La Lecture Chapitre 2
3/ La lecture
Le son de sa voix chaude me fait sursauter. Il me demande d'aller devant sa bibliothèque, de regarder les livres et d'en choisir un pour commencer une lecture.
- Choisissez-en un que vous avez envie de me lire. J'insiste : un que vous souhaitez lire et qui puisse me plaire. En toute liberté. Je vous ai donné quelques informations que vous pouvez ou non utiliser. Votre choix me permettra de mieux vous connaître.
Pour moi, le message est clair et le piège se referme doucement sur moi. Il veut que je choisisse un texte érotique dont le contenu me mettra un peu plus nue devant lui. Cette assurance me perturbe. Je ne sais pas si je vais oser. Je me lève pour me diriger vers les livres. Je lui tourne le dos mais je sens parfaitement que ses yeux impuissants visent ma croupe. Mais ce n'est pas possible ma vieille ! Ce bonhomme est aveugle, arrête ton cinéma. Alors je suis prise d'un coup de folie : je me retourne pour en avoir le cur net. Effectivement il a la tête dirigée vers moi et son regard est braqué à hauteur de mes fesses. Du moins un peu plus bas. Je reste figée un instant puis je dirige mon attention sur le choix du livre. Toute une moitié du meuble est réservée à des titres érotiques ! Le choix est immense : des classiques, des romantiques, des poèmes... et, sur plusieurs rayons, des titres qui ne laissent aucun doute sur leur contenu. ment, je m'arrête devant. Un frisson parcours mon corps et je sens que mon sexe se manifeste à son tour. Cet homme est le diable en personne et je me sens devenir sa Lillith.
- Ah, Chantal je devine devant quels livres vous êtes arrêtée.
Je n'en peux plus ! Cette situation devient insupportable. Tant pis, d'une voix hésitante je lui demande.
- C'est terrible Monsieur. J'ai l'impression que vous me voyez !
A peine ai-je terminé ma phrase que je me mords les lèvres tant elle est ridicule. Je crains aussi de le froisser et de briser ce qui est devenu lentement un moment magique.
- Vous savez Chantal, ne vous étonnez pas et ne soyez pas surprise, nous autres les malvoyants nous compensons l'absence d?un sens en développant les quatre autres. Je pourrais voir de mes mains vos formes, que je devine généreuses, s'il m'en était donné le loisir. Mais rassurez vous, mes yeux sont éteints de ne s'être jamais ouverts à la lumière.
Je parcoure les étagères du regard. Je me refuse, sans vraiment de conviction, de prendre un livre qui est un recueil d'histoires pornographiques. Très hard.
Mon attention est attirée par la tranche d'un ouvrage qui affiche le titre « l'Érotisme. Les plus grands textes d'Ovide à Sade et Bataille ». Je me réjouis de ce choix car il me couvre d'un prétexte, un peu hypocrite, de retenir des textes classiques de qualité reconnue de la littérature érotique. A l'intérieur, plusieurs récits, des extraits de livres dont beaucoup me sont inconnus. Tout de suite l'un d'entre eux fixe mon choix.
« La clef, la confession impudique », de Jun'ichirô Tanizaki, cet auteur japonais reconnu pour son uvre érotique. J'avais entendu parler du film érotique très soft, tiré du livre, qui racontait l'histoire de ce mari qui joue et prend plaisir à exhiber et livrer son épouse jusqu'à en mourir. Le texte reprend les passages les plus chauds de l'ouvrage. Le livre en mains, je retourne m?asseoir en face de mon spectateur. Bien entendu je me garde de baisser ma jupe qui, remontée dévoile mes cuisses jusqu'à la naissance de ma petite culotte. Je ne sais pas si ma libido ou mon imagination me joue des tours mais je crois voir distinctement que l'homme en face de moi remue étrangement sur son fauteuil ! Je fais comme si de rien, mais, perverse, je croise les jambes sans réaliser que cela fait crisser mes bas. Tout de suite je regarde le bonhomme. Effectivement le bruit de mes bas a attiré son regard sur mes jambes. Ses mains ont quitté les accoudoirs de son fauteuil pour venir se poser sur ses cuisses encore recouvertes de sa veste d'intérieur.
- Chantal, dites-moi ce que vous avez choisi de me lire.
A l'énoncé du titre, il sourit d'un air satisfait. Je suis rassurée.
- C'est un excellent choix. Vous connaissez l'histoire ?
- Un peu, je sais qu'elle a fait l'objet d'un film.
- En effet, que je n'ai pas vu malheureusement, ajoute-t-il en riant gaiement ! Mais ma femme me l'a lu entièrement, il y a longtemps et je suis curieux de vous entendre le lire, entendre votre voix si séduisante, me parler de cette femme que l'auteur décrit comme très belle, mais quelque peu perverse.
Je ne sais plus où me mettre après cette déclaration d'amour non dissimulée. Cette fois c'est décidé : je me livre. Aveugle ou pas, pervers ou homme honnête, je me soumets. Je repère les extraits choisis de cet ouvrage et je commence ma lecture. Lentement d'une voix que je veux chaude et enjôleuse. Chassez le naturel, il vous revient au galop.
Le texte que je lis me fait ressentir des sensations inconnues alors. L'atmosphère dans ce couple est lourde et très sensuelle. Si j'aime m'exhiber, c'est toujours en union avec monsieur. Là cette femme trompe lentement, très lentement et inexorablement son époux.
La présence de cet homme en face de moi qui me mate la voix, me déshabille sans me toucher, ce texte chaud, tout concoure à me faire mouiller ma culotte. Je m'en rends bien compte mais je ne fais rien pour dissimuler mon trouble. Mieux, je décroise mes jambes et les écarte, ce qui ne doit pas manquer d'exposer mes dessous souillés par ma cyprine que je sens sourdre malgré moi d'entre les lèvres de mon sexe. Sa voix interrompt ma lecture.
- Vous aimez ce que vous me lisez Chantal.
Inutile de dire l'émoi qui me saisit à l'écoute de ces mots. Je ne sais plus quoi faire. Aussi, lâchement je baisse les yeux sur le papier glacé devant moi et je poursuis ma lecture.
Malgré tout, je ne peux m'empêcher de le surveiller dans le champ de ma vision au dessus du livre. Maintenant il a la tête penchée en arrière, le regard fixé au plafond. Mais ses mains ont quitté ses cuisses et une est glissé à l'intérieur de sa veste d'intérieur. Un léger mouvement ne laisse aucun doute qu'il se caresse. Je suis de plus en plus troublée et le son de ma voix doit le laisser paraître car il me dit, le regard toujours fixé au plafond.
- Continuez Chantal. Nous sommes en accord tous les deux. Le plaisir que je ressens là, je vous le dois. Partageons-le sans retenue. J'entends bien vos soupirs, je perçois bien votre souffle chaud qui s'échappe de vos lèvres et, pardonnez-moi, les effluves de désir que votre sexe laisse échapper là, juste devant moi et qui émanent de tout votre corps. Continuez, s'il vous plait.
J'ai du mal à reprendre d?une voix naturelle ma lecture. Je suis follement excitée à en perdre la tête. Alors, j'ouvre mon chemisier et fais sortir un sein de mon soutien gorge. Je m'efforce de garder un ton de lecture normal. Il me dit :
- Vous avez chaud Chantal ?
Je panique et prestement je recouvre mon sein, regrettant amèrement mon initiative. Je suis troublée ? A-t-il vu ? C'est le froissement de mon vêtement qui m'a dénoncée ? Je reste sans voix quelques secondes. Il reprend la parole.
- Ce que je crois avoir deviné est splendide.
N'y tenant plus, je décide de découvrir entièrement ma poitrine en déboutonnant tous les boutons de mon chemisier. Pour dégager les seins de leur enveloppe, je pose le livre et je me contorsionne pour dégrafer et ôter mon soutien gorge qui va rejoindre mon sac et ma veste sur le divan à mes côtés. Le chemisier largement ouvert, les seins nus exposés au regard de l'aveugle, je reprends ma lecture. Mais cette fois l'ambiance est perverse. Pour la première fois je m'exhibe devant un homme dont je ne sais pas s'il voit ou non ma poitrine que je lui offre à contempler mais qui sent le parfum qui s'échappe de mon sexe brulant.
- Tu as des seins superbes Chantal
(à suivre)
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