La Lecture Chapitre 3
4/ Labandon.
Jai la sensation de recevoir un coup de poing dans lestomac. Plus aucun son narrive à sortir de ma bouche. Il me voit, ce nest pas possible autrement ! Mon premier réflexe est de poser le livre et de fermer mon chemisier. Jai trop honte, cette situation est pour moi humiliante au possible. Puis je me sens envahie de colère. Il sest bien joué de moi, son fils également et même mon mari. Ils mont prise pour une godiche, simplette naïve qui se fout à poil à la moindre occasion. Tout tourne autour de moi. Je manque de perdre pied. Je panique, lair me manque. En même temps jai envie de pleurer, de mévanouir dans lespace, devenir invisible. Le comble devant un homme censé être aveugle.
- Tu sens bon lamour, ta voix est celle de ton sexe. Tu es troublée Chantal, je le suis également. Tu es belle, très belle !
Cette voix ! Sa voix ! Si douce, si chaude. Dun seul mot il fait senvoler ma colère bien vite remplacée par un sentiment dimmense liberté que me procure ma nudité. Je suis belle, il vient de me le dire.
Je réalise quil ne me voit pas, il ne me mate pas
il me sent, il mécoute,
Et brutalement ce tutoiement, qui me surprend au début puis que jassimile rapidement à lintimité qui petit à petit sest installée pendant ma lecture et de mon abandon à me montrer.
- Reprends ta lecture. Jaspire à me laisser bercer par tes mots et par ce que je devine et perçois de ta présence. Sil te plait ne te formalise pas et ne me condamne pas de me voir me caresser et mabandonner à un plaisir que je ne vole à personne.
Mon regard quitte le livre et lobserve. Il a toujours les yeux braqués au plafond. Cette fois cest net, il se masturbe sous sa veste dintérieur.
Jai du mal à poursuivre, jai envie de le voir sortir son sexe et se caresser devant moi. Jai envie quil me demande de faire pareil. Absente pour ses yeux ! Présente pour ses autres sens.
« Je devinais que ce devait être les mêmes photos que javais vues lautre jour collées dans le journal de mon mari, et que, comme je lavais soupçonné, elles devaient me représenter dans des positions indécentes
des photos de moi nue devaient faire tellement plaisir à son père, je ravalerais ma honte et nhésiterais pas à poser devant lobjectif »
Lambiguïté de la situation me bouleverse. Les images dune épouse nue en photo dans un livre, mes seins dont je sens les pointes se dresser en toute liberté et sans plus aucune pudeur, cet homme, au charme si particulier, qui garde en se caressant les yeux au plafond, composent une atmosphère diabolique. Je ne me rends même plus compte quinvolontairement mes jambes se sont écartées au point de me dénuder jusquau ventre. Mon sexe est en feu, si le diable veut mon âme, contre un sexe dhomme ou de bête en moi, quil vienne la prendre. Je ne saurais la lui refuser.
Maintenant, je retiens louvrage dune main et comme une adolescente, jai glissé lautre entre mes cuisses et je presse le tissu imbibé de ma liqueur contre mes lèvres brûlantes. Jentends bien ma respiration et mes petits gémissements. Je sais bien que les sens en alerte, mon amant les perçoit autant sinon mieux que sil me voyait. Il me mate, cest sûr, cest comme si ses yeux me voyaient au travers de mes odeurs, de mes soupirs, de mes halètements. Jimagine quil doit entendre le bruit du tissu de ma culotte contre les poils du duvet de ma chatte, car il me dit.
- Tu te caresses ma douce. Je lentends. Oui, unissons nos pulsions, laissons-les libérer la puissance qui est en nous pour une jouissance commune. Je veux te jouir, je veux te venir comme tu as envie de me venir. Caresse-toi, donne toi du plaisir, jen ai beaucoup plus. Je nai pas besoin de te voir pour tout connaître de toi. De tes seins de ton ventre de tes cuisses
et de ton sexe qui est bouillant de désirs.
Le bouquin est tombé à mes pieds, je deviens folle. Jamais on ne ma fait lamour sans me toucher ni me regarder sans des yeux brillants de désir. Je vais bientôt jouir, je le sens. Je ne cherche plus à me retenir. Je ferme les yeux et lenchantement membrase. Je me sens aveugle mais à mon tour, les bruissements sur la soie de sa robe dintérieur mexhibent sa main qui accélère autour de son sexe. Je ne veux pas le voir, je veux le ressentir comme il me ressent. Un doigt joue avec mon clitoris, un autre sinsinue en moi. Il me pénètre, sa bite senfonce lentement. Mes chairs chauffées à blanc le happent, lengloutissent. Je sens chaque millimètre de sa progression. Ça y est, il bute au fond, marque un temps darrêt. Tout mon corps se crispe dans lattente. Lattente de recevoir sa semence, lattente de la jouissance. Je ne respire plus, tous mes muscles bandés vers lui, vers son odeur, maintenant plus forte, plus virile.
- Plus fort, Monsieur, plus loin
Je nai plus aucun sens de la réalité, je plane alors que mon orgasme se confond à ses gémissements quand son sperme vient envahir ma vulve. Je me laisse aller, fécondée, heureuse, épanouie. Je coule entre mes jambes, jamais je nai ressenti une telle excitation. Jamais.
Il me faut quelques minutes pour refaire surface. Ma culotte est roulée sur mes cuisses, mes jambes impudiquement écartées. Jai encore une main qui caresse mon sein. Je nose pas ouvrir les yeux. Peur de voir la réalité crue. Comprendre que tout cela nest pas réel.
Que cet homme dont je venais de partager la jouissance sétait évanoui dans lespace.
Il a pénétré mon âme. Je suis encore plus nue
je lui ai exhibé mon dedans, mes cellules mes os, mon sang. Il ma tout pris, je lui deviens familière. Pourtant il est resté loin de moi et je lai vraiment senti en moi !
Quand mes yeux souvrent, je le trouve affalé sur son fauteuil, les bras pendants de chaque côté de son corps.
Mais voilà une heure que je suis là, pour une séance prévue dune demi heure. Ma conscience arrive à éteindre le feu qui nait en moi. Doucement, pour ne pas le réveiller, je me rajuste et sur la pointe des pieds je mapprête à partir.
- Tu reviendras Chantal ?
- Oui Monsieur, réponds-je sans hésiter.
- Tu mas fait grand bien.
- A moi aussi.
- Chantal, me laisserez-vous vous toucher ? Non ! Ne répondez pas tout de suite, laissez moi goûter cette attente.de réflexion pendant laquelle vous interrogez vos envies pour vous laisser submerger par votre désir.
Je suis partie, troublée et complètement décontenancée.
(à suivre)
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