Le Patron De Mon Mari, Version 2, Partie 1
Ça faisait plus dun an que Romain était au chômage. Ça nous était tombé dessus juste après quon ait appris que jétais enceinte. On était pourtant persuadé que son cdd finirait en cdi après tous les compliments fait par son patron. Mais finalement « la société na pas besoin de personnel supplémentaire » lui a-t-il dit. Alors on a galéré à tout préparer pour larrivée de Rosi. Il était hors de question de mettre un terme à la grossesse et hors de question quelle manque de quoi que ce soit.
On a économisé le moindre sous, fait les brocantes et on a réussi à laccueillir dans les meilleures conditions possibles : 7 mois plus tard, on était les heureux parents de cette jolie petite fille. On a profité au maximum de mon congé maternité. Jaurais aimé le prolonger avec un congé parental mais impossible avec le seul chômage de mon chéri. Alors je suis retournée bosser 10 semaines après avoir mis au monde ma fille.
Un jour, Romain est allé acheter un livre pour son frère. Il sest rendu dans le magasin culturel de la ville. Et en sortant, il a vu quils recherchaient un vendeur. Il a demandé à parler au gérant et quelques jours plus tard ce dernier le rappelait pour une journée dessai. En rentrant le soir, il mannonçait que la journée cétait très bien passée, que ça lui avait plu et que le gérant était satisfait. Il commençait le lendemain matin.
Il a bien sûr fallu trouver une solution de garde pour Rosi. Pas facile en dernière minute, mais encore une fois on y est arrivé.
Mais tout ça a eu un effet néfaste sur notre couple. Certes, financièrement on a pu souffler un peu au début, mais on avait encore du mal à garder la tête hors de leau. Puis on sest retrouvé à travailler à 2, avec moins de temps pour soccuper de la maison, mais il y avait toujours autant à faire. Alors je me suis sacrifier : je me lève plus tôt pour emmener à pied ( on na quune voiture ) la petite à la MAM avant daller au boulot, je vais la chercher toujours à pied le soir, je moccupe de la maison, prépare le repas en attendant quil rentre du boulot tout en moccupant de Rosi.
Et au final on est tous les 2 épuisés, on passe nos soirées chacun à ses occupations, puis quand vient le moment daller se coucher, on ne profite même plus davoir du temps à nous pour retrouver notre intimité. On est passé dun couple sexuellement hyperactif à limite passif.
Romain se plaignait souvent de son patron : il était assez exigent , parfois à la limite du légal sur les horaires par exemple. Il leur demandait beaucoup dinvestissement et de rentabilité. Mais en même temps il lui était reconnaissant de lavoir engagé si rapidement, certes en cdd, mais cétait toujours ça. Puis surtout, il appréciait de voir quil lui faisait confiance et prenait le temps de lui apprendre le métier.
Après quelques semaines, jose enfin passer au magasin avec la petite voir Romain. Jai déjà croisé pas mal de fois Thomas, son patron, mais toujours quand on se croisait en voiture sur le parking. Javoue quil est plutôt canon avec ses cheveux châtains en bataille, ses yeux bleus malicieux et sa barbe courte bien taillée. Et on voit quil le sait. Il a ce regard arrogant. Et il aime se faire voir : belle voiture grosse cylindrée, montre tape à lil, lunettes de soleil de grande marque. Mais il a toujours un sourire quand il me salue.
Ce jour-là, jarrive au magasin avec Rosi dans les bras.
- Hey, salut ! Me lance Thomas. Coucou toi, ajoute-t-il en caressant la joue de ma fille.
- Salut, je réponds timidement.
- Romain est dans la réserve. Il ne devrait plus en avoir pour longtemps.
- Je vais lattendre dehors, dis-je en me tournant vers la sortie.
- Non, au contraire, reste. Je voulais justement te parler de quelque chose. Mais faudrait que ça reste en très nous si tu veux bien
Je me sens très mal à laise soudainement. Cest le genre de situation que je naime absolument pas. Romain et moi navons aucun secret lun pour lautre.
- Je crois pas que
- Tu sais même pas ce que je veux te dire.
Il sarrête de parler un instant et moi je reste figée. Jai toujours été intimidée par les gens qui ont son charisme.
- Romain ma dit quen ce moment cétait un peu difficile les fins de mois. Et son cdd arrive à son terme. Et jaurais besoin quune jolie fille comme toi maccompagne à un dîner demain soir. Ce serait dommage que le papa de cette pitchounette se retrouve au chômage parce que sa maman décline mon invitation
.
Je reste bouche bée un instant. Au même moment Charlotte passe près de nous.
- Dis Charlotte, je crois que Rosi veut venir chez toi, lui dis je en lui tendant la petite.
- Tu viens ma puce, on va regarder les livres pleins de couleurs.
- Et Charlotte, tu oublieras pas de faire les vitrines ce soir, y a des fois je me demande à quoi je te paye, lui aboie Thomas.
Ce mec est vraiment un connard. Il pourrait au moins avoir la décence de ne pas lui parler comme ça devant les gens. Une fois que Charlotte sest assez éloignée de nous pour ne plus entendre, je réponds à Thomas.
- Je rêve ou vous me faites du chantage ? En gros, soit je suis votre pute dun soir, soit mon mari perd son job
- Alors déjà, je voudrais que tu me tutoies. Et ensuite je tai pas parlé de baiser, je tai juste demandé de maccompagner à un dîner. Mais sur le fond, oui je te fais du chantage, soit tu viens, soit Romain peut se remettre à la recherche dun nouveau boulot.
- Tu es dune arrogance
comment tu peux me demander une chose pareille ? Je suis sûre que tu claques des doigts dans la rue, ten as 10 des nanas pour venir avec toi
alors pourquoi moi ?
- Je sais pas, mais sache que je finis toujours par obtenir ce que je veux. Et je veux que tu viennes avec moi. Alors tu diras à ton mec que tu vas manger avec des copines puis que vous allez faire un bowling. Je tattendrai sur le parking du magasin.
Alors que je mapprête à protester, il me rend une carte de visite.
- Là-dessus, y a mon numéro de portable, jaimerais que tu mécrives pour que jai le tien. Et maintenant plus un mot, ton mari arrive.
Romain nous rejoint et passe un bras autour de ma taille avant de membrasser.
- Coucou ma chérie.
- Coucou. Thomas était justement en train de me dire tout le bien quil pense de toi. Et Rosi est avec Charlotte.
- Je vais la chercher et on peut y aller.
Il part de lautre côté du magasin.
- Tu vois que tu peux mentir à ton mari. Il ny a vu que du feu.
Je fulmine. Je ne laisse rien paraître mais jai envie de lui exploser au visage.
Toute la soirée je ne fais que penser à sa demande. Je ne peux pas accepter ça. Mais si je ne le fais pas, on va se retrouver dans la merde de nouveau. Déjà quon roule pas sur lor en travaillant à 2
Le lendemain matin, je me décide à envoyer un message à Thomas, à contrecoeur vu que jaurais préféré quil nait pas mon numéro.
« je peux pas faire ça à Romain. On est marié, je peux pas lui mentir
stp fais pas ça
»
« alors retour à la case départ. Dommage pour Rosi »
« tes vraiment un salaud. Tu joues la carte de ma fille
»
« je te demande un dîner, pas de tromper ton mari, cest pas la fin du monde
»
Je ne lui réponds plus.
« je te dis à ce soir alors ? »
Je ne réponds toujours pas.
« Julie ??? »
« à ce soir
»
Quand Romain rentre manger à midi, je lui annonce que ma meilleure amie ma appelée pour passer la soirée entre filles avec dautres amies.
- Pas de soucis ma puce, je moccupe de Rosi. Ça te fera du bien de sortir un peu, ça fait un moment que tu na pas pris du temps pour toi.
Je men veux encore plus de lui mentir quand je vois comme il est gentil avec moi. Je pensais que ce serait aussi facile de lui mentir.
Dans laprès-midi, quelquun sonne à la porte de la maison.
- Tu as lair surprise de me voir, me dit Thomas.
- Oui, en effet
- Je suis juste passé pour tapporter ça pour ce soir, me dit-il en me tendant un sac dune boutique chic de la ville.
- T'as peur que je sois pas assez bien sapée pour ton dîner ?
- Cest un resto étoilé, cest mieux si tu as une tenue qui va avec le lieu. Mais du coup tu te changeras au magasin. Cest pas une robe ni des chaussures pour aller faire un bowling.
Il remonte dans sa vouture avant même que je nai le temps de lui réponde. Il se prend pour qui ce type ? Il croit vraiment que tout lui est dû.
Allez faut que je prenne sur moi, cest juste une soirée, un petit dîner et on nen parle plus. Je peux bien faire ça pour que mon chéri garde son travail.
À 19h30, je suis prête à partir. Jai glissé une petite pochette à maquillage dans mon sac à main. Jembrasse ma fille et mon mari avant de partir. Jai limpression dêtre un monstre en faisant ce que je mapprête à faire. Dans le garage , jatt le cabas en papier craft que jai caché derrière la boîte à outils et le mets dans le coffre.
Quand jarrive sur le parking, Thomas est adossé à la porte de la réserve du magasin.
- Tu as pris la bonne décision, me dit-il en ouvrant la porte.
- En même temps je nai pas vraiment eu le choix.
- Je tattends là.
Quand je vois la robe quil ma amenée, je nen reviens pas. Elle est splendide. Jamais je naurais pu moffrir une telle tenue. Je lenfile, ainsi que les escarpins qui vont avec. Je me maquille rapidement et me recoiffe.
- Tu es très jolie, me dit-il quand je le rejoins à côté de la voiture.
- Tu navais pas besoin de dépenser une telle somme.
- Jaime les belles choses. Et cela peut te paraître excessif, mais pour moi ce nest rien.
Et tiens, prends toi ça dans les dents, jai de largent, toi pas. Cest dailleurs pour ça pour que je me retrouve dans cette situation.
- Et sinon, je peux en savoir plus sur ce dîner ?
- On va manger dans un restaurant italien étoilé. Avec mes parents.
- Quoi ? Je manque de m. Cest une blague.
- Absolument pas. Ça fait des mois que je nai pas vu mes parents. Et ma mère a du mal à accepter que son fils unique ne veuille pas se caser. Alors il y a quelques temps je lui ai dit que javais quelquun. Et elle veut absolument la rencontrer.
- Et pourquoi moi ?
- Parce que tu es une fille bien. Une fille normale.
- Merci
quel compliment, dis-je, ironique.
- Ce nest pas péjoratif, au contraire. Tu es une jolie fille, mais pas une bimbo poufiasse. Tu es quelquun avec un travail respectable, pas une fille qui court après un mec pour son pognon.
- Et pourquoi tu veux pas te caser ?
- Parce que de 1, jai pas le temps de minvestir dans une relation. Avec le magasin jai énormément de boulot. Et de 2, jattire que des bimbos poufiasses qui courent après un mec pour son pognon.
- En même temps, quand on est un con arrogant, prétentieux, râleur, capricieux et jen passe, faut pas sétonner de nattirer que ce genre de femmes. Les autres sont assez intelligentes pour savoir quil vaut mieux éviter les mecs comme toi.
- Je vois que tu manies assez bien lart du compliment toi aussi, merci.
- Mais de rien. Et cest totalement péjoratif
Il se rabat sur une voie de bus et pile.
- Stop, je sais que tu me détestes, que tu nas pas envie dêtre là
mais est-ce quon peut faire un tout petit effort le temps de ce putain repas ? Je te demande pas de mapprécier, mais sil te plaît, jaimerais bien quon ne se prenne pas la tête.
Jaquiesce dun hochement de tête et il redémarre.
- Sois toi-même. Oublie juste que tu es mariée et fais comme si tu avais lhabitude de train de vie. Jai dit à mes parents que tu avais une petite fille dune précédente union et que tu étais secrétaire dans un cabinet comptable. Je pense pas quelle te pose plus de questions que ça. Et au pire, brode, je te suis.
Mais quest-ce qui ma pris de membarquer dans cette histoire ? Et si je croise quelquun que je connais ? Je commence à paniquer. Faut que je me calme, je le fais parce quil le faut si je veux quon sen sorte. Romain ne peut pas retomber au chômage, on ne peut pas se le permettre.
Quand on arrive devant le restaurant, je suis déjà mal à laise. Mais quand on passe la porte, je ne me sens vraiment pas à ma place. Tout ce luxe. Le personnel est habillé bien plus chic que je ne pourrais jamais le faire même pour mon propre mariage. La déco est plus que luxuriante. Et quand je vois les gens installés aux tables, je me sens plus que minable.
Thomas nous annonce au maître dhôtel.
- Un instant je vous prie, lui demande ce dernier.
Thomas en profite pour passer un bras autour de la taille et se penche à mon oreille.
- Détends toi, on dirait une gamine dans un magasin de jouets. Arrête décarquiler les yeux comme ça. Et par pitié, si jai un geste tendre envers toi, ne me repousse pas devant mes parents sil te plaît.
- Que veux tu dire par geste tendre ?
- Je te rassure, je ne compte pas te galocher devant eux, jai un minimum de déducation. Je parlais plutôt de te prendre la main, ou de passer un bras autour de tes épaules, grand max tembrasser dans le cou histoire dêtre crédible.
Je nai pas le temps de lui donner mon avis que le maître dhôtel est de retour.
- Vos parents sont déjà installés monsieur Manelli.
Il nous invite à le suivre. Je me sens de plus en plus mal.
- Thomas, mon fils ! Que cest bon de te voir, et en si bonne compagnie de plus, lui dit sa mère avant de lembrasser.
- Maman, je suis content de te voir aussi. Papa, ça faisait longtemps.
Il enlace ses parents un instant.
- Je vous présente Julie, leur dit-il en mattirant doucement contre lui.
- On avait tellement hâte de vous rencontrer. Depuis le temps quon attendait que notre fils se case.
- Bonsoir, ravie de faire connaissance. Il ma beaucoup parlé de vous.
Un serveur nous tire nos chaises et les repousse quand nous asseyons. Jai toujours trouvé ça choquant. Puis il nous apporte 4 flûtes de champagne. Nous trinquons.
Sa mère prend la parole, me laissant ainsi le temps de me détendre. Elle me raconte lenfance de Thomas. Il est né dans une famille aisée. Sa mère est avocate et soccupe des affaires de personnes fortunées. Son père est lui aussi chef dentreprise : il dirige une chaîne de restauration rapide healthy qui a des enseignes à travers toute lEurope. Je comprends mieux son attitude : il a été élevé dans un cadre où le luxe est la normalité, où il a toujours eu ce quil voulait quand il le voulait.
Quand elle me demande comment son fils et moi nous sommes connus, jinspire profondément avant de me lancer.
- Je suis allée dans son magasin pour acheter un livre. Je ne le trouvais alors je me suis adressée à la première personne que je trouvais. Et cétait Thomas. Ça a été un vrai coup de foudre. Je nai pas osé laborder, jen suis restée à ma recherche de livre. Il ma répondu quil ne lavait pas en stock et quil devait le commander. Jai appris ensuite que cétait faux, il lavait, mais il navait pas trouvé dautre solution pour avoir mon numéro.
Elle me pose quelques questions sur mon boulot ( jenjolive un peu les choses ) et sur ma fille. Jessaie de rester assez vague à ce sujet.
Quand le serveur nous apporte la carte, je suis assez étonnée de constater que le restaurant a conservé la pratique de donner une carte aveugle aux femmes. Jen conclus que les prix doivent être conséquents, et je suis gênée. Je parviens à jeter un il à celle de Thomas, et jai des sueurs froides en voyant les tarifs. Le plat le moins cher est à 72 euros.
Je pose ma main sur celle de Thomas et la serre légèrement. Il tourne le visage vers moi et je lui souris comme si jétais folle amoureuse de lui. Je glisse mon visage dans son cou et fais mine de lembrasser pour lui parler à loreille.
- Je peux pas accepter
cest hors de prix.
- Chut
Puis il retourne à la lecture de sa carte.
Quand le serveur vient prendre nos commandes, Thomas décide pour moi.
- Pour mademoiselle et moi ce sera des raviolis aux langoustines.
Ses parents optent pour des plats de viandes.
Je suis plus détendue durant le reste du repas. Lalcool doit aider un peu.
De retour dans la voiture, il ne dit pas un mot. Cest moi qui brise le silence.
- Jai été très gênée que tu choisisses pour moi
- Tu ne mas pas laissé le choix. Cest pas pour rien quon donne une carte sans prix aux femmes
cest pour que les hommes puissent les inviter sans quelles soient gênées. Tu étais sur le point de commander le plat le moins cher de la carte, mes parents auraient pu se douter des raisons. Et franchement, cest vraiment pas le meilleur plat de la carte.
Cest effectivement ce que je mapprêtais à faire.
De retour sur le parking, je suis sur le point de sortir de la voiture.
- Bien trouvé notre rencontre. Je crois que ça a convaincu ma mère. Tu as un certain talent pour le mensonge.
- Ce nest pas vraiment un compliment à mon sens.
- Désolé
Le silence se réinstalle.
- Jai passé une bonne soirée, me dit-il en posant sa main sur la mienne.
- On na plus besoin de faire semblant, dis-je en ôtant ma main. Mais aussi jai passé une agréable soirée finalement.
Et ce nest pas tout à fait faux : certes, je nai pas aimé le contexte, mais il a été très agréable toute à soirée, ses parents sont extrêmement gentils. Je nai jamais aussi bien mangé de ma vie.
Au moment où je veux lui demander de mouvrir la porte de la réserve pour que je retourne me changer, il approche son visage de mien. Je tourne la tête.
- Thomas, non.
Il pose sa main sur ma nuque et tente de mattirer à lui.
- Julie, sil te plaît, jen ai eu envie toute la soirée. Juste un baiser, cest rien, je te demande pas de tromper Romain.
Je le gifle violemment.
- Pour moi ça lest.
Il retire sa main. Jen profite pour sortir de la voiture et monter dans la mienne. Je fonce à la maison. Cest quand la porte du garage se referme que je réalise que je porte encore la robe que Thomas a achetée.
Je croise les doigts pour que Romain dorme déjà. Sinon il va falloir que jinvente un mensonge.
Quand jentre dans la maison, toutes les lumières sont éteintes. Je file dans la salle de bains, fourre la robe en boule au fond du panier à linge. Je démêle mes cheveux et me démaquille avant de me glisser sous les draps au côté de mon mari.
Le lendemain matin, alors que Romain est au travail et Rosi à la sieste, Thomas sonne à la porte.
- Quest-ce que tu veux ? Lui dis-je sans même le saluer.
- Tout dabord mexcuser, jaurais pas du essayer de tembrasser hier soir. Comme je te lai dit, jen ai eu envie toute la soirée. Et je pouvais plus me retenir de le faire.
- En effet, tu naurais pas du. Ça prouve juste que tes vraiment un salaud.
- Et ensuite pour te ramener tes fringues vu que tu les as laissées dans la réserve, ajoute-t-il sans relever linsulte. Ça aurait été con que Romain tombe dessus.
Je récupère le cabas quil me tend et lui claque la porte au nez.
Dans la journée il menvoie un sms.
« je suis pas un salaud
en tout cas pas avec les femmes. Je suis pas le genre de mec à collectionner les filles. Je ne cherche pas à menvoyer en lair à droite à gauche. Cest les filles qui viennent vers moi. Et je suis toujours franc avec elles : si il se passe quelque chose, cest ment lhistoire dun soir. Au mieux, si doit y avoir plus, cest uniquement pour senvoyer en lair de temps en temps. Elle accepte cest bien, elle refuse cest bien aussi. Jai jamais ment aucune fille à faire quoique ce soit avec moi
je voulais juste que les choses soient claires
»
Je ne prends même pas la peine de lui répondre.
La semaine suivante, je suis en congé. Un après-midi, quelquun sonne à la porte.
- Madame Gellati ?
- Oui. Cest pour quoi ?
- Cest monsieur Manelli qui menvoie. Je suis coiffeuse, me répond une blonde platine.
- Je crois que vous devriez partir
- Il ma dit que vous diriez ça et ma demandé dinsister.
Je lève les yeux au ciel et souffle. Puis je linvite a entrer et lui propose une tasse de café quelle accepte. Je rédige rapidement un message à lattention de Thomas.
« quest-ce quil y a ? Jétais pas assez bien coiffée à ton goût ? Arrête ce genre de choses ! »
Dans la foulée mon téléphone sonne. Cest lui.
- Tu étais sublime. Mais jai entendu Romain discuter avec Charlotte. Il lui demandait si elle connaissait une coiffeuse pas trop chère parce que tu aurais besoin dune coupe mais que tu navais pas franchement les tunes pour
alors en voilà une qui ne te coûtera pas un sou. Cest moi qui paie.
- Je ne veux pas que tu me paies le coiffeur !
- Et moi je veux, et je finis toujours par obtenir ce que je veux. Donc si cest pas aujourdhui ce sera un autre jour, mais tu finiras par lavoir cette coupe. Tu as autant accepter tout de suite, comme ça cest fait. Pense au boulot de ton mari. Jai encore un mois avant de décider sil aura son cdi
Et il raccroche.
- Je suppose que Thomas vous a dit que si vous refusiez que je moccupe de vous aujourdhui, je reviendrai chaque jour jusquà ce que vous disiez oui
- Vous supposez bien. Je crois que le plus simple cest que je dise oui comme ça après il me laissera tranquille.
- Je pense que vous faites bien.
Elle termine son café et soccupe de mes cheveux.
- Vos cheveux en avaient bien besoin. La grossesse et le manque de visite chez le coiffeur mes ont bien abîmés, me dit-elle en faisant le brushing.
- Ils ont bien morflé en effet.
- Vous savez, cest un mec bien Thomas, change-t-elle brusquement de sujet.
- Si lon met de côté le fait quil ne se prend pas pour de la merde
Elle reste muette jusquà ce quelle parte. Je suppose quelle a prévenu Thomas de son départ puisquil menvoie un message dans les minutes qui suivent.
« alors cette coupe ? »
« pourquoi tu as fait ça ? »
« parce que tu en ressentais le besoin et que je sais que financièrement vous avez plus important avec la petite. »
« et je vais dire à Romain quand il va rentrer et voir que je me suis faite couper les cheveux alors que javais pas la voiture pour aller chez le coiffeur ? »
« tu lui diras que lune de tes copines a vu avec une amie à elle qui est coiffeuse à domicile et quelle a pu venir tout de suite
»
« tu as réponse à tout
tu ménerves. Je te déteste »
« je trouve souvent des solutions aux problèmes. Et tu peux détester, cest pas grave. Je sais quau fond cest pas le cas. Tas juste du mal à accepter la main que je te tends »
« jai surtout du mal à accepter de devoir mentir à mon mari pour pas quil perde son boulot
»
« cest un moindre mal, se faire chouchouter contre un travail
»
« la ferme
»
« je peux au moins voir à quoi elle utilisé mon argent ? »
« va te faire
ça te suffit pas de rabaisser en me payant une robe et une coiffure, faut en plus que tu pousses le truc à ce que je participe à mon humiliation
»
« il ny a que toi qui y voit de lhumiliation. Moi je veux juste apporter un peu de confort à ton quotidien
si tu ne veux pour la photo, pas grave, tu passeras bien au magasin un de ces jours
»
Jai la rage parce que je sais quil a raison, que ce soit maintenant en photo ou dans les jours à venir en vrai, il verra bien le résultat.
Je lui envoie un selfie avec un regard plein de rage et un doigt dhonneur.
« quand je te dis que jobtiens toujours ce que je veux
et même énervée tu es très jolie. Ça fait classe les mèches blondes dans le roux de tes cheveux. Ça fait ressortir tes yeux bleus. Romain a beaucoup de chance davoir une jolie femme comme toi
»
« pourquoi tu fais tout ça ? »
« parce que je fais toujours tout ce que je peux pour obtenir ce que je veux. Et là cest toi que je veux
»
« tout dabord je suis pas un objet quon veut avoir, et ensuite je suis mariée. Et jaime mon mari. Tu macheteras pas avec des cadeaux, des privilèges
je veux pas dun homme pour son argent
»
« jessaie pas de tacheter. Je veux juste te faire plaisir. Faut que je retourne bosser. A bientôt. »
Si je navais pas peur que Romain ne perde son travail, je lui dirais tout. Mais jai beau dire que je nai pas besoin de largent de Thomas, on a au moins besoin de celui quil met dans le salaire de Romain. Après tout, un mois cest quoi ? Dans 8 jours je retourne au travail, il naura plus loccasion de débarquer à la maison ou de menvoyer des trucs ou quoique ce soit. Une fois quil aura fait le contrat, je pourrai lenvoyer sur les roses.
Comme je limaginais, Romain a tout de suite remarqué le changement pour mes cheveux.
- Tiens, comment tes allée chez le coiffeur sans la voiture ?
- Cest Stéphanie. Elle a une cousine coiffeuse à domicile. Elle la appelée et elle a pu venir directement. Ça ma bien arrangée parce que jai pas eu besoin de réveiller Rosi de sa sieste pour y aller. Et elle ma fait un prix en plus. Ça ma coûté 20 euros de moins que quand je ais au salon.
- En tout cas cest très joli. Jaime bien.
Il glisse son visage dans mon cou et y dépose de petits bisous.
- Et si mangeait plus tard ? La petite est au lit. On peut en profiter pour faire des câlins
Il éteint la plaque de cuisson et mentraîne dans notre chambre
Thomas, quant à lui, me laisse tranquille plusieurs jours. Jusquà ce jour où en allant prendre le courrier, je trouve une enveloppe non affranchie dans la boîte aux lettres. Je pose le reste du courrier sur la table de la cuisine et ouvre la missive.
Cest une carte cadeau pour un magasin de vêtements s. Il y a une carte qui laccompagne :
Je sais que tu dois déjà être en train de ténerver. Mais Romain a dit que tu faisais le tour des petites annonces pour acheter des fringues à la petite. Et ta fille a le droit davoir des vêtements neufs. Alors voilà une carte des 200 pour lui acheter tout ce dont elle a besoin. Bises. Thomas.
Mais quel enfoiré ce mec ! Je fourre la carte dans mon sac à mains. Il est hors de question que je lutilise. Demain Romain ne travaille pas, je vais passer au magasin la rendre à Thomas et lui mettre les points sur les i.
Le lendemain, je prétexte avoir promis à une amie daller boire un café chez elle pour partir de la maison. Et encore un mensonge, dont je suis à lorigine en plus.
Quand jarrive sur le parking du magasin, jenvoie un sms à Thomas.
« ramène ton cul sur le parking tout de suite ! »
Il arrive par la porte de la réserve, je lattends appuyée à la portière de la voiture.
- Je savais que cest toi qui viendrait vers moi, fanfaronne-t-il.
En guise de réponse je le gifle de toutes mes forces.
- Tu me prends pour quoi ? Arrête ça tout de suite ! Ça na jamais tué personne de porter des fringues de seconde main. Je veux pas de ton argent, on peut très bien se débrouiller sans toi, je lui hurle dessus en jetant la carte sur son torse.
Il se frotte encore la joue.
- Je pensais pas que tu avais autant de force
et je voulais juste que tu puisses offrir le meilleur à ta fille. Mais puisque vous navez pas besoin de moi, je dirai à Romain demain que je ne pourrai pas lui faire son cdi, je trouverai bien un motif, même si je ne lui en dois aucun
- Tes vraiment quun connard ! Comment tu peux te servir de ma fille pour obtenir ce que tu veux ? Tu crois quoi ? Que parce que tu machètes à coup de cadeaux je vais quitter Romain et te tomber dans le bras ?
- Je tai dit, je finis toujours par avoir ce que je veux. Si dans un mois je ne suis pas parvenu, jabandonne, ton mec aura son job et toi ta paix, mais jusque là je continuerai. Et ne tavise pas de refuser quoique ce soit qui vienne de moi parce que je le saurais et adieu le cdi.
Son arrogance me dégoûte. Je nai même plus envie de lui répondre. Je fais volte-face pour remonter dans la voiture.
- Tu oublies quelque chose, me dit-il en me tendant la carte. Et utilise la, je connais la responsable du magasin, elle me dira si tu es passée.
Je lui arrache la carte des mains sans un regard et je men vais.
Je marrête à un café pour laisser redescendre la pression et ne pas rentrer trop tôt histoire que Romain ne se pose pas de questions.
« tu devrais mettre ta ceinture, surtout quand tu démarres en trombe. Et tu nauras quà dire à Romain que tu as gagné cette carte à un concours sur internet... »
Il ménerve à toujours penser à tout.
3 jours plus tard, je suis en train de donner à manger à Rosi quand Romain rentre du travail à midi. Un grand sourire barre mon visage, jusquà ce que je réalise quil nest pas seul.
- Coucou ma puce, jai invité Thomas à se joindre à nous pour le repas, sa voiture ne démarrait pas.
- Coucou mon cur, salut Thomas.
- Salut, me lance-t-il avec un sourire plein darrogance.
Voilà que mon mari devient son allié malgré lui.
Romain vient membrasser puis dépose un bisou sur la tête de Rosi.
- Viens, je termine de lui donner.
Je me lève pour aller voir la cuisson des pommes de terre qui accompagnent la blanquette que jai préparée. Thomas en profite pour venir me faire les bises. Jessaie dêtre assez distante, mais pas trop pour ne pas éveiller les soupçons de mon mari.
Durant les minutes qui suivent, un silence lourd sinstalle : Romain soccupe de Rosi, je maffaire devant la plaque de cuisson et Thomas est sur son téléphone. Quand la petite a fini son repas, Romain la met dans son parc pour quelle joue un peu, puis il sinstalle à table avec Thomas et ils parlent boulot.
- Le repas est presque prêt, je vais aller coucher la petite, dis-je au bout de 15 minutes.
- Non, laisse ma chérie, jy vais, dit Romain en se levant.
Moi qui voulais éviter dêtre seule avec son patron
Il prend la petite dans son parc et monte à létage. Quand on nentend plus les bruits de pas, Thomas vient à côté de moi.
- Tes super jolie aujourdhui, me chuchote-t-il.
- Parce que dhabitude je suis moche, merci, je lui réponds en me décalant dun pas sur le côté.
- Ce nest pas ce que jai voulu dire, et tu le sais très bien. Ça te va bien quand tu te maquilles un peu, jaime bien.
- Cest pour mon mari que je pomponne, pas pour toi
Je me tourne pour prendre des assiettes dans le meuble.
- Laisse, je vais mettre la table, me dit Thomas en me les prenant des mains.
- Je suis sûre que ta voiture na rien. Tu as menti à Romain
- Ça aurait pu être le cas, mais non. Dailleurs je suis bête de ne pas y avoir pensé, jaurais pu te voir plus tôt..
- Oui, ben tu aurais pu décliner linvitation de Romain, y a un fast-food à moins de 200m de ton magasin
- Figure toi que je lai fait mais il a été plus quinsistant, me disant que tu faisais de la blanquette et que quand tu faisais ce genre de plats, tu en faisais toujours un peu plus au cas où. Dis toi que je suis ce au cas où, me lance-t-il avec un regard charmeur.
- Tu magaces.
Il sapproche de moi et place sa main sur ma joue avant dapprocher ses lèvres des miennes. Je tente de le repousser, mais il se fait insistant.
- Thomas, arrête, jai pas changé davis depuis lautre jour
lui dis-je en poussant sur son torse.
- Moi non plus
Ce sont les bruits de pas dans lescalier qui le stoppent. Il att des verres dans le meuble derrière lui et retourne sasseoir.
- Thomas tu aurais du laisser, jaurais mis la table en descendant. En tout cas merci.
- Cest moi qui vous remercie tous les deux de maccepter à votre table.
Les garçons ont lair de se régaler. Quant à moi, je nai plus très faim. La présence de cet homme sous mon toit me tape sur les nerfs. Vivement la fin du mois que toute cette histoire se termine.
Le lundi suivant, je reçois un bouquet de fleurs au travail. Je nai même pas besoin de regarder la carte qui laccompagne pour savoir de quil vient. Je signe le reçu du livreur et mapprête à jeter le bouquet tel quel dans la poubelle, mais il men empêche.
- On ma demandé de massurer que vous ouvriez lenveloppe qui est glissée dans les fleurs...
De mauvaise grâce, je le fais.
Coucou ma jolie,
Je sais que tu as repris le boulot et donc le rythme effréné qui va avec
je me suis dis que te faire chouchouter par une esthéticienne de ferait du bien. Tu as donc rendez vous mercredi après midi, à linstitut qui se trouve au bout de la rue où tu bosses. Profite ! Et noublie que je saurais si tu ny vas pas. Cest la journée de repos de Romain et je sais que tu ne travailles pas le mercredi. Tu nas quà prétexter aller boire un café chez une collègue.
Je tembrasse.
Vous pouvez y aller, je lai lue.
Il repart sans un mot.
Je e vais à nouveau devoir mentir à Romain. Je commence à saturer.
je nai pas besoin de me détendre, je sors de congé
on a toujours besoin de se détendre. Je taurais bien fais ce massage moi-même, mais tu refuses que je tembrasse, alors je nimagine pas si jessaie de poser les mains sur toi
ne tavises même pas dessayer un jour
je suis sûr que tu penseras le contraire un jour
lespoir fait vivre
Quelques jours plus tard, en rentrant du travail, japerçois lAudi RS de Thomas tourner au coin de la rue. Arrivée devant la porte dentrée, je trouve un paquet sur le pas de la porte. Je le ramasse et ouvre la porte.
Je pose Rosi dans son parc, mon sac sur le meuble à chaussures. Jenlève mes sandales et minstalle sur le canapé avec le paquet. Il a innové : pour remplacer la carte habituelle, il a écrit directement sur la boîte.
Pour remplacer celles qui ont pas mal de kilomètres à leur actif
Je soulève le couvercle et découvre une paire de baskets dune marque très connue.
Je saisis mon portable sur la table basse et lui écris un sms ;
comment tu as su que les miennes sont mortes ?
jai fait quelques recherches sur toi sur les réseaux sociaux. Depuis la naissance de la petite, tu tes faite plutôt discrète, mais avant ça tu postais pas mal de trucs. Jai vu la publication où tu dis que tes pompes sont HS
je ne cours plus depuis un moment
cest loccasion de ty remettre si tu en as envie
Jentends le garage souvrir : Romain arrive. Je me précipite à létage. Il ne faut pas quil voit les chaussures. Je les planque au fond de mon armoire avant de redescendre rejoindre mon mari.
- Ça été ta journée ma puce ? Me demande-t-il après mavoir embrassée.
- Comme nimporte quel autre jour, je ne mépanouis plus dans ce job, mais je vais faire avec on na pas le choix. Et toi ?
- Thomas était un peu chiant. Je crois quil a une nana en ce moment, ce qui est assez étonnant vu que Charlotte ma dit quil est pas du genre à se mettre en couple, et je pense quelle doit lui prendre un peu la tête. Il était de mauvais de poil et collé à son portable toute la journée. Il est même parti du magasin une heure plus tôt avant de revenir dans dire un mot
Je ne sais pas quoi lui répondre
il ne simagine pas un seul instant que la fille qui prend la tête à son patron, cest moi
mais pas parce quon est ensemble, au contraire. Cest parce que je le repousse. Allez, plus que 13 jours et tout ça à sarrête.
Le 10eme jour avant ma libération, quand jarrive au bureau, je trouve un petit paquet devant mon ordonnateur. Sur mon clavier, il y a une enveloppe avec lécriture maintenant familière de Thomas.
Coucou beauté,
Pas de sms aujourdhui, appelle moi quand tu auras ouvert le paquet. Quitte à me faire en engueuler, je préfère encore que ce soit avec le doux son de ta voix plutôt quen message
Quest-ce quil a bien pu encore trouvé
je défais doucement le bolduc : je commence à prendre plaisir à découvrir ses cadeaux, la situation magace mais ces derniers me touchent, il cherche à combler des besoins que ma famille a, ou à me soulager de mon quotidien.
Cette fois-ci, je tombe des nues et laisse tomber lécrin sur mon bureau de surprise. Je fouille dans mon sac et lappelle. Il décroche alors que la première sonnerie na pas fini de retentir.
- Tu vas pas me dire que tu avais ton téléphone en mains en attendant que je tappelle ?
- Non du tout, jétais en train de consulter mes mails.
- Et comment tu as fait pour le paquet mattende ce matin ?
- Jai soudoyé la femme de ménage qui soccupe de vos bureaux le matin. Elle a été difficile à convaincre, jai du lui dire que cétait pour faire une surprise à ma petite amie pour son anniversaire.
Je reste muette une seconde .
- Premièrement, je ne suis pas et ne serai jamais ta petite amie. Et deuxièmement, comment tu sais que cest mon anniversaire ?
- Je te lai dit hier, je me suis renseigné sur toi
et sinon, elles te plaisent ?
- Elles sont magnifiques, mais tu as conscience que je ne pourrais jamais porter ces boucles doreilles ? Elles vont rester dans leur écrin au fond dun tiroir. Elles sont bien trop chères pour que je puisse me les payer. Tu naurais pas dû.
- Contrairement à tous les autres cadeaux que je tai fait, ça ce nétait pas prévu, justement pour cette raison. Mais ça été plus fort que moi : je suis allé dans une bijouterie faire réparer ma montre et quand je les ai vues dans la vitrine, je tai toute de suite imaginée avec
je suis sûr quelles tiraient à merveille. Dailleurs, je pense avoir pour toi une occasion de les porter
Par pitié, pas un autre rencard. Je ne veux pas refaire semblant dêtre en couple avec ce type.
- Vas-y, développe. Mais je mattends au pire
je souffle.
- Je croyais que tu avais finalement passé une bonne soirée
- Certes, mais jen peux plus de mentir à Romain.
- Il y a un moyen très simple de mettre fin à tout ça Julie. Cède à mes avances.
- Jamais. Alors maintenant dis moi ce que tu veux encore.
- Une photo, de nous deux
Je ne mattendais pas à une telle demande. Je pensais plutôt à un autre dîner, ou un truc dans le genre.
- Pourquoi tu veux une photo ?
- Pour ma mère. Elle me tanne depuis quelle ta rencontrée. Elle nous a trouvé, je cite, trop mignons, le couple parfait
et veut absolument à ses copines le bonheur de son fils.
- De toute façon, je crois que je nai pas trop le choix, non ?
- En effet. Du coup, je passe te récupérer quand tu sors du boulot pour te ramener chez toi. On en profitera pour faire une belle photo
- Je te demanderais juste de te garer dans la rue perpendiculaire à celle où je bosse, mes collègues nont pas besoin de me voir monter dans la voiture dun autre homme que mon mari
- Ça me va, du moment que je te vois.
Et il raccroche.
Je passe ma journée à appréhender de devoir voir Thomas ce soir
jai tout le temps peur que quelquun nous voit et que Romain lapprenne. Pourtant, dans le fond je ne fais rien de bien méchant. Après tout, je ne lai pas trompé. Certes je lui cache des choses, mais je nai pas couché avec ce type, je ne lai même pas laissé membrasser. Mais jai limpression de le trahir
A 17h, je quitte le bureau et me dirige au carrefour à droite de limmeuble. Je le vois appuyé à laile avant de sa voiture. Il porte un polo blanc sur un jeans bleu foncé, des baskets New balance violet foncé aux pieds et ses lunettes de soleil Dolce Gabana sur le nez. A cet instant, je me dis quil est vraiment beau, on dirait presque un mannequin en train de poser pour un magazine de mode. Je ne peux mempêcher de me dire que je rendrais toute les filles jalouses si jacceptais de me promener à son bras.
Il me sort de ma rêverie quand il frôle ma joue du bout des doigts après sêtre approché de moi.
- Je rêve ou tu me matais ? Dit-il en riant.
- Pas du tout, je lui réponds en mentant. Jétais justement en train de me dire à quel point tu étais vaniteux !
- Toujours autant de compliment dans votre bouche, Madame, ironise-t-il.
Il dépose un baiser sur ma joue. Ce contact ne me plaît pas. Je dis pas, il est appréciable de se faire courtiser, surtout par un si bel homme alors que je ne suis quune fille quelconque. Mais son comportement mhorripile au plus haut point, vivement que tout cela cesse.
- Allez monte, me fait-il.
Je minstalle dans sa voiture que je trouve bien trop bling bling. On voit quil est fier de conduire une telle voiture.
- On va aller se poser dans un parc pour faire cette photo, jai dit à ma mère quon allait souvent se promener, que tu aimais bien ça.
Quand on arrive, en sortant de la voiture, jatt lécrin à bijoux au fond de mon sac à mains.
Voyant que je peine à les fermer, Thomas se propose de maider à boucler le fermoir des boucles doreilles. Je retiens des mèches de cheveux. Il en profite pour déposer un baiser sur ma nuque.
- Jaccepte déjà beaucoup de choses Thomas, évite den r sil te plaît.
- Désolé, souffle-t-il, visiblement sincère.
Il mentraîne vers un banc au bord dun petit plan deau en mattrapant la main, entrelaçant ses doigts aux miens. Il se tourne vers moi, un sourire collé aux lèvres. Il est encore plus beau quand il sourit. On dirait un . On dirait quil est heureux.
Il sassoit sur le banc en pierre, et me demande de le rejoindre. Je me mets assise à côté de lui. Il sort son portable de sa poche, passe son bras droit autour de mes épaules et japproche ma tête de la sienne. Il passe lappareil photo de son téléphone en mode selfie. Je me force à sourire et il prend la photo.
- Une deuxième, au cas où ? Me demande-t-il.
Jaccepte. Je refais mon sourire , mais cette fois il ne sourit plus, il tourne légèrement la tête, et tout en regardant lécran, il dépose un bisou sur ma joue.
- Tu peux me ramener maintenant ? Je lui demande. Faut que jaille chercher la petite à la MAM.
- Si tu veux
Il me dépose devant la porte. Je sors de la voiture et claque la portière sans même lui dire au revoir. Je prends la direction de la MAM puis récupère ma fille. Romain rentre une vingtaine de minutes plus tard que moi.
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