Charles Et Julien 1

Partie 1 : voyage

Coup de fil du proviseur au labo : il souhaite me voir de toute urgence à son bureau dès la pause de dix heures…
«M Dupret, Votre collègue Mme Debauve est souffrante, elle ne pourra pas encadrer le voyage de la section européenne qui part demain, comme vous n’avez pas de charge de famille et que de toute façon vous n’auriez pas vos terminales pendant ces 3 jours qui précèdent les vacances d’hiver, accepteriez vous de remplacer votre collègue comme accompagnateur ? »
Le moyen de refuser ? Pas fou le proviseur, il minimise l’absentéisme des profs…
Bref me voilà à 4 heures du mat’ à attendre un bus dans le froid de ce mois de février en compagnie de deux jeunes collègues de langues qui me promettent de s’occuper de tout mais m’apprennent que l’hébergement sera délicat à organiser car Mme Debauve était comme il se doit prévue dans le dortoir des filles qui me sera interdit.
On verra bien, de toute façon le bus arrive. Il faut charger les bagages, compter les élèves, vérifier les documents administratifs et attendre les inévitables retardataires.
Le dernier à se pointer, c’est Charles, un élève de terminale qui me lance, accompagné d’un large sourire, « salut, c’est vous qui nous accompagnez ? On va travailler notre physique alors… ».
Après un voyage interminable, une visite du musée local et un quartier libre dans le centre, nous nous dirigeons vers à l’internat qui doit nous héberger pour ces deux nuits. Mon hébergement semble poser un souci : il n’y a que des chambres de deux. Le reste, je n’y entends rien. Finalement une de mes collègues s’adresse à moi embarrassée :
« Julien, au niveau de l’internat, tout est complet, il va falloir que tu partages la chambre d’un élève, encore heureux que Rémi ait attrapé la varicelle, sinon tu n’avais pas de lit !»
Me faudra-t-il choisir un heureux élu parmi la troupe d’élèves mâles du voyage ? Non.
L’organisatrice du voyage ayant déjà dégrossi la répartition, c’est Charles le compagnon de chambrée de l’infortuné Rémi qui devra partager ma chambre (ou plutôt moi la sienne !).


Les explications données aux élèves, Charles me couve du regard avec un sourire enjôleur et se dirige vers la chambre 13 qui nous a été attribuée.

Je contrôle rapidement que chacun occupe bien la chambre qui lui a été affectée puis me dirige vers la chambre 13. Charles est déjà installé. Il est débout, près de la fenêtre, à contempler le paysage urbain. A mon entrée il se retourne brusquement. « Ah oui, c’est vous. »
Son sourire me semble désarmant, il a l’air très mal à l’aise.
« Il nous faut nous installer rapidement, le repas est prévu dans moins d’un quart d’heure. Et le retour pas avant la fin du spectacle donné par vos correspondants en votre honneur ».
Je jette alors un coup d’œil circulaire à cette piaule : 2 lits superposés, deux armoires et deux bureaux. Fait qui me semble exceptionnel pour avoir connu l’internat au cours de ma scolarité : WC, douche et lavabo sont aménagés dans un coin.
« Quel lit voulez-vous prendre ? » J’ai l’habitude de vouvoyer mes élèves. Charles me répond du « celui que vous voulez, ça m’est égal » Je lui attribue d’office le lit du haut et je me réserve celui du bas. Il ne répond pas. Je déballe sommairement mes affaires et Charles, véloce quitte la chambre sans ajouter un mot et rejoint ses camarades dans le couloir. Je perçois quelques commentaires chuchotés puis de gros éclats de rire…
Je quitte la pièce à mon tour, Charles discute avec Cédric et Pierre. Je le regarde : mince, élancé, barbe bien taillée et coiffé avec une mèche rebelle blond châtain d’aspect négligé mais probablement savamment travaillée. Je donne le signal du départ vers le réfectoire où nous rejoignons les filles et mes collègues linguistes.
Le repas est l’occasion de rencontrer des collègues de cet établissement d’accueil, la discussion dans cette langue que je ne pratique plus depuis belle lurette me largue rapidement. Je regarde nos élèves. Je surveille presque inconsciemment Charles du coin de l’oeil.

Mon esprit vagabonde et revient sans cesse vers lui. Enfin arrive le temps du spectacle concocté par nos hôtes : chorale avec chants en français, en notre honneur !!! La soirée tourne à la boum avec une ambiance désuète, voire ringarde. Vers 23 heures la pleine lumière jaillit ; c’est l’heure de rejoindre les chambrées. La journée fut longue et un peu de repos avant d’affronter celle du lendemain ne fera pas mal à la troupe qui s’ébranle lourdement vers l’internat.

Je suis bien évidemment chargé d’accompagner les garçons dans ce court périple : ma consigne est claire : extinction des feux à 23 heures trente au plus tard.
Je regagne la chambre numéro 13. Charles est déjà là, comme il s’en est donné à cœur joie sur la piste de danse, il se prépare à prendre une douche, « avant de nous mettre au lit » me dit-il avec un sourire timide.
Je dois redistribuer les cartes d’identités aux élèves, ce que j’avais omis de faire tout à l’heure, je ressorts donc pour faire le tour des chambres et jouer au facteur. Bientôt, il ne me reste en main que celle de Charles, j’y jette un coup d’œil et remarque qu’il a fêté son dix-huitième anniversaire il y a neuf mois.
Je rentre dans la chambre sans frapper, et je me trouve face à face avec ce superbe jeune homme totalement nu, bien charpenté, le corps couvert d’un fin duvet qu’il l’habille magnifiquement ! Mon regard ne peut s’échapper de la contemplation de ce magnifique cadeau de la nature et je bredouille une phrase inaudible en lui tendant maladroitement sa carte d’identité. Lorsqu’il s’en saisi, nos mains se touchent, je ressens combien sa peau est douce, ça me transporte dans un état d’excitation qui atteint rapidement son paroxysme. Ma confusion est tellement palpable que Charles me lance avec « Vous, vous allez bien ? » lui aussi semble émus...
« oui, oui… » parviens-je tout juste à bredouiller en relevant les yeux vers lui.
Son regard me transperce, je ne vois plus en lui un élève mais l’objet de mon désir, mon pantalon devient soudain trop étroit, mon cerveau tourne à vide.
Il me faut me reprendre : il n’est pas question de mélanger sexe et vie professionnelle, surtout dans ma situation…
Je m’entends bredouiller « je vais prendre une douche moi aussi, ça va me délasser »
« oui, murmure-t-il, hésitant, alors qu’il vire au cramoisi, je sors voir Cédric une minute me jette-t-il soudainement» passant une serviette autour de sa taille et en sortant aussitôt.
Le charme est rompu, me retrouver seul dans la chambre me permet de me calmer un peu.
J’en profite pour entrer dans la cabine et faire couler l’eau la plus chaude possible, mais le robinet ne laisse plus couler qu’une eau tiède qui se refroidit de plus en plus, ne faisant que renforcer mon érection. Je décide donc de sortir rapidement. J’éteins la lumière et me couche nu sous la couette. Les rideaux laissent filtrer une lumière diffuse qui maintient la pièce dans une relative pénombre. J’essaie de mettre un terme à mes pensées érotiques que la raison condamne. Mais difficile d’oublier la vison de son corps, l’image de son sexe, la lumière de son sourire...
La porte s’ouvre, Charles rentre tourne la clé et s’approche du lit. Il ôte sa serviette, me livrant une fois encore le spectacle de sa nudité habillée seulement par la lumière singulière de la pleine Lune diffusée par la fenêtre. Je ferme les yeux, pour ne pas ajouter à ma . Je pense qu’il va grimper l’échelle et se coucher. Mais au lieu de cela, je sens la chaleur de son souffle se rapprocher. N’y tenant plus, j’ouvre les yeux pour découvrir son visage à deux doigts du mien, il me pose un doigt sur les lèvres, s‘allonge et se blottit contre moi.
« Chut, me souffle-t-il, c’est l’heure de ma leçon de physique »...






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