Bergen
Au mois daout je ne sais jamais quoi faire. Je naime pas lété, les plages sont bondées, les lacs envahies, je ne sais jamais où aller. Nous étions le 2 , et comme dhabitude,sans solution, joccupais mon ennui en regardant les rares passants accablés de chaleur.
En rentrant chez moi jai vu un mail dAnders et Tove, des amis Norvégiens qui partaient en Allemagne pour 3 semaines. Ils me proposaient de venir pour « garder leur maison » prés de Bergen sur la côte pendant leur absence. De vrais amis, connaissant mon peu de goût pour la saison ils avaient pensé à moi et moffraient le moyen de passer un mois bien plus agréable que dhabitude. Sans même connaître le prix du voyage, jai dis oui tout de suite.
Javais 32 ans, jétais nouvellement célibataire après une brève histoire achevée quelques mois auparavant ; ni abattu, ni mélancolique, javais cependant besoin de me changer les idées. Au diable, jai pris ma voiture et après deux jours de route jai sonné à leur porte.
Ils partaient le lendemain et étaient encore occupés à préparer leurs affaires et celles des s. Aprés un rapide tour du propriétaire et quelques recommandations pour les plantes, nous avons bu quelques verres, échangées des histoires, des souvenirs, et la soirée sest vite achevée car le lendemain ils partaient tôt.
Fatigués par la route jai dormi tard, quand je me suis réveillé ils nétaient plus là et la maison mà paru immense. Située sur une colline isolée descendant en pente douce vers un lac, leur demeure était chic mais pas du tout tape à loeil. Cétait une sorte de villa de deux étages, en bois comme souvent en Norvège, dotée dune large terrasse également en bois, de balcons fleuris, dun jardin bien entretenu et comble du luxe une piscine.
Je suis monté au dernier étage pour voir ce qui mentourait depuis le balcon. Le lac était large dau moins un km, quelques villages apparaissaient au pied des collines sur lautre rive couvertes de sapins, mais je nai vu aucun vis a vis.
Jai très vite pris mes aises dans ma nouvelle résidence. Je navais personne à voir, pas de téléphone ni dordinateur, mais des livres et du temps à profusion.
Une fois par semaine je roulais quinze minutes à vélo pour faire mes courses à la superette du village voisin, le reste du temps je lisais au soleil, paressais nue au bord de la piscine et parfois descendait me baigner dans le lac dont leau froide me réveillait entre deux siestes. Les jours passaient, bientôt une semaine que jétais là, et je ne me sentais ni seul ni désoeuvré. Sil marrivait dêtre un peu étourdi par le silence et le calme vertigineux de lendroit, jallais marcher dans la forêt voisine, puis je rentrais, buvais un thé et dormais tard.
Une après-midi, alors que je somnolais sur ma serviette au bord de la piscine, je crus entendre des pas dans lescalier menant au jardin. Je fermais les yeux et ny prêtais pas attention. Sans doute je confondais avec des pie vert martelant un tronc. Mais le bruit recommença, cétait vraiment des pas, et il y avait une voix qui appelait. Cétait du Norvégien, une voix apparemment jeune à laquelle bien sur je ne comprenais rien.
La voix s'arrêta, les pas aussi. Puis la voix séleva à nouveau et les pas se rapprochèrent rapidement. Tout à coup je les sentis tout près de moi. Jouvrais les yeux et je vis un jeune homme accoudé à la rambarde de la terrasse, au dessus de la piscine. Il regardait ailleurs, mais je compris tout de suite quil ne pouvait pas ne pas mavoir vu, et faisait poliment semblant. Bien sur jétais complètement nu et tout à fait gêné. Je me souvenais brusquement dun ami dAnders et Tove qui peut-être passerait un jour mais rien nétait moins sur etc... A force de silence et de journées oisives, javais complètement oublié.
Il me fit un signe de la main, sourit, et descendis à ma rencontre.
Nous parlâmes en Anglais. cétait bien lui, Bjorn, un ami des mes hôtes étudiant en Thèse à luniversité dOslo, venu quelques jours se reposer loin de ses livres, sa thèse, et ses heures de bibliothèque. Il était grand, brun avec des boucles qui lui descendaient sur le front, je le trouvais élégant et même beau mais jétais si gêné que je nosais détailler sa personne, et encore moins me hasarder à le trouver attirant.
Je ne savais rien de lui ou presque, et inversement. Mes gouts amoureux aurait pu le mettre mal à laise et je préférais être le plus sobre et le plus acceuillant possible par égard pour nos amis communs. Je me souvenais vaguement dun furtif regard espiègle de Tove, quand Anders disait que Bjorn travaillait trop et que me rencontrer pourrait lui faire du bien. Je nétais pas sur de ce regard, peut être avais je confondu avec lun de ceux quelle adressait à ses s qui gazouillait sans cesse.
Bjorn sinstalla dans une chambre au premier au bout du couloir. Joccupais celle proche de la terrasse, à lautre bout de ce même couloir. Pendant quil posait ses affaires jenfilais un short de bain le plus ordinaire possible et m'apprêtais à retourner à la piscine, mais en sortant sur la terrasse, je décidais daller marcher dans la forêt, encore très gêné par les circonstances de nôtre première entrevue.
Quand je revins en début de soirée, la maison était silencieuse et Bjorn dormait. Je fis le moins de bruit possible, me retirais dans ma chambre et lu jusquà mendormir moi aussi.
Le lendemain je ne le vit pas de la matinée. Dans l'après-midi , il passa quelques instants dans le salon, le visage alangui par une nuit de 15 heures, je dis bonjour, il répondit avec un sourire timide, marmonna quelque chose en anglais, puis retourna dans sa chambre.
Les jours suivant ressemblèrent à ce moment. Je lapercevais moins dune heure, en jogging et tee shirt, se préparant un thé, grignotant quelque chose. Nous échangions quelques mots puis il retournait se coucher.
Au fil des jours je le regardais davantage. A peu prés mon age, les pommettes hautes, des yeux en forme damandes arrondis, un menton un carré, le visage fin. Ses sourcils épais paraissaient lair doux et lui donnait un air d'intellectuel sauvage et sensible. Il avait une silhouette de coureur de 400 m haie. Des épaules déliées, une taille droite et musclée, et de longues jambes aux chevilles fines.
Je le regardais séloigner vers sa chambre, et songeais que si je ne me retenais pas je pousserais volontiers un soupir
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