Complexe Vaincu 5

Complexe vaincu 5

J’ai mal partout, je suis aux anges, tout s’embrouille, je m'affale, inerte sur Abel, coincée sous Joseph, nous formons un sandwich de chair. Je suis incapable de penser, parce que dans mon ventre deux lances projettent des tonnes de lave en fusion. Je me repose, entre deux gaillards assouvis dont la complicité me ravit d’autant plus qu’elle est inattendue. Ils se sont livrés à fond, emportés tous deux par les notions excitantes de concurrence et de complémentarité. Ni l’un ni l’autre n’a voulu se montrer défaillant, moins bon que l’autre. Le concours fut de très haut niveau.

Leur honneur voulait qu’ils durent, qu’ils gagnent. Avec une ardeur incroyable ils se sont battus jusqu’au bout de leurs forces. Immobilisés par l’épuisement, comme moi, ils récupèrent sans bouger. Aucun ne veut être le premier à se défaire, à quitter la position, à sortir de l’antre où il se sent si bien installé. Et moi je savoure cette double occupation de mes orifices. C’est bon, rien ne presse, jouissons de l’instant de volupté. Mon excitation retombe, mais très lentement, mon pouls mettra du temps à revenir à la normale.

Dans ma nuque passe le souffle saccadé de l’enculeur, en dessous les poumons d’Abel jouent au soufflet de forge sur mes seins alourdis. Ah! Les hommes ! Ils sont si différents, ils ont failli se battre mais mon vagin et mes boyaux forment un terrain d’entente parfait. Grâce à moi, ils ont collaboré à ma béatitude. Nous savourons en paix l’étreinte partagée, la volupté du retour au calme.

Joseph rompt le lourd silence d’après l’amour :

- Robert, tu es là?

Quoi ? Joseph, Abel, Robert. Qui ? Je vogue encore trop loin de la réalité pour saisir l‘importance du court message. Des mots, que veut-il dire ? Ah oui, Robert, c’est mon mari, c’est petite queue, l’absent doublement cocu. S’il avait été présent, je l’aurais pris en bouche. Puisqu’il ne restait que cette place.

Quoi, Robert , là ? Oh! Il va m’apercevoir dans cette position impensable, il va découvrir qu’un homme se vautre dans mon sexe, il va voir avec horreur qu’un autre est planté entre mes fesses, en plein dans mon cul. Il va constater les débordements de sperme. Non, il ne faut pas que cela soit. Joseph perd la boule, Joseph délire. Joseph nomme mon homme par son prénom. Étrange. Joseph tutoie Robert. Bizarre. C’est impossible, nos cerveaux sont brouillés par l’excès de plaisir. Le désir va renaître, le mouvement des corps reprendra quand les batteries seront rechargées. C’est trop bon pour s’arrêter là.

Joseph a dit et, d’un bond, il veut s’arracher, le brutal inconscient, de mes arrières et il risque de retourner, de mettre à l’envers une partie de mon anus. Je n’ai pas saisi ce qu’il a dit, mais je l’ai senti reculer. C’est la voix de Robert qui me ramène brusquement sur terre, qui anéantit le rêve et le doute, qui chasse tout ce qui constituait l’impression de bonheur absolu, de nirvana.

- Toi, reprends ta place en vitesse, sinon…allez pompe dans ce cul bienheureux que tu as inauguré il y a peu de temps. Tu as compris qu’elle apprécie.

Joseph me quittait. Une énorme claque sur son postérieur le renvoie dans mon trou. La peau de mon cul reprend sa place dans la souffrance. Joseph obéit, entame un nouveau mouvement de piston. Je tourne la tête et,à mon tour, je vois mon mari. La catastrophe est en route. Robert me parle :

- Ma chérie tu as trouvé le bon remède.

Ma chérie ? C’est fou, je continue à planer. Un mari ne peut pas s’adresser à sa femme en ces termes quand il assiste à un tel spectacle. Le bon remède ? Je lui fabrique des cornes en or et il déclare que c’est bon. C’est vrai, cela a été superbe, magnifique. Bon pour moi, oui! Bon pour mes amants, oui! Mais bon pour lui, non. J’ai du mal à atterrir. J’entends de mieux en mieux. Il est debout à côtés de trois corps allongés et unis, dans une position dominante ; il parle encore.
Son élocution est normale, il ne hurle pas de fureur comme il devrait le faire à cause de la situation. Non il parle calmement il déclare les yeux rivés sur moi:

- Je l’avais prévu avant de m’unir à toi. Souviens toi. Je t‘avais mise en garde « Demeurer fidèle à une petite queue n’est pas possible pour une femme normale. » Or tu es normale. Tu en fais l’expérience, sans rechigner sur les moyens à ce que je constate. Tu es là coincée entre deux hommes et tes cris de jouissance m‘ont arraché des larmes de joie et réjoui le cœur. Enfin tu trouves la volupté que tu mérites. C’est ton bon choix. Use de tes deux amants selon ton bon vouloir. A l’avenir le lundi et le jeudi je ne reviendrai pas à la maison avant 21 heures.

Il est agacé mais veut le cacher. L’orage guette. Je tente l’apaisement, il me coupe la parole :

- Robert… je t’en prie

- Tu disposeras donc deux fois par semaine de quatre heures pour folâtrer avec tes amants, pour te faire bourriner par ton étalon Abel ou pour te faire sabrer par la dague acérée de Joseph. Et vous deux, mes gaillards, rendez-la heureuse, dépensez vos forces et vos moyens sans compter pour la faire jouir. Enfilez, tringlez, bourrez, foutez et farcissez la. Gare à vous si vous ne comblez pas ses désirs, si vous n’êtes pas à la hauteur de ses besoins sexuels. Vous avez voulu vous faire ma femme, vous la possédez, je vous la prêterai, mais faites preuves de dévouement et de persévérance. Comblez la , quelle jouisse grâce à vous et me revienne apaisée après vos passes.

Mais, où est le piège ?

- Peut-être faudra-t-il rajouter un jour ou deux dans la semaine, vous le préciserez. Je verrai ce qui sera nécessaire à sa bonne santé. Si j’apprends que ma femme doit recourir à d’autres baiseurs pour assouvir ses envies, vous en pâtirez. Je serai intraitable. Offerte, trouvez lui autant d’attraits que volée. Enfin, ou vous cessez tout autre commerce avec des femmes ou vous utiliserez dorénavant des préservatifs.
Abel, tu m’as compris ?

J’étouffe de honte dans la position inconfortable où Robert m’a maintenue avec ses mains en appui sur le postérieur de Joseph. Les deux sexes palpitent en moi, baignent dans le foutre dont-ils m’ont remplie. Robert était-il là depuis longtemps ? Robert disparaît aussitôt, avant que notre trio ne se défasse. Nous nous regardons penauds, pris tous trois en flagrant délit. Mes deux comparses tirent une mine déconfite. Je suis terrorisée par le calme apparent de Robert.

Je réalise que je ne pouvais pas offrir pire image de moi, dans cette position extravagante. Robert va me prendre pour une grosse salope. Comment lui en vouloir, j’ai honte, mais c’était … bon. A trois dans la salle de bain nous procédons à des ablutions. De mon bidet j’interroge:

- Comment mon mari connaît-il vos prénoms ?

- C’est notre patron, répondent-ils en chœur.

- Oh ! Votre patron ? Je tombe des nues. Vous formez un commando du sexe rétribué par votre patron ? Est-ce lui qui vous a envoyés pour me troncher. Vous a-t-il chargés de me faire jouir ensemble ?

- Non ! Avant ce soir, non; mais aujourd’hui il vient de nous en donner l’ordre, dit Joseph.

Les réponses sont laconiques. Abel a perdu sa faconde et se lave la queue sans lever les yeux.

- Pourquoi veut-il que tu portes une capote, Abel ?

- Sais pas, mais Joseph aussi; le patron a dit « vous »

- Bon, si je vous donne congé, que ferez-vous ? Comprenez : si je vous interdis de vous adresser à moi, de me faire l’amour, à qui obéirez-vous ?

- On est obligé de revenir, le patron l’exige. Je tiens à ma place, dit Joseph. Que nous le voulions ou non, nous serons contraints de te faire l’amour et de te procurer des orgasmes, il y va de nos emplois. Notre patron exige en tout des résultats parfaits.

- Moi aussi, bredouille Abel. Mais ce sera une douce obligation.

Je prends une décision.


- Alors écoutez moi. Chacun gardera son jour. J’ai bien aimé la partie à trois. Nous verrons plus tard si nous recommençons cet exercice; j‘imagine des variantes à explorer. Joseph, je t’attends jeudi et toi Abel, lundi, puisque votre patron l’exige. Pour aujourd’hui, j’ai besoin de réfléchir. Laissez-moi seule. Merci .

Ils partent en silence. Comment Robert a-t-il su? Est-il tombé par hasard au pire moment ? Ou est-il au courant depuis longtemps ? J’ai pris des précautions pour ne pas le vexer ou le perdre. Il a joué au grand seigneur devant ses employés, mais à quoi dois-je m’attendre ce soir ? Cette façon de vouloir me livrer à eux, de nous imposer le plaisir sexuel, est humiliante à la limite. J’ai failli, c’est sûr; il faudra lui expliquer que si j’ai agi ainsi, c’est par pitié pour des victimes de l’amour, pour des laissés pour compte. J’ai volé à leur secours. Deux en même temps, j’aurai du mal à lui faire comprendre que le sandwich devait les rassasier ces deux malheureux.

Robert n’est pas idiot. Il a compris que je peux avoir une fringale amoureuse qui dépasse ses moyens de l’assouvir. J’aurais dû lui en parler au lieu de le mettre aussi brutalement devant le fait accompli. J’avais juré fidélité. Même s’il ne suffit plus à combler mon appétit sexuel, je n’aurais pas dû agir seule, sans le consulter. Oui, mais comment aborder l’épineuse question avec un mari? Comment ne pas éveiller sa susceptibilité ? Je n’y ai pas pensé et maintenant je suis dans le caca. Si je n’avais pas commencé avec Abel, je serais demeurée une épouse respectable. C’est une trahison, involontaire au départ, mais assumée depuis un certain temps. Ma double liaison de temporaire est devenue habituelle. Qu’en sait-il exactement ? Faute d’en avoir discuté avec lui, je ne sais pas ce qu’il connaît vraiment de mon histoire, des circonstances qui pourraient atténuer la gravité de mes fautes.

Robert a été alerté peut-être par la baisse de qualité de nos relations sexuelles ou par la diminution progressive du nombre de nos actes. Voilà surtout où j’ai péché. Je ne vois pas d’autre explication. Voilà le signal qui m’a dénoncée. Nous faisions de moins en moins souvent l’amour en raison des exigences amoureuses de mes deux protégés. Mes sens saturés par les excès des ébats extraconjugaux, mon vagin endolori par la massue de l‘un ou les charges hallucinantes de l‘autre, mon corps brisé par la voracité des malheureux en amour, devenus maîtres de mes passions, oubliaient de recourir à mon mari. Je l’ai négligé sottement, il a vite compris que je le trompais.

Faut-il qu’il soit déçu et désespéré pour admettre que je continue à fréquenter Abel et Joseph. Admettre est faible; il s’agit d’une injonction, presque d’une condamnation à jouir par eux. Il n’est même pas jaloux, il ne m’aime plus; cela me désespère. Il me donne, comme on accorde une prime; il a des exigences de rendement. Est-ce par dépit qu’il me livre aux amants installés par moi dans notre lit et à deux dans mes trous en ce moment? S’il m’estimait encore, livrerait-il aussi facilement mon corps à d‘autres hommes ? Va-t-il me chasser ? M’abandonner à deux hommes, avec l’embarras de faire un choix entre Joseph et Abel ? C’est bien la catastrophe. A 21 heures je vais tout remettre en ordre. Je renonce à ces deux bites, finie la pitié, retour à une vie normale; je me consacrerai uniquement à Robert.

Pourquoi n’est-il pas revenu à la maison ce soir ? Où est-il ? S’est-il jeté sous un train, jeté dans la rivière ? Je baigne dans l’incertitude.

Enfin il revient le mardi soir. Je me suis faite belle, j’ai revêtu des vêtements vaporeux. Je vais le séduire et je vais l’aimer, je vais expliquer, reconquérir, jurer; je serai humble et douce, je demanderai pardon à genoux.

Robert me relève, ne croit pas possible le retour à notre vie antérieure. Il me coupe l'herbe sous les pieds, me met en garde contre mes illusions de générosité qui camouflent ma nymphomanie. Surtout je ne dois pas lui raconter que mes rencontres amoureuses et mon attitude relèvent de sentiments de pitié car, si je prétends le croire, c’est pour nier la réalité, pour me cacher à moi-même mon indéniable envie de faire l’amour avec des hommes « normaux », mieux membrés que mon mari. Il a suivi l’évolution du processus qui a abouti hier à cette première double pénétration réussie dont mes cris d’extase l’ont impressionné.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!