Le Patron De Mon Mari, Version 2, Partie 2

Dans la soirée, alors qu’on regarde un film avec mon mari, je reçois un SMS. Mais je me fais prendre à mon propre jeu à force de cacher des choses à Romain : pour ne pas qu’il sache que j’envoie des messages à son patron, j’ai entré le numéro de Thomas sous le nom Steph, le diminutif que je donne à ma meilleure amie, qui elle est enregistrée sous son prénom. Et quand je vois apparaître : ‘’ nouveau message Steph ‘’ sur mon téléphone, je Louvre alors que Romain est à côté de moi.

Un diaporama s’ouvre alors avec les 2 photos que nous avons prises au parc en plein écran. J’appuie sur supprimer et verrouille rapidement le téléphone en jetant un coup à mon mari.

- C’était quoi la photo ? Me demande-t-il.
- C’est Stéphanie qui m’a envoyé une photo d’elle avec son homme. Ils sont au resto.
- OK, répond-il machinalement avant de se replonger dans le film.

Quand il part se doucher avant d’aller au lit, j’en profite pour écrire à Thomas.

‘’ non mais ça va pas ?’’

‘’ben quoi ? Elles sont jolies, je pensais que tu les voudrais…’’

‘’ M’envoyer ça alors que tu sais très bien que Romain serait là, je suis convaincue que tu espérais qu’il les voit… tant que tu y es, pourquoi pas lui dire clairement que tu me fais chanter… et ces photos j’en veux moi ! On est pas ensemble et j’ai pas envie d’en garder un souvenir…’’

Deux jours plus tard, il sonne à la porte. Quand j’ouvre, je le vois avec un gros carton devant lui.

- C’est quoi cette fois ?
- C’est pour Rosi. Je lui acheté des jouets…
- Ce n’était pas nécessaire, elle a tout ce qu’il faut niveau jouets…
- J’avais envie de la gâter ! Laisse moi entrer le carton à l’intérieur, c’est un peu lourd…

Je le laisse passer à contrecoeur. Il pose le carton sur la table de la salle à manger et l’ouvre. Il en sort des jouets en bois, un boulier, un trotteur…

- Où est-ce que je vais bien pouvoir planquer tout ça pour que Romain ne le voit pas ? Je réfléchis à haute voix.


- Je t’ai déjà dit, la solution est simple : craque ! Laisse le pour moi et tu n’auras plus à lui mentir.

Pour accompagner son geste, il me pousse doucement contre le mur, passant une main dans le bas de mon dos et l’autre dans ma nuque. J’ai beau le repousser, je n’y parviens pas. Il pose ses lèvres sur les miennes. Il est ferme mais absolument pas brutal. Malgré tout, ne voulant pas lui céder, je lui mords la lèvre. Il me lâche alors et j’en profite pour m’éloigner.

- Embarque ce putain de carton et casse-toi de chez moi ! Et n’y remets jamais les pieds. Dans 8 jours je serai débarrassée de toi…
- Je suis désolé de t’avoir la main, je crevais d’envie de goûter à tes lèvres… je crois qu’il faut que je me fasse une raison… dit-il en remettant les jouets dans le carton.

Il s’en va et referme la porte derrière lui. Je suis contente qu’il finisse par accepter mon refus, bien qu’un peu inquiète de savoir s’il va mettre sa menace à exécution. J’avoue que n’y ai pas pensé quand je l’ai envoyé sur les roses, mais là il allait trop loin…

Le soir en rentrant, Romain est de bonne humeur, dit qu’il a passé une bonne journée. J’en conclus que, pour le moment du moins, Thomas ne lui a pas parlé.

Mais quatre jours avant que l’échéance du cdi n’arrive, quelqu’un toque à la porte 30 minutes avant l’heure où Romain rentre habituellement. J’ouvre la porte, Rosi dans les bras.

- Va-t’en, je t’ai demandé de ne plus jamais remettre les pieds ici, dis je à Thomas qui se tient sur le pas de la porte avant de refermer la porte.

Il passe son bras entre celle-ci et le montant de porte.

- Je pense franchement que tu devrais me laisser entrer s’il te plaît.

Ce n’est que maintenant que je remarque la voiture de gendarmerie garée à côté de son Audi. Deux gendarmes, un homme et une femme, si tiennent derrière lui.

J’ouvre la porte et les laisse entrer. Thomas tire une tête de 6 pieds de long.


- Venez, je prends la petite, et asseyez vous madame, me dit la gendarmette en tendant les bras vers Rosi.

A cet instant j’ai l’impression d’être un robot. Je lui tends ma fille, elle s’éloigne ces la cuisine avec elle et Thomas m’entraîne vers le canapé et m’invite à m’asseoir avant de s’installer à côté de moi.

- Madame Gellati, auj… commence le gendarme.
- Non, laissez je vais le faire, l’interrompt Thomas.

Mon regard passe du militaire à cet homme que je déteste.

- Julie, y a eu un braquage au magasin…

Ma respiration devient difficile. Je ne parviens plus à articuler le moindre mot. Romain ?

- Ils étaient 3, armés. Y en a un qui menaçait Charlotte pour qu’elle ouvre la caisse mais elle était totalement tétanisée. Il lui criait dessus. Les 2 autres nous tenaient en joue. Quand j’ai voulu protester pour qu’ils laissent Charlotte, celui qui s’occupait de moi m’a mis un coup de crosse.

Je lève les yeux vers son visage et vois son arcade sourcilière bleue et recousue.

- Romain a proposé d’ouvrir la caisse à sa place. Ils l’ont fait se lever. Il a ouvert le tiroir. Si seulement il s’en était tenu à ça...

Ne pouvant toujours pas articuler un mot, je pose ma main sur la sienne et la presse pour l’encourager à continuer

- Quand le mec s’est tourné pour prendre l’argent, Romain a voulu le désarmer, mais l’autre lui a tiré dessus 2 fois. J’ai voulu aller l’aider mais ils m’en ont empêché…. Quand ils sont partis il était trop tard. Les pompiers n’ont rien pu faire quand ils sont arrivés.

J’ai l’impression que le monde s’est arrêté autour de moi. Les larmes coulent sur mes joues. Thomas me prend dans ses bras, je pleure de plus belle. Puis la rage monte. Je crie, je le frappe. Le gendarme veut intervenir mais Thomas lui dit de me laisser sortir ma colère. Puis je l’insulte.

- Pourquoi lui ? Je te déteste, c’est toi qui aurait du intervenir, c’était à toi de protéger tes employés.
Je te hais. Sors de chez moi, casse toi !

Il se lève, penaud, et s’en va sans un mot.

Les gendarmes restent avec moi le temps que je me calme et de s’occuper des modalités administratives. Il faut que j’aille à la morgue pour l’identification. Je ne m’en sens pas la force, mais je n’ai pas le choix. Il n’a pas de famille ici, ses parents vivent à l’étranger. Il va falloir que je les appelle pour leur annoncer…. Le gendarme se propose de rester avec moi le temps que je les appelle.

Sa mère est anéantie au téléphone. Elle me demande de l’informer de la date des obsèques et me dire qu’elle s’occupera de la facture. Elle raccroche sans un autre mot.

Mes beaux-parents ne m’ont jamais appréciée. Ils n’ont pas fait le déplacement pour notre mariage, ni pour la naissance de la petite. Une fois sa peine passée, elle pourra se réjouir de ne plus avoir de raison de faire semblant de m’aimer.

Toute la soirée, Thomas essaye de m’appeler et m’envoie des sms. Je les ignore tous.

Une semaine après le braquage, les obsèques ont lieu. Je vis cette journée comme depuis l’extérieur de mon corps. En sortant de l’église j’aperçois Charlotte. Elle fuit mon regard puis s’éclipse au bras de son copain. Thomas aussi est là. Il m’adresse un léger sourire et se dirige vers moi. Je n’ai pas envie de lui parler. Je me mêle à mes collègues pour aller au cimetière.

A la fin de la cérémonie, je reste un long moment sur la tombe. La petite est chez la nounou et c’est la première fois que j’arrive à laisser aller ma peine depuis que j’ai hurlé sur Thomas.

- Ce qu’il a fait était très courageux, dit doucement Thomas derrière moi.
- Non, c’était totalement stupide. Risquer sa vie pour sauver ton fric… mais il a toujours comme ça, trop gentil. Pourquoi tu es là ?
- Je voulais savoir comment tu vas… j’ai appris que tu n’as pas pris de congé, si ce n’est pour aujourd’hui…
- On pourrait avoir cette discussion ailleurs que sur la tombe de mon mari ? Ramène moi chez moi, je te paie un café.


Dans la voiture, je regarde par la fenêtre. Le temps est à l’image de mon humeur, morose.

- A la maison, il s’assied sur le canapé. J’apporte 2 tasses de café et m’installe à côté de lui.

- Je ne te dois rien Thomas. Je vais bien, aussi bien qu’une veuve peut aller. Et non je n’ai pas pris de congés parce que je ne me voyais pas rester toute la journée à me morfondre au milieu de toutes ces choses qui me le rappellent.
- Justement, je voulais te parler d’un truc. J’imagine que ça doit être difficile vivre ici maintenant, en effet. Et financièrement, ça pas être facile de rester ici, et je me suis renseigné un peu sur les loyers, et franchement pour moins cher que ce que tu paies ici, tu auras pas mieux qu’un F1. Avec la petite c’est pas possible.
- Va droit au but.
- Viens vivre chez moi…
- T’es tombé sur la tête ou quoi ? Tu oses encore tenter des choses alors que mon mari est tout juste décédé…
- Non c’est n’est pas ce que tu crois. Je te parle pas de ça dans le sens d’être ensemble. Mais mon loft est grand, j’ai de la place. Tu auras ta chambre, Rosi la sienne.

Il sort son portable de sa poche et me montre une photo.

- Tu vois, cette pièce c’était mon bureau, je l’ai repeinte pour que tu puisses y installer sa chambre. Et j’ai aussi réaménager la salle de bains pour qu’elle puisse y prendre don bains, j’ai même installé une table à langer.

Je suis assez surprise de ce qu’il a fait.

- Où as-tu trouvé le temps de faire ça ? Je croyais que tu bossais beaucoup avec le magasin.
- On a toujours pas réouvert. Il a fallu laisser fermé pour l’enquête, Charlotte n’est pas en état de revenir bosser, y a eu un peu de casse aussi. Et je crois que j’avais besoin de faire un break aussi…

Je regarde la photo de la chambre : elle est magnifique. Il l’a peinte en rose poudré et gris perle.

- C’est gentil Thomas, mais je ne peux venir. Qu’est-ce que les gens vont dire en plus si je viens vivre chez toi ?
- Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce que pensent les gens ? Et sois réaliste, tu sais très bien que tu ne peux pas te permettre de rester ici, je suis sûr que tu n’en as même pas envie. Mais je ne te force pas. Tu viens que si tu veux et quand tu veux. Même dans un mois…

Je termine mon café en silence. Au bout de quelques minutes, il se lève, pose son mug dans l’évier, et pars.

Je passe le reste de l’après-midi à réfléchir à sa proposition. Il n’a pas tort, je ne peux pas continuer à payer le loyer de cette petite maison, aussi faible soit-il pour un tel bien, avec mon seul salaire. Et je ne me sens plus bien ici. Il y a trop de souvenirs. Ça fait une semaine que je ne dors presque plus.

« je peux emménager quand ? »

« ce soir si tu veux. La peinture ne sent plus, ta chambre est prête… »

« trop compliqué ce soir, il faut démonter puis remonter les meubles de la chambre de Rosi, mon lit aussi… »

« je me doutais que tu voudrais conserver le lit de la petite, si je prends la camionnette du mag il rentre sans que j’aie besoin de le démonter. Et pour toi, pas besoin de tes meubles, je t’ai acheté une chambre complète. Je me suis dit qu’à ta place je pourrais dormir dans mon lit près un tel événement… »

« merci. »

« je suis là dans 20 minutes »

Je récupère la petite chez la nounou. Pendant qu’elle joue dans son parc, je mets des habits dans une valise, j’y ajoute quelques jouets.

Quand Thomas arrive, on met le lit dans la camionnette ainsi que la valise. J’installe la petite dans la voiture. Quand je vais fermer la porte à clef, une larme roule sur ma joue.

Thomas passe un bras autour de mes épaules.

- On viendra demain récupérer les affaires que tu veux emmener. Et le reste je demanderai à des déménageurs de les mettre au garde-meubles.
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? C’est pas uniquement parce que ‘’tu me veux’’…
- Parce que tu as raison, c’est ma faute s’il est mort. C’est moi qui aurait du intervenir comme il l’a fait. Alors maintenant faut que je veille sur vous 2.
- J’ai dit que c’était de ta faute parce que j’étais en colère. Tu n’y peux rien. Tu as essayé d’intervenir, tu as plus de chance que lui.

Je passe mes doigts sur son arcade encore meurtrie. Il ferme les yeux un instant.

- C’était plus facile pour moi de te détester que de lui en vouloir à lui. Tu me tapais déjà sur les nerfs à t’immiscer dans ma vie. En réalité je lui en veux terriblement de nous avoir laissées. J’aurais préféré qu’il ferme sa gueule, qu’il les laisse te piquer ton fric. Alors sors toi de la tête que tu es responsable de tout ça.

Je monte dans ma voiture. J’ouvre la fenêtre.

- Je te suis…

Il s’installe derrière le volant de la camionnette et démarre.

Son loft se situe au dernier étage d’une petite résidence.

Il met le lit dans l’ascenseur et prend les escaliers. Quand il redescend, il m’aide à sortir le reste des affaires.

Il dépose le tout dans le couloir et me montre nos chambres.

- Là c’est la tienne.

Les murs sont peints en blanc, seule une bande de papier peint gris barre le mur contre lequel est appuyé la tête de lit.

- Et celle-ci c’est celle de Rosi.

Il a déjà installé le lit.

- Ma chambre à moi est au bout du couloir, si y a quoique ce soit, t’hésite pas à venir me réveiller en pleine nuit.
- Merci Thomas, c’est gentil.

Le lendemain, je dépose Rosi chez sa nounou. Je vais dans cette maison qui était encore la mienne hier soir et je fais le tri dans toutes les affaires. Je mets dans des cartons ce qui doit aller au garde meuble, dans le garage ce qui part à la dechetterie et dans des sacs ce que je prends chez Thomas.

Je n’emmène pas grand-chose : mes vêtements, ceux de Rosi, ses jouets, mes produits de beauté, quelques photos, et les cadeaux de Thomas.

Quand j’arrive avec les quelques sacs, Thomas me demande de venir m’asseoir un instant avec lui au bar de la cuisine.

- Tiens, voilà un jeu de clefs pour toi. J’ai mis ton nom sur la boîte aux lettres comme ça tu peux faire tes changements d’adresse. Je savais pas si tu voulais garder ton nom marital ou reprendre ton nom de jeu fille, du coup j’ai mis les deux. Et aussi, j’ai demandé un double de ma carte de crédit. Tu peux t’en servir si besoin.
- Je n’en veux pas Thomas, j’ai un salaire pour payer ce dont j’ai besoin.
- Je sais, mais si ça peut améliorer ton quotidien, si tu veux faire un petit plaisir, fais le.
- Mon quotidien est déjà grandement améliorer vu que je n’ai plus de loyer à payer. D’ailleurs, je tiens à payer notre part à Rosi et moi. Je te donnerai tous les mois une participation au loyer et aux factures.
- Pas besoin, de 1 je suis propriétaire, de 2 c’est pas la petite différence sur les factures qui va me …
- Tu me fatigues ! Pourquoi tu veux toujours avoir le dernier mot...

Il rit et arrive à m’arracher un sourire.

Les semaines suivantes, Thomas me force à prendre congé. Et j’avoue que cela me fait le plus grand bien. Thomas travaille énormément. Je ne le vois pas beaucoup.

Un jour, alors que je donne son petit pot à Rosi, elle se renverse le bol dessus pendant que je me tourne pour prendre son biberon d’eau. Je décide donc d’aller lui donner un bain. J’entre dans la salle de bains et tombe nez à nez avec Thomas nu, sortant de la douche. Il le prend avec un grand sourire, moi je suis morte de honte.

Je pensais qu’il n’était pas encore debout : je l’ai entendu travailler tard cette nuit, et je ne l’ai pas vu de la matinée.

Je ressors immédiatement de la salle de bains et referme la porte derrière moi. Il sort 3 secondes après moi, une serviette nouée autour de la taille.

- Je te laisse la place, je vois que Rosi a essayé de manger seule et que ce n’est pas concluant, fait-il en riant.
- Thomas, je suis désolée, j’aurais du frapper avant d’entrer.
- Pas de souci, t’inquiète, j’aurais aussi pu venir te dire bonjour avant d’aller me doucher. Je vais finir de me sécher dans ma chambre.

Je vais baigner ma fille puis retourne dans la cuisine pour lui donner la fin de son repas.

Quand j’arrive, Thomas est là, en train de réchauffer un reste de repas de la veille.

- Tu en veux ? Me demande-t-il en me montrant l’assiette de lasagnes qu’il sort du micro-ondes.
- Je veux bien, merci.

Je lui réponds sans même oser le regarder.

- Tiens, prends mon assiette, je m’en réchauffe une autre.
- Merci.

Quand son assiette est prête, il s’installe en face de moi. Je mange mes lasagnes sans oser lever les yeux de peur de croiser son regard. Intérieurement, je le remercie de ne pas engager la conversation. Après quelques minutes, je prends mon courage à 2 mains.

- Encore désolée, je pens…
- Julie, stop, c’est pas grave, me coupe-t-il. Tu m’as vu à poil, c’est pas la fin du monde. T’es pas la première…

J’ose enfin lever les yeux pour le regarder. Il me sourit. J’en profite pour changer de sujet.

- En tout cas, merci d’avoir cuisiné hier soir, j’étais épuisée. En plus c’est super bon.
- Y a pas de quoi, tu n’es pas venue vivre ici pour être là bonne à tout faire. Et les lasagnes c’est un des seuls trucs que je sais faire avec les pâtes et les pizzas surgelées.

Je ris doucement.

- Et tu vas me dire que tu arrives à être mince comme ça en bouffant des pâtes et des pizzas ?
- Non, les pizzas c’est jour de fête uniquement, dit-il en riant. Avant, je mangeais des pâtes et du poulet cuit au four, tous les jours, midi et soir. Et j’essaie de faire pas mal de sport aussi.
- J’ai pas mal chamboulé tes habitudes on dirait…
- Ben j’avoue que ta cuisine change de ce que je mangeais avant, et je vais pas m’en plaindre, c’est super bon et équilibré. La preuve, je suis pas allé faire de sport depuis un moment et j’ai pas pris un gramme.
- Tu devrais quand même refaire du sport, c’est pas que bon pour le corps…
- Justement, je vais faire une sortie VTT cet aprem avec mon cousin. Et je crois que ta tête a besoin aussi que tu te remettes au sport, tu souris pas assez en ce moment. Et j’aime pas ça. Tu as une paire de baskets toutes neuves dans le meuble à chaussures.

Je regarde mes pieds, honteuse. Il a raison, ça me ferait du bien. Je vais y songer.

Je pars coucher Rosi pour sa sieste. Quand je ressors, il est parti. Il m’a laissé un mot.

‘’ je serai de retour pour le repas. Biz ‘’

10 jours après le début de mon congé, mon patron m’appelle et demande si je veux bien lui rendre service et venir travailler l’après-midi malgré mon congé, il y a eu un bug informatique et il faut reprendre tous les dossiers client. J’accepte pour soulager mes collègues. Quand Thomas rentre du magasin entre midi, je lui en parle.

- Cet après-midi je dépose la petite à la MAM, je vais au boulot filer un coup de main, ils ont eu un souci.
- Si tu veux, je peux m’en occuper.
- Non, ça va te faire un détour de l’emmener, moi je passe devant… je lui réponds.
- Je parlais pas de la déposer, je parlais de m’en occuper moi…
- Tu saurais t’occuper d’un bébé de 7 mois, toi ?
- Ben oui… je la mets à la sieste vers 13h30, quand elle se lève je joue avec elle, après je lui donne son goûter et de toute façon pour le soir tu seras rentrée. Et entre temps je lui changé couche si besoin. Je suis pas idiot.
- C’est pas ce que je voulais dire…
- T’inquiète je l’ai pas mal pris, je suis célibataire, pas de frangin ou de frangine avec des gosses. Je comprends ta réaction. Mais j’ai toujours eu un bon contact avec les s. Ça devrait le faire.
- T’es sûr ? Je veux pas que tu te sentes obligé.
- File te préparer, je m’en sortirai. Et si ça va pas je t’appelle.

Ce mec est vraiment surprenant parfois. J’avoue que je suis contente de ne pas avoir besoin de mettre la petite à la MAM, elle sera mieux ‘’chez elle’’.

Quand je rentre le soir, je suis épatée. L’appartement n’a pas explosé, tout est rangé, il est en train de jouer avec ma fille sur son tapis d’éveil.

- Je passe par la salle de bains et je prends le relais, je lui lance depuis l’entrée.
- Pas de souci Julie, prends ton temps.

Quand j’entre dans la salle de bains, je suis encore plus épatée : il a fait tourner des machines de linge, la fait sécher et a même commencé à le plier.

- T’as lavé le linge ? Je lui demande.
- Ben oui, tu croyais que je faisais comment avant que tu viennes ?
- Je sais, je me suis jamais posée la question.

En fait si, je me la suis posée. Et je n’ose pas lui avouer que je pensais qu’il avait une femme de ménage qui lui faisait tout…

Je les rejoins sur le tapis et de me retrouver avec eux me rappelle les mêmes moments passés avec Romain. Une larme roule sur ma joue. Je l’essuie rapidement pour que Thomas ne la voie pas.

Les jours passent et je commence à me sentir à l’aise chez Thomas. Et je prends bien soin de toujours toquer à la porte de salle de bains pour ne pas me retrouver de nouveau face à Thomas nu. Le spectacle était plutôt plaisant, mais j’ai eu la honte de ma vie. Si j’avais pu me mettre dans un trou de souris…

Acceptant enfin le fait d’aller mieux, je décide de transformer mon congé de 3 semaines en congé sabbatique. Mais il faut d’abord que j’en parle à Thomas, après tout c’est chez lui que je vis, et je n’ai plus avoir de salaire si je fais ça. Je ne veux pas qu’il croit que je profite de sa gentillesse, je suis déjà assez gênée qu’il nous héberge.

Un jour, alors qu’il rentre du magasin, je me lance à l’eau et aborde le sujet :

- Je peux te parler un instant ? Je lui demande.
- Bien sûr, quelle question.
- Mes congés s’arrêtent dans quelques jours et je dois avouer que je ne me sens pas vraiment prête à retourner travailler dans ce cabinet comptable et …

Il ne me laisse pas finir man phrase.

- Pas de souci, Julie. Reste ici le temps d’aller mieux et tu retourneras quand tu t’en sentiras capable. Vas chez le médecin et mets toi en arrêt. A moins que ce ne soit pas le fait d’aller travailler qui ne te va pas, mais plutôt le job en lui-même...

Il me cerne plutôt bien déjà.

- Tu as tout compris. Ce boulot ne me plaisait déjà plus depuis longtemps…
- Démissionne alors.
- C’est délicat, si je ne trouve rien d’autre. Non je pensais plutôt prendre un congé sabbatique, mais le problème c’est que je n’aurai pas de salaire et tu fais déjà tellement pour….

Il me coupe à nouveau.

- T’en fais pas pour l’argent, ce n’est pas ce qui manque ici. Fais le et prends tout le temps que tu veux pour trouver autre chose. Le plus important c’est que tu sois bien. Et au pire profites en pour changer complètement de voie.
- Non, je pense pas, j’aime assez ce que je fais en soit, mais c’est l’ambiance, les collègues, le fait de ne pas évoluer… j’aimerais viser plus haut, qu’on me donne un peu plus de responsabilités. Là j’ai tout juste le droit de m’occuper du courrier.

J’apprécie qu’il me soutienne, mais je suis quand même un peu gênée à l’idée que je ne vais plus avoir de salaire et de devoir dépendre de lui. Il en fait déjà tant.

Quand je fais ma demande de congé sabbatique, mon employeur l’accepte immédiatement, disant qu’il comprend tout à fait vu le drame que nous avons connu. S’il savait la vraie raison, je crois qu’il au à titre plus de réticences.

Quelques semaines après que j’ai eu cette conversation avec Thomas, il m’appelle depuis le magasin.

- Dis Julie, j’ai un de mes clients qui cherche une secrétaire dans une société de placement financier, je lui ai parlé de toi.
- Vraiment ?
- Oui, du coup, si ça t’intéresse tu as rendez vous demain après-midi à 14h avec lui, et sinon il a dis qu’il n’y a pas de souci, il annule l’entretien.
- Ah non, je suis contente. Faut juste que je vois pour faire garder Rosi…
- Ne t’en fais pas pour ça, je resterai à la maison. Charlotte fera tourner le magasin demain, elle en est tout à fait capable.

Ce soir là, quand il rentre, je ne cesse de le remercier.

- Julie, arrête, c’est rien.
- Mais ça m’embête que tu doives laisser ton magasin à cause de moi…
- T’en fais pas, Charlotte est vraiment top, je lui fais confiance les yeux fermés. Et ça me fera du bien de pas penser boulot tout le temps. Et je m’éclate avec la petite.

Quand je repense au Thomas que j’ai connu quand Romain a commencé à travailler pour lui et que je le compare à celui qui est en face de moi, je le demande si c’est bien le même homme. Il y a 6 mois de ça, il était arrogant, s’en prenait à ses employés, les traitant de bons à rien, aimait faire voir qu’il avait de l’argent. Aujourd’hui, il fait passer les autres avant lui, accepte les erreurs et faiblesses des gens qui l’entourent, il est devenu un patron modèle. Il a encore un peu de mal avec la notion de richesse, mais il ne n’expose plus autant d’être d’un niveau social supérieur aux autres.

Je ne pense ne pas être étrangère à ces changements : nous ne sommes certes pas en couple, et on se voit peu, mais il n’est plus seul ici, et solitude n’aide pas à être de bonne humeur. Et depuis notre première conversation houleuse dans son magasin, je ne suis me jamais gênée de lui parler de la façon dont il traite les gens.

Et bien entendu, le braquage et la mort de mon mari ont du beaucoup le marquer et l’ont conduit à se remettre en course.

- Allez, arrête de rêver, faut qu’on aille faire les courses…

Je récupère Rosi dans son parc et nous allons au supermarché.

- Je trouvais cette voiture bien trop tape à l’œil, mais finalement, je crois que je m’y fais… lui dis-je au moment où il ferme le coffre.
- Tu veux conduire ? Me demande-t-il en me tendant les clefs.
- Jamais de la vie, j’ai trop peur de l’esquinter.
- Arrête, tu conduis très bien… je ne te le proposerais pas sinon de tout de façon…
- Oui mais non, il suffit d’une fois…

Il se renfrogne et prend place derrière le volant.

Le lendemain après midi, une demie-heure avant l’heure où je dois partir pour mon entretien, il me demande si je veux bien qu’il emmène Rosi au parc, et je lui réponds qu’il n’y a aucun problème. Des qu’ils ont quitté l’appartement, je me prépare.

Quand j’arrive dans l’entrée pour prendre les clefs de ma voiture, je réalise qu’il m’a laissé son Audi et est parti avec ma 206.

‘’ je t’ai dit que je ne me sentais pas de la conduire… en plus tu me fais ce coup là le jour de l’entretien’’

‘’ et moi je te fais confiance, tu me la ramèneras en un seul morceau, et au pire une rayure c’est rien. Et tu vas le décrocher ce job, t’es au top…’’

Il arrive à me tirer un sourire alors que je suis hyper stressée.

L’entretien s’est très passé et c’est de très bonne humeur que je retourne au loft, bien décidée à faire une petite scène à Thomas pour le coup de la voiture.

Quand je passe la porte d’entrée, il est assis au bar de la cuisine, le pc portable devant lui, son téléphone pro à l’oreille gauche, le perso dans la main droite et la thermos de café à moitié vide à côté de lui. Il n’a pas l’air très content. Il semble même plutôt nerveux : sa jambe tremble sur le repose pied tabouret sur lequel il est assis.

- Mais j’en ai rien à foutre moi de votre bug informatique ! Mes employés n’ont pas eu leur salaire ! Alors vous vous démerdez, mais à la première heure demain, le problème est résolu.

Il raccroche et se tourne vers moi :

- Enlève pas tes chaussures, on part dans 5 minutes.

Ah bon ? Je ne savais pas… voilà qu’il recommence à décider pour moi…

Il compose un numéro sur son téléphone perso et attend que ça décroche.

- Alex, c’est bon j’ai vu avec la compta, demain ça devrait être réglé. En attendant je t’ai fait un virement pour que tu puisses aller payer ton loyer et que ton proprio te laisse tranquille. Non, t’inquiète , pas besoin de me rembourser, je vais voir avec eux pour qu’ils le fassent, en guise de dédommagement. A demain.

Il raccroche et pose son téléphone.

- Et on va où ? Je lui demande.
- Inscrire Rosi à la crèche.
- Elle est déjà inscrite à la MAM… je rétorque.
- La MAM est à l’opposé de là où tu vas travailler dorénavant.
- Qu’est-ce qui te dit que j’ai ce job ?
- Parce que tu es faite pour. Je me trompe ?
- Non tu as raison, je commence dans 5 jours.
- Allez go, à la crèche.

Arrivés devant la crèche, je suis bouche bée.

- Thomas, cette crèche est la plus chère de la ville…
- Et aussi la plus proche de ton nouveau lieu de travail, et surtout la meilleure de la ville. Et je veux ce qu’il y a de meilleur pour elle et pour toi… toi maintenant tu as un excellent travail, c’est au tour de Rosi d’avoir ce qu’il y a de mieux.
- Mais même avec mon nouveau salaire qui sera certes bien plus conséquent que le précédent, je ne peux pas me permettre de lui payer une place ici…
- Ce n’est pas toi qui paies, c’est moi, dit-il.
- Même pas en rêve Thomas ! Tu en as déjà fait bien plus qu’il ne faut pour nous…

Il ne répond pas et sors de la voiture. Quand je le rejoins de l’autre côté de la voiture, il a déjà détaché Rosi et la sort de l’habitacle.

- Thomas, je ne plaisante pas, je ne veux pas que tu paies toujours tout pour nous.
- OK, je ne paierai que la moitié alors. Et la discussion est close.

Ça m’embête quand même, mais je ne vais pas avoir le choix d’accepter ce compromis : il a raison, cette crèche est l’idéale par rapport à mon nouveau boulot, mais je ne pourrai jamais payer la totalité de la garde toute seule.

On entre dans la crèche et je suis saisie par la taille de la structure. Et l’endroit est très lumineux grâce à plusieurs puits de lumière au dessus de nos têtes. Le mobilier est tout ce qu’il y a de plus récent.

La directrice, une trentenaire qui m’a l’air issue de la bourgeoisie, vient nous accueillir.

Elle nous invite à entrer dans son bureau.

Elle me demande combien d’heures par semaine dont nous avons besoin, des informations sur la petite et les renseignements me concernant. Puis elle se tourne vers Thomas.

- Passons au papa : vous vous appelez comment ?
- Il n’est pas le papa de Rosi, c’est un ami. Le père de la petite est décédé il y a quelques mois. J’en ai la charge seule, je réponds à la place de Thomas.
- Oh désolée, fait-elle en baissant les yeux.
- Par contre, Thomas sera amené à venir chercher ma fille parfois, vous pouvez le noter sur la liste des personnes autorisées à la récupérer.

Par chance, Rosi a une place dès mon premier jour de travail.

C’est le début d’une nouvelle vie qui commence. Je m’éclate dans mon nouveau job, Rosi a l’air d’être bien à la crèche. Et Thomas est aux petits soins : il m’aide avec les courses, le ménage, la petite.

Même s’il arrive peut être à me faire sentir presque à ma place chez lui, en dehors des repas que l’on partage, je passe le plus clair de mon temps dans ma chambre pour ne pas empiéter sur sa vie.

Un soir, il toque à la porte de ma chambre.

- Tu sais, tu n’es pas obligée de te terrer dans ta chambre quand je suis à la maison. On peut cohabiter. Je vais bosser sur le pc, je me mettrai à la table de la salle à manger. Tu n’as qu’à t’installer sur le canapé pour regarder la télé.

J’accepte volontiers. Ça me fera du bien de ne pas passer une soirée de plus seule. Le simple fait qu’il soit dans la même pièce que moi me rassure beaucoup.

Je ne vois pas la moitié de l’épisode de la série devant laquelle je me suis posée. Je me réveille quand je sens le drap sur mes épaules. J’att la main de Thomas au moment où il lâche le drap.

- Je ne voulais pas te réveiller, désolé. Tu t’es endormie sur le canapé alors je t’ai portée jusque dans ton lit. J’éteins la lampe de chevet, rendors toi.
- Reste un peu avec moi s’il te plaît, le temps que je m’endorme juste.
- Heu, oui, si tu veux.

Il s’allonge à côté de moi et je me blottis dans ses bras.

Après quelques minutes, je pose un doigt sur ses lèvres.

- Ne dis rien.

Il me regarde, surpris. Je me redresse un peu et l’embrasse doucement.

- Je croyais que…commence-t-il.
- Chut. Faudrait que tu apprennes à te taire parfois.

J’ouvre les boutons de son polo et il me renverse de côté. Il se met à genoux au-dessus de moi, enlève son haut et rallume la lampe de chevet.

- Non, laisse éteins s’il te plaît.
- OK, si tu veux…

Il se penche et m’embrasse à son tour. J’enlève mon t-shirt, il s’occupe d’ouvrir mon soutien gorge. J’ouvre son jeans et le tire vers le bas, embarquant son boxer au passage. Il fait de même avant mon slim et mon tanga.

De me retrouver nue contre lui, pendant un instant je me demande si c’est une bonne idée de faire ça. Puis il pose sa main sur ma joue avant de m’embrasser à nouveau. Je suis parcourue de frisons et mes doutes s’envolent : ce soir j’ai juste envie passer du bon temps.

Il passe une main sous mes reins et m’attire sur lui. Je me retrouve à califourchon sur lui. Il caresse mon dos, mes fesses, mes seins. J’ose à peine le toucher. Je pose doucement mes mains sur son torse. J’en profite pour tâter sa musculature.

- Je mords pas tu sais, enfin si mais que si tu aimes ça… bref… tout ça pour te dire que tu peux me toucher, j’attends que ça depuis des mois...

Je pose alors mes mains plus fermement sur lui et glisse mes mains sur ses abdos. Il nous fait basculer de telle sorte qu’il se retrouve au-dessus de moi.

Il m’embrasse doucement dans le cou, puis descend lentement le long de ma poitrine , puis de mon ventre jusqu’à mon entrejambe. Je sens une vague de chaleur monter en moi quand il passe sa langue le long de mes grandes lèvres. Je glisse ma main dans ses cheveux et tire doucement tu dessus. Quand il s’attaque à mon clitoris, je ne peux retenir mes gémissements.

Il remonte jusqu’à mes seins dont il titille les tétons du bout de la langue. Je les sens pointer de plus en plus.

Il délaisse ma poitrine et se place au-dessus de moi.

- T’es sûre que c’est ce que tu veux ? Me demande-t-il.

Pour tout réponse, je le tire vers moi pour l’embrasser et il me pénètre.

Il a des gestes doux, je sens son pénis enter et sortir doucement, mais profondément. Je parcours son dos du bout des doigts, et au moment où je sens que je vais jouir, j’enfonce mes ongles dans son dos.

- Laisse toi aller… pas que j’aime pas qu’on me griffe, mais j’aime encore plus entendre une femme jouir…

Heureusement que la lumière est éteinte parce que je dois être rouge pivoine. Mais j’accède à sa demande et laisse exploser mon plaisir. Quelques instants plus tard, il jouit a son tour. Il roule doucement sur le côté et me prend dans ses bras. Je le remercie intérieurement de ne pas engager la conversation. Rapidement je m’endors contre lui.

Le lendemain matin, Thomas dort encore quand je me lève. Je pars me doucher rapidement et m’occupe de Rosi. Quand je la recouche pour la sieste, j’enfile mon legging de sport et mes baskets. Je rédige un petit mot à l’attention de Thomas que je pose sur le bar de la cuisine.

‘’ je suis partie courir. La petite a mangé, elle fait la sieste. Si y a quoique ce soit, appelle moi.’’

Courir me fait le plus grand bien. Je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps depuis mon accouchement pour m’y remettre.

Quand je rentre, il y a une odeur désagréable jusque dans le couloir de la résidence. Et un bruit assourdissant retentit dans l’appartement. Il y une forte fumée dans la cuisine.

- Thomas ? Thomas ? Rosi ?

Je commence à paniquer. Je cours jusqu’à la chambre de la petite, elle n’y est pas. Je ressors et fonce dans la mienne, personne. Je tente celle de Thomas. Ils sont là sur le balcon.

- Ça va ? Vous n’avez rien ?
- Non, t’inquiète. Je suis tout de suite sorti avec elle quand j’ai vu la fumée.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- J’ai voulu faire à manger… je crois que je ne suis pas doué.
- Je vais aller réparer tes bêtises. Reste encore un peu là avec Rosi, le temps qu’il y ait moins de fumée à l’intérieur.

Je retourne dans la cuisine et trouve une poêle avec de l’huile brûlée dedans. Dans le doute, je place un torchon mouillé dessus avant de la poser sur le rebord extérieur de la fenêtre. Je crée des courants d’air et éteins le détecteur de fumée. J’att mon téléphone et commande un repas japonais. En attendant le livreur, je nettoie la plaque de cuisson et la hotte. Quand je reviens dans la chambre de Thomas, il est allongé sur son lit, Rosi à côté de lui endormie.

- Je vais la mettre dans son lit. Tu lui as donné son biberon de midi ?
- Oui, oui, elle l’a vidée. Et elle a une couche propre.
- Merci.

Je couche ma fille dans son berceau.

- Dors bien ma puce, maman t’aime fort.

Dans la cuisine, je retrouve Thomas debout devant le réfrigérateur ouvert.

- Ferme ce frigo, j’ai commandé à manger. J’espère que tu aimes japonais.
- Je sais pas. Jamais goûté…

Au même moment, le livreur sonne à la porte.

- Ben on va vite être fixé.

Je me dirige vers la porte, mais Thomas y arrive avant moi. Il ouvre au livreur, lui tend un billet et prend les paquets que ce dernier lui donne.

- Gardez la monnaie.

Il referme la porte avec son pied et vient poser les plats sur le bar.

- Premièrement, j’aurai pu payer. Deuxièmement, tu es au courant que tu lui as laissé plus de pourboire que le prix du repas ?
- Premièrement, oui tu aurais pu mais c’est moi qui aie mis le feu à la cuisine. Deuxièmement, il va être content alors.
- Il va peut être avoir un sacré pourboire aujourd’hui, mais c’est humiliant. Ça donne l’impression que ceux qui ont du fric vous prennent de haut. 2 euros lui auraient fait tout autant plaisir et il se serait pas senti con.
- Je ferai mieux la prochaine fois. Pour le repas et pour le pourboire.

Il sort les plats du sachet kraft. Il regarde chaque plat d’un air dubitatif.

- T’as vraiment jamais mangé de sushis et tout ?
- Jamais. C’est une grande première. Et je sais pas me servir de ces choses là, ajoutent-ils en désignant les baguettes. Je crois que je vais prendre une fourchette.
- Même pas en rêve ! Moi sous ce toit, tu mangeras japonais avec des baguettes. Je vais t’apprendre.

Je passe les 10 minutes suivantes à lui montrer comment s’y prendre. Il finit par y arriver de manière assez approximative. Puis je lui détaille les plats.

- Alors là, tu as des sushis, des makis, des onigiris. Ça ce sont des gyozas, des nems et des raviolis en pâte de riz. Et là tu as de la soupe miso et des ramens.
- Et tout ça, ça mange avec des baguettes ?
- Oui. Avec un peu d’entraînement, ça va aller tout seul.

Il bataille d’abord un peu puis finit par réussir à manger avec les baguettes.

Après quelques minutes, j’ose enfin aborder un sujet qui me trotte dans la tête depuis quelques temps.

- Thomas, je te remercie mille fois de ce que tu fais pour Rosi et moi depuis que Romain n’est plus là. Mais je n’ai pas envie que tu te sacrifies pour nous. Ça fait 3 mois qu’on est là maintenant, et tu n’es jamais sorti, pas une fois. Arrête de te préoccuper de nous, sors, fais des rencontres… si c’est le fait qu’on soit là qui te freine, on peut partir, je trouverais bien appartement que je peux me payer …

Il reste muet un instant, pose ses baguettes et se passe les mains dans les cheveux et la barbe.

- Sinon, on en parle de cette nuit ou comment que c’est ? Je me trompe pas, on s’est bien envoyé en l’air cette nuit ? Et c’est bien toi qui m’a demandé, j’ai pas rêvé ?
- Non, t’as pas rêvé. J’aurais du mettre les choses à plat avant de faire quoique ce soit. J’avais envie, juste envie de prendre du bon temps. C’était pas pour que ça aille plus loin. Je crois que j’avais besoin d’être un peu rassurée.

Il repousse son plat et se redresse sur son tabouret.

- Tu sais ce dont moi j’ai envie, et toi tu te sers de moi pour assouvir une pulsion ?
- Thomas…
- Non, en fait laisse, j’ai plus envie d’en parler… et j’ai plus très faim…

Il se lève et part dans sa chambre.

Je reste un moment assise seule au bar. Puis je vais dans ma chambre et commence à mettre mes affaires dans mon sac des sport.

- Tu fais quoi là ? Me demande-t-il.
- Ça se voit non ? Je pars, quand Rosi se réveille, je l’emmène, on va dormir à l’hôtel le temps de trouver un appartement.
- Est-ce que je t’ai demandé de partir ? Non, alors tu restes. Je vais pas te laisser te mettre dans la merde.
- Je suis désolée, j’ai pas réfléchi aux conséquences que ça pouvait avoir. Puis ça faisait un moment que tu n’avais plus rien fait dans ce sens, je pensais que ça t’était passé.
- Non, bien au contraire, mais tu as perdu ton mari, ça aurait été mal venu de ma part de te draguer. Mais maintenant que j’ai goûté à tout ça, j’ai envie d’y goûter encore et encore, dit-il en posant ses mains de chaque côté de mon visage et en passant son pouce droit sur mes lèvres.

Ma tête me dit de me dégager de ses mains, mais mon corps refuse de bouger. Au contraire, il m’envoie des signaux d’envie.

- J’avoue que j’ai bien aimé aussi.

Je le laisse m’embrasser.

- Je vais pas te mentir, j’ai envie de toi, y a pas photo, mais j’ai pas envie d’être juste un plan cul. Si on remet ça, c’est parce qu’on est ensemble. Sinon je sors de ta chambre et excuse moi d’être cru, je me soulage avec ma main droite…

Je lui souris doucement.

- Je pense qu’on peut bien tenter quelque chose. Après tout, tu n’es pas le connard que j’imaginais…

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!