Un Cycliste 6 Fin
- Charlene te traite de vicieuse, je ne peux pas lui donner tort. Elle pourrait ajouter voyeuse. Ce sont des traits de caractère que je ne te connaissais pas. Pas plus que je ne te savais dissimulatrice : jamais tu ne maurais rapporté tous ces détails : il a fallu ma vigilance et ma détermination pour te pousser aux aveux.
- Reconnais que tu es parti sur un préjugé. Je nai pas fait lamour le deuxième soir. Je nai pas embrassé les garçons. Jai assisté sans participer.
- Cependant tu leur as fait des promesses. Ces promesses tu devras les réaliser un jour.
- Des promesses faites sous la menace dune dénonciation nont plus de valeur lorsque disparaît la menace dont tu mas délivrée en découvrant seul lobjet des menaces. Que pouvais-je faire dautre ? Obéir encore à Charlene, utiliser mes mains et ma bouche pour exciter et soulager Georges et Alain. Jai promis mais elle ne peut plus rien contre moi et je ne dois plus rien à Georges ou à Alain. La question est réglée, tu peux revenir habiter avec moi.
- Cest aller un peu vite en besogne. Certes le récit du deuxième soir est en ta faveur. Mais il donne plus de relief à ta faute du premier. Avec Louis tu tes conduite comme une traînée, tu tes roulée à ses pieds, tu lui as tendu tes orifices pour te faire posséder. Tu nas pas essayé de promettre, alors quil était seul. Les baisers sur la bouche avaient lair si passionnés. Ils représentaient à eux seuls une trahison insupportable. Jaurais dû arrêter mon enquête à cet instant, rentrer et faire mes valises. Vos accouplements bestiaux entre inconnus restent gravés dans ma mémoire : comment pourrais-je te prendre dans mes bras et tembrasser sans dégoût, sans me faire violence. Il mest encore moins imaginable de coucher avec toi et de te prendre avec ces souvenirs dansant devant mes yeux. Tu es une autre Liliane, tu nes plus la Liliane de mes rêves, la femme honnête qui vivait à mes côtés.
- Pour une erreur dun soir ? Même pas une liaison. Je navais jamais vu ce Louis, je ne le rencontrerai probablement plus et surtout lui et moi ne ferons plus jamais lamour.
- Peut-être. Mais tu mas fait voir ta face cachée, ce que tu es capable de faire après un repas arrosé. Bien malin qui peut croire que cela ne se renouvellera plus. Aucun excès ne ta rebutée, à aucun moment notre vie commune na été un frein à la débauche. Tu tes livrée, donnée et tu as pris un plaisir illimité dans les bras de ce jeune amant. Demain un autre te fera avaler une potion magique et ta nature accueillante acceptera ses baisers, ses caresses et leur suite de cabrioles. Le premier choc ma assommé et jai perdu mon énergie, je suis resté groggy, sonné au point dêtre incapable de te plaquer aussitôt.
- Je sais. Je naurais pas dû. Je te demande pardon.
- Tu naurais pas dû, mais cela a été plus fort que toi ? Voilà bien où le bât me blesse. Pour un oui ou pour un non une autre vague temportera dans un autre délire.
- Tu fais semblant dignorer un trait de mon caractère : je sais tenir une résolution. On ma surprise une fois. Je ne passerai plus à la casserole, lexpérience est source de sagesse. Ainsi, plus de sorties entre filles, plus de fréquentation de Charlène, plus de copine qui me ferait sortir sans toi. Je te jure de te faire toujours passer avant les autres, de tarracher ton avis en tout et pour tout. A propos, ne te reproches-tu pas de mavoir encouragée à accompagner Charlene la deuxième fois ? Tu avais pourtant tous les arguments capables de me dissuader. Dun mot tu pouvais me faire voir les conséquences de cette sortie. Il suffisait de dire : « Choisis, cest Charlène ou moi »
- Jaurais eu trop peur de te voir choisir Charlene, après ce que javais vu la première fois.
- Tu me connais donc si mal. Là, ne suis-je pas en train de te choisir. Accepte un compromis. Tu reviens dans notre demeure, tu tinstalles où tu veux.
- Que de promesses ! Quand on sait ce que tu fais de tes promesses !Faites dans la crainte de me voir partir. La crainte dissipée le jour de mon retour, quelle sera la valeur de tes promesses daujourdhui ? Je te propose un autre compromis, vivons séparés pendant trois mois, laissons-nous le temps de la réflexion, mettons nos sentiments à lépreuve. Si nous éprouvons le besoin de nous retrouver, nous ferons le point. Labstinence volontaire éclairera la force de notre amour.
- Reprends au moins ta clé et nattends pas trois mois si tu veux maimer. Ma porte sera toujours ouverte pour toi ! Tiens ta clé.
- Ah ! Mon portable tremble. Excuse-moi, je dois répondre, ce doit être mon rendez-vous.
Oui, allo
Non, je nai pas oublié, veuillez mexcuser
. Une heure de retard ? Le temps passe si vite
. Ah ! Oui, pas pour celle qui attend
Pardon, pouvez-vous maccorder cinq minutes, le temps daccourir
. Oui à lendroit prévu
. Merci dêtre aussi patiente, jarrive.
Liliane fronce les sourcils et sinforme :
- Cétait une voix de femme ? Cest quoi ce rendez-vous ? Déjà, une autre ?
- Purement professionnel. D'ailleurs pourquoi devrais-je me justifier. Je regrette, il faut que jy aille.
- Sans un tout petit bisou ?
- Mais deux même, un sur chaque joue.
Houllalla ! Liliane fait une tête ! Deux bisous de copain, je joue au dur.
Elle est jalouse et me surveille. Jai plus de raisons quelle de la surveiller. Lorsqu'elle sort, lorsqu'elle revient, lorsqu'elle se promène ou fait des courses, je suis là quand cest possible. Jai vu Charlene maintenue devant la porte, renvoyée comme une malpropre. Jai vu un grand gaillard imberbe subir le même sort. Jai vu un homme assez grand et bien fait de sa personne attendre longuement dans son costume de bourgeois aisé devant une porte close. Il na pas le téléphone de Liliane pour prendre rendez-vous ? Elle sort peu, ne sattarde pas à lextérieur. Elle a fait le vide autour delle, traîne un air triste. Je serai coupable si elle déprime !
Aujourd'hui je ne la suivrai pas. Muni de ma clé, jinspecterai la maison. Des traces dune liaison nouvelle et discrète pendant mes heures de travail soulageraient ma conscience et mettraient fin au supplice de lattente.Sur la table du salon rien. Derrière une porte du living je déniche trois enveloppes. Je sais, ce nest pas bien de fouiller, mais je ne veux plus perdre mon temps à guetter pour enfin découvrir quelle se moque de moi. Comment renouer avec une femme qui aurait des aventures pendant la période de probation ? Cet moche, mais je veux savoir, cest indispensable pour éviter de commettre de nouvelles erreurs.
Je serais déçu, très déçu. Car au fond de mon cur la petite flamme brille toujours. Il faut que je chasse ces images du parc, de Louis en train de la pilonner par derrière, de Louis lembrassant pendant lacte. Cest du passé. Un passé obsédant hélas.
Ah ! Une lettre dAlain. Il dénonce ses manques à la parole donnée. Elle lui doit une nuit, il la veut, il laura. Il attendra et si elle le désespère il se a. Dix-huit ans, lâge du romantisme. Cest pathétique, stressant. Au crayon Liliane a gribouillé : « Ça lui passera». Les deux autres lettres sont signées « Georges ». Le fond est le même, la forme plus élégante. Il lui rappelle sa dette, il lui laisse le temps de faire son deuil et lui propose le mariage. Liliane a noté : « Est marié, père. Non, je ne laime pas ». Pourquoi a-t-elle jugé nécessaire décrire « Je ne laime pas » Voulait-elle combattre un doute, sen persuader ?
Jentends un bruit de clé. Je referme le living et me dirige vers la chambre libre. Liliane nest pas seule, une voix dhomme lui répond. La discussion est posée.
- Entre donc, puisque tu me promets dêtre sage et raisonnable. Jai reçu ton courrier et je mapprêtais à te donner une réponse.
Je me cache dans « ma » chambre, porte très légèrement entrebâillée. Je peux suivre la conversation.
- Une réponse favorable ? Jai appris par cette chère Charlene que ton mari tavait quittée . Ce serait en partie par ma faute. Je suis décidé à réparer. Tu es belle, intelligente, tout à fait mon idéal de femme.
- Et quen dit ton épouse ? Abandonnerais-tu ton fils ? Excuse ma franchise, tu nes pas un mari fidèle, tu nes pas mon homme idéal. Mon mari ma quittée, ce nest pas définitif. Il me reviendra, jen suis sure. Ton insistance pourrait consti un obstacle à son retour et je ten voudrais à mort. Brisons là
-Donc tu refuses de mépouser. Jadmire ta confiance en lui, je ne veux pas encourir ta colère. Mais, sil revient, rien nempêcherait que nous nous retrouvions parfois pour une heure en amoureux. Jai une garçonnière cossue, dans une rue peu fréquentée. On saimerait sans rien voler à ton homme aux heures où il ne peut pas thonorer. Ça ne te plairait pas de mettre un peu de fantaisie dans ta vie. Viens à côté de moi. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu me détestes.
- Va, je nai pas de raison particulière de te détester. Tu tes conduit en gentleman, jai apprécié.
- Le gentleman mérite bien un peu de bonheur, un baiser et plus si possible.
Aïe ! Le serpent va fasciner loiseau. Yeux dans les yeux Georges paralysera Lili, fera chuter ses bonnes résolutions. Elle se laissera embrasser et se rendra. Il lallongera sur canapé et dévorera la caille truffée au sperme. Je devrais hurler, me précipiter. Mais elle la fait entrer, elle aimerait ces petits cinq à sept en garçonnière? Je risque juste dêtre ridicule, je lui ai laissé le temps de réfléchir, de planifier sa vie. Je me suis juré de lui laisser vivre sa vie. Elle peut avoir changé davis. Enfin voilà loccasion de connaître ses intentions. Si Georges la culbute et lembrasse je pourrai traverser la pièce dignement, abandonner la clé et partir pour de bon.
Je ne veux pas minfliger une deuxième fois le spectacle de ma femme succombant aux charmes dun autre. Jai entendu Lili déclarer que le baiser conduisait à lacte, quelle ne saurait résister à qui lembrasserait sur la bouche. Je ne vérifierai pas si le baiser mène inexorablement à la baise. Mon imagination galope. En quelques fractions de seconde, je lai vue prise, défoncée. Je la vois sur le dos cuisses ouvertes, vulve béante trembler dimpatience dans lattente du mâle, je limagine prise en levrette et hurlant au moment de lorgasme nécessairement fabuleux et je nen crois pas mes oreilles quand elle répond:
- Va, je ne te hais point, mais je ne suis pas amoureuse de toi. Quittons-nous en bons termes. Je serai uniquement la femme de mon mari. Il est inutile de mattirer dans un de tes pièges, je ne couche pas.
Je prends du galon, plusieurs fois elle me désigne comme son mari. Avant elle revendiquait haut et fort les mots " compagne et compagnon". Me proposera-t-elle le mariage ? Mais a-t-on vu un séducteur se reconnaître battu ? Lélégant devient goujat :
- Charlene ma pourtant garanti le contraire. Louis lui a raconté par le détail vos ébats dans le parc. Tu as ébloui le gamin. Alors tu feras un petit effort pour moi. Pourquoi pas maintenant et ici. Tu mas assez mené en bateau. Approche. Tu sais encaisser mais tu oublies de rendre la monnaie.
De quoi parles-tu ? La première fois javais de quoi payer mon repas. Tu as voulu payer, cela ne mengageait pas à coucher, je pense. La deuxième fois, considérant que mes règles ne me permettaient pas de satisfaire vos appétits, jai voulu vous quitter avant le repas. Tu as encore insisté pour minviter au repas. Loffre navait-elle pour but que de mobliger à une relation amoureuse ?
- Oh ! Mais tu oublies les 300 euros que jai versés à Charlene pour prix de tes services.
- Charlene ma vendue ? Première nouvelle. Elle a encaissé 300 euros, je lignorais. Cest donc elle qui te doit « des services ». Tu te trompes dadresse
- Mais tu te fous de moi!
- Non, Georges, reste assis. Je ne veux paahaaahaaahaaaahçaaa. Georges arrête, cest un viol. Non ferme ton pantalon. Il nest pas question que je te suce ou que je tastique. Pas ça, pas mon ventre, non. Lâche ma culotte. Mmm je mords si tu forces ma bouche.Au secours !
- Ah ! Tu préfères que je te saute sur ce canapé. Viens, petite pute, je veux ce que jai payé. Écarte les cuisses.
- Non, je ne veux pas
Cette fois je bondis. Zorro est arrivé, je nai pas de lasso mais la rage au cur et je hurle. Mon cri effraie le saligaud. Lentreprise lui semblait facile. Lagresseur lâche prise, fait face et demande
- Qui cest celui-là ? Tu as combien damants dans tes tiroirs, salope.
Il encaisse un crochet du droit qui me broie les doigts et il entend peut-être la voix de Lili :
- Cest mon mari. Laurent, tu es là. Dieu soit loué.
Je pousse le bourgeois à moitié déshabillé vers la porte, je le jette à la rue. Un autre énergumène sannonce :
- Je suis Alain, maintenant cest mon tour ! A moi la salope.
Ce mot a le don de me faire sortir de mes gonds, je me fais mal à la main gauche en lui faisant sauter deux dents et je lui crie pour quil comprenne malgré sa douleur
- Moi, je suis son mari, dégage sale petit con !
Charlene apparaît, ramasse une incisive. Je la tire dans lentrée:
- Charlene, si on allait au commissariat porter plainte pour proxénétisme ?
- Tu es fou.
- Vite, rattrapons Georges à qui tu dois 300 euros ! Quest-ce que cette histoire ?
- Tiens, les voilà. Je pourrais parler à Lili.
Liliane avance et lui montre la porte. Charlene saisit le message déguerpit et rejoint Georges qui se reboutonne plus loin sur le trottoir. Ils séloignent ... Je frotte mes mains, mes doigts endoloris. Je viens de me découvrir bagarreur, capable de frapper. Je saute sur mon vélo et je les ratt. Georges me regarde effaré, lève les bras pour protéger sa figure En deux mots, il apprend que sa maîtresse couvait ses euros. Je les laisse à leurs explications houleuses. Nous voilà débarrassés de la clique.
Liliane me saute au cou, colle ses lèvres aux miennes. Marre de labstinence, je me laisse câliner. Et quand ma Lili commence comme ça, je vous laisse imaginer comment ça se termine : le baiser conduit à la baise. Eh! Oui , nous faisons l'amour. Tant pis si nous transpirons ou si les draps collent. Rideau!
FIN
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