Julie7

Photos de plage.

La première photo me montre en petite fille, je suis en maillot de bain et je porte dans une main un seau et dans l’autre un haveneau. La deuxième, je suis toujours en maillot, mais je ne suis pas au premier plan, je suis sur le bord droit assise au milieu d’un groupe de fille avec au milieu, en chef de bande ma cousine Caro. Entre les deux photos prises au même endroit environ 10 ans d’écart…

Sortir avec des garçons est devenu quelque chose de commun pour moi. Ça permet de combler le vide de mon adolescence. Je n’y attache pas trop d’importance. Le monde des garçons et des filles sont hermétiques. A part un ou deux couples formés, le fait de « sortir avec » est avant tout un acte social qui me permet une meilleure intégration avec mon groupe de filles. C’est surtout au niveau des téléphones et des SMS que se situe les rapports. Surtout ne rien dévoiler sur internet malgré l’insistance, il y aura ment dans la journée un groupe de spectateurs et de spectatrices affamés et malveillants.
Maman s’est rendue compte du changement et elle m’a pris un rendez-vous chez le toubib et maintenant, je suis sous contraceptif. D’abord ça été un sentiment étrange de penser qu’à mon âge on puisse associer relation amoureuse et reproduction. Et aussi, ça été le signe que bientôt j’allais y passer.

Ceci nous ramène à la photo de plage…
L’été on se retrouvait dans une station balnéaire, toujours la même, toujours les mêmes copains et copines qu’on voyait grandir d’une année sur l’autre. Cet été là, j’avais quitté le groupe des petites pour taper l’incruste dans le groupe des grandes.
La cousine Caro été plus âgée, plus dégourdie, plus bavarde. Elle régnait sur le groupe avec autorité. En plus elle osait enlever le haut de son maillot et montrait une poitrine sans trace de maillot. Ses seins avaient des aréoles larges dont les petits bouts ne pointaient pas mais formaient une cône que je trouvais harmonieux.

Quand elle embrassait un garçon ou fille parfois le bout de ses seins effleuraient la poitrine de son partenaire pour un instant furtif. Je trouvais cela excitant. Une fois alors que nous chahutions, j’ai senti la pointe de son sein chaud dan mon dos ce qui m’a profondément troublée.

J’apprenais la complexité des rapports entre sexe, quand les sentiments se mèlent au désir. Caro avait un copain, un régulier avec qui elle sortait, avec qui elle se donnait. Elle ne cachait aucun détail de leur intimité.
- Juste avant de venir, on l’a fait quatre fois dans la nuit. Et chaque fois c’était plus fort. Je n’en pouvais plus de crier.
- Il n’aime pas que je me rase la chatte, il trouve que ça a plus de goût comme cela.

Tous ces mots je me les repassais le soir, et alimentaient mes fantasmes de pucelle. Le fait d’avoir un copain ne l’empêchait pas d’allumer d’autres gars et même de sortir avec certains soirs sans se cacher. Elle se faisait caresser par son copain à la plage quand il venait le week-end et quelque fois par d’autres mecs en semaines. Tout juste si il ne baisaient pas sous nos yeux. Comment pouvait-on jouer sur plusieurs claviers en même temps?
Mais il n’y avait pas que la plage, le soir je faisais le mur. Il y avait de l’alcool, de la fumette et de la musique. Finalement le sexe n’arrivait qu’en dernière position bien que ce fut le premier sujet conversation, on passait rarement à l’action.
Pas pour tout le monde, il y avait aussi Véra, une fille qu’on ne voyait qu’aux soirées. La journée, elle la passait avec ses grands parents assise sous le parasol un bouquin à la main, ou en promenade avec les deux vieux. Jamais en maillot, toujours à l’ombre. C’était une fille brune et pâle toujours vêtue de trucs sombres. Pas causante, pas sympa, elle attirait l’hostilité des autres nanas. Mais elle nous snobait; les invitations et les plans, c’est les mec qui les lui refilaient.
- Putain elle est encore là, l’autre salope !
- C’est un vrai garage à bites cette meuf…
- C’est pas une fille, c’est un trou à bourrer.

Voilà le genres d’amabilités qu’on entendait sur elle. Pourtant, elle ne faisait pas de provoc. Elle était vachement discrète, buvait sa bière sur la terrasse, fumait clope sur clope discutait avec quelques types, dansait seule quand les musiques lui plaisaient : principalement sur du post punk hypnotique. This is not a love song, Too drunk to fuck : tout un progamme.
J’ai fini par repérer le truc. A un moment, discrètement elle prenait la main d’un mec et elle disparaissait avec. Je l’ai suivie à distance plusieurs fois. Dans un coin sombre du jardin. Le mec lui avait roulé une pelle, elle s’était laissée faire sans conviction, écrasait sa clope sur un tronc d’arbre. Elle glissait la main dans le short ou pantalon. Elle devait le branler un peu, je ne voyais pas bien. Dans l’ombre j’avais la trouille de me faire repérer prise en sandwich entre les bruits de la fête et ce couple de circonstance. La fille s’est allongée dans l’herbe, elle a écarté les jambes. Et le mec, cul à l’air, l’a recouverte. Elle n’avait pas de culotte? Où bien écartait-elle les bords pour donner accès à son antre ? Ce détail a alimenté mes délires pendant bien des soirées… C’est la première fois que je voyais des gens baiser en vrai et ça n’avait rien à voir avec ce que me faisaient les films de boules. Être voyeuse m’excitait certes, mais moins que quand j’écoutais ma sœur à travers la cloison et que je pouvais mimer sur mon corps ce j’imaginais se passer. Là j’engrangeais des détails paralysée par la peur d’être surprise ou de déranger un moment d’intimité. J’aurais voulu devenir invisible.

Le type s’activait en silence, le visage de Véra refusait la bouche qui cherchait à l’embrasser mais ses ongles s’enfonçaient avec rage dans le tee shirt de son baiseur. Les mouvements d’abord doux et harmonieux sont de venus amples et saccadés, puis le type s’est figé avant de dégager son corps sur le côté. C’était fini. Véra a enfilé ses chaussures. Le tout avait duré 15 minutes pas plus.
15 minutes entre leur départ de la fête et leur retour. Un petit quart d’heure pour se taper un parfait inconnu et sans effusion ,sans caresses ou presque se séparer comme si de rien était. Et moi, je regardais Véra fascinée par son savoir faire et son naturel et la facilité avec laquelle elle levait les mecs. Dans la soirée, toujours avec le même rituel elle s’en est tapée un deuxième avant de disparaître seule dans la nuit sans dire au revoir à personne.
Mon truc, c’était maintenant de suivre du coin de l’oeil cette fille dont j’ai commencé à imiter les attitudes. J’ai suivi Véra dans les chambres à l’étage, l’oreille collée à la porte des salles de bain, sur les plages baignées par la lune. Plusieurs fois, son regard m’a transpercé alors qu’elle revenait de sa baise express. Une fois alors qu’un mec prenait du plaisir en elle, son visage s’est tourné vers moi, elle me regardait, ou du moins le croyais-je. Elle semblait indifférente à ce qui ce passait au dessus d’elle. Son regard était fixe. Elle a tendu sa main vers moi et ses doigts m’ont fait distinctement signe d’approcher, je suis sortie de ma cachette et j’ai fait quelques pas pour être bien visible, puis je me suis enfuie en courant, paniquée.
-ça te plait de mater?
Je restais interdite. Véra était à côté de moi et me parlait. Je ne savais pas pas quoi dire.
-Tu veux, une bière?
Je fis ,un oui de la tête.
-J’ai repéré ton petit manège. T’es une mateuse. J’espère que tu ne vas baver tout ça aux autres connasses.
-Je te promets, je garde ça pour moi.
-De toute façon, je m’en fous. Je me comporte comme une pute et même si on le sait, ça me fera moins mal que tout le reste. Tu sais, tous ces connards, je m’en bats les couilles, ils prennent leur pied vite fait, comme des clébards en rut. Moi ça ne fait rien, c’est juste un de plus sur la liste.

Il n’y avait rien à dire, rien à répondre, juste admettre, l’état de fait.
-Maintenant, quand je me fais prendre je cherche à savoir où tu te caches, ça me plait de te savoir dans un coin.
T’es un vrai chat de gouttière comme fille. Je t’aime bien même si tu es vachement coincée

Un soir, lors d’une soirée, vers la fin des vacances. Elle discutait avec un type un mince d’une vingtaine, genre étudiant en sociologie. Elle m’a appelée.
- Viens par ici Julie. Je te présente François, un vieux copain.
On a discuté un peu, Il était plutôt sympa mais sans plus. Je ne disais pas grand-chose, je me sentais un peu gourde. A un moment Véra, a pris ma main et l’a posée dans celle du mec. Je savais ce que j’avais à faire.
Quand Véra est allée danser, j’ai entraîné le garçon dans le jardin, Il m’a embrassée. Je l’ai conduit dans le coin sombre où j’avais vu baiser Véra . Et c’est là que je me suis faite prendre pour la première fois. Je n’ai pas senti grand-chose au moment de la déchirure, ni après d’ailleurs. Je me souviens du ciel étoilé, la fraîcheur de la nuit, de l’haleine de bière, de mouvements en moi que je comprenais pas, désordonnés et brutaux. Je me laissais faire. J’avais quitté mon corps. En tournant la tête, j’ai aperçu le rougeoiement d’une cigarette. Celle de Véra qui avait assisté à la scène. Ce que je peux ajouter, c’est que j’avais gardé ma culotte. Je n’ai pas voulu rentrer à la fête avec lui. Je suis restée quelques instants allongée dans l’herbe, la tête vide. Quand je me suis levée, Véra était toujours là.
- Tu vois, c’est pas si terrible.
Sa bouche s’est collée à la mienne et elle m’a embrassée tendrement et goulûment. Je me suis entièrement donnée à elle dans ce baiser qui m’a submergée d’émotion. Ce baiser résonne encore en moi comme un passage de témoin
En rentrant, j’ai jeté ma culotte souillée de sang et de sperme dans la première poubelle venue.
Je n’étais plus vierge, c’était déjà ça.

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