Un Cycliste 5
- Pourquoi, après avoir pardonné,me suis-je sauvé ? Tu nen as pas une petite idée ? Pourquoi ce soir de la deuxième sortie programmée ai-je choisi de te quitter ? Tu las compris un peu tard. Comment, sachant où Charlene tavait menée, à quels excès elle tavait poussée, comment, bourrelée de remords (permets- moi den douter), as-tu pu décider de recommencer lexpérience huit jours plus tard?
Charlene tavait promis son cavalier pour lorgie nouvelle; il devait te faire connaître les sommets de la jouissance en te défonçant dans les allées du parc. En la suivant cette fois,tu savais pertinemment ce qui arriverait et même, très précisément, qui allait te pénétrer, te mettre, te posséder en long et en large et te faire gueuler de plaisir. Tu es venue me prier de taccorder une seconde soirée de liberté en compagnie de Charlene pour aller voir un film tout récent « entre filles ».
- Tu savais tout, puisque tu avais assisté à la première. Tu aurais dû me refuser cette sortie, tu aurais pu me montrer tes enregistrements et tes preuves. Jaurais écouté, jaurais reconnu ma faute, je naurais pas accompagné Charlene.
- Jen doute aussi. Je ny crois pas . Ton envie de te faire embrocher aurait inventé mille façons déchapper à ma vigilance. Et si ce nétait pas ce soir là, tu aurais cherché et trouvé une autre bonne occasion.
- Tu aurais dû me mettre en garde. Jaurais compris ta peine, je naurais pas supporté ton chagrin, jaurais eu trop peur de te perdre. Maintenant je saisis la raison de notre rupture. Ma seconde sortie a été fatale, as-tu dit ? Si javais refusé la deuxième offre de Charlene, tu serais resté chez nous? Mais avec quel secret sur le cur ? Il fallait me parler.
- Souviens-toi des encouragements de ta copine dans le parc, je la cite : « Tu ne voudrais pas que nous vous tenions la chandelle. Allons, apprends à vivre et à prendre des décisions de femme adulte et libérée.
- Cest ton interprétation. Tu fais exprès dignorer combien je taime.
- Ta démonstration damour dans le parc ne sadressait pas à moi. Comment oses-tu encore me parler damour, à moi ? Je nai pas à te dicter ta conduite, tu fais tes choix et tu assumes ! De mon côté je ne suis pas dapplaudir quand tu tenferres dans les pièges de Charlene. Cest définitivement une affaire classée pour moi. Je pardonnais le premier faux pas. Je ne pardonnerai jamais le deuxième. Tu peux te rouler par terre, tu es libre de recommencer à branler, à sucer, à te farcir toutes les verges de la ville, cela ne me concerne plus. Sois heureuse et fous-moi la paix.
- Oh ! Tête de bois. Sais-tu comment sest déroulé cette « deuxième fois » ? Y as-tu assisté ? Tu changerais dopinion, tu cesserais de maccabler. Nous voilà devant chez nous. Entre, nous serons mieux assis. Ne crains rien, la nymphomane ne te violera pas.
Est-ce que je sais ce que je veux ? Je la suis. Elle se détend :
- Merci doublier ton rendez-vous. Assieds-toi dans ton fauteuil, mets-toi à laise. Ta place tattend. Veux-tu un doigt de ton whisky, je te le sers. Nétions-nous pas bien ici, ensemble ?
- Qui a rompu le pacte ? Qui a tout cassé pour quelques aventures sexuelles hors les murs? Je refuse de passer pour le méchant . Amour, sincérité, fidélité : tu ty es prise en deux fois pour faire éclater ce qui nous unissait, pour être sûre de pouvoir te passer de moi.
- Si seulement tu pouvais comprendre que ta place est ici, près de moi. Je jure de te raconter cette soirée si différente de ce que tu as pu imaginer, sans tricher. Et si tu ne me crois pas, tu pourras vérifier lexactitude de mon récit auprès de Charlene.
- Stop. Charlene nest absolument pas crédible. Un jour elle maccuse de tentative de viol, puis elle reconnaît avoir fabulé, une autre fois elle temmène faire du lèche-vitrines et vous finissez par faire les putes dans un parc en léchant des couilles et pire.
- Pas trop vite. Contrairement à ce que tu supposes, je suis revenue à la maison, le premier soir, dans un certain état deuphorie. Tu simulais le sommeil, mais tu as constaté que jétais assez dégrisée pour prendre une douche. Cest à ce moment que tu as fouillé mon sac et que tu y as prélevé mon string et mon billet de cent euros, nest-ce pas ? Oui le string puait, collait aux doigts et tu savais à quoi il avait servi. Mais était-il convenu que je devais sortir sans argent : ce billet mappartenait, ce nétait pas le salaire de ma faute. Il se trouvait dans mon sac et jamais tu ne tétais permis de fouiller ce petit coin dintimité
sans règle écrite particulière, cétait pourtant une partie implicite de nos accords.
- Tu venais de forniquer comme une bête et tu espérais pouvoir compter sur notre contrat moral pour mempêcher de récolter des preuves matérielles de ta transgression de ce contrat ? Tu vois notre conversation est inutile, nous allons nous jeter à la figure des considérations désagréables, où cela nous conduira-t-il ?
- Oh ! Je te faisais un compliment pour ta discrétion habituelle, pour ton respect du contenu de mon sac à main. Reste assis, trinquons et laisse-moi poursuivre. Le lendemain matin tu es parti au travail sans me réveiller, sans membrasser. Tu nes pas venu déjeuner à midi, tu es rentré le soir, tu nas pas dit un mot pendant le souper et tu tes attardé sur ton ordinateur. Lasse dattendre un signe de tendresse ou damour, je me suis couchée. Tu nes venu au lit que lorsque je métais endormie. Le lendemain tu as agi de la même façon. Cela nétait pas dans nos habitudes. Nous avions convenu dès le départ de ne jamais nous coucher fâchés et sans un baiser.
Navrée jai réfléchi et jai échafaudé des hypothèses.
-Je ne suis pas seul à imaginer. Il y a des points assez proches de la vérité. Tu brûles.
- Jai voulu lappeler au téléphone. Mon mobile était dans mon sac : mais mon string avait disparu, mon billet de cent euros aussi. Qui avait ouvert mon sac à main, qui sétait servi, un des hommes ou Charlene ? Lun pour garder un souvenir de nos ébats, lautre pour une collection de trophées ou la troisième pour me faire une farce et me montrer à quel point javais décollé ? Je pourrais dire « déconné ». Le seul insoupçonnable dans mon entourage, cétait toi. Charlene a ri, ma demandé de me calmer : lessentiel était de te laisser dans lignorance, le reste était du détail : un string et cent euros ne valaient pas un grand déballage. Et elle ma relancé :
- On remet ça prochainement. Tu auras soit Georges que tu connais, soit un petit puceau à déniaiser, comme il te plaira. Toujours daccord ?
A ces mots, jai pris conscience de la sottise commise. Charlene imposait des sorties régulières, compromettantes pour moi, les érigeait en institution. Si je ne mettais pas immédiatement fin à cette histoire notre vie allait sécrouler. Elle avait matière à me faire chanter.
Jai tout à coup flairé une anomalie. Tes soirées au billard duraient souvent très tard dans la nuit, or à mon retour tu étais au lit. Et si tu mavais suivie, si
tu avais vu une partie ou la totalité de cette sortie ? Tu ne parlais pas, tu digérais mal mon mensonge, le cinéma oublié, la marche sous les arbres, peut-être notre arrêt près du banc. Je refusais cette hypothèse. Impossible, tu aurais rué dans les brancards, tu aurais cassé la gueule à Louis, tu aurais vilipendé Charlene, tu maurais fait uns scène horrible, tu maurais menacée de rompre ou pire tu aurais rompu.
Cela sest inscrit dans mon cerveau comme un éclair. Impossible ? Pourquoi impossible ? Un doute terrible a fait trembler mes mains, a brouillé ma vue et dinstinct jai murmuré : « Non, ce nest pas possible » en pensant à ta présence sur les lieux de ladultère. Et jai entendu grincer la voix de Charlene, chargée de menace, répéter :
-« Pas possible ! » Quoi, que dis-tu ? Trop tard ma fille, tu as commencé, tu ne peux pas mabandonner. Tu viendras, tiens-toi prête à date anniversaire et ce sera tous les huit jours comme ça . Que crains-tu ? Sache cueillir les vrais plaisirs de lexistence, sors de ton monde étriqué, il y a des Laurent à la pelle, ramasse, profite et merde à ceux qui ne sont pas contents. La vie est trop courte, en matière de sexe il ne faut pas gaspiller ses plus belles années. Tu ne manuvreras plus jamais aussi jeune que maintenant. Nattends pas les hommes, provoque-les. Se limiter un seul est une négligence coupable. Donc tu seras là ou tu perdras celui auquel tu veux taccrocher, foi de Charlene.
Lili dramatise, se campe en victime. Je métonne :
- Tu veux me faire avaler que tu as cédé à ce chantage infect ? Charlene est jalouse de ton bonheur et utilise des procédés répugnants pour tabaisser à son niveau. Elle a fait le nécessaire pour te compromettre ; mon départ est son triomphe. Toutefois tu nas pas fait le meilleur choix. Je répète, « assume » ! Elle menaçait de te dénoncer à moi. Au lieu de te plier à sa volonté tu aurais pu annuler son emprise sur toi. Car te voyant soumise à ses ordres, plus elle tenfoncera, plus elle renforcera le pouvoir de son chantage.
- Je nai pas vu dautre porte de sortie. Ou je la suivais, ou elle me dénonçait à toi et tu partais. Je voulais te garder et continuer à taimer.
- Tu as douté de mon amour et cela ta mené à ta perte. En fait ton amour est mort, tu ne me fais plus confiance. Si tu tétais confiée à moi, honnêtement, jaurais pu passer léponge par amour. Au lieu de quoi tu tes précipitée dans le nouveau piège de cette fausse amie. Cela te déplaisait vraiment ? Comment le penser .
- Jai été à la , jai accepté de laccompagner. Cela ta déplu. Jaurais dû tinformer de mes efforts pour ne pas rechuter. Ces efforts ont payé mais tu nas pas pu le voir parce que tu ne mas pas suivie. Tu ne faisais plus attention à moi tant tu étais en colère, sinon tu maurais entendu demander à Charlene une minute pour aller remplacer mon tampon hygiénique.
- Quel intérêt à remarquer ce type de détail purement féminin ? Mieux vaut un tampon propre lorsquon sort pour aller se faire fourrer.
- Cela faisait partie de ma stratégie de défense. Jaccompagnais Charlène, mais jannonçais que je ne serais pas disponible et son visage ma montré toute sa déception. Dans le taxi Georges siégeait à côté du chauffeur. A larrière, contre la porte un jeune homme attendait mon arrivée souriant de toutes ses dents, cétait Alain, le puceau à initier. Charlène ma suivie et poussée vers le nouveau pour se faire de la place. Impatient le petit, en réalité une grande asperge quand il est debout, un peu serré a jugé opportun dabattre sa main gauche sur ma cuisse. Lhypocrite a joué au maladroit et à la fin de son mouvement ma jambe droite était dénudée jusquau ras de mon string. Jai demandé au coquin de faire attention, jai chassé son avant-bras et jai un peu traîné avant de rabattre ma jupe. Jai râlé :
- Cest quoi ce petit voyou pressé de me foutre à poil ? Dis petit, as-tu une carte didentité ? Je veux savoir si tu es majeur.
Charlène a pris sa défense pendant quil sortait sa carte.
- Ma chère je ne joue pas avec la loi, Alain fête aujourdhui son dix-huitième anniversaire et tu étais son premier cadeau danniversaire. Or je crois avoir vu une tache de sang : depuis quand es-tu réglée ?
Elle, en femme, avait enregistré mon problème de tampon et voulait vérifier. La tache si bien vue faisait également partie de mon plan dautodéfense. Peu dhommes aiment souiller leur linge ou leur anatomie au contact dun sexe féminin sanguinolent. Qui avalerait le sang menstruel, qui sen barbouillerait les doigts, sen ferait une moustache? Qui y fourrerait son machin ? Ce nest pas beau à voir. La tache artificielle de sang de buf appliquée de mes mains sur le milieu du string le matin ajoutait à sa couleur peu appétissante une odeur de début de fermentation de viande avariée. Javais de plus omis dutiliser un déodorant et seul mon cou était parfumé. Jétais une souillon et Charlene me fit les gros yeux quand je répondis :
- Depuis hier vers dix-sept heures. Tu ne répondais pas au téléphone, sinon nous aurions reporté notre sortie.
Georges voulut savoir de quoi nous discutions. Je me confondis en excuses, brouillai le message, me déclarai désolée dêtre hors jeu ce soir en raison de ma nature de femme fâcheusement exposée à des surprises désagréables chaque 28 jours environ. Ce qui mit Charlene hors delle :
- Quand même, Liliane, ce sont des événements prévisibles. Il ny a que toi pour ne pas savoir quand surviennent tes menstrues. Ne tiens-tu pas un calendrier ? Tu viens de changer de tampon, nas-tu pas regardé ta culotte. Tu aurais dû vérifier son état et changer. Ou bien ton tampon fuit, tu las mal ajusté ? Quelle gourde.
Alain, penché en avant voulait savoir ce quétaient les menstrues. Le chauffeur me recommanda de protéger mon siège, Georges me regardait avec un air de profonde déception. En descendant de voiture je mexcusai et proposai :
- Je crois que je ferais mieux de rentrer chez moi, je ne vous serai daucune utilité aujourdhui. Veuillez excuser ce contretemps indépendant de ma volonté. Mon cher Georges je suis sincèrement désolée de vous faire faux bond et il ne serait pas convenable que jaccepte votre invitation à table en pareilles circonstances.
Charlene était atterrée, le puceau ny comprenait rien. Georges était friqué, mais cétait un parfait gentleman, il avait de la classe : il insista pour me garder à côté de lui. Mes règles passeraient, ce nétait que partie remise et il se réjouissait de pouvoir réparer bientôt. Moins élégante Charlene observa :
-Tu fais mais tu nen as pas sur les mains et dans la bouche, tu ne seras pas inutile. Puis elle se tourna vers Alain, lui caressa la joue et entreprit de lui expliquer en quoi consiste la malédiction féminine qui met les femmes hors circuit pendant quelques jours. Elle regrettait, mais elle était présente et lui fêterait son anniversaire, quitte à faire le bonheur de deux hommes.
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