La Lecture Chapitre 5

6/ L'aveu (suite)

Je suis une nouvelle fois choquée. Une nouvelle fois il a plongé en moi. Il a bien saisi comment me déstabiliser, usant et abusant de l'ambiguïté liée à son invalidité. En plus, cette alternance de l'emploi du « tu » et du « vous » m'empêche de saisir comment il me ressent. Respect, irrespect ? Pute ou épouse fidèle à la dérive ? Bien sûr je venais tout juste de lui avouer d'accepter qu'il me touche cette fois-ci.

En me préparant j'avais pris soin de soigner mes dessous, juste une culotte shorty noire bordée de fines dentelles. Au dessus j'avais cette fois opté pour une chemisette d'homme aux manches courtes trop grande dans un fin coton qui ne laissait aucun doute que mes seins étaient libres au dessous. Un plaisir des yeux pour un aveugle ! A la taille, une large ceinture rouge sang pour maintenir une jupe noire à panneaux bi-stretch, qui m'arrivait un peu au dessus des genoux. J'avais choisi de laisser mes jambes nues et de chausser mes pieds de jolies sandales à fines lanières de couleur beige, demi talon. Le matin même j'étais allée me faire épiler les jambes et tailler avec soin le fin duvet de mon pubis. La jeune femme qui s'était occupée de moi avait, de son initiative, dégagé les lèvres de mon sexe sans ménager ses attouchements. Je n'avais pas vraiment besoin de ça, tellement la perspective d'aller faire la lecture m'excitait, mais je me suis surprise à fermer les yeux pour goûter ce moment plein de sensualité voire d'ambiguïté. Nue sur la table de travail, les légers attouchements répétés sur la pointe de mes seins ne pouvaient pas être dus au hasard. Plusieurs fois ; jusqu'à ressentir une chaleur m'envahir lentement le corps. Je me suis promis de retourner la voir.

C'est en approchant de son domicile, que l'envie d'enlever mon shorty m'est venue. A peine l'auto garée, je me suis contorsionnée afin de le dégager et le déposer dans ma boite à gants.

Sa phrase résonne dans ma tête : « C'est pour moi que vous n'avez pas mis de dessous ?» Je me sens habitée d'une folle envie de disparaître tellement je suis vexée d'être ainsi dévoilée? par un malvoyant ! Toujours cette p' de culpabilité !

Maladroitement, j'ouvre le livre à la page repérée par une marque.

Je n'arrive pas à faire cesser le léger tremblement de mes mains. Je réalise soudain qu'il m'a tendu un autre texte, manuscrit !

Ma parano resurgit. De qui est cette écriture ? Non ! Impossible, sauf si? A nouveau je fuis et d'une voix qui tremble comme mes mains, je commence à lire, alors que je le sens immobile figé dans mon dos.


« L'homme se glisse silencieusement derrière la jeune femme qui continue à lire. Il pose ses mains sur ses épaules, doucement pour ne pas l'effaroucher. Les mains caressent la peau délicieusement lisse des épaules nues. La jeune femme frissonne mais n'interrompt pas sa lecture. Pourtant l'homme s'aperçoit de son trouble. Lentement ses deux mains passent devant et enserrent le cou fragile devant lui. Puis toujours aussi lentement, elles glissent vers le devant vers la poitrine »


J'ai beaucoup de mal à me concentrer sur la lecture du texte à l'écriture fine et délicate devant mes yeux. Ma respiration devient plus courte. Je sens parfaitement que je suis en train de mouiller et de perdre la tête. L'homme ne dit rien. Je perçois juste sa respiration, son souffle chaud qui lui aussi s'accélère alors que je poursuis la lecture.

Et puis, ça y est ! Un frôlement d'abord, celui de la manche de sa veste d'intérieur. Sur la peau nue de mon bras. Puis sa main, sur le fin tissus qui couvre mes épaules. Je ne peux faire autrement qu'interrompre ma lecture tant je suis au bord de l'évanouissement. Je désire depuis si longtemps cette main sur moi que ce toucher me semble irréel.

Puis son autre main, qui se pose sur la peau nue de mon cou. Je ne sais pas s'il me regarde de ses mains, me touche ou me caresse. Mais je flotte dans un délice.

Ses deux mains entourent maintenant mon frêle cou dont il doit sentir les artères battre à tout va. Car mon coeur s'emballe, violent, incontrôlable. Ses doigts exercent une pression, douce au début puis de plus en plus forte. Je n'ai pas peur.
Pourtant je suis fragile, à sa disposition, offerte et docile. Il le sait autant que moi. Ses doigts accentuent la pression. Le sang se met à battre dans ma tête. La chaleur gagne mon visage. S'il veut m', c'est égal. Je suis à lui.

Un instinct de survie peut-être, me fait bouger les jambes et ouvrir ma bouche à la recherche de l'air qui me manque. Ce doit être un signe pour lui car il relâche son étreinte. Le sang afflue à nouveau dans mon cerveau.

- Reprends ta lecture, Chantal. Ne te préoccupe pas de moi. Je ne te veux aucun mal, bien au contraire. J'ai maintenant envie de découvrir ton corps avec ce qui me sert d'organe de vision.

Lentement, docilement, je m'exécute.

Ses deux mains glissent sur mes épaules, écartent le col trop large de ma chemisette, puis très doucement descendent sur ma poitrine. Elles marquent une pause, comme pour attendre le moment favorable pour aller plus loin dans leur exploration.

- Tu aimes ?

Je reviens sur terre pour trouver les mots et lui répondre

- Oui, monsieur.

Je trouve que monsieur sonne faux. Je me sens ridicule d'être ainsi soumise et à mes fantasmes et à la volonté de cet homme qui au départ n'est rien pour moi.

- Demande-moi de continuer alors.

Cette fois son ton est presque autoritaire. Mais j'ai tellement envie de sentir ses « yeux » sur mes seins que je n'hésite pas à lui répondre. Car j'ai vraiment le sentiment qu'il me regarde avec ses mains.

- Continuez, monsieur.

- Continuer à te caresser ?

- Oui, s'il vous plait.

- Très bien. Mais continue à lire.

Je comprends bien que cette simple phrase constitue pour moi et pour lui un deuxième aveu, après lui avoir donné mon accord pour qu'il me touche aujourd'hui. Aveux de la soumission d'une femme à la lubricité d'un homme. Jamais auparavant je ne m'étais soumise à la volonté affirmée d'un être.
Jamais, et ici, ce simple aveu faisait de moi une autre femme.

J'avoue que j'ai beaucoup de mal à reprendre la lecture tant ces mains qui maintenant touchent les pointes de mes seins, me procurent des sensations de plaisir. De chacune des pointes, partent des courants vers mon bas ventre, provoquant des ondes de chaleur qui pénètrent mon sexe, mes organes, mes muqueuses. Je vais jouir trop vite, mais je ne veux pas.

Ses deux mains maintenant englobent mes seins pour en apprécier le volume, la texture, la chaleur. Jamais je n'ai été regardée et touchée de la sorte.
Lentement il déboutonne les derniers boutons de ma chemisette, en écarte les pans, et commence une lente exploration de mon ventre. Il m'explore de la pointe de ses doigts, là où la pulpe est si sensible. Son toucher est léger, comme un souffle. Pour descendre, il doit se pencher sur moi. Je sens alors qu'il a ouvert sa veste d'intérieur et c'est sa poitrine qui touche mes épaules et ma chevelure. Sa bouche vient déposer un baiser sur mon épaule, nue désormais car il m'a enlevé la chemisette. Je suis nue jusqu'à la taille. Sa langue explore les lobes de mes oreilles. J'ai le sentiment qu'il se sert d'elle pour également me voir.

En même temps ses deux mains parcourent mon corps. Le ventre, les hanches, les bras. Quand elles veulent passer derrière pour me toucher le dos, il me fait une pression sur les épaules pour que je m'avance sur mon fauteuil. Alors débute l'exploration du dos, des reins, puis elles reviennent sur le devant pour venir défaire la boucle de ma ceinture. Je m'aperçois que j'ai cessé de lire sans m'en rendre compte. Il a vite fait de me reprendre et de m'intimer l'ordre de continuer, même s'il doit bien réaliser que cela devient de plus en plus difficile pour moi.

- Continue à lire... Chaque mot qui s'envole de ta bouche vient de ton ventre et me délivre les messages de ton propre désir. Je n'ai besoin de rien d'autre pour jouir de toi, pour toi.


J'aime ses paroles, elle m'excitent et en même temps me donnent à découvrir que je commence à aimer d'amour cet homme âgé et si différent.

Je me soulève pour lui permettre de faire glisser la jupe à mes pieds. Je la dégage d'un jeu de jambes rapide. Entièrement nue maintenant, je le défie en continuant à lire. Pendant un long moment il reste sans bouger, figé derrière moi. Je ne le vois pas, certes, mais moi aussi dans ce salon, tous mes sens sont excités à écouter, sentir. Puis, un froissement de tissu me fait imaginer qu'il a dû quitter sa veste d'intérieur. Il doit être nu à son tour, à quelques centimètres dans mon dos. Je ne vois pas et je souris en moi même : égalité ! Je ne sais pas s'il a conservé ses lunettes noires.

L'odeur qui émane de son corps est forte. Je me souviens de son torse velu quand il avait joui devant moi l'avant veille. Cette odeur m'est désagréable car elle est celle de sa transpiration. Mais le désir de lui, me fait petit à petit oublier ce désagrément et cette odeur poivrée devient au contraire un stimulant pour ma libido. Si tant est encore une fois, que j'en eusse besoin. Sans compter que je réalise rapidement que de mon entrejambe sourdent les effluves de mes sécrétions que je n'ai pas de mal à imaginer abondantes si j'en crois le liquide que je sens déborder et couler le long de mes fesses. J'ai peur de tacher le tissu du fauteuil. Il doit deviner ma gêne mais ne fait rien pour la soulager, même quand je lui demande de me laisser m'essuyer.

Il frotte doucement sa poitrine contre la peau délicate de mes épaules et de mon dos. Je continue de lire, mais mon trouble s'accentue. Le sien également, car sa respiration devient plus rapide et il laisse échapper des petits grognements et gémissements. J'imagine facilement son sexe bandé, droit, appuyé sur le dos du fauteuil. Apparemment, il est tout à son plaisir maintenant, se servant de moi comme d'une femme objet. Ce qui est loin de me déplaire tant moi aussi je déguste ce moment irréel.

Je n'ai plus à me poser de questions s'il voit ou non. Une certitude il me voit nue comme avec ses yeux.

Soudain, je le sens qui se penche sur le côté pour prendre quelque chose. Et ce quelque chose je comprends vite de quoi il s'agit quand il me passe un foulard devant les yeux, pour le nouer et me rendre aveugle à mon tour.

- Je veux vous prendre à égalité Chantal, me dit-il en me prenant le livre des mains. Je veux vous faire vivre la débauche de nos sens.

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