Laure Et Aurelie 6
La tête de Laure repose contre mon épaule.
- Tu es bien, au moins , mon amour? Moi je voudrais passer ma vie comme ça. Déçue par mes deux premières expériences, j'ai juré qu'on ne m'y prendrait plus. Je ne sortais plus ou je sortais avec Émilie. Un jour, il y a un an, Gilles nous a présenté son pote Raymond. Celui-ci m'a fait la cour avec tact, s'est montré amoureux mais pas pressé, s'est dit prêt à m'attendre aussi longtemps que je ne serais pas disposée à lui appartenir. C'était le chevalier blanc. Il m'a promis le mariage, juré un amour éternel. Mais il aimait trop certaines femmes mariées et cétait assez connu. L'une de ses maîtresses, jalouse de moi, pour le garder, m'en a fourni la preuve. Le lendemain j'ai chassé Raymond.
- Pas trop loin apparemment! Que faisait-il dans ta voiture ce matin sil était banni? Tu ne mattendais pas, étais-tu obligée de recourir à lui ? Laissons tomber, il n'a plus d'importance à mes yeux, puisque tu as fait ton choix entre lui et moi. Tu m'as accueilli froidement. Je m'attendais à être serré dans tes bras, à être couvert de baisers, à être reçu au moins avec curiosité. Tu m'as déçu mais tu t'es rachetée, c'est l'essentiel. Raymond nest plus présent en dehors des conversations.
- Je te demande encore pardon. Mais tu es là, seul avec moi. Quand j'ai annoncé mon intention de faire demi-tour pour aller te chercher, je n'avais pas prévu la réaction brutale de Raymond. Je pensais que nous pourrions louer ici une tente supplémentaire.
- Pour qui, pour lui ou pour moi ? De ma tente individuelle, j'aurais pu entendre les soupirs de bonheur de votre réconciliation ?
- Il ne m'a pas laissé le temps de réfléchir ou de parler. Il m'a fait une terrible crise de jalousie, m'a jeté à la figure des horreurs et que, de toute façon, il n'avait jamais eu l'intention de m'épouser. Gilles et Émilie pourront confirmer. Il avait mieux à faire que la mise à l'épreuve à laquelle je voulais le soumettre.
- Vous deviez passer la nuit à deux dans le sac de couchage aménagé, il aurait fallu être héroïque pour résister à la tentation. Tu mavais bien oublié, tu comptais pour rien tes déclarations damour du week-end de notre rencontre. Cela meffraie un peu.
- Veux-tu la preuve de ma capacité à être héroïque ? Je meurs d'envie de faire l'amour avec toi, mais si tu doutes de mon amour, il ne se passera rien entre nous., même couchés à deux dans ce sac.
- Je suis donc là aujourd'hui. Qu'attends-tu de moi ? Bouche trou du week-end , remplaçant de Raymond en colère? Dans quelques semaines, Raymond se prosterne à tes pieds, un bouquet de roses rouges à la main, la larme à l'oeil, une bosse énorme dans le pantalon après une longue période d'abstinence, il te propose un mariage après le délai légal de publication des bans: Que décides-tu ? Avant la fin de mon service militaire, moi absent, tu l'auras épousé ! Tu t'es moquée de moi il y a huit jours. Ta déclaration n'était pas sincère.
- Raymond est rayé de ma vie. Je t'aime, et toi m'aimes-tu ? Que venais-tu me dire ce matin ?
- Te souviens-tu de notre rencontre ? Tu m'as parlé de candidature, tu tes présentée comme la femme de ma vie. Tu t'es fait désirer à la piscine, en me montrant ton corps magnifique, tout ce que tu me caches encore. A ton avis, serais-je si peu sûr de trouver une femme que j'accepterais d'être ta roue de secours ? Ton enthousiasme m'avait convaincu, tu pouvais être mon épouse. Mais tu avais omis de me parler de Raymond. Te faudra-t-il toujours deux fers sur le feu ? Dans ce cas, nous pouvons nous oublier.
Ni Raymond, ni un autre. Toi, seulement toi. Plus jamais ce Raymond.
- Il ne faut pas dire : Fontaine je ne boirai pas de ton eau, dit le proverbe. Si un jour je te vois avec ce garçon, je considérerai que tu nas pas de parole et que tu es trop instable pour devenir ma femme.
- Est-ce linterdiction de tout contact ?
- Pendant toute la semaine j'ai pensé à toi. Je suis arrivé à la conclusion que je pouvais m'engager à t'épouser si tu me voulais. J'ai pris une permission exceptionnelle pour te le dire, pour t'exposer mes projets, te promettre le mariage, mais à la fin de mes études, si tu acceptes d'attendre. C'était aussi ton plan, souviens-toi. Et je t'avais prise au sérieux. Je ninterdis rien. A toi de savoir ce que tu veux. Jaccepte ton offre à cette condition.
- Seigneur ! Tu acceptes ! C'est vrai; j'ai failli te perdre ce matin. Tu ne serais plus revenu ?
- Effectivement. Ah ! Si je devais subir une deuxième fois le choc de ce matin, te voir partir avec Raymond pour un week-end, ou plus simplement encore, te voir en sa compagnie, je serais délié de ma promesse. Je ne suis pas jaloux de ton passé. Mais je ne supporterai plus que tu fréquentes ce type qui a proféré des horreurs. Lui courir après alors quil ta humiliée serait indigne.
- Écoute ceci. J'avais prévu de déposer Raymond ici et de rentrer aussitôt à la maison, pour lui montrer combien il est désagréable d'être délaissé. Les autres étaient tous prévenus. Chacun choisirait comment passer ses deux jours, soit dans le camping, soit en maccompagnant. Gilles et Émilie devaient voyager avec moi, cétait convenu.Quand j'ai décidé de faire marche arrière, j'ai imaginé lui montrer que tu m'aimais, pour enfoncer le clou, lui prouver quil avait tort de se croire irremplaçable. La tente supplémentaire n'était pas pour toi ! Et si tu le voulais tu pouvais lui faire écouter un gentil concert.
- Concert devenu inutile. Aura-t-il lieu si cet auditeur nous manque ?
- En doutes-tu ? Nous voici revenus à notre point de départ de notre promenade. Je t'invite sous ma tente. Écoute glousser Léa. Jamais discrète, tu vas bientôt l'entendre pousser la chanson, facile à interpréter, avec pauses, soupirs et demi-soupirs, points dorgue et octaves.
Allongée à côté de moi sur le grand sac de couchage et sur le sac à viande de même taille, Laure me dévore le museau. Elle sait faire monter la pression sanguine. Jattire son attention sur les répercussions de leurs gammes sur mon état physique ;
- Regarde-moi. J'ai une certitude absolue, tu ne peux pas en douter: je te désire et ta main le vérifie.
- Approche, glisse ton bras gauche sous moi, serre-moi contre toi. Ferme bien la porte de la tente et tu verras. Mais, toi aussi, retire tes oripeaux. Tu es beau. comme un sportif. Viens mon amour, viens maimer.
Elle me dit beau, me fait remonter dans l'estime de moi. Et je ne vois rien de plus important à faire que de laimer J'y mettrai tout mon coeur, tout mon savoir faire. J'adore cette invitation, je ne me force pas. Sur ordre je noue les liens de la porte. Je lui dois un compliment en retour; lémotion me conduit au plus court et au plus sincère ;
- Tu es si belle.
- Viens recevoir ta récompense mon brave guerrier.
Nous sommes tournés l'un vers l'autre, nous découvrons nos corps enfin dénudés, avec les yeux, avec les mains. Des mains en mouvement, des mains caresses, des mains douceur, curieuses, flatteuses. Yeux dans les yeux, nous laissons les contacts électriser notre peau, nos doigts visiter, toucher, palper et faire palpiter tout ce qui est à leur portée. Par-dessus tout j'adore la douce plénitude des seins, la dureté des tétons dont ma bouche a gardé un souvenir ému.
Mais le meilleur, c'est ce regard qui captive le mien, dont je ne peux me détacher, lui-même prisonnier du mien, avec ces variations d'intensité au fur et à mesure que le toucher nous émeut lors de la découverte d'un frisson sur une hanche, du durcissement de mon téton entre deux doigts de Laure. Laure, Laure, je répète inlassablement ce prénom. Elle me dit chéri, amour, amour de ma vie. Je suis heureux. Je la sens heureuse.
Nous jouissons de ce bonheur calme et tranquille alors qu'Émilie vient de relancer les couinements, les miaulements, les cris d'amour. Le concours est reparti, Léa se dévoue, atteint bruyamment un sommet aigu, bat de loin la meilleure manifestation de Marie et déclenche le fou rire général. Le rire gras des garçons fait écho. Ce chur est-il destiné à nous pousser à nous unir charnellement? Je commence à le penser.
Soudain, sans raison, Laure se met à pleurer. Une femme nue, sous une tente, qui est secouée de sanglots, je n'ai jamais vu ça. Comment la calmer, comment la réconforter ? Je resserre mon étreinte, je presse ma poitrine contre ses seins, je sens sa jambe couvrir la mienne, j'ai chaud. A bout d'arguments, je fais « chutt, ne pleure pas, je t'aime, je suis là »
- Hé, là-dedans, ça va ? Laure que t'arrive-t-il ? Tu veux de l'aide ? Réponds ou veux-tu que j'entre ?
Le corps est toujours agité de tremblements répétés, de secousses incontrôlables, mais Laure se met à rire, doucement puis de plus en plus fort, les paroles qui suivent sont à peine compréhensibles:
- Merci, Émilie, je ris de bonheur. Va, utilisez le voilier loué.
- Ah ! Bon. Si tu le dis. Tu ne viens pas ? Que fais-tu de si important? Tu naimes plus la voile. Ça va, il est bon au moins?
- Va, fiche nous la paix. Est-ce que je te demande si Gilles est bon ? Occupe-toi de ton
- Laure lamour te rend désagréable. Es-tu certaine de ne pas avoir besoin de mon aide? Hé, larmée française, tu nas pas oublié tes munitions. Laure est une excellente cible, mais il fut savoir tirer. Veux-tu des conseils avisés, laisse-moi entrer, défais le lien de la porte, je te donnerai un petit coup de main
- Ça suffit Émilie; fous leur la paix, ils savent faire lamour , tu bavardes trop. Tu les déranges et tu les énerves, viens plutôt terminer ta pipe. Tu ne peux pas voir un mâle sans vouloir y goûter. Est-ce que je cours après les autres filles ?
- Ouais, si on ne peut plus blaguer sans se faire engueuler. Jaurais voulu voir la gaule du nouveau. Jaloux, va. Bon, je vous laisse, mais noublie pas, Adrien, tu peux tout me demander, tu obtiendras tout. Mes cours sont gratuits pour toi.
Laure plaque ses mains sur mes oreilles, elle perd son envie de rire . Émilie est lourde.
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