Mister Hyde - 10
10-
Entre petit déjeuner et dîner, Frédérique fut libre doccuper son temps comme elle le souhaitait. Elle était à Paris, ses pas la guidèrent vers le Louvre. Elle aimait latmosphère du musée toute à la fois feutrée et gigantesque. Elle sy sentait chétive face à tant de beauté mais aussi puissante et inventive grâce à laura de ces uvres accumulées. Soigneusement, elle évita la salle de la Joconde pour aller se planter devant une « vierge à l » de Botticelli. Bien entendu, lémotion quelle ressentait négalerait jamais celle quelle avait éprouvée en découvrant la « Naissance de Vénus » mais son petit Franck lui manquait et elle avait besoin de voir et de sapproprier tout lamour maternel contenu dans le visage de la Madone.
Rassérénée, elle séloigna. Botticelli, encore une fois, lui avait parlé à travers sa peinture. Elle avait douze ans quand, au cours dun voyage scolaire à Florence, son regard avait croisé pour la première fois les uvres de lartiste. Quinze ans plus tard, elle se demandait encore comment, avec cinq siècle décart, il avait réussi à peindre son corps et son visage avec autant de précision
Naturellement, elle savait que le modèle du peintre était Simonetta Vespucci mais leur ressemblance était telle quon aurait pu les prendre pour des surs. Depuis, Frédérique était persuadée que les toiles du maître lui contaient son histoire et, souvent, en les contemplant, elle découvrait une péripétie qui lui était survenue, un trait de caractère de quelquun quelle côtoyait ou toute autre chose qui se rattachait à sa vie. Il était certain cependant, quun jour, à linstar de Vénus, elle quitterait sa conque. Au souvenir de la douceur de Frédéric le matin même, elle se dit que lévénement sétait peut-être déjà produit.
***
Joyeuse et sautillante, elle rentra à lappartement. Elle avait, en chemin, fait quelques courses. Essentiellement des provisions de bouche et de
« couche ».
Elle cuisina en chantonnant, choisit avec soin chacune des patates quelle pela soigneusement avant de les couper en petits dés et de les mettre à bouillir dans le lait, à feu très doux. Elle se lança ensuite dans la confection de la pâte à choux dans laquelle elle râpa une noix de pécan. Elle écrasa au presse purée les pommes de terres avant dajouter une généreuse dose de crème fraîche, assécha sa préparation par un passage de quelques minutes au four et mélangea, enfin, la purée et la pâte à choux. Après sêtre lavé les mains, elle neut plus quà façonner une myriade de petites boules quelle jetterait, le moment venu, dans la friteuse. Elle ferait sa sauce à la dernière minute afin quelle ne fige pas.
Le temps passait plus vite quelle ne laurait voulu et elle se dépêcha de préparer la tarte tatin quelle envisageait comme dessert. Certes, ce nétait pas un repas très diététique mais elle sen fichait, elle savait que Frédéric lapprécierait et cétait tout ce qui comptait.
Six heures sonnèrent, il était temps de soccuper delle si elle voulait être prête avant son arrivée. Une douche rapide, un maquillage succinct, ce nest sans doute pas grand-chose mais cest toujours plus chronophage quon ne pense. Or, elle ne disposait, au plus, que de trois quart dheure et brosser son épaisse chevelure lui prendrait bien quinze minutes. Elle se dépêcha.
Bien quelle eut quelques minutes de retard par rapport à lhoraire quelle sétait fixé, cela neut pas de conséquence : il était sept heures passées et il nétait toujours pas là. Sans simpatienter, elle passa un tablier par-dessus sa nuisette et fit un tour dans la cuisine afin de vérifier que tout était disponible en un tournemain pour quelle puisse saffairer dès son retour.
Un grésillement de la sonnette, le bruit de la clé tournant dans la serrure, Frédérique allait quitter son tablier quand la voix de Frédéric retentit :
- Je ten prie, entre, le salon est à droite
Les joues de Frédérique senflammèrent en un battement de cil. Elle était enfermée dans la cuisine en tenue plus que légère et il nétait pas rentré seul. De quoi allait-elle avoir lair face à cet inconnu alors quelle était presque nue
?
Elle décida de ne pas bouger. Sans aucun doute, Frédéric la chercherait : son sac à main, posé en évidence dans lentrée indiquant clairement sa présence.
Il ne fut pas long à entrebâiller la porte de la cuisine pour y passer la tête. En la voyant, son sourire sélargit. Il lui demanda de quitter son tablier pour venir saluer leur hôte. Elle émit quelques réticences mais il insista :
- Jignorais que tu serais dans cette tenue mais elle est en tout point parfaite. Viens ! ajouta-t-il en lui tendant la main.
Elle le suivit sans enthousiasme. En achetant cette nuisette, cétait à lui quelle voulait faire plaisir, pas sexposer nue face à un inconnu. Frédéric tira sur sa main, quil emprisonnait dans la sienne. Comme elle navait pas envie de le mettre en colère et décoper dune punition, elle avança jusquà ce quil la propulse dans le salon.
Marc ! Cétait Marc linvité
Frédérique rougit de plus belle. Quelle idée saugrenue avait bien pu passer par la tête de Frédéric pour quil invite un de ses ex ? La voix de Frédéric lui parvint dans son dos.
- Sers-nous, veux-tu.
En quelques mots, Frédéric venait de foutre en lair tout ce quelle avait prévu, tout ce quelle avait préparé. Perdue dans ses pensées, elle nécouta pas la conversation que Frédéric et Marc avaient entamé. Elle leur servit du whisky et, comme une automate, alla sagenouiller dans le coin que son Maître lui avait montré dès son arrivée, la veille.
Les sons de ces deux voix quelle connaissait si bien bourdonnaient dans sa tête. Elle avait honte, vraiment honte de se montrer à Marc sous ce jour dégradant. Elle ferma les yeux, de peur de croiser le regard de son ancien amant, elle ferma son esprit pour ne pas penser à la déchéance quelle lui montrait. Cest une chiquenaude sur la joue qui la sortit de sa léthargie. Frédéric était planté devant elle, mécontent.
Elle mit quelques secondes à comprendre ce quil exigeait delle. Déshonorée, elle savança vers Marc, à quatre pattes comme limposait le protocole et baisa sa chaussure droite. Lui, caressa ses cheveux comme on flatte une chienne. Ce nest quau prix dun effort titanesque quelle ravala la bile qui lui montait aux lèvres tandis quelle retournait doù elle était venue. Mais à peine eut-elle repris sa position dattente que Frédéric lenvoya préparer le diner, pour deux
- Je dresserai la table ajouta-t-il, ce soir, tu nes pas digne de paraitre sur tes deux pieds, devant nous.
Cest donc à quatre pattes quelle se dirigea vers la cuisine mais, à peine hors de vue, elle se remit debout. Elle referma la porte derrière elle et se laissa aller aux larmes. Elle avait honte et elle était vexée, elle était triste mais aussi en colère. De lautre côté du couloir, léclat de rire de Marc lui parut salace, avilissant. Cela rajouta de la déception à son émoi mais, à quoi pouvait-elle sattendre après sêtre présentée comme elle venait de le faire
?
« Quelle conne je fais se dit-elle en essuyant ses larmes dun revers de main.
Faire le service en se déplaçant à genoux ne fut pas une mince affaire mais elle sen tira convenablement. Puis, quand elle eut posé le plateau sur la desserte, elle regagna son coin. Pour soccuper, elle guetta, dans leur conversation, la moindre allusion au repas quils étaient en train de déguster mais, leur discussion sencra sur la politique menée par le gouvernement en matière dArt et hormis quelques allusions grivoises sur les charmes de la ministre, rien ne transpira en rapport avec ses talents culinaires. En revanche, un claquement de doigts et un signe éloquent lui intimèrent de se glisser sous la table. Elle sapprêtait à dégrafer le zip quand la voix de son Maître lui parvint :
- Pas moi !
A contre cur, elle opéra un demi-tour vers les cuisses de linvité. Son sexe était déjà sorti de la braguette, prêt à lemploi. Elle le saisit entre ses lèvres, sans fioritures ni préliminaires. A lépoque où ils étaient ensemble, elle navait sucé Marc quune fois, parce quil avait insisté. Cela ne sétait jamais reproduit. Il faut dire quelle naimait pas ça et quelle le lui avait bien fait comprendre. Il ne pouvait en être de même aujourdhui ! Bien quelle nen eut aucune envie, elle sappliqua : elle avait reçu un ordre, elle se devait de lexécuter avec zèle. Elle déploya donc tout larsenal des caresses qui lui avait été récemment inculqué. Ses lèvres se firent gourmandes et elle creusa les joues pour en frôler la hampe autour de laquelle, à chaque va et vient, elle enroulait sa langue. Peu à peu, elle trouva son rythme, alternant gorge profonde et succion du gland, coups de langues et allées venues. Les grognements, quelle entendit de plus en plus distinctement, lencouragèrent. Puis elle sentit les prémices du plaisir. Entre ses lèvres, le gland gonfla, la veine du pénis battit contre sa langue. Marc allait jouir. Elle eut un haut-le cur en songeant au liquide qui allait bientôt se répandre dans sa bouche et quelle devrait avaler. La veille, elle avait dû boire le sperme du professeur, ce soir, ce serait celui de son ex
Elle craignit de ne pas en avoir le courage. Heureusement, elle était sous la table, la grimace quelle fit ne se vit pas. Pas plus que le hoquet de dégoût qui suivit.
Marc, cependant, dut être satisfait car elle fut invitée à quitter sa cachette pour aller chercher le dessert. Comme celui-ci nétait pas prêt une tarte Tatin doit être servie chaude elle commença par apporter un plateau de fromages. Frédéric lui lança un regard réprobateur puis la fit se lever et se coller à lui. Sans aucune considération pour elle, il insinua un doigt dans son sexe et le lui fit lécher. « Sperme et cyprine seront mon seul repas, se dit-elle. » De la même façon, il fouilla son derrière. Elle blêmit en voyant le doigt se tendre vers sa bouche, juste assez pour lobliger à se pencher. En fermant les yeux elle tendit ses lèvres entrouvertes mais elles ne rencontrèrent que le vide. Elle regarda pour se convaincre quil avait bien retiré son majeur et retint un soupir de soulagement ; Frédéric souriait de sa mauvaise blague. Elle nétait cependant pas au bout de ses peines.
- Tu vas gouter son cul. Tu vas voir, cest un fourreau de soie
dit-il à lintention de Marc.
Nouveau claquement de doigt, nouveau geste invitant cette fois au demi-tour et Frédérique se retrouva les fesses à lair sous le regard de Marc. Elle avait déjà été sodomisée par lui, il la trouvait trop étroite et bien quil le lui ait dit, il navait jamais suggéré quelle fasse quoi que ce soit pour résoudre ce problème, contrairement à Frédéric qui avait exigé lusage intensif du plug. Incontestablement, le phallus de Marc serait mieux accueilli que par le passé. Frédérique ne se réjouit pas de ce constat. Elle retint une larme : ce soir, elle nétait quun objet qui se plierait aux diktats de son Maître.
Marc ne tarit pas déloges sur ce que Frédéric avait fait delle. Elle décela cependant dans son ton un mélange de pitié et de mépris à son égard qui lattrista et renforça sa honte. Elle allait devoir se donner à lui sans restriction, ainsi il ne la verrait plus que comme la chose soumise et utilisable à mercie quelle était devenue. Et subitement, elle comprit. Elle comprit que Frédéric était en train de brûler ses vaisseaux, lui interdisant désormais tout retour vers sa vie davant, vers le groupe damis quelle avait et que Marc mettrait bientôt au courant de sa déchéance. Pourtant, elle sourit, ne voyant dans lacte de Frédéric que la volonté de capter son âme comme il avait capté son corps. La dernière pierre de lédifice venait dêtre posée : elle était désormais enfermée dans une prison dont son Maître était à la fois les murs et le geôlier. Passionnément, elle lacceptait.
Obéissante, elle sempala sur le sexe de lhomme étendu au sol. Lequel était-ce ? Elle lignorait. Frédéric lavait aveuglée et bâillonnée après quelle eut refusé de prononcer un mot dalerte. Elle était la mouche de lhistoire face aux deux araignées qui allaient la dévorer
On ne lutte pas contre linexorable. Tirée vers lavant par des bras vigoureux, elle se pencha. Sa poitrine sécrasa sur le torse de lhomme et elle ressentit la brûlure dun sexe forçant son anus. Cétait Marc, elle en était sûre : son sexe était à la fois plus court et plus épais que celui de son Maître. Elle en éprouva un plaisir inédit. Jusqualors, être sodomisée par Marc lui avait apporté un lot de souffrance et de jouissance équivalent, ce soir, elle ne ressentit aucune douleur, juste le bien-être dêtre prise. Elle lexprima par un râle étouffé. Il senfonça en elle jusquà la garde, sans pouvoir retenir un cri dadmiration quil ponctua dune gigantesque claque sur sa fesse droite :
- Oh Putain ! Que tes bonne
!
Les deux hommes se mirent à lunisson. Ils la besognèrent lentement, comme sils prenaient leurs marques dans un ballet synchronisé. Elle pensa à ces locomotives à vapeur dont les roues départaient lentement pour atteindre leur pleine puissance quelques kilomètres plus loin. Elle se prit à rêver que ce voyage soit sans fin et se poursuive ainsi, à la vitesse dun tortillard. Mais dun commun accord, ils accentuèrent le rythme. Bientôt, elle ne distingua plus lorigine de son plaisir. Les ondes émises par ses deux orifices se mélangeaient si vite, si totalement quelle ne les différenciait plus. Elle eut un premier puis un deuxième orgasme. Incapable de contrôler son corps, elle sabandonna complètement aux sensations qui lemplissaient, qui lenivraient. Elle était encore secouée de spasmes quand elle prit conscience que les deux sexes toquaient à la même porte. Instinctivement, elle modifia sa position pour faciliter à Frédéric laccès à son anus.
- Cest vraiment une bonne salope ! fut le commentaire de Marc.
Linsulte et le fait que lhomme parlait delle comme dun objet, lexcita. Elle tendit son cul vers larrière, les deux queues sy engouffrèrent. Le choc fut tel quelle expulsa tout lair de ses poumons en un seul hoquet, bref et ravageur. Elle chercha lair comme une noyée tandis que les deux hommes pistonnaient vigoureusement son conduit en la propulsant vers lavant. La salive accumulée - retenue par la boule qui obstruait sa bouche - séchappa, évitant ainsi quelle en inspire. Couchée sur le torse de Frédéric, elle retrouva sa respiration. Elle la mit à lunisson des coups de butoirs qui la taraudaient et put à nouveau profiter du cadeau que lui faisait son Maître. Elle retrouva son calme et ferma les yeux derrière leur bandeau. Elle se laissa bercer par les allées venues des hommes qui, sils ne la ménageaient pas avaient toutefois réussi à trouver lexact dosage de leur violence. Une nouvelle vague lemporta qui lenferma dans un ressac où elle fut ballottée de plaisirs en jouissances jusquà lépuisement de ses deux tourmenteurs. Alors, ils se dégagèrent delle et exprimèrent leur contentement sur son visage. Elle les reçus avec joie, libérée du bandeau et du bâillon, heureuse davoir su satisfaire leurs désirs. Mais elle ne prit en bouche que le sexe de Frédéric car seul son Maître pouvait prétendre à être nettoyé par elle. Elle sy employa avec tant de maestria quil retrouva de la vigueur et sépancha à nouveau dans sa gorge.
- Tu en as vraiment fait une salope hors pair ! Jai toujours eu envie de la voir à genoux devant moi
Elle neut pas besoin de se tourner vers son Maître pour savoir que lautorisation habilement demandée par son hôte avait été accordée. Elle sapprocha donc de Marc et, docilement entama une fellation. Elle navait pas aimé le sucer sous la table, elle apprécia encore moins de le faire au grand jour. Le sexe de lhomme était trop large pour sa bouche et tiraillait douloureusement ses mandibules mais, surtout, il y avait sa main, posée sur sa tête en signe de simili-possession qui la fit frissonner de répugnance. Jamais elle navait appartenu à Marc. Certes, ils avaient été amants, mais elle ne lui avait offert quune sexualité classique et plutôt morne qui fut sans doute une des raisons de leur séparation. Depuis quelques heures, elle démontrait de quoi elle était capable pour lhomme quelle avait choisi et il en ressentait une incontestable jalousie quil exprima cest du moins ainsi quelle linterpréta en lui baisant violemment la bouche. Frédéric, pendant ce temps, alla dans la cuisine éteindre le four : la tarte Tatin nétait plus quun souvenir. Il ouvrit la fenêtre pour dégager la fumée qui imprégnait la pièce puis sen retourna en fermant soigneusement la porte. De retour au salon, il se plaça derrière Frédérique et glissa ses mains sous ses aisselles, lobligeant à se relever. Elle interrompit sa fellation pour se lever. Dune caresse dans le dos, il linvita à reprendre son ouvrage tandis quil écartait ses cuisses de sa main libre. Il la pénétra tendrement. Pliée en deux, Frédérique redoubla de douceur sur la queue de linvité. Peu lui importait qui il était et ce quil faisait désormais, son Maître la possédait et cétait tout ce qui comptait
avec, il est vrai, le petit bonus de parfaire la réalisation de son fantasme. Longtemps elle en avait rêvé, souvent elle sétait caressée en simaginant être prise devant et derrière en même temps et, toujours, leau lui venait à la bouche
Sucer pendant quon la baisait : son désir prenait vie ! Pour la
à quoi bon compter ? Son corps se détendit et elle implosa. Plus rien neut dimportance hormis les myriades de petites étoiles qui scintillaient derrière ses paupières.
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