Effrayant Derrière, Suite
Effrayant derrière, suite
Dialogues Interdits, ou les conversations subversives et légères de deux personnages abordant tous les sujets sexuels, même les plus tabous. Une série dhistoires complètes, dont les épisodes peuvent se lire dans nimporte quel ordre.
Un nouvel épisode chaque samedi matin à 9 H et chaque mercredi soir à 20 H.
Résumé : deux copines parlent de cul au sens premier du terme. Lune delle se souvient que plus jeune, son père lui achetait toujours de larges vêtements pour cacher son « effrayant derrière », afin que sa fille nattire pas trop de regards.
Ton père a continué à vouloir te protéger pendant longtemps ?
Ce terme de « cul effrayant » est devenu un running gag entre lui et moi. Maman naimait pas ! Ce nétait que de lhumour, malgré tout je le sentais inquiet. Quelques mois plus tard, jai compris que ce quil mavait dit ce jour-là au magasin était sincère. Jai aussi compris pourquoi il machetait toujours des fringues aussi larges. Cétait pas à cause du courant américain hip-hop.
Et tu acceptais facilement ?
Javais conscience de mes formes sans avoir conscience de lattrait quelles pourraient avoir. Et consciente ou non, je me suis longtemps foutue dattirer ou pas.
Ça a bien changé.
Heu, je suis devenue grande ! Le contraire aurait été étonnant.
Quand tu as commencé à grandir, tu ne voyais pas du tout quon te matait ?
Je men suis aperçue peu à peu, et pendant longtemps ça ma fait marrer. Je nai commencé à trouver ça excitant que bien plus tard. Tu vois : pas si coquine que ça la guêpe.
Tes parents sont pas si terribles.
Surtout, je ne veux pas que papa me vanne une millième fois sur mon « effrayant derrière ». Alors je préfère ne pas mhabiller trop moulant quand je vais les voir.
Est-ce que ton père a eu tort de sen faire ?
Sur le coup, on en veut toujours à ses vieux.
Il ta fait adopter ce look par amour pour toi. Comme cest chou
Jai pas été dupe éternellement. À partir dun certain âge, tu penses bien, je me suis mise à sortir avec du bien plus sexe.
Il te donnait le droit den acheter ?
Au début, jai carrément appris la couture pour faire des retouches sur certains futals. Puis javais aussi mes petites techniques. Remonter le pantalon le plus haut possible, serrer le nud à fond. Tout ce que je pouvais pour que la forme se dessine au moins un tout petit peu.
Les parents devraient comprendre que plus ils en font plus on fait linverse. Par esprit dopposition.
Je me suis aussi mise à mieux considérer mon cul. À laimer
jen ai été la première fan ! Puis, voir toutes ces illades, finalement cétait drôlement chouette.
Il avait peur que ça te rende superficielle. Les filles qui attirent trop de mecs et trop tôt ont tendance à le devenir.
Vu que je ne pouvais pas toujours sortir avec du moulant, je suis arrivée à passer le cap. Jadmets que cétait très net : les jours de moulant, cétait pour sortir avec un garçon. Les jours de baggy, jallais bûcher à la bibliothèque ou me faire une expo.
Donc, ton père a bien fait. Ça ta permis de faire bosser ton corps autant que ta tête. Et sortir sexy sans aucun boyfriend, juste pour le plaisir dêtre vue ?
Oui, bien sûr ! Et justement, cest ce qui me faisait finir avec un garçon, la plupart des jours.
Tu aimes la drague de rue ?
Il suffit déconduire quelques dizaines de lourdauds. Le jeu en vaut la chandelle, il y a presque toujours un charmant beau jeune homme qui vient ensuite. Jai découvert ça dès que jai pu enfiler des robes.
Donc tu as quand même pu tacheter ce que tu voulais ?
Louverture est venue de lautre bord : maman.
Instinct maternel, non ? Ou instinct féminin. Elle sait que tu devras assurer la descendance, et quil te faut donc présenter des arguments aux candidats.
Puis surtout elle en avait marre de lextra large. Voir sa propre fille aussi peu féminine ça la torturait trop. Par la suite, des candidats il y en a eu un paquet, sans que jaie à assurer ma descendance pour autant.
Ton papa a dû se faire pas mal de souci pendant ton adolescente.
Oui, il se doutait de tout ça. Je le soupçonne davoir lui-même été dragueur de rue et davoir palpé pas mal de culs, et pas seulement avant quil rencontre maman. Un vrai pro, à mon avis ! En ce sens, son inquiétude était presque une sorte de déformation professionnelle. Un peu comme les producteurs de pornos terrorisés à lidée que leur progéniture se lance un jour dans le porno. En plus à la maison, il voyait bien que mon corps changeait et devenait de plus en plus attirant. Les rideaux, il ne les fermait pas que dans les cabines dessayage, il fermait aussi tout le temps ceux du salon et de ma chambre.
Cétait exagéré.
Pas tellement ! Quand je sortais de la salle de bain, ou même parfois quand il faisait très chaud
je ne portais pas toujours de vêtements. Pourtant je tassure, sans aucune arrière pensée.
Est-ce quil a fini par abandonner la partie ?
Disons que cest devenu moins tendu. Des touches dhumour quasi nostalgiques. « Tu pourrais sortir sans ton cul ? Je serais rassuré ». Des idioties comme ça. Ça ma toujours fait beaucoup rire. À dix ans, lâge où on rigole dès quon entend le mot « cul » cétait normal. Aujourdhui, à plus du double, les piques de papa me gênent un peu plus.
Il est rassuré aujourdhui ?
Quelque part il a toujours la trouille que je tourne mal, que je fasse nimporte quoi de mon corps.
Tu as chassé ses craintes, jespère.
Je lui ai juste dit ce que javais fait au cheval aujourdhui. Des fois, jaimerais bien lui répondre plus franchement. Jaurais adoré lui dire « Mais non papa ! Je ne viens pas de me faire sodomiser par trois types daffilée. Je lai déjà fait lannée dernière quand je vivais encore chez vous. Jy suis allée tout en douceur, ce soir-là tu nas rien remarqué et as accepté sans broncher que je sois allée réviser mes partiels à onze heures du soir. »
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