Clotaire Et Pierre - Onzième Épisode
Encore troublé par lannonce de Clotaire qui venait de lui annoncer son prochain départ pour Rouen, Pierre sétait réfugié, depuis plusieurs jours déjà, dans le silence. Mais ce qui le surprenait un peu, cest que son compagnon ne semblait pas sen offusquer, comme si tout cela, au fond, lui était indifférent. Cette « pause », même si elle nétait pas franchement désirée par lun ou par lautre, avait au moins un mérite pour Pierre : il pouvait pleinement se consacrer à ses révisions pour les partiels, qui sannonçaient ardus.
Résolument décidé à faire de son mieux, Pierre y mettait du sien pour la révision de ses cours, aussi indigestes soient-ils pour certains dentre eux. Droit administratif, introduction au droit constitutionnel, droit des affaires, sciences politiques
Parmi ces cours, le jeune homme trouvait parfois son bonheur mais, toutefois, nétait pas loin de se tirer les cheveux tant le contenu pouvait être dune confusion totale. Découragé en cet après-midi plutôt ensoleillé chose rare en ce début dannée Pierre décidait douvrir la fenêtre avant de sallonger sur son canapé pour aller à la rencontre de Morphée le temps dune sieste. Épuisé, il nallait se réveiller que bien plus tard, en début de soirée, perturbé par un vent très frais qui lincitait, en ouvrant les yeux, à découvrir la ville couverte par un ciel très obscur toutefois contrarié par la clarté émise par les lampadaires de rue et les lumières émanant des immeubles dhabitation ou de bureaux.
Avant de dormir, quelques heures avant le début de cette série dexamens qui ne sannonçait pas de tout repos, létudiant prenait soin de lire quelque pages du Traité de lapproche thématique du droit : de lintroduction au développement de la matière, un ouvrage du professeur René Montagny-Gibert dont le titre prévenait déjà les étudiants et autres lecteurs de laspect très technique du contenu. En réalité, si Pierre sétait lancé dans pareille lecture, cest davantage parce que ses professeurs lui ont vivement recommandé de le faire que parce quil sagissait de sa décision personnelle
Neuf pages lues : cet effort le mot nest pas excessif puisque leur contenu nest pas ce quil y a de plus intelligible pour tout un chacun accompli, il éteignit la lumière, sendormant paisiblement pour quelques heures, presque heureux de pouvoir savourer la chaleur bienvenue de son épaisse couette qui couvrait son corps en partie dénudée et barré dun boxer noir quil avait enfilé pour la nuit.
Le lendemain matin, dans les couloirs de la fac, cétait branle-bas de combat : tous les étudiants paraissaient tendus, nerveux
Du moins ceux qui étaient présents : pas mal détudiants manquaient à lappel. Parmi eux, quelques amis de Pierre qui, lassés dobtenir mauvaises notes sur mauvaises notes, avaient déjà fichu le camp sans même prendre la peine dattendre la fin du semestre. La tare de lenseignement supérieur à la française : quelques passionnées, pas mal de motivés, beaucoup de lassés
Respectant à la lettre les consignes posées par les enseignants observateurs, les étudiants présents prenaient place dans lamphi dans le calme mais pas ment dans le silence, laissant entre eux une place vacante pour prévenir, au moins en apparence, les risques les plus immédiats de tricherie entre bons camarades
En jetant un coup dil au loin vers le bas de lamphithéâtre, Pierre remarquait quil était observé par Clotaire, la tête tournée, qui lui adressa finalement un petit sourire encourageant. Nayant pas réagi sur le coup, Pierre baissa la tête et constatait que le professeur avait déjà distribué les feuilles blanches, les feuilles de brouillon, roses de couleur, et lintitulé du sujet. A la lecture de celui-ci, très nombreux furent les étudiants qui lâchèrent un soupir sincère, qui devait traduire la défaite, la déception voire la déception des étudiants qui partaient vaincus davance à défaut davoir convenablement révisé. En ôtant son regard de lintitulé, Pierre constatait que Clotaire était déjà lancé à corps perdu dans sa rédaction ; comme dhabitude, malgré le fait quil soit assis, il se tenait bien droit, la tête haute, lattitude finalement propre à un étudiant plein de sang-froid capable de disserter pendant des heures en couchant sur le papier tout ce qui pouvait lui passer par la tête sans trahir le moindre signe de stress ou de tension quelconque. Cest aussi pour cela quil suscitait ladmiration de Pierre (et de tant dautres parmi leurs camarades de promo, par ailleurs) : ce mec était lincarnation parfaite, presque caricaturale sur les bords, de létudiant convoité par tant de professeurs duniversité
Lépreuve devait durer trois heures mais ce nest pas exagéré de relever que pas moins de la moitié des étudiants présents en amphi sétaient levés au bout dune heure pour rendre leurs copies (plus ou moins remplies) aux enseignants chargés de veiller à la régularité de lépreuve.
Finalement, Pierre sétait résolu à attendre la fin de lépreuve pour rendre ses copies : trois feuilles doubles entièrement rédigées sous la forme dune rédaction
Rendu des copies, puis signature de lacte de présence et cen était fini de cette première épreuve il est vrai éprouvante aussi bien dans la forme que dans le fond.
En se retournant après avoir honoré les formalités pour quitter la salle, Pierre tomba nez à nez face à Clotaire qui e put sempêcher de lui adresser un sourire des plus provocants
Le jeune homme sefforça de détourner le regard mais à sa grande surprise, son interlocuteur lui prit la main pour lattirer vers lextérieur, faisant vraisemblablement peu cas du regard des autres sils venaient à remarquer ce contact manuel
En silence, et après sêtre lâché la main, tous les deux se dirigeaient en quelques minutes vers une petite cafétéria très appréciée des étudiants en première année pour le calme et lapaisement qui semblaient y prendre place.
En se dirigeant vers une petite table inoccupée et placée dans une zone délaissée par les autres étudiants qui se trouvaient de lautre côté de la grande salle, les deux hommes prirent place, avant que Clotaire ne brisa la glace à sa manière :
- Tu veux boire quelque chose ?
- Je nai pas très envie de
- Mec, fais un ptit effort ! Tu es partant pour un chocolat, un café
?
- Va pour un Coca, plutôt
- Cela marche !
En deux minutes, Clotaire réapparut avec deux Coca, un pour lui, lautre pour son compagnon qui ne se sentait pas très à laise.
- Alors
Comment cela sest passé, ce premier partiel ?
- Tu me poses la question sérieusement ?, répliqua Pierre, le regard effronté.
- Tu peux me dire pour quelle raison je te demanderais cela si je nen avais rien à faire ?, lâcha Clotaire sur un ton devenu plus froid, presque glacial qui lui était en fait assez courant.
- Eh bien, puisque tu me le demandes
Je nen sais trop rien
Franchement, je ne suis pas très optimiste
Ni pessimiste, non plus.
- Cela te donne des raisons dêtre confiant, finit par sourire Clotaire. Jai remarqué que tu es resté jusquau bout des trois heures
Cela veut dire que tu avais pas mal de choses à dire !
- En trois heures, jai pu composer
Ou dormir !, ironisa Pierre
- Tu ne dormirais jamais sans moi, se voulait taquin Clotaire, en souriant toujours.
- Avant de te rencontrer, jy suis parvenu, jai de bonnes raisons de croire que cela continuera, répondit calmement mais assez sèchement son ami.
A ce moment-là, Clotaire fixa son compagnon dun regard perçant, noir, laissant transparaître son agacement. En buvant en vitesse quelques gorgées de la canette de Coca quil reposa vivement sur la table, il se rapprocha de lui pour soutenir son regard avec encore un peu plus dintensité.
- Écoute, cela ne peut pas continuer ainsi !, lâcha Clotaire
- Cest lannonce de notre séparation que tu me fais là, répondit Pierre soudainement inquiet.
- Non
Mais jen ai ras-le-bol de cette situation car je ne tai pas pris en traître.
- Tu mas annoncé ton départ pour Rouen, je te rappelle
- Et alors ? Tu le reconnais toi-même : je ten ai fait part. Cest déjà pas mal, non ?
- Pourquoi tu pars ? Tu veux me fuir ?
- Tu nes vraiment quun imbécile
- Japprécie tes marques daffection à mon endroit
- Ferme-là !
- Pardon ?
- Tu mas fort bien compris ! Si je te demande de la fermer, cest parce que jen ai marre de tentendre dire des conneries !
- Je peux me barrer, ce sera plus simple
- Bien sûr
Une belle manière déchapper à la confrontation ? Laisse-moi simplement te dire que si je tai proposé de me suivre à Rouen, ce nest pas parce que je me sens coupable vis-à-vis de toi.
- Aller à Rouen ne me dit trop rien
Je ne tiens pas particulièrement à partir menterrer là-bas
- Et après, ce sont tes potes qui me taxent de snobisme
- Quest-ce que ça veut dire ?
- Tu le sais parfaitement ! Rouen, ce nest pas un patelin paumé en pleine cambrousse ! Cesse de te comporter comme ses bobos qui pensent que les frontières du monde ne sétendent pas au-delà de Paris
Si ce nest pas trop te demander, bien sûr.
- Je ne vois pas pourquoi on sest lancé dans cette conversation, toi et moi
Alors que Pierre sétait levé, il sentit une force lourde semparer de son poignet et, levant le regard vers Clotaire, saperçut que celui-ci présentait un visage glacial, presque saisissant.
- Maintenant, tu vas mécouter une fois pour toutes
- Lâche-moi, tu me fais mal
- Je vais te donner un ultimatum, même si ce nétait pas ma volonté : je te laisse une semaine pour te reprendre. Jignore si tu veux venir avec moi là-bas même si jen ai très envie. Du moins, jen avais très envie
Mais je ne vais pas me mette à genou pour chercher à convaincre un mec qui, visiblement, a toutes les peines du monde à comprendre que je tiens à lui. Je tinvite à grandir un peu : cest ce que tu attendais de moi après que tu aies balancé à tes potes que nous étions ensemble
- Tu es encore bloqué là-dessus ?
- Laisse-moi finir, je te prie ! Je veux faire tous les efforts possibles pour te prouver que je tiens à toi et cest pour cela que je te propose de venir avec moi. Si tu ne veux pas, parce que tu veux rester ici, avec tes amis, je comprendrais
Mais je pense quen te faisant cette proposition, jai fait la preuve de mon attachement à ton égard. On peut commencer quelque chose de bien sérieux tous les deux mais cela ne dépend pas que de ma seule volonté. A toi de te sentir concerné ; pour ma part, jai fait ce que javais à faire.
Sur ces mots, le geste imposant, sans lancer un regard à Pierre, Clotaire prit sa sacoche et son Coca (quil avait à peine entamé), laissant là son interlocuteur encore ébahi par la déclaration du jeune homme. Il était décidément perdu : bien sûr, il était profondément touché par ce discours et la sincérité quil dégageait mais, en même temps, il se sentait presque « oppressé », quasiment pris en otage par son compagnon : moi ou rien ; cest ce qui semblait sortir de cet ultimatum (un mot qui a été, après tout, lâché par Clotaire lui-même
).
Dans laprès-midi, songeur, Pierre avait regagné son immeuble pour se retrouver seul chez lui, dans lespoir de méditer un peu, sextraire à toutes les pensées négatives qui pouvaient le tarauder. Il était tenaillé par un doute immense : le suivre ou pas ? Couché sur son canapé-lit, il se redressa pour commencer à réfléchir à la question quand il entendit quelquun frapper à la porte.
Quelle ne fut pas sa surprise quand, en louvrant, il tomba sur monsieur Ridez Major, son voisin (et accessoirement professeur despagnol).
- Bonsoir, jeune homme ! Je viens de rentrer dune journée dexamens à surveiller et, sur le chemin, je me demandais si mon nouveau voisin pouvait accepter de prendre un verre chez moi, pour lapéritif. Ce sera quelque chose de simple bien sûr, mais cela pourrait nous inciter à faire connaissance
Si monsieur Ridez Major était espagnol de naissance et que cela se devinait du fait de son léger accent, il parlait un français réellement impeccable, comme sil sagissait de sa propre langue maternelle.
- Eh bien
Je dois vous avouer
- Je sais, je suis votre professeur et vous êtes lun de mes étudiants, mais vous savez, la fac, ce nest pas comme le collège ou le lycée
Et puis, rassurez-vous : je nai pas lintention de vous noter comme si vous passiez un examen !
- Bon
Vers 20 heures, cela vous irait ?
- Cela sera parfait, jeune homme !
- OK
Eh bien, à ce soir !
- A ce soir
- Au fait, monsieur
Je dois amener quelque chose à boire ?
- Ne vous en faites pas, il y aura ce quil faut, je pense ! Ce ne sera pas un bar mais cela devrait suffire !
- Daccord, merci.
Alors quil paraissait terne, Pierre était cette fois-ci presque euphorique. Il lui tardait de faire réellement connaissance avec son professeur et voisin
Certes, il ne voyait monsieur Ridez Major quune fois par semaine, pour deux langues rendues obligatoires par le programme universitaire, mais il était tellement beau et dégageait tellement de prestance que trop forte était la tentation den savoir plus sur son compte. Entendons-nous bien
Il nétait certes pas en train de tomber amoureux de cet enseignant, mais il ne pouvait nier lui-même quil était admiratif de son charisme et de son aura. Un aura quil allait voir de près durant cet apéritif
De son côté, Clotaire était rentré chez lui, frustré de lattitude de son ami. Bien sûr, une fois la porte de son grand appartement fermée, il ne sétait pas effondré en larmes (pas du tout le genre du garçon !) mais comme il lui arrivait de le faire dans ces cas-là, il sassit sur le canapé, fixant de ses yeux noirs intenses le mur qui lui faisait face et tapota nerveusement ses genoux de ses doigts fins. Dun geste dun seul, il ôta son tee-shirt gris pour se diriger vers la salle de bains afin de prendre une bonne douche, cela avant de bûcher la dernière épreuve qui devait avoir lieu le lendemain. A peine leau commençait-elle à couler que la sonnerie retentit ; furieux dêtre dérangé en pareilles circonstances, le jeune homme sempressa denrouler une serviette fine autour de sa taille afin douvrir la porte.
En ouvrant la porte, il vit Cédric, vêtu tel un chic type, chemise blanche sous veste noire et sur pantalon clair, petit sourire complice aux lèvres accru par la vue de Clotaire en tenue si légère
- Salut
Que me veux-tu ?, demanda sobrement Clotaire, les mains flanquées sur ses cotes.
- Rien de spécial
Je passais dans le coin, je me suis dit que si tu étais là, on pourrait
- Non, pas de plan cul ! Je navais pas envie il y a quelques mois et je nai pas changé davis ! répliqua vivement le locataire des lieux.
- Bien que ce ne soit certes pas lenvie qui men manque bien au contraire ! javais juste en tête de papoter avec toi autour dun verre pour faire le point sur nos partiels. Mais comme tu ne sembles pas dhumeur accueillante
Alors que Cédric, lair navré, allait rebrousser chemin, Clotaire sempressa de lattr par la main pour le retenir, ce qui troubla un instant les deux jeunes hommes.
- Je
Je te prie de mexcuser, mec
Je suis sur les nerfs en ce moment, cest assez compliqué, sexcusa Clotaire.
- A cause des partiels ?, demanda son interlocuteur.
- Non, je nai rien à dire là-dessus
En fait
Entre, je vais texpliquer.
Sans se faire prier, Cédric entra dans lappartement, posa ses affaires de manière posée et suivit son hôte jusquau salon. Clotaire, après avoir apporté deux jus dabricot, lui racontait les derniers événements : son départ prochain pour Rouen, lhystérie de Pierre qui sen est suivie, sa fatigue soudaine et réelle après tous ces examens
Il en avait clairement sa claque et Cédric, tout en sirotant sa boisson, paraissait attentif à son récit. Les deux jeunes hommes discutaient de tout cela depuis un peu plus dune heure. Et Clotaire, un peu décontenancé par les derniers événements, tenait à demander conseil à Cédric (ce qui ne voulait pas dire, pensait-il alors, quil allait le suivre)
- Tu sais tout
Libre à toi de me dire ce que tu en penses.
- Franchement ?
- Oui, puisque je te le demande.
- Il ne te mérite pas
- Ne dis pas ça
- Tu mas demandé dêtre franc, je le suis ! Ce mec ne te mérite pas ! Un type comme toi, je le suivrai nimporte où pourvu quil me le demande. Je ne le comprends pas ton mec. Quest-ce quil retient ici ? Il faut être imbécile pour renoncer à toi par orgueil
- De toute façon, ne le prends pas mal, mais je ne vois pas pourquoi tu me dis ça
Après tout, tu nes pas amoureux de moi
- Non
Très attiré sexuellement, ce nest déjà pas mal, reconnais-le !
Les deux jeunes hommes rirent de concert, avant de se regarder tous les deux les yeux dans les yeux, le tout dans un silence qui devenait de plus en plus lourd de sous-entendus.
- Tu as peut-être raison
Je pensais quil était attaché à moi.
- Peut-être quil lest, peut-être quil ne lest pas
- Mais javais envie de croire que
- On a tous envie de croire au grand amour mais entre y croire et le vivre, il peut y avoir un fossé très large !
- Depuis quand uses-tu de métaphores ? Cela te va bien
- Restons sérieux
Tu laimes ?
- Oui
Enfin, je crois
- Tu laimes ou non ? Cela ne peut pas être « peut-être bien que oui, peut-être bien que non »
- Je ne sais plus où jen suis
- Et lui ? Il taime ?
- Je le croyais
Mais depuis la proposition, je nen suis plus très sûr
- Alors
?
- Alors, quoi ?
- Tu sais ce qui te reste à faire, maintenant.
Sans plus attendre, Cédric colla ses lèvres contre celles de Clotaire qui, cette fois-ci, ne prenait pas la peine de le repousser ou de le résister. Alors que Cédric lui caressait les cheveux puis les joues, Clotaire restait immobile, comme sil voulait se laisser faire sans se rendre coupable de quelque dérapage
Tout juste pouvait-il accepter le terme de « complicité ». Et alors que Cédric commençait à lui enlever la serviette, il suffisait dun geste pour que Clotaire mette un terme à ce baiser.
- Je savais que tu allais en profiter
- Tu en as mis du temps à me repousser !
- Je ne suis pas dans mon état normal, je suis fatigué et blasé
- Je peux encore trouver le moyen de te détendre, même si dans le cas présent, ce serait plus une façon de parler, ironisait Cédric en faisant référence à la bosse que dissimulait avec peine la serviette enrôlant la taille de Clotaire.
- Japprécie la tentation que tu éprouves pour moi, cest très flatteur mais ce nest pas une bonne idée.
- La question nest pas de savoir si cest une bonne idée ; la question est de savoir si tu en as envie, et jai ma petite amie sur la question.
- Tu te trompes, je pense car si tu crois que jen ai envie, ce nest pas le cas
Sur ces mots, Cédric ôta vivement la serviette de son ôte, désormais à poil devant lui. Dabord très surpris, Clotaire sempressa de saisir un coussin posé à ses côtés pour dissimuler son sexe tout en érection mais Cédric lui envoyait en guise de réponse un sourire coquin du genre « Bas le coussin, je lai déjà vu de toute façon ! ». Sans se départir de son sourire grivois, Cédric sapprocha de nouveau vers Clotaire qui, tétanisé, ne semblait pas opposer la moindre résistance.
- Je nai pas envie de lui faire ça
- Il nen saura rien, je te le promets.
- Mais même
Je ne veux pas le trahir. Arrête, sil-te-plaît
- Quand je taurais sucé jusquà jouissance, tu te mordras les doigts de mavoir demandé darrêter parce que tu aurais pu louper le plus beau coup de ta vie.
Cédric pouvait paraître prétentieux, mais il avait raison : cétait un très bon coup, déterminé, enthousiaste, capable de rendre dingue un mec résolu à le sauter. Tout cela, Clotaire le savait, doù le mal de chien quil avait à résister. Plus il repoussait (bien que timidement) son partenaire, celui-ci simpliquait davantage, comme si cette résistance le grisait plus que jamais. Pour résister, Clotaire pensait à Pierre et parvenait à soustraire ses lèvres de celles de Cédric. Mais la tentation était trop forte et au fond de lui-même, même sil voulait que Pierre le suive, il était persuadé que leur romance était terminée à cause de la fermeté de son compagnon. Plusieurs questions tourmentaient son esprit mais Cédric sut en profiter pour lembrasser à nouveau, de manière plus poussée. De nouveau repoussé par Pierre qui voulait se convaincre que ce quil allait faire était mal, Cédric, ne voulant pas perdre plus de temps, se posa de sorte à saisir la queue de Clotaire, complètement nu, pour la mettre en bouche. La fellation quil commençait à lui prodiguer savérait exquise alors quelle débutait à peine. Leffet procuré par les caresses octroyées par la bouche et la langue de Cédric laissaient Clotaire dans un état de quasi-sidération. La divine fellation de Cédric avait eu raison de lentêtement de Clotaire, qui se laissait complètement faire, tête en arrière, bouche semi-ouverte, yeux fermés, profitant intensément de cette caresse buccale qui le stimulait au point de voir sa queue se durcir de plus en plus. Pour lencourager, Clotaire avait posé sa main sur la tête de Cédric afin de le presser, pour le voir sappliquer à sucer cette queue que Cédric convoitait depuis des mois, depuis cette fois durant laquelle tous les deux avaient réalisé leur premier et jusque-là dernier corps à corps. Évidemment, Cédric, sans discontinuer, regardait son partenaire prendre son pied avec délice : il rêvait de cet instant depuis fort longtemps
et rien, absolument rien, dans son esprit, ne pouvait linterrompre.
Totalement perturbé par cette entrée en matière, Clotaire paraissait perdu dans ses pensées, complètement sonné et dépassé par ce qui venait de se produire. Conscient que tout pouvait sarrêtait là alors quil ne le voulait pas, Cédric ne tarda pas à lembrasser de manière franche, tel un amant fougueux nattendant rien dautre quun bon coït. Après ce baser, Clotaire, pour la première fois, fixa Cédric de ses yeux sombres ; tous les deux se regardèrent et se comprirent : sans séchanger un seul mot, ils quittèrent le salon après que Cédric eut enlevé ses fringues, bien trop content de ce qui allait suivre
Sans mot dire, Clotaire poussa fermement Cédric sur le lit de sa chambre pour simposer sur lui avant de lembrasser avec énergie. Il sy refusait jusquà présent, mais le désir était bien trop fort : il voulait senvoyer en lair avec cet amant décidément doué. Cédric, tout à sa merci, sabandonnait volontiers à lui. Tous deux entamèrent un 69 qui allait les ravir : Clotaire, tout en prenant en bouche la queue de son partenaire, étouffait quelques gémissements stimulés par les divines fellations de Cédric, qui tenait à lui prouver sa motivation par le biais de délicates caresses buccales qui allaient rendre la queue de lhôte des lieux, bien large et imposante, assez humide. Se saisissant dun préservatif qui sommeillait dans sa table de nuit pendant que Cédric continuait à le sucer, Clotaire mit un terme aux préliminaires pour embrasser son partenaire à pleine bouche. Après cela, celui-ci ne put se contenir de sourire tel un gâté par une gourmandise.
- Ça fait longtemps que jattends ce moment, mec !, avoua t-il.
- Tu vas voir
Ta patience sera bien récompensée
Je vais te défoncer jusquà te faire crier
, répondit Clotaire.
- Jaime bien quand tu me parles comme ça
Fais ce que tu veux de mon cul, il est tout à toi.
- Il va se souvenir de cette soirée, ton petit cul !
Sans plus attendre, le duo allait entamer un coït passionné. Positionné par-dessus Cédric pour un missionnaire, Clotaire, qui voulait contempler son amant prendre son pied, inséra sa queue dans le trou de Cédric qui lâchait un premier soupir expirant une légère douleur qui allait bientôt se commuer en plaisir brut. Entre deux coups de rein, Clotaire parcourait les lèvres de Cédric sans faiblir de son effort et ce dernier caressait son partenaire en mouvement sans quitter ses lèvres, désireux de voir ce moment prolongé sans cesse. Bientôt lassé, Clotaire lâcha un simple « Mets-moi maintenant à quatre pattes » pour que son amant dun soir sexécutât. Et sans attendre, Clotaire entama une nouvelle série de va-et-vient, cette fois bien plus énergique : il retrouvait son habit damant dominateur qui commençait à lui manquer depuis quelques temps. Parallèlement à ses coups de rein, il fessait, et plus dune fois, son partenaire qui gémissait à tel point quil se sentait contraint de continuer ce rapport dominant/dominé. Les gémissements de Cédric nétaient pas exagérés, tant la cadence de Clotaire était fougueuse ; il avait affaire à un étalon, et cest précisément pour cette raison quil savourait chaque minute de ce corps-à-corps intense qui durait déjà depuis plusieurs minutes. Après avoir empoigné bien longtemps son partenaire qui devait supporter quelques fessées supplémentaires, Clotaire se retira pour enlever la capote et éjaculer sur le cul de Cédric, épuisé par ce corps-à-corps mais ravi de recueillir sur son fessier la précieuse semence du mec quil désirait, alors que lui-même allait éjaculer sur les draps de son amant, le tout dans un cri tout aussi singulier que fut celui de Clotaire, qui traduisait, aussi bien pour lun que pour lautre, la satisfaction délivrée par leur performance. Une fois la dernière goutte de sperme sortie de sa queue, Clotaire se poussa du lit puis invita son compagnon de jeu à prendre une douche.
- Dac, mais tu viens la prendre avec moi, répondit Cédric dun ton grivois franchement assumé.
- Ce nest pas une bonne idée, je pense quil vaut mieux en rester là, répondit Clotaire presque gêné de la situation.
Sans autre mot dire, Cédric se dirigea vers la salle de bain pour prendre une bonne douche, qui allait durer plusieurs minutes ; bien sûr, le jeune homme aurait tellement désiré que Clotaire et lui puissent poursuivre les hostilités sous leau chaude, mais Cédric était conscient que Clotaire, leuphorie de la baise passée, allait sans doute adopter lattitude du mec désolé davoir trompé son homme. Cela nallait pas manquer
Une fois la douche terminée, Cédric, encore nu, sallongea brièvement, dans une position très suggestive sur le lit de Clotaire, songeur, lair pensif et triste, qui se reprenait soudainement en voyant la scène.
- On remet ça, coquin ?, lança Cédric sur un ton proche du défi.
- Écoute, mec
Cétait très sympa, jai beaucoup aimé, tu ten es sûrement rendu compte, mais je préfère quon en reste là.
- Je me doutais que tu allais me dire ça
- Ne men veux pas, mais
Je me déteste pour ce que jai fait.
- Tu ne penses pas que lui serait capable den faire autant ?
- Je ne le pense pas
- Tu ne le penses pas
Mais tu nen es pas sûr, apparemment !
- Écoute, je pense que tu as deviné que je me suis bien éclaté avec toi, et si je nétais pas dans ma situation actuelle, je remettrai ça sans problème. Mais je me sens vraiment mal de lavoir fait, tu peux le comprendre
- Cest un peu facile de dire ça après, non ?
- Tu as raison, mais je devais le dire. Ne le prends pas mal : tu es un super coup, mais cela doit sarrêter là. Aussi bien pour toi que pour moi.
- Dac, pas de souci. Mais si lenvie devait te reprendre, tu sais où me trouver
- Encore une chose
- Oui ?
- Je peux te demander de garder tout ça secret ?
- Tu peux compter sur moi, personne nen saura rien.
- Merci, Cédric. Vraiment.
Sur ces mots, les deux jeunes hommes, amants dun soir, se séparèrent. En tournant le dos à la porte que Cédric venait de refermer, Clotaire fit quelques pas dans le salon, le regard perdu, la bouche fermée, la tête saisie dun mal persistant, le cur lourd. Pris dun accès de colère, il cogna si fort son pied contre la table basse du salon que lun des verres posés dessus tomba et se brisa en deux. Sans même y faire attention, le jeune homme sallongea de manière lente sur le canapé, presque recroquevillé, et se mit à pleurer, dégoûté par sa propre attitude vis-à-vis de lhomme quil aimait. Il était dépassé par tous les événements écoulés dans la soirée : il aimait Pierre mais après avoir couché avec Cédric, il se mettait à douter : est-ce je laime réellement encore malgré ce qui sest passé ? Ce genre de question devait lenvahir tout le reste de la soirée. Après avoir ramassé les débris de verre, il sempressa de changer les draps de son lit, presque écuré de savoir que Cédric et lui se sont envoyés en lair quelques minutes plus tard dans ce lit encore frappé du sceau de leur coït.
De son côté, Pierre, à mille lieues de simaginer ce qui venait de se produire, se prépara pour lapéritif que sapprêtait à lui offrir son professeur et voisin
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