Mister Hyde - 6
6-
Ils déjeuneraient au loft. Après tout, il était lundi. Il lenvoya donc faire quelques courses vêtue dune robe sage bien que courte sans rien dessous. Lui continua à ranger. Cest dailleurs à cette occasion quil découvrit au fond dun carton, roulé dans un sac plastique, un porte-jarretelles, des bas, un string et un soutien-gorge qui, vu sa taille, nétait là que pour le décor. Il fourra le soutien dans le premier tiroir venu et exposa les autres pièces bien en évidence sur la commode, à droite de la cheminée. Elle ne pourrait pas les rater.
***
« Oh Merde ! » fut la première remarque que se fit Frédérique en apercevant les dessous qui trônaient sur la commode. Aussitôt, elle pensa quelle aurait mieux fait de sen débarrasser : « Depuis tout ce temps
Je suis vraiment la reine des connes !!! » Seconde certitude, Hyde était de retour.
- Mets-les ! Et quand ce sera fait tu me conteras leur histoire.
La voix de Frédéric lui parvint de côté. Il était assis par terre dans le coin opposé à la commode, à quelques pas de lescalier. Un jeans et une chemise du même bleu que ses yeux, lhabillaient. Frédérique balbutia quelques mots interrogatifs auxquels il ne répondit pas, se contentant de tourner son regard vers la commode.
« Tu mouilleras dun simple regard
» lui avait-il dit lavant-veille. Il aurait aussi pu affirmer quelle obéirait pour la même raison. Elle marcha vers le meuble dun pas rapide, laissa tomber sa robe et se para de la panoplie. Puis, elle sagenouilla.
Dun geste, il lui signifia dapprocher. « Au doigt et à lil » pensa-t-elle. Comme elle fit mine de se lever, il agita le doigt en signe de dénégation. « A quatre pattes
Il veut que javance à quatre pattes
» Ses yeux sembuèrent et le goût de la bile lui monta à la gorge. Elle avança une main puis la jambe, puis lautre main et lautre jambe de concert. Elle venait de faire un pas, elle en fit un deuxième.
Il lui fallut de longues secondes pour dompter ses sanglots mais elle entama tout de même son récit (elle navait pas envie dêtre punie pour lavoir fait répéter son ordre). Elle raconta comment elle avait volé ces dessous à sa sur aînée et surtout, pourquoi elle les avait portés. Elle avait à peine dix-neuf ans et avait commis la bêtise de dilapider sa cagnotte, destinée à lachat dune voiture, au casino dune ville voisine. Désespérée, elle navait trouvé quun moyen de récupérer rapidement largent perdu : vendre son corps. Elle était retournée au casino, vêtue de ces dessous et dun imperméable. Un gros homme, la cinquantaine bedonnante lavait abordée, ils avaient fait affaire pour la nuit. Le lendemain, elle avait récidivé. Ce furent les deux seules fois où elle avait fait la putain.
Elle avait synthétisé son récit au maximum et Frédéric ne posa, sur le moment, aucune question. Savoir quelle avait fait la pute lui suffisait amplement. Il nen éprouva ni dégoût ni rejet pour la belle. Il se promit juste de découvrir pourquoi elle avait conservé ces frusques. Naturellement, il choisirait, pour se faire, linstant le plus inopportun. En attendant, il avait un autre projet dont il informa la donzelle.
- Jai toujours rêver dêtre servi à table par une cochonne revêtue de la tenue que tu portes. Tu vas faire ça pour moi, nest-ce pas ?
La question ne nécessitait pas vraiment de réponse mais elle opina tout de même.
- Seul bémol, reprit-il, tu seras entravée. Vas me chercher les bracelets
Oh ! jallais oublier. Hormis pour le service de table, tu te déplaceras à quatre pattes !
***
Les liens, assez lâches, de ses chevilles permettait quelle marchât normalement ou presque. Ses poignets, en revanche étaient reliés par une courte cordelette qui gênaient considérablement lamplitude de ses mouvements.
- Pourquoi as-tu conservé ces dessous ?
Alors quelle portait à la bouche de Frédéric une cuillère de mousse aux fruits, la question la frappa comme un coup de fouet. La mousse bascula pour aller sécraser sur lentrejambes de lhomme.
- Nettoie ! Avec ta langue.
Agenouillée en un instant, elle aspira entre ses lèvres jointes le plus gros des dégâts puis elle lécha les résidus. Le résultat nétait pas génial mais il permettrait dattendre quelle se livre à une lessive plus efficace. Elle commençait à réfléchir aux diverses méthodes pour effacer la tâche quand la voix de son Maître résonna.
- Ça ne te dispense pas de me répondre
Elle ne lui laissa pas le temps de renouveler sa question.
- Je les ai gardés pour me souvenir du dégoût.
- Du dégoût
?
- Oui ! Baiser avec ces types cétait
répugnant !
- Donne-moi des détails.
- Il ny a rien à dire
ils mont baisée et, pendant quils le faisaient, je sentais leur mépris
- Tu es une menteuse ! Leur mépris
le fait quils te traitent comme la pute que tu étais, ça ta plu ! Cest à cette occasion que tu as découvert quêtre humiliée te faisait mouiller. Cest pour ça que tu as gardé ces dessous mais que tu les as cachés. Ils sont le symbole de ce que tu es mais que tu refusais dêtre. Jusquà vendredi.
Ose me dire que je me trompe, Salope !
Elle se tut puisquil avait raison. Il lui était même arrivé de les enfiler et de se caresser en laissant son imagination divaguer vers toutes ces pensées interdites. Les orgasmes avaient toujours été violents. Elle courba le cou et ses épaules saffaissèrent.
- Vous avez raison, Maître ! avoua-t-elle.
Il la fit se lever et sapprocher de lui.
Elle ne se trompait pas. Il la baisa avec toute la fougue dont elle le savait capable, en se contentant décarter sur sa fesse la ridicule ficelle qui obturait lentrée de son vagin. Il la baisa et, encore une fois, la présence du plug éveilla son désir dêtre prise par tous les trous à la fois. Elle navait plus besoin de circonvolutions sémantiques pour exprimer ses désirs. Du moins tant que cette expression nétait réservée quà elle-même. Au contraire, la crudité de son langage lamenait plus vite à lorgasme et cumulée à celle des paroles de son Maître, elle ne se priva pas den profiter.
***
Il labandonna sans un mot, rangea le contenu du dernier carton et, sans un regard pour elle, sinstalla dans le canapé.
- Je vais partir, dit-il. Vas préparer mon sac.
Elle obéit. Une vague de tristesse et de solitude lenvahit. Jamais, jusquà présent, on ne sétait occupé delle avec autant de constance et, comme ça, en trois mots, elle se retrouvait seule. Elle eut peur de cet isolement, de cet exil quelle avait pourtant décidé. Elle eut peur que cette séparation brise le lien quils avaient tissé pendant ces quatre jours. Elle eut peur que, de retour à Paris, il tombât amoureux dune autre
Elle fut jalouse de cette fille imaginaire. Elle fut jalouse de toutes les filles quil croiserait au gré des rues. Elle fut jalouse des rues de Paris qui le verrait déambuler alors quelle
Elle voulait le garder pour elle toute seule. Il était Son Maître, Son propriétaire ! A elle, à elle seule !
- Je ne resterai pas ! dit-il dans son dos.
Elle sursauta, laissant tomber la paire de socquettes sales quelle voulait isoler, comme tous les vêtements quil avait portés, pour la laver elle-même. Il se pencha et la ramassa avant de la lui tendre. Ce faisant, il saisit sa main.
- Je naime pas ta mère, je ne veux pas la voir. Et je tinterdis, tu mentends, je tinterdis dhéberger cette vieille sorcière ne serait-ce que pour une nuit.
Elle acquiesça.
- Mon sac est-il prêt ?
- Presque, murmura-t-elle.
- Alors jattends. Je veux que ta bouche aussi se souvienne de moi
Il lâcha son poignet.
Elle termina son ouvrage, pliant le linge à la va-vite. Elle avait hâte de le sentir entre ses lèvres, dans sa gorge. Elle voulait lui donner ce plaisir quelle lui avait refusé, avant. Dun geste vif, elle ferma le sac, le posa à terre et tendit les bras. Ainsi ligotée, elle ne pourrait mettre ses mains dans son dos. Il défit un des bracelets et la ligota par derrière. Elle sagenouilla, il sortit son sexe, elle laspira entre ses lèvres et le fit glisser lentement sur sa langue incurvée.
Elle le suça, longtemps. En prenant soin dalterner ses caresses. Jamais il ne tenta de senfoncer plus profond dans sa gorge. Il la laissait faire. Même les mains de Frédéric, doucement posées sur sa chevelure, ne la guidaient pas. Les seules indications que lui donnât son Maître, se furent ses râles de plaisir et la pression, plus forte, de ses doigts sur ses tempes, quand il éjacula.
Il la remercia dun baiser, délia chevilles et poignets et lui enjoignit daller passer la robe abandonnée là-haut. Une tape sur le cul vint conclure son discours. Cétait la preuve quelle lui appartenait. Elle en fut toute rassérénée.
***
Les mains sur le volant et la vitre baissée, Frédéric caressa Frédérique du regard. Elle rougit comme une midinette.
- Je reviens vendredi, dit-il. Dici là, je te contacterai sans doute. Laisse skype ouvert, ton téléphone aussi. Tu es à moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre, je veux pouvoir te joindre à tous moments.
Autre chose. Demain, avant larrivée de ta mère, tu mettras mon plug entre tes jolies fesses. Je veux que tu saches que jai envie de toi et que je peux te prendre en présence de nimporte qui.
Enfin, je ne tolérerais de ta part ni désobéissance ni mensonge. Est-ce bien compris ?
- Oui, murmura-t-elle.
- Oui ? Oui qui ?
- Oui Maître.
- Bien. Embrasse-moi.
Elle unit sa langue à la sienne. Elle était confiante, il reviendrait et il serait toujours son Maître. Ce baiser, ces directives, en étaient la promesse. Leurs lèvres se séparèrent.
- Je tautorise à te toucher
Deux fois, dici à vendredi.
Sois obéissante et tu seras récompensée. Dans le cas contraire
Je préfère ne pas y penser.
Il embraya, appuya sur laccélérateur et disparut rapidement au coin de la rue.
Elle se retrouva seule et
malheureuse.
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