Numéro 10

Cela fait quelques semaines que l’on se parle sur Internet. En anglais principalement et cette langue me permet de m’effacer derrière une autre facette de moi-même. On parle de tout et de rien. Cet après-midi-là, on avait parlé de notre plan pour ce soir. Se voir à l’hôtel. C’était notre quatrième rencontre et probablement notre deuxième nuit ensemble. Je devais arriver avant lui dans la chambre.

- Oh ça te laissera le temps de transformer la chambre en donjon S&M !

En plaisantant, il teste mes limites. Il sait que je suis mal à l’aise avec le fait de lui avoir avoué que j’aimais être dominée au lit. C’est d’ailleurs tout nouveau pour moi de prendre conscience d’aimer cela, de le rechercher et de l’accepter. Toutefois, je ne suis pas du tout tentée par les accessoires de , les chaînes et le cuir ; et il le sait. Il me dit qu’il plaisante et je le crois car pour l’instant nous sommes sur la même longueur d’onde. C’est un très bel homme, naturellement dominateur et il me plaît. Et il le sait.

Il reprend.

- Tu sais bien que le donjon S&M n’est pas mon truc ; par contre, je ne m’interdis pas de te proposer d’essayer des choses avec moi, mais seulement si tu le souhaites.

Après un silence, je réponds.

- J’ai envie d’essayer des choses avec toi.

Il ne peut pas voir mon expression, mais si je devais parler, ma voix serait blanche et tremblotante, consciente que je mets la main dans un engrenage.

- Est-ce que tu as quelque chose de précis en tête ?

- Oui.

- Comme quoi ?

- La sodomie.

Mes doigts ont écrit tout seuls et j’ai cliqué sur envoyer en fermant les yeux. Je n’arrive pas à croire que j’ai bien écrit cela.

- OK, répond-il tranquille, mais je sais que je touche un point sensible.

Il aime ça et je ne l’ai jamais fait. C’est la première chose intime qu’il m’ait dite quand on a commencé à parler de sexe ensemble et depuis c’est devenu un fantasme à part entière pour moi.

J’essaie de rattr la situation qui m’échappe.

- Oui enfin j’ai envie d’essayer, mais pas ment maintenant, pas ment ce soir ! bredouillai-je.

Les mots étaient là sur mon smartphone dans leurs petites bulles bleues et grises. Impossible à effacer.

- Au fait, tu ne m’as pas donné l’adresse où on se retrouvait ce soir ?

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