L'Amour Dans Les Fourrés 3
Aujourdhui, à mon retour de latelier, Anne range rapidement son ouvrage, membrasse tendrement et se précipite en cuisine pour me préparer un café. Intrigué par sa hâte de changer doccupation, je soulève le couvercle de son panier et examine la pièce du dessus. Celle que je ne devrais pas voir? Cest une charmante culotte de dame en soie rose. Je me pique à une aiguille : ma petite femme était en train de broder son court prénom dans un cur à lavant de lobjet. Étrange, cest une première. A-t-elle peur de perdre le précieux étui, veut-elle me rappeler son prénom ou veut-elle en faire cadeau à un collectionneur ?
Oui, je suis obsédé par le soupçon, chaque détail réveille ma méfiance. Dans mon atelier, en plein travail, mes yeux sembuent à lidée de ce qui aurait pu se produire entre Sylvain et Anne. Je ne suis plus sûr quil ny avait pas entente, entente muette néanmoins influente. Anne comptait se laisser surprendre ou Sylvain sentait que loccasion serait favorable, que la femme permettrait et souhaitait un peu daudace de sa part. Sauter le fossé , la main tenue dans celle de laccompagnateur, elle lavait regardé et lui avait lu dans ce regard le secret désir ? Faire pipi, cétait baisser culotte, découvrir ses parties intimes, saccroupir, prendre une position de faiblesse, à moitié provoquer la réaction de domination du mâle.
En brodant son nom sur la soie, Anne souhaite-t-elle que le séducteur puisse reconnaître au premier coup dil cette offrande, lassimiler à la donatrice et quil distingue infailliblement son offrande, parmi toutes ses prises anonymes, sans marque didentification parce que emportées souvent par surprise dans les bois. Le prénom brodé sur cette pièce unique, serait le symbole de sa reddition avant la réalisation ou le témoignage de sa gratitude après le premier rapport sexuel ? Ce serait comme une volonté dexister dans la durée, de faire durer ladultère, den faire une longue histoire damour, une liaison sans fin
Le bonheur dans le changement: est-ce le rêve secret dAnne? Passer de moi à Sylvain et broder pour passer du rêve à la réalité.
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De sa conduite les jours suivants, je conclus que la broderie nest pas destinée à attirer mon attention : elle disparaît. Ce qui nest pas destiné au mari doit aller à lamant potentiel. Ma jalousie maladive me , Trop dégoûté, je ne cherche pas dans les tiroirs ou les armoires. Mieux vaut croire que lobjet occupe sa place parmi ses semblables., les autres culottes et strings. Dailleurs que ferais-je de cette petite culotte de soie ?. Je me vois mal la porter sur la tête pour montrer à tout le monde que ma femme maime; ce serait tellement ridicule. Je ne vois pas mieux Anne se présenter en culotte rose à son nom, en guise de badge, dans une assemblée.
Anne attire mon attention, me tire de mes pensées moroses :
- Je suis très fatiguée, mon amour et je me suis fait une entorse à la cheville. Je ne pourrai pas participer à la prochaine randonnée. Jen suis malheureuse, je me sens si bien quand nous marchons côte à côte. Hélas, demain tu iras sans moi. Je ne voudrais pas te priver de cette sortie.
- Ne tinquiète pas. Rester près de toi, à la maison comme en randonnée, ne sera jamais une privation. Je nai pas lintention de te laisser seule à la maison si tu nes pas en forme. Montre-moi ton pied. Effectivement ta cheville est enflée. Prends un bain de pied. Je vais appliquer de larnica et bander pied et cheville. Et demain je te conduirai chez notre généraliste pour voir ce quil faut faire.
- Mais non, cest un petit bobo, je ne vais pas forcer et les choses se remettront delles-mêmes en quelques jours.
Cette entorse ne semble guère sérieuse. Ne serait-ce pas une façon dagir plus facilement au lit ou sur un autre meuble. Je refuse une nouvelle fois dabandonner Anne. Sa réaction me conforte dans mes soupçons inavouables:
Non, va à cette randonnée. Mais, attention, pas de
tu comprends. Laisse Geneviève et compagnie de côté. Si tu fais un écart, il y aura une bonne copine pour me le dire; et alors attends-toi au pire.
Le pire ? Qui est derrière cette menace ? Sylvain évidemment , pour un mari, il ny a pas pire que lui ! Comme si javais, moi, lhabitude de jouer au gardien des vierges , des plus ou moins vierges ou des femmes mariées. Je garde pour moi mon indignation et je proteste mollement:
- Mais
- Il ny a pas de mais. Tu y vas, un point cest tout. Embrasse-moi idiot. Je taime.
Le pire ! Je dois mattendre « au pire » si nimporte quel idiot ou idiote vient raconter nimporte quoi à ma femme. Le pire
cest les cornes déjà entrevues. A lévidence Sylvain na pas quitté l esprit dAnne. Je nai pas besoin dun dessin pour me le représenter. En vérité, les deux chevilles dAnne ont le même diamètre. Lentorse nest pas à la cheville mais au cur. Aucun bandage ne la guérira. Anne soupire bien fort pendant que je déroule le bandage. Ce soir, en raison de sa grande fatigue, je devrai me contenter de baisers sur la bouche, de caresses prudentes. Quel signe faut-il de plus pour gonfler les doutes ? Il faut éviter une excitation qui pourrait aggraver sa blessure. Elle ose :
- Sage, mon amour. Une pause dans nos habituelles démonstrations damour sera bénéfique et te permettra de recharger les batteries pour le plus grand bonheur de notre couple.
Alors là ! Cest gonflé de la part dune équilibriste de lamour. Elle se moque de moi, me prend pour un imbécile. Elle me met à la diète : elle se repose, elle ménage ses orifices pour mieux accueillir le chevalier blanc. Mon calvaire continue. Je nai pas lintention de laisser faire. Quand elle pose son bracelet dans le tiroir de la table de chevet, je vois léclair rose dun objet de soie. Je me souviens, cest la petite culotte brodée. Elle est privilégiée, à lécart de toutes les autres, comme prête à une cérémonie prochaine de remise au récipiendaire. Demain elle rehaussera laccueil du postier, demain Sylvain en essuiera sur Anne une chatte conquise, trempée de sécrétions mélangées et la subtilisera pour agrandir son musée des conquêtes féminines.
Anne a pris un analgésique, ma innocemment souhaité une bonne nuit et sest endormie. Je suis tourmenté, je maudis ce jour où jai découvert les histoires de cul de ces randonneurs, les tromperies, les hypocrisies et les risques courus par les plus honnêtes épouses. Comment dormir, agité par une foule dimages déchirantes et par la pensée dune trahison préméditée. Le sommeil memporte après une longue insomnie remplie de fantasmes mêlés aux images crues de la réalité vécue. La fatigue lemporte finalement. Vers neuf heures, Anne me secoue courroucée et contrariée:
- Excuse-moi, jai dormi comme une innocente, je me réveille avec retard. Quest-ce que tu fais là ? Je te croyais parti. Ils doivent être loin déjà. Si tu te dépêches tu pourras les rejoindre au deuxième arrêt en prenant un raccourci. Allez, vite, debout.
- Jétais tellement chagriné par ton problème de santé : jai eu du mal à mendormir. Jen ai oublié de mettre la sonnerie du réveil. Tant pis. Ne ten fais pas, réjouis-toi plutôt de me garder près de toi dans lépreuve. Voyons le bon côté des choses.
- Indécrottable optimiste. Tu ne changeras jamais. Cest-ce que jai aimé par-dessus tout chez toi. Mais parfois, cest lourd. Bouge-toi, flemmard.
Le compliment tourne au reproche. Jen comprends vite la raison. À travers les persiennes, « loptimiste indécrottable » aperçoit, sur le trottoir, une silhouette dhomme et un chien tenu en laisse. Lhomme fait un va-et-vient sur une courte distance en face de notre maison. Qui sintéresse à larchitecture si simple de notre bâtisse ? La maison nest pas à vendre. Y a-t-il à lintérieur un objet de grande valeur mis aux enchères, en dehors de ma femme. Pas que je sache. Pourtant, pourtant, ce rôdeur mintrigue. Serait-ce lobjet de ma hantise, le dénommé Sylvain ? Moi en randonnée, la voie est ouverte. Car il me croit en forêt. Je veux vérifier.
- Ma chérie, reste encore allongée, je vais moccuper de ton pied.
Jécarte les battants et je reconnais lindividu : cest Sylvain. Ce nest même pas une surprise, cétait prévisible. Anne ne me pousse pas à rejoindre la troupe en marche uniquement par souci de ma santé. Sylvain sest bien éloigné de la poste , ce nest pas un hasard ! Son chien ne la pas égaré. Est-ce le chien qui insiste pour accomplir ces allées et venues en face de chez nous ? J adresse un signe de la main à ce promeneur déçu de me trouver où il ne mattendait pas. Il fixait les fenêtres closes : Il me voit, répond à mon geste et sen va, penaud. Bizarre, je me dis « Bizarre! ». La laisse tire le chien blanc sur les pas de son maître.
- Chérie, je ne serai pas le seul absent à la marche aujourdhui. Figure-toi que je viens de voir passer Sylvain et son toutou. Je croyais quil habitait loin dici, à la poste.
- Ah ! Bon, et il viendrait promener son chien jusquici ? Tu es sûr de ne pas confondre Sylvain et un voisin ?
Tiens, tiens, Anne saurait quel mal me ronge. Devant tant de mauvaise foi, je mincline. Si ces deux-là ne se sont pas donné rendez-vous, ici, pendant que je marcherais gentiment par monts et par vaux, je donne ma main à couper. Sans preuve, je me montre conciliant
- Cest possible. Depuis votre histoire en forêt, je le vois partout. Ce doit être une hallucination de plus.
- Oh! Mon pauvre chéri. Quelle histoire ! Cesse de ruminer cet incident sans importance. Tu me fais culpabiliser. Mais tu ne vas pas imaginer maintenant , ah! non, que je lui ai donné rendez-vous pendant ton absence? Oh, que je suis malheureuse ! Tu me soupçonnes dinfidélité, tu crois que je cours derrière ce pervers ! Tu supposes que je voulais profiter de la randonnée pour te tromper ?
- Tu as tellement insisté pour menvoyer balader. Et, comme par hasard, il se promène devant notre demeure, fait les cent pas, puis déguerpit à ma vue.
- Tu en as oublié le réveil, exprès. Cela devient infernal. Tout cela parce que jai eu envie de pisser, un jour pendant une randonnée!
- Le même jour, bien plus tôt, jai pissé derrière un buisson. Ce jour là, un couple a fait halte juste derrière le bosquet suivant, le pipi a été plus vite mené que leur accouplement adultère, crois-moi.
- Ah, voilà la source de tes soucis. Tu me compares à quelle cochonne ?
Ne pleure pas, jai pu me tromper, le soleil ma ébloui. Que viendrait-il chercher dans notre quartier, ton adorateur? Il na rien à faire chez nous, il ne porte pas le courrier. Après tout, il est bien libre daller se promener où il veut. Et si le hasard lui fait faire les cent pas devant chez nous, cela ne signifie pas nécessairement que tu lui as fixé un rendez-vous.
Les pleurs redoublent, elle oublie sa cheville douloureuse et part en courant vers la salle de bain.
- Attention, tu vas tomber, la bande sest défaite.
Lavertissement la bloque, elle ramasse lextrémité de la bande et reprend sa claudication appliquée.
- Chéri, viens maider, jai besoin de ton aide. Et puis, dis-moi bonjour.
Elle est nue sous la douche, me tend les bras, juge leffet de sa nudité sur mon sexe, a un sourire enjôleur. Aux baisers fades et prudents du soir succède une ventouse surprise, à réveiller le plus déprimé des maris. Nous attaquons létreinte debout avant daller mouiller le drap de lit. Lanalgésique a supprimé la douleur, il nen est plus question, cest oublié, nous pouvons jouer à papa-maman..
Étendue, appuyée sur les talons, Anne soulève son bassin pour offrir son sexe en attente, pour réclamer le baiser de braise sur sa vulve gonflée de désir. On est bien au lit pour saimer, sans risque dêtre dérangé, sans peur des fourmis ou des araignées. Je prends Anne, je la maintiens sur le dos, mes mains encerclent ses chevilles renversées sur ses épaules et je lui prouve quil a suffi dune nuit pour recharger mes batteries. et réduire la taille de sa cheville.
Quand elle geint, ce nest pas de douleur, croyez-moi. Et pour une fois, sans remords ni regrets, planté au fond du vagin, je déverse à lentrée de lutérus une double ration de sperme dont les jets successifs provoquent un orgasme dune intensité de 9 sur léchelle de Richter. Cest en tout cas ce quil me plaît de penser. Et Anne ne semble pas simuler son plaisir. Je devrais remercier Sylvain davoir reboosté notre activité sexuelle et davoir rendu ses ailes à Cupidon. Peut-être était-il espéré. Mais cest moi qui fais lamour à ma femme.
En attendant, la vie peut reprendre son cours. Je men veux beaucoup de mêtre montré aussi chagrin sans raison valable. Il ne sest rien passé de répréhensible. Je me suis fait du mal et Anne en a souffert. Au fil des jours, apparaissent certains changements. Aux accès deuphorie succèdent parfois des heures de mélancolie. Jentends moins de chants, je rencontre des regards tristes, je surprends des mines désolées. À mes questions inquiètes Anne répond :
- Je suis songeuse ? Pas plus que dhabitude. Tout va bien. Merci de tinquiéter, mais rien ne le justifie.
Je ne revois plus dans ma rue le sosie de Sylvain ni la copie exacte de son loulou blanc. Lautre jour Anne ma déclaré :
- Quand jaurai brodé mon prénom sur mes culottes, je broderai le tien en bleu sur tes slips, ainsi le plaisantin qui ma dérobé du petit linge sur le fil du jardin aura peur dêtre repéré. Toutes les filles du club ont décidé den faire autant pour le dissuader. Il peut cesser de vouloir ouvrir un magasin de lingerie féminine.
- Ah, il y a un voleur de culottes ? Heureusement, mes parents ne mont pas appelé NABUCHODONOSOR ! Tu aurais un sacré boulot ! Pourquoi céder à un vent de folie ? Ton voleur sappelle peut-être bourrasque.
Je dis bourrasque. Je suis sûr quAnne me soupçonne davoir pensé « Sylvain » Elle aurait raison !
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