Un Cocu Heureux 7
Un cocu heureux 7
Curieusement nous redescendons la plage ensemble cette fois. Léo est à lextérieur sur la gauche, côté mer. Il passe son bras droit sur les épaules de Léa, de façon naturelle. Cest sa femme. Je marche entre Léa et Mylène et jimite Léo, jentoure de mon bras droit les épaules de ma femme. Tout est revenu à la normale ou presque, car un lourd silence sest abattu sur notre quatuor. Léo est muet, Mylène fixe un point à lhorizon. Elle rumine une riposte à ma déclaration. Jai pour ma part bien du mal à passer à un autre sujet de conversation.
Dailleurs Léa ma fourni de quoi méditer. Ainsi donc ce faux timide de Léo est un mari infidèle qui passe régulièrement dune maîtresse à lautre. Sa femme sest montrée tolérante mais se lasse et va uvrer à le détacher rapidement de ma femme. De ce côté lavenir paraît moins sombre que je ne limaginais. Lécart de conduite de Mylène, prévu avec mon accord, grâce à la vigilance de Léa, sera une passade de courte durée. Cette perspective me console un peu. Bien que, si Mylène se sent contrariée, elle risque détendre ses relations à dautres prétendants.
Or la stratégie de Léa comporte un appel à concurrence auprès de jeunes loups en mal de conquêtes et portés sur les femmes mariées jeunes, belles et sans risques. Leur mentalité est connue. Mures mais encore très désirables et consommables, ces écervelées en cas de grossesse ne pleureront pas, leur mari cocu assumera les conséquences si la dame infidèle sait lui accorder parfois un rapport entre deux tromperies.
Quelques galipettes rondement menées dans le lit conjugal et après tout est possible avec des partenaires plus croustillants pour varier le menu sexuel, goûter aux pines longues, grosses, minces, courtes et épaisses, à toutes les dimensions et à toutes les positions. Moins ces verges seront expérimentées, plus grande sera la joie de les initier ou de les perfectionner.On peut alors savourer des foutres nouveaux comme on boit le Beaujolais nouveau chaque année pour lui trouver des parfums de fraise, de myrtille ou de banane.
- Ah ! Changer, changer de robe, de sous-vêtements, de chaussures, dhommes, damants, de queues, changer de rythmes, de trous, de manières. Changer !
Les séducteurs avec leurs belles gueules et leurs muscles bodybuildés se foutent pas mal que lamante sorte des bras de son époux, pourvu quelle soit chaude et parfois généreuse. Recevoir en plus de laffection de « la salope », comme ils désigneront leurs proies, un petit cadeau est une source de fierté. Ils organisent des concours pour distinguer les plus méritants, les mieux récompensés. En retour sans le déclarer, entre eux, au moment dexhiber leur butin, ils témoignent de peu de considération pour les femmes trop faciles. Jai été jeune comme eux, jen ai côtoyé, je connais leurs agissements. Mylène va se jeter dans la gueule du loup, elle apprendra à les connaître, succombera à leurs charmes, à leurs flatteries, se donnera à eux, devra puiser dans ses réserves dargent pour leur plaire. Dans quinze jours ils passeront à dautres nanas naïves ou en chaleur et elle ne gardera que des souvenirs. .
Depuis sa rencontre cachée avec Gérard, le maître nageur, ma femme semble heureuse davoir obtenu de moi carte blanche pour la quinzaine : à condition toutefois dagir devant moi. Je regrette davoir ouvert le champ des possibilités mais, si elle respecte sa part du contrat, je saurai, je verrai et je me sentirai moins cocu que si elle allait se faire posséder en secret sous une tente, culbuter dans un bosquet ou trombiner la chatte dans un coin quelconque à lintérieur du camping ou sur la plage par exemple. Il y aura un bonus : Léo le jaloux pourrait se lasser très vite dune maîtresse volage. Mais celle-ci va prendre des habitudes, bonnes pour notre couple selon elle, et bien mauvaises selon moi.
Une petite main se glisse dans ma main gauche. Léa secoue mon bras et rompt le silence :
- Jean, tu rêves debout. Nous sommes arrivés, prends place à table.
Nous sommes à lombre sur une terrasse, la ligne sest refermée autour dune table ronde, les extrémités se sont retrouvées, Léo me fait face. A ma gauche se tient Léa, Mylène est à ma droite entre Léo et moi. Jentends les considérations sur le confort des lieux. Nous commandons, attendons, consommons. Léa sefforce de nourrir la conversation, parle chiffons, mode, maillots de bain. Il faudra que les femmes fassent un tour des boutiques. Mylène entre dans son jeu. Léo est songeur. Moi aussi, je me laisse bercer par le bruit des conversations à dautres tables.
Invariablement je repense à la séance interrompue dans le bungalow et à lattitude si complice des deux collègues de travail sur le point de sunir charnellement. Ce soir
il faudra y passer. Celle qui a résolu de senvoyer en lair avec mon voisin de table était mon épouse, Jai limpression quelle lest moins. Une des deux roues de notre couple se dégonfle petit à petit. Quand elle sera à plat elle ne servira à plus rien. Ce sera la panne. Quand Mylène se sera fait passer dessus par ses petits gars, quand à force de laplatir, de lécraser de leur poids, de la tarauder et de la percer, ils lauront révélée, gavée de foutre mais surtout éreintée, crevée comme un pneu trop usé, comment notre couple pourra-t-il continuer sa route ?
Jespérais assister, voir. Lenvie me quitte peu à peu .Désormais chaque intromission étrangère, chaque pénétration par un membre supplémentaire lui retirera une part de ce qui en faisait ma femme. Foutue lestime, envolée la confiance, à lagonie le désir pour un corps devenu commun comme un couloir dans un immeuble collectif et donc désirable comme une fosse commune : sans attrait, dévalué.
Hélas je nai pas analysé assez vite les conséquences de mon fantasme dans le passé, je nai pas réagi hier soir pour empêcher le premier faux-pas. Au lieu dintervenir aussitôt jai voulu voir. Pourquoi ai-je laissé à un autre le plaisir dassommer ce salopard de maître-nageur. Jaurais encore pu sauver les apparences. Au contraire jai encouragé dautres aventures ! Pauvre de moi. Tout est foutu. Il est trop tard. Je regarderai la situation se dégrader progressivement, jassisterai aux coïts de Mylène et des amants intérimaires. Tant pis pour notre couple. Elle a obtenu carte blanche. Léa me ramène sur terre :
- Allons Léo, laisse ma cuisse en paix, mets tes mains sur la table.
Je relève les yeux, regarde mes compagnons. Léa enrage, Léo abat ses mains sur la table, lair désolé, confus. Pourquoi le visage de Mylène est-il cramoisi ? Léo lui aurait tripoté le corps sous la table ? A-t-elle honte davoir été surprise par sa rivale ? Ou serait-elle furieuse de croire que Léo a utilisé ses deux mains séparément pour caresser en même temps le genou, la cuisse ou le sexe de lépouse dun côté et les mêmes parties de son corps de lautre côté, de la même manière, au prix dun grand écart peu discret et improbable ? Ou plus probablement a-t-il effleuré un peu lépouse pour accorder impunément plus de caresses appuyées à la femme désirée qui seule sait jusqu'où il a poussé laudace.
Et sa rougeur dénoncerait une émotion forte, consécutive à des attouchements osés à labri de la table.
Ces deux là sont incroyablement impatients. Comme moi Léa subira le spectacle inévitable de leur union, ce soir; mais elle refuse dassister à longueur de journée à une liaison affichée. Sa réaction vive les calme pour le moment, mais ne détend pas latmosphère, sauf à la table voisine où une jeune femme a vraisemblablement suivi le manège et rit ouvertement avant dexpliquer à voix basse, à sa tablée, la raison de son hilarité.
Avant le repas du soir au restaurant du camping, en ce dimanche soir où ces dames, refusent de cuisiner, Léa a tenu à préparer dans son mobil home la salle des festivités. La table est repoussée dans le coin à gauche de la porte. Les matelas des deux chambres gisent au pied du canapé. Le lupanar, la chambre damour ou le champ de bataille, selon lhumeur de chacun, est prêt. Elle me destine une chaise à droite de la porte, juste avant le couloir étroit de la cuisine et les entrées des chambres et des toilettes. Il est entendu que nous mangerons, danserons un peu pour une dernière mise en condition, dont personnellement je ne vois guère lutilité. Ensuite Léo et Mylène sacrifieront à lamour sous nos yeux.
- Ça va te plaire, mon coquin, ma murmuré Mylène, pleine de bonne volonté et persuadée duvrer pour laccomplissement de mon fantasme. Pour peu elle prétendrait être victime sacrificielle, ne prendre son plaisir que pour men procurer.
Léo a embrassé Léa si habituée à accepter ses écarts. Elle na pas à sinquiéter. Plus lheure approche, plus ils essaient dêtre aimables avec nous, les conjoints invités à suivre leurs ébats. Ils nous souhaitent apaisés, calmes et même heureux de les voir saimer. Ils nont pas loutrecuidance daffirmer que ce sera purement physique. Nous avons été prévenus, ils sont attirés lun vers lautre, ils se désirent depuis des mois. Nous assisterons à la consécration dun amour muet, mais respectueux de notre situation de couples mariés. Jai du mal à entrer dans des considérations aussi alambiquées ou fumeuses. Au bal nous échangeons nos cavalières régulièrement. Mylène colle à Léo. Léa na pas renoncé à son plan et elle réussit à émouvoir mon sexe à force de frotter.
- Eh! Bien, tu nes pas aussi indifférent que tu voudrais paraître. Ce que je sens là pourrait éveiller la jalousie de Léo. Cela ne me déplairait pas. Je deviens un pion dans son jeu de reconquête du mari volage.
Il me pique ma femme et je dois le ramener à la sienne.
-As-tu remarqué quil ne lâche pas ta Mylène ? Elle ne lui échappera pas. Les jeunes ne peuvent pas laborder.
Une autre question mintrigue :
- Jaimerais savoir pourquoi nous ne sommes plus recherchés. Pourrais-tu interroger les copains de Gérard ? Je vais au bar, il y aura bien un garçon décidé à tenter sa chance avec toi. Vas-y, accorde lui une danse.
Jai visé juste. Je bois doucement, je sirote un jus, deux, je vois défiler les candidats, de plus en plus hardis. Ils font rire Léa. Elle rit fort et Léo lobserve. Il nest pas très content, abandonne la piste en traînant Mylène par la main :
- Dis, fais danser ma femme ou la tienne, ces jeunes exagèrent.
Jenlace mon épouse échauffée contre Léo.
- Que tarrive-t-il, tu bandes en dansant. Ça texcite à ce point de savoir que Léo va me baiser ?
Elle ramène tout à elle, à ce quelle souhaite, à la jouissance avec et par Léo.
- Peut-être. Mais je te signale que tu sors brûlante de ses bras pour te coller à moi. Rappelle-toi : je suis ton mari et ton corps ma toujours troublé.
- Que tu es chou, mon amour. Je crois quon devrait rentrer. Léo part avec Léa, suivons-les. Voici lheure de vérité.
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