52 Jérémie En Vacances
Jérémie a 18 ans. Brun, de beaux cheveux épais très courts autour de la tête et pas mal plus longs au-dessus
un torse en V magnifique, un cou puissant, des épaules carrées sculptées par le rugby. Vraiment un physique de dingue pour son jeune âge.
En ce début du mois daoût, Jérémie vient davoir son permis. Et sa voiture. Une vieille 205 rouge de quatrième main
mais quimporte
cest sa toute première voiture, celle pour laquelle il a bossé depuis un an, pendant toutes ses vacances
Le permis, la voiture, lété
il faut fêter tout ça avec les potes du rugby
alors, cest décidé
partir une semaine au bord de la mer
avec son meilleur pote, Thibault
et deux autres coéquipiers, Julien et Thierry
Pourtant, lidée du bobrun ne fait pas que des heureux
Julie, sa copine, nest pas du tout enchantée dapprendre la nouvelle
Cest bien la première fois que Jérémie a « une copine »
car jusque-là, le bogoss a toujours été plutôt du genre à avoir « des copines »
dun soir, pas plus
une par soir, deux sil le faut
Beau comme il est, le capitaine de léquipe de rugby est très sollicité
Puis, un soir, au KL, Julie la approché
elle a accroché son regard
et elle a décroché une nuit de feu dans lappart rue de la Colombette
Mais, à la différence de tant de filles qui nont fait que défiler dans les draps du bogoss, Julie lui a carrément mis le grapin dessus
et sans que Jérémie y trouve dinconvénients
Comment elle a réussi cet exploit ?
Il faut dire que Julie a pour elle des arguments imparables
sa plastique élancée, ses jambes interminables
sa poitrine « ni trop, ni pas assez »
sa féminité mise en valeur avec classe
son minois pétillant, son naturel souriant
Pourtant, lorsque le bogoss lui a annoncé son intention de partir en vacances avec ses potes, elle na pas du tout eu envie de rigoler
dans sa tête, une équation simple : (un canon comme Jérémie) + (vacances au bord de la mer avec ses potes) = trop de tentations
Julie a beau se montrer contrariée
rien au monde ne ferait changer les plans du bobrun
Il est deux heures de laprès-midi lorsque les quatre potes arrivent au camping de Gruissan
le soleil cogne fort
le temps de planter les tentes, davaler un sandwich, de passer un short de bain
la joyeuse bande quitte le camping direction la plage pendant que les enceintes de la réception diffusent le tube viral de lété
« Moi je m'appelle ta/Lo ou bien Lola/Du pareil au même/Moi je m'appelle ta
».
Cest beau cette meute de jeunes mâles marchant dans la rue lun à côté de lautre
comme une vague, une déferlante de bogossitude, ils avancent en rigolant, en parlant fort, en dégageant cette sensualité des corps, cette insouciance des esprits, cette présence qui laisse de si belles couleurs sur son passage
Bonheur ultime lorsque les pieds touchent enfin le sable chaud et quune impression de bien-être se propage dans tout le corps
en ce premier instant où tout en soi semble crier : liberté, bonheur
La plage, le sable, la mer, le soleil, les serviettes, les parasols, lodeur de la crème solaire, le parfum des vacances
Très vite, les corps musclés plongent lourdement dans leau, éclaboussent, font des vagues à tout va
Quelques instants plus tard, les torses nus dépassent de leau, la peau ruisselante, les brushings défaits
et sur les visages, des sourires de gosses
On pourrait passer des heures à les regarder faire les cons entre eux, touchés et émus par ces corps débordants dénergie, par leur côté « jeunes chiens fous fous »
On ressent comme une gifle puissante en les voyant si jeunes, si sexy, si désirables, et si hors de portée
pourtant, il y a quelque chose de nécessaire dans le bonheur profond dêtre spectateur de ces instants déternité
Il y a dans cela quelque chose proche de la contemplation de luvre dart
et le désir sensuel finirait presque par passer en deuxième plan, derrière l'émotion profonde que ces garçons savent inspirer tout en étant simplement... eux-mêmes...
Oui, les regarder est à la fois une épreuve, quelque chose de presque insoutenable
mais, au-delà de la brûlure intérieure ce spectacle peut occasionner, il y a comme une sorte dapaisement à assister au triomphe de cette jeunesse, comme si on pouvait sy perdre, sy noyer dedans, et sy trouver divinement bien
Le lendemain soir, la petite bande est de sortie
et les t-shirts moulants aussi
Jérémie rentre en boîte avec son sourire ravageur aux lèvres, fer de lance dun regard conquérant qui semble annoncer « personne ne peut me résister »
il avance, plutôt fier de ce tatouage sur le biceps gauche quil vient de se faire faire laprès-midi même
cest un brassard aux motifs tribaux, et il tombe juste en dessous de la manchette de son t-shirt blanc, à la lisière de ce coton bien enserré autour de son biceps et de son torse de fou
Les filles le dévorent du regard
comme si elles voulaient le bouffer tout cru
Il y a celles qui attaquent frontalement, qui viennent se mélanger à la meute, qui viennent lui parler
.
Et puis il y a des regards plus subtils, qui jouent un match de séduction tout en finesse
Il y en a un en particulier, un regard quil trouve particulièrement culotté
dautant plus que ce regard vient dune nana qui nest pas à priori son style de nana
Non, les filles pas très grandes, qui shabillent et se maquillent avec des couleurs trop sombres, ce nest pas du tout le genre de Jérémie
Pourtant, Mélanie sait bien mener son jeu
elle fait du charme au bobrun tout au long de la soirée, par petites touches
tour à tour en cherchant son regard, en lignorant
en se montrant intéressée, puis distante
Un jeu de séduction qui se solde par une bonne galipette dans lun des fameux chalets de Gruissan
Au petit matin, Jérémie marche sur la plage en fumant cette cigarette si nécessaire, après
La brise marine ramène le son étouffé dune radio
« Ces soirées-là hum hum/On drague, on branche toi-même tu sais/Pourquoi ouais/Pour qu'on finisse ensemble toi et/Moi c'est pour ça
».
Si elle savait, Julie
En rentrant au camping juste avant le lever du jour, le bobrun est surpris par un autre regard
il y a pas mal de filles au camping qui sintéressent à lui
mais ce regard-là, il ne le lâche pas dune semelle
tout aussi culotté que celui de Mélanie
et à cet instant précis, ce regard saccompagne dun :
« Bonjour ! » agrémenté par un beau et large sourire.
« Bonjour
» répond mécaniquement le bobrun, tout en continuant son chemin vers la tente où son pote Thibault est rentré dormir seul.
« Ça va ? » lui demande ce dernier, pendant que le bobrun se glisse dans son sac de couchage.
« Ouais
ça va
» répond Jérémie, avant de donner des consignes « ne mattendez pas pour la plage
je vous retrouve là-bas, ok ? ».
« Ok Jéjé
bonne n
».
« Thib
».
« Quoi ? ».
« Ce qui se passe à Gruissan, reste à Gruissan, ok ? » balance alors Jérémie sur un ton monocorde.
« Entendu, mec
» fait Thibault sur ce ton rassurant qui est sa marque de fabrique.
En glissant vers le sommeil, Jérémie repense à ce regard, à ce sourire quil vient de croiser en arrivant au camping
pourtant, ce nest pas du tout le genre de regard auquel il est sensible
encore moins que celui de Mélanie
Il est deux heures de laprès-midi lorsque le bobrun émerge de son sommeil décalé
et lorsquil sort de la tente, torse nu, la serviette sur lépaule, direction les douches, il sent à nouveau ce même regard se poser sur lui
« Bien dormi ? ».
« Ouais
» ce sera la seule réponde dun bobrun en mode « il ne faut pas memmerder dès laube de 14 heures »
Le soleil, la mer, les vacances, les potes
quatre mecs avec un ballon sur la plage, ça finit par attirer dautres mecs
le volley, le foot, le rugby
chaque jour, il y a davantage de monde que la veille
Tout ce raffut de bogosses sportifs sur la plage finit par attirer des nanas
dès lors, la petite bande de rugbymen toulousains naura pas de mal à conclure
même Thibault, le plus pudique et réservé des quatre, finira par craquer un soir sur une petite jolie brune
Jérémie, quant à lui, après un premier but marqué au chalet de Mélanie, il avait transformé des essais à chaque soir
Si elle savait, Julie
Les jours filent et le dernier soir arrive. Jérémie sest éclipsé avec Stéphanie, cette jolie rousse avec un petit tatouage entre les omoplates...
Thibault a désormais lhabitude de sendormir seul dans la tente
pourtant, ce soir il narrive pas à dormir
il est deux heures passées lorsquil décide daller faire un tour
Il marche déjà depuis quelques minutes lorsque, au détour dune haie abritant un mobil-home, il reconnaît un peu plus loin, dans la pénombre, la silhouette familière de son pote, torse nu, le débardeur à la main, la cigarette entre les lèvres, sapprêtant à quitter les lieux, tout en fouillant fébrilement dans les poches de son short, certainement à la recherche de son briquet
Thibault se dit que son pote est vraiment incroyable
une fille chaque soir, et le dernier soir, cette jolie rousse qui fait de leffet à tout le monde
Il attend patiemment que Jérémie séloigne de quelques pas pour aller le rejoindre et se moquer gentiment de ses exploits
Mais une deuxième silhouette apparaît aussitôt sur le seuil du mobil-home, dans le noir.
« Pssssssst ! ».
Jérémie sarrête net, se retourne
le bobrun se trouve désormais dans une zone un peu plus éclairée
la deuxième silhouette avance jusquà le rejoindre
Et là, Thibault a du mal à réaliser ce qui se présente à ses yeux
car ce dos, ce tatouage
il ne les reconnaît pas, pas du tout
Enfin
si
Il regarde Jérémie récupérer son briquet de la main qui lui tend, allume sa cigarette, trace sur sa route
Thibault a besoin de marcher un peu
il a besoin de prendre lair
il a besoin de remettre de lordre dans sa tête
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