L'Écrivain
Cela faisait une éternité que Roland L. nétait pas revenu dans sa ville natale. Enfin, dix ans pour être précis, mais elle ne lui avait pas manqué ; il nen avait pas gardé beaucoup de bons souvenirs. Il y avait grandi avec des parents qui se faisaient la guerre en permanence, et qui voulaient en plus, sauver la planète. Quand son éternel ado de père avait quitté sa mère pour une gamine, lui passait son bac. À cette époque, Roland était un grand bonhomme de 1,85 m, 100kg, habillé comme las de pique, avec dhorribles lunettes. Une sorte de vieil Harry Potter en surpoids.
Aujourdhui il avait bien changé. Heureusement, à la séparation, sa mère lavait emmené avec elle ; ils avaient quitté la ville. Débarrassée de son boulet de mari, elle avait bien réussi dans la vie ; et son fils en avait profité. Son père, en revanche, avait sombré dans lalcool et était décédé deux ans plus tôt. Il navait même pas assisté à son enterrement.
Roland était arrivé en ville jeudi, par le TGV. Un taxi lavait conduit au Château du Lac, le meilleur et plus exclusif hôtel de la cité. Il ne savait toujours pas pourquoi, il avait accepté de venir à cette réunion danciens élèves. Le soir même était prévu un apéro « rencontre » et samedi, ce serait la grande fête.
Le soir, il shabilla de façon informelle, préférant le confort, mais ne sacrifiant pas lélégance. Lapéro se tenait dans un restaurant réservé pour loccasion. Il se présenta au couple qui attendait derrière une table, qui vérifia son inscription et lui donna un bon pour la fête de samedi. Un verre à la main, il tourna autour des groupes en pleine conversation, sans reconnaître personne. Ce nétait pas étonnant, il y avait quatre classes parallèles, et avec les conjoints cela faisait beaucoup de monde. Après une décennie, il ne fallait pas sattendre à mieux.
Il pensait repartir quand il la vit. Elle était assise seule à une table haute. Une beauté brune, qui se tenait très droite, une attitude hiératique tel un sphinx.
- Je ne coucherai pas avec vous, ne vous faites pas dillusions !
La remarque le prit par surprise. Cétait tellement inattendu, quil ne savait pas sil devait rire à une bonne blague ou senfuir. Il opta pour la contre-attaque.
- Attendez au moins que je vous offre un verre deau. Après nous pourrons passer aux confidences intimes. Votre couleur préférée par exemple.
Ce fut elle, qui fut surprise à son tour. Roland sinstalla, posa son verre sur la table et passa au tutoiement.
- Bonjour, moi cest Roland, si je suis venu à ta table, cest que ton visage me disait quelque chose.
- Très drôle, tu te souviens de mon visage, et de rien dautre ? Tu es sûr ?
- Jai limpression
davoir raté quelques chapitres et de mêtre perdu dans lhistoire. Je me demandais simplement si tu étais dans ma classe. Javais déménagé à la fin des examens, et après dix ans je ne reconnais plus personne.
Elle le jaugea du regard, pendant un moment. Comme si elle cherchait à savoir sil se moquait delle ou sil était sérieux.
- Je suis Béatrice, Béa.
- Béa, Béa
oui je me rappelle, tu étais une des abeilles qui tournait autour de la reine et de sa cour.
- Jétais plutôt lidiote, qui essayait de se faire accepter par le groupe de filles cool.
- Je me rappelle que nous nétions pas dans la même classe, mais nous avions des cours en commun.
- Cest drôle, je nai aucun souvenir de toi.
- Je men doute. Imagine-moi avec 25 kg de plus et des lunettes.
- Oui, ça y est, nous avions EPS ensemble, tu étais le gros l
- Ne tarrête pas en si bon chemin.
Elle était gênée davoir parlé sans réfléchir. Lui se marrait intérieurement, au moins elle nétait plus crispée, comme au début. De toute façon, elle avait raison, à lépoque il se dirigeait droit vers lobésité.
Ils continuèrent à discuter toute la soirée. Cétait très agréable de la voir sourire et se décontracter. Elle était belle quand il lavait vue seule à la table, mais maintenant que son visage silluminait, elle était superbe. Il se sentait à laise avec elle et cétait réciproque apparemment. Elle lui apprit quelle était bibliothécaire, et lui, confia travailler pour une maison dédition ; ils avaient lamour des livres en commun. Le moment le plus étrange fut quand, au détour de la conversation, elle le cita.
-
« va chercher le bonheur, ne lattends pas, et quand tu le trouveras, accroche-toi à lui de toutes tes forces ».
- Euh
doù tu sors ça ?
- Je cite un des personnages de mon auteur favori : Eler. Il écrit un mélange de fantastique et de thriller, cest génial. Jai découvert par hasard le premier tome, et depuis, je me jette dessus dès leur publication. Il y en a trois jusquà maintenant, le quatrième est prévu dans quelques mois. Lattente va être longue encore.
Dire que Roland était sur le cul, serait faible. Il ne lui avait pas menti, techniquement parlant, mais il navait pas tout dit. Il travaillait bien pour une maison dédition, mais il était auteur. Il avait piqué lidée à Hergé, et Roland L. était devenu Eler. Il avait connu la consécration avec son troisième livre et depuis, tous les tomes avaient été réédités et traduits dans une vingtaine de langues. Il était même en négociation avec un studio hollywoodien, pour un film. Afin de préserver son intimité, il sétait caché derrière son pseudo, comme Banksy.
À la fin de la soirée, ils furent parmi les derniers à partir.
Il lavait raccompagnée et elle lavait invité boire un dernier verre. Elle était habillée avec une tenue moulante qui ne cachait rien de son anatomie. Quand ils sassirent sur le canapé, elle se colla à lui. Son visage était proche du sien et ses lèvres appelaient irrésistiblement les siennes. Il sentait son pouls qui battait la chamade, pour gorger de sang son entrejambe, qui devenait douloureuse. Il se pencha et prit ses lèvres, il mit sa main sur la hanche et remonta jusquà un sein, quil caressa. Elle ne portait pas de soutien-gorge et il sentait son téton, tout dur entre ses doigts. Elle se pencha sur lui, ouvrit son pantalon, baissa son boxer et englouti sa virilité enfin libérée, avec laquelle est joua un moment.
- Apparemment je te fais de leffet.
Elle se releva, se pourlécha les lèvres et remonta sa robe moulante sur ses hanches. Il réalisa alors quelle ne portait rien dessous. Elle avait un adorable triangle de poils bouclés, bien délimité. Elle sassit sur lui à califourchon et sempala sur son sexe, dur comme lacier. Elle montait et descendait à un rythme endiablé, gémissant et montrant les signes dun orgasme proche. Il sentait
- BIP, BIP, BIP, BIP
Il se réveilla en sursaut, avec une énorme frustration et bandant comme un âne.
Il se doucha et petit déjeuna dans la chambre. Béa était toujours dans sa tête, il ne pensait quà elle. Il navait pas envie de sortir, et à midi, Il fit également appel au room service. Roland narrivait pas à décrocher de son rêve. Vers 15h, le concierge le contacta, car un coursier lattendait à la réception, avec un colis à remettre en main propre. Il le réceptionna et passa le reste de laprès-midi, à tourner en rond en attendant lheure du rendez-vous.
Il arriva au restaurant, une demi-heure en avance, trop fébrile pour attendre plus longtemps. Quand il vit le maître dhôtel la guider vers sa table, il reçut un choc. Oh purée, il était amoureux, il venait de le réaliser. Ils ne sétaient vu quune soirée et navaient même pas couché ensemble. Pourtant, il ne souhaitait rien dautre, que la prendre dans ses bras, la serrer contre lui, lui caresser le visage, faire son bonheur et passer son temps à la contempler. Il se leva pour laccueillir et lui fit la bise, se retenant de lui sauter dessus.
Il ne se rappela même pas ce quil avait mangé, peu importait. Sa présence le subjuguait et son odeur lenivrait. Il détaillait son visage parfait, la courbure de ses lèvres quand elle souriait, son joli petit nez et ses yeux sombres, au regard brillant dintelligence. Il était tellement concentré, quelle dût se répéter plusieurs fois. Elle se demanda sil avait la lumière à tous les étages, le pauvre.
À la fin du repas, il lui remit un cadeau ; ce qui la mit dans lembarras, nayant rien prévu pour lui. Il la rassura, en lui disant cela lui faisait encore plus plaisir à lui. Elle le remercia et après avoir douté un moment, elle se lança.
- Nous pourrions aller ensemble demain à la soirée des anciens élèves. Je serais ravie dy aller avec toi, après cette charmante soirée. Tu pourrais passer me prendre vers 19h.
- Je suis désolé, mais ça ne va pas être possible.
- Je te prie de mexcuser, je me suis montrée malpolie et sans-gêne en mimposant ainsi. Tu as probablement déjà une cavalière.
- Non, non pas du tout. Tu as devancé ma propre demande de taccompagner. Cest seulement que demain, jai une réunion de travail à 20h et que je ne pourrais pas passer te prendre, avant 21h. Mais je compte bien y aller avec toi.
- Je ne veux pas tobliger à quoi que ce soit.
- Si, si, oblige-moi, je ten prie. Cependant, jai une requête particulière, qui pourrait te sembler farfelue. Je te demande de nouvrir ton cadeau, que demain en regardant le JT de 20h.
Elle fut surprise par lincongruité de la chose, mais accepta de bon gré. Après, elle lui communiqua son adresse pour le lendemain, mais voulut rentrer seule. Il rentra en sifflotant tout guilleret, même pas déçu de ne pas avoir été invité, à boire un dernier verre.
Il avait la tête enfouie entre ses jambes écartées, il était au paradis et jouait de sa langue et de ses lèvres, pendant quil activait ses doigts. Elle gémissait sans arrêt, en lui agrippant les cheveux, jusquà ce quelle se cambre en criant son plaisir. Elle se mit à quatre pattes et réclama une levrette. Il sapprocha et caressa ses lèvres intimes avec son sexe, puis la pénétra avec délice. Il commença
- BIP, BIP, BIP, BIP
- Bordel de merde ! Réveille-matin à la con !
Cela faisait deux fois que son rêve était interrompu au meilleur moment. Cet appareil le haïssait, il ny avait pas dautre explication.
Après une promenade en ville, il traina à lhôtel en bouquinant, ses pensées revenant sans cesse vers Béa. Il ne se rappelait même plus ce quil avait lu. En milieu daprès-midi, léquipe de la télé débarqua et sinstalla dans une des salles de conférence de lhôtel. Il sy rendit lui aussi à 19h pour le maquillage et les consignes.
Le JT commença et son interview fut annoncée. Le monde ne tournant pas rond, le présentateur ne revint vers lui que 20 minutes plus tard. Il répondit aux questions, parla de ses livres, confirma la parution du prochain tome, dans deux mois et expliqua le pourquoi de son identité secrète : avoir une vie tranquille, tout simplement. Jusquà cette indiscrétion, qui avait tout fichu par terre.
Une fois terminé, il se précipita dans sa chambre, enleva les couches de maquillage, se doucha, shabilla et fila chercher Béa. Elle lattendait déjà en bas de chez elle. Il sapprocha pour la saluer, heureux de la voir, et se prit une claque qui lui dévissa la tête.
- Espèce de salaud, tu tes bien foutu de moi. Ça ta fait marrer de me faire tourner en bourrique ? Pourquoi ne mas-tu rien dit ?
- Aïe
ça fait mal, tu frappes fort
jeudi on venait de se rencontrer, je nallais pas prétendre que jétais ton auteur préféré. Jaurais eu lair de vouloir te mettre dans mon lit. Dailleurs quelle preuve avais-je ?
- Mais hier tu savais, non ?
- Mon agent ma prévenu jeudi soir, que mon identité avait été percée à jour, quand je lai appelé pour ton cadeau. Hier je tai offert le quatrième tome, en pensant que ce serait une bonne surprise, que tu louvres aujourdhui, en regardant le JT. Je ne pensais pas que tu étais aussi susceptible
et que tu cognais aussi fort.
Elle était vraiment mal et regrettait de lavoir frappé. Elle avait pensé quil voulait se moquer delle, et comprenait maintenant, que cette surprise partait dune bonne intention. Quelle était conne, elle navait pas lhabitude quon ait de telles attentions à son égard. Elle était morte de honte et sûre quil allait partir, la laissant plantée sur le trottoir. Elle le méritait.
- Je suis désolée, je suis trop impulsive. Je regrette amèrement mon geste et te prie de me pardonner.
- Aïe, excuses acceptées. Je ferai attention à lavenir et préparerai le terrain en amont.
Elle fut touchée par son commentaire, laissant entendre de futures surprises. Ce type lui plaisait de plus en plus. Il lavait charmée, et en dehors du fait que cétait son auteur favori, il était adorable et beau comme un dieu. Peut-être que
mais non, il fallait se méfier. Depuis dix ans et lincident, les hommes voulaient juste la baiser et elle navait connu que des désillusions.
La fête battait son plein quand ils arrivèrent. Roland ne la lâchait pas dune semelle et était aux petits soins pour elle. Ils parlèrent, rirent, dansèrent et burent, isolés dans leur bulle. Elle le quitta un moment pour aller se repoudrer le nez, comme le fait toute dame bien éduquée. Dix minutes plus tard, inquiet de ne pas la voir revenir, il se dirigea à son tour vers les toilettes. Elle était là, acculée par trois types, dont lun lui montrait son smartphone, et par trois pétasses. Roland les reconnus et les mauvais souvenirs affluèrent. Cétait les connards qui lui avaient pourri ses années de lycée et les trois salopes qui se moquaient de lui, à la moindre occasion.
Il se faufila entre les danseurs et se rapprocha. En arrivant, il vit que Béa pleurait. Son sang ne fit quun tour et il la rejoignit en bousculant tout le monde.
- Ça va Béa ? Quest-ce quil tarrive ?
- Et connard, laisse la salope revoir ses exploits.
Roland se retourna et regarda le gars qui avait parlé. Il vit sur le téléphone une très jeune Béa, dansant nue au milieu dune foule qui lencourageait et lapplaudissait. Une bouteille à la main, elle se caressait les lèvres intimes et senfonçait le goulot dans le vagin. Béa profita de ce moment de flottement, pour senfuir vers la sortie. Fou de rage, Roland frappa la main qui tenait le téléphone ; celui-ci senvola et alla se fracasser au milieu des danseurs. Il se précipita derrière Béa et la rejoignit quand elle appelait un taxi. Elle était en larmes et refusait de lui parler.
- Et connard, tas bousillé mon téléphone, tu vas me le rembourser ou je te pète la gueule.
Super ! Ducon 1, 2 et 3 étaient aussi sortis, accompagnés de connasse 1, 2 et 3.
- La prochaine fois que tu emmerdes Béa, je ne fracasse pas ton téléphone, je te le fourre dans le cul, à sec et bien profond.
- Je vais te défoncer la tronche pour tapprendre à vivre.
Sûrs de leur force, leffet meute aidant, les trois débiles sapprochèrent de lui. Roland adopta la défense classique en boxe et le gars au smartphone fit de même. Il sapprocha en ricanant, entouré par ses potes
et se mangea un mocassin en cuir italien. Au moins deux dents volèrent et le type fut propulsé en arrière, sur deux des connasses, quil entraina dans sa chute. Roland bougea très vite et réduisit à néant les possibilités de reproduction du copain No1, avant de lui exploser le nez. Le copain No2 se retrouva avec la mâchoire fracturée et des dents cassées et branlantes. Lexercice qui avait aidé Roland à maigrir, cétait dans sa rue quil lavait trouvé : une académie darts martiaux. Full-contact et kick-boxing, il avait adoré et adorait toujours dailleurs.
Roland se retourna juste à temps, pour voir Béa monter dans un taxi, en le regardant interloquée. Dans un réflexe désespéré, il courut derrière elle jusquà lavenue, où il perdit le taxi de vue. Il en appela un à son tour. Les cinq minutes dattente, lui parurent une éternité. Heureusement quil connaissait ladresse de Béa, et le chauffeur voyant son impatience, fit la course en un temps record.
Arrivé au bas de limmeuble, il sy précipita et commença à monter les escaliers. Il sarrêta brusquement, réfléchit et descendit regarder les boîtes aux lettres. Il ne connaissait pas son nom de famille, mais heureusement cétait un petit immeuble. Par élimination, il ne resta quun nom avec « B. » comme prénom. Cette fois, il monta les marches 3 par 3 jusquau deuxième, où il ny avait que deux portes. Si jamais il avait eu un doute, quelquun pleurait derrière une des portes. Il sonna et frappa, inquiet et angoissé par les pleurs de Béa.
- Béa, je ten supplie ouvre moi, je suis venu taider, discuter
faire ce que tu veux, tant que ça peut taider.
Il recommença à sonner, et soudain la porte se déverrouilla. Il la poussa doucement et entra. Cétait un petit appartement dont lentrée donnait directement sur le salon. Il ferma derrière lui et alla rejoindre Béa, qui venait de sasseoir sur le canapé. Elle avait les yeux rouges et gonflés. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui, il voulait faire disparaître toute cette douleur.
- Pourquoi ces salauds sen sont pris à toi ?
- Tu
tu as vu la vidéo ?
- Un bref extrait, sur le téléphone de lautre connard.
- Alors tu mas vue ?
- Oui.
- Nue ?
- Oui.
- La bouteille ?
- Oui.
- Je pensais que tu lavais déjà vue, comme tout le monde dans cette ville. Ma réputation est celle dune salope. Toutes mes aventures avec des hommes se sont soldées par des échecs. Ils veulent juste se taper la grosse salope de la vidéo.
- Comme cest arrivé, cette histoire ?
- Il y a dix ans, jétais invitée à lafter, après la grande fête de fin du bac. Jétais tellement heureuse dêtre enfin acceptée. Quelle conne jétais. On ma entourée de plein dattention, on moffrait sans cesse à boire et moi enchantée, jen profitais. Puis jai perdu le fil et je me suis réveillée à lhôpital. Heureusement pour moi, la police était intervenue pour tapage nocturne et mavait trouvée en train de danser, nue et incohérente. Ils mont embarquée direction lhôpital, où le médecin a trouvé, quen plus dune alcoolémie au plafond, javais du GHB dans le sang. Il y a eu une enquête, mais personne navait rien vu. Peu après, la vidéo est apparue, via les réseaux sociaux et ma réputation était faite. Jai cependant échappé au pire, car jai appris plus tard, quun gang bang était prévu pour moi ce soir-là.
- Je comprends mieux ton agressivité, lors de notre première rencontre. Je suis désolé quils taient fait du mal.
- Ce soir, je voulais montrer à tous que je navais ni honte, ni peur. Que javais surmonté tout ça. Jai trop présumé de mes forces.
- Jaurais tellement voulu être là pour toi, il y a dix ans, que tu naies jamais à souffrir.
Béa réalisa soudain que lhomme qui la berçait tendrement, en lui caressant les cheveux, navait pas hésité à affronter, et à mettre KO, trois adversaires pour elle. Elle se sentait bien dans ses bras, en sécurité et cela ne lui était plus arrivé depuis lenfance. Elle lenlaça à son tour, se blottit contre sa poitrine et ne tarda pas à sendormir.
Elle se réveilla le lendemain dans sa chambre, seule dans son lit. On lui avait enlevé les chaussures, mais elle était toujours habillée. Elle se leva et retourna dans le salon. Roland était là, affalé sur le canapé, dormant du sommeil du juste. Elle regarda avec tendresse son héros, son chevalier servant, son prince charmant. Elle lavait senti venir, mais se méfiait trop des hommes pour y croire. Elle était amoureuse, super amoureuse, archi amoureuse. Maintenant, cétait à elle de lui faire un cadeau surprise. Elle se doucha et revint nue dans le salon.
Roland dormait toujours, quand elle sagenouilla. Elle défit son pantalon, baissa le boxer et sortit un splendide spécimen qui avait à peine entamé son érection matinale. Elle le masturba, le lécha et le suça avec un grand plaisir. Roland gémit, remua et ouvrit les yeux. Béa le regardait en lengloutissant tout entier. La sensation fut telle, quil ne put retenir son plaisir. Il voulut se retirer, mais Béa le retint dans sa bouche pendant quil jouissait, avalant ses longs jets de sperme. Elle se releva et lui tendit la main.
- Viens, nous serons mieux dans la chambre.
Roland se leva, la suivit et heurta la table basse. Il se figea soudain en plein mouvement, il venait de réaliser. Inquiète elle le regarda simmobiliser.
- Quest-ce quil y a ? Tu as mal ? Jai fait quelque chose ?
- Ce nest pas un rêve cette fois ? Cest réel nest-ce pas ?
- Oui cest
cette fois cest réel ? Que veux-tu dire ?
- Je
je rêve de toi depuis notre première rencontre.
- Comment ça tu rêves de moi ?
Roland rougit comme un collégien pris en faute. Béa amusée, comprit le genre de rêves quil avait fait et décida de le taquiner.
- De quoi rêvais-tu exactement ?
Il rougit encore plus, si cétait possible, et sa gêne était palpable. Son héros, désarçonné, ressemblait à un perdu. Elle décida de mettre fin à son calvaire.
- Viens, on va voir si la réalité est meilleure que les rêves.
Ils firent lamour passionnément. Quand sexe et sentiments vont de pair ; on ne cherche que le bonheur de lautre et le plaisir en est décuplé. Ils ne se lassaient pas dexplorer leurs corps, dans les moindres recoins, et avaient du mal à croire, ce quils ressentaient lun pour lautre. Enfin il put réaliser ce quil avait rêvé et bien plus. Il aimait plus que tout enfouir sa tête entre ses jambes et la lécher, lembrasser, la caresser et la sentir jouir dans sa bouche. Après ça, Béa se mit à quatre pattes et lui réclama une levrette, comme dans le rêve. Roland sappliqua à lui donner encore du plaisir et elle eut un autre orgasme. À ce moment, elle se retourna, prit son sexe dans sa main, le sortit et lappuya contre son anus.
- Sois doux, cest la première fois, je suis vierge par là.
Roland la pénétra, lentement, centimètre par centimètre, mais ce fut elle qui poussa son bassin en arrière et sempala entièrement sur lui. La sensation fut incroyable et il ne tint pas longtemps avant de jouir. Exténués, mais comblés et heureux, ils somnolèrent un moment, puis prirent une douche ensemble, qui valut à Roland une nouvelle fellation. Ayant sauté le petit-déjeuner, ils passèrent directement au repas. Cependant, il y avait quelque chose qui taraudait Roland.
- Béa, je dois bientôt men aller.
Il la vit se raidir, son visage se figer et son regard devenir plus dur.
- Je comprends, tu as à faire, et peut-être une famille ou une femme quelque part. Ce nest pas grave, je garderai un bon souvenir.
- Non, non à part ma mère, je nai personne. Je crois que tu ne mas pas compris. Je dois partir à Los Angeles, pour collaborer à lécriture dun scénario, basé sur mon premier livre.
- Je comprends, tu vas partir longtemps ?
- Au moins deux mois, peut-être plus.
- Tu
tu reviendras par ici après ?
- Je
cest
cest ça le problème. Je ne veux plus me séparer de toi, mais je ne veux pas bouleverser ta vie. Je souhaiterais que tu maccompagnes, mais je ne sais pas si tu veux, ou peux, tout quitter ici.
- Cest
inattendu, mais rien ne me retient ici ; mes parents sont décédés. Seule ma fierté, de ne pas céder face à tous ces cons, ma retenue. Je nai rien que mon travail.
- Je taime, comme un fou. Tu peux parler de coup de foudre. Je ny croyais pas, jusquà ce que je te rencontre, mais cest comme ça.
- Je
je suis aussi amoureuse de toi, alors oui, je pars avec toi. Je ne perds rien en partant et moi aussi je veux rester avec toi. Je vais démissionner, résilier mon bail et voir quoi faire de mes meubles.
Il la prit dans ses bras et lembrassa partout où il pouvait. Ils se souriaient, plongés dans une totale béatitude.
- Tu fais de moi le plus heureux des hommes. Je sors un moment, je serai de retour dans 2 heures environ.
- Tu vas où ?
- Chercher une bague de fiançailles, bien sûr. Tu es classique, un diamant ? Ou tu as une préférence pour une autre pierre précieuse ?
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