La Belle Des Années Folles - 2
La belle des années folles 2
Les débuts à Paris
A 19 ans, suite au départ de Mademoiselle en sanatorium, la maison charentaise fut fermée et Jeanne resta seule en Saintonge, sans famille, sa mère étant décédée l'année d'avant. Elle n'avait personne chez qui se réfugier. Sa patronne l'avait fortement recommandée à un vieux couple de la capitale, pour y tenir leur maison. Ces gens étaient des nobles du Nord-Est de la France, ruinés par la guerre, qui étaient venus se réfugier à Paris en 1915. Ils finissaient là leurs jours, avec les quelques sous qu'ils avaient pu sauver.
Rassemblant ses maigres économies, elle décida de partir et prit le train à Saintes où le fermier la conduisit, elle et ses quelques bagages, dans sa charrette à cheval. Elle n'avait jamais pris le train. Ce fut donc toute une aventure et cela prenait beaucoup plus de la journée après un changement de train à Poitiers, puis à Tours. Enfin, elle arriva à la grande ville. Là, elle dépensa le reste de son argent pour se faire conduire, en taxi s'il vous plait, à l'adresse indiquée. Le vieux couple habitait au 3ème étage d'un immeuble cossu dans le 9ème arrondissement, au 46 de la rue de Châteaudun, non loin de Notre Dame de Lorette.
Voilà donc Jeanne qui venait de ''monter à Paris ''
Ses patrons étaient de la vieille aristocratie française. Lui avait près de 80 ans et sa femme, environ 75. Elle n'avait jamais travaillé de sa vie, à quoi que ce fut. Leur bonne était partie après la guerre pour suivre son amoureux et pour elle, tenir une maison à son âge était une mission impossible. Auprès de ces petits vieux, Jeanne assurait le train de la maison : elle faisait le ménage, la lessive, les courses, les repas, enfin tout ce qui était matériellement nécessaire à la vie dans cet endroit plutôt bien meublé. Même si l'appartement était assez vaste pour Paris, cela n'avait rien à voir avec la maison de Maître charentaise qu'elle venait de quitter.
Aussi, Jeanne qui avait la main grande et à qui l'ouvrage ne faisait pas peur avait-elle beaucoup de temps pour elle, d'autant que le vieux couple n'était ni exigeant avec elle, ni difficile à servir. Elle en profitait pour aller marcher un peu dans Paris et découvrir la capitale, ses magasins qui la faisaient rêver et ses rues interminables où elle adorait flâner. Le manque de situations un peu piquantes et de sexe, comme elle en avait connues en Charente, commençait à se faire sentir pour Jeanne. Surtout à cet âge où l'adolescence finissante la travaillait plus que jamais. Certes, elle s'adonnait bien à des plaisirs solitaires aussi souvent que possible, mais elle éprouvait une certaine frustration, qui grandissait chaque jour un peu plus. Elle aurait aimé ressourcer un peu ses fantasmes et retrouver certains moments comme ceux qu'elle avait connus autrefois.
Mais ici, avec ces deux vieux, peu de chance que cela n'arrive... Et paradoxalement, le fait de se promener dans la rue et de croiser des gens de toute nature et de toute espèce, augmentait encore ce manque, puisque dans son inconscient, il y avait tant de personnes ''disponibles'' à portée de la main.
D'ailleurs, c'était souvent en revenant de ses promenades qu'elle montait rapidement dans sa chambre, qu'elle s'allongeait sur le lit. Et là, soit en se branchant directement sur ses fantasmes, soit en s'excitant plus indirectement par la lecture des textes ou la vue des photos et dessins qu'elle avait subtilisés à Mademoiselle, elle se masturbait jusqu'à la jouissance. Ces textes et ces dessins, elle les connaissait par coeur et dans les moindres détails, mais il n'empêche qu'elle y avait souvent recours, comme un support concret qui la ramenait à des épisodes marquants de son ancienne vie,
Elle se rendait bien compte elle-même que les jours où elle avait recours plusieurs fois, à la masturbation parfois jusqu'à trois, voire quatre fois dans une même journée , ce manque se faisait de plus en plus sentir.
Un soir pourtant où l'envie de se faire baiser, la tenaillait un peu plus fort que d'habitude, elle n'y tint plus et quand ses patrons se furent endormis, elle sortit en ville, seule, sur le coup de 10 heures du soir. C'était une soirée chaude de printemps où la chaleur de la journée remonte de la rue en bouffées tièdes. Les arbres laissaient éclater leurs bourgeons et leur feuillage tendre avait une odeur persistante que Jeanne, venant de la campagne connaissait bien. L'air chargé de tiédeurs, remontait des trottoirs sous sa robe et venait caresser ses cuisses. Elle avait pris soin d'enlever ses bas se donnant comme raison qu'il faisait bon et doux ce soir, et elle avait également pris ce jour-là une culotte très ample qui ne collait pas à ses cuisses, mais au contraire lui laissait un large espace à la jambière (photo 1). Ces culottes à l'époque, étaient fendues au fond sur quinze bons centimètres ; ainsi quand la femme s'accroupissait pour uriner, la culotte s'ouvrait d'elle-même, ce qui permettait de pisser sans aucun problème, juste veiller à relever la jupe qui se portait généralement longue à cette période.
Depuis qu'elle était à Paris, Jeanne avait découvert les culottes de femmes de diverses formes et de textures différentes, en coton, en finette, et même en soie. Elle prenait souvent les culottes plutôt fines et soyeuses que sa patronne avait conservées bien que celle-ci ne les mette plus, sans doute depuis longtemps (photo2).
Ce soir donc, elle sentait l'air passer le long de ses cuisses, par le côté de la jambière, remonter jusqu'à l'aine et même s'insinuer jusqu'à sa chatte. Cela la faisait frémir et trembler d'aise. Elle eut brusquement envie de s'appuyer à l'intérieur d'une porte cochère et se donner furtivement et très vite du plaisir. Elle résista. La nuit tombait doucement sur les façades des immeubles estompant les détails et les formes, les becs de gaz commençaient à percer çà et là l'obscurité naissante. Jeanne marchait doucement avec application, appuyant ostensiblement chacun de ses pas sur le pavé, comme si elle voulait retarder le moment d'une découverte importante pour mieux en savourer l'instant. Arrivée au bout de la rue de Châteaudun, elle traversa la place d'Estienne d'Orves, passa devant l'église de la Sainte Trinité. Elle aperçut en face la gare Saint-Lazare qui jetait tous ses feux, puis elle tourna à droite rue de Clichy, qu'elle commença à remonter en direction de la Place du même nom.
Elle sentait les gouttes de sueur perler sur son pubis et sa vulve devenir moite. Etaient-ce les efforts de la marche qui la mouillaient ainsi ou le sentiment d'une totale liberté de sortir enfin pour connaître l'aventure, la vraie, un soir de printemps, seule dans Paris. Cette pensée la fit frissonner. Elle sentait la sueur en abondance maintenant, non seulement dans son entrecuisse et entre ses fesses devenues moites, mais également dans le creux de son dos et dans le sillon de ses jolis seins.
La nuit était presque tombée. Des fiacres montaient en toute hâte dans des claquements de fouets, les chevaux martelant les pavés luisant d'usure. Elle croisait des hommes qui descendaient de la place et marchaient d'un bon pas. Un couple visiblement un peu éméché, la femme riant de façon vulgaire et excessive, la heurta sans s'excuser et continua en tenant toute la largeur du trottoir. Au milieu de la rue, vers la rue de Liège, des rumeurs de bars et cafés lui parvinrent. Puis, se furent des remugles d'alcôves et de renfermé qui s'imposèrent à elle. Des musiques de bastringues qui se mêlent et s'entrechoquent, commencent aussi de plus en plus nettement à descendre la rue, certaines plus fortes et plus aigües que d'autres.
Par des portes ouvertes sur la rue, à gauche comme à droite, Jeanne aperçoit des salles obscures, aux lueurs rouges ou orangées ténues et tamisées, dans les lesquelles se meuvent au ralenti des ombres mal définies. Par moments elle y distingue des personnes attablées (photo 3). Ici une femme en robe très légère et d'une blondeur excessive. Là, deux hommes penchés l'un vers l'autre et se parlant à voix basse. Un peu plus loin, une fille à la jupe très fendue, est accoudée à un bar devant un verre (Photo 4). Là encore, dans le coin d'une banquette un homme penché sur une femme et qui visiblement l'embrasse.
Jeanne sait qu'elle entre dans le quartier plutôt mal famé de la Place de Clichy et de Pigalle, qui aux dires des personnes qui en ont parlé devant elle, est le quartier de la perdition, celui des femmes de petite vertu et du milieu parisien. Les dames de petite vertu ! Jeanne a bien une petite idée de ce que cela représente, mais le ''milieu parisien'', elle ne voit pas ce que l'on désigne par là. Pensez donc, après dix-neuf ans passés dans la campagne dont quatre de guerre par-dessus le marché, ce n'est pas ce qui émancipe une jeune femme ! Encore quelques pas et la voilà en vue de la place Clichy, en haut de la montée.
Maintenant, le long de la rue ou dans les rues adjacentes, dans les portes cochères ouvertes, des femmes très peu vêtues sont plantées là, adossées aux entrées, la poitrine dégagée, montrant leurs seins à peine voilés par des dentelles vaporeuses. Certaines marchent de long en large, mettant en valeur leurs charmes. Leurs jupes plutôt courtes ou fendues, laissent voir la chair des jambes ou en haut desquelles on imagine la fine culotte de soie, blanche et rehaussée de dentelles sans doute pour mieux exciter les hommes. Ces femmes sont là pour la baise pense Jeanne. Elles sont là pour trouver des clients qu'elles vont "faire monter" dans leur chambre ; elles vont les sucer et puis elles s'en feront baisées, les cuisses écartées sans même enlever la culotte qui s'ouvrira d'elle-même, et alors, la bite s'enfoncera bien profond dans leur con !...
A cette évocation Jeanne sent son corps s'amollir et ses jambes devenir en coton. Elle sent très nettement sa fente se mouiller, la sueur perler à sa raie de fesse et glisser jusqu'à son petit trou. Son entrejambes est moite. Elle marche comme un automate, mettant un pied devant l'autre sans bien s'en rendre compte, la tête complètement à ce que font ces femmes plusieurs fois par jour. Elle revoit en flashs rapides les bites, les couilles, les fesses et les bouches des deux jeunes poilus en permission qui l'avaient dépucelée. Cela remonte à cinq ans maintenant et depuis elle n'a plus jamais été baisée, pas même une seule fois. C'est dire si l'envie la tenaille. Une femme assez forte et plutôt âgée environ la quarantaine, ce qui est vieux pour Jeanne qui n'a que 19 ans ne l'oublions pas , assise sur une chaise à l'entrée du bar (photo 5), lui lance :
- '' Qu'est-ce qu'elle fait là celle-là, dans un quartier pareil ' Et toute seule en plus !"
- '' T'en fais pas Lulu, c'est la relève qu'arrive !! Comme en 14 !! Faut relever les troupes fatiguées !!", lui répond une plus jeune appuyée de façon désinvolte au chambranle d'une porte de bar.
- '' La relève ? C'est plutôt la concurrence, oui !!! T'as vu les miches et les yeux qu'elle a !! De quoi soulever les bites à distance !!", ajoute une troisième.
- ''Tu parles !! T'as vu la touche'', enchaîne une autre avec une robe toute ouverte sur le devant qu'on lui voit le renflement de la motte. '' C'est le printemps et il fait beau, les oies blanches sont de sortie !!" Et une cinquième de l'autre côté de la rue, d'ajouter :
- ''Ah oui alors ! En guise de soulèvement de bites, tu peux être sûre que l'oie blanche comme tu dis, s'enfuirait avant même qu'il en sorte une de sa tanière !!" Et toutes partirent d'un immense et bruyant éclat de rire. Prenant les quolibets et le rire des femmes en plein visage, Jeanne sent le rouge lui monter au front.
Pourtant elle fait mine de ne rien entendre et poursuit son chemin en se disant : " mes pauvres filles si vous saviez les bites que j'ai déjà eu entre les cuisses, et ensemble ce qui plus est, vous fermeriez votre bec !" D'ailleurs Jeanne est sur le point de leur balancer cela au visage, à toutes, non pas par forfanterie, mais simplement pour rétablir la vérité. Elle se retient pourtant, mais en compensation de la frustration de ne pas dire aux femmes, elle sent qu'elle décharge dans sa culotte, comme si elle avait un orgasme furtif et compulsif.
Elle sent qu'elle est toute mouillée dans l'entrejambes et les bords pourtant ouverts de sa culotte lui collent aux lèvres et à la fente. La première des femmes reprend :
- '' Allez file !! Ce n'est pas ta place ici ! A voir des filles comme toi déambuler dans le secteur, les gaziers ne voudront plus monter !! C'est vrai que tu nous fais de la concurrence, que tu le veuilles ou non !!"
Un type un peu vieux, semble-t-il à Jeanne, l'interpelle depuis sa fenêtre du premier étage :
- '' Oui, c'est vrai ce qu'elle te dit la Lulu, petite ! Ce n'est pas un quartier pour toi ici ! C'est surtout que tu risques d'y faire des mauvaises rencontres et pour une jolie jeunette comme toi, ce serait dommage, aller !! ''
- '' Eh, tu sais quoi ? '', lui crie une autre fille à la poitrine très massive et au corsage très échancré, qui se trouvait deux portes plus haut dans la rue, '' j'en connais un qui te voudrais bien dans son harem ! Si tu veux, j'en parle au Gaston, et dès ce soir c'est une affaire faite !" Jeanne faillit s'arrêter et demander à la femme qui était ce Gaston. Elle hésita une fraction de seconde. Elle avait très envie d'accepter la proposition. Quelque chose la retint au dernier moment et elle fit encore trois pas avant de se retourner. Mais l'autre était visiblement passé à autre chose, elle parlait avec sa copine, tournant déjà le dos à Jeanne. Celle-ci n'insista pas et continua son chemin.
Ce moment très bref, ces quelques secondes à peine, pèseront ment très lourd dans la vie de la jeune femme. Imaginons un instant qu'elle ait dit oui à cette proposition ! Et alors, elle aurait basculé dans la prostitution et peut-être plus encore. Personne ne peut dire quelles conséquences auraient eu cette décision. Quelques secondes, où tout aurait assurément bifurqué vers une autre vie. L'existence est ainsi faite de rencontres et de moments fortuits qui, lorsque l'on y regarde de près, modifient définitivement votre destinée ; et cela sans qu'on en ait conscience sur le moment.
Elle arrivait maintenant tout près de la Place de Clichy, elle marchait en pensant que d'une certaine façon elle enviait la vie qu'avaient ces filles ; vie toute tournée vers le sexe et le plaisir, du moins le croyait-elle. Une vie faite de liberté et de baise à longueur de journée. Oui, après tout se disait-elle, c'est aussi riche et excitant que de faire des ménages et d'assister des petits vieux ! D'un autre côté, elle entrevoyait dans ses pensées, qu'une une fois repues de baises et de branlages, cela devenait peut-être un peu dur de faire ça des journées entières alors que l'on n'en a plus ment envie ! Pour l'heure, le côté positif du ''métier'' de fille facile et que l'on paie pour cela, l'emportait largement pour Jeanne.
Brusquement, très exactement en face du 86 de la rue de Clichy, juste après qu'elle eut traversé la rue de Bruxelles, donc tout près de la Place de Clichy, une meute d'une dizaine d'hommes et de femmes sortant à toute allure d'un bar, fondit sur elle. Elle eut beau s'aplatir dos au mur, elle fut enlevée comme un foetus de paille et littéralement portée par le flot au coin de la rue qui arrive à la Place de Clichy. Là, il y eut un petit moment de flottement comme si le troupeau se comptait. Puis le flot repartit de plus bel, Jeanne fut embarquée, comme un frêle esquif sur une mer démontée. Puis, la marée longeant, le bas du boulevard de Clichy, dans le sens remontant fit encore une vingtaine de mètres avant de s'engouffrer dans une entrée en contrebas et de dévaler un escalier cimenté, pour arriver, houleuse et instable, dans un antre très sombre. Une femme du groupe, sans doute ivre, qui arrivait en courant, trébucha devant elle et faillit s'affaler. Jeanne ne compris pas immédiatement ce qui lui arrivait. Tout allait trop vite. Entre le moment où elle avait été happée, emportée, soulevée, dans le haut de la rue et l'arrivée en fond de cale, il ne s'était pas écoulé une minute. Au plus une poignée de secondes peut-être.
C'est dire si les choses avaient été brutales et soudaines.
A suivre, au chapitre 3
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