une chaînette négligemment posée sur le coton noir, un jeans bien coupé, des baskets Nike... et une casquette, noire elle aussi, posée à l'envers sur ses cheveux bruns... il est là, au beau milieu de cet espace ouvert, à l'aise, en train de discuter et de déconner avec d'autres garçons... et ce sourire, ce sourire de dingue qui semble illuminer non seulement toute la cour du lycée, mais la vie toute entière... ma vie toute entière...
Presque trois ans plus tard...
Le lendemain de la rencontre avec Thibault, je me réveille avec des sentiments partagés.
Pendant la nuit, j'ai rêvé du beau pompier... oui, j'ai rêvé du beau et adorable Thibault dans sa belle tenue de soldat du feu... cette uniforme qui souligne la beauté des corps, tout en leur donnant cette « aura », cette dimension de force et de soumission à lautorité... et, dans le cas des pompiers, du courage, du don de soi
cette putain de tenue qui ajoute du charme au charme...
Oui, cette nuit j'ai à la fois rêvé de Thibault et cauchemardé sur sa mission... dans mon délire onirique, Thibault secourait Jérém après sa blessure lors du match (oui, c'est un faux raccord... dans un plan Thibault était en maillot, et dans le plan suivant il était en uniforme, cherchez l'erreur... ça a du foirer au montage...) et l'amenait aux urgences... dans... sa propre bagnole... oui, c'est toujours un rêve... un rêve qui se transforme en véritable cauchemar lorsque le beau médecin qui prend en charge mon Jérém déclare, après radio, que la blessure est plus grave que ce qu'elle n'y paraît... le beau médecin est formel... Jérém ne pourra plus jamais jouer au rugby.
A l'annonce du diagnostic, Jérém s'énerve, bondit comme un fauve, il veut cogner le médecin, d'autant plus que je sais qu'il a reconnu en lui le mec qui m'a dragué au KL... ça ne tient qu'à Thibault que ça ne parte pas en vrille, Thibault qui retient son pote, le fait asseoir, le serre dans ses bras... Jérém est très énervé, terrassé par cette nouvelle... plus jamais pouvoir jouer au rugby... toute sa vie qui vole en éclat... des sanglots secouent son torse sculpté... Thibault le prend dans ses bras, il pose ses lèvres sur son front, sur sa joue, jusque dans son cou...
Leur étreinte est si tendre, si forte, si belle à voir... front contre front, Thibault essaie de calmer son pote le serrant très fort contre lui, pleurant avec lui... c'est si touchant que je me réveille en larmes...
Et je me réveille avec un profond sentiment de malaise... bien sur, ce n'est qu'un rêve... mais c'est le genre de rêve capable d'éveiller l'angoisse et de la laisser retentir un moment après le réveil...
Mince alors... c'est le jour J... je devrais être tout guilleret de partir trois jours à Londres avec ma cousine, avec pour point d'orgue mon premier concert de Madonna... pourtant, je me sens tellement mal vis à vis de Jérém, que si je pouvais décaler notre départ d'un jour ou deux, je le ferais sans réfléchir... tiens, je vais appeler Madonna pour voir si elle peut reporter
ce qui serait par ailleurs très con... je sais bien que ça ne servirait à rien... ça n'arrangerait rien... bien au contraire... essayer de le voir, ce serait même sûrement un très mauvais choix... pourtant, j'ai très envie de savoir comment il va... j'ai le sentiment qu'il m'en veut... le silence avec lequel il a répliqué à mon sms m'inquiète... et aussi... j'ai très envie de lui faire une dernière pipe avant de partir... ma contribution pour soigner sa blessure... j'ai lu quelque part que l'orgasme libère des endorphines qui ont un effet antidouleur et relaxant, avec une effet positive sur l'humeur.
Mais je n'en aurai pas l'occasion... le temps presse, l'avion décolle dans moins de 4 heures... de toute façon, je sais que je le laisse dans de bonnes mains... celles de Thibault... ce garçon si touchant, si droit, si adorable... je sais qu'il est le plus à même de s'occuper de Jérém... bien plus que moi...
Thibault saura aller le voir quand ce sera le moment et trouver les mots pour l'apaiser... si moi j'y allais, ça n'aurait probablement d'autre effet que de le mettre encore plus en pétard... Jérém a besoin de temps pour guérir sa blessure à l'épaule, et surtout la blessure à son ego de mâle et de joueur... il a juste besoin de son pote...
Et si tout rentre dans l'ordre avant dimanche... si j'évite de le remettre un peu plus en pétard avec une visite qu'il n'apprécierait pas... peut-être que j'ai encore quelques chances de le revoir... il faut qu'il puisse jouer et qu'il gagne dimanche... ça le mettra de bonne humeur et peut-être il aura envie de fêter ça avec moi sous la couette...
En attendant, merci Thibault pour m'avoir rassuré...
« Là il est un peu abattu
mais je suis sûr qu'il va vite se remettre en état de marche et que dimanche prochain il va tout déchirer... on va tout déchirer... Jéjé est comme ça... quand le vent tourne, il démarre vite... mais il est aussi capable d'incroyables sursauts pour obtenir ce qui lui tient à cur... ».
Merci aussi pour ces mots qui me font un bien fou lorsque je les repasse dans ma tête...
« Il tient à toi, cest sûr
il peut se comporter comme un con, mais il tient à toi
je pense quil aurait été très malheureux si tu étais parti avec lautre mec
».
Merci d'être là Thibault, je sais que tu sauras le remettre debout. Pour lui, pour toi, pour moi.
Petit à petit j'arrive à positiver. Il est 8 heures passées, j'ai rendez vous dans une heure et demie avec Elodie à Jean Jaurès pour prendre la navette direction Blagnac. Je me félicite tout seul d'avoir pensé à préparer ma valise hier soir, pas besoin de courir ce matin.
Je me lève, j'ouvre le rideau... il fait super beau dehors... j'att mon portable... une enveloppe clignote... un sms d'Elodie...
« Ready to meet Madonna ? »
Je l'adore. J'émerge petit à petit de mon sommeil. Je m'étire... j'ai bien dormi, je me sens bien... c'est vrai, dans deux jours, le jeudi 12 juillet 2001, ce sera le jour J. Mieux. Le Jour M... Soudainement, autour de moi, tout est calme, luxe et volupté... je suis heureux...
Je me douche, je m'habille, je descends prendre le petit déjeuner.
« Alors, prêt pour le grand jour ? » me demande maman avec un grand sourire.
« Oui, très impatient... ».
« Ca fait longtemps que tu attends ce moment, tu vas t'amuser comme un petit fou... je me souviens du concert de Michael Jackson, ici à Toulouse en 1992... un truc de malade... tu vas t'amuser, c'est certain... ».
« J'en suis sur... » je rétorque, m'installant définitivement sur un petit nuage se levant de plus en plus haut dans le ciel.
« Si j'avais le temps et si je n'avais pas peur de te mettre la honte, je serais venue moi aussi... » me lance maman.
Elle est géniale maman. Je souris. Elle aussi. On rigole. Ca fait du bien.
« Ca me fait plaisir de te voir si heureux... en plus avec Elodie, vous allez rigoler comme des bossus... ».
Maman a raison. Si je suis heureux d'aller voir ce concert, je le suis deux fois plus du fait de la présence d'Elodie... la perspective de pouvoir partager ce moment avec elle, ainsi que pleins d'autres pendant ces trois jours, mes premières vacances à l'étranger sans mes parents... me rend tout guilleret...
Je regarde l'heure... elle tourne vite ce matin... il faut que je me dépêche, le rendez-vous avec Elodie approche. Je monte chercher ma valise. Je descends.
« Envoie un sms pour dire que vous étés bien arrivés... » fait maman.
Ooops... je remonte chercher mon portable, je redescends.
« T'as pris le chargeur? ».
Re-ooops... je remonte chercher le chargeur, je redescends.
« Nico » j'entends appeler, alors que je me prépare à prendre congé avec un simple « Bisous ».
Je me retourne. Maman approche et me fait un vrai bisou. Ca me touche, car ça arrive de moins en moins souvent. Je lui rends et je lui promets de l'appeler dès que l'avion se sera posé.
« Amuse toi bien, Nico !» je l'entends à nouveau lancer pendant que je ferme la porte derrière moi.
Me voilà dans la rue, dans la lumière pure et claire du matin d'été toulousain.
Le fond de l'air est encore frais... une légère brise caresse mon visage, mes bras, s'insinue à travers le coton de mon t-shirt... je me sens bien... je vais prendre l'avion... dans quelques minutes je serai avec Elodie...
Jean Jaurès, c'est la même direction que pour la rue de la Colombette... c'est la même direction que mon Jérém... Jérém qui est encore avec moi, dans les courbatures de mes membres, dans de petites brûlures à des endroits qui ont été un peu trop sollicités... petit retour de bâton pour un bonheur si intense... un bonheur réciproque... coucher avec mon beau brun... on s'en souvient un petit moment...
Me voilà boulevard Carnot... et bien que jusqu'à là je me sois promis de tracer direct jusqu'aux allées... lorsque je vois la plaque de la rue de la Colombette, je suis irrésistiblement attiré... ça me fait un petit détour, mais je suis happé... c'est la rue la plus importante de Toulouse à mes yeux... et lorsque j'approche du numéro impair de son immeuble, mon cur s'accélère comme s'il voulait bondir de ma poitrine...
Très mal à l'aise, me sentant presque coupable et honteux de passer par là, je lève les yeux discrètement vers la terrasse... envie de le voir, crainte de le voir, peur de croiser son regard noir... le store de la porte fenêtre est baissé... il doit être encore couché...
Je presse mon pas vers le canal et je le longe jusqu'à l'intersection avec Jean Jaurès... je continue en direction de l'arrêt de bus...
Je la repère de loin, avec ses grandes lunettes noires de star...
Lorsqu'elle me voit arriver, elle s'anime... elle crie, elle s'agite, elle court vers moi, se jette dans mes bras, me fait 10 fois la bise... je suis heureux de voir autant d'enthousiasme, même si elle me fout un peu la honte, car il y a du monde autour de nous... elle a l'air presque plus excité que moi, du moins elle est davantage démonstrative... et malgré la honte, ça fait plaisir à voir...
« T'as pris ton ticket ? » elle me lance.
« T'as pris ton billet d'avion ? » je la questionne à mon tour.
« Petit con ! » sera sa réponse.
La navette arrive, nous nous installons ; les portes se ferment, nous roulons vers l'aéroport.
« Je n'arrive pas à réaliser que nous y sommes... » fait-elle derrière ses lunettes noires.
« C'est clair, moi non plus » je réponds.
« H-59... » elle relance.
« Si elle n'est pas en retard... » je commente.
« Elle ne va pas faire sa pétasse... » elle balance.
Nous sommes complètement excités, nous avons du mal à tenir en place
nous vérifions toutes les deux minutes que oui
nous avons bien les précieux sésames, ticket de concert et billet d'avion, les clefs du Paradis qui feront que, dans deux soirs, nous serons avec elle.., à chanter, à danser, à hurler
jen ai la boule au ventre
.
10 heures pétantes nous sommes dans le Hall départs de l'aéroport. Le vol est à 12h06. Direction l'enregistrement
ensuite, trouver le gate qui nous amènera à l'avion qui nous guidera auprès de Madonna
Nico et Elodie en mode euphorique...
Presque deux heures à attendre... Elodie a amené un bouquin, qu'elle semble dévorer page après page... moi aussi j'ai apporté un bouquin, mais je n'ai pas l'esprit à me concentrer sur la lecture... non pas que l'histoire ne soit pas intéressante, non...
Le fait est que l'aéroport est un va et vient ininterrompu... et que dans la masse, le bogoss est souvent au rendez-vous...
Comment me concentrer sur mon bouquin quand un brun incendiaire genre 25 ans, est assis à tout juste trois mètres de moi, presque en face de moi, et que son t-shirt orange et gris ajusté à son torse en V et à ses épaules parfaites est la promesse d'une beauté plastique à couper le souffle ? Seule ombre au tableau... sa copine est assise juste à coté de lui et elle pose sa main sur sa cuisse, comme pour montrer que le bogoss est à elle... et pas touche...
Ou vas-tu beau brun ? Es tu heureux d'y aller avec elle ? Tu fais quoi dans la vie ? Qui sont tes potes ? Tu fais quel sport pour être aussi bien gaulé ? Comment te savonnes-tu sous la douche ? Il a quelle odeur ton boxer à la fin de la journée ?
Ta copine st mignonne, certes... elle a l'air sympa et douce comme nana... pas petite mais fine... une jolie brune... quand je la regarde à côté de toi, beau mâle... le contraste est saisissant... la puissance que tu dégages, sa fragilité apparente... je l'imagine dans tes bras... peau contre peau... enlacée par toi, beau mâle... se faisant s...uter par toi, beau mâle... comment tu te comportes au lit ? T'es davantage du genre câlin ou plutôt bestial et passionnel ? A quoi ressemble ta jolie petite gueule lorsque ton cerveau est submergé par l'orgasme ? T'imaginer au lit avec elle, nu, avec la trique du matin... ta nudité caressée par les draps chauds... la chaleur de ta peau... imaginer la puissance de ton étreinte... imaginer te réveiller avec plein de bisous doux... caresser et embrasser ton torse puissant... te donner envie... envie de te faire sucer et de jouir...
J'ai envie de me lever et de dire à la jolie brune qu'elle a une chance inouïe d'être avec un mec comme toi... bien sur, toi aussi tu dois être heureux de l'avoir... vous êtes mignons tous les deux... pourtant, j'ai envie de lui dire... OK, t'es une chouette fille... mais j'espère vraiment que tu le suces comme un mec aussi beau et charmant et adorable mérite, hein ?... j'espère que tu lui fais tout ce qu'il a envie... sinon je me propose de te remplacer... je suis un garçon toujours prêt à rendre service...
Oui, quand un mec aussi beau et charmant s'installe presque en face de moi... comment me concentrer sur la lecture... j'essaie de faire gaffe de ne pas trop croiser son regard pour ne pas le mettre en pétard, mais je ne peux pas le lâcher des yeux... car j'ai envie de le regarder encore et encore, comme pour m'imprégner de sa beauté, de sa jeunesse, comme pour m'en « approprier » une partie, comme pour la voler, labsorber, et conserver à jamais en moi l'emotion provoquée par cette puissante sensualité qu'il dégage...
La seule façon d'arrêter de le mater, c'est qu'un autre mec, au moins aussi attirant, rentre dans votre champs de vision... j'avais déjà du mal à avancer dans la lecture avec ce brun assis en face de moi... j'oublie carrément mon bouquin lorsque un p'tit mec s'installe à peine un peu plus loin... un petit gabarit, mais au physique de rugbyman, pas forcement très beau, mais avec cette bonne petite gueule de ptit mec un peu bourrin... brun lui aussi, cheveux un peu bouclés, oreilles un peu décollées mais juste ce qu'il faut pour que ce soit sexy... veste à capuche bordeaux, et un de ce pantalons de jogging si magiques car molletonnés... car qui dit molletonné... dit souvent jolie bosse sur le devant... et là, elle était bien visible, bien prometteuse, bien tentante... surtout lorsqu'il se met à l'aise sur le siège, les bassin bien avancé, les jambes légèrement écartées, en mode détente cool en écoutant de la musique dans son casque... putain de bosse... furieuse envie de me retrouver a genoux devant lui, le voir baisser son jogging sans hésiter, descendre son boxer, me présenter sa queue avec autorité, m'attr la tête...
Dans un monde parfait... "Suce" aurait été son seul mot, avant des gémissements et un grognement de plaisir... dans un monde parfait il croiserait mon regard et il comprendrait à quel point j'ai envie de lui... il saurait que je veux juste lui faire plaisir et il l'accepterait avec bonheur et reconnaissance... dans un monde parfait, il n'y aurait pas la peur des mst... dans un monde parfait l'idée de baiser avec un autre mec ne me ferait pas culpabiliser vis-à-vis de Jérém... oui, dans un monde parfait je n'aurais qu'à baisser ce jogging, découvrir sa queue, le faire jouir très fort, et l'avaler...
Je le regarde encore et encore, étalé sur le siège, nonchalamment, comme s'il était installé dans son canapé, la bosse bien en vue, les yeux fermés, comme une invitation à aller entre ses cuisses, sans se douter un seul instant de l'envie furieuse que son attitude provoque dans un garçon assis à tout juste quelques mètres de lui...
J'imagine ce ptit mec en soirée avec ses potes, une bière a la main... je l'imagine déconner, parler cul... et puis je l'imagine aussi le soir dans son lit, en train de se branler ou, hélas, avec une pouffe... ou peut être, pourquoi pas, avec un pote... on a le droit de rêver d'un monde meilleur... ou le matin sous la douche, en train de se savonner, de toucher son corps musclé...
Putain de mecs... le beau brun avec sa copine... le brun bouclé avec son jogging et sa jolie bosse... autant de piqûres d'aiguille dans le ventre... des mecs que je ne pourrai jamais avoir...
Alors, me faire violence pour essayer de fuir cette beauté masculine débordante, délicieuse, cette brûlante frustration... essayer de me replonger dans la lecture... facile à dire, lorsque le cerveau est embrouillé par tant d'images, tant de désirs, tant de fantasmes, tant d'envies... oui, essayer de replonger dans la lecture...
Essayer encore et encore, mais abandonner définitivement lorsqu'un parfum de mec nous oblige a lever les yeux une fois de plus... un choupinou passe et laisse derrière lui une traînée de déo à embrouiller les neurones... il passe pour aller s'asseoir sur un siège à proximité de la copine du premier brun...
Sorte de ptit dieu vivant, à croquer, avec dans son attitude un coté à la fois adorable mais si mec... 19 ou 20 ans maxi, cheveux très courts style mili (je ne serais pas étonné qu'il en soit vraiment), t-shirt bleu marine, avec un pantalon gris, vraiment une jolie ptite gueule... lui aussi ses écouteurs sur les oreilles, le nez colle dans son portable, en train de textoter à toute vitesse avec je ne sais pas qui... il lève la tête de temps en temps, parfois dans ma direction... une fois j'ose soutenir son regard, ça dure tout juste 2 secondes, je ne saurais dire ce qu'il a pu en penser, s'il a compris tout ce que mon regard pouvait dire... mais je n'ose recommencer, insister, lui faire comprendre... lui faire comprendre juste que je le trouve mignon a pleurer, qu'il est beau a hurler... petit mec, qui es-tu, comment t'appelles-tu ? Ou vas tu ? Que fais-tu dans ta vie, qui inspire tes branlettes, qui te fait jouir ???? Oui, petit mec... qui a la chance de te voir quand tu baisses ton pantalon et le slip ou le boxer que tu portes dessous, ne serait-ce que tes potes dans les vestiaires, peut-être en caserne si tu es vraiment mili... soupirs... soupiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirs... putaaaaaaaain...
« Il est bien ton bouquin ? » j'entends vaguement ma cousine demander.
« Oui... je crois... » je lui répond en mode automatique alors que mon regard bondit de mâle en mâle.
Il faut qu'on m'explique comment, avec cette brochette de bomecs devant les yeux, pourrais-je me concentrer sur la lecture...
Mon regard varie toujours et encore les plaisir en passant de l'un à l'autre de ces trois beaux spécimens, lorsque un événement inattendu se produit... le mec au jogging se lève, il entreprends de marcher et sans que j'aie eu le temps de réaliser, il passe devant moi, à moins d'un mètre de mon nez, m'offrant une vue involontaire mais imprenable sur la jolie petite bosse sur le devant de son pantalon, cette bosse pas impressionnante, mais si attirante, si prometteuse, si synonyme de bonheur... cette bosse « magique », à la fois si proche, et si inaccessible
..
Et lorsque, en suivant sa trajectoire, je devine la raison pour laquelle il s'est levé, j'ai soudainement envie de le suivre... c'est idiot, bien sur, mais j'ai senti un besoin irrépréhensible d'aller aux toilettes au même temps que lui... non pas que j'espère quoi que ce soit de ce moment... mais l'idée de me retrouver proche de lui pendant qu'il se soulage me fait kiffer... même pas l'intention de me poster à coté de lui pour mater par dessus la cloison... ça, je n'oserais jamais... juste faire semblant de ma laver les mains, de me débarbouiller... juste envie de le lorgner se poster devant un urinoir, l'entendre défaire sa braguette, entendre le jet dru sur le grés émaillé... c'est animal comme réaction à la testostérone...
Je le ratt juste à temps pour voir que, contre toute attente, le bogoss choisit une cabine fermée... changement de stratégie... je m'engouffre dans la cabine juste à coté...
Je tends l'oreille... l'entendre juste a coté, déboucler sa ceinture et déboutonner le jeans, l'imaginer en train de sortir sa queue, l'imaginer en train de la tenir, imaginer ses poils pubiens, imaginer l'odeur de sa teub... puis entendre le bruit du jet, tendre l'oreille pendant toute la durée, et entendre a nouveau le bruit de la ceinture qu'il rattache... putain, l'effet que ca me fait... le bruit de la chasse, la porte qui se rouvre... je peux enfin faire pipi à mon tour... et dans la foulée me taper une branlette pour me calmer... lorsque je ressors de ma cabine, le bogoss a évidemment disparu... lorsque je reviens auprès de ma cousine, je constate qu'il n'est pas revenu à la place ou il était assis... qu'il a définitivement disparu, a jamais inconnu, filant a travers sa vie, loin
.
« Alors, c'était comment ? » fait Elodie sans lever le nez de son bouquin. Putain, ça doit etre prenant ce qu'elle lit.
« De quoi ? » je tente de divaguer, alors que je me remets à peine de mon plaisir solitaire.
« Tu l'as coincé dans les chiottes ? » elle revient à la charge, impitoyable.
Elle m'énerve, elle a beau être plongée dans sa lecture, elle voit tout.
« Même pas... » je fais, dépité.
« Tu me déçois, cousin... » elle plaisante.
« Je n'oserais jamais... et si même... j'aurais du mal à me laisser aller... ».
« C'est vrai que t'es marié, mon cousin... »
« C'est ça »... oui, je suis marié... pas à la Mairie, mais dans le cur je le suis. Surtout après ce week-end...
Les deux mecs, le brun avec sa copine et le petit « militaire » sont toujours là... grâce à la branlette recente , j'arrive à me calmer un peu... je ferme les yeux et j'arrive presque à m'assoupir malgré le brouhaha du hall d'attente.
C'est ma cousine qui me secoue de ma torpeur, m'annonçant que les portes d'embarquement viennent d'ouvrir.
Nous nous engouffrons dans le petit couloir qui donne accès à l'avion. Nous venons juste de prendre place que déjà Elodie trouve le moyen de discuter avec les deux mecs assis devant nous... ils vont aussi au concert... je les regarde un peu mieux et je finis par me demander s'ils ne seraient pas du bâtiment, eux aussi... un couple, peut-être ?
Ca m'intrigue un brin, mais pas longtemps... dans ma tête je suis heureux... nous nous envolons pour Londres, nous partons loin de Toulouse, de mes petits tracas sentimentaux... je me sens bien, jai la banane et je souris bêtement
Encore quelques minutes d'attente, le temps que tout le monde prenne place, que le personnel de bord nous indique comment mettre des masques à oxygène en cas que l'avion pique du nez... c'est toujours la partir la plus rassurante...
L'avion démarre, se met face à la piste. Il s'élance, vite, vite, il accélère. Et on sent cette propulsion dans le ventre, tellement puissante, ça fait toujours son impression. Et puis il y a cet instant où on ne touche plus le sol. Une fille de l'autre coté du couloir plante ses griffes dans le fauteuil comme un chat face au danger imminent. Cest rassurant aussi.
Ca y est, on est en l'air! La piste disparaît, et Toulouse se fait de plus en plus petite, jusqu'à s'éclipser elle aussi... on survole la France, et tout parait si petit vu d'en haut. On se sent aussi tout petits là haut. Et vulnérables... c'est une grande leçon d'humilité que de prendre un avion, lorsqu'on y réfléchit...
Elodie est toujours plongée dans sa lecture. Je ne suis pas encore arrivé à voir ce qu'elle dévore si avidement.
Ce n'est que lorsque Toulouse et ses personnages masculins sont à quelques centaines de bornes derrière nous, que je me sens prêt à m'ouvrir à ma cousine.
« Elodie... » je m'annonce après bonne hésitation.
« Oui, mon cousin... » fait-elle, toujours dans son bouquin.
« Tu sais que Jérém s'est blessé dimanche dernier au rugby ? » j'entre en matière.
« Ah, non... je ne sais pas... mais qu'est ce qu'il s'est passé ? » fait-elle en levant enfin son nez de la page imprimée.
« Il s'est fait plaquer et il est mal tombé... » je précise.
« Rien de grave ? ».
« Apparemment non, mais il n'a pas pu finir le match... ».
« Et comment ça s'est terminé ? ».
« Aux urgences à Purpan... »
« Le match... ».
« Ah, oui... ils ont perdu... ».
« Ah merde... ».
« Le fait est que je me sens fautif... ».
« Pourquoi fautif ? ».
« Apparemment l'accident s'est produit parce que Jérém n'était pas en forme... ».
« A cause des galipettes de la nuit d'avant ? ».
« Certainement... c'est pour ça que je me sens fautif... et non seulement il était fatigué, mais de très mauvais poil... »
« A cause des galipettes de la nuit d'avant ? ».
« C'est bien possible aussi... ».
« Franchement, Nico, je ne vois pas pourquoi tu te sentirais fautif... s'il a eu envie de baiser comme un lapin, il doit en assumer les conséquences... tu ne l'as pas obligé que je sache... d'accord tu le rends si fou de toi qu'il en devient accro... mais il l'a bien voulu... ».
« C'est ce que m'a dit Thibault aussi... ».
« Tu l'as revu ? » elle s'étonne.
« Oui, hier soir on a pris un verre ensemble... ».
« Encore ? ».
« Je venais de passer à la brasserie pour faire un petit coucou et c'est là que j'ai appris ce qui s'était passé dimanche... alors j'ai voulu en en savoir un peu plus... et comme je n'ai pas osé passer le voir... j'ai été chercher Thibault... ».
« Joker... coup de fil à un ami... » fait-elle.
« C'est ça... ».
« Je pense que t'as bien fait de pas aller voir Jérémie... ».
« Je pense aussi... ».
« En tout cas, t'as pas à t'en faire de ce qui s'est passé... ».
« Je sais bien, mais je n'y arrive pas... ».
« Ta gueule, Nico... tu vas pas me bassiner avec ça pendant trois jours... il a raté son match, il a raté son match... il aurait tout aussi bien pu le rater en prenant une cuite... c'est pas le premier mec de son âge qui a une nuit très agitée avant un match et qui n'arrive pas à assumer... ce sont des choses qui arrivent... ».
« Oui, oui, je sais... mais ce qui me fait peur c'est qu'il puisse quand même m'en vouloir... ».
« S'il t'en veut, c'est qu'il est vraiment con... il a bien aimé te sauter toute la nuit... et si jamais il te tient pour responsable de son petit accident, franchement, ce mec n'en vaut pas le peine... tu ne vas pas vivre toute ta vie en te réglant par rapport à ses caprices... laisse le mijoter... si tu l'as bien fait jouir, une fois son caca nerveux de mâle-blessé-dans-son-orgueil passé, il reviendra vers toi... essaie de profiter de ces trois jours de vacances et essaye de ne pas trop casser les couilles à ta cousine... veux-tu, mon Nico adoré ? ».
« Oui, chef... ».
« Sans déconner... te sentir coupable de lui avoir fait tomber la queue comme jamais de sa vie... il vaut mieux entendre ça que d'être sourde ! » fait-elle en se replongeant dans son bouquin.
Je regarde par le hublot. La France défile toujours sous nos pieds à 800 km/heure... une hôtesse passe dans le petit couloir avec son chariot... nous nous laissons tenter par un « « café » ». Je mets ce mot entre doubles guillemets car, à mon sens, un truc servi dans un gobelet format coca moyen de chez Mcdo, dans lequel flotte un sachet brunâtre qui est censé donner à de l'eau chaude un goût caféiné... on ne peut pas décemment appeler ça un café... quand on pense qu'on vient de payer plus de 20 balles chacun pour... ça... mais alors que l'aspect est peu engageant, le goût est carrément dégueulasse... nous tentons d'avaler cette affreuse bouillie en grimaçant et en rigolant à chaque gorgée...
Je note : ne plus jamais me laisser tenter par une boisson chaude dans un avion.
Elodie fait pour se replonger dans sa lecture. Avant qu'elle s'isole à nouveau, j'ai envie de discuter un peu plus avec elle.
« Tu savais que Thibault était pompier ? ».
« Oui, mon cousin... ».
« Tu le sais d'ou ? ».
« Nous les nanas, on a nos reseaux... » elle se pavane en forçant le trait « tu ne savais pas ça, mon ti cousin ? ».
« Je viens de l'apprendre... ».
« Thibault n'a pas l'air d'un frimeur » fait-elle.
« Bien au contraire, c'est un garçon très discret... » je confirme.
« C'est lui qui t'en a parlé ? ».
« Indirectement... il a été appelé pour un feu route de Muret ».
« Ce mec a l'air d'un type formidable... » fait Elodie, admirative.
« Je confirme... j'ai encore passé un de ces moments fabuleux en face de lui... ».
« J'étais sure qu'il finirait par te plaire, lui aussi... ».
« Comment pourrait-on ne pas être attiré par un mec comme Thibault ? » je reconnais.
« C'est vrai, j'admets... » finit par concéder Elodie « ton Jérém est d'une sexytude bouillante, mais Thibault... quand on pense qu'il n'a même pas vingt ans... il fait déjà si mur
il fait si... si... si homme, quoi
comme quoi... la maturité a moins à voir avec l'âge qu'avec le naturel
».
Je réfléchis à ce qu'Elodie vient de dire et je le trouve très juste.
« J'ai côtoyé un mec dans le style de Thibault il y a quelques années » elle continue, après une petite pause « même gabarit, puissant et musclé, même attitude, même gentillesse, même bienveillance... il s'appelle Julien... à l'époque... on est sortis ensemble pendant presque un an... il était adorable sous tout point de vue... un mec prévenant, attentionné, droit, rassurant... et en plus, au lit c'était le feu d'artifice... ».
« Et pourquoi ça c'est fini alors ? » je demande, intrigué.
« On ne cherchait pas les mêmes choses... du moins pas à ce moment là... ».
« A savoir ? ».
« Il n'avait que 20 ans mais il voulait qu'on s'installe ensemble, il parlait même d'avoir rapidement des s... mais moi je n'étais pas prête... je ne me voyais pas maman à vingt ans... ».
« Je n'arrive pas à comprendre comment on peut avoir envie d'avoir des s à tout juste 20 ans... on a tout à découvrir, encore, à cette âge là... » je m'étonne.
« Julien bossait, il avait un salaire convenable, il était bien dans son boulot... tu sais, ce genre de mec très carré, très équilibré cherche souvent de bonheurs très simples, une nana à aimer, des s à chouchouter, un nid douillet, quoi... ».
« Mais 20 ans c'est jeune... ».
« Ce genre de mec a les idées claires... il sait ce qu'il veut... ».
« Tu l'aimais ? ».
« Oui, je pense... oui... j'en suis sure... je l'ai quitté à contrecoeur, je pense que j'ai eu autant de peine que lui... mais j'ai été honnête... je ne me sentais pas prête.. et je ne voulais pas le faire attendre ou me forcer la main... ».
« Qu'est ce qu'il est devenu ce garçon ? » je me renseigne.
« Deux ans après notre rupture, j'ai appris qu'il allait être papa... un garçon si adorable ne reste pas longtemps célibataire... et un jour je l'ai croisé au supermarché avec sa copine et le bébé... et j'ai quand même un peu regretté d'avoir passé mon tour avec lui... aujourd'hui, cinq ans plus tard, il est toujours avec la même nana et avec deux s... je l'ai croisé à nouveau il y a quelques semaines avec le plus grand, Nathan... Julien est un jeune papa poule, aimant et adorable avec son gosse... et ça le rend sexy en diable... ».
« J'imagine... » fais-je en repensant soudainement à un mec, un bobrun croisé au Jardin des Plantes le dimanche de la promenade avec Stéphane... menant une poussette, sa copine à coté... on entend le gosse chialer... le mec se penche, il tend ses bras, il sort son rejeton et le colle contre son torse... au contact rassurant de ses bras et de la chaleur dégagée de son t-shirt, le bébé se calme rapidement... qui ne se calmerait pas dans ce genre de contact avec un bobrun... soudainement je retrouve dans ma tête le souvenir de ces photos de jeunes papas qu'on voit parfois chez des photographes ou sur certaines revues pour nanas, le mec torse nu, bien gaulé évidemment, avec son bébé dans les bras, peau contre peau... ça donne franchement envie de suggérer au mec de confier le poupon à sa maman et de venir se serrer contre nous, torse contre torse, peau contre peau...
« Quand tu me parles de Thibault » continue Elodie « j'ai l'impression de retrouver Julien... un garçon droit, loyal, excessivement fidèle en amitié, prêt à tout pour son meilleur pote... ».
« C'est sur que Thibault ferait n'importe quoi pour son Jéjé... » je commente.
« Le sien s'appelait Bastien... ils faisaient du foot ensemble... ils étaient comme deux frères... ».
« Ce qui est très touchant chez ce genre de mec, c'est le contraste entre leur puissance physique et leur profonde gentillesse... cette putain de gentillesse dans sa voix profonde, chaude... ça me fait fondre... » je continue en allant un peu plus loin dans mon ressenti.
« Le ton calme, posé... la parole est mesurée mais juste, elle met en confiance, elle témoigne du respect à tout un chacun... c'est ça, n'est-ce pas, ton Thibault ? » fait Elodie.
« C'est exactement ça... en plus, ce mec n'a jamais un mot plus haut que lautre
» je continue.
« Ce sont des mecs qui ne s'emballent pas à la première difficulté qui savent garder la tête froide et réfléchir pour trouver la bonne solution... » fait-elle.
« Avec ce genre de mec, t'as l'impression qu'il n'y a pas de problèmes, que de solutions... » je m'avance.
« Cest le genre de gars sur qui on sent de pouvoir compter à chaque instant, avec qui on se sent en sécurité
» fait Elodie.
« Ces garçons inspirent la confiance et forcent le respect... » je résume « ils dégagent à la fois un calme, une force et une solidité qui donnent envie de s'appuyer sur leurs épaules et de se perdre dans leurs bras
».
« Ce genre de mec sait apaiser, rassurer, donner confiance
il sait repérer ce qu'il y a de meilleur dans toute circonstances et dans tout un chacun... et donner envie de faire ressortir le meilleur de soi-même
» fait Elodie, rêveuse.
« C'est vrai que je me sens bien quand je suis avec lui, je me sens à l'aise et j'ai envie d'être aussi droit que lui... ».
Je me fais la réflexion que les considérations de ma cousine sont comme d'habitude d'une justesse extrême.
C'est vrai que Thibault possède une sensibilité qui lui permet de cerner quelqu'un au quart de tour
dans la foulée, il sait trouver la clef pour mettre à laise
car il a le bon mot pour toute circonstance... ce mec sait reconnaître tes qualités et t'amener à les apprécier... à t'apprécier toi même
Thibault sait faire confiance, mettre en confiance, apprendre à se faire confiance
dans son regard, qui nest pas flatterie, mais juste bienveillance, on se sent bien, on se sent meilleurs
par sa droiture, et sans que rien ne soit dit directement, il sait montrer la voie
Thibault est un mec tout simplement adorable... puisque on le tient en grande estime, on a besoin de son estime
j'en ai besoin... et Jérém aussi en a besoin, plus encore que moi...
La Manche arrive, avec ses petits bateaux et leurs traînées dans l'eau. Londres approche, l'atterrissage n'est plus qu'une question de minutes.
Je me rends compte que dans mon ressenti vis-à-vis de Thibault il y pas mal de choses qui se mélangent
une estime profonde, le sentiment dune belle amitié naissante
et au milieu de tout ça, une attraction sensuelle de plus en plus vive
cest dur, en tant quhomo, de se cantonner à rester ami dun garçon que la nature a à ce point gâté en charme, en beauté masculine
et en beauté intérieure...
Soudainement, Jérém et Thibault s'affichent dans ma tête en confrontation directe... et je réalise à quel point les deux potes sont différents... et complémentaires...
Jérém est un meneur naturel, le mec qui en met plein la vue avec ses exploits à la fois frimés et assurés. Jérém est un mec qui a besoin de capter l'attention et de susciter la fascination...
Thibault, au contraire, est un garçon discret, réfléchi, avec les pieds bien sur terre. Il ne cherche pas le devant de la scène, mais il assure grave, il se tient le plus souvent en coulisses, prêt à se rendre utile au besoin.
Jérém est le gars à qui tout réussit, le rugby, les filles, le gars sur de lui qui a l'air bien dans ses baskets...
Thibault est un garçon qui écoute davantage qu'il ne parle... on sait que son point de vue est sensé et pertinent. Et quand on finit par lui demander son avis, on l'écoute.
Oui, Jérém est le gars qui fait rêver les potes... on a du mal à imaginer que son assurance n'est au fond qu'apparence... que bien de démons s'agitent dans sa petite tête... car les apparences suffisent pour faire rêver autour de soi, surtout lorsqu'on emploie autant d'énergie pour les garder... oui, l'apparence suffit à faire rêver, à susciter l'admiration, la jalousie, à charmer, à faire désirer son amitié... et, qui sait... à faire naître autour de lui des désirs inavouables...
Et si Thibault, malgré sa solidité, s'était pris les pieds dans ce genre de désirs vis-à-vis de son pote ?
Dans cet avion qui m'amène loin des deux potes, je me sens soudainement impuissant à empêcher l'inévitable... et si ça se produisait en mon absence ? C'est bizarre... autant dans le rêve de dimanche je n'étais même pas jaloux qu'ils couchent ensemble, limite je trouvais ça beau et naturel... autant là, à cet instant précis, l'idée que Jérém couche avec Thibault m'est insupportable...
« Et si Thibault avait envie d'essayer un truc avec son pote, surtout maintenant qu'il sait pour nous, maintenant qu'il sait que Jérém est open au sexe entre mecs... ? » je finis pas échapper à haute voix.
Elodie lève lentement le regard de son bouquin. Son regard est agacé.
« J'ai adoré l'autre jour quand tu m'as balancé que Jérém et Thibault, c'est un lot... » je lui sors pour la faire sourire.
Et ça marche. Elle se décrispe, elle referme son bouquin et elle embraye.
« Ca m'est venu comme ça, sur le moment... ».
« C'était bien trouvé... ».
« Jy ai repensé, dimanche, après quon se soit quittés... ».
« Pendant ton rancard ? » je me moque.
« Tes con, mon cousin
je ne te lai jamais dit ? ».
« Oui, tu me le dis tout le temps... ».
« C'est qu'il doit y avoir du vrai, alors... ».
« Je n'en doute pas » je plaisante.
« Ces deux là ont tout partagé depuis l'enfance... ils sont indispensables l'un pour l'autre... mais le fait d'avoir tout partagé n'implique pas forcement qu'ils ont également envie de partager un lit... j'ai une vision un peu différente de la tienne du « dilemme de Thibault »... ».
« Je veux bien entendre ça... » je la met au défi.
« A mon sens, Thibault n'est pas véritablement amoureux de son pote, ni vraiment jaloux de toi, au sens sentimental et charnel. Seulement, depuis que tu es rentré dans la vie de Jérémie, il sent qu'une partie de la complicité avec son pote lui échappe... et je ne parle pas de la complicité sous la couette... je veux juste parler du fait que ton beau brun ne doit pas lui parler de ce qu'il y a entre toi et lui... de ce qui se passe dans sa tête en ce moment... de ce petit grand bouleversement qu'il est en train de vivre... dailleurs
bref
le fait d'être tenu à l'écart, alors qu'il a toujours été là pour son pote, le cur sur la main... Thibault doit le vivre plutôt mal... ça doit être dur pour lui... ».
« J'avais pas pensé à ça... » j'admets. Que je peux être bête parfois.
« Si j'ai bien suivi » elle poursuit « cest toi que Thibault a branché pour en savoir un peu plus sur cette histoire
cest à la fois malin et touchant de sa part, je trouve
».
Je ne trouve rien à répondre, mais je sais qu'elle a raison.
« Sa frustration » elle continue « traduit peut être juste un sentiment désagréable qu'un non-dit sans précédent, voire une insupportable incompréhension, s'installe entre eux. Il a vite deviné ce qui se passait entre vous deux parce qu'il connaît son pote par coeur. Il est dérouté parce que d'un côté il se rend compte que ta présence a des effets bénéfiques sur son pote, mais de l'autre il ne peut s'empêcher de se demander si, à terme, cela ne va pas le changer en profondeur, et l'éloigner définitivement de lui... ».
« On a du mal à imaginer qu'un gars solide comme Thibault puisse lui aussi avoir de la peine... » je réfléchis à haute voix.
« Un corps tout en muscles, une attitude rassurante... cest trompeur parfois
» continue Elodie « ça peut cacher un cur et une sensibilité à fleur de peu
et pour peu que le mec soit pudique, on a tendance à ne pas le voir
sous sa carrure de rugbyman, Thibault n'en est pas moins un jeune garçon qui a des besoins affectifs, et pour qui l'amitié avec son pote de toujours est indispensable... je pense que quand il regarde Jérém, il voit « un petit frère », un petit frère en train dessayer de voler de ses propres ailes... je pense que ça doit lui faire plaisir, mais linquiéter aussi
je pense qu'en ce moment, Thibault a surtout besoin d'être rassuré... ».
« Cest bien vu ce que tu viens de dire
» je commente, presque ému.
Le commandant de bord annonce l'atterrissage imminent... c'est à ce moment là que j'arrive enfin à voir la couverture du bouquin d'Elodie.
« Le Prisonnier d'Azkaban... » je lis à haute voix « connais pas... si... enfin... mais jamais lu... ».
« Tu vois, cousin, elle est là la différence entre ta cousine et toi... ».
« Quoi donc ? » je fais, ne voyant pas où elle veut en venir.
« Moi je lis les aventures d'Harry Potter et de sa baguette magique, alors que toi... ».
« Alors que moi ? »
« Bah, toi t'es plutôt branché sur les aventures de Jérémie T. et sa braguette magique... ».
« Tu m'énerves... ».
« Toi aussi, crois moi, cousin... ».
« Pareil, après ce qui s'est passé, je ne vais jamais la revoir sa braguette magique... ».
L'avion se pose sur la piste avec un léger sursaut et l'ensemble des passagers se lance dans des applaudissements à l'attention du pilote qui nous a conduit à bon port. Va savoir pourquoi cette coutume... comme si c'était un exploit que de nous amener à destination sains et saufs...
Nous récupérons nos bagages et nous cherchons sur les tableaux d'affichage des indications pour les trains vers Londres. Pas réalisé que l'aéroport de Stansted est à une heure de train de Londres. Ok, c'est parti. Nous rejoignons le quai pour monter sur le train direction Liverpool Street.
« Allez, nous embarquons sur le Poudlard Express, sur le quai 9 et 3/4 » lance ma cousine, fière de sa boutade.
Je suis dans le train vers Londres, vers Madonna... et c'est là que tout remonte...
1993, j'ai tout juste 10 ans... ma première « rencontre » avec elle... la première fois que je la vois à la télé... un reportage sur le Girlie Show dans le journal de 20 heures... un extrait de Fever... les cheveux très courts, couleur platine, un rouge à lèvres d'un rouge très vif, un sourire immense, un visage et un corps dégageant une jeunesse et une énergie insolentes... toute de cuir vêtue, entourée de deux danseurs noirs, je la trouve belle, sexy, lascive... juste sublime...
Ma mère prépare le dîner et me dit : cest Madonna. C'est la première fois que j'entends ce nom. Episode sans suite immédiate. Pourtant, je crois bien que c'est ce soir là que le mythe prend racine en moi.
1996, j'ai 13 ans... « You must love me » passe à la radio... le texte me parle, me parle de moi :
Dans mon coeur tout est caché/Il y a des choses que je meurs d'envie de dire/Effrayée de confesser mes sentiments
Au lycée, je me sens seul, pas vraiment de potes, et au fond de moi ce truc de plus en plus insistant que je ressens pour les beaux garçons... seul avec mes questionnements... suis je pd ? Comment le vivre ? Comment le cacher ?
Je vais voir Evita au cinéma. La musique, les images, Madonna
tout est magnifique et rayonnant dans ce film.
Un dimanche après midi, sur M6, rétrospective vidéo sur Madonna... Like a Prayer... jadore son image, la force, la fraîcheur et linsoumission quelle dégage... le rythme puissant dExpress Yourself et son clip magnifique me charment à blanc.... Material Girl en rouge Marylin... Like a Virgin à Venise, True Blue en décor années 50... Vogue : la chanson est du plaisir à létat pur, le clip une perle d'un esthetisme parfait en noir et blanc... autre délire en noir et blanc... le clip sulfureux de Justify my Love... et encore... le clip sm soft d'Erotica... le clip plein de couleurs de Deeper and Deeper... le clip vidéo dans les quartiers pauvres de Secret... le monde de la corrida pour Take a bow...
Cet après midi là, je suis conquis par un charme qui ne me quittera plus jamais... dans les mois suivants, je casse ma tire lire pour récupérer l'un après l'autre tous ses cd.
1998, j'ai 15 ans, je suis un jeune garçon introverti de plus en plus attiré par les bomecs... un garçon solitaire, pas doué en sport, un garçon dont on se moque... un garçon qui n'a pas envie d'aller au collège... le collège, son fardeau...
Et puis au mois de février, une bombe explose à la radio... Frozen... encore une chanson qui me parle...
Tu vois seulement ce que tes yeux veulent bien voir/Comment la vie peut-elle être ce que tu désires ?/Tu es frigorifié lorsque ton coeur n'est pas ouvert...
Quelques semaines plus tard sort l'album... une débauche de musique électronique, un son si frais, si avant-gardiste, un régal pour les oreilles. Chaque chanson est dune puissance, dune intensité unique
. tel Phénix renaissant de ses propres cendres, Madonna renaît des notes électroniques de Ray of light, elle rayonne à nouveau et plus que jamais.... et elle sinstalle définitivement sur son trône de Star.
Internet commence à être un instrument dinformation et de diffusion très important, il me renseigne sur toute lactualité de ma star favorite, ainsi je nen rate pas une miette.
Deux mois plus tard, le single de la chanson Ray of light est lancé et s'installera définitivement comme ma colonne sonore de l'été 1998... que dire de Ray of light
la chanson de tous les superlatifs... peut être le morceau le plus puissant de l'album... accompagné d'une vidéo dun esthétisme absolu
vivre la vie à mille à lheure
tout l'inverse de ma vie, une vie ou rien ne se produit... du moins... jusqu'à là...
L'été passe sans véritables vacances... la rentrée au lycée approche... le lycée... nouvelle aventure qui me fait peur, nouveau camarades, nouveaux et vieux questionnements... comment vais-je m'intégrer dans ce nouveau monde ? Vais je me sentir à nouveau isolé comme au collège, vilain petit canard dont personne s'intéresse, sauf à se moquer de lui, de sa timidité, de son coté « à part » ?
Comme pour me mettre du baume au cur, le vendredi juste avant la rentrée, un troisième single est lancé... Drowned world... mélancolique... la chanson passe à la radio, le clip dans Hit Machine...
3 septembre 1998... en allant à reculons à l'encontre de ma première rentrée du lycée, je ne savais pas encore que ce jour là, à l'approche de mes 15 ans, une rencontre allait complètement bouleverser ma vie.
C'est d'un pas timide, avec une allure craintive que je rentre dans la cour du lycée... et lorsque le laisse mon regard balayer ce grand espace encore inconnu pour essayer de m'y familiariser, je le remarque instantanément... brun, peau mate, un t-shirt noir qui lui va comme un gant sur un torse déjà prometteur à son jeune âge, une chaînette négligemment posée sur le coton noir, un jeans bien coupé, des baskets Nike... et une casquette, noire elle aussi, posée à l'envers sur ses cheveux bruns... il est là, au beau milieu de cet espace ouvert, à l'aise, en train de discuter et de déconner avec d'autres garçons... et ce sourire, ce sourire de dingue qui semble illuminer non seulement toute la cour du lycée, mais la vie toute entière... ma vie toute entière...
Je suis tétanisé... jamais de ma vie je n'ai vu un garçon aussi beau... dans la cour du lycée, on ne voyait que lui... dans ma tête, je ne voyais que lui... tout disparaît autour de lui... la cour du lycée se vide d'un coup, le bruit est remplacé par un silence total sur lequel je n'entends plus que les battements de mon cur et ma respiration saccadée... tout semble se derouler au ralenti...juste une seconde, infinie
.
Dans mon for intérieur, un déclic s'est produit ce jour là...
Oui, je ne voyais que lui... car ce mec était déjà à ce moment là, si jeune, un coup de poing dans le ventre, une agression visuelle, un truc de fou qui te fait dire que ça devrait être interdit d'être aussi canon...
J'ai du rester planté un long moment à le mater... la gorge nouée, la respiration bloquée, mes jambes inaptes à faire le moindre pas, mon cerveau incapable de m'apporter d'autres pensées mis à part l'attraction débordante que je ressentais pour ce garçon... comme si chaque fibre de mon corps s'était réveillée à cet instant et elle criait l'envie de m'unir à lui... comme si ma peau réclamait sa peau, mes lèvres les siennes... j'ai eu envie de lui des le premier instant, une envie si furieuse à en avoir mal au ventre... me demander qui il était, dans quelle classe pouvait-il bien être, imaginer la chance de ses camarades de le côtoyer tous les jours, de discuter avec lui... me demander comment il s'appelait, ou il habitait, qui il côtoyait en dehors du lycée, qui étaient ses potes, s'il avait une copine...
Je l'ai tellement maté qu'à un certain moment nos regards se sont croisés... et son regard a soutenu le mien... et j'ai ressenti en moi la peur qu'il laisse ses potes pour venir me mettre un pain dans la gueule...
J'ai baissé mon regard, je me suis accroupi et j'ai ouvert mon sac à la hâte, les mains tremblantes, juste pour créer une diversion, style je cherche un truc...
Un instant plus tard, on nous appelait pour qu'on rejoigne nos classes respectives... lorsque j'ai enfin osé relever les yeux, il discutait toujours avec ses potes... je me dirige vers ma classe d'un pas pressé... je suis obligé de le quitter des yeux... je me demande quand est-ce que je le reverrai... sans doute à la recréé... putain que ça va être long...
Je m'installe dans la classe parmi les premiers... je regarde les autres camarades prendre place petit à petit, en essayant de définir lesquels pourraient devenir mes potes... c'est un tri silencieux qui ne donne pas de grandes indications pour l'instant... autre tri, d'un autre genre... sur des critères physiques... là non plus, ça ne donne pas de masses... à 15 ans, c'est encore rare de trouver des garçons vraiment attirants... la puberté n'est pas terminée, il faut attendre encore quelques années pour que la musculature s'installe et le garçonnet laisse entrevoir le jeune mâle...
Ca c'est ce que je me disais juste avant... juste avant que le beau brun au t-shirt noir passe la porte en rigolant avec deux potes... il faut imaginer ma surprise et mon excitation lorsque je l'ai vu débouler, alors que cette possibilité ne m'avait même pas effleuré l'esprit... le voir tracer avec son sac à dos rouge et blanc, avec son air de parfait branleur, de lycéen en mode touriste... avec sa putain de casquette à l'envers...
Il passe à coté de moi, sa hanche percute mon coude... premier contact... j'entends un « Excuse » lancé à la hâte... premier contact avec sa voix... j'aime sa voix... je me retourne... je le regarde aller bien au fond de la classe et s'y installer avec ses deux potes... ce mec n'est pas seulement beau... ce mec va me brûler les rétines... je n'ai pas osé espérer qu'il soit dans la même classe que moi... j'ai jalousé d'avance les camarades qui le côtoieraient... mais maintenant que je sais que je vais être en classe avec lui, j'entrevois la que je vais endurer pendant les trois prochaines années... comment côtoyer un mec aussi attirant sans péter un plomb... comment sentir cette déchirure dans les tripes entre l'envie qu'on ressent pour lui et le fait de devoir y renoncer chaque jour, chaque heure, chaque instant ? Et je n'ose même pas l'imaginer pendant le cours de sport, dans les vestiaires...
Le prof arrive juste après nous, s'installe. L'appel commence. Prénom, nom, options choisies et... date de naissance... que de bonnes nouvelles en perspective...
J'écoute attentivement la succession de noms sans la volonté de les associer aux garçons et aux filles qui lèvent la main ou qui s'annoncent « présent »... tout ce qui m'intéresse c'est de retenir le dernier prénom (si masculin), le nom de famille avec la date de naissance... tout ce qui m'intéresse c'est de capter le moment où le beau brun répondra présent... une bonne partie des camarades a déjà levé la main... c'est mon tour... Nico S., né le 15 septembre 1983... présent... deux prénoms féminins suivent le mien...
Et puis... un prénom masculin sort des lèvres du prof... Jérémie... suivi d'un nom qui ne sonne pas d'ici... Tommasi... et d'une date qui résonne en moi avec l'importance des codes pour contrôler l'arme nucléaire... le 16 octobre 1982...
« Me voilà, monsieur... » j'entends répondre, en se marrant, sur un ton insolent. Je reconnais sa voix. Déjà je reconnais sa voix... je me retourne, faisant comme d'autres élèves pour voir qui c'est ce petit con qui se fait remarques dès le premier jour.
Et c'est ainsi que j'ai su qu'il s'appelait Jérémie... joli prénom qui lui va à merveille, je trouve... Tommasi... ça sonne d'ailleurs... et ça en rajoute au charme... 1982... ainsi le bogoss a un an de plus que moi... et ça en rajoute encore au charme... je me dis qu'il doit redoubler... ce qui va avec le coté branleur qu'il dégage naturellement ainsi qu'avec le coté insolent qu'il vient de montrer en répondant à l'appel...
Pendant que le prof donne l'emploi du temps, j'entends rigoler au le fond de la classe... je me retourne un peu, juste ce qu'il faut pour le voir du coin de l'oeil, le voir se marrer avec ses potes.
« On se calme, on se calme... » fait le prof à un moment « Monsieur Tommasi, s'il vous plait... dois-je vous rappeler que vous êtes ici parce que un autre lycée ne veut plus de vous... faisons en sorte que l'expérience ne se renouvelle pas... ».
« D'accord monsieur... » fait-il sur un ton moqueur.
« Commencez déjà par ôter votre casquette pendant les cours... » fait le prof en suivant.
« D'accord monsieur... » répète le bogoss sur le même ton, le regard taquin et malicieux pendant qu'il s'exécute en dévoilant sa belle crinière brune. Ce qui le rend, évidemment, sexy en diable... les nanas le regardent... Nico le regarde, conquis par un charme qui ne le quittera plus jamais...
Premier jour du lycée, première branlette en rentrant à la maison en pensant à ce mec si beau qui a provoqué ce truc si violent en moi, balayé d'un seul sourire tous mes doutes et toutes mes tergiversations au sujet de mon attirance vis-à-vis des garçons...
Car lorsqu'on éprouvé une attirance si violente pour un garçon... quand le regarder donne à la fois le plus exquis des plaisirs et la plus brûlante des frustrations... lorsqu'en le regardant on a envie de pleurer et d'hurler... à m'arracher les tripes, à marracher le cur... lorsqu'on ne peut plus détacher les yeux de lui... lorsqu'on est à ce point persuadé que son propre bonheur serait dans ses bras et dans ses draps... ce jour là on comprend qu'on est assurément gay... et qu'on ne pourra jamais rien y faire... et que surtout on a pas à y faire quoi que ce soit... car être gay ça n'a rien de sale, c'es au contraire très beau... et c'est tout simplement ce que je suis...
Et quand le désir physique déchirant se mélange a l'envie de tout savoir de lui, de le câliner...de mélanger nos souffles, de me perdre en lui, c'est qu'on est amoureux... tu as raison Elodie... depuis la première milliseconde où son image a traversé ma rétine...
Oui, il y a eu un avant et un après ce lundi 3 septembre 1998... et dans ma chaîne hi-fi, toujours et encore les chansons de Madonna en bande son de ma vie...
Pas de regrets, pas de regrets, it's Human nature... tu me donnes la Fever... Erotic, j'ai besoin de tes mains partout sur mon corps... je veux t'embrasser à Paris, je veux tenir ta main à Rome, je veux courir tout nu sous une tempête de pluie, faire l'amour dans un train traversant le pays, tu as provoqué cela en moi... et maintenant quoi, et maintenant quoi ? Je te veux, j'ai besoin de toi, j'attends que tu soit digne de mon amour, espérant, priant, pour que tu soit digne de mon amour... for you to Justify my love... exprime-toi... tu dois le faire... t'exprimer... hey, hey, hey, hey... Express yourself... je suis fou de toi... Crazy for you...
Oui, fou de toi, mon Jérém... quand le lendemain, en classe, tu viendras me serrer la main, chose que tu ne fera pas souvent par la suite, en me balançant... « Nico, c'est ça ? ».
Putain... il a retenu mon prénom... ce n'est qu'à ce moment prècis, trois ans après, que je réalise enfin à quel point ce détail pouvait avoir son importance... il avait retenu mon prénom dès le premier jour...
Oui, crazy for you, mon Jérém...
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