La Lecture Chapitre 4
5/ Laveu.
En arrivant chez moi, il est 17 heures. Je me sens moite, mon chemisier est chargé de sueur. Je réalise à peine ce qui vient de se passer, je suis dans le déni total. Une honte me submerge et je sens le feu me monter aux joues alors que jintroduis la clef dans ma porte. Avant que je puisse finir mon geste, elle souvre brusquement et je me trouve devant mon mari. Je me sens défaillir.
- Eh bien, doù viens-tu ?
Je suis complètement déstabilisée et je ne sais pas quoi répondre.
- On dirait que tu as couru un 100 mètres. Tu es en sueur et toute rouge ! Bon je file, je suis pressé. Je suis venu chercher un document. A ce soir, tu me raconteras.
Oufffff ! Cest peu dire si je suis soulagée. Sa question est stupide, car il sait parfaitement doù je viens, surtout quil est responsable de ce qui devait être une corvée
au départ ! Pour autant, je me rends compte que mon sentiment de honte a disparu comme si la rencontre fortuite avec mon mari me déculpabilisait. Mais, me sentais-je vraiment coupable ? La réponse devenait de plus en plus évidente. Je venais de passer avec cet homme un moment magique comparable à aucun autre, et ce moment je ne le devais quà moi-même. Je me suis laissé entraîner dans une relation onirique jusquà ressentir un orgasme hors du temps, hors de la réalité mais bien réel cependant. Plus la moindre honte, le moindre remords, je suis fière et heureuse de cette relation amoureuse avec un homme qui pourrait être mon père et qui ma fait jouir sans même me toucher. Javais déjà envie de le revoir.
Aussitôt rentrée je me déshabille pour passer sous la douche. La chaleur et les vapeurs de leau font ressurgir ces senteurs qui tout à lheure menivraient. Je garde encore les stigmates de ma jouissance tant elle a été forte. Le long de mes cuisses, à lintérieur, les traces de mouille sont bien visibles. Les poils du fin duvet qui recouvre en partie mon pubis sont encore collés par ma propre cyprine et je prends la pleine mesure de lintensité de ma jouissance.
Mon mari arrive le soir avec une humeur joyeuse. Quand je lui en demande la raison, il me parle de contrats, de ventes, dengagements qui se présentent favorablement. Je lécoute avec attention sans vraiment entendre, me gardant bien de parler de mon occupation de laprès-midi. Pour autant je sais que je dois lui en parler car il me soupçonnerait de perfidie et de le tromper si je lui cachais la vérité et il pourrait imaginer
ce qui sest passé ! Sans compter que son collègue a dû apprendre ma visite chez son père.
- Tu sais que je suis allée faire ma première lecture auprès du papa de ton ami.
- Ah oui, cest vrai. Et alors ?
- Eh bien, ça été une expérience peu ordinaire. Parler devant un homme dont on narrive pas à saisir le regard est très déstabilisant. Il était très attentif et pourtant par moments je narrivais pas à savoir sil mécoutait. Il ma demandé de revenir. Cest sans doute que jai bien fait ce quil me demandait.
En disant cela, je frisais le premier prix dhypocrisie. Je disais la vérité avec des mots qui la cachaient.
- Quelle histoire lui as-tu lue ?
Là, je nai pas pu mempêcher de piquer un fard et bien sûr, après tant dannées de vie commune, monsieur me connaît bien et cela ne lui a pas échappé. Courageuse, jaffronte.
- Le roman « la clé », en espérant quil ne connaisse pas cet ouvrage.
- Ça parle de quoi ?
- Une histoire un peu dure dun professeur de faculté au Japon qui narrive plus à satisfaire son épouse plus jeune que lui.
- Cest osé ?
En marrangeant pour quil ne saisisse pas mon regard, je lui mens effrontément. Je savais que je luttais pour pouvoir retourner le voir en toute liberté. Et tant pis pour ma fidélité !
- Pas du tout ! Plutôt dramatique.
- Son fils ma dit que sa mère était partie il y a maintenant trois ans et quil souffrait de cette double solitude.
Je me gardais bien de répondre.
Je dormis mal, obsédée par ce qui sétait passé et le lendemain quand jentendis sa voix au téléphone, ma main tremblait, mes jambes ne me supportaient plus.
- Chantal ?
-
- Chantal ?
Il fallait que je réponde.
- Oui, bonjour.
- Vous me reconnaissez, jespère.
La reprise du vouvoiement me surprit.
- Bien sûr, monsieur.
- Vous êtes seule ?
- Heu
oui !
- Très bien. Jespère que vous ne regrettez rien de notre première rencontre. Jai été très troublé et je crois que je me suis oublié, non ?
Je ne savais toujours pas quoi répondre. Je me sentais ridicule devant cet homme en face de qui je métais, moi, oubliée en mexhibant sans retenue, irrespectueuse jusquà offenser son invalidité. Je ne pouvais maffranchir de lidée quil sagissait dune sorte de viol. Après avoir repris ma respiration, je réussis à lui répondre.
- Non, je ne regrette rien.
Réponse aussi sotte que possible.
- Je peux donc vous revoir bientôt ?
- Demain, si vous voulez
Quelle idiote ! Javais bien sûr trop vite répondu ! Sil doutait encore de son influence sur moi
Mais tant pis, javais envie de vite le revoir.
- Je vais marranger, vous pouvez venir pour 17h ? Cest lheure de départ de la femme de ménage.
Le message ne pouvait pas être plus clair ! 17 h ? Jallais certainement rentrer après mon mari ! Je me sentais toute drôle dans le corps.
Quand je sonne, la porte de sa maison souvre sur lui. Il est là, debout, en veste dintérieur, tout comme je lai laissé lavant veille. Je reste quelques secondes figée, incapable du moindre geste ni du moindre mot. Il porte des lunettes aux verres très sombres dissimulant ses yeux et son regard. Cest encore plus troublant. Il saisit mon embarras et de sa voix douce, il minvite à le suivre. Il se déplace tout en élégance dans le couloir. Ses jambes sont nues sous la veste dintérieur, et aussitôt des images lubriques massaillent. « Calme-toi Chantal ! » Arrivés dans la pièce de lecture, je me rends compte que je nai pas placé un seul mot, une seule phrase ! Je me sens godiche.
- Vous nêtes pas bavarde aujourdhui Chantal. Un souci ? Une amertume ? Un remords ?
Enfin jarrive à articuler dune voix mal assurée.
- Non, pas du tout. Je suis très contente de revenir vous faire la lecture.
- Vraiment ? Pas darrière-pensée ?
Je ne trouve rien à répondre. Il est debout à mes côtés, tout près de moi. Je nose chercher son regard caché derrière ses verres opaques. Mais je sens son souffle chaud sur mon visage. Un silence sinstalle. Je baisse les yeux quand je sens un doigt de sa main me frôler le cou. Je mimmobilise, possédée par une envie folle quil me prenne dans ses bras. Mais cette main caresse maintenant mon visage, lautre vient se poser sur ma joue de lautre côté.
- Avez-vous la réponse à ma question ?
Je sursaute, jétais déjà ailleurs.
- Oui, monsieur. Je suis daccord. Vous pouvez.
- Bienheureux homme, Chantal accède à mon désir le plus fou. Tout ceci restera-t-il notre secret ?
- Oui monsieur.
Je maperçois que les mots choisis pour lui répondre, signent ma soumission, mon allégeance. Mais cela mest égal. Je me découvre encore plus vulnérable que lui, moi qui pensais bien que dans notre rapport de force, il était le plus fragile. Je pensais mal, cet homme me fait perdre la tête. Lhomme ou laveugle ?
Dun doigt, il parcourt mes lèvres. Lentement, comme pour bien profiter de linstant. Dune commissure à lautre, la lèvre supérieure puis linférieure. Un tour, puis un autre. Puis le doigt simmobilise, un autre le rejoint et tous les deux, ils exercent une légère poussée sur les lèvres pour les faire sentrouvrir. Elles ne résistent pas et sécartent pour se laisser violer. Les dents laissent aussi le passage. Car il viole ma bouche, son index caresse ma langue, pénètre puis ressort, pénètre à nouveau. Ce traitement à lui seul va finir par me faire jouir, je sens le plaisir gagner mon bas ventre.
Mais bientôt ses doigts laissent la place à ses lèvres. Là mes jambes me font défaut, je vais tomber. Ses bras me saisissent à la taille et mattirent à lui. Collée contre son corps, nous échangeons un baiser où se mêlent fougue et délicatesse. Cet homme est le diable en personne. Jaime le goût de ses lèvres, la chaleur de sa langue qui joue maintenant avec la mienne. Après quelques minutes, il sécarte et me fait face comme pour me contempler. Jai du mal à revenir sur terre, après un seul baiser !
- Reprenons ce pourquoi vous êtes là Chantal. Vous voulez bien reprendre place ?
Obéissant à sa voix, qui malgré la douceur du ton, est sans appel, je mapproche de mon fauteuil, enlève ma veste que je dépose comme le premier jour avec mon sac sur le divan tout proche et je massois. Il reste debout près de moi ce qui ne manque pas de me surprendre. Le regard toujours dissimulé par ses lunettes noires, je le sens qui mobserve.
Il a bien ressenti que ce baiser mavait déstabilisée. Lui reste bien maître de lui et de ses sentiments, autant quil en laisse paraître. Cela ménerve un peu. Jaimerais quil perde aussi un peu cette assurance, presque de la suffisance, à mon égard, quil affiche une relative fragilité, celle pour mobliger à le ménager. Qui de nous deux est le plus fragile ? Moi avec mon impuissance à lutter contre mes pulsions ou lui privé de la vue ? Une chose est certaine, tous les deux nous avons des sens exacerbés. Assise, il me tend louvrage de lecture. Je nose pas lever la tête vers lui. Je fuis et je suis tendue. Jattends quil me touche, jattends quil me viole, je sais quà cette minute plus rien ne compte que lui.
- Cest pour moi que vous navez pas mis de dessous ?
(à suivre)
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