Mangouste Contre L'Organisation 4 - Danse Macabre En Tasmanie

Je suis Chloé Maurecourt, 34 ans, artiste peintre, côté face. Je suis aussi Mangouste, tueuse à gages, côté pile. Deux faces d'une même personne ? Non, pour moi, c'est la même.

Dans mon champ d’activité, je suis une experte de premier plan. J’ai fait de longues études universitaires, me spécialisant dans différents domaines qui me sont fort utiles aujourd’hui, notamment les sciences humaines comme la psychologie, la philosophie, la sociologie, l’histoire, mais aussi le droit. J’ai deux masters, un en « Civilisations, cultures et sociétés » et l’autre en « histoire de l’art ».

Je choisis mes cibles, je ne m’attaque qu’à celles qui le méritent selon des critères que j’ai prédéfinis.

Avant d’accepter un contrat et de l’exécuter, je veux tout savoir de mes cibles, de ceux que je vais effacer, leur vie, leurs penchants, leurs habitudes. Tout. Pour moi, ils doivent être des éléments nocifs pour la société. C’est obligatoire.

Cette partie du travail est celle que je préfère. C’est ce que j’appelle la traque. L’acte de les n’en est que la finalité en quelque sorte.



A peine rentrée d’Afrique, Chloé a réservé un vol pour l’Australie, par Singapore Airlines. Quasiment 24 heures de voyage avec une escale à Singapour, plus tard, elle a débarqué à Melbourne.

En cette fin d’été austral, Chloé a pu apprécier la température tempérée du moment au sud de l’Australie. Après la Thaïlande et l’Afrique continentale, plutôt étouffantes et humides, c’était plutôt agréable.

Melbourne n’était qu’une escale avant la Tasmanie, où se trouve sa cible, le représentant de la « Main », le directoire de l’Organisation pour l’Océanie. Sa cible, c’est Roger-Joshua Moore, d’après les informations que Mombassa a lâchées juste avant de mourir.

Son bagage tout juste récupéré, Chloé s’est engouffrée dans un taxi, direction Winkipop à 80 kilomètres au sud-ouest de Melbourne.

Elle va y rencontrer son contact local, Varua Tetumanua, dit Vava, un tahitien. Il tient une boutique d’articles de surf et de location de planches. Il faut dire que Winkipop est un des plus beaux spots du Victoria, la région de Melbourne, mondialement réputé.

Les rouleaux y sont omniprésents. Cette plage est réservée aux surfeurs confirmés. Winkipop est une droite très rapide. Chose rare, que le vent soit offshore ou onshore, la vague gardera toujours de la puissance. Un des pointbreaks mythique pour surfer, rapide, avec plusieurs sections qui tubent. Les premiers pionniers du surf ont fait découvrir ce sport au monde entier dans les années 60, notamment à Winkipop. Les marques Ripcurl et Quicksilver sont nées dans cette région :

- ia ora na (bonjour en polynésien) Vava.

Vava se trouvait derrière le comptoir de sa boutique, près de la plage. Il était en train de ranger des articles sur une étagère. C’est un grand type, au format grizzly, la cinquantaine, les cheveux bruns grisonnants qui tombent en boucles sur ses épaules. Il portait, comme à son habitude, une chemise hawaïenne bariolée et un bermuda :

- Mangouste ! Si je m’attendais à toi ! Quelle joie de te voir ! Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’ai besoin de quelques bricoles Vava.
- Je vois …
- Et quelques renseignements aussi. Dis-moi, tu n’aurais pas pris un peu de ventre toi ?
- Pourquoi tu dis ça ? Passons derrière, on y sera plus tranquille pour discuter.
- Et après j’aurais besoin d’une combinaison et d’une planche. Ça fait longtemps que je n’ai pas surfé et il y a de beaux rouleaux aujourd’hui.
- Je te reconnais bien là, Mangouste !

Ils se sont installés autour du bureau de Vava dans l’arrière-boutique :

- J’ai un Smith & Wesson .357Magnum, lui dit-il.
- J’ai horreur des revolvers Vava !
- Sinon, j’ai un pistolet aussi. Un Désert Eagle aussi en .357Magnum. J’ai aussi le silencieux qui va avec.

- Pas mal, je prends ça. Et soyons folle, je prends aussi le Smith & Wesson.
- J’ai deux holsters, un d’épaule et un de ceinture.
- Tu as un poignard ?
- J’ai un couteau de plongée anti-requin avec étui de botte.
- Très bien ! Je me connecte avec mon portable et je te fais un virement Vava. Rappelle-moi tes références bancaires. Voilà, c’est parti …
- Merci Mangouste, j’adore faire des affaires avec toi. Tu es sur un contrat ici ?
- Affaire personnelle, je vais en Tasmanie.
- En Tasmanie ?
- Tu as entendu parler de Roger-Joshua Moore ?
- Roger-Joshua Moore … Dit RJ ! Ancien gouverneur de la province de Tasmanie. Pourris jusqu’à la moelle, plus corrompu, ça n’existe pas. Mais on n’a jamais rien pu prouver contre lui. Il a trempé dans tout ce qui est louche, il a été de tous les trafics, de toutes les affaires illicites. Depuis que son dernier mandat de gouverneur s’est achevé, il y a quatre ans, il n’a plus trop fait parler de lui. Il est à Hobart, la capitale de la Tasmanie.
- A ce sujet, je ne vais pas pouvoir prendre l’avion avec mes flingues. Tu connais un marin qui pourrait me déposer là-bas ? Un marin discret …
- Je peux te trouver quelqu’un, j’ai un ami qui a un voilier. Par contre il te débarquera au nord de l’ile, il n’ira pas jusqu’à Hobart.
- Merci Vava ! Comment va Tehea ?

Tehea est l’épouse de Vava, une petite bonne femme, au caractère bien trempé :

- Elle va bien, d’ailleurs, je vais la prévenir de ta présence, elle va absolument vouloir que tu passes dîner à la maison. Tu auras le temps avant de prendre la mer.
- C’est d’accord Vava. Ça me fera plaisir de la revoir. Bon, je vais surfer maintenant …Tu me prépares un shortboard ?

Quelques minutes plus tard, Chloé a traversé la plage, passant près d’un groupe de surfeurs musclés et bronzés, faisant les malins devant quelques filles en pamoison, ils l’interpellent:

- Hé Mademoiselle, si vous voulez surfer ici, ça remue, méfiez-vous.
On peut vous donner quelques conseils !

Dès que Chloé a surfé sa première vague, les types se turent en la regardant la bouche ouverte, s’attirant les quolibets de Vava :

- Vous auriez mieux fait de vous taire les gars, je crois qu’elle n’a pas besoin de vos conseils. Au contraire, prendre les siens vous ferait le plus grand bien.

Chloé alternait les figures de rouleau en rouleau : « roller », « floater », « take off », « off the lip », terminant par un superbe « aerial » au sommet de la plus grosse vague, avant de disparaitre dans le tube de la dernière de la série et de réapparaitre toujours debout sur sa planche. Elle s’allongea sur sa planche pour attendre le set suivant, qui ne tarda pas à déferler.

Au bout d’une demi-heure, elle remonta sur la plage et rejoignit la boutique de Vava sous le regard du groupe de surfeurs :

- Eh les gars, les vrais, c’est sur l’eau qu’ils sont, pas sur le sable à faire les jolis cœurs pour les filles, s’amusa Chloé en passant devant eux.



A peine débarquée sur le quai du port de Devonport, une ville du nord de la Tasmanie, Mangouste avisa une enseigne de location de véhicules. Une vingtaine de voitures et pickups attendaient sur le parking :

- J’ai horreur des volants à droite ... Je vais prendre ça, dit-elle à la jeune fille derrière le comptoir en désignant une Harley-Davidson V-Rod Muscle noire. Classe en plus ! Voyant, mais classe …

Après avoir réservé une chambre d’hôtel sur internet à Hobart, devant son petit déjeuner, elle a consulté un site routier. La distance entre Devonport et Hobart est de 282 km, le temps estimé est de 3 h 15. :

- J’y suis dans 2 h30, dit Mangouste en s’engageant sur la route.

2h 15 lui furent nécessaires pour couvrir la distance. La Harley est plutôt fougueuse, et Mangouste a laissé la possibilité au moteur d’exprimer toute son impétuosité.

Elle se rendit à son hôtel.
Après une nuit en mer et la route, une douche et des vêtements propres, lui ferait le plus grand bien avant de s’occuper de Moore.

Une douche plus tard, le téléphone sur la table de nuit se mit à sonner.

- Allo ?
- C’est la réception, on vient de vous déposer un message.
- Montez le moi, et je vais prendre quelque chose à manger aussi, j’ai faim. Voyons voir, dit-elle en regardant la carte du room service.

Allongée sur son lit, elle dégustait son club sandwich avec une bière australienne, une Mountain Goat. Elle ouvrit l’enveloppe contenant le message qui lui était destiné :

« Mangouste, si tu veux en savoir plus sur Roger-Joshua Moore, vient au parking près de O’Grady Falls à l’ouest de Hobart à 14 heures. Je t’attends près de la falaise.
Un ami »

- Un ami ? C’est ça, prends pour une conne. Bon, ça bouge et j’aime bien quand ça bouge, se dit-elle en se levant et en enfilant sa veste de treillis et ses bottes.



Mangouste a arrêté sa moto près de bord de la falaise. Le parking était désert.

- Il n’y a plus qu’à attendre mon nouvel ami !

Une voiture a pénétré sur le parking qu’elle pouvait voir en contrebas. Quatre hommes en sont descendus et se sont approchés de Mangouste.

Le genre, gros balaises qui roulent des mécaniques.

- Oh zut encore une tripotés de guignols … On n’en sortira jamais, ça devient répétitif, cette histoire.

Les quatre types se sont approchés d’elle et se sont placés en demi-cercle afin de lui bloquer toute possibilité de fuite, le bord de la falaise dans le dos, les guignols devant elle. Bon, de toute façon, Mangouste n’avait nulle intention de fuir.

- Vous êtes qui ?
- On est les clés, dit celui qui semblait être le chefaillon de la petite bande.
- Les clés ? Késako ?


Les quatre types ont sorti de sous leurs blousons des outils en acier de taille plus que respectable, qui a priori, leur servaient d’arme.

- Les clés ! Je suis clé à molette, lui c’est clé anglaise, dit le type en désignant son voisin d’un geste du menton.
- Hello, dit le guignol d’à côté, manifestement anglais.
- Derrière c’est clé à pipe.
- A pipe ? Oh là, manquait plus que ça ! A pipe … on aura tout vu. Franchement, ça ne fait pas sérieux, à pipe !
- Arrête de faire la maligne Mangouste, dit clé à pipe.
- Et lui alors c’est qui, demanda Mangouste en désignant le quatrième gugusse.
- Euh… Je voulais m’appeler clé à douille, mais les autres ont trouvé ça ridicule, alors je suis clé à molette 2.
- Déjà clé à molette, c’est franchement ringard, mais j’avoue que clé à douille, ça fait complètement con.
- On va te défoncer Mangouste, reprit clé à molette 1.
- Me défoncer ? Des promesses, toujours des promesses et rien que des promesses ! Les clés ! Tout un trousseau quoi ! Trousseau ? Clés ? Quatre clés ! Vous saisissez la blague les amis ?
- Salope !
- Au moins, vous n’êtes pas des trouillards les gars. Courageux même ! Vous n’êtes que quatre, alors que moi, je suis si nombreuse, dit Mangouste en parant un coup de clé à molette.

Elle fit un demi-tour sur elle-même, tendit sa jambe à l’horizontale. Son talon atteint clé à molette sous le menton. Le bougre s’écroula au sol en lâchant son outil, séché.

Mangouste fit une roulade, passa entre deux des clés et se retrouva dans leur dos. C’est eux qui avaient la falaise derrière eux. Elle se recula de deux mètres :

- Allons-y les gars, à trois sur elle. Elle recule, elle a la trouille.
- Ouais, faut dire qu’on est impressionnants, hein les gars ?
- Ouais ! Pour sûr ! Elle va prendre cette salope. Attention quand même les gars, elle est rapide !
- Ne sous-estimez pas une personne qui recule, leur dit Mangouste, c’est peut-être parce qu’elle prend de l’élan, seulement.

Mangouste pivota sur elle-même en faisant cette fois un tour complet pour donner un coup de pied chassé dans l’abdomen de clé à molette 2, qui tomba à genoux, le souffle coupé.

Elle se recula pour faire face à ses deux adversaires encore debout.

Elle s’est avancée d’un pas, pour cueillir clé à molette 2 toujours à genoux, d’un coup de pied la gorge. Il tomba en arrière, complètement groggy, cette fois.

- 20 secondes chrono, avec un seul pied et la moitié du trousseau est grippée. Rendez-vous à l’évidence, les clés, vous ne faites pas le poids.
- Salope !
- Bon, vous l’aurez voulu.

Son pied gauche atteint clé à pipe aux parties. Elle sautilla d’un pas et dégomma clé anglaise qui s’approchait pour la frapper avec son arme. Il s’écroula au sol, après avoir poussé un «Arrrrghhh ».

Mangouste pivota et toucha clé anglaise qui reprenait à peine ses esprits et tentait de se relever.

- Et toujours avec le même pied, bon, il n’y a plus que toi clé à molette, encore à peu près valide, du coup !
- On dégage les gars, s’écria clé à molette en partant en courant.

Il se mit à décamper suivi de clé à pipe qui se tenait les parties à deux mains.

Clé à molette 2 était allongé face contre terre et manifestement inconscient.

Clé anglaise était au sol aussi et râlait.

Mangouste lui soulevant la tête en le tenant par les cheveux :

- Qui vous envoie ? Roger-Joshua Moore ?
- Fucking bitch, I won’t say anything!
- Oh et puis on s’en fout, je sais bien qui vous a envoyé.
- Lazy whore !
- Tu n’es pas très poli toi, en plus j’en ai ma claque, répondit Mangouste en attrapant l’anglais par le col et en le tirant vers le ravin. Les anglais et leur morgue m’horripilent !
- No, no, don’ t push me, dont ’t me, je vous diwais tout ce que je sahais …
- Non, j’ai changé d’avis, je m’en fous de ce que tu sais ducon, dit Mangouste en le poussant dans le vide.

Clé anglaise s’est écrasé au sol, dix mètres plus bas. Clé à molette 2, toujours inconscient, a suivi le même chemin.

Retournant vers le parking, Mangouste entendit les deux autres clowns s’engueuler.

- Où sont les clés de la bagnole, vite, passe les moi, elle va revenir, pleurnichait clé à molette
- C’est pas moi qui conduisait, c’est clé anglaise qui les avait dans sa poche, répondit clé à pipe d’une voix aigüe (à priori le coup de pied dans les parties faisait encore son petit effet).
- Mais quel con ! Viens on se casse de là à pied.
- T’en a de bonnes toi ! Moi, je peux à peine marcher, j’ai les baloches en miettes !
- Démerde-toi, moi je fous le ….

Clé à molette a interrompu sa phrase, une balle venait de l’atteindre en plein front.

Clé à pipe a juste pu entendre le « tchong » significatif d’un coup de feu tiré avec un silencieux.

- D’habitude, je travaille au Sig Sauer, dit Mangouste. Là, ici, je n’ai trouvé que ce Désert Eagle en .357 Magnum, calibre tout à fait acceptable. Mais j’avoue, c’est efficace. Et avec un silencieux, ça a de la gueule. Bon, j’ai aussi un Smith et Wesson .357Magnum, aussi, à la ceinture, mais je n’aime pas trop les revolvers.
- Non, pitié Mangouste, ne me tue pas ….
- Je vais te laisser la vie sauve pour que tu puisses raconter à Moore que Mangouste est là.
- Merci Mangouste, merci, mais je ne connais pas Moore. C’est notre chef qui nous a envoyé
- C’est qui votre chef ?
- Il se fait appeler porte-clés.
- Porte-clés ? On touche le fond là, dit Mangouste en levant les yeux au ciel. C’est qui porte-clés ? Un lieutenant de Roger-Joshua Moore ?
- Oui, je crois …
- Et on le trouve où ce porte-clés ? C’est quoi son vrai nom ?
- Ici à Hobart. Il s’appelle Graham Porter.
- Hobart ? c’est vague Hobart !
- Il a un club de striptease, l’Ace of Heart.
- Au moins, tu es coopératif toi ! Bon dégage de là, je te laisse en vie, mais tu disparais dans la nature, tu quittes le pays. Si tu baves auprès de Porter ou de Moore, je te retrouve et je te tue. Et pas d’une mort rapide, d’une mort lente et douloureuse ! Capito ?

Clé à Pipe s’est éloignée en claudiquant et en maugréant :

- Salope
« Tchong », une balle lui pénétra à l’arrière du crâne. Il s’est écroulé au sol, sans entendre Mangouste dire :
- Tu aurais dû éviter de me traiter de salope. Finalement, j’ai changé d’avis ! En plus je n’ai pas confiance, je suis certaine que tu serais allé baver.


Mangouste n’avait eu que peu de difficultés à localiser Moore. Il avait une villa sur Océan Esplanade à Kingston Beach, une station balnéaire au sud de Hobart. De toute façon, vu l’équipe de bras-cassés qu’elle venait de se fader, Moore et Porter savaient qu’elle était en Tasmanie.

Avant d‘aller brutaliser Moore, elle décida de rendre une petite visite à ce Porter, dit porte-clés, juste histoire de désengorger un peu l’organigramme de l’Organisation ici en Océanie, le tout en guise d’amuse-gueule. Trouver l’Ace of Heart ne fut pas trop compliqué. C’est un club haut de gamme. Rien à voir avec un bouge, d’après son site internet.

Il était 15 heures, à cette heure, l’Ace of Heart devait être fermé encore. Ce genre d’établissement n’ouvre qu’en soirée. Une petite reconnaissance s’imposait tout de même, et puis Mangouste n’avait rien de mieux à faire.

Arrivée devant l’établissement, elle gara sa Harley Davidson devant la porte à l’arrière. Sur la porte, elle avisa une affiche « Nous recrutons Gogo danseuse ». Elle sonna. Un gros balaise, à l’air légèrement crétin vint lui ouvrir :

- C’est pour quoi ?dit-il d’une voix qui indiquait qu’il n’y avait pas seulement son air qui faisait crétin.
- Le taf de gogo danseuse.
- Reviens dans une heure, il y a déjà une dizaine de pouffes qui attendent. Et change de tenue, pas très sexy ta veste de treillis.
- Pourquoi ? Les filles dansent habillées dans votre club ?
- Mouah ah ah, t’as de l’humour toi !! T’es bonne en plus. Plus que bonnasse même ! Si le patron t’embauche, viens me voir !
- On verra mon mignon. C’est le patron qui fait passer les entretiens d’embauche ? Porter ?
- Ouais c’est lui.
- Bon ok, je vais me changer et je reviens dans une heure. Jette un œil sur ma moto en attendant, je ne voudrais pas qu’on me la raye.

Mangouste alla faire quelques emplettes dans les magasins aux alentours : jupe courte en cuir, haut décolleté, parure de sous-vêtements noirs et bas résille, stilettos.

Ainsi parée, elle se présenta à l’Ace of Heart :

- T’es revenue poupée ? La vache ! Taleur t’étais bonnasse, habillée comme ça t’es une vraie bombe atomique !
- Oui bon, amène-moi au patron au lieu de phraser.

« Celui-là au moment de la distribution de neurones, il était sûrement parti pisser » pensa Mangouste.

Le gorille l’a amenée à l’intérieur de l’établissement. La lumière tamisée permettait de voir la disposition des lieux. Une scène principale avec des tables en arc de cercle autour. Quelques scènes et podiums annexes, un bar avec des tabourets.

Sur la scène principale, une fille était en train de danser tout en se dévêtant. La pauvre était mignonne, mais n’était pas très douée :

- C’est bon, ça va pas le faire. Vas prendre des cours et reviens nous voir, dit une voix nasillarde.

Surement Porter. Il était avachi sur une banquette :

- Suivante !
- Salut, dit Mangouste.
- T’es pas mal toi, tu as de l’expérience ?
- Je pratique le gogo dancing sous toutes ses formes, lap dance, table dance, cage dance. Je suis une pro du pole dance surtout. Je maîtrise tout et j’ai un corps de rêve.
- Ici, les débutantes commencent à danser sur le bar en général.
- Je ne suis pas une débutante, vous ne m‘avez pas vu à l’œuvre encore, je sais tout faire, barre et bar.
- Tu viens d’où ?
- Je suis française. Ça va faire exotique une française dans votre établissement, en plus. Exotique, mais classe !
- On ne pratique pas le nu intégral ici, c’est un établissement haut de gamme. Les filles gardent leurs strings.
- Le string c’est pratique pour que les clients y glissent leurs dollars !
- Pas de clients dans les loges, ce n’est pas un lupanar ici.
- Ok, je ne vends pas mon corps, je le montre seulement.
- Tu le montres seulement ?
- Bah, pour le patron, je peux faire une exception, surtout s’il m’embauche. S’il ne m’embauche pas, ce n’est pas le patron d’ailleurs …
- Tu n’as pas froid aux yeux toi on dirait !
- Non patron, fit Mangouste avec un sourire racoleur. J’ai ma bande-son sur cette clé USB. On va éviter Joe Cocker, You can leave your hat on ! Je laisse ça aux amatrices.

Elle se hissa sur la scène centrale. Le projecteur se braqua sur elle. Elle se positionna les jambes légèrement écartée les mains sur les hanches sur le devant de la scène face à Porter :

- Musique … (A ce moment du récit, le lecteur intéressé pourra bien sûr accompagner sa lecture des chansons choisies par Chloé pour se plonger totalement dans l’ambiance).

Les premiers accords de Wot de Captain Sensible envahirent la salle. Mangouste se mit à remuer les hanches en rythme pendant l’intro, tout en prenant une moue boudeuse. Puis dès les premières paroles, elle se mit à danser en épousant le rythme saccadé et en se dévêtant :

When I woke up this morning I was feeling fine
But this cat starts banging man what a swine
So I called reception but to no avail
That's why I'm telling you this sorry tale
It went bang I said shut up it went bang I said rap up
Well I'm aware that the guy must do his work
But the pile driver man drove me berserk
He said captain I said wot he said captain I said wot
He said captain I said wot he said captain I said wot d'you want
He said captain I said wot he said captain I said wot
He said captain I said wot he said captain I said wot d'you want

A la fin du premier refrain, son haut et sa jupe gisaient au sol.

Changement de rythme, changement d’ambiance, Donna Sommer, Love to love you baby, Mangouste se déhancha lentement sur la scène, ses mains couraient sur son corps en mesure avec les soupirs et les feulements que poussait Donna :

I love to love you babyyyyy, aaaahhhh
I love to love you baby
Do it to me again and again
you put me in such an awful spin, in a spin
I love to love you baby
I love to love you baby

Les 9 minutes 15 du morceau furent nécessaires pour que Mangouste ôte son soutien-gorge et surtout l'occasion de poses et d'enchainement sensuels.

Porter n’en perdait pas une miette, la bouche grande ouverte. Le soutien-gorge atterrit bien entendu sur ses genoux.

Careless Whisper de George Michael débuta, Mangouste enleva ses escarpins et se dirigea vers la barre de pole dance. Au rythme de la musique, s’enroulant littéralement autour de la barre, elle enchaîna des figures de plus en plus complexes ; Marche, pirouette, fireman, crucifix, caroussel, butterfly, Dragonfly, Scorpio, Side superman, Death lay, Boken Doll, Jade, Serpentine, Pegasus. Le tout, en rythme bien sûr et avec la plus grande sensualité, toujours pour être en adéquation avec la musique choisie.

A la fin de la chanson de George Michael, elle retomba, telle une chatte sur ses pattes, sur la scène.

Avant que la chanson suivante ne débute, Mangouste descendit de la scène et monta sur la table derrière laquelle Porter était assis :

- Une chanson française pour conclure, dit-elle.

Cargo de nuit d’Axel Bauer, les accords disco-orientaux de l’intro se sont appropriés l’espace. A genoux sur la table, Mangouste se caressait l’épaule, puis descendit sa paume, d’un geste aérien et sensuel, le long de son biceps, puis de son avant-bras :

J’avance sur ce quai humide
La sueur brûle comme l'acide
L'enfer va commencer
Cargo de nuit, bières chaudes et narguilés
"Chez Mario" tout oublier, la nuit te nuit
Change de port
Mais cette machine dans ma tête
Machine sourde et tempête
Mais cette machine dans ma tête
Leitmotiv, nuits secrètes
Tatoue mon âme à mon dégoût

Quand la musique s’arrêta, Porter restait sans bouger sur sa banquette :

- Alors patron, convaincu ? Je suis embauchée ?
- Ouais … T’es embauchée. T’es vraiment une pro … Viens dans mon bureau signer ton contrat.

Une demi-heure plus tard, Mangouste chevauchait un Porter ayant du mal à reprendre son souffle, sur le canapé de son bureau. Elle accéléra le rythme :

- J’en peux plus … J’ai joui trois fois déjà … tu m’épuises, je suis vidé …, dit Porter haletant en éjaculant.
- Mais si, mais si, tu peux encore … ajouta Mangouste en se relevant.

Elle branla le pénis tout flasque de Porter :

- Oh zut, il ne marche plus le sextoy … Il n’y a plus de piles ? Attends mon biquet, dit-elle en allant fouiller dans son sac à main. Elle en extirpa son Désert Eagle avec silencieux.

« Tchong … tchong », deux balles atteignirent Porter, une au milieu du front, l’autre au niveau du cœur.

- A plat le sextoy ! c’est ça d’utiliser des entrées de gamme ! Ah la la, l’obsolescence programmée! Game over baby …

Après avoir récupéré ses vêtements et s’être rhabillée, Mangouste avisa le videur près du bar :

- Ton patron a eu un malaise !



Revenue à son hôtel, Mangouste n’eut aucun mal à visualiser la villa de Moore, grâce à internet. Il habitait à Kingston Beach, une station balnéaire au sud de Hobart. Grace à Street view de Google maps, elle repéra la somptueuse villa de Moore sur Océan Esplanade.

A priori, elle était ceinte de hauts murs, même si c’est peu évident à voir distinctement sur Street view.

- On verra bien sur place, dit Mangouste en retirant sa tenue sexy de stripteaseuse et en passant son jean et sa veste militaire.

Alors qu’elle venait tout juste de démarrer, Mangouste vit dans son rétroviseur, une autre moto la prendre en filature, tout en restant à distance. Trop loin donc, pour voir à qui elle avait affaire. De toute façon, le pilote était casqué :

- Voyons voir, se dit Mangouste une fois sortie de la zone urbaine sur le Channel Highway.

Elle lâcha la bride à la moto. Le compteur marquait 200 km/h. L’autre moto s’était calquée sur sa vitesse :

- Oh, ça commence à me saouler tout ça, pesta Mangouste en arrêtant sa moto sur une aire de pique-nique déserte au bord de la route.

L’autre moto s’arrêta également à quelques mètres. Le pilote descendit et ôta son casque en s’approchant.

- Une japonaise, beurk, se dit Mangouste. Par contre une pilote ! Et plutôt du genre gironde !

Une grande fille se tenait en effet devant Mangouste… une fille ? Non, un être magnifique, une créature !

Grande donc, avec des formes… Hmmm, mise parfaitement en valeur par un pantalon en cuir de moto et un blouson, comme une deuxième peau, le tout noir.

Surtout, elle avait de longs cheveux roux, presque rouge même. Le genre Médusa, pour les fans de Marvel (les comics, pas l’horrible franchise cinématographique mal et surexploitée par Disney). Médusa donc, dont la chevelure est une arme.

- Tu es qui ? dit Mangouste.
- Co cooo coc cooooo.
- Coco ?
- Nan … co coocooopeupeu cocoperhairrrr
- Copperhair ? Stylé comme pseudo !
- Tu tuuu tu tuuu as tutuuu
- J’ai tutu ?
- Nan, tuuu aaaaaa tu tuuu tuuuu é mon mec.
- Oh putain, la vache, on n’est pas sorti de l’auberge ! J’ai tué ton mec ? Moi ? Vraiment ? C’est qui ton mec ?
- Tu tuu tuuut le saiiissss tr trr très bien …
- Bof, non, J’en ai tué un certain nombre de mecs, surtout ces derniers temps. C’est qui ton mec alors ? Oh, pardon, c’était qui plutôt … Paix à son âme !
- Co coo cooo
- Coco ?
- Nan, cooccooo co cooo bra
- Cobra ? Non ? Qu’est-ce qu’une beauté comme toi faisait avec un ringard comme Cobra ? Cobra Sssssssnake … Ahahahaha, il m’aura fait rire ce con (voir Banco à Bangkok)
- Sa saa saaaa sa
- Salope, oui, je sais. Je ne t’ai pas dit, mais les rousses ça me fait kiffer … Un peu plus que kiffer, même, si tu vois ce que je veux dire ! Tu me rends toute chose ma grande !
- Ba baa baaaaa toi au aau auuuu
- Et merde, on n’est pas rendues …
- Auuuuuu lieu de co cooo coooo
- Coco ?
- Nan cauuuuser.
- Oui, on va éviter de causer, sinon …Enfin, ça pourrait être pire, tu pourrais avoir un cheveu (roux) sur la langue en plus. T’imagine ? Cha chaa chaaaalope !
- Sa saa saaa saa
- Oui, bon, tu veux vraiment te battre ? Et puis, ton mec, c’est lui qui est venu m’agresser à Bangkok. Moi je n’ai fait que de me défendre ! Je ne lui avais rien demandé !En plus je ne l’ai même pas tué, c’est lui qui a avalé une capsule de cyanure.
- Te teeettuuuu uuuu qqqqquaaaaa qu’à quaaaaa
- Reformule ? Euh non, laisse tomber en fait. On va se battre finalement.

Copperhair sortit de sous son blouson un boomerang :

- Au moins c’est local comme arme, lui dit Mangouste.

La rousse lança son boomerang qui tournoya vers Mangouste, qui tenta de se protéger en levant son avant-bras. Ce qui n’était pas un jouet fut légèrement dévié. Par contre, sa veste militaire fut déchirée et la peau entamée. Apparemment les bords de l’arme étaient aiguisés comme un rasoir. Copperhair saisit le boomerang au retour, avec sa main gauche gantée de cuir épais, la protégeant. Elle le lança à nouveau.

Cette fois, Mangouste eut le temps de se baisser pour éviter l’arme qui tournoya juste au-dessus de sa tête. Elle a enchainé avec une roulade qui l’amena à un mètre de Copperhair. Si près d’elle, qu’elle ne pouvait plus utiliser son boomerang. Mangouste tendit son pied en avant en se réceptionnant de sa roulade et balaya Copperhair au niveau des chevilles en prenant appui au sol sur sa paume. La rousse, chuta en arrière et se retrouva au sol. Mangouste repoussa du pied le boomerang à distance, hors de portée de Copperhair.

La fille s’était relevée d’un bond. Elle se mit en position de combat.

- T’as perdu ton joujou ma chérie !
- Tu tuu tuuu
- Oui, bon passons, dit Mangouste en tentant de lui mettre un coup de poing au milieu de la poitrine.

La rouquine s’était reculée et Mangouste frappa dans le vide : « Elle est rapide, une adversaire à ma taille ! Enfin » se dit Mangouste

Le pied de Copperhair se tendit à hauteur de l’épaule de Mangouste. Le coup porta et elle fut déséquilibrée. Elle se rattrapa au tronc d’un arbre pour éviter de chuter. Son adversaire s’était déjà précipité vers elle et porta un coup de poing vers le visage de Mangouste. Elle put parer le coup, mais pas celui qui suivit aussitôt vers son ventre. Mangouste se plia en deux, le souffle coupé.

Ne lui laissant aucun répit, Copperhair, lui donna un coup de pied au niveau de la cuisse. C’eut pour effet de faire plier la jambe de Mangouste qui se retrouva un genou au sol. La rousse voulut enchainer avec un coup de poing au visage de la blonde. Elle ne fut pas assez prompte. Mangouste eu le temps de se relever et de reculer de quelques pas.

Copperhair se précipita vers elle. Ayant repris ses esprits, Mangouste vit l’ouverture. Elle saisit la rouquine par le col où elle était proche d’elle, plaça son pied à plat sur son ventre et se laissa tomber en arrière, tout en projetant son adversaire par-dessus elle. Une prise de judo appelée Tomoe-Nage, communément connue sous le terme de « planchette japonaise ».

Copperhair est partie en vol plané et s’est retrouvée la tête la première dans un buisson de ronce. Elle ne s’est pas relevée.

Mangouste s’approcha d’elle. Elle était KO. Elle fouilla ses poches, mais ne trouva rien d’intéressant, hormis les clés de la moto. Elle les jeta à bonne distance dans le sous-bois, avant de s’éloigner. Pour faire bonne mesure, elle perça les deux pneus de la moto de la rousse avec son poignard. Pas envie de la une aussi jolie fille. En plus, elle n’était surement pas envoyée par l’Organisation.

Mangouste repartit et combla le reste de la distance entre Hobart et Kingston Beach en quelques minutes.

Elle repéra la villa de Moore. En effet, ça ressemblait à un camp retranché.

Un garde se tenait de l’autre côté de la grille d’entrée. Surement qu’il y en avait d’autres dans l’enceinte.

- Bah, je suis entrée en silence dans le camp de Mombassa. Bon Ok, j’étais avec Lucie et on avait des arbalètes. J’ai un silencieux à mon flingue aujourd’hui ça va le faire.

Mangouste eut une bouffée de nostalgie en pensant à Lucie, qu’elle avait laissé à Bujumbura, il y a quelques jours. Elles s’étaient juré de se revoir, une fois que tout ça sera terminé.

Après avoir escaladé le mur, Mangouste et son poignard anti-requins se sont occupés du garde près de l’entrée :

- C’est Mangouste les gars, fit une voix derrière elle.

Cinq autres gardes surgirent en l’encerclant :

- Attention ! Le boss la veut vivante.
- Vous prenez des risques à vous en prendre à moi les amis, leur dit-elle.
- T’es toute seule Mangouste, on va te faire ton affaire !
- Et voilà, ça recommence ! Non, je ne suis pas seule, on est trois !
- T’as de l’humour Mangouste ! Et ils sont où les autres ? C’est qui d’ailleurs ?
- Ben, il y a moi, ça fait une et puis il y a Smith et Wesson, ça fait trois … fit Mangouste en sortant ses armes.

Quinze secondes plus tard, les cinq hommes de main de Moore gisaient au sol :

- J’ai un peu triché, il y avait Désert Eagle aussi, avec son ami le silencieux. Après, il ne faut jamais sous-estimer le caractère prévisible de la bêtise humaine. Vous étiez prévisibles les gars. Trop prévisibles !
Bon passons aux choses sérieuses.

Après avoir liquidé les deux gardes se trouvant dans le hall d’entrée de la somptueuse villa, à priori, les derniers et après avoir fouillé le rez-de-chaussée, Mangouste monta silencieusement à l’étage.

Elle put entrevoir par une porte entrouverte un homme, dans son bureau qui passait fébrilement des piles de documents dans un destructeur de papier. Derrière lui, un coffre-fort était ouvert.

Manifestement, c‘était l’ex-gouverneur Moore, d’après la photo qu’elle avait vu sur internet. Ex gouverneur et actuel doigt de la main :

- Salut RJ, dit Mangouste en entrant et en s’asseyant dans le fauteuil devant le bureau.

Se retournant, Moore parut décontenancé :

- Damned Mangouste !
- Eh oui, Mangouste. Tu t’attendais à ma visite il semble. Vu le nombre de gardes (morts à l’heure qu’il est) dans ta propriété et les mètres cubes de documents que tu es en train de détruire.
- Allons allons Mangouste, tu ne vas pas me , quel est ton prix, tout le monde a un prix.

En plus, tu es une tueuse à gages, une mercenaire à la base, prête à être achetée. Donne-moi ton prix …

- Traite moi de pute pendant que tu y es !
- Mais non, Mangouste, je ne voulais pas d’insulter, bien sûr… trouvons un arrangement !
- Bien sûr ! Ecoute RJ, tout le monde doit vivre hein … Enfin, il y en a qui doivent mourir aussi ! Par contre, il y a des choses qui ne s’achètent pas. Tu n’as pas fait que des trucs jolis/ jolis dans ta vie. Tu parlais de payer, eh bien le temps de payer l’addition est venu. Je viens te la présenter.
- Réfléchis Mangouste, mets tes principes de côté, je peux faire de toi une femme riche !
- Les abeilles ne perdent pas leur temps à expliquer aux mouches que le nectar c’est meilleur que la merde, RJ. Tout ne s’achète pas.
- Allons Mangouste, regarde ce que j’ai pour toi, là dans mes affaires, tu vas être ébahie ! Ah ah ah surprise Mangouste !! J’ai un flingue, dit Moore en sortant une arme du tiroir de son bureau et en la mettant en joue.
- Moi aussi j’ai un flingue RJ, dit Mangouste en écartant le pan de son blouson pour montrer le holster à son aisselle.
- Pas un geste Mangouste où je t’allume, si tu touches à ton arme, un geste, un seul et je te refroidis.

Pas impressionnée pour deux sous, Mangouste a sorti son arme et l’a pointée vers Moore, à son tour :

- Tu as un gros problème RJ! Je le sais et tu le sais aussi ! Comme un vrai gland, t’es en train de te dégonfler, tu te ratatines, et tes deux petites noix ramollies se ratatinent avec toi. Et le fait qu’il y ait la mention « FACTICE » sur ton pistolet, et qu’il y ait « DESERT EAGLE .357 » écrit sur le mien devrait pousser tes deux petites noix à se casser et toi avec. Pourtant, je ne vais pas te laisser partir.

Lève-toi et pose ton jouet RJ.

- Allons Mangouste, on peut discuter. Tu veux quoi ? je te le donne.
- Ah la la, ils disent tous ça. Je ne veux rien. Ah si ! Ta vie connard.
- Pourquoi tu fais ça Mangouste ?
- Que veux-tu …On vit dans un monde où les gentils doivent aller chez les psys pour apprendre à supporter ce que font les méchants. J’essaye d’y remédier.
Vulnerant omnes, ultima necat.
C’est du latin, RJ ! Ça signifie « Toutes blessent, la dernière tue ». On parle des heures pour le coup. C’est souvent Inscrit sur le fronton de certaines horloges publiques anciennes, ou dès l’antiquité sur des cadrans solaires. Cette formule, dont on ne connait pas l’auteur, moralise sur le temps qui passe. La dernière heure pouvant arriver à tout moment. Et là, je crois bien que ta dernière à toi, a été débutée il y a environ … 59 minutes trente !
Après la mort, nous devenons tous de la matière organique, mais certains dans ton genre prennent de l’avance en se comportant comme des merdes de leur vivant.
Debout maintenant !

Mangouste a dirigé le canon de son arme vers la braguette de Moore et tira six coups à la suite :

- Emasculé au Smith & Wesson .357 Magnum ! Radical. J’ai horreur des revolvers, mais je dois avouer que c’est efficace. Bon Moore, il n’y a que le premier coup qui a dû te faire mal finalement. Ça reste une mort plus qu’acceptable en matière de douleur.

Après avoir remis son arme dans le holster, elle étudia les documents pas encore détruits. Rien qu’elle ne savait déjà en fait. Kassandra Konrad, le dernier doigt, semblait en plus être la Cheffe de l’Organisation.

Avant de refermer le coffre, elle mit dans son sac un paquet de billets de différentes monnaies, dollars US, dollars australiens, euros.

- Pour mes faux frais …

Mangouste prit la direction de la sortie. Elle fit demi-tour :

- Où ai-je la tête, j’allais oublier, fit-elle en sortant son poignard pour trancher l’annulaire droit de Moore.


Et voilà, la main n’a plus que son petit doigt. Plus pour longtemps en plus. Kassandra Konrad, j’arrive !
Si la vengeance est un plat qui se mange froid, j’en connais une qui va bouffer du surgelé …


Au moment de démarrer sa moto garée sur le trottoir devant la villa de Moore, Chloé regarde passer une grande jeune fille blonde, les talons hauts, la jupe courte. Le grondement du moteur qui démarre, la fait sursauter et se retourner vers Mangouste, juchée sur la selle, en train de pousser l’engin pour le libérer de sa béquille.
En réajustant ses lunettes noires, une chansonnette monte dans la tête de Chloé :

Marche tout droit, cette fille là
Ne la regarde surtout pas
Marche tout droit, cette fille là
Te ferait perdre ton sang- froid
Elle est bien trop mignonne pour t’y risquer
Tu n’pourrais pas résister
Marche tout droit, cette fille là
Elle est vraiment faite pour toi

Au moment de lâcher les chevaux de l’engin et de faire vrombir les cylindres, Chloé changea d’avis. Elle interpelle la fille qui repartait :
- Mademoiselle ! S’il vous plait …



Prochain et dernier épisode de Mangouste contre l’Organisation prochainement…

Mangouste contre l’Organisation 5 – Viennoiseries viennoises.


PS : je tenais à remercier Pedro Bernardo, grand fan de Mangouste, qui lors de nos quelques échanges m’a soufflé une idée pour ce récit. Je l’ai reprise cette idée, un peu à ma sauce, mais l’esprit y est. Merci à lui.

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