Mister Hyde - 17
17-
Les yeux rougis par linquiétude et le manque de sommeil, Frédérique regarda le médecin sans comprendre vraiment ce quil lui racontait. Cela faisait près de quatre jours quelle veillait sur Franck, gisant sur son lit dhôpital. En le récupérant auprès de sa mère, elle avait bien senti que son petit était fiévreux mais elle ne sen inquiéta pas outre mesure, la maison était pleine de courant dair et il avait dû attr un chaud et froid. Dailleurs, la fièvre se calma et tout sembla redevenir normal. Mais dans la nuit du jeudi, nouvelle poussée de fièvre : le thermomètre indiquait 40,1°. Le médecin de « S.O.S » le fit hospitaliser en urgence. On diagnostiqua une rougeole, à létonnement général puisque cette maladie, grâce aux vaccins, avait pratiquement disparu dEurope et ne représentait plus quun épiphénomène dans les autres parties du monde. Cependant, dès la lendemain ce diagnostic fut battu en brèche par le manque de réactivité du bambin aux médicaments : la température poursuivait son ascension. Il fut transféré dans un autre hôpital, à Rennes, dans une autre région. En ce jeudi matin une semaine après le début de la crise le chef du service de médecine générale lui apprenait un nouveau transfert, à Paris cette fois, dans lunité des maladies tropicales de lhôpital Trousseau. Frédérique fondit en larmes face aux bras ballants du docteur qui sonnaient comme un aveu dimpuissance.
Ils firent le voyage en hélicoptère jusquà lhéliport de Robert Debray puis en ambulance jusquà Trousseau. Là, un médecin dune étonnante jeunesse ausculta Franck et ne mit pas cinq minutes à décider. Le nourrisson fut mis sous perfusion daspirine et on lui injecta de limmunoglobuline en intraveineuse. Le verdict était tombé : maladie de Kawasaki. Une saloperie extrêmement rare (moins dun cas sur cent mille en France) et qui touchait principalement les asiatiques. Cétait à ny rien comprendre.
Sous leffet de lacide acétylsalicylique, la fièvre tomba rapidement de deux degrés.
Si on savait comment la soigner, on connaissait mal le mode de transmission de cette maladie. Frédérique se prêta aux analyses que voulurent lui faire subir les médecins. Il savéra quelle était exempte de toute contagion. Lhypothèse la plus vraisemblable, lui expliqua le médecin, était une transmission génétique dont on navait pas encore découvert le marqueur. Frédérique tomba des nues à cette explication : ni elle ni Frédéric nayant, à sa connaissance, de lien avec lAsie.
La fièvre ne disparut quau bout de neuf jours. Franck était désormais hors de danger. Frédérique put enfin se concentrer sur des problèmes plus terre à terre.
Dans la précipitation du départ, elle avait laissé au loft, son téléphone et son portefeuille. Ce fameux jeudi soir, en rentrant du chez sa mère et tandis que Frédéric travaillait à la succursale, elle sétait connectée à internet dans le but de trouver un cadeau danniversaire pour le père de son . Elle avait donc extrait son portefeuille de son sac afin de pouvoir effec le paiement de ses achats et elle lavait laissé sur le bureau. Elle se trouvait donc à Paris, sans le sou et sans moyen de communication. En ce mercredi après-midi, elle appela le siège de son entreprise grâce au téléphone de laccueil.
Tu te rends compte que jattends ton appel depuis dix jours
Quest-ce que tu foutais bordel ? Jétais mort dinquiétude. Je suis même descendu jusque chez toi. Où es-tu.
Franck
La voix de la jeune femme était si triste, si perdue quil craignit le pire. Depuis quil avait trouvé vide lappartement de Frédérique, il avait tout tenté pour la retrouver, allant même jusquà contacter sa mère et sa sur ainée. Personne navait de nouvelles. À la succursale, Julie finit par lui apprendre que Frédérique était absente sans justification depuis le vendredi mais quune gestion en interne avait été décidée par le directeur, doù les réponses quil obtenait des standardistes qui lui annonçaient des réunions ou des rendez-vous extérieurs.
Où es-tu ? répéta-t-il.
À Trousseau, viens, vite !
Trousseau ? Frédéric connaissait et ça ne le rassura pas. Il jeta le combiné du téléphone sur son bureau. Il courut jusquau métro près à tout renverser sur son passage.
***
Il avait quitté son bureau en bras de chemise et il débarqua à Trousseau, trempé comme une soupe. Une lourde pluie avait commencé à tomber dès quil avait quitté labri du métro à la station « Bel-Air », comme si la météo avait épousé son humeur.
Durant tout le trajet, il navait eu quune envie, gifler Frédérique de toutes ses forces pour évacuer le stress quelle lui avait causé durant ces dix journées terribles. Lorsquil la vit, si frêle et si marquée par langoisse et le manque de sommeil, il la prit dans ses bras. Le récit quelle lui fit fut haché des larmes et des peurs qui remontaient au fil des souvenirs. Il fut décousu et désordonné mais sa fin provisoire était heureuse et cest ce qui comptait le plus.
Ils sont en train de faire des examens, expliqua-t-elle. La maladie de Kawasaki touche les vaisseaux sanguins, elle les cautérise petit à petit jusquà ce que le sang ne circule plus et narrive plus au cur. Alors, ils veulent voir les dégâts quelle a fait et si elle évolue encore. À priori, certains de ses doigts sont mal irrigués et il pourrait les perdre et son artère abdominale aurait été touchée. Le point positif, cest que cest un bébé, ses cellules se reproduisent à une telle vitesse que tout pourrait se rétablir sans dommage. En plus, il est gavé daspirine, son sang est si fluide quil force le passage.
La voix de Frédérique séteignit dans un sanglot. Frédéric la tint enlacée, impuissant à stopper le torrent de larmes.
***
Renseignements pris, la maladie de Kawasaki nétait pas tout à fait ce que lui avait décrit Frédérique mais, grosso-merdo, cétait quand même une belle saloperie.
Maman jusquau bout des ongles, Frédérique avait refusé de quitter lhôpital. Frédéric se chargea donc de lintendance. Il commença par justifier labsence de Frédéric auprès du directeur de la succursale qui se confondit en excuses en apprenant les liens qui lunissaient à son employée. Il se fendit également dun coup de fil à Julie quil remercia tant pour son aide que pour sa discrétion. Elle était remontée de plusieurs crans dans son estime mais continuerait à sen méfier tant quelle ne cesserait pas ses minauderies avec lui. Il prit une journée pour ranger lappartement de la rue Molière, il avait bien lintention de voir Frédérique sy installer le temps de récupérer des épreuves quelle venait de subir et il ne désespérait pas que Franck y prenne ses quartiers tant quil serait suivi à Trousseau, cest-à-dire les trois prochains mois.
Les visites hebdomadaires furent fixées au jeudi matin. Ce nétait guère pratique pour Frédérique. Frédéric obtint donc gain de cause et organisa sa vie et son temps de travail en conséquence. Il dégotta une nounou à deux pas du boulot et modifia son emploi du temps. Il travaillerait plus tard le vendredi et narriverait quà quatorze heures le jeudi. Enfin, fort des heures supplémentaires quil avait faites lors de lattaque des hackers, il prendrait une journée pour raccompagner Frédérique chez elle quand le moment serait venu.
***
Tu es toujours mon Maître ?
Frédérique séloigna sans attendre la réponse, elle avait trop peur quelle fût négative.
Frédéric venait de grimper dans la voiture et la jeune femme sétait penchée à la vitre ouverte. Depuis la sortie de Franck de lhôpital, ils navaient pas parlé de cet aspect de leur vie. Frédéric, à vrai dire, nen était pas préoccupé et Frédérique se mordait les lèvres à chaque fois quelle brûlait de poser la question.
Bien sûr que oui répondit-il au vent.
Il ferma la fenêtre, embraya et partit.
***
Avec constance, chaque vendredi, Lucile parcourait le train à la recherche de Frédéric. Il ne sy trouvait pas, jamais. Les jours avaient beau passer et passer encore, devenir des semaines, le manque quelle ressentait était toujours aussi vif. Pourtant, fidèle à sa promesse, elle se laissait porter par le courant. Parfois, il la déposait sur une île. Elle en faisait le tour en une nuit et repartait, au matin, le corps apaisé, mais lesprit triste davoir trompé lhomme quelle aimait. Elle avait acquis la certitude de cet amour en croisant Éric, un beau gosse plein dassurance aux tendances dominatrices. Lhomme lavait retournée pour la prendre en levrette et dit quil voulait faire delle sa chienne, quelle aimerait ça
Elle lavait planté là, en plein milieu de lacte en lassurant quelle conservait sa soumission pour un autre que lui. Depuis, elle ne cessait de chercher à le rencontrer, « par hasard ». Il semblait avoir disparu. Il y eut bien ce jour, un samedi où elle était descendue en ville pour faire le marché. Elle aperçut, de loin, un homme qui lui ressemblait étrangement mais il portait un marmot dans ses bras et la femme qui laccompagnait avait lair belle et libre, bien loin de limage quelle se faisait dune soumise accompagnant son maître
***
La réponse est : Oui !
Frédéric avait prononcé ces quelques mots puis lavait embrassée. Frédérique ne comprit pas tout de suite à quoi il faisait référence puis elle rougit, de plaisir et despoir. Elle était incapable de calculer depuis combien de temps il navait pas agi en Maître avec elle. Depuis les quelques jours quelle était de retour au loft, ils avaient été en contact sur skype mais leurs échanges sétaient limités à Franck, sa santé, ses rires, son appétit
ils avaient soigneusement évité de parler deux. Que ses premières paroles fussent pour lui annoncer le retour de Mister Hyde était pour elle comme un cadeau.
Jai apporté des cordes
Frédéric était encore en bas quand sa voix parvint à la femme. Elle sentit son sexe souvrir et dirigea son regard vers lescalier. Dès quil fut visible, il lui indiqua daller se placer dans lâtre. Elle obéit et commença à déboutonner sa robe.
Garde ton string ! ajouta-t-il en avançant à grands pas dans la pièce. Jaime quand tu te déshabille !
Il porta le rockingchair devant la cheminée et sassit. Il sortit son téléphone et ouvrit un morceau de musique quelle ne connaissait pas.
Danse !
Ce ne fut pas une réussite, Frédérique nétait pas douée et la musique invitait plus à sauter sur place quà chorégraphier des pas. Cela neut pas lair de choquer son Maître. Il se leva néanmoins et sapprocha delle.
Ça suffit ! Mets-toi à genoux.
Frédérique sexécuta, imaginant déjà la fellation quelle allait lui prodiguer. Depuis plusieurs semaines maintenant, le désir de sucer son Maître était aussi présent et aussi pressant que celui de se faire baiser ou enculer par lui. Elle avait été contrainte à une trop longue abstinence pour navoir pas les sens à fleur de peau. Elle ouvrit la bouche, prête à le recevoir mais un signe de dénégation vint décevoir son attente.
Je tai dit que javais des cordes. Pour le moment, je vérifie juste que tu nas pas oublié comment tu dois te présenter à moi. Je vois que tu te souviens bien de cette position, voyons les autres
Lève-toi.
Derechef, la soumise prit la posture attendue par son Maître. Elle fut parfaite. Les souvenirs de Frédérique étaient intacts, à linstar de sa mémoire corporelle : un désir vibrant électrisa son sexe. Frédéric réduisit encore lespace qui le séparait de sa proie. Il avait dans les mains de longs morceaux de cordelette. Frédérique soupira et attendit les ordres.
***
Un palan muni dune poulie obstruait en partie le conduit de la cheminée. Cétait une nouveauté à laquelle Frédérique ne sattendait pas, pas plus quelle navait envisagé de se retrouver flottant à une centaine de centimètres du sol, retenue en apesanteur par les quatre membres et une ceinture ventrale. Elle se balançait, davant en arrière et sempalait à chaque retour sur le vit bandé de son maître. La sensation était des plus étrange et des plus agréables. Tout en lattachant, Frédéric lui avait montré tous les points de sécurité quil avait prévu afin quelle ne se blessât pas. Elle ferma les yeux pour augmenter lintensité de ses perceptions. Elle atteignit lorgasme avec une rapidité fulgurante. Cest la frustration qui se venge pensa-t-elle mais quand survint la deuxième vague de plaisir, elle dû se rendre à lévidence : ne plus exercer aucun contrôle, pas même celui de toucher terre, lexcitait prodigieusement.
Comme prévenu par un sixième sens, Frédéric mit fin à lexpérience à linstant même où, les muscles, étirés par une trop longue suspension commençaient à la faire souffrir. Avec moult lenteurs et précautions, il la fit descendre jusquau sol de pierre. Les froids granules la caressèrent, ses seins saillirent un peu plus malgré lécrasement dont ils étaient victimes. Ils sétaient alourdis tandis quelle lévitait, entrainés par lattraction terrestre. Elle en avait éprouvé une délicieuse douleur que la froidure de la rugueuse surface transforma en plaisir. Frédéric lavait entièrement libéré quelle sagitait encore. Il patienta, afin quelle retrouvât son calme puis accompagna son lever. Ses jambes la supportaient mal, il la porta jusquà son lit.
Elle le retint, alors quil séloignait. Elle savait quen faisant cela elle encourait une punition mais elle nen avait cure, le sentiment dinjustice quelle éprouvait était trop fort.
Maître
Et vous ? Vôtre plaisir
?
Sans doute en étais-tu plus avide que moi. Laisse-moi, tu dois te reposer. Le sommeil répare
Tes membres ont été mis à rude épreuve, il faut quils se détendent.
Vous aussi, vous devez vous détendre et vous êtes encore tout dur
Il la regarda, agacé de son insistance.
Veux-tu que je timpose deux ou trois orgasmes supplémentaires pour que tu te souviennes de qui est le maître ?
Ce nétait pas une bonne idée de le mettre en colère. Elle se tint coite.
***
Frédérique séveilla. Elle était reposée. À travers les persiennes le soleil doctobre luisait éclairant le dos musculeux de Frédéric. Elle se lova à son coté. Sa main, tendrement, caressa ses épaules, son torse et descendit toujours plus bas. Son sexe était dur, déjà. Dormait-il vraiment, rêvait-il ou navait-il pas débandé depuis la veille ? Elle ne répondit pas à la question, mais elle allégea sa main pour lui conférer le poids dune plume. Lentement elle longea le membre, de haut en bas, de bas en haut. Il était doux. Elle le décalotta pour sentir sous ses doigts, dans sa paume, la force que recélait son gland. Et bientôt, elle en voulût plus. Elle se leva et contourna le lit avec la discrétion dune souris. Puis elle sagenouilla face au vit érigé comme jamais dans ses souvenirs. Elle laissa couler un peu de salive sur le gland et lhumecta de sa langue. Il était gonflé et dun rouge violacé, comme une grenade trop mûre. Elle le happa et le cajola entre ses lèvres et ses joues, sa langue et son palais. Enfin, elle laspira. Elle le pompa de haut en bas, de bas en haut, reproduisant avec sa bouche les mouvements de sa main. Dans son sommeil (feint ?), Frédéric gémit. Elle redoubla de tendresse. Ce ne fut que quand elle sentit sa poigne se crisper dans sa chevelure quelle sut quil était réveillé et quil allait très bientôt jouir. Elle se prépara à recevoir sa jouissance. Elle voulait quil sente à quel point elle était heureuse du plaisir quelle lui donnait. Lorsque la première vague fusa, elle lavala en plaquant le membre contre son palais. Frédéric la sentit déglutir et râla de satisfaction. Longtemps, il se déversa, comme sil répandait en une seule fois toute sa frustration des semaines passées. Elle, avala et avala encore le nectar qui la remplissait. Et elle explosa de bonheur quand, repu, Frédérique lembrassa à len r.
***
Le week-end passa comme une romance. Et le suivant aussi. Et encore. Et encore
Frédéric était toujours son maître mais ce nétait plus Mister Hyde. Depuis quil avait la garde de Franck, il ne linsultait plus, ne lhumiliait plus et ne la fessait que rarement. Quant au martinet, il était exclusivement réservé aux punitions dont elle était systématiquement exemptée. Tout cela manquait à Frédérique à tel point que parfois, la semaine, elle retournait sur le tchat. Elle y cherchait « Faustus » quelle ne trouvait plus (mais sans doute avait-il trouvé soumise à sa mesure) ; y évitait « Fezeur Delum » (qui la harcelait pourtant de demandes) et changeait dinterlocuteur à chaque fois.
Novembre et décembre sétaient éteint et avec eux létincelle qui habitait Frédérique. Depuis quelques temps, Julie sétait rapprochée delle et sa nouvelle amie la pressait de laccompagner dans des soirées dont beaucoup avaient lieu en semaine. Frédérique résistait mais sa volonté faiblissait à mesure que lennui sinstallait. Et puis un jour, miracle ! Cétait près de deux semaines après le retour définitif de Franck auprès de sa mère, elle reçut un appel de Frédéric alors quelle était au travail :
Bonjour ma chose
Bonjour
mon chéri
Je comprends que tu nes pas seule, ma jolie salope pourtant, jai une grande envie que tu retires ta culotte et que tu te touches.
Julie était dans son bureau dont la porte ouverte augmentait la promiscuité avec ses autres collègues.
Je crains que ce ne soit pas possible tout de suite, jai des dossiers urgents et
Et je men contrefous. Débrouille-toi ! je te rappelle dans cinq minutes.
Disons
Il avait raccroché et Julie la regardait, hilare.
Un petit ami secret ?
Euh
Non. Pourquoi tu dis ça ?
Parce que tu ressembles à une écrevisse ! En tout cas, cest quelquun que tu connais bien puisquil a ton numéro perso
Oui
Enfin, bon. Comme je le lui ai dit, jai des dossiers urgents. Et ferme la porte en sortant
Sil te plaît.
Elle sinstalla derrière son bureau en prenant soin de retirer sa culotte. Frédéric ne rappela pas. En revanche, elle reçut un texto : « Tu naurais pas dû porter de culotte. Prépare-toi à une mauvaise surprise ce week-end. »
Les jours suivants, elle alla travailler cul nu sous sa jupe. Mais ce fut en pure perte.
***
Tu mas trompé Frédérique ! Pas avec ton corps, tu nen es pas encore capable mais avec ton esprit et cest presque pire. Tu mas trompé en me mentant par omission, tu mas trompé en ne me demandant pas la permission de faire ce que tu as fait. Tu mas trompé comme une imbécile en pensant que je ne le saurais pas alors que je sais tout de toi. Je suis capable de te dire quand et où tu allumes la lumière, je suis capable de te dire ce que tu lis et quand tu lis. Je suis capable de te dire ce que tu manges et à quelle heure tu las préparé. Je suis capable de te dire qui tu as eu au téléphone. Je suis informaticien, Frédérique. Concepteur de programmes et spécialisé dans la surveillance et la sécurisation des données. Pirater ton ordi a été un jeu d
Jai donc pour toi une punition qui ne vas pas te faire plaisir. Tu veux savoir
.
La question était purement rhétorique mais il prit son temps avant de reprendre :
Je te donne deux semaines, pas un jour de plus, pour trouver une femme disposée à passer le week-end avec nous. Je veux quelle connaisse mes règles et quelle sy plie. Tu seras responsable du moindre de ses manquements, donc, ne te trompe pas ! Je veux, enfin, quelle soit déjà là quand jarriverai le vendredi soir et je tindiquerai la tenue que je désire lui voir porter trois jours avant. En cas de besoin, tu lemmèneras dans le magasin que je tindiquerai. Jespère que tu as bien compris parce que je ne me répèterai pas.
Il raccrocha.
Il avait appelé à lheure exacte où il aurait dû descendre du train. Une jeune fille la regardait dun air bizarre tandis quelle blêmissait, le téléphone collé à son oreille. Dinstinct, elle sut quelle ne verrait pas Frédéric cette semaine ni la semaine suivante. Les larmes coulèrent sans quelle cherche à les retenir. Jamais il ne lui avait imposé une punition aussi cruelle.
Vous allez bien ?
Oui
Oui
Juste une mauvaise nouvelle. Merci de votre gentillesse.
Frédérique remonta en voiture, Lucile resta seule sur le parvis de la gare. Naturellement, Gauvain était en retard.
***
Ouh La ! ça a pas lair daller ce matin ! cest Franck ?
Julie venait de croiser Frédérique dans le couloir. Elle sétait mise à apprécier cette fille dapparence sage mais à lesprit étonnamment ouvert et à lhumour décapant. Il était donc tout naturel quelle senquit de sa santé en lui voyant ce teint de craie. Fa ce au mutisme de Frédérique, elle eut le tort dinsister :
Cest le petit ami secret ?
Je tai déjà dit quil ny a pas de petit ami ni secret ni pas secret ! fous moi la paix !
Julie laissa passer lorage et regagna son bureau sans demander son reste. Pour que Frédérique soit dans un tel état, soit elle avait appris un décès, soit le père de Franck avait fait des siennes. Elle savait dexpérience quil savait être rude et, sil létait avec des inconnus, il était sans doute pire avec ses proches. La pauvrette avait dû passer un week-end pourri.
***
Frédérique entra dans le bureau de Julie quelques minutes avant quelle parte déjeuner. Elle ferma soigneusement la porte.
Je nai pas de petit ami ! Et Frédéric nest pas, pour moi, que le père de Franck. Je voudrais ten parler. Si je tinvite à déjeuner, tu mécouteras ?
Pour toute réponse, Julie décrocha son téléphone et prévint le standard quelle allait déjeuner et avec qui. « Nous devrions revenir vers seize heures, si nous avons du retard, je vous en informerais » conclut-elle avant de raccrocher. Puis se tournant vers son amie, elle la prit par le bras.
Viens, on prend ma voiture.
***
Julie emmena Frédérique loin du bureau, dans un restaurant qui abritait également des cabinets particuliers. Elle fut accueillie comme une habituée ce qui nétonna pas vraiment son infortunée compagne.
Ici, nous serons au calme et tu pourras crier, personne ny fera attention.
Elle commanda un martini et un porto pour Frédérique et donna le signal du départ avant de porter son verre à ses lèvres.
Je técoute !
Frédérique mit dinterminables secondes avant de se lancer. De toute façon, elle ne pouvait plus reculer. Donc, elle se lança.
Jai, avec Frédéric, une relation compliquée. Il est le père de Franck mais cest aussi mon
Amant ?
Maître ! Frédéric est mon Maître et je suis sa soumise. Voilà, cest dit !
Je mattendais à de sombres révélations mais je dois avouer que celle-là me laisse pantoise.
Julie avait marqué un temps avant de parler, un peu comme quand on reprend son souffle après un coup au ventre. Elle soupçonnait Frédérique dêtre une coquine mais pas un instant elle navait pensé quelle pouvait donner dans le SM. Elle avala une gorgée pour se donner contenance et appuya sur la sonnette.
Apportez men deux autres demanda-t-elle au serveur, en secouant son verre.
Bon ! Effectivement, ce nest pas une conversation pour toutes les oreilles. Raconte-moi.
Frédérique raconta tout : leur rencontre, leur vie de couple, la lassitude qui sétait installée et les secrets, et les non-dits. Elle fit le récit de leur séparation et celui du déménagement. Elle raconta le plaisir, les jouissances toujours différentes. Elle raconta ses émois, lexcitation de certains mots, de certaines situations, de certains ordres
Ne sinterrompant quen présence du serveur pour reprendre de plus belle dès quil avait passé la porte. Elle raconta le martinet les cordes, les bâillons, les plugs, les paddles, le fouet. Elle raconta la cheminée et le donjon dans le garage, elle raconta la croix de saint André, les punitions. Elle narra deux trois anecdotes puis raconta les caresses quil dirigeait au téléphone, la séance de duro et son pourquoi et son comment
Enfin, elle raconta le tchat, sa plus grosse erreur, la dernière et elle évoqua, sans la détailler la punition qui sensuivait.
Durant toute la narration, Julie sétait gardé dintervenir. Elle voulait connaître lhistoire telle que Frédérique lavait ressentie et vécue avec les cachoteries et les embellissements de la protagoniste. Bien entendu, elle ne pouvait distinguer la réalité brute des fioritures ni supputer les omissions mais elle pouvait jauger la sincérité de son amie à laune des horreurs quelle osa relater et à celle de sa propre excitation face à ce récit.
***
Il est bientôt quatre heures, il faut y aller. Je suis sûre que tout le monde pense quon est en train de se gougnotter, pas la peine den rajouter. Mais ce soir, je dors chez toi. Jai pas mal de choses à te dire et même, je crois que je peux taider.
Julie serra Frédérique dans ses bras. Elle fit, en sortant, signe au serveur de tout mettre sur son ardoise et prit le volant de son coupé sport. Frédérique navait pas retrouvé le sourire mais se sentait tout de même plus légère.
***
Frédéric ne décolérait pas. Il sen voulait depuis quil avait découvert que Frédérique recherchait ailleurs ce quil ne lui offrait plus : un maître exigeant, dur et pervers. Naturellement, il avait fait retomber la faute sur elle mais il était parfaitement conscient que cétait le manque dattention dont il avait fait preuve pour ses désirs et ses besoins qui était responsable du faux-pas de sa femme. Il devait cependant frapper un grand coup pour revenir dans la partie et retirer à Frédérique toute envie daller voir ailleurs.
Il navait pas commis derreur en dévoilant à Frédérique son état de soumise. Cétait le seul moyen à sa portée pour la récupérer et pour quelle se réalise pleinement. Non, son erreur avait été de penser quil en avait fait assez et quil pouvait désormais lever le pied. Il avait également eu tort de lentraîner vers ce tchat, elle nétait pas prête, pas assez solide pour être confrontée à dautres dominateurs tout en étant à même de résister aux sirènes quils feraient chanter autour delle.
Il était à la fois coupable et responsable de ce qui était arrivé mais cétait sur elle que devait retomber la punition. Il avait longuement hésité puis avait fini par comprendre quun châtiment classique naurait pas la portée suffisante pour réinstaurer son autorité et renouveler le pacte qui les liait. Il devait trouver une pénitence qui laspect de sa domination quil avait négligé : linsulte et lhumiliation. En lui imposant de trouver une autre femme prête à se soumettre aux mêmes règles quelle, au même Maître quelle, il linsultait, lhumiliait et la rendait jalouse. Bref, il imposait sa loi.
Si elle réussissait, ce dont il doutait, il lui imposerait dêtre la spectatrice passive des ébats quil mènerait avec lautre. Dans le cas contraire, il réserverait sa décision et la bannirait pendant deux jours quil passerait seul avec Franck.
Mais, sil était, en apparence, satisfait de ce plan, il savait que jamais elle namènerait dans le donjon, la seule personne quil voulait y voir. Car, quand il ne pensait pas à Frédérique, cest Lucile qui occupait ses songes. 
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