L'Amour Dans Les Fourrés 7
Ni le maire ni ladjoint ne se sont déplacés. Sylvain na été dérangé ni par lun ni par lautre lors de ses deux rencontres. Il a tenu le coup, honoré les deux femmes en chaleur, surprises de le voir prendre ma place, mais heureuses de soulager le mari abandonné. Arrivé avec des tonnes de réserves il sest montré à la hauteur de sa réputation et gagné des culottes supplémentaires pour son musée.
Sabine est paraît-il le meilleur coup de la région. À sa beauté naturelle elle joint un charme, une ardeur et des audaces incroyables. Il voudrait me donner des regrets? Son rapport détaillé permettrait de le croire. Au lit, sabine cest un ouragan, un déferlement, un enchantement. Avec elle tout est permis, tout est possible. Geneviève nest pas à négliger, mais comparée à lépouse du maire, elle laisse une impression en demi-teinte. Pourquoi veut-il nous livrer autant de détails sur cette rencontre extraordinaire ? Il insiste sans pudeur sur les atours, les couleurs, les formes, les odeurs, décrit avec un malin plaisir les positions, les orgasmes violents, sa maîtrise retrouvée et ses prouesses renouvelées.
Anne tend loreille, ne peut pas cacher lémotion engendrée par le récit osé à dessein et sa rougeur encourage le narrateur. Le renard est revenu dans le poulailler. Le paon fait la roue. Prend-il Anne pour une paonne ? Envisage-t-il encore de lajouter à la liste de ses victoires?
Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Jai raccroché mes chaussures de marche. Anne tient à continuer, ses bonnes amies lont convaincue des bienfaits de la marche sur la silhouette. Me le répéter, cétait prêcher un converti, mais jai décidé de ne plus entrer en contact avec certaines personnes peu fréquentables. Quand randonnée il y a, je vais à la pêche. Gentiment Anne me prépare un repas à tirer du sac. Nous nous quittons sur un baiser de jeunes amoureux.
Le soir, jai droit à tous les bruits de la caravane devenue miraculeusement très sage depuis mon retrait.
Le poisson ne veut pas mordre aujourdhui. Quelques misérables goujons ont été rejetés à leau,menu fretin sans intérêt. Cest tout. Les moustiques mennuient. À quoi bon insister ? Je vais rentrer, lire tranquillement mon journal, faire une petite sieste et faire une surprise à mon amour, je vais préparer le souper. Fatiguée par la marche, elle saura apprécier lattention. Après leffort je lui accorderai le réconfort. Je rêve dune folle nuit damour. Les tentations de la journée me valent habituellement des retrouvailles érotiques hallucinantes au retour.
Je pose mon attirail à la cave et monte vers le rez-de-chaussée. Jentends des bruits étranges dans une maison vide. Serait-on en train de me cambrioler ? Le voleur va être surpris de me rencontrer. À pas feutrés, jarrive au palier, jouvre la porte, je passe la tête. Rien à ce niveau. Que se passe-t-il à létage ? Pourvu que les marches en bois ne grincent pas sous mes soixante-quinze kilos. Jenjambe la cinquième si sensible et bruyante quand on ne prend pas garde. Derrière la porte de la chambre damis,une plainte douce, comme un miaulement de chat saccompagne dune sorte de récitatif "non, non, non". Je veux voir ce chat phénoménal qui parle.
La poignée de porte fermement serrée dans ma main tourne, je pousse. La porte souvre, ne provoque aucun mouvement. Sous mes yeux deux femmes se démènent en gémissant.
Je ne savais pas. Ou plutôt, je navais jamais vu. Mais je regarde, jobserve avec une curiosité de sociologue, danthropologue ou de logue quelconque devant la découverte du siècle. Qui sont-elles ? Doù sortent-elles ? Plus elles frottent leurs bas-ventre, foufoune à foufoune, plus elles entremêlent leurs toisons brunes, plus elles gémissent, plus elles ferment les paupières mais ouvrent leur bouche, plus leur souffle senflamme. Ce lit cest lîle de Lesbos, les tribades y murmurent de façon inintelligible les poèmes de Sapho. Ça existe, là, devant mes yeux incrédules, cest fascinant. Deux mains ont saisi un mollet et tirent, tirent. Le chant saphique croît, enfle et curieusement les chattes arrachent aux filles échevelées de retentissants "non" à répétition. Deux yeux embrumés se sont ouverts, je reconnais Cécile, la mignonne femme de Jérôme. Mais elle ne me reconnaît pas, dans son brouillard, elle me dit :
- Ça va Anne ? Alors ça marche, il baise bien ?
Je tire la porte. Cécile ? Comment est-elle entrée ? ment avec celle quelle a appelé Anne. Elles seraient déjà rentrées ? La deuxième nétait pas ma femme. De ma chambre me parvient une voix grave :
- Ce quelles sont bruyantes tes copines. Jirais volontiers les observer, leur tenir compagnie et plus si affinité. Les gouines ça me fascine
Cest Anne qui répond, je reconnais sa voix :
- Tu nas pas mieux à faire ? Couche-toi sur le dos, je vais réveiller ton paresseux.
Nouveau silence, interrompu par une nouvelle série de "non" et d "encore" des deux voix féminines. Linconnue est plus grave et plus autoritaire. La voix tendre et douce de Cécile est émouvante. Je suis troublé, mon membre se manifeste et tend létoffe de mon pantalon. Moi aussi je trouve ce couple homo fascinant.
- Fais attention, dit lhomme. Essaie den prendre plus en bouche, plus profond. Oh ! Encore, cest bon. Mais je te conseille de venir te planter sur moi ou je vais te cracher sur les amygdales.
Le sommier grince, un corps est en mouvement.
- Oui, dans ta main, tiens le bien, écarte ton minou, tu brûles, allez laisse-toi couler, doucement. Oh ! Bon, bon. Il était temps de te décider, jallais renoncer. Tes bonne, tes la meilleure. Oui, monte et descend, prends ton plaisir
- Tu aimes ?
Elles se sont tues. Quel souffle. Des fois jaurais envie daller avec elles et de faire comme elles. Ça a lair sympathique.
- Cest simple, on tire ce dernier coup et on y va. Une partie à quatre, depuis que jen rêve !
- e nest pas gagné :Nathalie ne supporte pas les hommes. Cécile ne dirait rien, elle est bi, mariée. Nathalie voudrait quelle divorce pour quelles puissent se marier.
- Quest-ce que Cécile attend ?
- Cécile veut un . Elles projettent de lélever à deux.
Lhomme simpatiente:
- Bon, on fait des discours ou on fait lamour ? Depuis ce matin ça commence à fatiguer. Vas-y. Remue ton popotin, secoue-toi. Ma fille, javais bien jaugé ton appétit. Maintenant tu sauras la différence
entre un mari et un amant.
Les grincements du sommier. Les bruits du voleur. Je suis arrivé durant une pause. Ça repart. La voix de Sylvain ! Cest lui, sûr !Les anecdotes interminables de Sylvain devant Anne hypnotisée ont vaincu sa résistance. Comme les autres femmes elle a voulu savoir. Lautre porte souvre. En me voyant Cécile fait "oh !", je fais "chut !".
- Cécile, dépêche-toi, je taime, dit la voix rauque.
- Fais vite Anne, je veux voir, réplique Sylvain.
- Zin, zin, zin, zin geignent les ressorts de plus en plus malmenés de mon lit. Cécile repasse, digne et indifférente derrière moi, une main sur la bouche. Elle sinterdit de donner lalarme. Mais dans la chambre damis elles discutent. Cambronne passe par là, on bouge, mais on ne se risque plus sur le palier.
Anne entame à son tour lhymne à lamour. Cétait si beau quand cétait avec moi. Avec précaution, jouvre la porte de ma chambre. Je ne veux pas mettre fin prématurément au chur à deux voix, à lalternance de notes aiguës et de sons graves rythmés par le tempo endiablé du sublime fessier en mouvement sur le mât dressé. Je vois deux jambes poilues, avec cicatrices, deux pieds aux oryeils tournés vers le plafond, entourées de part et dautre par deux pieds mignons. La croupe agitée, à la fente sombre, à lil borgne, se soulève, dégage larrière rougi de la vulve le temps de distinguer une faible partie de la verge huilée puis sécrase et sapplique avec rage sur le pubis de lhomme caché par le haut du corps dAnne. Le dessin harmonieux de la taille, des hanches, se brouille dans les larmes de mes yeux. Il crie,
- Ça y est,
Je viens ! Prends ça, et ça.
Anne, ma femme lui répond :
- Je jouis ! Jaime, je taime ! Tu aurais pu te retirer avant de cracher !
- Ce nest rien, tu as un stérilet oui ou non. Tu maimes ? Cest vrai ? Alors on recommencera
Quelle horreur! Jétouffe, je tousse. Ils mentendent, se bloquent. Anne se jette sur le côté, yeux hagards, tombe sur le dos, jambes ouvertes, vulve glaireuse. Dans les yeux de lamant, je lis leffroi, la terreur. Il est à peine réparéde sa chute précédente. Il aime les femmes, mais il hait les escaliers.
Cen est trop, il nest pas le seul coupable. Anne! Ils sont deux, pétrifiés sur le matelas. Je me retire sans un mot, descends silencieux, je vais me rafraîchir le visage et pendant quon chuchote à létage à la quête de lattitude à adopter après ce flagrant délit,, je vais faire un tour dans les rues, histoire de retrouver mon calme. Au retour je menferme dans mon bureau.
Des explications, des excuses, des supplications, des demandes de pardon, des larmes, des promesses, des « je naime que toi » , des « amour toujours, » des « cétait la première et seule fois » (pléonasme), des « plus jamais, » des « ne me quitte pas, » des « je regrette, » des « je naime pas Sylvain » : ça ne pèse rien, cest déchirant, mais ça nefface pas limage de leur union, de leur accouplement bestial éhonté, gravée à jamais dans ma mémoire et surtout ce "je taime" en point dorgue après lindigne orgasme de ladultère consommé, de la souillure de son sexe empli et dégoulinant du sperme de son séducteur. . Cette déclaration damour me blesse plus que tout.
Elle sétait montrée faible, avait succombé à la tentation si longtemps entretenue par Sylvain, avait voulu découvrir la jouissance charnelle avec un autre, curieuse comme Eve au paradis; jaurais pu le souffrir, mais de là à clamer ; « - Je jouis ! Jaime, je taime ! » il y a un gouffre et Anne la franchi. Je suis écoeuré. Et ça cest impardonnable. Je réponds encore rageur :
-Fous le camp putain! Je ne veux plus te voir. Va chez ton amant, recommence autant que tu pourras.
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