53.6 Retrouver Jérém.

« Jérém ! » je l’interpelle.
Il s’arrête, il se retourne, il me regarde, sans un mot, sans expression. J’ai l’impression qu’il regarde un inconnu.
C’est la première fois que je vois Jérém de près après cette nuit avec Thibault ; et ça me fait bizarre, son regard, son attitude semblent annoncer d’entrée comme si quelque chose avait changé entre nous, comme si une nouvelle distance s’était installée.
« Tu fais quoi là ? » il finit par lâcher.
« Moi aussi je suis content de te revoir… » je tente de rigoler.
« Tu arrives d’où ? ».
« J’étais en ville avec ma cousine et je t’ai vu sortir de la Bodega… ».
Il reprend à marcher vers l’appart, sans un mot de plus.
« Tu vas bien ? » je tente de le questionner.
« Qu’est-ce que ça peut te faire ? Qu’est-ce que tu veux ? ».
Sa froideur me fait mal, mais je tente de ne pas le montrer.
« J’avais envie de te dire bonjour… ».
Je ne peux pas me contenter de ça, je dois lui dire qu’il m’a manqué, alors je continue :
« Et j’avais envie de te revoir aussi… ».
Nous arrivons devant son immeuble. Il ouvre la porte et il s’arrête sur le seuil, me barrant le passage, et il me balance :
« Si tu rentres, c’est pour me sucer et tu te tires après… mais si tu es venu pour me prendre la tête, tu peux partir tout de suite… ».
Ses mots sont violents, le ton de sa voix est dur. Je le regarde en silence, désemparé. Quoi rétorquer à de telles conditions ? C’est non négociable, à prendre ou à laisser.
Il est juste indiciblement beau, c’est à pleurer, sa beauté transperce les rétines, elle s'insinue dans les entrailles pour les perforer, c'est comme sentir glisser sur la peau le fil tranchant d'un rasoir, la lame acérée d'une épée, une brûlure comme la morsure d'un soleil d'été, comme la piqûre d'un acide, insoutenable, insupportable ; pourtant, je ne peux m’en détacher, je ne peux y échapper.
Rencontrer son regard, sentir son regard, entendre sa voix, ça me secoue de fond en comble… ce mec a un pouvoir sur moi qu’aucun autre mec ne possède…
Dès que je suis en sa présence je ressens un emballement incontrôlable de mon rythme cardiaque, comme un compteur Geiger qui s'affole en présence de trop de radioactivité.


L’idée de goûter à sa queue et à son jus me rend dingue ; je crève d’envie de le voir jouir, de voir sa jolie petite gueule au moment de son puissant orgasme, terrassé par son violent plaisir, sentir son corps se crisper, voir ses yeux se fermer sous l'intensité de sa jouissance, entendre ses soupirs, ses gémissements, son râle sauvage au moment où il lâchera les jets de jus de mec ardent comme de la lave en fusion.
« Laisse-moi rentrer » je finis par lui lâcher, en posant une main sur un de ses pecs durs comme du béton, pour l’inviter à reculer et à me laisser franchir la porte.
Le bogoss me toise, oppose une résistance à mon mouvement.
« S’il te plaît… » j’insiste, tout autant avec les mots qu’avec l’intensité croissante de mon geste sur son pecs. Le bogoss recule enfin, et je rentre dans la petite entrée de l’immeuble.
Jérém n’a pas allumé la lumière. Le petit espace est faiblement illuminé par la réverbération de l’éclairage public filtrant à travers les vitres opaques d’une petite lucarne au-dessus de la porte d’entrée.
Jérém s’est arrêté en bas de l’escalier, le dos appuyé contre le mur. Il me regarde fixement. Sa respiration est rapide, le mec a vraiment l’air fatigué. Je sens les relents de son haleine chargée d’alcool.
Le silence s’étire pendant de longues secondes. Jusqu’à ce que le bogoss ne se charge d’annoncer clairement la couleur.
« Suce-moi ! » fait-il en dégrafant la ceinture et en ouvrant sa braguette, laissant apparaître son boxer blanc moulant le relief de sa queue, insoutenable invitation au plaisir.
« Ici ? » je m’étonne.
« T’es venu pour ça, non ? Ici ou ailleurs, une pipe c’est une pipe ».
« T’es sûr de ton coup… ? »
« Ecoutes, soit tu me suces là et maintenant, soit tu te casses… ».
Envie furieuse d'être à ses pieds, à ses genoux, d'avaler sa virilité conquérante, jusqu'à la garde, jusqu'à m'en , de le laisser me dominer avec ses coups de reins puissants et sauvages, le laisser se défouler sans limite et sans retenue, jusqu’à avaler son jus brûlant.
Envie de lui comme c’est pas possible.
Un instant après je suis à genoux devant lui ; je surmonte avec une relative facilité la crainte de nous faire gauler et je finis par trouver rapidement la situation plutôt excitante.
Je pose mes mains sur son pantalon pour le descendre sur ses hanches ; j’approche de près le relief de sa queue bien dessiné sous le boxer. Elle est encore au repos et je la titille avec ma langue à travers le coton. Je la parcours avec mes lèvres, j’enserre le gland, je le masse doucement, puis plus fermement, je sens sa puissance de mec se réveiller petit à petit.
Je me décide enfin à tirer sur l’élastique du boxer pour dégager lentement la bête : je ressens comme une décharge d’un millier de volts à ce simple contact, à ce simple geste.
Dès qu’elle apparaît, là, devant mes yeux, à quelques centimètres de mon nez, belle, engagée sur la voie d’une magnifique érection, dégageant une petite, typique odeur de mec, je me sens secoué et retourné comme si j’étais touché par la puissance de la foudre.
Et lorsque ses mains saisissent ma tête, lorsque son bassin avance pour forcer le passage de mes lèvres, lorsque je sens la puissance de sa virilité prendre possession de ma bouche, la remplir, l’envahir, j’oublie la dureté de ses mots, de son regard, la cage d’escalier, mes inquiétudes.
Ses mains enserrent fermement ma tête de part et d’autre, ses coups de reins s’enchaînent, puissants, rapides, tellement profonds que son gland arrive à taper à l’entrée de ma gorge.
« Tu aimes ça, hein, tu es vraiment une salope… t’es venu me chercher pour que je t’étouffe avec ma queue, tu es venu pour te faire baiser… » je l’entends me balancer.
Je reconnais à l’éraillement de sa voix son état d’alcoolémie avancée.
Non, mon Jérém, pas vraiment… enfin, pas que… bien sûr, une partie de moi jubile, je sais à quel point le sexe avec ce mec peut être sauvage lorsqu’il est dans cet état… dans le bien, comme dans le mal… mais non, je ne suis pas venu « que » pour me faire baiser, non… si tu savais tout ce que j’ai envie de te dire, mec… mais pour l’instant ma bouche est indisponible pour la parole ; on verra ça plus tard…
Ses coups de reins se succèdent sans répit ; il fait chaud dans la petite entrée, je transpire, je me sens vite en apnée.

Pendant un petit moment, j’ai l’impression qu’il ne bande pas super dur, je pense que c’est pour remédier à cela qu’il se déchaîne aussi brutalement ; mais à force de va-et-vient, son érection finit par retrouver sa forme habituelle. Elle me remplit bien la bouche, elle m’étouffe.
Au point que, à un certain moment je suis obligé de dégager ses mains et ma bouche de son engin pour reprendre mon souffle.
Le bogoss en profite pour remonter le t-shirt et le coincer derrière la tête, dégageant ce que les américains appellent le six-pack, ces putain de tablettes de chocolat que moi j’appellerai plutôt un pack de huit…
C’est beau, c’est à se damner ; et ça sent tellement bon ; un mélange de parfums de propre, de lessive, de fraîcheur de peau, de gel douche et de déo, et de bonnes odeurs de mec désormais si familiers, et donc si rassurants, tout ce bonheur olfactif que j’appellerais volontiers le « bouquet Jérém », ce bouquet qui me rend dingue dès la première inspiration.
Je me jette sur sa queue comme un malade, affamé, avec une envie brûlante de le faire jouir ; ses mains saisissent mes épaules, me repoussent, je sens mon corps pivoter, j’ai l’impression d’être une poupée sans volonté dans ses mains.
Je sais ce dont il a envie, j’en ai terriblement envie aussi.
Je me retrouve dos contre le mur, tête contre le mur ; sa queue s’enfonce dans ma bouche, ses coups de reins reprennent, puissants, profonds, de plus en plus rapides, de plus en plus violents… parfois il s’arrête, le gland coincé au fond de mon palais, comme s’il voulait m’ ; je le repousse un peu pour reprendre mon souffle, je le laisse revenir à la charge, avec un bonheur intense… tout ce que tu veux, mon Jérém, pourvu que tu me laisses goûter à ton jus de bogoss.
Je suis hors de moi : d’autant plus qu’une de ses mains s’est glissé dans le col de mon t-shirt pour titiller mon téton ; et même si je sais qu’il ne fait pas ça pour moi, qu’il le fait juste parce qu’il sait que l’excitation que cela me procure se traduit par un plaisir d’autant plus intense pour lui ; mais qu’importe, je suis fou, j’ai envie de tout faire pour lui donner encore plus de frissons ; je lui caresse les boules, elles sont lourdes, chaudes, rebondies, bien pleines ; j’att ses fesses, je les serre, c’est musclé, c’est dur comme du béton…
Il faut avouer que, plus ça va, plus je trouve un côté sacrement excitant dans le fait de faire ça dans l’entrée, au pied de l’escalier, avec le danger de se faire gauler.
Un danger limité, certes, vu l’heure, mais un danger quand même.
Le bobrun semble vraiment prendre son pied… je lève les yeux et je le vois penché au-dessus de moi, les deux bras croisés appuyés au mur, au-dessus de ma tête coincée un peu plus bas, le front appuyé à ses avant-bras… je l’entends haleter, respirer de plus en plus profondément, comme un petit taureau excité.
Nos excitations se mélangent, nos transpirations aussi : au fil de ses va-et-vient, ses abdos caressent mon front moite, alors que des gouttes de transpiration tombant de son front tombent sur mon nez, dans mon cou… dans le petit espace la température monte encore, ça sent la transpiration de bogoss, la queue de bogoss, l’orgasme de bogoss tout proche. L’ambiance est moite.
« Ah, tu aimes ça, hein, te faire défoncer la bouche… tu veux mon jus, hein ? Tu vas l’avoir et tu vas l’avaler comme une bonne chienne… ».
Bien sûr que je le veux…
« Je vais jouir, putain… ».
Le bobrun vient tout juste de m’annoncer cette bonne nouvelle ; et là, on entend des voix dans la rue, des voix approcher à grand pas. Je me dis que, vu la proximité de sa jouissance, on ne va pas s’en inquiéter…
Pourtant, je vois, je sens mon bobrun reculer comme un éclair, s’arracher de ma bouche ; j’ai juste le temps de voir cette queue tendue et prête à lâcher sa semence disparaître dans le boxer.
Les voix, une masculine et une féminine, s’arrêtent devant la porte.
« Où est-ce que j’ai mis ma clef maintenant ? » fait la voix féminine.
« Dans ton sac, je pense… va la trouver maintenant… » répond le mec, taquin.
Je regarde Jérém ; il est en panique, en train s’essayer de remballer son matos en vitesse, dans ces enveloppes en coton devenues trop petites pour contenir son excitation maximale ; l’alcool et la panique le rendent maladroit, il a du mal à boutonner son pantalon ; et surtout à boucler sa ceinture.
Toujours à genoux, je m’avance vers lui, je dégage ses mains et j’entreprends de boucler sa ceinture à sa place ; son haleine chargée d’alcool, de cigarette, de tarpé et d’excitation me fait frémir ; c’est dans un état d’émoi insoutenable que je sens enfin sa ceinture se boucler sous mes doigts.
« La voilà… tu n’es qu’une mauvaise langue, Quentin… » fait la fille, narquoise.
J’entends le bruit de la clef insérée dans la serrure. Jérém m’att violemment par le poignet, me forçant à me lever.
Je suis débout, le battant s’ouvre ; je regarde Jérém ; dans l’affolement, son t-shirt est à moitié coincé dans le pantalon, à moitié dehors ; sa ceinture est bouclée, mais le bout dépassant de la boucle pendouille devant sa braguette ; son front est ruisselant de transpiration, son visage affolé… mon bobrun affiche un air débraillé qui le rend, certes, sexy en diable, mais qui semble raconter dans les moindres détails ce qui était en train de se passer un instant plus tôt…
La fille et le mec rentrent.
« Ah… tiens… salut Jérémie, ça va ? » fait la fille en lui claquant la bise.
« Très bien, et toi ? » fait mon bobrun à bout de souffle.
« T’as couru le marathon ou quoi, t’as l’air tout essoufflé… » elle demande.
Non, il allait jouir dans ma bouche si tu avais tardé encore quelques secondes, pétasse… mais de quoi je me mêle…
« Presque… j’ai pris un verre avec des potes, et je suis vite rentré » bafouille Jérém, tout en serrant la main du mec ; puis, il détourne la conversation en se lançant dans les présentations « c’est mon pote Nico… elle c’est Ludivine, la voisine du dessus, et son copain Quentin… ».
La fille me claque la bise, tout en lâchant :
« Je crois qu’on s’est déjà croisés une ou deux fois dans l’immeuble… ».
« C’est possible, on a révisé ensemble avant le bac… » je me lance.
« Non, c’est plutôt à des heures plus tardives, quand je rentre de l’hôpital… »
« Ludivine est aide-soignante… » explique Jérém en me regardant ; puis, à l’intention de la voisine « Nico est venu parfois boire une bière à l’appart… ».
« Il me semble que je t’ai croisé un dimanche matin… ».
Mais qu’est-ce qu’elle cherche, celle-là ? Lâche-nous un peu les baskets à la fin !
« Tu veux bien qu’on monte Ludi, on crève de chaud ici… » fait Quentin, me devenant soudainement très sympathique.
« Allez, bonne soirée les gars… amusez-vous bien… » fait elle en empruntant les premières marches.
Elle me gonfle celle-là.
On les regarde monter, on les écoute ouvrir la porte sur le palier du premier, rentrer et refermer derrière eux.
Sans un mot, Jérém s’engage lui aussi dans l’escalier, la démarche un brin titubante.
Sans instructions de sa part, je lui emboîte le pas, direction le palier du deuxième, me disant que, malgré ce qui vient de se produire, il doit avoir envie de terminer ce qu’il avait bien commencé et presque fini dans l’entrée.
Il est tellement rond qu’il a du mal à glisser la clé dans la serrure… heureusement que ça en est autrement avec sa queue dans ma bouche.
Oui, l'amour nous soulève jusque-là où nous sommes destinés… même si ce n’est que pour faire une pipe à un mec saoul au deuxième étage d’un appartement en ville…
La porte s’ouvre sur un appart à moitié vide, avec du bazar et ces cartons jonchant le sol, ce qui me renvoie immédiatement au fait que c’est certainement la dernière fois que je fous les pieds dans cet appart qui a été le théâtre de notre histoire.
Evidemment, Jérém ne trouve pas nécessaire de m’expliquer le pourquoi de ce souk. Peut-être qu’il se dit tout simplement que ce ne sont pas mes oignons. Ou bien, il est tellement défoncé que ça lui passe à des kilomètres au-dessus de sa jolie tête…
Mais moi je sais ; grâce à Thibault, je sais. Je sais qu’il doit rendre les clefs dans deux jours et que ce lieu symbolique, le théâtre de nos premiers ébats, la scène de mon dépucelage, le cadre de tout ce plaisir qu'on s’est donné, va devenir inaccessible, comme s’il disparaissait de la surface de la Terre.
Jérém quitte ces lieux ; s’il le faut, à la rentrée, un autre étudiant, peut être un autre petit con ultra bandant, prendra sa place ; comme lui, il baisera des nanas à tout va ; comme lui, peut-être, il dépucèlera ce camarade de classe auquel il a volé le cœur.
Impossible de ne pas me demander où est-ce que nous nous retrouverions désormais pour nos galipettes, si tant est qu’il le voulait. Cet appart va vraiment me manquer. Il s’en est passé des choses entre ces quatre murs... s’ils pouvaient parler…
C’est dur de penser qu’une page se tourne avec ce déménagement, une page de nos vies, et que la prochaine page nous ne l’écririons pas forcement ensemble.
Une page que je sens déjà en train de se tourner à cet instant précis. Bien sûr, je suis content qu’il m’ait permis de monter ; cependant, j’ai quand même une étrange sensation : je le trouve froid, limite hostile à mon égard, comme si ma présence le dérangeait.
En montant les escaliers, je me disais qu’une fois à l’appart, dès la porte refermée derrière nous, il se dessaperait et m’ordonnerait de le sucer, de le faire jouir... j’adore ses « viens sucer » sans appel qui me font vibrer et qui transforment mon envie en besoin ; j’adore son côté macho très sûr et très fier de sa queue.
Mais une fois à l’appart, je le vois avancer vers le lit, ôter son t-shirt, allumer une cigarette et s’allonger.
Je ne l’ai pas souvent vu fumer dans l’appart, sur le lit, cela semble confirmer le fait qu’il doit être vraiment bien défoncé. La fumée se répand vite dans le petit séjour, elle m'irrite le nez.
Le silence est pesant, son attitude bizarre. Je ne sais pas pourquoi il m’a fait monter, si c’est pour vivre ce malaise.
Ce malaise qui m’ôte tous mes déjà faibles moyens et qui me rend impossible de lui parler comme je l’avais imaginé. Non, ce n’est pas cette nuit, devant un Jérém rond comme une bille, que je trouverai le courage de lui dire à quel point je l’aime.
Je le regarde fumer, son torse nu dépassant de son pantalon porté scandaleusement bas, révélant ce pli de l'aine si sexy, laissant devine à peine le tissu du boxer, barrière de coton qui me sépare de cette queue qui me rend dingue ; trop envie de le sucer pendant qu’il fume.
C’est pas des papillons dans le ventre que j'ai en le regardant, c'est pas mal au ventre, c'est pas des nœuds dans la gorge, c'est comme si j'avais de la lave en moi tellement ça brûle, tellement c'est insoutenable...
Le regard perdu dans le vide, sa chaînette abandonnée entre ses pecs ; son tatouage si sexy ; sa main libre coincée entre la tête et l’oreiller, son aisselle finement poilue bien en vue, dégageant clairement une appétissante odeur de mec. Il continue de me narguer...
En fait, je crois qu’il attend tout simplement que je lui défasse la braguette et que je le suce. Je me décide enfin à me glisser entre ses jambes et à aller à la rencontre de la bête.
« Oui, vas-y, suce moi… ».
Mon regard est aimanté par ce boxer blanc dessinant avec une précision diabolique sa queue qui semble un peu retombée mais dont le gabarit reste plus que respectable. Tu prêches un convaincu, mon Jérém… évidemment que je vais te sucer, mon beau… mais j’aime bien t’entendre me l’ordonner…
Je descends son boxer et je le prends entre mes lèvres ; je le suce avidement, poussé par une seule envie, celle de sentir le jus de sa bogossitude se déverser à grands traits dans ma bouche.
J’y vais comme un fou : l’idée de le sucer, alors que l’ivresse fait ressortir ses instincts de mâle en rut, me plaît bien et me donne envie de me surpasser.
Pourtant, très rapidement, et en dépit de ma bonne volonté et de mon entrain, sa queue ne semble pas vouloir passer du statut de demi-molle à celui de très très raide, statut dans lequel je l’avais laissée en bas des escaliers une poignée de minutes plus tôt.
« Vas-y, fais-moi jouir, putain ! » je l’entends m’ordonner rageusement.
Je redouble d’entrain, d’inventivité, je titille ses tétons, je caresse ses boules, je me pousse même à lui faire ce truc avec ma langue sur son ti trou qu’il affectionne tout particulièrement, mais rien n’y fait.
J’ai même l’impression, se faisant très vite certitude, qu’il débande.
Je le sens frustré, de plus en plus énervé ; je ne veux pas le décevoir, je redoute sa réaction de macho si je n’arrive pas à lui offrir son plaisir de mec.
Je le reprends en bouche, il me repousse. Il se branle. La branlette, le plaisir qu’on se fait à soi-même, valeur refuge pour faire réagir un corps qui ne veut pas. Personne ne sait mieux nous offrir notre plaisir que nous-mêmes. C’est un plaisir moins exaltant, car il exclut la part que le désir et le contact de l’autre apporte à notre jouissance, mais un plaisir assuré.
Je le regarde se branler longuement : je dois admettre que c’est très excitant de le regarder faire sans pouvoir y toucher.
Sa respiration se fait de plus en plus bruyante, je sens qu’il fatigue ; pourtant, sous l’effet de sa main, sa queue semble reprendre de la vigueur.
Il se relève brusquement ; mais alors que j’apprête à le reprendre en bouche, ses mains me retournent, je me trouve à plat ventre sur le lit : le bogoss veut changer son « fusil » d’« épaule ». Je l’entends cracher sur ma rondelle et tenter de s’enfoncer à moi en accompagnant sa queue avec sa main ; il essaie, n’y arrive pas, se retire, se branle, revient à la charge, toujours sans succès.
Après s’y être repris plusieurs de fois sans succès, il s'arrache de moi. Je le sens frustré et blessé dans son orgueil de mâle, je voudrais trouver les bons mots pour le rassurer, mais je ne sais par où commencer. Il faut dire que jamais je n’aurai imaginé me trouver dans cette situation avec lui, d’habitude si fringuant.
Je me prépare à me relever, j’ai envie de le serrer contre moi, de lui montrer que ça n’a aucune importance pour moi, que j’ai juste envie d’être avec lui. Mais avant que j’aie pu faire le moindre mouvement, le bobrun me retourne, se met à califourchon sur mon torse, il enfonce direct sa queue mi-molle dans ma bouche…
Il ne s’avoue pas vaincu mon bel étalon… alors, je tente le tout pour tout. Et pendant que je m’affaire pour lui offrir une fellation musclée, je suis étonné de lui voir accomplir ce geste inattendu, un geste qui ne semble pas du tout coller avec son état d’esprit du moment : il att un coussin et il le met derrière mon cou pour me caler.
J’essaie de me concentrer sur cette pipe et ne pas me poser des questions sur l’intention à l’origine de ce geste : espérer de la bienveillance de la part de Jérém, j’ai appris à ne pas rêver ; à tous les coups, ce geste c’est juste pour me mettre en condition de mieux le pomper.
Je me donne à fond pendant un long moment. Hélas, j’ai beau y mettre tout mon talent et mon énergie, sa queue ne régit guère.
Je commence à fatiguer moi aussi. J’essaie de caler autrement ma tête contre l’oreiller, mais Jérém recule son bassin et s’arrache à nouveau de ma bouche.
Je le vois passer le revers de la main sur le front trempé de sueur, je le vois frotter son visage avec ses deux mains, secouer la tête comme pour se réveiller.
Mon ti Jérém est HS pour cette nuit : l’heure tardive, la fatigue après des semaines de service à la brasserie jusqu’à pas d’heure, l’alcool, le tarpé ; oui, même un ti con de son espèce a des limites.
Cela ne m’empêche pas de me sentir frustré à mon tour : déjà, parce que j’avais vraiment envie de lui offrir cette jouissance ; ensuite, je suis triste et mal à l’aise pour lui : je devine à quel point pour un petit macho de sa trempe ça doit être humiliant de courir jusqu’à s’essouffler, sans arriver à marquer de but. Je me dis qu’il a peut-être dû ressentir un peu la même frustration lors du match raté de la demi-finale. A cet instant, Jérém doit être vraiment contrarié...
Certes, moi je sais que mon Jérém a déjà fait bien mieux que ça : j’ai le souvenir de nombreuses fois où le compteur de ses orgasmes semblait ne jamais devoir s’arrêter ; je pense notamment à la nuit avec Romain ; où à celle de samedi dernier, avec Thibault. Que de jouissances, en à peine quelques heures…
Oui, moi je sais que mon bobrun est capable d’exploits assez incroyables, et il le sera à nouveau après une bonne nuit de sommeil ; mais je suis sûr qu’à cet instant précis, lui ne voit que l’échec.
J’avais un peu pressenti, déjà lorsque nous étions dans l’entrée, qu’il n’était pas dans sa forme habituelle… ce qui semblait expliquer la virulente de ses coups de reins ; je me dis maintenant que si lui aussi a senti à un moment ou à un autre que ça allait être difficile pour lui d’arriver au bout, c’est peut-être la peur de la panne qui a fini par devenir la cause principale de la panne…
« Reviens un peu… » je tente de l’encourager, tout en portant une main sur une de ses fesses pour lui suggérer le mouvement de retour vers ma bouche, prêt à tout donner pour relancer la machine et pour ne pas le laisser sur ce sentiment d’échec.
« Laisse tomber, je te dis ! » je l’entends réagir brusquement, alors que sa main dégage la mienne tout aussi promptement, avec un geste très sec. Il recule, descend du lit, disparaît dans la terrasse ; il s’allume une nouvelle cigarette.
J’ai envie de lui dire que ça ne fait rien, sa queue je l’ai quand-même bien sentie passer dans tant d’autres occasions, j’ai envie de trouver le moyen pour consoler son ego de jeune mâle blessé.
Mais je devine que quoi que je dise, ça n’aurait d’autre effet que de le mettre encore plus en pétard : alors, je choisis le silence.
J’imagine qu’il va falloir que je quitte les lieux rapidement. Pourtant, j’angoisse et je culpabilise à l’idée de le laisser partir sur ce petit échec.
J’imagine déjà que ça va être carrément impossible de le retrouver après ça ;car il ne me laissera jamais l’occasion de rattr le coup.
Je m’apprête à me lever ; et là, je le vois revenir vers la porte vitrée, s’arrêter sur le seuil, prendre appui avec l’épaule sur le montant de l’encadrement, beau comme un dieu dans la nudité dans la pénombre.
« Tire-toi » je l’entends me lancer, froidement.
« Tu sais, Jérém, c’est pas gra… ».
Je n’ai pas le loisir de terminer ma phrase car, cigarette au bec et regard fulminant de colère, il s’avance vers moi comme une furie, m’att violemment le bras, m’arrache du lit et me balance vers la porte d’entrée, tout en me lançant méchamment :
« Putain ! Casse-toi, sinon ça va mal se finir ! ».
« Jérém, s’il te plaît… » je tente de le raisonner.
« Dégage ! » il finit par me balancer. Voilà qui est lâché : celui qui je considère le plus blessants des mots.
Devant son « Dégage ! » je ne trouve plus la force de réagir, je ne trouve plus rien à retorquer. Je suis perdu, abattu. Défait. Il n’y a plus rien à dire, plus rien à faire.
Il y a une chanson d’ABBA dont le titre résume bien mon état d’âme de cet instant, elle s’appelle « When all is said and done », « Quand tout est dit et fait ».
Alors, je me tire. En claquant la porte, je me tire.
Ce n’est que dans l’escalier que je laisse mes larmes monter comme une rivière en crue, embuer ma vue, ruisseler sur mon visage.
Quel gâchis de dire adieu à cet appart de cette façon, sur cette note. Cet appart c’est l’un des lieux les plus marquants de mon existence ; dans cet appart j’ai découvert l’amour physique, cet amour qui s’est combiné à l’amour tout court, le rendant immense, aveuglant ; dans cet appart, et suivant l’humeur de son locataire, j’ai couché, baisé, fait l’amour ; dans cet appart j’ai passé mes premières nuits avec un garçon. J’ai aussi donné les premiers baisers à garçon ; baisers volés, certes, la plupart du temps, mais baisers si bouleversants.
Appart de l’amour des illusions. De la haine et des désillusions. Dans cet appart j’ai été heureux, mais aussi triste, très triste : mais jamais comme cette nuit.
J’ai le cœur lourd en passant dans la petite entrée où j’ai failli faire jouir Jérém. Je ressens un profond désespoir s’emparer de moi lorsque je remonte pour la dernière fois la rue de la Colombette en quittant l’appart de Jérém.
Car, je le sais, je ne suis pas juste en train de quitter un lieu ; je suis aussi et surtout, en train de quitter le garçon que j’aime. Pour toujours.

[Cet épisode paraît ici dans une version écourtée. La version complète, dont le titre est « 53.6 Julien. Ewan et Philippe. Jérém », avec une nouvelle leçon de conduite du sexy Julien, est disponible sur jerem-nico.com].

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