Un Cycliste 1
Il fait vraiment trop chaud en ce début juillet. A continuer à pédaler même en sous bois, je risque une insolation, il serait plus sage de me laisser glisser vers la ville située en contrebas de la colline et daller mallonger pour une bonne sieste
.Étrange, il ny a personne à la maison. Pourtant Liliane mavait prévenu :
- Mon chéri, il ne fait pas un temps à mettre le nez dehors, lair est lourd et étouffant, je vais faire ma sieste. Enfin, si ça te chante, va, moi je reste à lombre ici, jai trop la flemme, je profite de mes congés.
- Je reviens sans pédaler, la pente est douce,et je rêve de mallonger à côté de Liliane. Oui, elle sur le drap, nue certainement à cause de la canicule, les seins perlés de sueur, aplatis sur le torse avec leurs larges aréoles roses surmontées de tétins minuscules, en pointes brunes quaucun nourrisson na tété. Liliane conserve sa taille de jeune fille malgré ses trente cinq ans. Je pense au léger bombé sous le nombril, à son ventre plat protégé de la maternité par un stérilet, plage délectable pour ma tête. Je friserai du bout des doigts sa toison pubienne aussi noire que sa longue chevelure dénouée ondulant sur le coussin. Oui, je me coucherai près delle et je contemplerai son corps magnifique abandonné au sommeil.
De la pointe des pieds jusquen haut des cuisses jadmirerai la finesse de ses jambes aux mollets à peine saillants et jarrêterai mon regard sur sa merveilleuse vulve au dessin si fin quon distingue à peine entre le double coussinet une fente tirée dun trait de crayon délicat. Évidemment je ne toucherai quavec les yeux. Lili déteste faire lamour quand il fait trop chaud, quand la transpiration colle les épidermes . Je regarderai en attendant quun vent léger annonce la fraîcheur du soir. Hélas il ny a personne à la maison, le lit nest pas défait.
- Lili nest pas là ! Bizarre. Elle a osé affronter le cagnard, cest vraiment bizarre.
Des voix féminines me réveillent. Ma femme revient accompagnée et invite une autre personne à monter :
-Viens au salon, jai hâte dessayer. Jadore cette lingerie. Jen achetais dans le temps. Et puis avec le temps Laurent ne la voyait plus. Donc je mets du basic, cest moins cher et souvent plus pratique. Eh ! Bien, tout à coup, jai une envie folle de me gâter un peu. Tu as raison, je romps la monotonie, je suis encore jeune, tu me trouves jolie femme. Après ce temps des choses simples, Laurent appréciera peut-être de me redécouvrir plus coquette. Cest si léger, vaporeux. Le string porte-jarretelles est séduisant.
- Tu vas être splendide, ma chère. Nhésite pas, je tobtiendrai un prix. Vite déshabille-toi.
- Viens au salon, cest la pièce la plus fraîche, jai laissé tourner le climatiseur. Tu crois que Laurent aimera ?
Jai tiré sur moi le deuxième drap car la porte de ma chambre nest pas complètement fermée. Deux ombres passent devant ma porte.
- Mais ma chérie, je comprends ton souci de plaire à ton compagnon, cest une excellente intention. Très bien. Mais pense aussi à toi, au plaisir ressenti par chaque femme de se sentir belle et désirable. Cest un plaisir égoïste mais qui te fait remonter dans ton estime, te donne lénergie de surveiller ta démarche et fait retourner sur toi la plupart des hommes.
- Tu exagères, Charlene.
- Non, pas du tout. Dis, comme ces mannequins de la télé : « Je le vaux bien ». Tout de suite ta respiration sera plus légère, tu redresseras la tête, tu taimeras mieux et tu retrouveras lallure de conquérante de tes vingt ans.
-Jhésite entre les deux coloris. Cest un peu cher. Mais je suis tentée.
- Et alors, achète les deux ! Allez, pour une fois, sois folle. Tiens, pour toi, je renonce à ma commission sur cette vente.
-Et le seul. Je ne montre pas ma culotte aux autres. Enfin Charlene, à quoi penses-tu ?
Elles papotent. Jai reconnu la voix de la visiteuse. Cest Charlene, une vieille copine de Lili. Cest sa deuxième apparition ici en huit jours. Doù sort cette revenante. Depuis plus de dix ans elle avait disparu et soudain elle se montre deux fois de suite, semble en parfaite harmonie avec ma compagne, lui donne des conseils de beauté et veut lui vendre des dessous affriolants.
- Quattends-tu pour te déshabiller. Lili, quattends-tu ? Un repas dans un bon restaurant, ça ne te tente pas ?
- Un repas avec Laurent ?
- Ne pousse pas. As-tu besoin de lui absolument pour te sentir bien dans ta peau ? Non je te parle dune sortie entre filles. Avance doucement, retrouve de lassurance, évolue avec aisance. Par la suite ton Laurent ébloui se jettera à tes pieds en assistant à ta métamorphose. Plais-toi et tu plairas. Pour ce soir, dis-lui, par exemple, que nous allons au cinéma en copines.
- Il va trouver étrange que nous sortions ensemble. Ça fait si longtemps que nous étions fâchées par ta faute.
Je suis heureux de constater :
- Ah ! Lili na pas tout à fait perdu la mémoire. Pourtant le jour où Charlene sétait jetée sur mes lèvres pour membrasser, Lili lui avait interdit notre porte. Ma version lavait emporté sur celle de lexcitée qui criait à la tentative de viol. Comment est-elle rentrée en grâce ? Un fait est certain, elle discute chiffon et sortie avec Lili. Son seul but à lépoque était de me voler à son amie et elle avait fait une mise en scène compromettante pour moi. Or après autant dannées elle revient trouver Liliane.
La porte de ma chambre souvre, Lili se dirige vers sa psyché, fait face au miroir, loriente, balance ses hanches, passe ses mains sous les bonnets du soutien-gorge, baisse les épaules, dresse son cou, sadmire, tourne lentement sur elle-même sans quitter le miroir du regard, se tord le cou pour distinguer la mince ficelle du string qui sépare ses fesses, fait « hum, cest bon ! »
Je fais « hum, cest beau ». Lili est surprise, tourne son regard vers moi et sétonne :
- Laurent, tu es là ? Je te croyais sur ton vélo. Quest-ce que tu dis ?
- Que cette parure te sied à merveille. Je voulais te rejoindre à la sieste. Ton retour ma réveillé. Tu as de la visite, jai entendu une voix de femme. Qui est-ce ? Une représentante en lingerie féminine ?
- Oui, euh, Charlene veut me vendre de la lingerie. Cette pièce me tente.
- Bien, ma chérie, je te la paie, mais je ne veux pas voir cette
Tu me comprends. Expédie-la au plus vite.
- Est-ce que je pourrais aller au cinéma ce soir ?
- Cest nouveau, tu as besoin de ma permission pour aller au cinéma ? Depuis le temps que nous ny sommes plus allés, ça tombe bien, jai envie de ty accompagner. Dès que la vendeuse de froufrous aura disparu, je me lèverai et nous chercherons un bon film à regarder ensemble.
- Mon chéri, je vais te décevoir. Je suis désolée, Charlene et moi projetions une sortie à deux, entre filles, comme dans le temps. Mais toi et moi irons ensemble un autre soir, bien sûr. Tu veux bien, mon adorable époux ? Laisse-moi tembrasser pour ce cadeau. Tu es si gentil.
Un baiser, un compliment voilà de quoi comprendre que japprouve la sortie sans moi. Cest une attitude nouvelle et aussi surprenante que la présence de cette Charlene.
- Je passe te prendre à 19 heures. Sois prête. Je tembrasse, à plus tard.
Liliane vient me trouver et me prie dexcuser la surprise infligée. Elle aurait voulu me prévenir de la transformation de lancienne amie avant de la faire venir chez nous. Car récemment Charlene a reconnu ses torts passés, a demandé pardon. Et aujourdhui elle lui a fait cadeau dune deuxième lingerie. Comment lui refuser une sortie ? Il faut savoir pardonner.
- Je suis si heureuse de tavoir cru autrefois. Ça me fait un bien immense de savoir que tu étais innocent et jaccorde mon pardon en raison de ce bonheur.
- Tu avais donc douté de moi ? Tu ne le laissais pas paraître, mais lidée te rongeait, bouffait notre amour .
- Les apparences te condamnaient, mais mon amour mordonnait de fermer les yeux si tu étais fautif. Désormais je me félicite davoir surmonté le doute. Je taime.
Ainsi pendant une dizaine dannées ma femme a gardé sur le cur un poids, elle a traîné un doute, ma cru capable dagresser physiquement une autre femme. Elle ne le disait pas, mais elle me voyait en monstre possible. Ce doute caché maccable à présent. Limage que mon épouse sest faite de moi a dû rendre notre cohabitation pénible pour elle. Charlene la soulagée dernièrement, bien tard. Une véritable réhabilitation est-elle possible lorsque lon a été dégradé aussi longtemps dans lesprit de quelquun ? Que mijote Charlene avec ce retour en force ? Elle reconnaît mon innocence : aurait-elle un plan B encore plus diabolique. Elle fournit un peu doxygène à Lili pour mieux l ensuite ? Je dois me méfier de cette peste, moi, je ne pardonnerai jamais. Depuis dix ans une faille invisible a chagriné Lili, a nui à la sincérité dans notre couple.
Liliane me prépare un repas pour le soir, multiplie les bisous chaque fois quelle passe à côté de moi. Enfin elle me consulte pour savoir laquelle de ses lingeries neuves ira le mieux à son teint ce soir.
- Aurais-tu lintention de texhiber en string et soutien-gorge au cinéma ? Quimporte la couleur, cest à moi que tu dois plaire.
-Tu as raison, mon amour. Alors je porte celui-ci ou celui-là ? Pour te faire plaisir !
Je tends la main droite comme je pourrais tendre la gauche. Si cest comme ça, je ne vais pas mennuyer seul à la maison.
-Liliane, tu mabandonnes. Je vais aller faire un billard avec les copains.
Son visage séclaire, mon annonce soulage sa conscience : je ne mennuierai pas seul à la maison et je ne serai pas tenté de la rejoindre au cinéma. Elle sourit, ce sourire mintrigue. Derrière cette première escapade en célibataire depuis si longtemps, se cache quelque chose de peu catholique, jen mettrais ma main au feu. Mon instinct me pousse à voir quelles sont les autres copines réunies autour de Lili par Charlene. La mode est aux rencontres des anciennes de tel collège ou de tel lycée. Mais une assemblée organisée par Charlene sent le soufre, surtout lorsquon sy rend avec des sous-vêtements sexy.
Liliane sapprête, se farde, se parfume, minterroge du regard. Je la trouve magnifique, je le lui dis. Elle me remercie. Je mhabille. On sonne : cest la vendeuse de dessous féminins. Leur taxi démarre. Je saute sur ma bicyclette. Je marrête sur la grande place du centre ville, à proximité des salles de cinéma, avant le taxi probablement retardé par des embouteillages. Je cadenasse mon vélo. Voilà les « filles », elles descendent du véhicule accompagnées de deux hommes. « Entre filles » a prétexté Lili pour mexclure. Que font ici ces deux mâles ? Ça commence fort. Lun prend le bras de Charlene avec autorité. Jaurais cru son mari beaucoup plus âgé que ce garçon de trente ans au plus. Le second se place à côté de Liliane, mais se montre moins entreprenant, reste à distance, comme intimidé. Doù sort ce gamin encore plus jeune que lautre ? Sest-il déjà rasé le menton ? Qui est-il, que font ces deux types dans « une sortie entre filles » ? Jai bien fait de mettre en poche mon téléphone portable : la soirée me réserve des surprises. Ma méfiance ma fait quitter la maison, jai été bien inspiré.
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