Lectures Érotiques (1). Jacques Montfer : Le Joyau (Editions Blanche 2009)
LAUTEUR
Né en 1946, Jacques Montfer a suivi des études générales dans le plus important lycée d'Alger, cette ville où ses parents s'étaient aventurés au lendemain de la guerre, alors qu'il n'était encore qu'un jeune .
Son père juif polonais a rejoint le maquis à lâge de 17 ans en 1943, en Auvergne.
Après une vie professionnelle exercée dans le commerce, Jacques Montfer a entrepris l'écriture de sagas relatant, du fait des deux guerres mondiales qui ont bouleversé lEurope et sa géopolitique, la vie mouvementée de sa famille et de celle de son épouse au cours du XXe siècle, depuis la Russie et la Pologne jusquà lAlgérie de la décolonisation.
En 2008, Jacques Montfer couche sur le papier les premières phrases d'un roman damour qui au fur et à mesure de son écriture, et inexplicablement comme il le souligne lui-même, se fera fortement érotique.
LE LIVRE LE PLUS EXCITANT DE CES DIX DERNIERES ANNEES
"Le Joyau", qualifié par les éditions Blanche comme le roman le plus excitant de lannée, est publié en 2009. "Anaïs" (2013) est son deuxième roman. Sans doute le livre le plus excitant de ces dix dernières années. Dans l'insouciance et la libéralisation des murs des années 70, époque bénie des femmes-fleurs, le narrateur nous livre l'histoire de Maryka, sa femme à l'appétit sexuel inassouvi. Le narrateur, très jeune encore, rencontre son « joyau » en la personne de Maryka, brillante étudiante à la beauté incendiaire.
Il lépouse très vite, conscient quelle affole les hommes sur son passage mais bien décidé à jouir seul de son trésor. Il se trompe. Maryka, volcan de sensualité et dexigence sexuelle, attire, provoque, soffre au premier venu, à lami, aux amis, connus ou inconnus. Au silence du mari succède la complaisance, bientôt la complicité. Elle lentraîne dans un vertige de luxure, de rencontres échangistes, de perversité. Létudiante bien élevée est devenue bacchante, libertine et nymphomane.
D'un mariage bourgeois à l'abandon des sens dans une débauche de plaisirs, l'auteur ne cache rien des pulsions de son « joyau » qu'il pousse, autant par vice que pour satisfaire ses fantasmes, à se livrer à tous les hommes qui la réclament. Et Dieu sait si la jeune beauté de sa femme déclenche les passions masculines sur son passage.
Addict au sexe des hommes, Maryka ne peut concevoir une journée sans être prise par des inconnus qu'elle utilise pour satisfaire son intarissable envie de jouissance. Et rien ne l'excite autant que de ramener à son mari, les preuves tangibles de ses multiples infidélités. Complice ou dindon, ce dernier s'excite aux récits incendiaires de sa femme qui ne lui épargne aucun détail de ses aventures.
Quelques extraits
« J'avais trouvé un diamant. Mieux. Un joyau. Le premier matin du monde.
Les rencontres se font parfois à Venise, le long du Grand Canal. Plus couramment devant une gondole. Au supermarché du coin.
Ma propre existence devait basculer alors que mon père, vendeur à domicile, avait exigé ma présence à ses côté le temps d'une journée de travail. « Tu verras ce qu'est la vie ! », avait-il dit, inquiet de mes résultat scolaires.
C'est en cet ennuyeux matin donc, tandis que je somnolais sur une chaise rigide avec pour fond sonore les voix de mon père et de sa cliente, que retentit dans mon cerveau le légendaire générique de la 20 Century Fox, la plus inattendue des étoiles illuminait le ciel de mon univers. La plus somptueuse aussi : la fille de la maison.
Une bombe nucléaire m'explosait à la figure.
J'étais irradié.
Dix-sept ans seulement, encore vierge peut être -non sans combats héroïques- mais tellement femme déjà. Et nom de Dieux, quelle femme !
Juste avant de tomber de ma chaise, mon regard hagard n'eut que le temps de fixer l'hyper micro-jupe d'une créature toute neuve mais déjà consciente de sa toute-puissance de sex-symbol atomique.
LA PREMIERE FOIS
Ce sera un soir de vacances, en présence de son mari, que Maryka va soffrir à leur ami Daniel
« Je jouis toujours plusieurs fois quand je suis prise. Mais lorsque je sens le sperme dun homme se déverser en moi, alors là, cest lexplosion, la déferlante. Ça menvoie en lair dune manière inimaginable ! Je jouis comme une folle, mon corps devient incontrôlable, jai limpression dêtre prise de convulsions. Mon plus grand plaisir est den recevoir beaucoup, den être pleine. «
Et les risques dêtre enceinte ?
« Chaque fois quun homme jouit en moi, je pense quil me met enceinte. Cest cette possibilité réelle qui, à ce moment-là, décuple mon ultime plaisir. Je me sens terriblement femelle.»
Dès cette première fois, le mari va à son tour mélanger sa semence à celle de lamant.
« Vas-y crache, vide-toi dans ta pute, crache encore, mélange ton sperme au sien, mélange je te dis ! »
Maryka aura aussi droit à une double pénétration de la part de son mari et de son amant Daniel.
Pendant un certain temps, Daniel vient au domicile du jeune couple pour « saillir » Maryka.
« Jaime quand il vient sans prévenir. Il vient ici, comme au bordel, tirer son coup et remplir de sperme sa pute préférée »
LE MARI COMPLICE
Mais bientôt Daniel ne suffira plus. Il en faudra dautres, et dautres et dautres encore.
« Jadore quand tu regardes quand ils me baisent à plusieurs, quils me tournent et me retournent comme la dernière des putains »
Le mari est devenu le complice des débauches de lépouse. Il tient un « carnet de baise » sur lequel il recueille les exploits de son joyau.
« Je coucherai avec tous les hommes qui me plaisent et aussi avec ceux que tu voudras.
Voilà encore un état desprit semblable au mien, Philippe nayant toutefois pas respecté cette exigence. Il nempêche que, moi aussi, je ne supporte pas quune autre sapproche de lui. Pour des femmes comme Maryka ou moi, la liberté nest donc pas réciproque !
Maryka sadresse à son mari : « Lorsque je suis prise par un ou plusieurs mecs, ton regard sur moi maffole. »
Cest exactement ce que je ressens : mon plaisir est bien plus fort quand Philippe est présent !
PLUS DE LIMITES
Maryka naura pas de limites et, par vice, ira jusquà la prostitution, toujours avec la complicité de son mari. « Ainsi cétait fait. Elle avait osé. Mon épouse, ma femme, mon extraordinaire joyau, avait appartenu à des hommes qui lavaient payé pour jouir de son corps. Elle leur avait accordé, et de quelle façon magistrale, ce quaucune putain au monde naccorderait à des clients de passage. »
Maryka sexplique : « sache que jéprouve souvent le besoin brutal de me faire baiser par nimporte qui, darpenter le trottoir et de racoler les mecs. (
) Je sais que je suis folle, mais jai besoin de faire la pute de temps en temps (
) Jai besoin de sentir le regard des hommes parcourir mes jambes et fixer mon cul quand je monte lescalier en minijupe, savoir quils bandent comme des ânes en imaginant ce quils vont me faire. Jai envie de leur bite dans ma bouche, de les voir se vautrer sur moi comme des phoques sur la grève, les yeux ivres au moment où leur sperme menvahit. Je jouis chaque fois comme une damnée. »
Je ne suis pas allée jusque-là, mais je me suis comportée comme une putain quand, sous la coupe de Rachid, jacceptais de me rendre dans les foyers, sur les chantiers ou encore chaque semaine dans la cité pour moffrir à ceux que Rachid avait choisis.
Le mari ira jusquà se dissimuler dans un placard pour assister clandestinement aux ébats de son épouse.
Comme moi vis-à-vis de Philippe, Maryka aime son mari : « tu es ma vie, tu es mon mec. Les autres ne sont que des jeux, des bites. Malgré ces pulsions qui me poussent à coucher avec nimporte qui, sois persuadé que je taime. Dun amour profond. »
Un des passages les plus excitants du roman est quand Maryka soffre (son mari nen perdant pas une miette depuis son placard) à un motard noir à la formidable érection.
« Ses cuisses souvraient largement aux puissants coups de reins que le guerrier assénait. (
) Jaurais juré que lhomme la pénétrait jusquà la gorge. Le visage tourné vers les miroirs, Maryka avait joui plusieurs fois. Comme une dénégation, sa tête balançait de droite à gauche puis simmobilisait. Son regard se vidait, figé dans une sorte de catalepsie. »
Il y a en particulier la description dune sodomie digne de Messaline : « le Noir sétait longtemps déchaîné, mâle anonyme au sexe de cheval dont les assauts la percutaient en vagues incessantes, secouant ses seins. La pouliche blonde sadmirait dans les miroirs, sodomisée comme elle ne lavait jamais été par un centaure dont la masse semblait lécraser. Elle était domptée. Soumise. Vaincue. (
) Ivre de lubricité, elle poussait ses reins poussait ses reins à la rencontre de lincessant va-et-vient. Tourné vers moi au-delà des miroirs, son visage affichait un double bonheur. Celui dune épouse livrée à la débauche sous le regard de son mari, et celui dune courtisane soumise à une étreinte stupéfiante dont la bestialité exaltait ses sens ».
Ces lignes, jaurais pu les écrire au sujet de mes étreintes avec Ahmadou.
La rencontre avec ce motard Noir est un tournant. La putain devient la maîtresse de cet homme.
« Plante ton nud, mon bel esclave, donne-moi ta sève, donne ton sperme à ta putain blonde, crache dans son ventre, crache beaucoup surtout, mets-moi enceinte, tu entends, mets-moi enceinte. »
« Maryka mourrait de jouissance sous la masse du gladiateur affalé sur elle, recueillant son sperme comme un philtre magique. »
LA BOITE ECHANGISTE
Maryka et son mari se rendent dans lune des premières boites échangistes de la Côte dAzur.
« Maryka était vêtue, si lon peut dire, dune ultra minirobe lamée or dont le haut, style marcel, laissait toute liberté à ses seins. Les uvres dart doivent être exposées au public, avait répondu Maryka à la vendeuse estomaquée, alors quau moment de lessayage, la jeune femme lui faisait remarquer que ce genre de robe nécessitait le port dun chemisier. Ce que ma belle avait aussitôt récusé, obtenant mon assentiment. »
Maryka sera la cible privilégiée de la soirée, abandonnée aux assauts qui se succédaient : « Trempée de sa propre sueur mêlée à celle de ses partenaires, (
) elle était épuisée dorgasmes. »
« Ce soir ça dépasse tout, je dois être folle. (
) Ca mest incompréhensible quelquefois. Je me conduis comme la dernière des salopes. Je taime.
Je taime aussi, mon amour. Mais laisse-moi rectifier. Tu nes pas la dernière des salopes. Tu es la toute première. »
LE CANDAULISME PEUT AUSSI ETRE UN JEU DANGEREUX
Le danger du candaulisme est que lépouse, à qui toute liberté est accordée, ne finisse par tomber amoureuse dun autre homme.
Cest ce qui arrive à Maryka avec son gynécologue. Comme lécrit lauteur « Pour la première fois, jétais cocu.
Quest-ce que cest que cette histoire ? Dis-moi tout. Jai le droit de savoir.
Je laime, avait-elle simplement répondu en regardant ses ongles.
Quoi, tu laimes ? Tout dun coup, je nexiste plus ?
Mais je taime encore, avait-elle protesté. Il sest passé quelque chose entre nous, cest tout.
Cest tout ? Et merci pour le « encore »
Il veut que je vive avec lui. Il est fou de moi. »
Maryka est déchirée entre son mari et son amant.
Comme je lai fait avec Hassan et Philippe, elle veut garder les deux.
« Je viens de rentrer, avait-elle soufflé. Je suis pleine. Baise-moi ! »
« Chaque nuit à nouveau, je la prenais dès son retour. (
) Mon excitation se trouvait malgré tout gâchée par létrange sentiment de ne plus être que le surnuméraire, celui à qui elle se donnait pour monnayer sa liberté. Cependant ce sentiment évoluait au fur et à mesure des orgasmes que Maryka soctroyait avec moi. »
Il sen suit « plusieurs mois de violents combats ».
Maryka finit par quitter le domicile conjugal, pour vivre dans un meublé loué par son amant.
« Un soir, jeus la surprise de la trouver assise sur les marches, devant notre porte, les cuisses largement découvertes par lune de ses micro-jupes (
). Elle sétait rapidement offerte à moi (
°
Cest par pitié ? Ou parce que tu ne veux toujours pas que jen touche une autre, même dans mon désespoir.
Tu me manques, avait-elle soufflé. Cest toi que jaime.
Tu peux dire ça plus fort ? Je crois avoir mal compris, là.
Tu me manques !!! hurla-t-elle. » (
) Il est trop jaloux, mavait-elle dit. Il me questionne tout le temps. Trop exclusif. Et tu sais que moi jai besoin de
Je sais, lavais-je coupée. Je permets. Jen jouis. Et je taime. Rien de changé. »
Maryka rompt immédiatement avec son gynécologue. Celui-ci lui avait dailleurs expliqué pourquoi, malgré ses innombrables amants et le fait quelle ne prenait aucune protection (temps bénis davant le SIDA), Maryka nétait jamais tombée enceinte : temps dovulation trop court !
Revenu par la suite à une sexualité plus « sage », le couple finira par avoir un fils.
Maryka sétait amusée à estimer le nombre de ses partenaires en une dizaine dannées de « débauche », avec une moyenne dune vingtaine de partenaires par mois !
MARYKA ET MOI
Le couple candauliste que forment le narrateur et Maryka a, sur beaucoup de points, un fonctionnement similaire à celui que je forme, moi, Olga, lépouse hypersexuelle de mon mari candauliste Philippe. Je vais examiner ces points communs.
1. Comme moi, Maryka est hypersexuelle. Dans le récit, elle se qualifie de nymphomane. Ce nest pas que de la sémantique. Ce qui distingue la nymphomane de lhypersexuelle, cest la capacité de réguler, de freiner, voire de mettre fin à ses pulsions. Or, à la fin du roman, après 9 ans de « pratique », le couple décide de sassagir et de mettre fin à la multiplicité des partenaires, pour fonder une famille. Cette capacité à arrêter de façon si brutale confirme que Maryka nétait pas nymphomane. A la différence de Maryka et de son mari, nous avons décidé, Philippe et moi, après les périodes vécues avec Rachid, puis avec Hassan, de limiter, de « réguler » mon hypersexualité. Je parlerai de ce nouveau « pacte candauliste » que nous avons conclu après mon retour auprès de Philippe.
2. Comme cest le cas de Maryka, je suis exhibitionniste. En ce qui me concerne cest mon mari Philippe qui ma poussé et a fini par me convaincre de porter des tenues particulièrement « scandaleuses ».
3. Comme moi, Maryka préfère que son amant se vide en elle, au risque de tomber enceinte. En ce qui me concerne, cest ce qui sest passé avec Rachid et, plus récemment, avec mon amant N. Comme Maryka, ma jouissance est plus forte dans ce cas. Comme Maryka, je me sens alors « terriblement femelle ». Compte tenu du SIDA et des MST, je nai toutefois laissé mes amants éjaculer en moi que dans un nombre limité de cas, ce qui nempêche pas que jai couru des risques importants, y compris en ce qui concerne les grossesses, car je nai pas un temps dovulation aussi court que Maryka.
4. Comme cette jeune femme encore, ma jouissance est décuplée par la présence, la complicité et la participation de lhomme que jaime, à savoir mon mari Philippe.
5. Comme ce couple, nous avons joué un jeu dangereux. Maryka était tombée amoureuse de son gynécologue, moi de Hassan, pour lequel jai temporairement quitté Philippe. Comme Maryka je suis au final revenu vers mon mari candauliste, le seul capable dapporter à des femmes comme nous plaisir et liberté. Comme Maryka, jaime mon mari et il maime.
6. Maryka exigeait la fidélité de son mari. Je dois reconnaître navoir jamais posé cette exigence vis-à-vis de Philippe, mais avoir toujours été folle de rage quand une autre femme sapprochait de lui et parvenait à ses fins. Des femmes comme nous ne concèdent pas la réciprocité à leur mari candauliste. Elles ne sont pas partageuses et sont plutôt jalouses et exclusives.
7. Comme Maryka, jadore les amants particulièrement bien dotés par la nature. Le chapitre où le narrateur raconte les ébats avec ce motard black est un morceau danthologie et me rappelle limmense plaisir que jai eu avec Ahmadou.
8. Comme Maryka enfin, jaime, au cur de mes débauches être traitée comme une pute et comme la dernière des salopes. Mon plaisir est décuplé quand je suis traitée ainsi.
Il y a aussi des différences, nos deux histoires ne sont pas décalquées. Sur certains points, Maryka est allée plus loin, notamment sur la prostitution, même si jai toujours eu des doutes sur le désintéressement total de Rachid.
Par contre, contrairement à elle et à son mari, nous navons pas brutalement cessé hypersexualité et candaulisme. Nous les avons régulés. Ce qui fait que jai, à ce jour, eu bien plus damants quelle et que je compte bien poursuivre et longtemps !
« Le Joyau » est un merveilleux roman érotique dont je recommande la lecture et qui permet de mieux comprendre lhypersexualité et le candaulisme. Lisez, plutôt que de nous jeter la pierre !
Olga T.
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