Ma Déchance (6)

Ma déchéance (6)
Une heure plus tard Julia gara la voiture dans une petite rue du centre- ville et m’entraina derrière elle jusqu’à l’artère principale. Il était environ 22 heures, la rue était plongée dans l’obscurité et je descendis tout d’abord de la voiture avec une certaine assurance… Je m’étais soigneusement préparée pour cette première sortie et pour être franche, je me trouvais très crédible et même plutôt séduisante. Ceci dit, la tenue que Julia m’avait choisie, petite jupe courte noire et pull beige moulant me paraissait très provocante mais je ne pouvais nier qu’elle se mariait à ravir avec mes cuissardes que je ne me lassais pas d’admirer ! Les talons étaient certes un peu hauts mais ma cheville et mon mollet étaient bien maintenus et je me sentais prête à arpenter la ville entière tant j’avais plaisir à les porter !
Mais mon assurance diminua au fur et à mesure que nous approchions de l’artère principale éclairée par de puissants lampadaires : aux nombreuses devantures de bars, de sex-shops et de cinéma porno, j’avais reconnu en effet un des quartiers les plus chauds de la ville. Où Julia prévoyait-elle de m’emmener ? Une sourde angoisse commença à m’étreindre à l’idée qu’il puisse s’agir d’une de ces établissements de plaisir que j’avais beaucoup fréquentées et où je risquais d’être reconnu par les patrons… Mais ce n’était pas mon seul sujet de préoccupation : sur les trottoirs déambulaient de nombreux passants, en majorité des groupes de mecs qui nous dévisageaient avec insistance lorsque nous les croisions…. Pour la première fois j’éprouvais la sensation que m’avait décrite de nombreuses fois Julia : celle de se sentir scrutée, déshabillée presque violée par tous ces regards pleins de convoitise et de luxure… Et pour la première fois, je me rendais compte du calvaire que vivent les femmes à cause d’hommes comme moi. Enfin… comme moi… avant…
- Alors, comment te sens- tu Clarisse ?
- Euh… pour être franche, je suis un peu mal à l’aise… Tous ces hommes qui me déshabillent des yeux, c’est très gênant ! Vous êtes sûre que je ne suis pas trop sexy ?
- Tu l’es en effet ma chérie mais je t’avais prévenue… Tu découvres ce que les femmes comme nous vivent tous les jours ! Tu es bien placée pour savoir que les mecs nous considèrent comme des objets sexuels n’est-ce pas ?
- Oui Madame…
- Cesse de m’appeler Madame ! Ce soir nous sommes deux copines désireuses de boire un verre et de s’amuser un peu.

Ok ? Appelle moi Julia.
- Oui Julia.
- Très bien, nous sommes arrivées. Suis-moi et n’oublie pas de sourire
Julia m’entraina à sa suite dans un escalier tapissé de velours qui menait dans une salle en sous-sol. A droite un bar étincelant occupait toute la largeur d’une immense piste sur laquelle ondulaient les danseurs éclairés par le scintillement des projecteurs. A gauche, s’alignaient des banquettes occupées par des couples enlacés, par des hommes seuls ou en groupe attablés devant des bouteilles d’alcool. A notre entrée, beaucoup de regards se posèrent sur nous et nous suivirent jusqu’au bar vers lequel nous nous dirigions. A ma grande surprise, Julia paraissait être connue : sur notre passage, plusieurs types lui firent un petit signe amical de la main, un ou deux se déplacèrent pour l’embrasser et certains même posèrent leurs mains sur ses fesses… A ma grande surprise elle se laissa faire. Attentive à ne pas trébucher, la démarche un peu raide je suivais Julia pas à pas comme un petit toutou stressée à l’idée qu’elle puisse me planter là pour rejoindre une de ses connaissances. Heureusement elle n’en fit rien et me présenta à eux comme une amie de province venue passer quelques jours à Paris.
- Hello les garçons, ça va ? Je vous présente Clarisse une copine. Clarisse chérie, embrasse-les, voyons! Excusez là, elle est un peu timide mais je suis sûre qu’elle va très vite se mettre dans l’ambiance… ah. ah…
Morte de honte, je dus faire la bise à au moins une dizaine de ses amis avant de pouvoir rejoindre le bar avec elle. Julia se percha sur un des hauts tabourets, croisa ses jambes et m’invita à m’assoir en face d’elle. J’essayais de me hisser à mon tour, maladroite sur les hauts talons de mes cuissardes qui glissaient sur la barre du tabouret et je pense que je serais tombée si un bras secourable ne m’avait pas soudainement aidé à rétablir mon équilibre. Confuse, je levais les yeux et découvris que c’était celui d’un homme jeune, la trentaine, plutôt grand et musclé, très bronzé dont le regard clair était braqué sur mes cuisses.
A ma grande honte je m’aperçus que ma jupe remontée dévoilait très largement la lisière de mes bas et les attaches du porte-jarretelles. Rougissante je m’affairais à remettre un peu d’ordre dans ma tenue tandis que l’homme maintenait galamment mon équilibre en attendant que je sois totalement installée. La scène n’avait bien entendu pas échappée à Julia qui souriait en me regardant me confondre en excuses.
- Et bien ma chérie ! Heureusement que ce beau jeune homme était prêt à bander ses muscles pour te rattr ! Je parierais que tu l’as fait exprès… Ah ah ! Mais voyons remercie-le comme il le mérite !
- Heu… oui merci beaucoup monsieur. C’est très gentil à vous…
- Embrasse- le voyons, chérie…
Je ne pouvais faire autrement que de m’exécuter. Hésitante je me penchais vers mon voisin, posais mes mains sur ses larges épaules puis déposais deux rapides baisers sur ses joues envahies par une virile barbe naissante. J’étais très troublée : ce n’était certes pas la première fois que j’embrassais un garçon mais je ne l’avais jamais fait en tant que fille. Un garçon qui portait, qui plus est, Dior Sport, mon parfum ou du moins celui que je portais autrefois. Un coup de blues tomba sur mes épaules …
- Merci encore…
- C’était avec un réel plaisir je vous assure ! J’aime secourir les jolies femmes en difficultés. Moi c’est José. Comment vous prénommez vous ?
- Heu… Clarisse.
- Mmmm ravissant ! J’aime beaucoup ce prénom ! Je suis espagnol d’origine. J’aime beaucoup la France et aussi les jolies françaises.
- Et bien ma chérie, tu ne me présente pas ? Moi c’est Julia et j’adore l’Espagne où je suis allée à de nombreuses reprises dans le cadre de ma profession. Clarisse mon amie de passage à Paris adore l’Espagne également. N’est-ce pas Clarisse ?
- Euh oui… J’aime beaucoup !
- Vous connaissez quelle région d’Espagne ?
- La région de Barcelone et le Sud
- C’est justement ma région d’origine : je suis de Malaga.

- Ah oui…nous connaissons Malaga ! Nous y avons passé de belles vacances n’est-ce pas chérie ?
C’était vrai. Deux ans auparavant nous avions passé trois semaines dans un superbe lotissement en bord de mer. Julia qui passait le plus clair de la journée au bord de la piscine m’avait laissé une certaine liberté. J’en avais bien sur profité pour draguer les filles sur le bord de la plage. Le souvenir d’une jeune hollandaise blonde que j’avais convaincue de me suivre dans le repli d’une dune me revint en mémoire. Je revis ses gros seins blancs et laiteux, ses fesses un peu trop volumineuses, ses yeux étonnés quand je l’eus pénétrée sans aucun préliminaire « Les français est une cochon » répétait-elle avec un accent des plus ridicules… J’effaçais ces images aussitôt. Quelle revanche pour elle si elle me voyait aujourd’hui affublé d’une mini-jupe et maquillée comme une pute !
- Puis je vous offrir un verre ?
- Avec plaisir José. C’est très aimable à vous. Pour moi ce sera un cocktail maison.
- Et vous Clarisse ?
- Euh… je préfèrerais un jus de fruit.
- Jus d’orange ?
- Très bien merci…
Cela faisait des mois que je n’avais bu la moindre goutte d’alcool ! Julia sous prétexte de me faire perdre quelques kilos superflus et d’affiner ma taille qui je l’avoue s’était un peu empâtée, me l’avait interdit. Depuis j’avais retrouvé « une ligne de jeune fille » comme elle le disait ironiquement et je ne m’en portais que mieux mais j’avoue que je mourrais d’envie de déguster une bonne vodka ou un whisky comme je le faisais quotidiennement avant que tout bascule…
- Clarisse tient à conserver la ligne ! plaisanta Julia. En plus, l’alcool lui tourne la tête et elle tombe dans les bras du premier venu quand elle en boit…
- Ah intéressant ! C’est dommage : j’aurais aimé être celui-là ! Avec des beautés telles que vous, tous les hommes rêvent d’être des tombeurs !
- Ah, ah, ah…
Je me forçais à rire un peu avec eux malgré la gêne qui me paralysait depuis que j’étais assise sur ce tabouret instable.
Les jambes croisées, le dos droit, les mains sur mes genoux, je sentais le regard inquisiteur de José posé sur moi comme un fer rouge. J’avais chaud, la sueur me coulait dans le dos par intermittence, la rougeur me montait au visage. Je me sentais prête à défaillir… Julia dû avoir pitié de moi car, quelques minutes plus tard, elle me proposa de la suivre aux toilettes pour soit disant nous refaire une beauté en attendant que soient servies nos consommations. Je ne me fis pas prier.
Dans ce secteur de la boite, l’air conditionné apportait une sorte de fraicheur qui me rasséréna quelque peu et je repris contenance. Julia devant le miroir, refit le contour de ses lèvres et m’invita à en faire autant.
- Rafraichis toi un peu et remaquille toi ma chérie. Ton rimmel a coulé un peu sur le coin à gauche…
- Euh…Je ne sais pas si je dois rester...J’ai peur…
- Peur de quoi ? Tu plaisantes j’espère ?
- Ce type, là… Ce José…
- C’est un garçon charmant crois-moi… Un peu dragueur comme tous les mecs mais ce n’est pas à toi que je vais apprendre comment se comporter avec eux.
- C’est-à-dire ?
- Oh ne joue pas les ingénues je t’en prie ! Il va te draguer, te peloter peut-être un peu ou t’embrasser et puis basta. C’est le lot de toutes les jolies femmes et il faut hélas s’y résigner… Si tu sais le remettre à ta place tu ne crains rien.
- Je… je ne parviens pas à croire que cet homme me prenne pour une vraie fille…
- C’est dans ta tête chérie ! Tu es ravissante et je suis sûre qu’aucun des mecs à qui je t’ai présentée ne se doute une seule seconde de ton petit secret… José pas plus qu’un autre. Tu as vu comme il te dévore des yeux ?
- Justement. Il me semble qu’il se doute de quelque chose. Il ne cesse de mater mes cuisses sans doute pour s’assurer de ce que je suis…
- Ta, ta ta… Les mâles matent les cuisses des filles depuis toujours et ce n’est pas prêt de se terminer. Dois-je te rappeler…
- Non Madame, euh… Julia, excusez-moi. Vous avez raison.
- Tu as fini ? Allez, on y retourne ! Et tâche de te ressaisir ma chérie ! Etre une femme libérée ce n’est pas si facile comme dit la chanson mais je suis avec toi ! conclu-t-elle en déposant un baiser sur ma joue
Luttant contre une envie folle de la serrer dans mes bras je sortis derrière elle et je la suivis à travers la salle encombrée de danseurs. Leurs regards, leurs clins d’œil et leurs sourires convergeaient sur nous mais je ne les voyais plus. Mon angoisse, mes appréhensions avaient disparus comme par enchantement grâce à ce baiser. La fin de mes épreuves, je le sentais, était enfin arrivée… Malgré tout ce que je lui avais fait subir, malgré ma trahison, ma femme adorée, m’aimait toujours et je venais d’en avoir la preuve ! Tout allait redevenir comme avant…ou presque. Oh, comme je l’aimais ! Grâce à elle j’avais compris la fragilité de l’être humain, sa vanité et sa futilité. Je m’étais fourvoyé dans un rôle de Don Juan d’opérette pendant des années et cela aurait pu continuer si elle ne m’avait pas ouvert les yeux. Grâce à elle j’avais vécu pendant quelques mois la dure condition des femmes soumises à la dictature de notre société misogyne. Quelle leçon j’avais pris ! Avec ma cage Julia m’avait libérée de mon carcan d’obsédé sexuel et j’étais prête à m’en glorifier si le cas se présentait ! Comme je me sentais au-dessus de tous ces mecs qui mâtaient effrontément mon cul ! Vous ne m’arrivez pas à la cheville malgré vos muscles et la pseudo virilité que vous arborez fièrement dans vos pantalons, messieurs ! Aujourd’hui je sais ce que c’est que d’être une femme et je me sens enfin libre ! Et je vous plains…
Complètement désinhibée j’ondulais fièrement des hanches perchée sur les talons de 15 cms de mes cuissardes. Julia marchait près de moi et je m’attendais presque à ce qu’elle me donne le bras quand je la vis se diriger soudainement vers un grand black et se suspendre littéralement à son cou. L’homme vêtu d’une chemise ouverte sur un torse musclé lui fit un large sourire, l’embrassa sur la bouche et la fit tournoyer en lui parlant à l’oreille. Interloquée, je regardais Julia acquiescer sourire aux lèvres, radieuse comme je ne l’avais jamais vue. Je n’en croyais pas mes yeux : quels liens pouvaient donc unir ma femme à ce type dont elle ne m’avait jamais parlé et avec qui elle paraissait être très intime ? Un collègue de travail ? Un ami de longue date ? Dévorée par la jalousie et la curiosité, je restais plantée sans réaction au bord de la piste. Toute mon assurance et ma joie avaient disparus pour faire place à une sourde inquiétude. Enfin elle parut se souvenir de moi et me fit comprendre d’un geste de la main que l’homme l’invitait à la suivre. Devant mon air interrogatif elle s’approcha finalement de moi
- Omar m’invite à sa table avec des amis.
- Euh… Ok. Et bien moi je vais retourner au bar…
- Avec José… Mmmmm… comme je t’envie… Au fait, Omar je te présente Clarisse une amie. Clarisse : Omar.
- Enchantée…
- Salut ma belle ! Tu es sûre que tu veux pas venir nous rejoindre ? murmura- t-il à mon oreille en me serrant entre ses bras musclés.
- Euh non… je suis avec un ami au bar…
- Dommage beauté ! J’aurais bien fait connaissance avec toi… Une autre fois peut-être ? Allez, file vite le rejoindre : on dirait qu’ il commence à s’inquiéter ! Ah, ah ! plaisanta-t-il en me propulsant d’une main aux fesses.
Le rire de Julia me suivit jusqu’au bar où je rejoignis José qui m’attendait en observant la scène.
- Heu… Julia te prie de l’excuser mais elle a été invitée par des copains à boire un verre.
- J’ai vu, oui ! Ce n’est pas grave au contraire : je vais pouvoir profiter plus pleinement de votre présence Clarisse ! répondit-il en m’aidant galamment à me percher sur mon tabouret
- Dites-moi, elle a l’air de connaitre beaucoup de monde votre amie ! Vous vous connaissez depuis longtemps ?
- Euh non… à peine quelques mois. Nous nous sommes rencontrées au sein de son entreprise… Je suis sa secrétaire de direction… mentis-je.
Ce qui était vrai par contre, c’est que je ne connaissais pas ma femme. Elle qui m’avait toujours dit détester les boites, qui n’aimait pas danser, elle qui n’acceptait que rarement, mes invitations à diner au restaurant et d’encore plus rares sorties au cinéma, était apparemment une habituée d’une boite de nuit ! Elle que je croyais réservée, plutôt timide et prude s’habillait sexy et s’affichait avec des hommes avec qui elle paraissait très bien s’entendre pour ne pas dire plus ! C’était incroyable ! Et pour couronner le tout elle se jetait dans les bras de cet Omar avec qui elle paraissait être plus qu’intime ! Etait-elle sa maitresse ? Non, je n’arrivais pas à le croire : une amie, une complice peut-être mais impossible qu’elle puisse être à la hauteur des appétits sexuels de ce genre de type : un chaud lapin assurément auprès duquel Casanova faisait figure de gentil libertin… Une chose était sûre en tout cas : depuis qu’elle avait appris son infortune, Julia avait beaucoup changé et j’étais en quelque sorte responsable de cette métamorphose dont je devais finalement me réjouir. A tout prendre, même si j’avais beaucoup aimé l’ancienne Julia, la nouvelle ne me déplaisait pas, au contraire… Et de toute façon il était trop tard pour regretter…
- Je suis désolé Clarisse mais vous allez devoir boire son verre…
- Quel verre ?
- Et bien, celui qu’elle avait commandé : le cocktail… comme elle n’est pas là…
- Mais peut-être va-t-elle revenir. C’est même sur ! ajoutais-je un peu paniquée à l’idée de désobéir aux consignes de Julia…
- Mais peut-être pas… Allez laissez-vous faire… L’alcool sert à mieux savourer les bons moments. Un petit verre ne peut vous faire de mal. Trinquons à notre rencontre ! A votre santé Clarisse !
- A votre santé… euh…
- José.
Je trempais mes lèvres dans le verre sous le regard goguenard de José. Le cocktail, à base de vodka me brula presque les lèvres puis me mis instantanément dans un état proche de l’ivresse au point que je le soupçonnais un instant d’avoir versé une drogue quelconque dans mon verre à mon insu. Mais apparemment non. Ma diète ou le traitement dont Julia avait augmenté la dose afin de « calmer ma libido » y était probablement pour quelque chose. La gorgée à peine avalée, j’eus en tout cas mal à la tête et sentis ma vue se brouiller. Comme dans une sorte de rêve, je vis son visage se rapprocher du mien et sentis sa main se poser sur mon genou. Alors que tous mes sens me commandaient de me lever et de fuir, je restais sans réaction, tétanisée par l’émotion, figée comme le serait la proie d’un serpent.
- Tu es très excitante Clarisse ! J’aime beaucoup ta tenue, tes bottes ! Tu es toujours aussi sexy ? Tu me plais beaucoup ! Tu as un petit ami ? Tu aimes faire l’amour ?
Je tentais de répondre du mieux que je le pouvais à cette avalanche de questions. Oui… Non…Oui… tandis que sa main remontait lentement le long de ma cuisse, puis plus de plus en plus loin vers l’attache de mes bas. Je me laissais toujours faire et à ma grande honte, je sentais une troublante excitation remonter le long de mon ventre : déjà imperceptiblement mes cuisses s’ouvraient, mes tétons se dressaient et devenaient douloureux…. « Il va te draguer, te peloter peut-être un peu ou t’embrasser et puis basta. C’est le lot de toutes les jolies femmes et il faut hélas s’y résigner… Si tu sais le remettre à ta place tu ne crains rien. » Les mots de Julia se heurtaient dans ma tête. Le remettre à sa place… Il fallait que je réagisse d’urgence ! Dans un dernier sursaut, je parvins à le repousser brutalement alors qu’il tentait de m’embrasser- ce qui ne l’empêcha pas de refaire une tentative quelques secondes plus tard- puis me levais précipitamment. J’avais repris quelque peu conscience et me dirigeais un peu flageolante vers la piste dans l’espoir de retrouver Julia. José me suivit, tenta de me retenir…
- Puis je vous inviter à danser Clarisse ?
- Non, non, je ne veux pas ! Laissez-moi je vous en prie !
Je m’arrachais brusquement à ses bras et me dirigeais vers les toilettes. Il fallait absolument que je reprenne mes esprits !
Je contemplais mon visage dans le miroir… Qui étais-je réellement ou plutôt qu’étais-je devenu(e) ? Un homme, une femme, une sorte de créatures monstrueuse au sexe indéfini ? A cet instant précis j’étais incapable de répondre à cette question. Machinalement j’ouvris mon sac à main, et en sortis ma trousse à maquillage, songeuse…. Je remis du rouge sur mes lèvres, du mascara autour de mes yeux et un peu de blush sur mes joues… A ma grande honte, j’étais obligée d’admettre que je n’avais plus rien d’un mec, ni physiquement ni même mentalement et que j’avais fini par être totalement féminisé. Et de toute évidence, c’était en tant que femme que je me sentais le mieux, que je me sentais moi-même. Mais de là à me jeter dans les bras du premier inconnu qui passe, il y avait un pas que je me refusais à franchir…
Toute à mes pensées je n’avais pas remarqué deux jeunes blacks qui s’étaient assis sur la rangée de lavabos et me regardaient me remaquiller en faisant des commentaires…
- Tu as vu frère, cette belle poupée blanche égarée dans notre territoire ?
- Oh oui ! j’ai vu ! Et à mon avis elle n’est pas arrivée là par hasard !
- Tu crois qu’elle cherche quelque chose ?
- Bien sûr, frère ! De la bite ! De la belle queue de black bien dure. Toutes les blanches aiment ça !
- C’est vrai frère ? Et tu crois que celle-là…
- Bien sûr : comme les autres…
Mon regard inquiet fit le tour des toilettes cherchant une échappatoire et c’est là que je remarquais la rangée d’urinoirs à ma droite : j’étais entrée par erreur dans les toilettes des hommes !
- Oups…pardon messieurs, je crois que je me suis trompée, désolée. En fait, je croyais être dans les toilettes des filles. J’ai dû boire un peu trop… dis-je précipitamment en refermant ma trousse à maquillage
- Pas grave ma belle, tu t’es laissée guider par ton envie de queues et tu as atterri ici, normal… Tu as de la chance qu’on soit passés par là nous aussi ! Ah ah…
- Tu voulais gouter de la bonne bite noire ? Et ben tu vas être servie ma belle !
La réalité de la situation m’apparut soudain dans toute son horreur : j’allais me faire violer ! Violée par deux blacks ! Un titre de film me revint à l’esprit « Baisée par deux blacks dans un parking » suivi par quelques images de fille écartelée par des sexes immenses. A l’époque cela m’excitait… Mais c’était loin d’être la même chose maintenant ! Tétanisée par la peur, je vis les deux hommes défaire leurs ceinturons sourire aux lèvres…
- Je vous en prie, ne faites pas cela ! Je… je suis un mec… leur criais-je suppliante en soulevant ma petite jupe.
- Quoi ? merde, c’est un travelo frère, un enfoiré de trav !
- La salope ! Tant pis pour lui, il va prendre cher !
Au risque d’éprouver la honte de ma vie, je me promis de me mettre à hurler s’ils s’approchaient de moi puis de tenter coûte que coûte une sortie en force. Une tentative sans doute vouée à l’échec : personne n’entendrait mes cris avec la musique assourdissante de la salle. Quand à m’échapper, ces deux salauds me bloquaient le passage vers la porte. De toute façon, je n’étais pas sûr d’aller très loin perchée sur mes talons… Mon seul espoir : que quelqu’un vienne à mon secours. Mais qui aurait le courage de s’interposer face à ces deux malabars ? Non, personne ne viendrait à mon secours. Il fallait que je me rende à l’évidence : ces deux brutes allaient me violer puis me casser la gueule c’était sûr… Résignée, j’allais m’abandonner à genoux aux pieds de mes violeurs quand vint le miracle : José venait d’entrer dans les toilettes.
- Ah, vous êtes là Clarisse ? Je vous cherchais ! Apparemment vous vous trompée de porte, plaisanta t-il.
Soulagée, je me précipitais vers lui puis me laissais guider, sanglotante, vers la sortie sous les quolibets des deux blacks qui toutefois, ne firent aucun geste pour nous retenir.
- Les toilettes pour femmes sont là, Clarisse. Je vous laisse vous remettre de vos émotions. Je vous attends à la porte.
Dix minutes plus tard, j’étais dans ses bras, remaquillée, recoiffée et rassérénée.
- Vous vous sentez mieux Clarisse ?
- Oui… merci José mais j’ai eu très peur. Grace à vous, je… Je m’excuse pour tout à l’heure…
- Chut… ce n’est rien. Maintenant, acceptez-vous de danser avec moi ?
- Euh… oui mais je ne sais pas trop danser…
- C’est un slow : rien de très difficile. Collez-vous à moi et laissez-vous aller.
Joignant le geste à la parole, José me pris dans ses bras et m’entraina au milieu de la piste sur laquelle évoluaient des couples dans un slow lent et langoureux.
- Mets tes bras autour de mon cou et ferme tes jolis yeux, chérie…
Il y avait bien longtemps que personne ne m’avait parlé aussi gentiment et après toutes mes émotions, cela me fit un bien fou. Je ressentis tout à coup une immense reconnaissance pour José, presque une attirance… J’avais envie de pleurer… Ma main caressa timidement sa nuque, ses cheveux courts, son cou musclé. J’avais envie de l’embrasser mais je n’osais pas…
- Ton cœur bat très fort… C’est moi qui te fais cet effet- là ?
Je ne répondis pas. Une larme coula de mes yeux sur ma joue. José la recueillit du bout du doigt, me prit la main, me sourit… Devant tant de bienveillance je craquais : mes lèvres s’approchèrent des siennes pour un timide bisou qui se termina très vite en baiser passionné. Mais que fais-tu Eric ? Tu es fou ? me répétait la petite voix de ma conscience. Oui, j’étais fou- ou folle- sans aucun doute mais je me sentais tellement bien dans les bras de cet homme que j’avais envie de m’y lover et de m’abandonner à ses caresses. A quoi bon lutter contre sa nature profonde et au désir que je sentais monter en moi ? José était le premier depuis plusieurs mois à être gentil avec moi, à me donner du réconfort et Dieu sait que j’en avais besoin après ce que je venais d’endurer. Qu’il soit un homme importait assez peu et pour tout dire je m’en fichais complètement à cet instant précis…
José dû ressentir mon état d’esprit car il en profita pour reprendre ses caresses insidieuses : après avoir doucement caressé mon dos par-dessus mon haut, il descendit ses mains sur mes fesses qu’il effleura d’abord puis caressa de façon beaucoup plus appuyée… Je n’aurais jamais imaginé pouvoir éprouver un quelconque plaisir à me laisser peloter le cul par un homme et pourtant je devais admettre que sa sensation était loin d’être désagréable. Ce ne fut que lorsque je sentis sa main s’insinuer sous ma jupe que j’eus le réflexe de l’en empêcher mais c’était déjà trop tard : le plaisir commençait à monter en moi et je ne pouvais plus lutter contre. Je sentis sa main puis ses deux mains se poser sur la peau nue de mes fesses puis après quelques tâtonnements un doigt s’insinua sous la ficelle de mon string et pénétra doucement mon intimité. Inutile de dire que c’était la première fois que je goûtais à ce genre de caresses et j’étais loin d’imaginer le plaisir qu’elle pouvait procurer.
J’avais toujours adoré les plaisirs du sexe mais comme tout macho qui se respecte, j’avais dans ce domaine des idées finalement très rétrogrades. Je considérais par exemple, qu’une relation sexuelle « normale » ne pouvait être le fait que d’un homme et d’une femme. L’homosexualité ? Cela existait bien sûr mais je la tolérais, à la rigueur, uniquement chez les femmes. Les scènes de gouinages qui émaillaient les films X m’émoustillaient plutôt mais à la condition qu’elles se déroulent sous les directives d’un partenaire mâle. Quant à l’homosexualité masculine, elle me faisait horreur et je refusais d’admettre qu’on puisse éprouver un quelconque plaisir à la sodomie et autres actes que je n’hésitais pas à qualifier de « contre nature ».
Six mois plus tard, voilà que je me retrouvais placé devant le fait accompli si je puis dire. Et cela était loin de me dégoûter comme je l’aurais pensé ! Indéniablement, José dont le doigt avait entièrement pénétré mon anus, me procurait un certain plaisir et même… un plaisir certain ! Après tout, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, me rassurais- je, et je tendis mes fesses à ses caresses comme une femelle en chaleur.
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- Alors raconte-moi ta soirée chérie… Tu as passé un moment agréable avec José ?
- Oui, Mada… euh… Julia mais…
- Mais quoi ?
- Rien…
Julia est assise, jambes croisées, sur le canapé du salon. Je viens de la déchausser et je masse ses pieds endoloris par les talons.
- Que s’est-il passé après notre séparation ? Raconte !
- Rien de spécial… Nous avons discuté, bu un verre…
- Tu te fiches de moi ?
- Mais non, je vous assure…
- Pour la dernière fois, raconte-moi ce qui s’est passé sans rien omettre ! Je t’ai aperçue en train de danser avec lui. Et ma foi tu avais l’air de ne pas t’ennuyer ! Omar m’a dit qu’il t’avait même vu l’embrasser. Vrai ou pas ?
- Oui… c’est vrai
- Alors je t’écoute ! Que s’est-il passé lorsque tu l’as rejoint au bar ?
- Euh… au début rien ou pas grand-chose… Nous avons discuté en buvant nos verres. Comme vous l’aviez prévu il m’a un peu pelotée et tenté de m’embrasser mais je ne me suis pas laissé faire.
- Ensuite ?
Ensuite, il y avait eu ce verre d’alcool que je m’étais laissé convaincre de boire suivi par cette erreur impardonnable de choix de toilettes qui avait failli me coûter très cher ! Pour des raisons évidentes, je préférais taire certains épisodes de ma soirée et rester autant que possible dans le flou. C’était sans compter la curiosité de Julia…
- Effectivement, nous avons dansé ensemble. Je ne voulais pas au début mais il a insisté et j’ai… j’ai fini par céder. C’est là, pendant le slow qu’il m’a un peu caressée…
- Mmmmm, ah oui, seulement un peu ? Et tu t’es laissé faire, petite chienne ?
- Oui… C’est-à-dire que je ne pouvais pas faire autrement : il me serrait tellement fort.
- Oui on dit ça, ah, ah ! Et où t’a- t-il caressé ?
- Le dos, les cuisses, les fesses…
- Et bien ! Je vois que tu n’es pas aussi farouche que tu ne veux le laisser croire, ma belle !
- Je… je vous demande pardon…
- Mais de quoi ? Tout le monde a le droit de s’amuser un peu et je ne t’avais pas interdit de le faire. Moi-même, j’en ai largement profité de mon côté, rassures toi !
Cela n’avait rien pour me rassurer mais je ne fis, bien entendu, pas de commentaire.
- Avoue que tu as aimé petite vicieuse !
- Oui, j’avoue que ce n’était pas désagréable de danser avec lui...
- Et c’est là que tu l’as embrassé !
- Oui… enfin nous nous sommes embrassés
- Et ensuite ?
- Il… il m’a caressée, il m’a touché les fesses… Puis il m’a emmenée dehors sur le parking. Il m’a encore embrassée et pelotée. Voilà, c’est à peu près tout…
- Je ne pense pas non ! Dis- moi tout si tu ne veux pas que je me fâche !
- Et bien, il était très excité, il me disait des choses cochonnes…
- Du style ?
- Euh…ça me gêne de vous les répéter…
- J’aimerais ne pas avoir à t’arracher les mots de la bouche, Clarisse. Tu n’as ni à te vanter ni à avoir honte de ce que tu as fait avec José. Toutes les femmes connaissent ce genre d’expérience un jour ou l’autre. Disons que pour toi, c’est arrivé plus tard que d’habitude… Maintenant je t’écoute. Je veux tous les détails, compris ?
- Oui Madame. Et bien, il me disait par exemple : « tu as un beau cul, ma salope », « tu es trop bandante avec tes cuissardes », « tu es ma pute » et autres… Et puis, pendant qu’il m’embrassait il a glissé ses mains sous mon haut et m’a caressé les seins. Il a titillé mes tétons et… vous savez à quel point ils sont sensibles. Je ne savais plus où j’étais ni ce que je faisais, j’étais sur une autre planète… Il a levé ma jupe et s’est mis à me caresser les fesses en écartant mon string pour le faire glisser le long de mes cuisses. J’étais paniquée, je ne voulais pas qu’il se rende compte de…
- Oui petite chienne, tu avais peur qu’il découvre qui tu étais et qu’il te laisse en plan. Avoue !
- Oui… peut-être, je ne sais pas. En tout cas, j’avais peur, j’avais honte et j’étais excitée à la fois… Alors pour faire diversion, en quelque sorte, je me suis mise à caresser son sexe…
- Ah, ah ! Belle diversion en effet ! Et, il était comment ?
- Oh… et bien, il bandait très fort, et cela faisait une très grosse bosse ! Je la sentais palpiter sous son pantalon. Il m’a dit : « tu as envie de ma queue, n’est-ce pas ? » Et j’ai dit oui sans trop réfléchir.
- Ben voyons… Et ensuite ? ,
- Ensuite, il a ouvert la portière côté passager, il m’a fait assoir sur le siège puis il a défait sa ceinture et baissé son pantalon… Son sexe a jailli de son slip.
- Comment était-il ? me coupe Julia les yeux brillants
- Euh… pas très grand mais épais. Il s’est masturbé quelques secondes devant moi puis il a présenté devant mon visage. Il… il m’a dit : « Suce-moi chérie ! Vite ! »
- Tu devais être aussi impatiente que lui je suppose ?
- Oh, ce n’est pas gentil de vous moquer de moi Madame… Non, au contraire : j’étais morte de honte ! Je ne savais plus quoi faire. Il a dû se rendre compte que j’hésitais parce qu’il m’a dit : « tu aurais peut-être préféré que je te laisse entre les mains des deux blacks ? » C’est ça qui m’a décidé…
- Quels blacks ?
- Euh…j’ai oublié de vous dire que j’ai failli me faire violer par deux jeunes noirs dans les toilettes. Je m’en suis sortie grâce à José qui est venue à mon secours…
- Ohhh… comme c’est touchant ! Le preux chevalier qui vient au secours de sa belle ! Et toi comme une gourde tu l’as cru ?
- Comment ça ? Je ne comprends pas.
- Et bien ma chérie, José et ces deux types étaient de mèche ! Les blacks te foutaient la trouille et José arrivait pile poil pour te sauver ce qui lui donnait une chance de te sauter. Un classique ! Donc tu l’as sucé si je comprends bien ?
- Ben oui… pour lui montrer ma reconnaissance…
- Ah, ah !!! Ce que tu peux être naïve ma pauvre chérie ! Ceci dit une pipe n’a jamais fait de mal à personne, n’est-ce pas… C’est un premier pas… Tu as été jusqu’au bout ?
- Jusqu’au bout ? Euh… non : j’ai juste embrassé son sexe deux ou trois fois et posé ma langue dessus. Il a joui tout de suite sur mon visage et sur mon haut. J’en avais partout…
- Un éjaculateur précoce ! Ma pauvre Clarisse, tu n’as vraiment pas eu de chance ! Ca t’apprendra à te méfier des mecs avec des grosses bagnoles : ils ont souvent quelques problèmes avec leur virilité. Pauvre chérie, tu dois être frustrée ?
Je ne répondis pas à la question. Non, je n’avais pas l’impression d’avoir été frustrée, plutôt soulagée que ce cauchemar se termine mais je ne sentais pas Julia capable de le comprendre. Les yeux brillants, elle me fit signe d’arrêter mes massages, se leva à demi pour soulever sa robe et écarta ses cuisses. Prenant mon visage entre ses mains elle l’emmena jusqu’à sa vulve luisante de ce que je pris tout d’abord pour ses sécrétions intimes.
- Mais si, tu es frustrée, avoue-le… Et tu culpabilises : tu ne peux t’empêcher de te dire que tu n’as pas su t’y prendre avec lui… Je me trompe ?
- Euh non…
- Mmmm… j’en étais sûre ! Mais ce n’est pas de ta faute chérie… Du moins pas entièrement. D’ailleurs, dès demain, je t’apprendrai comment réussir une fellation convenable… En attendant, tu vas me lécher. Mmmm, je sais que tu te débrouilles très bien et que tu adores ça, n’est-ce pas, petite chienne. Allez en position, à quatre pattes devant moi ! Et pendant que tu me lèche le minou, je vais te raconter ma soirée…

(à suivre)


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