Ma Robe Vichy
J'aimais beaucoup cette robe. Le coton était fin mais le motif imprimé compensait la transparence en troublant un peu le regard.
Mes seins, mes petits seins de gamine, étaient comprimés par l'absence de pince sous un plastron droit. On devinait à peine les aréoles, mes petites aréoles rose pâle, camouflées par le rose Vichy. Et mes tétons qui presque toujours sont en repos ne se laissaient non plus apercevoir.
J'étais nue de poitrail et tout le monde le voyait mais néanmoins prude et personne n'avait donc rien à redire.
Pas comme ces filles, ces bimbettes, qui arborent des sous-tifs pigeonnants push-up véritables indécences qui disent leurs pensées lubriques à se faire mater des garçons et surtout des hommes.
Ma taille est fine et la robe la suivait parfaitement, serrée de quatre boutons minuscules dans le dos. C'étaient d'ailleurs les seuls boutons qui refermaient cette robe sur moi. J'étais incapable, seule, de les fermer et j'avais dû, ce soir encore, prier ma cousine de jouer les costumières tandis que je rentrais le ventre pour donner un peu de marge à la manuvre.
La corolle virevolante était gonflée d'un jupon de double dentelle qui me servait de dessous, chaste jeune-fille que je suis. Le blanc faisait fond au tissu Vichy rose, éclatant la couleur pastel en contraste du haut collé à ma peau nue qui paraissait presque fade. Hors l'imagination des regardeurs obnubilés par la conscience de ma nudité offerte.
Le jupon m'emmenait aux nues. Mon abricot, longuement épilé, oint, parfumé, toute l'après-midi durant, s'épanouissait dans la dentelle et s'ouvrait en douce moiteur sous le regard des hommes posé sur mes fesses. Tous.
Réellement, cette robe Vichy était à mon goût et à celle des autres aussi.
Le col était haut et serré comme ceux des Quackers, pour bien dire le rigide de ma moralité et la totale retenue de mon éducation. Les manches étaient longues pour cacher le moindre bout de peau claire qui eût pu être accroche-cur, ruban, fleur, à quelque mâle concupiscent de l'assistance.
La soirée commençait à peine que déjà j'entendais les bites des mecs vibrer en chanterelle. On aurait dit un concert de fin de journée des oiseaux dans les arbres au coucher du soleil.
Mes quinze ans en étaient tout émoustillés et je pensais combien en marquerai-je ce soir à mon tableau de chasse ? À la craie.
Mes pensées s'encougounaient doucement sur des idées de tendresse partagée et de mes cuisses qui seraient bientôt dégoulinantes jusqu'aux genoux des offrandes longuement puissamment profondemment généreuses des garçons.
*
* *
Les musiciens se préparaient sur la scène. Ils accordaient leurs instruments, réglaient les supports des microphones, agençaient leur tabouret, leur lutrin et se parlaient entre eux échangeant des partitions ou ajustant leur iPad sur le support ad hoc.
Lamphithéatre qui descend vers la mer se remplissait lentement dune marée humaine montant les gradins. Le soleil avait disparu sur la droite mais nimbait la Méditerranée de rouge flamboyant comme un décor dopéra. Quelques voiliers passaient à nos pieds tandis que plus loin de gros porte-containers mouchetaient la mer. Au loin, un énorme pétrolier faisait silhouette sur lhorizon africaine.
Moi, jai laissé mon gros pull en bas pour marquer ma place dans les premiers rangs entre mon frère et mes cousines et je suis montée tout en haut aux buvettes et diverses baraques à frites pour faire ma belle au milieu des gars qui navaient pas pris le temps de souper avant le spectacle.
Les odeurs de grillades et les fumées formaient comme un brouillard dans le calme du soir. Les conversations et interpellations avec laccent sétois confirmaient lambiance de fête et le plaisir de tous ces gens en attente de San Severino en concert.
Le bas de ma robe était gonflé du jupon et jaccentuait leffet par de multiples rotations sur moi-même aux prétextes de regarder la scène ou la mer, répondre à la sollicitation dun voisin, attr un verre de Picpoul que lon moffrait, laisser passer une mama gitane les bras encombrés de portions taboulé/merguez
Le haut de ma robe montrait à tous que puberté était passée et que je nétais plus la gamine de lété dernier mais bien déjà une femme aux tétons saillants, même si mes petits seins restaient encore en attente de plus ample développement.
Le coton vichy écrasait ma juvénile poitrine, létalant dun côté à lautre de mon buste, comme laurait fait une brassière. Mais de brassière point je portais et chacun pouvait voir, points et déliés, les courbes pleines qui pommelaient le tissu dont les motifs carrelés traçaient les volumes en surface métrée.
Les deux singularités de mes tétons fixaient le regard des hommes encore plus que celui des femmes.
Faut dire, quenthousiasmée par lambiance du concert et de tous ces regards concupiscents, jamais je ne débandais.
Tous on savait quil y avait, tout en haut du théatre, bien au delà des derniers rangs, une sorte de balcon doù lon ne pouvait voir la scène que toute minuscule mais néanmoins entendre parfaitement les grosses enceintes. Cétait comme un parterre et lon sy tenait seulement debout car il ny avait pas de sièges non plus que de gradins. Les Sétois appellent cette galerie du Théatre de la Mer, le Paradis.
Moi je ne savais pas pourquoi on lappelait ainsi.
Cest ce soir de juillet que jai compris.
Quand le premier garçon my a menée, me tenant par la main après mavoir offert deux bonbons harribo, je croyais juste quil voulait membrasser. Et je pensais, accepterai-je quil y mette la langue ? Et sil le fait répondrai-je de même ?
On sest appuyés, en regardant la mer, tous les deux au muret qui faisait balcon mais il ne ma pas embrassée.
Juste il est passé derrière moi et, sans crier gare, a relevé mes jupons et enfilé son outil entre mes cuisses.
Moi jétais plutôt contente quil soit vif et vaillant mais quand même jétais déçue de navoir pas eu droit à un petit baiser en préliminaire, en préambule.
En réalité laffaire ne sest pas bien passée car, à peine sa bite a été en la chaleur de mes fesses, il sest éclaté, me badigeonant la rondelle de son foutre chaud et fluide.
Jai eu droit, après, à un baiser, mais cest moi qui lai donné, en consolation.
Je lui ai, on se voit après le concert ? Tu auras rechargé et sera peut être alors moins expéditif.
Le second avait observé le manège et ma prise par la taille à peine revenue aux buvettes. On est remontés, enlacés, au balcon. Il avait en main un nem et un verre de sangria blanche. La sangria blanche, cest juste de la sangria normale mais faite au vin blanc, au muscat sec. Le nem, lui, navait rien de vietnamien ou de par là-bas. Cétait un nem farci de poulpes à la plancha genre tielle arrosé de harissa. On a bouffé et bu ses trucs histoire davoir les mains libres.
Ses baisers sentaient fort les nouritures méditerranéennes et sa langue brulait des piments de sauces daccompagnement. Et je men régalais. Je pensais, si sa bite est du même acabit, je ne pourrai plus massoir de toute la soirée.
Et ma longuement pourléchée, tête enfouie sous mes jupons, brûlant mon petit clito de sa langue chargée en épices.
Jétais assise face à lui sur le petit muret, dos à la scène.
Tandis quil était à loeuvre, San Severino est arrivé en grand tintamare de musique. Jai relevé mon prétendant, interrompant ses oeuvres lors quil était tout prêt de conclure. Le concert me paraissait plus important quune petite satisfaction. Surtout San Severino, un mec, un vrai , non ?
Un bisou aux saveurs exotiques en au-revoir et jai couru de marche en marche, bondissante gazelle, jusquà mon banc avec ma fratrie.
Mon cousin ma dit, à lentracte, cest moi qui monte, je prends mon tour sur ton carnet de bal.
Mon cousin est grand et costaud, jai dit, entendu.
Il y a eu une entracte.
Jai dit au cousin à ma droite, monte boire un verre si tu veux mais moi jai tiquet ici-bas, je ne te suis pas.
Jétais assise au troisième rang des gradins et San Severino mavait matée tout durant la première partie, les yeux rivés sur le devant de ma robe vichy, lieu de surveiller ses doigts sur le manche de sa Fender.
à suivre
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